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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Haute voltige.

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    Chapitre Premier.

    Rencontre au détour d'une ruelle.
    Jour 4.

    Mila avait entendu parler d'une exposition d'un artefact précieux dans les semaines à venir. N'ayant rien d'autre à faire, elle demanda aux marchands de la place plus d'informations à ce sujet. Visiblement, il s'agissait d'un collectionneur d'objets insolites et, le plus souvent, hors de prix. L'exposition se ferait dans le manoir de l'aristocrate, en bordure de la ville. Parmi les objets présentés, un éveilla plus particulièrement l'intérêt de la jeune fille : un échiquier au damier d'ivoire et d'ébène - un classique néanmoins précieux - muni de deux jeux complets de pièces en diamant.

    Il se trouvait que la brunette raffolait des échecs. Elle se sentait proche de ce jeu, elle aimait la manipulation et la technique qui en ressortait et y trouvait de fortes similarités avec le fonctionnement de la vie. Mila le savait, elle voulait s'approprier cet objet. Elle était ravie d'avoir trouvé une occupation, l'ennui pointant le bout de son nez depuis quelques jours. Après quelques œillades et sourires charmeurs, Mila obtint vite l'endroit où trouver le collaborateur du collectionneur. Il avait l'habitude de prendre un verre le soir après le travail chez son employeur qui ne quittait jamais sa demeure, un agoraphobe et paranoïaque sans doute.

    Sans plus tarder, Mila se rendit au café indiqué vêtue de sa tenue habituelle ; un long débardeur noir sur un haut blanc à manches longues, un short court noir, des hauts bas noirs et des escarpins à hauts talons. Ses longs cheveux sombres étaient lâchés mais sa frange restait maintenue par un ruban rouge. Elle paraissait plus jeune que son âge, mêlant ainsi maturité et innocence, un cocktail qui faisait fureur auprès des hommes de ce genre.

    Bonsoir... La place est libre ? dit-elle en se penchant vers sa cible.
    B...Bien sûr ! répondit-il, surpris.

    Mila savait qu'elle ne pouvait utiliser ses dons persuasifs sur lui, ils ne lui seraient en effet d'aucune utilité puisqu'elle devait le convaincre de l'aider à récupérer l'objet de son désir et non obtenir un simple service sur le court terme. Elle devait le séduire pour atteindre le collectionneur, faire succomber celui-ci à son tour et enfin, se faire offrir l'échiquier tant désiré. Mila étant une personne tendant à l'excès, la volonté d'acquérir l'artefact était devenue en un clin d’œil une obsession. C'était le centre de ses pensées, et tous ses projets n'avaient plus aucune importance pour le moment.

    Afin de ne pas dévoiler son jeu, la brunette ne parla que d'elle-même lors de cette première conversation. Enfin, elle parla d'Alexandra, une jeune artiste timide arrivée en ville depuis quelques mois. Futile, superficielle, naïve, tels étaient les mots d'ordre qui décrivaient la personnalité fictive de son personnage d'emprunt. Mais une compagnie féminine semblait ravir l'homme, quel que soit la nature de l'échange.

    Après quelques verres, Mila quitta sa proie avec un "
    A bientôt, peut-être..." plein de sous-entendus. Bien qu'elle ne douta pas de la réussite de l'entreprise, il lui fallait attendre le lendemain pour vérifier la progression du... projet. Le lendemain, elle arriva une heure plus tard que la veille. Elle observa le café et pu apercevoir le collaborateur, l'air anxieux et enthousiaste à la fois, regarder nerveusement autour de lui. Lorsqu'elle s'approcha de lui, un sourire lumineux s'afficha sur son visage peu gracile.

    Encore vous ? Ça alors, quelle coïncidence... dit-elle avec un petit rire niais.

    La conversation se fit d'elle-même, l'homme brûlait d'envie de partager son histoire avec elle, permettant à Mila d'obtenir des informations clés pour la suite de son entreprise. Elle affectait un air passionné, un peu mièvre, mais très sérieux. Ses sourcils se fronçaient légèrement, le visage concentré, lui donnant un petit air d'enfant tentant de comprendre un discours compliqué. Elle ponctuait la conversation par des exclamations et des compliments.

    Lasse, elle finit par quitter le café avec un baiser amical sur la joue de son nouveau pantin. Elle rentrait chez elle le coeur léger, en pensant à l'échiquier qui lui appartiendrait bientôt lorsqu'elle sentit une présence derrière elle. Elle l'avait déjà ressenti auparavant, au café, mais avait choisi de ne pas pas y prêter attention. Inquiète, elle se dissimula dans une ruelle le temps de laisser son poursuivant la dépasser.

    Elle entreprit alors de le suivre à son tour, mais essayez donc d'entreprendre une filature en talons aiguilles sur des rues pavés... Bien vite, il remarqua sa présence.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 10:17, édité 4 fois
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    Encore une mission impossible... La septième s'il ne se trompait pas. Apparemment, Ariez s'amusait beaucoup à attendre de le voir échouer. Il avait même entendu dire que des paris étaient ouverts à chaque fois... Hunk avait reçu l'ordre de se rendre au Jardin Radieux, et d'y assassiner un homme, un collectionneur d'art, qui vivait reclus chez lui. L'intérêt pour la Coalition Noire ? Absolument aucun. La seule chose qui avait dû motiver Ariez à lui confier cette tâche était son impressionnante difficulté. Il s'était légèrement renseigné en ville, et il n'en ressortait qu'une chose : le manoir du collectionneur était mieux protégé qu'une forteresse. Bien sûr, il aurait pu... Trouver un moyen de s'infiltrer et éliminer sa cible... Mais c'était bien trop dangereux. A la différence de la fois où il s'en était pris au Sanctum et avait pénétré le château pour kidnapper Aurore, il était maintenant seul et livré à lui même. Pas d'équipe de soutien, et encore moins de ressources pour parvenir à ses fins. Lâché dans la capitale des mondes du Consulat, il ne pouvait compter que sur lui même.

    Heureusement, il connaissait bien cette ville pour y avoir vécu un certain temps... A l'époque où il travaillait encore pour la Shin-Ra. Hunk était donc arrivé quatre jours plus tôt par transport Gummi. Naturellement, il voyageait incognito et ne devait pas attirer les soupçons... C'est pourquoi il ne portait rien de sa tenue habituelle, ni son masque, ni sa combinaison, ni son gilet pare-balles. Cet accoutrement aurait été un peu trop... Tape à l'œil, pour qui voulait se faire discret. Désormais, il était donc Monsieur Tout-le-monde, homme d'affaires en voyage ou simple touriste, en fonction de la conversation qu'il pouvait avoir. Il était descendu dans un petit hôtel près de la sortie de la ville, relativement peu cher, relativement miteux, mais tellement sûr quand il s'agissait d'héberger des personnages louches. Hunk n'avait même pas pris le temps de défaire ses valises et s'était mis au travail immédiatement. Il avait une mission à faire et s'en acquitterait, aussi absurde soit-elle... C'était la seule chose qu'il sache faire, et sa paye n'avait rien d'absurde, elle.

    Le premier jour, il avait fouiné aux abords du manoir du collectionneur, essayant de repérer les lieux. Mais les gardes présents au grand portail n'avaient pas vu cela d'un très bon œil, alors il avait dû se résigner à passer son chemin. Première difficulté : établir un plan de l'intérieur. Puisque sa cible ne sortait jamais, il devait aller à elle. Mais il ne pourrait le faire sans un schéma relativement détaillé... Aussi bien pour organiser son meurtre que pour préparer sa fuite... C'était le seul élément qu'il lui fallait pour préparer son plan. Par la suite, il se rendit en ville, essayant de glaner quelques informations dans différents cafés. La plupart ne lui apprirent rien de plus que ce qu'il ne savait déjà... En revanche, le dernier d'entre eux se révéla plus instructif. Le tenancier lui parla longuement, lui expliquant qu'il connaissait bien ce manoir, qu'il savait qu'il était bien protégé car il regorgeait de richesses, et que bientôt une exposition y aurait lieu. Cette dernière phrase retint son attention. Une exposition ? Oui, mais privée... Hunk réfléchit à la question... Ça n'était pas un problème, il pouvait toujours se débrouiller pour prendre la place d'un des invités... Mais encore une fois, il manquait d'informations ! Comment trouver la liste des invités ? A tout hasard, il demanda au patron du bar comment il savait tout cela, et dans un bon gros rire il lui avoua que l'associé de sa cible venait ici tout les soirs.

    ... Intéressant.

    Le deuxième jour, il n'agit que très peu. Il lui restait un certain temps avant que l'exposition n'ait lieu, et le soldat d'élite comptait bien l'utiliser au mieux pour préméditer son action. Ne pouvant réellement agir au cours de la journée, il déambulait en se renseignant parfois sur cette fameuse exposition dont tout le monde parlait... Curieusement, à cette seule mention les langues se déliaient. Naturellement... Dans la capitale des arts, qui n'aurait pas été émerveillé d'un tel étalage de beauté ? Hunk avait du mal à s'y intéresser réellement, l'art l'avait toujours laissé de marbre. Cela ne l'empêchait pas de discuter avec les marchands ou les passants qui étaient trop enthousiastes pour déceler ses mensonges. Et enfin vint le soir... Il se rendit au café mais n'y pénétra pas, restant dans une ruelle qui lui faisait face. A une table en terrasse, un homme était assis, sirotant un verre. Exactement à la même place que la veille... Il fallait croire que le collaborateur de sa cible avait ses habitudes... C'était un détail important car il essayait de comprendre de quelle manière il fonctionnait. Il s'agissait là du premier pas pour apprendre à l'utiliser...

    Le troisième jour fut le même que la veille. La vie du collaborateur (dont il n'avait pu apprendre le nom...) était réglée comme du papier à musique. Réveil à 6 heures, douche à 6 heures 10, petit-déjeuner à 6 heures 30, fin du petit-déjeuner à 6 heures 45, habillage puis départ à 6 heures 50 pour arriver au manoir à 7 heures. Et chaque soir à 19 heures 30, il prenait place à sa table au café. C'était ce que sa filature lui avait appris... Il devrait trouver un moyen d'exploiter cela pour obtenir des plans et éventuellement une liste des invités. Seulement, le troisième jour, quelque chose changea. Le collaborateur, qui avait été seul deux soirs de suite, se retrouvait désormais accompagné. Toujours posté dans la même ruelle, Hunk observait le spectacle. Une jeune femme, il n'aurait su dire son âge, s'était installée et avait commencé à lui parler, et ne s'arrêtait plus d'ailleurs. Le survivant fronça les sourcils en voyant cela... Qui pouvait-elle être ? A son expression, bien que ravi d'être en sa compagnie, le collaborateur ne semblait pas la connaître... Curieux... Une nouvelle question s'ajouta : que voulait-elle ? Pour finir, elle le quitta... Et le soldat d'élite continua d'observer.

    Ce n'est que le quatrième jour qu'il se décida à agir... Alors que le collaborateur buvait son habituel verre, la même femme vint à nouveau le rejoindre. Si à cette occasion, il lui parla d'avantage... Il ne semblait pas plus la connaître que la veille. Une épaule appuyée contre le mur de la ruelle, Hunk alluma une cigarette en réfléchissant, sans toutefois quitter des yeux le "couple". Une belle femme (car il devait bien reconnaître qu'elle avait des atouts physiques) entrait subitement dans la vie d'un homme qui était intimement mêlé à une exposition d'art abritant des pièces de collection valant une fortune et se déroulant sous peu. Il eut une moue en récapitulant pour lui même la situation. Mouais... Il était possible qu'il ne s'agisse que du hasard... Mais ça puait tout de même l'arnaque à plein nez. La jeune femme se leva alors, déposa un baiser sur la joue de son compagnon et s'en alla en marchant dans les rues. Hunk jeta son mégot au loin en crachant une dernière bouffée de fumée. Il devait savoir qui elle était... C'est pourquoi il entreprit de la suivre. La température était douce en cette soirée... Hunk était vêtu d'une chemise à manches courtes tout ce qu'il y a de plus banal, et il portait des lunettes de soleil. Rien ne permettait de l'identifier, il n'était qu'un anonyme...

    Il marchait d'un pas lent derrière la femme. Lorsque tout à coup, elle bifurqua! Dans une impasse... Il avait appris à connaître parfaitement ces rues... Soit elle avait quelque chose à y faire... Soit elle se cachait... Dans les deux cas, il était plus prudent de continuer son chemin... C'est pourquoi, d'un pas tranquille, il passa devant la ruelle et poursuivit sa route. Un bruit de talons claquant sur le pavé retentit quelques secondes plus tard. Il lui suffit d'un regard dans une vitrine pour apercevoir la mystérieuse femme qui le suivait. Hunk eut un vague sourire. Les rôles s'inversaient maintenant... Mais il allait tout de même rester maître du jeu. Faisant celui qui n'a rien vu, le survivant continua de marcher jusqu'à entrer à son tour dans une nouvelle ruelle sombre. Il se dissimula légèrement, et patienta. Comme il s'y attendait, la femme y pénétra elle aussi, hésitante... Il attendit qu'elle ait dépassé son niveau pour surgir derrière elle. Rapidement, il lui attrapa un bras qu'il fit passer dans son dos en le tenant assez fermement pour pouvoir le briser, et son autre main vint se poser sur sa bouche pour l'empêcher de hurler! L'ayant maitrisée facilement, il la poussa face à un mur et lui dit d'une voix calme mais autoritaire.

    « Pas un cri ou vous perdrez l'usage de votre bras pour plusieurs semaines. Vous allez répondre à mes questions : qui êtes-vous et que voulez-vous ? »

    Il appuya un peu plus sur le bras qu'il maintenait afin de lui faire suffisamment mal pour qu'elle parle, et il retira la main qui recouvrait sa bouche.


Dernière édition par Hunk le Mar 10 Jan 2012 - 4:15, édité 1 fois
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    « Pas un cri ou vous perdrez l'usage de votre bras pour plusieurs semaines. Vous allez répondre à mes questions : qui êtes-vous et que voulez-vous ? »

    Lorsque la main de son assaillant quitta son visage, Mila prit une profonde inspiration. Elle devait absolument garder son calme, avoir une concentration irréprochable. Il était toujours plus difficile d'exercer ses pouvoirs dans une situation oppressante. La jeune femme ferma les yeux et rassembla ses forces. Lorsque ses paupières se soulevèrent, un voile semblait couvrir sa vision et, l'espace d'un instant, ses iris virèrent à un rouge écarlate avant de revenir à leur hypnotisante couleur bleu outre-mer naturelle. Mais cet infime changement n'avait rien d'aléatoire. Mila, dans un sourire, sentit la pression exercée sur son bras se relâcher et l'homme derrière elle s'écrouler, en partie paralysé. Elle s'ébroua légèrement afin de dégourdir son membre endolori et observa l'inconnu à ses pieds.

    Son visage semblait différent, il n'avait rien d'enthousiaste ou d'amusé, il était fermé et son regard sombre. Elle poussa légèrement le corps de l'homme de la pointe de sa chaussure pour vérifier qu'il ne risquait pas de la blesser. Cependant, elle savait que cette technique était quelque peut quitte ou double, seule la moitié du corps de son assaillant était paralysée et elle ne savait pas laquelle, il arrivait même que ce soit un échec. Elle ne maîtrisait pas assez ladite technique pour prévoir complètement ses conséquences.

    La brunette s'éloigna de trois pas afin d'éviter toute attaque de l'inconnu, celui-ci ne semblait pas être un amateur, il valait mieux être prévoyante.
    « J'ai bien envie de vous retourner la politesse, mais je me contenterais de vous poser les mêmes questions. » dit-elle d'une voix froide.

    Elle détailla l'homme, des cheveux clairs en broussailles, un visage qui semblait sévère malgré des yeux masqués par des lunettes opaques. Il était de forte constitution, sans ses habilités mentales, Mila n'aurait eu aucune chance face à un tel adversaire. Elle ressentait sa puissance et sa force d'esprit, une mentalité très carrée mais une détermination implacable. La jeune femme laissa échapper un léger soupir. Voir à travers les fenêtres d'une âme n'était pas chose aisée, et même si elle n'avait utilisé cette compétence que de manière superficielle, la brunette n'était pas habituée à se servir autant de ses pouvoirs. Son charme faisait l'affaire la majorité du temps. Elle songea alors qu'elle devrait travailler son endurance, cela pouvait s'avérer dangereux dans un affrontement à plusieurs...

    « Je t'écoute. » reprit-elle, bien décidée à obtenir des réponses.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 10:28, édité 1 fois
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    Il y avait eu un instant de silence après qu'Hunk ait posé ses questions. Pas de réponse... Mais au moins elle ne hurlait pas. La jeune femme paraissait fragile, et il était en mesure de la maîtriser physiquement... Mais si elle avait appelé à l'aide, il n'aurait eu d'autre choix que de la faire taire, d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs... Elle ne se débattait pas non plus... Curieux... Il s'agissait pourtant d'un réflexe que n'importe qui aurait. Si elle avait réagi lorsqu'il l'avait plaquée contre le mur, elle était désormais immobile. Il n'aimait pas ce calme qui n'avait rien de naturel... Quelque chose lui disait que...

    C'est alors que ça se produisit. Le soldat de la Coalition Noire n'eut pas même le temps de réaliser ce qui lui arrivait... Dans un premier temps, il sentit ses muscles s'engourdirent, ceux de la partie droite de son corps... En revanche, quelques secondes après, il ne les sentait plus du tout. Bien malgré lui, il vit sa main desserrer son emprise sur le bras de la jeune femme, avant de la lâcher complètement. Il vacilla légèrement... Sa jambe ne le soutenait plus. Dans un grognement, il tenta de conserver son équilibre, mais peine perdue. Après avoir reculé d'un ou deux pas, il s'écroula à terre de tout son long. Merde... Elle l'avait bien eu... Foutue mage... Il détestait ces gens là. C'était tellement facile pour eux d'utiliser leurs techniques fourbes qu'il ne pouvait contrer malgré ses années d'entraînement... Et il venait d'en faire les frais une fois de plus. Cependant, il était resté conscient, et même sans pouvoir réellement bouger il ne quittait pas des yeux la jeune femme qui s'était retournée pour le regarder. Par rapport à l'attitude qu'elle exhibait sur la terrasse du café, son visage avait bien changé... Il était désormais beaucoup plus sombre, son regard était sérieux, et Hunk avait presque l'impression de voir une autre femme, plus sournoise, plus calculatrice. Avec un air hautain, elle poussa son corps à l'aide de son pied... Salope... S'il était en possession de ses moyens, il lui aurait fait payer cela...

    « J'ai bien envie de vous retourner la politesse, mais je me contenterais de vous poser les mêmes questions. » avait-elle dit d'une voix froide comme la glace après s'être éloignée de quelques pas. En tout cas... Il avait vu juste. C'était une autre personne qui lui parlait, il avait donc fait tomber le masque qu'elle portait face au collaborateur de sa cible. « Je t'écoute. » reprit-elle d'un air déterminé.

    Le survivant réfléchit rapidement. Il avait fait une erreur en s'y attaquant directement, sans savoir quelles étaient ses capacités. Peut-être même qu'elle était en mesure de le tuer par sa seule volonté, cela n'aurait pas été étonnant vu la déconcertante facilité avec laquelle elle l'avait mis à terre. Mais que pouvait-elle chercher ? Il y avait forcément une raison, sa manière d'agir ne pouvait pas être due au hasard. Hunk la regarda plus attentivement maintenant qu'il la voyait de près. Gracieuse, élégante, sachant se mettre en valeur, elle semblait aimer les belles choses... A première vue, il aurait dit appât du gain. Mais il n'avait pas le temps d'élaborer une autre hypothèse, sa vie était probablement en jeu. Alors, il essaya de parler, mais eut quelques difficultés à articuler, une partie de sa mâchoire étant paralysée.

    « Garce... » Il tenta vainement un sourire sarcastique qui donnait l'impression d'une grimace avant de poursuivre, pesant ses mots car ils pourraient être les derniers. « Je crois que nous avons... des intérêts communs. »
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    « Garce... » Il marqua une pause et fit une grimace qui arracha un sourire à Mila, amusée de l'effet produit par sa technique. « Je crois que nous avons... des intérêts communs. »

    La brunette éclata de rire, c'était plus fort qu'elle. Elle trouvait la situation comique sans trop savoir pourquoi, et, prise d'un fou rire incontrôlable, elle fut forcée de se plier en deux en se tenant la taille pour tenter de maîtriser cette hilarité. Néanmoins, Mila reprit vite ses esprits devant la réaction de son interlocuteur.

    « Hum. Bon, après ça, je ne peux pas décemment vous laisser dans une telle position, ce ne serait pas correct.» dit-elle en étouffant un petit rire. Elle ferma les yeux, balançant légèrement la tête, et expira profondément du même temps qu'elle relâchait son emprise sur l'inconnu. « Cependant... Évitez de m'attaquer, ce ne serait pas courtois et cela entraverait la discussion.» dit-elle, l'air sérieux.

    Elle s'éloigna de quelques pas et s'appuya contre le mur de la ruelle avant de sortir un paquet de cigarette de la poche de son manteau. Le bruissement du briquet retentit dans le silence alors que s'enflammait la cigarette. Mila tira une bouffée qu'elle souffla par le nez, avant de rejeter le reste de la fumée par sa bouche entrouverte.
    « Je ne vois pas comment vous pourriez connaître mes objectifs, mais je serais intéressée de connaître votre vision de la chose. » annonça-t-elle alors qu'il se relevait péniblement, encore engourdi.

    Mila était indécise. Elle ne savait pas si elle était en position de force ou si elle avait faire une erreur de débutante en relâchant l'inconnu. Mais elle était intriguée... Et, bien entendu, incapable de retenir sa curiosité dans de telles circonstances. Elle avait toujours la possibilité de lui donner des vertiges pour le ralentir le temps de s'enfuir le cas échéant, mais elle préférait éviter d'avoir à se servir de ses pouvoirs car la fatigue se faisait déjà sentir bien qu'elle n'en laissa rien paraître.

    Une fine bruine commença à tomber, rompant le silence pesant par le doux tintement des gouttes d'eau sur les pavés des rues du Jardin Radieux. Plus loin, on entendait les passants accélérer le pas afin de trouver un abri. Mila ne bougea pas, elle appréciait la pluie. Elle leva la tête et ferma les yeux, laissant ainsi quelques gouttes d'eau couler sur son joli visage, dessinant des larmes artificielles sur ses joues pâles. Elle rouvrit les yeux et tira à nouveau sur sa cigarette, attentive aux paroles de son étrange compagnon.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 10:33, édité 1 fois
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    Elle avait éclaté de rire. Hunk, lui, restait stoïque. Il l'aurait pas pu faire grand chose étant donné son état, mais rire était quelque chose qui lui restait assez étranger, tout comme de nombreuses manifestations d"émotions. Malgré cela, le comique de la situation lui échappait... Il était certain que sa phrase n'avait rien d'amusant, et la femme aurait même dû le prendre très au sérieux. A moins qu'elle ne soit en train de se moquer de sa position mais... Cela ne lui semblait pas vraiment crédible. Elle pouvait aussi s'amuser de le voir essayer de jouer une dernière carte alors qu'il faisait fausse route. Deux erreurs de suite, cela n'était pas dans ses habitudes... Et il espérait qu'elles ne lui seraient pas fatales... Mais enfin, la jeune femme reprit son sérieux, inspirant profondément comme pour étouffer son fou rire.

    « Hum. Bon, après ça, je ne peux pas décemment vous laisser dans une telle position, ce ne serait pas correct. Cependant... Évitez de m'attaquer, ce ne serait pas courtois et cela entraverait la discussion. »

    Et immédiatement, le survivant sentit un poids le quitter. Il pouvait enfin respirer correctement et son sang circulait de nouveau dans tout son corps. Peu à peu, ses muscles répondaient de nouveau, mais il n'était pas encore assez rétabli pour être en mesure de se redresser. Son interlocutrice en avait profité pour s'éloigner encore un peu plus... Et une fois encore, son attitude avait changée... De niaise elle était passée à froide pour ensuite s'exprimer avec ce qu'il qualifierait d'un raffinement sophistiqué. En réalité, Hunk n'arrivait pas à cerner complètement sa personnalité... Il la devinait sournoise ainsi qu'intelligente mais ne savait pas quel était son but. Enfin, il avait tout de même lancé un appât et avait ferré quelque chose... Si elle n'était pas intéressée par ce qu'il avait à dire, jamais elle ne l'aurait libéré... Par ailleurs... Elle lui avait demandé de ne pas l'attaquer, ce qui était relativement stupide. Il n'en avait aucunement l'intention maintenant, il était bien trop intrigué... Qui plus est, un plan se dessinait déjà dans son esprit. Il lui fallait tout de même s'assurer qu'il ne se trompait pas avant de s'y intéresser un peu plus... Elle pouvait aussi bien être ce qu'il supposait qu'une membre du Consulat...

    « Je ne vois pas comment vous pourriez connaître mes objectifs, mais je serais intéressée de connaître votre vision de la chose.»

    Elle s'était allumée une cigarette et une fine pluie commençait à tomber sur le Jardin Radieux. L'odeur du tabac lui parvenait aux narines tandis que l'eau le requinquait un peu plus. Finalement remis sur pied, Hunk se redressa, titubant encore un peu. Pour se maintenir debout, il s'adossa au mur et chercha son propre paquet de cigarettes dans sa poche avant d'en entamer une. Ses cheveux courts et blonds étaient mouillés, mais cela ne le gênait pas... Au mieux, la pluie ferait fuir les passants et éviterait leur conversation d'être surprise. Crachant un filet de fumée, la soldat d'élite fixa la jeune femme derrière ses lunettes de soleil avant de lui exposer son opinion.

    « Cela fait deux jours que je vous observe... » Il tira une nouvelle bouffée en réfléchissant à la manière de tourner sa phrase. « Et vous n'êtes pas idiote, contrairement à ce que vous laissez paraître. » Un peu brusque, il n'avait pas l'habitude de tourner autour du pot... « L'homme qui était avec vous... Un bon parti. Collaborateur d'un grand collectionneur. Il doit avoir une vie facile. » Hunk marqua une nouvelle pause, amenant une fois de plus sa cigarette à ses lèvres. « Mais ça n'est pas un assez gros morceau. Il vous en faut plus, pas vrai ? Oh, mais vous allez le berner. Vous avez déjà réussi à le faire. Mais la seule question qui reste c'est : pourquoi ? Qu'est-ce que ça va vous amener et est-ce que ça vous amènera quelque chose d'ailleurs ? » il se tut, lui laissant le temps de réfléchir à ses paroles et cracha une nouvelle bouffée avant d'ajouter. « Alors, après quoi est-ce que vous courez ? »
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    Partagée entre l'offense et la satisfaction après le discours de l'inconnu, un franc sourire finit par se dessiner sur le visage de Mila.

    « Je ne cherche qu'un moyen de passer le temps... » répondit-elle, énigmatique, en dardant son regard brûlant sur son interlocuteur. « Et puis, cet homme peut me permettre d'obtenir ce que je désire. » Elle ne le détrompait pas, trouvant plus malin de le laisser la voir comme une chercheuse d'or plutôt qu'une joueuse invétérée raffolant de manipulation. L'un comme l'autre n'avait rien de glorieux, mais elle préférait garder quelques atouts en main face à cet homme qui, encore une fois, montrait par son attitude qu'il n'avait absolument rien d'un amateur.

    Souriante, séduisante, la jeune femme avait encore une fois changé d'attitude. Elle ne se rendait pas vraiment compte de l'effet produit, mais sa tendance versatile était poussée à l'extrême dans cette confrontation qui tendait à se changer en joute verbale.


    « Néanmoins... Ne croyez pas que j'ai oublié... Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Qui êtes-vous et que cherchez-vous à obtenir de cet homme ? » ajouta-t-elle, loin d'être dupe du détournement tenté par l'inconnu.

    Elle s'étira, installée peu confortablement. Elle aurait préféré se rendre dans un café et déguster un verre de vin, mais l'homme semblait apprécier la discrétion offerte par la ruelle. Soupirant, elle se résigna en allumant une nouvelle cigarette.


    «Et si nos intérêts convergent comme vous le pensez, que pouvez-vous faire pour moi ? » Se faisant, Mila renversait la position de force. Elle se plaçait comme le maître du jeu - sa position de prédilection - et l'invitait à lui prouver son utilité. La jeune femme se devait de jouer ce coup afin d'éviter d'être en place de pion facilement interchangeable. Elle pressentait qu'une alliance avec cet homme pouvait porter ses fruits, mais elle ne l'accepterait pas sans obtenir au moins un rapport d'égalité entre eux.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 10:38, édité 1 fois
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    Hunk avait vu juste. Une simple phrase de la part de la jeune femme, « cet homme peut me permettre d'obtenir ce que je désire. », avait suffit pour lui confirmer ce qu'il ne faisait alors que supposer. Le collaborateur n'était qu'une étape. Elle visait en réalité bien plus haut. Mais quoi ? Malheureusement, elle ne l'avait pas précisé... Et c'était ce qui le faisait encore douter. Il pouvait aussi bien s'agir d'une pièce de la collection que de son argent personnel, le soldat ne disposait d'aucun indice à ce sujet. Quoi que, son entrée en scène précisément deux semaines avant la fameuse exposition lui laissait à penser qu'il s'agissait du but qu'elle s'était fixée. Il devait savoir s'il ne se trompait pas... C'était la seule chose qui le retenait encore, tant qu'il n'aurait pas appris ce détail, il ne pourrait être certain de pouvoir utiliser la jeune femme pour mener sa missions à bien.

    Avant qu'il n'ait pu creuser la question, son interlocutrice était repartie à l'attaque, posant de nouvelles questions. Même s'il ne le montra pas, Hunk était relativement agacé. Leur conversation était subtile... Peut-être un peu trop. Elle ne menait nul part, et encore moins là où il souhaitait qu'elle aille. Depuis quelques minutes maintenant, ils se tournaient autour, chacun refusant de dire clairement la vérité à l'autre... Cela n'avait rien de constructif... S'il répondait à ses questions, il devrait lui révéler qui il était, ce qu'il avait à faire et surtout ce qu'il attendait d'elle. Sans compter qu'il ne pouvait pas lui faire confiance... Si elle était du Consulat, ce qu'il lui dirait reviendrait à faire échouer sa mission. A moins qu'il ne la tue, mais cela aussi était difficilement envisageable... Elle l'avait maîtrisé sans lever le petit doigt. Alors, est-ce qu'il était prêt à prendre ce risque ? Dissimulé derrière ses lunettes de soleil, il croisa le regard de la jeune femme qui paraissait étrangement flamboyant. A la voir ainsi, le survivant comprenait l'effet qu'elle avait eu sur cette homme dans ce café. Elle était réellement superbe et semblait pure, comme un croisement entre la beauté d'une femme et l'innocence d'un enfant. Mais au fond, cela ne lui faisait ni chaud ni froid... Il le remarquait uniquement car cela pouvait lui être utile.

    Son interlocutrice avait allumée une nouvelle cigarette. La sienne était finie depuis quelques instants déjà... Elle avait conclu en lui demandant en quoi il pouvait lui être utile. C'était donc le moment d'être convaincant... Et de lui révéler ce qu'il avait en tête. Mentir serait inutile, il la pensait suffisamment intelligente pour ne pas tomber dans un piège grotesque, ni pour être manipulée sur le long terme. Et puis tout ces faux-semblants, ces tromperies... Ça n'était pas dans ses méthodes. Sa manière de penser était simple, il avait un but et allait l'atteindre, avec ou sans elle. Mais s'il avait un moyen moins risqué de parvenir à ses fins, il serait idiot de le refuser.

    « Hunk Death. » Un nom de code couplé à un pseudonyme, mais cela n'avait rien d'un mensonge, il était connu sous cette identité depuis des années. En fin de compte, il avait décidé de lui révéler ses projets pour éviter que leur dialogue ne tourne en rond, malgré son habituelle prudence... Le risque qu'elle ait menti jusque là était minime, car il l'avait bien vue agir d'une manière confirmant ses dires alors qu'elle ignorait sa présence. D'un geste lent, il retira ses lunettes de soleil pour les placer dans la poche de sa chemise, laissant apparaître son regard bleu presque gris. Pendant un instant, il la regarda absolument sérieusement avant de continuer. « Vous devez savoir qu'une grande réception aura lieu d'ici peu. A l'occasion d'une exposition d'art. J'ai... Un compte à régler avec quelqu'un, et il me faut un moyen de m'y rendre ce soir là. » Il prit le temps d'observer ses réactions. Elle semblait intéressée... « S'il y a un rapport avec ce que vous désirez, nous pourrions songer à... une association. A part égale. 50-50. Vous gardez la propriété, et moi le propriétaire. »
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    Mila était ravie au point de taper dans ses mains à la manière d'une enfant, ce qu'elle s'autorisa à faire.

    « Enfin un peu de franchise ! » s'exclama-t-elle. La proposition du dénommé Hunk lui convenait parfaitement. Elle avait ce qu'elle voulait, lui de même, et elle avait l'occasion d'en savoir plus sur cet homme qui, si elle ne le montrait pas, l'intriguait au plus au point.

    Son désir de connaître les mécaniques du cœur des hommes trouvait son paroxysme à travers son intérêt pour les rapports humains. Il se trouvait là une fantastique occasion d'élargir son panel de connaissances. Bref, bien qu'enthousiasmée, Mila reprit son sérieux et composa un visage de circonstance.


    « Camilla. » dit-elle sobrement. Elle aimait utiliser ce nom d'emprunt aux sonorités similaires au sien. Elle n'avait pas besoin de faire d'efforts pour se reconnaître lorsqu'on l'appelait puisque c'était celui qu'elle affectionnait le plus, et, par conséquent, le plus usité.

    Les modalités de l'arrangement restaient à définir, mais le principe était établi. Si Mila se refusait à prendre la vie de sa main, elle n'avait que faire de ce que cet homme allait bien pouvoir faire au collectionneur. Oui, il était évident que dans la bouche de Hunk, "régler des comptes" signifiait "assassiner". Elle n'en doutait pas un seul instant, mais ce n'était pas son affaire.

    Cependant, l'exposition était dans deux semaines et demie. Il fallait trouver un lieu où se retrouver afin d'élaborer les plans de leur entreprise, et il était hors de question que la jeune femme invite un tueur chez elle, il faudrait être fou pour cela. Elle laissa donc à son nouveau compagnon le loisir d'aborder le sujet. En pensant à sa prochaine acquisition, Mila trépignait de joie et d'impatience. Elle songeait déjà à ce qu'elle ferait de ce magnifique objet de collection... Peut-être qu'Elinor accepterait enfin de jouer avec elle devant la beauté du damier et des pièces ?

    La brunette, sentant son désir l'emporter trop loin de la conversation, secoua légèrement la tête, ses beaux cheveux noirs virevoltant autour de son visage. Ayant repris ses esprits, elle lâcha sa cigarette arrivée à terme et l'écrasa avec son talon dans un mouvement plein d'élégance. La jeune femme fit face à son interlocuteur, l'air plus déterminé que jamais. Elle le dévisagea pendant un instant avant de finalement se décider.

    Mila tendit une main audacieuse vers lui avec un sourire victorieux.
    « Marché conclu. »
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Chapitre Second.

Jeux de dupes.
Jour 5.

    « Il nous reste 16 jours pour préparer en plan, l'étudier sous tout les angles, le corriger, le tester et enfin le mettre en application. » Hunk avait les deux mains posées à plat sur une table. Sous ses yeux, il y avait un plan de la ville... De loin la plus facile des choses qu'ils auraient à se procurer dans les prochains jours, on en trouvait dans toutes les boutiques... A plusieurs endroits, des points stratégiques, il avait tracé des cercles au feutre rouge. Près du manoir où allait se dérouler l'exposition, près de son hôtel, ainsi que près de la station de transports Gummi. Si tout se passait bien, un seul de ces lieux servirait, mais il tenait à prévoir les différents trajets de fuite possibles. Il ne quittait pas des yeux cette carte, parlant à haute voix mais presque pour lui même. Ses intonations, d'habitude si froides, paraissaient bien plus vivantes, presque exaltées, à mesure qu'il réfléchissait. « Bien entendu, il nous faudra de nombreuses choses... A commencer par des informations... On ne peut pas s'aventurer en aveugle et espérer... Camilla ? Tu m'écoutes... ? »

    Le soldat d'élite avait relevé la tête brusquement en l'entendant s'allumer une cigarette. Elle était adossée un peu plus loin, l'air décontractée, et c'était la troisième fois qu'il la rappelait à l'ordre. Hunk se doutait qu'en réalité, elle l'écoutait, mais son attitude désinvolte le gênait. Il ne s'entendait plus penser! Et en plus de cela, l'odeur du tabac ainsi que la fumée le dérangeaient... Oh, il était pourtant fumeur lui aussi, mais uniquement lorsqu'il se le permettait. Et lorsqu'il était concentré, cette distraction passait au second plan... Il eut une très vague moue en se demandant s'il avait bien fait de s'associer avec cette jeune femme, lui qui avait l'habitude de travailler seul... Mais finalement, le survivant se dit que oui. Bien que leurs caractères respectifs ne soient pas réellement accordés, il leur serait plus facile à chacun d'atteindre leur propre but. Il s'agissait d'une mission comme les autres, à ceci près qu'il devrait accorder une certaine confiance à autrui... Ce qui était une grande nouveauté puisque d'accoutumée il ne se reposait que sur ses propres moyens.

    « On ne vole pas une œuvre d'art comme on vole à l'étalage. Il nous faut de l'organisation. Beaucoup d'organisation. »

    Tout cela, elle le savait déjà... Après tout, c'était aussi dans son intérêt. La veille, peu de temps après leur rencontre, ils s'étaient rendus dans un café pour y discuter de leur projet. Ils n'avaient fait que dresser une ébauche de plan, mais cela leur avait suffi pour comprendre que l'un sans l'autre, ils n'y arriveraient pas. Hunk aurait des difficultés pour infiltrer la réception, mais une fois sur place sa tâche serait aisée. Camilla, en revanche, n'aurait absolument aucun problème à se faire inviter, mais son objectif était beaucoup plus périlleux une fois à l'intérieur. Elle lui avait confié ce dont elle souhaitait s'emparer, et à ce moment précis, le survivant avait eu du mal à cacher sa surprise. Cette jeune femme était décidément très ambitieuse et ne devait pas avoir pour habitude de reculer... Enfin, c'est ce qu'il s'imaginait venant d'une personne qui souhaitait s'emparer au nez et à la barbe de son propriétaire un plateau d'échec accompagné de deux jeux de pièces en diamant. Voleuse ? Collectionneuse ? Peu lui importait, elle était son associée et allait lui permettre d'accomplir sa mission. Pour sa part il ne voyait aucun intérêt à posséder un objet valant une telle fortune...

    16 jours, c'était amplement suffisant pour mettre sur pied un projet pareil. A condition qu'ils ne perdent pas de temps, bien entendu. Tout d'abord, il leur avait fallu un endroit où élaborer leur projet... Pas sa chambre d'hôtel miteuse, elle était bien trop petite et ils auraient probablement à organiser des répétitions par la suite. Un vol de cette envergure ne se faisait pas sans une extrême préparation... Curieusement, cela n'avait pas été très difficile. Il avait simplement contacté le soir une agence de location, naturellement sous un faux nom, et demandé ce qu'ils avaient de mieux disponible durant les deux prochaines semaines. Il était toujours surprenant de voir à quel point, même dans ce monde qui se voulait l'étendard des arts, il était facile de se servir de la cupidité des hommes. Ainsi, il lui avait suffi d'allonger une certaine somme d'argent pour éviter les questions indiscrètes... Où l'avait-il trouvé cet argent ? Et bien, Hunk était d'un naturel économe. C'est pourquoi il possédait encore un important capital, généreusement versé par la Shin-Ra pour ses bons services rendus. Il était perdant dans cette affaire, car ce qui lui serait payé par la Coalition ne rembourserait même pas un dixième de ses dépenses sur le terrain. Mais il s'agissait là du seul moyen de mener sa mission à terme.

    Et aujourd'hui, les deux complices se trouvaient dans une grande maison, composée de deux étages, au beau milieu du centre-ville. Elle était pour le moins spacieuse. Parfaite pour ce qu'ils planifiaient... Le rez-de-chaussé avait été aménagé. Aussitôt arrivé, Hunk s'était attelé à déplacer le moindre meuble pour leur faire plus de place... Ce qui leur laissait plusieurs grandes salles presque vides. L'étage demeurait inchangé. Il s'agissait du lieu de vie, disposant de plusieurs chambres et du nécessaire pour assurer un minimum d'hygiène. De cette manière, Camilla pourrait y rester si jamais ils devaient tout deux travailler tard. Malgré cela, le soldat d'élite avait tout de même conservé sa chambre d'hôtel, y entreposant ses armes et tout ce qui pourrait leur être utile par la suite... Il n'avait amené avec lui qu'un pistolet, au cas où.

    Hunk se massa les tempes. Ils avaient besoin d'un point de départ. Agir vite et méthodiquement assurerait leur victoire, et pour l'instant, ce qu'il leur fallait, c'était...

    « On devrait commencer par en apprendre plus sur l'exposition. Programme de la soirée, sécurité, plans du manoir. Même si on aura pas tout d'un coup, ça nous avancera. Tu penses être en mesure de le cuisiner un peu plus ? »

    Il n'avait pas précisé de qui il parlait, mais c'était inutile. Camilla aurait suivie sa pensée. La seule piste viable qu'ils avaient était le collaborateur, et pour cette raison il était satisfait de l'avoir avec lui. Elle arriverait à des résultats bien plus vite qu'il n'aurait pu le faire seul... Hunk croisa alors son regard, y cherchant une approbation.
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    Mila alluma sa cigarette, lasse de toujours s'occuper du projet. Oui bien sûr, c'était la meilleure chose à faire vu le peu de temps dont ils disposaient, cependant une pause aurait été la bienvenue... Elle commençait à s'ennuyer et ce n'était jamais bon signe. Hunk s'interrompit soudainement pour lui demander si elle était attentive. Évidemment qu'elle l'était, elle n'était pas inconsciente. Même si sa remarque la faisait sourire, être comparée à une vulgaire voleuse à la tire l'ennuyait terriblement. Elle valait mieux que ça tout de même !

    Enfin, après un silence qui lui sembla interminable - l'ennui accentuait toujours tout ce qui l'entourait - il finit par lui donner une mission, récupérer des infos. Ça, ça semblait amusant. Elle se détacha du mur sur lequel était appuyée dans un mouvement leste et s'approcha de lui. La jeune femme était si proche qu'il pouvait sentir son doux parfum. Son bras effleura le sien alors qu'elle se penchait pour observer la carte étalée sur la table. Elle tapota de l'index le café où leur cible avait coutume de se rendre et tourna la tête vers son acolyte sans bouger le torse. Un sourire amusé, joueur, se dessina sur son visage pâle. Ses dents vinrent mordre doucement sa lèvre inférieure lui donnant l'air d'un prédateur affamé. Mila s'éloigna brutalement de lui, manquant de le heurter de son épaule avant d'acquiescer à sa demande avec un
    « Bien entendu... » nonchalant.

    La brunette n'avait pas été très attentive à l'attitude agacée du jeune homme, mais elle était fatiguée d'être aussi souvent en sa compagnie. Non pas qu'il ne l'intéressait pas ou qu'elle ne l'appréciait pas, simplement, elle n'était pas habituée à cohabiter si longtemps avec un inconnu. Elle prenait les hommes et les jetait ensuite, c'était ça son mode de vie.

    Tout en marchant dans les rues du Jardin Radieux en direction du café afin de s'acquitter de sa tâche, Mila songea au regard de son étrange collaborateur. Il était froid, si froid... Ses yeux avaient quelque chose de triste, de poignant. Le sang de Mila se glaçait lorsqu'il plongeait son regard dans le sien, mais étrangement, c'était une sensation agréable. Elle ne saurait dire pourquoi mais elle appréciait ce côté distant et inhabituel chez lui. Arrivée devant le café, elle dissipa ses pensées et se concentra sur son objectif : obtenir les plans du manoir.


    « Ça me fait plaisir de vous voir. » dit-elle gaiement en s'asseyant à sa table, sans lui demander son avis. « Il est tôt aujourd'hui, vous avez déjà fini votre travail ? Pas pour moi j'espère... » fit-elle en minaudant. L'homme rougit légèrement et balbutia quelques excuses.

    Mila savait pertinemment qu'il s'agissait de son jour de repos, c'était le moment idéal. Il fallait qu'elle obtienne d'aller chez lui le soir venu... Une fois cela fait, tout serait si facile que cela en perdrait presque son côté amusant. Elle badina pendant plusieurs heures avec la cible et petit à petit, elle plaçait des éléments clés pour atteindre son but. Elle lui raconta comme quoi elle était seule, que c'était difficile de vivre comme ça dans une nouvelle ville mais qu'elle espérait rencontrer des gens avec qui se lier. Car en effet, elle était très liante... Au terme de leur discussion, Mila avait obtenu de continuer la soirée au restaurant.

    Pendant le dîner, elle exerça son charme naturel aussi bien que son pouvoir de persuasion. Elle tentait de lui faire croire que c'était son idée de la ramener chez lui, afin de ne pas paraître suspecte. C'était une opération qui prenait du temps, car si elle n'appuyait pas ses petits coups de pouces mentaux d'une bonne dose de sourires charmeurs et d'allusions peu subtiles, il ne se souviendrait pas des idées qu'elle prenait le temps de lui mettre en tête.

    Mila entra chez lui vers dix heures du soir. Toujours dans son rôle d'Alexandra, artiste et nouvelle en ville. Elle ne prêta pas attention aux paroles de bienvenue de son hôte, trop occupée à observer les coins et recoins de sa demeure. Un appartement deux pièces, rien de bien impressionnant, décoré à l'ancienne. Tout ce qu'elle n'aimait pas. Elle se tourna vers lui le sourire aux lèvres et lui demanda s'il pouvait lui servir un verre pendant qu'elle allait se rafraîchir. Il s'agissait là de l'excuse par excellence, le prétexte féminin pour s'éclipser d'une conversation ennuyeuse ou embarrassante. C'était parfait, tout simplement.

    Dans la salle de bain, Mila ouvrit absolument tous les placards, les tiroirs, regarda sous le lavabo, bref elle fouina partout. Mais rien. Elle allait devoir trouver un moyen de fouiller le reste de l'appartement...

    Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, elle accourut vers lui, paniquée.
    « J'ai oublié mon sac au café ! » s'écria-t-elle avant de chuter bêtement et de casser un de ses talons. L'homme, inquiet, s'approcha d'elle et l'aida à se relever puis à claudiquer jusqu'à un fauteuil. « Ne vous inquiétez pas, je vais vous le chercher. Restez ici, vous ne pouvez pas marcher avec un seul talon... »

    Il passa la porte avec une phrase rassurante que la jeune femme n'écouta pas. Une fois la porte close, elle se redressa et retira ses chaussures. Cet imbécile n'était vraiment pas observateur... Elle n'avait pas de sac. Et à présent, elle avait l'appartement à sa disposition pour au moins vingt minutes. C'était amplement suffisant. Elle avala le verre de vodka qu'il lui avait servit d'une traite, histoire d'encaisser le décès de ses chaussures qu'elle adorait. Après de nombreuses recherches infructueuses, Mila finit par trouver l'objet de sa venue dans le double-fond du tiroir du bureau. Un classique...

    Elle attendit le retour de l'homme après avoir dissimulé les plans dans son manteau laissé nonchalamment sur un fauteuil. Celui-ci revint bredouille, évidemment, et la jeune femme prit congé sous prétexte qu'elle voulait rentrer, déçue par le tour qu'avait pris la soirée. Mila rentra pieds nus, le cœur léger et prête à retourner aux prévisions de son compagnon sans le moindre ennui. Un peu avant minuit, elle entrait dans leur repaire et lançait l'étui contenant les plans à Hunk d'un air victorieux.


    « J'espère que tu n'en doutais pas. » dit-elle, amusée, avant de s'allumer une cigarette.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 19:31, édité 1 fois
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    « Bien entendu... », c'était tout ce qu'elle lui avait dit avant de partir. Bien entendu... Mouais. Il aurait préféré que leur entrevue ait été plus entendue que ça, Hunk gardait la désagréable impression qu'elle ne souhaitait pas s'impliquer dans la préparation. Pour l'action en revanche elle n'avait pas perdu de temps... Désormais seul, il retourna à son plan en poussant ce qui aurait pu s'apparenter à un grognement. S'encombrer d'une femme passait encore si elle lui était utile en fin de compte. Mais s'encombrer d'une femme qui n'était pas concentrée, c'était aller à l'encontre de sa conception même d'une mission. Oh, et puis il lui restait 16 jours, et il aurait tôt fait de savoir si elle faisait l'affaire ou pas. S'il s'avérait que finalement, il ne pouvait compter sur Camilla, une révision de ses plans s'imposerait. Il n'aurait, après tout, perdu que quelques jours... Mais imaginer déjà la pire situation n'avait rien de constructif. Pour l'instant, la jeune femme était son associée et il devait aller dans ce sens. Le soldat de la Coalition Noire amena l'extrémité du feutre qu'il tenait en main au niveau de ses lèvres, réfléchissant. Alors quoi ? Maintenant que son acolyte était partie à la chasse aux informations il devait attendre les résultats ? Hunk avait tout bonnement une sainte horreur de l'inactivité, et à plus forte raison lorsqu'il gaspillait un temps qui lui était compté... Pas de point de départ pour lui, il ne pourrait rien faire de réellement enrichissant lors de cette journée. Mais ça n'était pas une raison pour ne rien faire. Il laissa alors tomber son feutre sur la table et prit la décision de sortir. Même s'il ne disposait que de très vagues idées quant à sa destination. Le survivant mit donc ses lunettes de soleil sur son nez et quitta la demeure, prenant la précaution de fermer à double tour derrière lui. Prudence est mère de sureté, et il ne souhaitait pas que quelqu'un s'y introduise pendant son absence au risque de trouver des indices sur ce qu'ils projetaient...

    Il était un peu plus de 17 heures 30... La température était idéale. Hunk portait une chemise quasiment similaire à celle qu'il arborait la veille. Que faire maintenant ? Camilla avait dû se rendre au café pour retrouver sa proie... Il était inutile de s'y rendre, même pour la surveiller... Il s'agissait de son problème. Finalement, il opta pour quelque chose de plus banal : une simple excursion dans le centre-ville pour y glaner quelques informations. Il en profiterait pour s'y procurer quelques babioles dont il allait avoir l'utilité...

    Le centre-ville était animé. Comme toujours. Du plus loin qu'il s'en souvienne, et cela remontait à bien avant l'arrivée des Consuls, il en avait toujours été de même. Mais le marché, qui autrefois ne proposait que des provisions, pullulait désormais de petits vendeurs essayant désespérément de liquider leur marchandise, des statuettes, de fausses peintures... De nombreux objets évoquant l'art. Rien qui n'était digne de retenir son intérêt, le survivant passa son chemin, ignorant tout les commerçants qui l'abordaient. Et pourtant, ses pas le menèrent dans une boutique, un peu plus loin. Elle était blindée de souvenirs, tous plus inutiles les uns que les autres... Mais c'était là qu'il trouverait ce qu'il lui fallait. Parcourant rapidement du regard les différents étalages, Hunk ne tarda pas à mettre la main sur ses futures acquisitions... Il passa donc à la caisse, un air absolument sérieux sur le visage tandis qu'il payait un appareil photo jetable, une carte postale illustrée d'une photo de la forteresse de la ville ainsi que... Que... Ainsi qu'une casquette "I ♥ Jardin Radieux" (...). Bon, le ridicule ne tuait pas... Et même s'il en avait les moyens, la mort ne pouvait pas mourir... Il l'espérait... Soit. En posant son règlement sur le comptoir, le soldat d'élite aperçut une pile de prospectus, et l'un d'eux attira son attention. Il y était écrit en gros Exposition Fon Rosenberg devant une illustration qu'il connaissait très bien : le manoir où il devait s'introduire. Sans même demander la permission, il s'en empara. Cela pourrait leur servir...

    18 heures 05... Il restait encore un certain temps avant que le soleil ne se couche. Parfait. En premier lieu, Hunk décida de s'occuper des affaires qu'il avait à régler en ville... Ce n'est qu'après avoir pris place à la terrasse d'un café et allumé une cigarette qu'il se décida à feuilleter le prospectus. Malheureusement, il n'y avait aucun cliché de l'intérieur, et c'est ce qu'il espérait y trouver... En revanche, il disposait d'un bel aperçu des pièces qui y seraient présentées. Des toiles de maîtres, des sculptures, des objets précieux... Même l'échiquier que convoitait Camilla était présent. Que pourrait-elle bien en faire ? Ou plutôt, que pourrait-elle en faire qu'elle ne ferait pas en volant bien plus simplement une importante somme d'argent ? Mystère... Peut-être aimait-elle les défis. Une chance pour lui, s'il s'avérait qu'elle l'aidait. Enfin... Rangeant le prospectus dans sa poche de pantalon, il s'attela à la carte postale, y griffonnant quelques mots au dos ainsi qu'une adresse. Environ un quart d'heure plus tard, il s'était remis en route et se dirigeait vers la sortie de la ville. La carte était postée et il portait maintenant sur la tête le charmant couvre-chef qu'il avait acheté plus tôt... Avec un tel accoutrement, il avait l'air d'un touriste... Mais quoi de mieux pour prendre des photos sans éveiller les soupçons ? Même des photos d'une demeure bien gardée... Voilà ce qu'il pourrait faire de mieux aujourd'hui : prendre des clichés du Manoir. Ils seraient certainement de mauvaise qualité car il ne disposait d'aucun angle permettant de voir l'intérieur, mais à tout hasard... Peut-être qu'ils se révéleraient utiles par la suite.

    La journée était maintenant terminée. Hunk était revenu en ville, avait pris soin de jeter l'appareil photo (inutile étant donné son développement instantané) ainsi que la casquette dans une poubelle, avant de se rendre dans leur "planque". Camilla n'était toujours pas rentrée. Rien d'étonnant, ce qu'elle était partie chercher ne s'obtenait pas en un claquement de doigts... Il patienta donc, un long moment. La plupart du temps, il réfléchissait devant la carte de la ville ou bien face aux photos qu'il avait accroché à un mur, généralement accompagné d'une cigarette. Exposer ainsi tout les éléments était un moyen pour lui de clarifier ses idées... Et les heures passèrent... Il était maintenant près de minuit sans que Camilla n'ait reparue. En continuant de fumer, il se demanda si elle était du genre à passer la nuit avec sa proie... A cette pensée, il eut un vague sourire. S'il se fiait à ses manières séductrices... Oui, elle pouvait être de ce genre. Tant mieux, ça n'était pas lui qui utiliserait des moyens pareils... Mais c'est alors que la porte claqua! Par réflexe, il tourna la tête brusquement, et constata qu'il ne s'agissait que de son associée... Qui était pieds nus.

    « J'espère que tu n'en doutais pas. » lui avait-elle dit malicieusement après lui avoir lancé un étui.

    Hunk se précipita de l'ouvrir, comme un enfant qui déballerait un cadeau. A l'intérieur, il y avait bel et bien les plans! Il se hâta de les déplier pour les observer. Joli travail... Elle les avait obtenus en un temps record, et probablement facilement. Pourtant, ses sourcils se plissèrent légèrement à mesure qu'il les détaillait... Alors, il les abaissa et regarda Camilla. Son visage n'arborait absolument aucune expression. Et plutôt froidement, il lui dit...

    « Pas d'indications sur la disposition des objets exposés, ni sur les systèmes d'alarme... Ce plan est tout ce qu'il y a de plus banal. » Oh, il allait tout de même leur servir, notamment pour imaginer les moyens de se déplacer au sein du manoir et de s'en échapper. Mais ce défaut l'empêchait de féliciter son interlocutrice...
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    Mila était furieuse d'avoir sacrifié d'aussi jolies chaussures pour une réaction si glaciale. Elle aimait qu'on la félicite, qu'on la complimente, et l'attitude de son acolyte la frustrait. Elle troqua son air enjoué contre un regard froid et hautain ne laissant aucun doute sur les pensées peu charitables qui lui traversaient l'esprit.

    « J'espère que tu te moques de moi. » dit-elle sèchement, un rictus colérique déformant légèrement le bas de son visage. « Si ce que j'apporte à ce projet est si peu utile, c'est que tu n'as pas besoin de moi. Alors je vais te laisser t'en occuper seul, comme un grand. » ajouta-t-elle en voyant son expression sérieuse.

    Mila n'appréciait pas qu'on accorde si peu d'importance à ses faits et gestes. Si l'attitude de Hunk vis-à-vis d'elle l'intéressait au départ, elle l'agaçait désormais. Mila enleva son manteau dans un mouvement d'humeur marqué et monta à l'étage fumer une cigarette sur le balcon de sa chambre. La jeune femme avait les bras et les jambes nus, et ses pieds blancs rougissaient sous la vigueur du froid. Elle fumait sa cigarette les cheveux au vent, accueillant avec plaisir la vivifiante morsure des bourrasques hivernales.

    Pour qui se prenait cet espèce d'imbécile sans intérêt ? Non pas que Mila se considéra supérieure à lui, quoi que peut-être un peu à certains moments..., mais elle pensait être son égal. Pensée que son acolyte ne semblait pas partager... La jeune femme savait pertinemment qu'il était stupide de réagir ainsi, mais cela la poussait à persister dans sa mauvaise humeur au lieu de descendre reprendre le boulot.

    Au fond, elle aurait bien aimé que Hunk monte la rejoindre et s'excuse mais elle pouvait toujours courir pour obtenir une telle chose de lui. Il allait bien falloir finir par retourner au rez-de-chaussée mais Mila souhaitait retarder ce moment le plus longtemps possible. Elle décida alors de monter sur le toit. Elle grimpa lestement sur la rambarde du balcon et entreprit la courte ascension qui la mènerait à son but. Elle se dressait, un peu chancelante mais tenant bon, juste au dessus de la gouttière. La vue était fantastique de ce perchoir et Mila apercevait au loin le manoir du collectionneur où, songeait-elle, se trouvait l'objet de sa convoitise.

    La jolie brune se pencha en avant, la main en visière, tentant d'en voir plus malgré les ténèbres de la nuit. Mais la jeune femme manquait de dextérité, et elle perdit l'équilibre - malgré une honorable tentative de battre des bras comme s'il s'agissait d'ailes, ce qui se solda par un échec - glissant alors le long de la gouttière pour finalement se raccrocher au barreaux de la rambarde du balcon.

    Mila était donc là, encore et toujours dans une situation peu confortable due cette fois-ci à son manque de prudence, le corps se balançant légèrement au rythme du vent et les jambes au niveau de la grande fenêtre du rez-de-chaussée. Trop fière pour appeler Hunk à l'aide, elle espérait néanmoins qu'il la verrait et choisirait de venir à son secours plutôt que de la laisser s'écraser. Sur le moment, elle maudissait son ego et ses décisions impulsives et irréfléchies. Ce qui ne l'empêcherait pas de recommencer... Elle préférait croquer la vie à pleines dents plutôt que de se terrer dans la peur du reste du monde. Il ne lui venait pas même à l'esprit qu'il pouvait exister un juste milieu. Mila était ainsi, excessive en tous points.


    « Je dois vraiment avoir un mauvais karma... » grommela-t-elle pour elle-même tandis que le froid menaçait de la faire lâcher prise.
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    « J'espère que tu te moques de moi. Si ce que j'apporte à ce projet est si peu utile, c'est que tu n'as pas besoin de moi. Alors je vais te laisser t'en occuper seul, comme un grand. »

    Tandis qu'elle parlait, laissant éclater sa mauvaise humeur, Hunk avait levé les yeux au ciel sans qu'elle ne le remarque. Et sur ces mots, elle était partie, laissant tomber son manteau dans un geste excédé avant de grimper les marches quatre à quatre, probablement jusqu'à sa chambre... Lui ? Il n'avait fait que la suivre du regard... A quoi bon essayer de la retenir ? Si elle voulait jouer à l'enfant, il la laisserait faire en attendant qu'elle se calme d'elle même. Le soldat laissa son regard dériver... Il trouvait cette réaction légèrement... Disproportionnée. Est-ce qu'elle réalisait sérieusement à quel point leur projet était sérieux ? Et dangereux ? A la voir agir, il avait plutôt l'impression qu'elle prenait cela à la légère, comme un caprice d'adolescente. Et dire qu'il avait l'habitude de faire cavalier seul... Pour sa première coopération avec une inconnue, il était verni. Revenant brusquement à la réalité, il se contenta de hausser les épaules avant de pester à haute voix en s'allumant une nouvelle cigarette.

    « Huh... Les femmes... »

    Et revenant à ses occupations, il jeta un nouveau coup d'œil au plan. Peu lui importait de quelle manière elle y était parvenue, mais Camilla avait réussi à se le procurer en seulement quelques heures... Belle performance. Oui, il ne disposait d'aucun détail. Il ne s'attendait pas à ce qu'un simple collaborateur ait en sa possession des documents aussi importants quoi qu'il en soit, de ce point de vue son résultat était plus qu'acceptable... Remarquer qu'il était incomplet était un élément qui sauterait aux yeux de n'importe quel professionnel. Qu'est-ce qu'elle attendait de lui ? Qu'il la félicite pour avoir réussi à jouer à la voleuse ? Qu'il applaudisse son exploit ? Il était temps qu'elle comprenne qu'ils ne s'étaient pas associés pour s'envoyer des fleurs mutuellement, mais pour être efficaces... Une notion qui devait encore lui être étrangère étant donné sa passivité lorsqu'il avait longuement exposé leur projet plus tôt dans la journée.

    ... Peut-être qu'il aurait dû l'encourager finalement. L'inciter à poursuivre dans cette voie. Est-ce qu'elle était réellement habituée à des opérations de cette envergure ? Pour un soldat d'élite comme lui, quelque chose d'aussi dangereux était une routine, mais pour elle ? Est-ce qu'elle mesurait bien le degré d'implication que cela demandait ? En secouant la tête, il chassa ces pensées de son esprit. Elle participait à ce projet de sa propre volonté. Le vol de l'échiquier était sa demande, son problème, sa responsabilité. Tuer un homme était tout ce qui l'intéressait, alors Camilla devait travailler pour elle même, et travailler bien.

    Il y eut alors un grand bruit à l'étage, mais il n'eut aucune réaction. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre ? Sûrement briser quelque chose pour passer sa colère... Elle se calmerait toute seule... Il était hors de question qu'il fasse quoi que ce soit, et encore moins qu'il ne lui court après! Hunk eut vaguement l'envie de lui rappeler que le mobilier détruit serait retenu sur sa part, mais il s'en abstint. Une intervention de la sorte ne pourrait faire qu'envenimer les choses, et même si au fond il se moquait bien de ce qu'elle pensait, subir ses sautes d'humeur était une plaie. Le survivant se leva pour s'étirer. Il commençait à se faire tard, et les prochains jours seraient plus longs les uns que les autres. Garder un rythme sain serait vital... Il s'apprêtait donc à aller se coucher, regardant distraitement par la fenêtre quand tout à coup!... Une tuile s'écrasa sur le sol, dans la rue. Une tuile qui provenait de leur toit... Avant même de s'être posé la question, il avait déjà la réponse : Camilla. Qu'est-ce qu'elle avait encore foutu... ?

    D'un pas rapide, il monta les escaliers et poussa, sans frapper, la porte de la chambre de la jeune femme. Vide. Où était-elle passée ? Un courant d'air froid rendait la pièce glaciale, ce qui n'avait rien d'étonnant car la porte-fenêtre donnant au balcon était grande ouverte. Hunk s'en était approché pour la fermer avant qu'il ne remarque deux petites mains féminines qui se tenaient fermement aux barreaux de la rambarde... Voilà donc où était passée son associée. Il ne voulait même pas imaginer comment elle s'était retrouvée dans cette situation, elle était déjà suffisamment grotesque. Calmement, il vint s'accouder à la rambarde, sortant une nouvelle cigarette comme si de rien n'était, et surtout comme s'il n'avait pas vu la position délicate dans laquelle se trouvait Camilla. Il avala une longue bouffée et cracha un filet de fumée avant de déclarer...

    « Belle vue. » Ce n'est qu'à cet instant qu'il pencha la tête vers elle, la toisant de son regard perçant. Il aurait pu l'aider, mais autant profiter de la situation... Elle n'avait d'autre choix que de l'écouter. En plaçant sa cigarette entre ses lèvres, il reprit. « J'ai besoin de toi. » Ce qui était sincère, même si elle pouvait être bien plus efficace, il ne pourrait se rendre à la réception sans son aide. « Mais tu as besoin de moi aussi... N'est-ce pas ? » Il avait pris un malin plaisir à accentuer légèrement les derniers mots, comme pour lui rappeler qu'elle avait besoin de son aide en cet instant précis. D'un geste rapide, il jeta au loin son mégot à peine consommé qui disparut dans la nuit avant de lui tendre sa main droite. « 50-50 ? »
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    Alors que Mila se maudissait intérieurement de sa maladresse, elle entendit distinctement des pas en provenance de sa chambre. Orgueilleuse à outrance, elle ne pipa mot, préférant risquer de faire une chute qui lui vaudrait sûrement une jambe cassée étant donné sa frêle constitution. Par chance, son mystérieux compagnon s'approcha du balcon et lâcha quelques mots sur la vue. La jeune femme était persuadée qu'il profitait de sa position de force pour la faire attendre... Et alors qu'elle songeait à quel point il manquait de manières et de courtoisie, il s'approcha de la rambarde.

    Hunk était penché vers elle, une main sur le genou, l'autre tenant sa cigarette. Il la regardait de ses yeux bleus pénétrants alors qu'il lui demandait, à peu de choses près, d'avouer qu'elle avait besoin de lui. La jeune femme songea à exercer son pouvoir pour le forcer à la remonter vu qu'elle n'était pas disposée à accéder à sa demande, mais, après avoir jeté son mégot encore embrasé, il lui tendit la main. De ses maigres forces, Mila se hissa du bras gauche afin d'atteindre le poignet de Hunk.

    D'un mouvement souple et puissant, il l'attira vers lui et la brunette eût le sentiment de s'envoler pendant un instant alors que, dans la continuité du mouvement, il la soulevait par dessus la rambarde. Elle atterrit devant lui, le souffle court, les mains appuyées sur son torse. Il était plus grand qu'elle et la jeune fille se sentait toute petite face à lui. Sa tête était penchée en avant et effleurait la poitrine de son acolyte au rythme de sa respiration. Reprenant ses esprits, Mila se redressa, les mains toujours posées sur les pectoraux de son compagnon. Elle le regarda froidement avant de le repousser. La jolie brune se détourna de lui et s'attarda un instant sur le pas de la fenêtre. Droite, fière, elle tourna légèrement la tête sur le côté.
    « Je n'ai besoin de personne. » dit-elle, glaciale avant de s'éclipser.
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Jour 7.

    « Ravi de vous rencontrer monsieur... Monsieur ? »

    « Mac Dougal... Roy Mac Dougal. Mes amis m'appellent Mac. »

    « Je vous en prie, asseyez-vous. »

    Sur cette proposition, Hunk prit place dans le fauteuil en face de son interlocuteur. Il revêtait aujourd'hui une tenue bien plus sérieuse... Un pantalon de costume, une chemise blanche sous une veste noire, et il avait même pris la peine de porter une cravate grise. S'il ne se sentait pas réellement à l'aise dans cet accoutrement, il n'en demeurait pas moins que le camouflage était parfait. Il parvenait à faire bonne figure et avait tout de l'homme d'affaire typique, sans oublier l'attaché-case.

    « Alors monsieur Mac Dougal. Que pouvons-nous faire pour vous ? » avait ajouté l'homme en joignant le bout de ses doigts, un bon sourire affiché sur ses lèvres pour mettre son client en confiance.

    Ce qu'il ignorait, c'était qu'en cette heure matinale il n'était pas le prédateur désireux de vendre son produit. Il était la proie, la cible... Car il s'agissait ni plus ni moins du directeur de Safeguard Corp., une société spécialisée dans les systèmes de sécurité. Remonter jusqu'à eux avait été d'une simplicité enfantine. Leur réputation les précédait : ils étaient tout bonnement les meilleurs au Jardin Radieux. L'évidence était donc là, ils avaient conçus et installés les différents détecteurs et alarmes qui blinderait le manoir lors de la prochaine exposition. Et ils possédaient forcément un plan... Ou au moins une copie. Quel endroit serait le plus adapté que le bureau du directeur pour le conserver ? Telle était la raison de sa venue... Le soldat d'élite souhaitait voler ces plans, car sans eux ils ne pourraient jamais déjouer les pièges et encore moins voler l'échiquier. Exhibant une attitude sérieuse et professionnelle, Hunk souleva l'une de ses jambes afin de faire reposer son pied sur son autre genou.

    « Voyez-vous je... Est-ce que cela vous ennuie ? » Il s'était interrompu brusquement après avoir sorti de sa poche intérieure un étui à cigarettes qu'il avait mis en avant avec un regard interrogateur.

    « Non, je vous en prie! » avait répondu le directeur en lui tendant un cendrier.

    « Merci. » Il ouvrit son étui et en tira une cigarette avec un certain panache avant de le ranger. Son interlocuteur lui proposa même du feu qu'il accepta. Sa cigarette maintenant en mains, qu'il ne fumait pas la plupart du temps, se contentant de la garder entre deux doigts pour se donner de l'allure, il reprit. « Donc où en étais-je ? Ah, oui. J'ai récemment fait l'acquisition d'une résidence secondaire à la Cité des Rêves. Mais vous connaissez ce monde. Je ne fais pas confiance à un verrou pour protéger mes arrières. » Il sourit poliment tandis que le directeur éclatait de rire. « Je souhaite tout de même y déplacer certaines pièces d'une valeur non négligeable. C'est pourquoi Je veux ce que vous avez de mieux. »

    Le directeur eut l'air gêné l'espace d'un instant, il se gratta légèrement la tempe avant de lui répondre.

    « C'est que nous n'avons pas pour habitude de travailler dans d'autres mondes et de... »

    « J'y mettrais le prix. » Il l'avait interrompu brusquement en lui offrant un regard sérieux et déterminé qui le troubla. L'appât du gain, le meilleur argument pour le convaincre.

    « Et bien... Je vais voir ce que je peux faire. Avez-vous un plan de votre demeure monsieur Mac Dougal ? »

    Hunk hocha la tête négativement en crachant une bouffée de sa cigarette.

    « Non, à l'époque à laquelle ces gens vivent il n'est pas coutume de conserver des plans. Cependant, j'ai... » Tout en parlant, il avait ouvert son attaché-case et fit mine de fouiller dedans avant d'en sortir une liasse de feuille. « Une description des lieux, rédigée de ma main. »

    Le soldat d'élite les posa sur le bureau et l'homme qui lui faisait face s'en empara, enfilant une paire de lunettes avant de les parcourir.

    « Je vois. Nous pourrions commencer par vous envoyer quelqu'un afin de dresser un plan, et ensuite nous réfléchirons aux différentes possibilités. »

    En disant cela, il avait placé les document dans un dossier sur lequel il avait inscrit "Mac Dougal". Machinalement, le directeur avait ensuite ouvert un tiroir de son bureau afin de le ranger, un geste qui n'échappa pas à Hunk. Bingo, c'était là qu'étaient classés ses dossiers. Il savait où chercher celui qui l'intéressait désormais. Réfrénant une expression victorieuse pour garder son masque de sérieux absolu, le survivant acquiesça avant de conclure.

    « C'est parfait. »
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    « Virginia Baker. VIRGINIA BAKER je vous dis ! Je suis cliente chez vous mais ça ne va pas durer si vous ne me faites pas entrer très vite ! » s'exclama la jeune femme devant la mine déconfite du portier.

    « Mais quel empoté, c'est pas vrai... Pour le prix qu'on vous paie c'est fou d'être traité ainsi ! » vociférait-elle en faisant de grands gestes affectés.

    A force de cris, le gardien finit par la laisser entrer avant de se diriger vers son local afin de convoquer son superviseur. L'homme tendit l'oreille pour voir où en était la jeune femme.
    « ....En chemise de nuit en plus ! Et on me laisse comme ça, dehors dans le froid alors que je ne porte qu'une petite nuisette ! » Il déglutit et composa le numéro.

    « Chef... Une femme est là, en bas. Elle a l'air vraiment énervé, enfin je crois qu'il faudrait appeler le directeur... Et... Mais qu'est ce que vous faites là ?! »

    « C'est votre supérieur ? Parfait ! Passez-le moi. Allez, passez-le moi je vous dis. Bon sang, mais c'est pas vrai, j'ai l'air de demander votre avis ? » hurlait la jeune femme sur le pauvre homme qui n'avait rien demandé. Il finit par lui passer le combiné et l'étrange visiteuse entreprit d'engueuler le supérieur.

    « Vous êtes encore là ? Mais qu'est ce que vous fichez ? Il fait froid dehors, au cas où vous n'auriez pas remarqué, IL NEIGE. Comment ça vous n'avez pas regardé ? Et bien faites-le espèce d'idiot, et vous verrez par vous même ! C'est fou ça, vous êtes tous incompétents ici ? Bon ça suffit, je veux voir le directeur. » Son correspondant n'eût pas le temps de répondre que le directeur était en réunion et donc indisponible car la jeune femme raccrocha avant qu'il ne puisse dire quoi que se soit.

    Virginia décida donc d'entrer en force. De son regard furieux, elle défia le gardien de tenter de l'arrêter. Celui-ci, considérant peut-être que sa paie n'était pas assez élevée pour risquer de nouveaux cris hystériques, haussa les épaules et retourna à ses occupations en grommelant. La jeune femme traversa donc l'étendue enneigée qui séparait le portail de l'entrée du bâtiment d'un pas rapide. Elle frissonnait, simplement vêtue d'une nuisette légère, d'un long manteau et de chaussons. Elle rencontra bien vite le superviseur qui s'était précipité hors de son bureau pour l'arrêter.


    « Vous ne pouvez pas aller plus loin, je suis désolé. » dit-il d'une voix tremblante.

    « Cette fois, ce n'est plus amusant... Je sens qu'au fond, vous avez envie de m'emmener jusqu'à l'office de votre directeur. » articula-t-elle lentement après un soupir agacé. « Ce serait une belle vengeance, confronter votre supérieur avec une telle harpie... » murmura-t-elle dans un sourire.

    « Je... Vous... » L'homme semblait perturbé, déconnecté de la réalité. Que pouvait-il bien faire de cette femme? Il ne voulait pas d'ennuis... Puis soudain, il lui vint une idée. « Bon, écoutez, je veux bien vous emmener mais surtout ne dites pas que c'est moi ! Et puis tant que vous y êtes... Si vous pouvez lui rendre la vie dure... N'hésitez pas. » L'homme était fier de lui, il tenait enfin sa revanche contre son supérieur, c'est vrai quoi, il fallait bien que la direction paie un peu les pots cassés non ?

    Satisfaite par son tour de passe passe, Mila suivit son guide d'un air distrait, continuant de vociférer pour la forme. Bientôt, ils atteignirent une porte massive en métal à deux battants. Le superviseur prit congé et la jeune femme prit une profonde inspiration avant de s'engager dans ce qui, elle le savait, constituait la partie la plus difficile de l'opération.

    Elle poussa les portes battantes de ses deux mains et entra brutalement, interrompant une entrevue déjà en cours entre le directeur et ce qui semblait être un client mais qui, bien sûr, n'était autre que Hunk, son associé.

    « C'était donc ça... Vous préférez vous occupez des gros clients plutôt que des particuliers ! » s'écria-t-elle avant même que les portes ne se referment derrière elle.

    Elle ne laissa pas le directeur prendre la parole et se tourna vers le client, ou plutôt vers Hunk. Elle darda sur lui un regard qui n'augurait rien de bon pour lui tandis que son visage affichait un grand sourire amusé que leur cible ne pouvait pas voir. Hunk se leva, agissant comme s'il préférait quitter la scène, après tout, il fallait que le directeur croit dur comme fer que cela ne le concernait pas. Et c'est à ce moment là que Mila dévia légèrement du plan initial, mais seulement pour la bonne réussite de celui-ci. Du moins, c'est ce qu'elle prétendrait plus tard lorsqu'il lui demanderait des explications...


    « Oh non, non, non ! Vous, vous ne bougez pas. C'est de votre faute si on m'a fait attendre. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais pendant que vous fumiez tranquillement votre petite cigarette en discutant ici, moi, j'ai été cambriolée ! Pendant mon sommeil ! Enfin bon, je suis insomniaque et je me suis levée et quand je suis descendue, il n'y avait plus rien, mon salon était vide ! » Hunk, agacé, leva les yeux au ciel. « Mais... Qu'est ce que vous faites ? Je vous ennuie peut-être ? » dit-elle soudain plus calme. Tout se passa ensuite très vite, Mila s'approcha de son associé et, les yeux brillants, le gifla de toutes ses forces sans pouvoir dissimuler un sourire victorieux.
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    Camilla jouait son rôle à merveille et semblait y prendre un certain plaisir! Lorsqu'elle était entrée de force dans le bureau, Hunk avait pivoté légèrement pour la voir et avait eu bien du mal à cacher sa surprise. Lorsqu'ils s'étaient quittés plus tôt, elle était comme à son habitude, belle et soucieuse de son apparence. Mais visiblement, elle avait décidé de se grimer et l'avait fait à la perfection... Ses longs cheveux noirs n'étaient plus coiffés et retombaient de manière grossière sur ses épaules, elle n'avait pas de maquillage, le manteau qu'elle portait au dessus de sa nuisette était bien trop grand pour elle et ses pieds nus dans d'immondes chaussures étaient par trop visibles. Sa grâce avait été troquée pour une vulgarité sans nom, et cela forçait le respect. Le survivant s'était finalement levé, donnant l'impression d'être sur le départ, tandis que le directeur médusé ne comprenait pas ce qui se passait. Il faut dire que la jeune femme était particulièrement convaincante et s'en donnait à cœur joie. Même lui, qui était au courant de la mascarade, la trouvait assommante. L'objectif de cette mise en scène était, bien entendu, de créer une diversion qui leur permettrait de voler les plans. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Camilla devait faire en sorte d'éloigner le directeur pendant un certain moment, et pour cela il lui fallait se montrer suffisamment gênante pour qu'il décide de régler ce cas lui même plutôt que d'appeler la sécurité. Et soudain,elle prit une initiative. D'un pas rapide, elle s'approcha du soldat et le gifla violemment.

    ...

    Un lourd silence s'ensuivit... Plus personne n'osait parler. Hunk était relativement pris au dépourvu, sa réaction lorsqu'elle l'avait frappée avait été tout ce qu'il y a de plus naturelle. Et maintenant, en se frottant la joue du revers de la main, il la fusillait du regard... Petite futée... Quoi de mieux pour rendre encore plus réaliste une scène qu'une réaction authentique ? Désormais, tout ce qu'il lui restait à faire était d'entrer dans son jeu. Se composant un visage des plus froids, il se tourna vers le directeur, ignorant la jeune femme avec un dédain prononcé, et dit d'une voix glaciale...

    « Je crois que vous devriez revoir vos propres mesures de sécurité avant d'en installer chez les autres... »

    La scène avait quelque chose de très amusant, sans qu'elle ne prête à rire... Son interlocuteur avait perdu le calme qui le caractérisait plus tôt et faisait preuve d'une panique sans nom. Réaction primaire, cette dégénérée était sur le point de lui faire perdre un client qui ne discutait pas le prix sur une somme importante. Il se leva nerveusement, ne sachant visiblement pas de quelle manière agir. Sous le regard impitoyable du soldat d'élite, il bredouillait quelques excuses.

    « Je suis vraiment confus, je... Mademoiselle! Ce bureau est privé, je vous demanderais de bien vouloir le quitter! »

    Joignant le geste à la parole, il attrapa le bras de Camilla qui se débattait, hurlant toujours son mécontentement. Et de force, il la traîna hors du bureau... Parfait! Maintenant seul, il pourrait agir comme bon lui semblerait. Il devait faire vite, le directeur pouvait revenir d'un instant à l'autre, même si son associée avait pour mission de le retarder le plus possible. Hunk se saisit de son attaché-case et se précipita de l'autre côté du bureau. D'un geste sec, il ouvrit le tiroir dans lequel son propre dossier avait été rangé. A l'intérieur, il y avait de nombreux documents, classés par ordre alphabétique. Le survivant entreprit de les faire défiler en gardant tout de même un œil sur la porte...Fon Rosenberg! Il l'avait trouvé! Hunk le tira brusquement et l'ouvrit pour le fouiller avant de trouver ce qu'il cherchait : le plan. Aucun doute possible, tout y était. Les détecteurs en détail, les systèmes d'alarme. Il allait falloir s'en emparer. Sa première idée pour qu'on ne remarque pas sa disparition avait été de le photographier, mais pénétrer ici avec un appareil électronique aurait été suspect. Alors, à deux, ils avaient fait mieux... Camilla et lui y avaient travaillé toute la journée de la veille, ils avaient transformé le plan qu'elle avait volé en essayant d'en faire un faux crédible. Si quelqu'un s'attardait dessus, il remarquerait que leurs indications étaient incohérentes mais le but était simplement que personne ne réalise son absence. A deux semaines de l'exposition, il était fort peu probable que Safeguard Corp. y rejette un œil de toute façons.

    Le soldat d'élite ouvrit son attaché-case et procéda à l'échange, gardant avec lui le véritable plan. Il remit ensuite soigneusement le dossier en place et referma le tiroir. Toujours pas de traces du directeur, tout se passait comme ils l'avaient prévu. Cela avait pris moins de deux minutes. Alors, Hunk resserra légèrement son nœud de cravate et vint se rasseoir à sa place, sortant une cigarette qu'il alluma pour donner l'illusion qu'il était resté à la même place tout ce temps... Quelques secondes plus tard, à peine, le directeur était de retour, s'enfonçant dans des excuses plus plates les unes que les autres.

    « Je suis vraiment navré, ce genre de choses n'arrive jamais! J'espère que cela ne ternira pas l'image que vous avez de notre société. »

    « En aucune façon. » Il écrasa son mégot dans le cendrier avant de poursuivre. « Vous m'excuserez mais un autre rendez-vous important m'attend. Je vous recontacterais. »

    Hunk se leva, lui serra la main et se retira.Dans les couloirs, les gardes le laissaient circuler sans se douter de rien... Tout était passé comme une lettre à la poste. Une fois dehors, il inspira une longue gorgée d'air frais... Avant de continuer son chemin, se rendant dans une ruelle un peu plus loin dans laquelle Camilla l'attendait. Alors qu'il approchait, il fit un signe vers sa mallette pour lui faire comprendre qu'il avait les plans, et lorsqu'il fut suffisamment proche, il eut, pendant un quart de seconde, un vague sourire complice avant de décréter.

    « Brillant. »
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    Jour 10.

    Mila, essoufflée, décida de prendre une pause cigarette, ce qui, en soit, n'était pas vraiment judicieux. Elle sentait le regard désapprobateur de son compagnon dans dos mais choisit de l'ignorer. Leur relation, si elle se bornait au projet, s'était détendu depuis le vol des plans dans les bâtiments de Safeguard. Fait surprenant, il ne s'était pas formalisé du fait qu'elle ait profité de son petit jeu d'actrice pour lui mettre une gifle. Au contraire, il l'avait même félicité avec un «Brillant. » qui n'avait pas manqué de regonfler son ego. Depuis, il semblait moins hautain et elle, de son côté, avait cessé de se laisser aller au gré de ses humeurs.

    Lasse, elle proposa à son associé de sortir un moment prendre l'air. Mila aimait sentir le froid vivifiant sur son visage, cela la mettait de bonne humeur et la requinquait après les efforts qu'elle venait de fournir. En effet, depuis leur retour et après étude des plans détaillés du manoir et de la sécurité, Hunk avait installé une sorte de terrain d'entraînement pour la mettre en condition. Car c'était elle, en raison de sa maigre corpulence et de sa mémoire motrice, qui devrait s'emparer de l'échiquier le moment venu. Mila n'était pas une voleuse de nature, mais un tel jeu ne se refusait pas. Et puis elle avait tellement envie de cet échiquier qu'elle aurait fait pratiquement n'importe quoi pour l'obtenir.


    « Il fait beau, tu ne trouves pas ? Je ne me lasse jamais de ce ciel. »

    C'était la première fois qu'elle prononçait des paroles sincères en sa présence. Un peu embarrassée, elle grimaça légèrement tout en remettant en place une mèche de cheveux déplacée par le vent. Il était juste à côté d'elle, une cigarette à la main. Elle en alluma une à son tour, tout en songeant qu'elle fumait trop. Elle avança de quelques pas sur le perron et étendit les bras afin de mieux recevoir la caresse du vent. La jeune femme frissonna. En effet, elle ne portait qu'une robe beige légère et près du corps, joliment ceinturée par une cordelière. Une tenue étrange pour un entraînement ? Mila avait refusé de porter une combinaison plus adaptée avant d'être capable de passer sans efforts à travers le chemin qui la mènerait à son échiquier.

    « Je donnerais n'importe quoi pour une bonne bouteille de vin ! » dit-elle en riant.
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    Ça n'était pas vraiment comme s'il avait eu le choix, mais Hunk avait accepté la pause que Camilla réclamait, ou plutôt imposait. Il aurait préféré qu'elle continue son entraînement... Il ne leur restait que 11 jours. Si cette période lui avait parue longue au premier abord, désormais il avait la désagréable impression de voir passer le temps trop vite... 11 jours pour préparer son associée, pour la conditionner afin qu'elle puisse voler l'échiquier sans commettre d'erreur. A choisir, il aurait préféré s'en occuper lui même, sa condition physique était bien plus adaptée et son agilité était sans comparaison par rapport à celle de la jeune femme. Mais les... circonstances, impliquaient que Camilla soit celle qui mette la main sur la pièce de collection qu'elle convoitait. 11 jours... Elle était loin d'être prête. Mais ce qui rassurait le survivant, c'était que son attitude avait changée. Elle faisait désormais des efforts pour y arriver, s'impliquait concrètement... Bon, les progrès n'étaient pas encore là, mais elle y parviendrait. Il la forcerait à y parvenir, il se montrerait intransigeant, leur succès en dépendait. Enfin, admettons qu'elle ait mérité de faire une pause... Il la suivit à l'extérieur. Autant profiter de ce répit, même s'il ne l'approuvait pas entièrement... Dehors, le vent frais était revigorant. Si quelque jours plus tôt, la température était encore douce, elle avait chuté brusquement pour mieux s'adapter à la saison en cours, l'hiver. Hunk s'était allumé une cigarette et regardait le peu de passants qui osaient braver le froid.

    « Il fait beau, tu ne trouves pas ? Je ne me lasse jamais de ce ciel. »

    ...Euh... Ouais. Il posa son regard sur son associée... C'était bien la première fois qu'elle abordait un sujet aussi banal... D'accoutumée, ils ne se parlaient que de manière très distante, très professionnelle. Et voilà que maintenant, elle se laissait aller à commenter le temps et à révéler quelque chose de personnel. « Hm. » fut tout ce qu'il trouva à répondre. Il n'avait jamais été très doué pour les conversations, ni pour les relations humaines. Parler d'un plan longuement ne lui posait pas de soucis, il s'agissait d'un élément indispensable pour la mission. Mais le temps... Le survivant leva les yeux vers le ciel. Effectivement, il ne s'en lassait jamais lui non plus... Parce qu'il s'en moquait éperdument. Au fond, il se dit qu'il ne l'avait jamais vraiment regardé, comme la plupart du reste. C'était tout simplement dans sa manière d'être... Détaché, mais pourtant concentré à l'extrême pour ce qu'il faisait, et ce qu'il faisait le mieux était obéir aux ordres qu'on lui donnait. Camilla s'était alors avancée et avait ouvert les bras pour mieux recevoir le vent frais. Elle frissonna. Prévisible étant donné sa tenue. L'idiote... Elle allait attraper froid. Hunk se surprit lui-même en ayant cette pensée. Ça n'était pas son genre... Enfin, il s'imaginait qu'il était prévoyant uniquement parce que sa santé physique était primordiale pour leur projet.

    « Je donnerais n'importe quoi pour une bonne bouteille de vin ! » avait-elle ajouté en accompagnant sa phrase d'un rire cristallin.

    Ce n'était que la seconde fois qu'il l'entendait rire, la première ayant eu lieu au moment de leur rencontre. Celui là semblait bien plus sincère... Il lui semblait... Il ne connaissait pas grand chose du rire alors pour les différencier. En tirant une longue bouffée sur sa cigarette, le soldat d'élite essaya de se remémorer la dernière fois que cela lui était arrivé. Peine perdue, il ne s'en souvenait pas... Pendant un court instant, il fixa son mégot presque fini, ne sachant pas quoi répondre à Camilla. Discuter n'était réellement pas son fort... D'une pichenette, il envoya ce qu'il restait de filtre et de cendres plus loin avant de rétorquer.

    « Il y a un temps pour tout. La pause est finie. Tu vas continuer. Sans moi. J'ai à faire. »

    Bref, froid et distant. Comme toujours. Il venait certainement de briser la bonne humeur qui semblait habiter la jeune femme, mais ça n'était pas son problème. Hunk la laissa seule et rentra dans la maison. Il monta à l'étage, se rendit dans sa chambre où il enfila un long manteau d'hiver noir ainsi qu'une paire de gants en cuir, noirs eux aussi. Une fois habillé, il redescendit, veilla à ce que Camilla ait bien repris l'entraînement, et quitta la demeure. Il ne lui avait pas dit où il allait, et encore moins ce qu'il comptait faire. Il n'y avait pas fait mention non plus auparavant. Cela ne la concernait pas... Pour elle, seul le résultat compterait. Le soldat d'élite erra quelques moments dans les rues. Il lui restait quelques minutes avant l'heure de son rendez-vous... Il ne flâna pas longtemps, rapidement lassé de cette activité qui ne menait à rien, et marcha jusqu'à un café dont la terrasse était relativement déserte. Il y avait pourtant au moins un homme. Celui qui l'intéressait. Il le reconnut au premier coup d'œil... Lentement, Hunk vint prendre place face à lui. Minutieusement, il l'observa... Son visage n'avait pas changé. Il était brun avec des cheveux coupés courts, des yeux marrons et quelques cicatrices sur le visage. On sentait l'expérience chez lui, tout comme on l'aurait fait chez le survivant... A ceci près que ses expressions étaient plus décontractées que les siennes. Il se fendit même d'un sourire en le voyant.

    « Mr. Death... Tu es donc en vie. »

    « La mort ne peut mourir, Vector... »

    Vector. Un ancien... camarade. Un autre membre des forces spéciales de la Shin-Ra...

    « C'est pas le bruit qui court par chez nous. » Forcément. Vis à vis de ses anciens employeurs, il était préférable de rester mort. « J'ai été surpris quand j'ai reçu ta carte. »

    La carte postale qu'il avait envoyé quelques jours plus tôt lui demandait de se rendre ici à une heure précise. A ce moment, il savait déjà qu'il aurait besoin de Vector, même s'il ne pouvait encore imaginer son utilité.

    « Que je te contactes ou bien que tu m'aies raté ? » Sa voix était dénuée de toute émotion, ni haine ni rancœur, ni sympathie...

    « Tu savais que c'était moi ? »

    « Qui d'autre... ? Ça portait clairement ta signature... »

    Il l'avait su dès les premiers instants, après avoir survécu à l'attentat que la Shin-Ra avait organisé contre lui pour s'en débarrasser. Malgré cela, il n'avait aucune amertume contre Vector. Il s'était contenté de faire son travail, et Hunk aurait agi exactement de la même manière.

    « Tu sais, si j'étais aussi obsédé que toi par la réussite de mes missions, je ne serais pas venu seul. »

    « Tu ne l'aurais pas fait. Tu es trop curieux... »

    Sur ces mots, son interlocuteur éclata de rire.

    « Tu marques un point. Et Nighthawk, il s'en est tiré lui aussi ? »

    « Nighthawk n'a pas survécu... »

    « Au moins, j'aurais mérité ma paie. »

    Un bref silence suivit ces paroles pleines de sagesse. Le survivant reprit la conversation, souhaitant en finir au plus vite.

    « Je ne suis pas venu pour parler du bon vieux temps. J'ai besoin... » Il fouilla dans la poche intérieure de son manteau avant d'en tirer un papier sur lequel était dressée une liste. « Que tu me procures ceci. »

    Son ancien camarade s'empara de la feuille et la parcourut du regard.

    « Hunk, merde, tu déconnes... Comment tu veux que j'obtienne tout ça ? »

    « Quoi ? Tu es bien un expert des explosifs, non ? »

    « Ouais, c'est pas ce qui me pose problème. Ça c'est des explosifs peut-être ? » Il avait dit cela en pointant de son doigt plusieurs éléments sur la liste.

    « La Shin-Ra en possède des tas. Ils ne remarqueront rien si un seul exemplaire disparaît. »

    « Attends, tu te fous de moi là... Tu vas pas me faire croire que ÇA... » Il avait montré encore autre chose. « Tu peux pas te le procurer tout seul. »

    Hunk pencha légèrement la tête pour distinguer ce qu'il lui indiquait.

    « ... Admettons. »

    « Et juste comme ça, tu vas peut-être trouver ma question bête mais... Pourquoi je ferais ça pour toi ? »

    Le soldat d'élite eut alors un regard pénétrant, à même de persuader le plus coriace des individus.

    « Parce que tu voudras savoir ce que je veux en faire... »

    Vector eut l'air déstabilisé pendant une seconde... Avant que sur ses lèvres ne vienne se profiler un sourire cynique.

    « On peut dire que tu me connais bien... Je te recontacte dès que j'ai obtenu tout ce que tu veux. »

    « Non, non, non. » Il marqua une pause. « C'est moi qui te recontacterais et qui te dirais quoi en faire... » Il se releva et glissa ses mains dans ses poches. Regardant une dernière fois son interlocuteur, il lui fit un signe de la tête pour le saluer. « Bonne soirée Vector. »

    Hunk était ensuite parti... Cette entrevue s'était mieux déroulée qu'il ne l'espérait, et il savait qu'il pouvait compter sur la parole d'un membre des forces spéciales, même s'il s'impliquait sans le savoir dans une action malhonnête. Il ne lui restait plus qu'à rentrer désormais... Ah. Non. Il venait tout juste de repenser qu'il lui restait encore une chose à faire... Le soldat d'élite fit donc un détour par le quartier marchand où il effectua un achat dans une boutique. Une fois son acquisition sous le bras, il reprit le chemin jusqu'à leur repaire...

    Lorsqu'il pénétra dans la maison, elle était comme morte. Il n'y avait pas un bruit, pas un signe de vie... Il s'aventura dans la pièce principale, où il avait installé le terrain d'entraînement, et put constater que Camilla s'était assoupie dans un fauteuil. Il se demanda si elle avait suivi ses consignes, mais sa fatigue semblait indiquer qu'elle avait travaillé. Elle méritait donc bien ce qu'il avait rapporté... Hunk se racla bruyamment la gorge pour la réveiller, et une fois qu'elle fut tirée de son sommeil, il posa sur la table, devant ses yeux, la bouteille de vin qu'il avait acheté avant de revenir, ajoutant calmement un...

    « Comme je l'ai dit... Il y a un temps pour tout. »

    Et il ôta son manteau sans la regarder, le jetant un peu plus loin...
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    « Il y a un temps pour tout. La pause est finie. Tu vas continuer. Sans moi. J'ai à faire. »

    Mila ressenti un faible pincement au cœur lorsqu'il coupa brutalement court à toute discussion. Elle jeta sa cigarette sur les graviers sans prendre la peine de l'éteindre et retourna à l'intérieur. Sans prêter attention à Hunk qui s'activait - et prenait soin de vérifier qu'elle se mettait au travail, comme si elle n'était qu'une enfant - Mila entreprit de s'étirer devant le parcours qui l'attendait.

    Avec son aide, Hunk avait installé de longs fils rouges munis de petites clochettes partout dans la pièce. Le schéma n'était pas fait au hasard, loin de là. Il avait longuement étudié le système de sécurité pour élaborer un parcours potentiel. La disposition des fils correspondait à leur position lorsque Mila était censée les atteindre et les éviter. Ce n'était pas une mince affaire, la jeune femme n'était pas une athlète ni une force de la nature. Frêle, fragile et maladroite, comment pouvait-elle arriver à exécuter une telle performance ? Sa mémoire motrice lui était d'un grand secours dans cette entreprise. S'il lui était impossible de l'utiliser dans un affrontement - elle avait besoin de faire le vide dans son esprit ce qu'elle ne parvenait pas à faire en situation de conflit - la petite brune pouvait, à force d'entraînement, finir par mémoriser une chorégraphie qu'elle utiliserait sans réfléchir le moment venu.

    Il lui fallait donc répéter encore et encore les mêmes mouvements jusqu'à ce qu'ils se fondent en elle comme une seconde peau. Mila décida qu'il était temps d'enfiler une tenue plus confortable pour s'entraîner. Hunk parti, elle n'éprouvait plus le besoin de rester dans cette robe légère. Elle était butée, naïve, mais pas stupide. La raison qu'elle avait exposé à Hunk pour garder ses vêtements élégants n'était qu'un tissu d'inepties pour préserver les apparences... Bien qu'il ne soit pas dupe, il n'avait pas protesté, chose qu'avait apprécié Mila.

    La jeune femme entreprit donc de se changer, enfilant une sorte de combinaison près du corps. Elle alluma la petite station et y inséra un CD de sa collection personnelle. Elle ferma les yeux et commença à danser. La brunette évoluait avec aisance et grâce parmi les fils rouges sans jamais toucher les clochettes. Du moins, jusqu'au centre de la pièce où, dans un mouvement trop rapide, elle glissa et tomba au sol dans un tintement de cloche.

    Agacée, elle recommença une seconde fois. Puis une troisième. Et ce jusqu'à ce qu'elle arrive à épuisement après plusieurs heures et de nombreuses tentatives infructueuses. Elle bloquait toujours au même endroit, elle se laissait emporter par son élan et elle finissait toujours par chuter. Mila s'installa dans un fauteuil et lança une vidéo sur le petit téléviseur qui lui faisait face. A l'écran, des voltigeurs et acrobates exécutant de multiples figures. Concentrée, la jeune femme tentait d'intégrer chacun de ces mouvements.

    Lorsque son associé finit par rentrer, Mila s'était endormie. Il devait être vingt heures à peine, mais la jeune femme était à bout de force. Un raclement de gorge la sortit de son sommeil léger. Elle s'étira, et se lova contre les coussins du fauteuil tout en jetant un coup d’œil sur son acolyte.


    « Comme je l'ai dit... Il y a un temps pour tout. » dit-il en posant une bouteille de vin sur la table. Un large sourire s'étira sur le visage de la jolie brune qui n'en revenait pas. Ce genre d'attentions ne ressemblait pas au jeune homme, mais cela n'avait pas d'importance. Il jeta son manteau au loin, sans un regard pour elle. Tel un félin, elle se détendit et se dirigea d'un pas feutré vers une pièce communicant avec la salle d'entraînement. Elle poussa la porte du pied, sans remarquer qu'elle n'était pas totalement close. Ses doigts passèrent dans son dos pour ouvrir la fermeture éclair de la combinaison et celle-ci glissa sensuellement le long de son corps pour finir au sol. Toujours dos à la porte, et complètement nue, elle se pencha pour prendre sa robe qu'elle enfila lestement avant d'attraper ses sous-vêtements. Mila retira l'élastique qui maintenait sa chevelure en queue de cheval, secouant ensuite la tête pour dégager ses cheveux qui tombèrent en cascade sur ses épaules dénudées.

    Elle se dirigea ensuite vers la pièce centrale avec un sourire franc. En raison de sa petite taille, elle fût forcée de se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre les verres à vin dans le vaisselier. Mila les posa délicatement sur la table et fit face à Hunk. Aucun mot ne sortit de sa bouche parce qu'il n'y avait rien à dire. Son petit sourire un coin et ses yeux brillants suffisaient à exprimer ce qu'elle ressentait, il était inutile de mettre des mots sur ses émotions. Et de toutes façons, Hunk n'était pas vraiment doué pour ce genre de choses, elle n'avait aucune raison de le mettre mal à l'aise.

    La jeune femme débouchonna la bouteille et remplit leurs verres. Elle tendit l'un d'eux à Hunk avant d'allumer une cigarette et de s'appuyer contre le rebord de la table, son bras gauche servant d'appui au droit avec lequel elle fumait.


    « Tu as obtenu ce que tu voulais ? » demanda-t-elle, faisant référence à sa mystérieuse sortie.
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    Camilla avait eu un sourire radieux en voyant la bouteille qu'il avait ramené. Et tout ce qu'il avait trouvé à faire était de se déshabiller sans même la regarder. Le visage du survivant était froid et fermé... Habituellement, c'était bien pour cette raison que l'on avait des attentions, non ? Pour se réjouir de l'expression de la personne à qui on les destinait ? Il n'avait absolument rien ressenti. Ça n'était pas le but de toute façons... Mais quel était-il, ce but ? Son geste ne ressemblait en rien à son attitude... Hunk se rassurait en pensant qu'il s'agissait d'un moyen de la féliciter pour ses efforts. En réalité, acheter cette bouteille de vin lui avait semblé être une évidence... S'il cherchait un peu plus profondément en lui, il aurait compris que c'était un moyen de faire pardonner sa réaction distante lorsque la jeune femme s'était aventurée sur un terrain plus personnel. Cette possibilité, il n'y songeait même pas, et l'aurait rejetée en bloc si elle lui était venue à l'esprit. Elle aurait impliqué qu'il conservait une trace d'humanité... Il n'avait pas besoin d'humanité, il vivait mieux sans, il était plus efficace sans. La jeune femme s'était retirée dans une salle adjacente. Curieux de savoir ce qu'elle comptait y faire, le survivant se déplaça à pas feutrés pour la suivre...

    Il n'eut pas à y pénétrer... La porte était restée entrouverte et la fente lui permettant de voir ce qu'il y avait à l'intérieur lui offrait un charmant spectacle. Camilla était de dos, dans sa combinaison moulante, ses cheveux noirs attachés dans une queue de cheval. Au premier de ses gestes, il comprit ce qu'elle avait en tête... Sa main vint se placer au bas de sa nuque où elle détacha sa fermeture éclair. Remuant légèrement, elle la fit glisser le long de son corps, dévoilant au fur et à mesure son dos nu, et un peu plus qui semblait se laisser désirer malicieusement. Son corps, se découvrant dans sa plus simple expression d'une manière parfaitement innocente, semblait imprégné d'un parfum de sensualité. Hunk ne détournait pas le regard, bel et bien conscient de son voyeurisme... Il ne devait pas voir ça, mais la jeune femme avait quelque chose d'hypnotique... Et alors, sa combinaison tomba au sol, la laissant entièrement nue sous ses yeux. Lorsque le cuir toucha le plancher, sa respiration se bloqua, et il eut certaines difficultés à garder son sang-froid. Camilla était, indéniablement, une très belle femme, en touts points. Sulfureuse, elle détacha gracieusement ses longs cheveux qui vinrent recouvrir ses épaules nues... Le soldat d'élite recula d'un pas, se détachant de ce spectacle. Il en avait assez vu...

    Hunk retourna dans la pièce principale et s'assit contre un meuble, gardant les pieds au sol. Quelques secondes plus tard, Camilla revenait, vêtue différemment, plus élégante. Elle se saisit de deux verres qu'elle posa sur la table, à côté de la bouteille de vin, et la déboucha. Après avoir rempli deux verres, elle lui en tendit un tandis qu'elle conservait le second pour elle même. Enfin, elle s'appuya sur le rebord de la table, face à lui, et alluma une cigarette.

    « Tu as obtenu ce que tu voulais ? »

    Il la regarda sérieusement, ne rendant leur dialogue que plus énigmatique car elle ne savait pas ce qu'il était allé faire...

    « Si on veut. Je pense qu'on aura tout en temps et en heure. »

    Machinalement, il porta le verre à ses lèvres et avala une gorgée. Le vin était assez sec, et il l'avala rapidement au lieu de garder le goût en bouche. Il n'avait pas l'habitude de boire des alcools, et encore moins du vin, cela devait faire des années qu'il n'en avait pas consommé. Ce qui ne devait pas être le cas de Camilla. Si elle avait souhaité du vin, c'était certainement car elle l'appréciait. Malheureusement, il avait pris la première bouteille qui lui semblait acceptable, en fonction de l'année et du prix, deux critères qui devaient avoir leur importance... Peut-être qu'elle ne le trouverait pas à son goût. Il leva alors légèrement son verre et en regarda la couleur rouge sang fixement.

    « J'espère qu'il est bon. Je ne m'y connais pas du tout. » C'était étrange, surtout pour lui, de le voir parler ainsi. Il n'avait pas l'habitude de lancer un sujet aussi plat...
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    Mila hocha la tête, satisfaite. Il ne servait à rien de demander des détails, Hunk semblait vouloir garder certains éléments de son plan secret et au fond, cela ne dérangeait pas la jeune femme. Tant qu'elle pouvait obtenir l'échiquier et qu'elle n'était pas totalement mise à l'écart, elle s'en moquait. Elle saisit son verre à son tour qu'elle leva légèrement dans la direction de son coéquipier en signe de remerciement. Mila huma le vin en fermant les yeux. Il sentait bon, il avait l'air d'avoir du caractère. Certes elle n'y connaissait pas grand chose en œnologie, mais elle avait goûté assez de vins différents pour déterminer sa qualité. Avant de le porter à ses lèvres, elle observa l'étiquette de la bouteille. Le vin avait quelque chose comme sept ans d'âge et vu la cuvée, il ne devait pas être dans les moyens du premier venu. Un petit sourire se dessina au coin de sa bouche. C'était vraiment gentil de sa part.

    « J'espère qu'il est bon. Je ne m'y connais pas du tout. » dit-il en observant maladroitement la couleur du liquide.

    Avec un petit rire silencieux, Mila déposa son verre sur la table et éteignit sa cigarette avant de s'approcher de lui
    .

    « Donne. Laisse-moi faire. » dit-elle en prenant son verre pour le resservir. « Je ne suis pas une experte, mais si tu veux évaluer un peu un vin, tu dois d'abord le sentir. S'il sent le liège, c'est qu'il ne faut pas le boire. » Elle parlait doucement en joignant le geste à la parole. « Mmh... Il sent fort, mais il y a un petit quelque chose de fruité. Essaie pour voir. » Elle lui tendit le verre et l'observa faire, amusée.

    « Maintenant prend une petite gorgée et laisse la saveur prendre. Tu ne dois pas avaler tout de suite... Voilà, comme ça. » Elle lui souriait gentiment, sans se moquer de sa maladresse. « Maintenant tu peux le boire, tranquillement, en prenant ton temps. » La jeune femme lui tourna le dos pour prendre une gorgée de vin avant de faire une petite moue satisfaite. Il n'était pas excellent, mais il était bon.

    Elle reprit sa position initiale, appuyée contre la table, le verre de vin dans une main sa nouvelle cigarette dans l'autre. La jolie brune dardait son regard bleu sur cet homme qui lui semblait différent. C'était pourtant le même, froid, distant, focalisé sur son travail et soucieux de bien faire. Mais un petit quelque chose semblait réchauffer cet homme de glace.

    « Alors ? » demanda-t-elle, curieuse de connaître son impression.


Dernière édition par Mila Alvera le Ven 13 Juil 2012 - 20:40, édité 1 fois
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    Elle lui avait appris comment boire du vin. Hunk détestait cela... Ce n'était pas tant le vin, mais plutôt l'impression qu'il avait qu'elle le tenait par la main, qu'elle le guidait dans ses moindres gestes, qu'elle lui enseignait quelque chose qu'il ne connaissait pas... Dans de nombreux domaines, il était aussi ignorant qu'un enfant. Il s'était toujours débrouillé, seul, avec ce qu'il avait. Aussi, il n'aimait pas être initié à quelque chose par une tierce personne. Pourtant, il s'était exécuté, humant le contenu de son verre lorsqu'elle le lui avait dit, buvant une gorgée et la gardant en bouche comme elle le conseillait... Et elle se rassit, le laissant déguster. Effectivement... Le goût était bien plus prononcé de cette manière. Pas mauvais... Il devait falloir aimer goûter pour l'apprécier pleinement.

    « Alors ? » demanda-t-elle en le fixant de son regard bleu comme l'océan.

    Il réfléchit un instant. Son palais n'était pas très développé... Le survivant n'était pas atteint par la saveur d'un plat ou par l'arôme d'une boisson. Il mangeait pour se nourrir et buvait pour s'hydrater. Point. Donner son avis sur un vin, ça n'était pas dans ses cordes. Pourtant, Camilla attendait une réponse. Ne pas lui en donner serait assez impoli... Mais depuis quand est-ce qu'il se souciait de la politesse ? Quatre jours plus tôt, il avait du mal à la supporter, il n'aurait jamais acheté de vin et encore moins bu un verre avec elle. Alors, qu'est-ce qui avait changé ? Peut-être qu'il l'estimait un peu plus en ayant vu de quoi elle était capable. Ou peut-être que c'était lui qui changeait tiens... Mais ça c'était inacceptable. Il décida alors de se détacher légèrement, il ne devait rien y avoir de personnel entre eux deux. C'est pourquoi il acquiesça légèrement en ajoutant un « Hm. » qui ressemblait aussi bien à une réponse qu'à un soupir. Son associée sembla déçue de son manque de réaction... Enfin, c'est ce qu'il attendait, mais quelque chose au fond de lui trouvait cela incorrect. « Merci. » Est-ce qu'il avait vraiment parlé ? Sa voix n'avait pas été plus expressive que d'habitude mais... Merci ? Merci pour quoi ? Merde, mais pourquoi est-ce que ça lui avait échappé ? Pour se donner une contenance face à ce mot qui n'avait pas lieu d'être, il but une longue gorgée de vin. Alors qu'il tenait son verre contre ses lèvres, son regard, perçant, croisa celui de Camilla, profond. Hunk le posa ensuite sur la table et s'éloigna. Ce moment devait cesser. Il n'était pas professionnel... Avant de quitter la pièce, il s'arrêta, juste après avoir dépassé la jeune femme, et tourna la tête vers elle. Un léger sourire, innocent, pointait au coin de ses lèvres. Hunk commença à ouvrir la bouche pour parler, mais rien ne vint... Autant en rester là. Il la laissa seule...


Jour 11.

    « Recommence. »

    Le tintement de cloches lui avait indiqué qu'elle venait d'échouer. Une fois de plus. Hunk était tout simplement assis sur une chaise, et il regardait Camilla travailler à son entraînement au milieu des fils. Il restait beaucoup à faire, et l'échec n'était pas une option. Il s'agissait de la partie la plus difficile de l'opération. Si la jeune femme y parvenait, la victoire serait à eux, ainsi que l'échiquier, et la vie de sa cible. Mais la seule manière d'y parvenir était de lui faire répéter encore, encore, et encore. Toujours les mêmes gestes jusqu'à ce que cela devienne un instinct. Chaque jour, il assistait à ces séances. Oh, parfois elle s'entraînait seule, mais il préférait être présent. Le survivant était plus à même de se montrer sévère, de noter les détails qui n'allaient pas, et ainsi il pourrait peut-être la pousser à la perfection. Seule la perfection parviendrait à servir leur but. Elle devait maîtriser cette chorégraphie, la développer, en faire un art... En attendant, à chaque nouvel échec, il se montrait un peu plus froid et autoritaire.

    « On a plus le temps pour des répétitions, bientôt tu devras le faire sans filet. »
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    Mila essuya son front en sueur de son bras. Le cuir brûlait sa peau, elle avait besoin d'une douche. Elle avait finalement accepté de porter la combinaison devant lui, laissant sa fierté de côté pour des raisons pratiques évidentes. Elle se résigna cependant à recommencer après avoir pris le temps de souffler, les mains appuyées sur ses genoux tremblant.

    « Non, ça ne va pas... » Bien que la confusion soit aisément possible, Mila ne parlait pas de s'entraîner à nouveau mais bien de la chaleur qui l'empêchait de travailler correctement. Elle s'approcha de la table qui se trouvait près de Hunk et saisit une bouteille d'eau qu'elle renversa sur son visage en secouant la tête. Revigorée, elle se dirigea vers le parcours, plus déterminée que jamais.

    Elle alluma la station et ferma les yeux. Sa chorégraphie commença, elle glissait sur le sol et naviguait entre les fils telle une danseuse. Elle balançait au rythme de la musique, effectuant de remarquables pas et figures dignes d'une gymnaste. Elle ne pensait à rien, focalisée sur la musique et sur les gestes qu'elle s'appliquait à exécuter avec une précision redoutable. Mila termina son parcours par un salto arrière, retombant avec grâce en levant la jambe pour éviter un dernier fil traître. Elle se tourna lentement, en équilibre sur la pointe d'un pied, pour faire face au masque censé représenter sa cible. Avec une souplesse insoupçonnée, elle leva la jambe à la verticale, si droite que son genou touchait sa joue, avant de la ramener au sol en s'inclinant jusqu'à toucher le parquet de son front avant d'ouvrir les yeux. La jeune femme se redressa en prenant soin de ne pas bouger de son emplacement et se saisit du masque dans un sourire victorieux.

    « J'ai réussi... » murmura-t-elle.
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