Il la serrait contre lui, un bras autour de sa taille pour l'empêcher de bouger, l'autre pointant son arme sur leur agresseur. Mila ne pu retenir un cri lorsque la hache entama la peau de son partenaire, le désarmant. Hunk déroula son bras et projeta la jeune femme contre le mur opposé avant de parer la nouvelle attaque de son assaillant. La passionnée assistait, tétanisée, au meurtre de son associé. Spectatrice forcée, elle était paralysée par la surprise et la frayeur. Mila ne comprenait pas pourquoi elle respirait encore. Elle avait vu agir le soldat. Elle savait comment il procédait. C'était un homme sans scrupules, il ne faisait preuve d'aucune compassion. C'était un professionnel. Il était prêt à se servir de ses ennemis comme de ses alliés si cela pouvait lui permettre d'accomplir sa mission et de rester envie. Tel qu'elle le connaissait, il n'aurait pas hésité à se servir du corps de la petite brune comme d'un bouclier, maintenant que son rôle était terminé. Et pourtant... Pourtant il l'avait protégée. Hunk avait déjà agit ainsi par le passé, mais il avait alors besoin d'elle. A cet instant, elle n'avait plus aucune valeur. Et pourtant, il s'était interposé.
Le collaborateur poussa un grognement alors que, de toutes ses forces, il pressait ses coudes contre la gorge de Hunk qui s'approchait dangereusement de l'asphyxie. L'esprit de Mila était comme embrumé, son crâne la lançait, et lorsqu'elle porta sa main a sa tempe, ses longs doigts blancs se teintèrent de sang. Péniblement, elle tenta de bouger, luttant contre l’étourdissement. A tâtons, elle cherchait son arme. Tant bien que mal, elle se redressa sur les genoux, tremblante, et s'adossa au mur, le souffle court. Ce n’était pas ses blessures, superficielles, mais bien cette peur panique qu'elle n'avait ressenti que lors de rares moments dans sa vie, qui la perturbait tant. Alors que ces instants, aussi terribles que brefs, lui revenaient en mémoire, les doigts de la passionnée agrippèrent enfin ce qu'ils cherchaient. Mila s’écarta du mur, serrant si fort la crosse de son arme que ses jointures en blanchirent. Les yeux hagards, vides, elle se tourna vers les deux hommes.
Milena leva le bras, droit devant elle. Aucune pensée ne semblait l'atteindre, tel un automate, elle laissait son instinct la guider comme elle l'avait fait auparavant. Sa vision se troublait, elle revoyait le fauteuil émeraude et le bourbon au sol, elle revoyait son père, le visage tordu dans un rictus haineux. Mila dirigea son arme vers le collaborateur et tira. Le sifflement du train et des pleurs d'enfants résonnaient dans l'esprit de la jeune femme. Une première fois, dans le bas du dos. L'agresseur relâcha son étreinte dans un cri de douleur. Elle se mordit les lèvres alors que, dans son dos, elle ressentait à nouveau la terrible morsure du fer sur sa peau. Une seconde fois, dans l’épaule. Il se tourna vers elle, avec ce même regard plein de haine, ce regard que tant d'hommes lui avaient jeté. Une dernière fois. Dans la tête. Il s'effondra, le sang s’écoulait de la blessure, et bientôt, les pieds de Mila baignaient dans une mare de sang. Elle ne savait plus s'il s'agissait de son père ou d'un homme, elle ne faisait plus la différence entre ses souvenirs et ce qui se passait devant elle. Immobile, le visage blafard, le regard hébété et la bouche entrouverte, la petite brune était en état de choc. Ses yeux embues de larmes se posèrent sur Hunk et une vague de soulagement l'envahit.
« La mort ne peut pas mourir, pas vrai ? » murmura-t-elle avec un pauvre sourire, tremblante.
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