Erik observait la rue, l’œil aguerri et les oreilles à la recherche du moindre bruit suspect. La veille lui avait servi de bonne (re)mise en jambes… et d’un cruel rappel de la situation. Sans qu’il y réfléchisse de trop, sa main passa sur le revers de sa veste sombre. L’escroc pouvait sentir la crosse de son arme à feu, bien calée dans son holster — mais il ne s’en était toujours pas servi. Il n’osait pas. Il avait des scrupules.
Ceux d’en face, non. Du moins, pas la majorité. Une bonne batte, un bon pied-de-biche à la ceinture, un couteau pliable bien coincé au fond de sa poche... voilà qui était plus à son goût.
Changer de monde n’aurait pas été une mauvaise idée, au final, se disait-il. Après tout, Illusiopolis faisait sûrement partie de ceux où se procurer une arme était le plus désespérément aisé. Et de ceux où il était culturellement admis qu'on puisse s'en prendre à son voisin.
Mais aujourd’hui, la rue était calme. Silencieuse. L’escroc porta son regard sur Kitchi, son collègue, qui était à ses côtés. Comme hier. L’indien examinait, inquisiteur, les quadrillages de fenêtres, à l’affût d'un mouvement, d'un signe qui devait l'alerter. Cela dit, ce n’était pas inhabituel pour lui. Erik l’avait toujours connu (ou su, de réputation) vigilant. En revanche, il ne l’avait jamais vu arborer, en sus de sa tenue sobre aux dégradés grisés, ses peintures de guerre. Deux traits descendant de son front sur ses joues, et passant sur ses paupières. Rouges.
Il n’avait pas osé demander si c’était du sang ou du pigment, naturel ou non.
« — J’aime pas ça, commentait-il toutefois, cherchant la conversation, le calme l’oppressant peu à peu.
- Hm. »
Kitchi n’était pas vraiment loquace. L’escroc ne pouvait pas lui en vouloir, mais cela ne rendait cette ambiance que plus pesante.
Un bruit lointain de verre brisé. Il s’abaissa légèrement sur ses appuis, prêt.
« — Quelqu’un approche.
- Peut-être un éliminé en quête de nourriture. »
Simple. Efficace. Logique. Une part d’Erik avait envie d’adhérer, pleinement, à cette idée : il ne s’agissait que d’un éliminé, un désaturé. Mais sa raison lui rappelait les mots-clef que l’indien avaient prononcé : « Peut-être », répétait-il.
Plus rien. Plus un bruit.
Non, ça n’allait pas. Quelque chose n’allait pas du tout.
Ceux d’en face, non. Du moins, pas la majorité. Une bonne batte, un bon pied-de-biche à la ceinture, un couteau pliable bien coincé au fond de sa poche... voilà qui était plus à son goût.
Changer de monde n’aurait pas été une mauvaise idée, au final, se disait-il. Après tout, Illusiopolis faisait sûrement partie de ceux où se procurer une arme était le plus désespérément aisé. Et de ceux où il était culturellement admis qu'on puisse s'en prendre à son voisin.
Mais aujourd’hui, la rue était calme. Silencieuse. L’escroc porta son regard sur Kitchi, son collègue, qui était à ses côtés. Comme hier. L’indien examinait, inquisiteur, les quadrillages de fenêtres, à l’affût d'un mouvement, d'un signe qui devait l'alerter. Cela dit, ce n’était pas inhabituel pour lui. Erik l’avait toujours connu (ou su, de réputation) vigilant. En revanche, il ne l’avait jamais vu arborer, en sus de sa tenue sobre aux dégradés grisés, ses peintures de guerre. Deux traits descendant de son front sur ses joues, et passant sur ses paupières. Rouges.
Il n’avait pas osé demander si c’était du sang ou du pigment, naturel ou non.
« — J’aime pas ça, commentait-il toutefois, cherchant la conversation, le calme l’oppressant peu à peu.
- Hm. »
Kitchi n’était pas vraiment loquace. L’escroc ne pouvait pas lui en vouloir, mais cela ne rendait cette ambiance que plus pesante.
Un bruit lointain de verre brisé. Il s’abaissa légèrement sur ses appuis, prêt.
« — Quelqu’un approche.
- Peut-être un éliminé en quête de nourriture. »
Simple. Efficace. Logique. Une part d’Erik avait envie d’adhérer, pleinement, à cette idée : il ne s’agissait que d’un éliminé, un désaturé. Mais sa raison lui rappelait les mots-clef que l’indien avaient prononcé : « Peut-être », répétait-il.
Plus rien. Plus un bruit.
Non, ça n’allait pas. Quelque chose n’allait pas du tout.