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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Une p'tite bière pour le goûter?

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Je suis contente d’avoir pu aider au moulin. Et je suis aussi contente d’avoir découvert cet endroit. C’est grandiose. Maintenant que je gagne un peu d’argent, j’y retournerais surement pour voir les spectacles. Peut-être que j’aurais encore d’autres missions dans le cabaret aussi qui sait ! J’aime bien proposer mes services, c’est utile et agréable. Et pour l’instant, si on oublie le chanteur capricieux, j’ai surtout rencontré des gens gentils. Je ne dois pas oublier de me concentrer sur l’écriture. C’est quand même sacrément handicapant… Mais je m’en tire bien. Peut-être que si j’apprends juste à dessiner correctement ça sera déjà pas mal.

Je penche la tête sur le côté et regarde où je me trouve. J’ai encore laissé mes pas me guider et je ne sais plus où je suis. Je devrais peut-être me faire une carte avec mon adresse dessus. Il faudrait peut-être que je l’apprenne…
Je soupire. Encore plein de choses à apprendre.
Je secoue la tête et me redresse. Je suis venue ici pour ça. Alors on ne va pas se décourager le…le… hum…. Je ne sais pas combien de jours ça fait…mais dans tous les cas, on ne va pas se décourager aussi vite ! Alors on se remet en marche et on pense à ces nouvelles lettres qu’on a apprises. Le professeur m’a dit que ça faisait plus de la moitié de ce qu’il fallait savoir avec celles là. En deux cours. Plus de la moitié ! Je suis peut-être très douée pour apprendre. Donc j’ai bien fait de venir ici. Je n’ai pas encore vu toutes les lettres de mon prénom mais ça se précise. Je sais écrire en attaché les deux premières ! Les autres sont encore en…grand format. C’est un mélange assez étrange sur mon papier mais j’aime bien.

Je laisse mon esprit vagabonder autant que mes pas et repense au panda. C’est quand même surprenant. Ici… Ici, ils ont l’air de s’en moquer un peu. Peut-être que ça dépend des endroits ? Des quartiers… Ou alors avec les habits du consulat c’est toléré ? Ou mieux…accepté ? Je me mords la lèvre en restant sceptique. Je vais voir comment cela se passe au fil des jours et peut-être…que je n’aurais plus à me cacher au final. Mais peut-être pas. Son cas semble différent puisqu’il est complètement panda. Et pas…mélangé.

Ca veut dire qu’il y a un pays avec que des pandas qui parlent ?
Je m’arrête à cette pensée, les yeux ouverts et brillants de bonheur. Ca doit être le paradis ! Le pays de la douceur ! Rho oui…ca doit être super… Peut-être que j’irais un jour ? Peut-être qu’il y a d’autres pays comme ça… Après tout, Tiara et sa fille étaient…animales. C’est vraiment étrange ici. Comme si, c’était en dehors du reste. Pourtant, les quartiers où j’ai été mal reçue ne sont pas si loin… Il y a peut-être une frontière invisible ?
Je fais un pas en avant.
De ce côté-là, rien n’est étonnant.
Puis un pas en arrière.
Et ici…tout ce qui est différent ne mérite pas d’être là et doit repartir ou disparaitre.

Je croise les bras et trace une ligne du pied puis l’efface, résolue. Je gommerais la ligne. J’aime bien cette…mission.
Je reprends ma route en souriant et sens une bonne odeur venir titiller mes narines. Je décide de suivre mon flair et la piste olfactive, finissant par débouler devant un magasin avec des tonneaux et une enseigne.
Je ne reconnais pas beaucoup de lettres mais le panneau est joli. Et l’odeur est vraiment…intéressante.
J’ai envie d’y aller mais on ne peut pas rentrer chez les gens comme ça ? Ou alors comme y’a un panneau, c’est un magasin. Je prends ma petite bourse en main, la soupèse en grimaçant. Je ne suis jamais entrée dans une vraie boutique… Y’a peut-être des codes ? Est-ce que je suis bien habillée ?
Je tourne sur moi-même pour me regarder et lisse un peu mes habits. Il me semble qu’il faut frapper. Je vais faire ça.
Je lève la main et tapote doucement la porte. On ne peut pas appeler ça véritablement toquer. Alors je recommence, plus fort. Le bois est dur dis donc. Je ne veux pas recommencer encore une fois alors j’attends.
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Parfois, c’est bien d’être à la maison !

Enfin, la maison, j’parle ici de ma brasserie au Jardin Radieux. Ma maison, c’est chez mes parents dans la brasserie familiale, avec mon frère Po et mon père travaillant chaque jour dans les sous-sols de l’entreprise familiale. Et surtout, avec ma mère qui prépare des tartes tous les mardis soir. Voilà une chose qui me manque, la cuisine de chez moi. Pas que les gars du Consulat soient de mauvais cuisinier, du tout, sauf que ce n’est pas la même chose. Certes, les consuls donnent leurs coeurs dans leur préparation.

Sauf que la cuisine de maman, elle est unique ! Ça se trouve, si elle m’avait suivie en ce jour, elle serait la meilleure cuisinière de tout le Consulat. Deux consuls dans la famille, ce serait quand même vachement sympa et ça ferait jaser les voisins.

Bon, j’suis pas là pour vous parler de ça. Donc, j’suis d’retour chez moi au Jardin Radieux pour faire chauffer les alambics. Mon travail en tant qu’ambassadeur au Moulin Rouge prend la plus grande partie de mon temps, et m’voilà à profiter moins de ma brasserie ! Bon, j’ai légèrement fraudé en installant deux petits alambics dans les caves, histoire de ne pas perdre la main et d’avoir quelques spécialités pour certaines soirées. Enfin, outre l’porte-parole, qui viendrait me dire quoi faire dans le cabaret ?! Eh oui, j’vous le donne en mille, personne.

Et j’suis toujours pas là pour vous parler de ça ! Laissons le travail de côté pour la journée, j’vais me faire un petit plaisir et brasser pour la journée.

La porte derrière moi, j’me retrouve avec les pattes sur les hanches à regarder l’entrée de la boutique. Depuis combien de temps est-ce que j’me suis pas tenu ici, à faire l’ouverture avec quelques tonneaux et l’envie de proposer une dégustation ? Bien trop longtemps. Quand j’vous disais que j’suis un homme occupé, ce n’est pas pour plaisanter. En attendant, il va falloir que j’trouve un créneau pour recommencer ce genre de petit plaisir.

Mais avant, il va falloir que j’prépare quelques tonneaux ! Fort heureusement, je n’ai rien d’prévu aujourd’hui et j’compte bien envoyer balader la première personne qui viendra m’demander de retourner au Moulin Rouge ou bien de prendre un vaisseau pour je-ne-sais-où !

Et là… Sursaut ! En plein dans ma pose, j’entends qu’on frappe derrière moi. Sur le coup, j’suis pas prêt et j’me suis retrouvé à sauter en avant avant d’fixer la porte en question. Je n’ai pas eu l’air malin, heureusement, il n’y a personne pour m’voir comme ça. Ni une, ni deux, j’me redresse et j’vais attraper la poignée de la porte et tir dessus pour savoir qui s’retrouver à m’appeler à cette heure-ci.

Là, j’vois devant moi une gamine, pas très grande et pas très épaisse. Quoique, comparé à moi, tout le monde corresponde à cette description. Elle lève sa tête dans ma direction m’permettant d’voir plus que son couvre-chef, attend, elle me dit un truc… Mais oui ! Sous la surprise et devant mon propre éclair de génie, j’frappe mon poing dans la paume de ma grosse patte.

— Toi, j’sais bien qui t’es !
Ouais, j’me souviens bien d’qui il s’agit ! Tirant sur la porte, j’ouvre encore un peu plus la porte et l’invite à rentrer chez moi. Enfin, dans la brasserie. Alors que j’creuse toujours pour me souvenir de son prénom, ou de son nom, tout du moins

— Tu m’as rendu un fier service, tu sais ?!  Aller, rentre, faut bien que j’t’offre un truc pour te remercier… J’dois bien avoir des gâteaux ou quelque chose du genre qui traîne ici… J’espère.
Il doit bien y avoir un truc ici, la dernière fois que j’suis venue, il y avait encore des petits gâteaux dans l’armoire de la commode. Et vu l’allure de la gamine, j’espère avoir un truc à boire différent que de l’eau !

— Rentre ! T’inquiète donc pas, j’mange pas les enfants !
Et là, j’la regarde en faisant un clin d’oeil tout en barrant mon visage d’un large sourire.

— Enfin, plus depuis que l’grand patron m’a demandé de donner des cours à l’académie.


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J’ai pas vraiment le temps d’attendre que la porte s’ouvre à la volée. Je ne m’étais pas vraiment préparée à ce qu’elle soit ouverte finalement… Du coup je ne sais pas trop quoi faire à part reculer d’un pas devant le choc puis d’un deuxième en voyant qui se trouve derrière cette porte. Le panda. Le panda de la mission. Je suis obligée de lever la tête pour regarder la sienne.
Ca doit être étrange d’avoir quelqu’un qui frappe à sa porte et qui vous regarde avec un air de pure surprise. J’ai frappé. Alors je ne dois pas être surprise. C’est totalement normal qu’on m’ouvre la porte. Alors reprends tes esprits Lotis !

Il a l’air surpris d’avoir de la visite. Ca se fait pas de frapper aux portes ? Quand y’a un écriteau c’est pas une sorte de boutique ? J’ai fait une bêtise ?
J’ai presque envie de reculer et de partir en courant mais je recule juste un peu. Et sursaute aussi. Il vient de se taper dans la patte et…réflexe, j’ai pensé qu’il allait plutôt me taper moi alors je préfère laisser mon corps agir tout seul. Parfois, ça sauve d’un coup ou d’un couteau ce genre de petits mouvements. Mais là…ça ne me sauve de rien du tout. Je passe juste pour une petite nature terrorisée. Alors je me ressaisis et essaye de prendre un air assuré avec un sourire…avec une grimace souriante plutôt. C’est pas grave, c’est l’intention qui compte !

Le sourire devient un peu plus franc quand il me reconnait. Et encore plus quand la porte s’ouvre complètement. Je ne peux retenir un petit soupir de soulagement. Je fais un pas hésitant pour rentrer dans…dans une salle avec pleins de choses. J’ai envie d’aller coller mon nez près de tout ça pour sentir et voir ! Il y a vraiment une bonne odeur qui se dégage de cet endroit ! Mais d’abord, je dois être polie et ne pas ignorer ce qu’il me dit.

Je hausse les épaules doucement quand il parle de mon aide. C’était une mission. Je suis contente de l’avoir remplie. J’ai hâte de retourner au moulin pour voir le spectacle !
Je me mords un peu la lèvre en entendant parler de gâteau et mon ventre grogne doucement pour marquer son accord avec la proposition. Je pense changer de couleur pour un rouge carmin des plus beaux. Je ne voulais pas déranger et voilà que…je m’impose pour un gâteau ?

Enfin…si je ne voulais pas déranger…je n’aurais pas frappé à la porte… Je fais d’ailleurs un autre pas à l’invitation du panda mais me fige rapidement en le regardant avec des grands yeux écarquillés. IL fait des grimaces bizarres… et…Il mangeait des enfants ?!

Je sens mes oreilles se plaquer sur ma tête si fort qu’elles sont toutes aplaties. Je reste stoïque le temps de prendre quelques inspirations tremblantes et de me rassurer. Je ne suis plus une enfant. Alors je ne rentre plus dans son régime alimentaire. Oui. Je ne suis pas une enfant. Mais…peut-être que dans son pays les enfants font ma taille ? Il est quand même…imposant. Un coup de patte, deux coups de crocs et je suis plus là.
Je n’aurais peut-être pas du venir. Ou alors… il…plaisante ? Comme la dame de l’inscription ? Je ne suis pas certaine qu’on puisse plaisanter sur ce sujet. Pourquoi mentir sur ce qu’on mange ? Peut-être que le régime des consuls se fait avec quelques étudiants de temps en temps… C’est peut-être pour ça qu’il veut me donner du gâteau… Je serais meilleure…

Mais je ne veux pas qu’on me mange… Ca ne fait même pas…plein de jours que je suis là ! Et j’ai une chambre maintenant ! Avec un lit ! Et des habits propres ! Je pourrais plus en profiter si on me mange…

Je serre mes mains en deux petits poings et les garde serrés à mes côtés. Je me battrais s’il le faut. Je ne me laisserais pas manger comme ça ! Panda ou pas panda. Il ne m’aura pas ! Je m’avance un peu plus dans la boutique à coup de gros pas, hyper attentive au moindre mouvement suspect de l’animal devant moi.
La porte est encore ouverte…et je cours assez vite. J’ai mes chances…

Il ne dégage pas la même aura que les gens qui veulent faire du mal alors je me reprends un peu. Peut-être que c’était vraiment une blague… Je ne trouve pas ça très drôle… Mais chacun à son humour je suppose ?
Je déplie mes doigts douloureux d’avoir serré mon poing si fort que mes mains étaient toutes blanches et attrape mon nouveau papier de présentation et le lui tend.

Une p'tite bière pour le goûter? Lotis10

Il faut toujours se présenter correctement. Même si je l’ai déjà vu. Et puis il me dira peut-être comment il s’appelle aussi. Parce que…même si je ne pourrais le dire à personne, c’est peut-être plus poli de penser à lui en tant que Mr…je sais pas quoi que Mr Panda. Y’a peut-être des gens qui peuvent lire les pensées.
Ca serait…embarrassant…mais pratique aussi pour moi…mais je serais morte de honte ! Comment on peut choisir les pensées ? Comment on peut s’empêcher de penser à tout et n’importe quoi ? Comment on peut cacher ses secrets ? Comment…Comment on sait si nos pensées sont lues ? Peut-être qu’il peut !

Je le regarde encore avec les yeux grands ouverts avant de secouer la tête en espérant qu’il ne se rende pas compte que je divague. Je range ma carte quand il l’a lue, elle est précieuse et très utile, je n’ai pas envie qu’on me la déchire encore une fois.

Mes yeux vagabondent dans la pièce alors que j’en fais le tour. Je garde les mains jointes dans mon dos, on n’aime pas trop quand elles se baladent partout en général. Je ne connais presque rien de ce qu’il y a ici… Je laisse une sorte de rire étrange m’échapper quand je vois mon visage déformé par un verre à la forme bizarre. Je bouge de haut en bas et admire tantôt mes joues gonflées, tantôt mon front énorme. Avec les yeux c’est encore plus drôle.
Je me reprends et désigne l’objet en question. C’est le moyen le plus simple pour demander ce que c’est.
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J’viens pas lui faire peur, là ? Elle est bizarre la gamine, genre, prête à me donner un coup direct dans le ventre ! Non, j’pense pas ça vienne de ma blague, j’dois avoir un truc coincé entre les dents. Vu qu’elle a fait une tête bizarre à ce moment-là. D’ailleurs, qu’est-ce que j’ai mangé pour faire peur.

Mince, j’ai oublié c’que j’ai pris à manger. Bah, ça doit pas être si grave que ça.

En tout cas, faut que j’lui dise merci pour son p’tit bout de papier, j’arrive pas à retomber sur les noms des gens. Faut que vous sachiez qu’il m’a fallu trois mois pour retenir les noms des danseuses ! Alors, celui d’une étudiante que j’ai croisé une fois, j’vous laisse comprendre que ce n’est pas facile. D’autant que, les gens ont l’impression que j’me moque d’eux. Alors que j’ai juste une mauvaise mémoire ! En plus, son nom est rigolo, j’ai intérêt à le garder en mémoire.

— Lotis, c’est bien toi ! Ahahah… En tout cas, bienvenue dans ma brasserie, la Brasserie Stormstout ! La mienne quoi, la brasserie à Chen, le maître-brasseur du Consulat.
En disant ça, j’me suis dépêché à m’pointer du doigt. Comme si ce n’est pas évident que nous étions chez moi, peut-être que c’est un effet secondaire à ma bêtise. Et j’me rends doucement compte que ma liste de titres prend de l’ampleur, pas mal pour un panda !

Alors qu’elle s’avance dans l’entrée, j’la regarde faire en frottant le menton alors qu’une chose vient d’me frapper en plein fouet.

— Tu parles pas beaucoup, dis-moi. Faut pas avoir peur, j’mange pas vraiment les gens, hein.
Et c’est à ce moment-là qu’elle se pose devant les différentes chopes et l’alambic de présentation, et finalement, lâche un petit sourire en fixant les objets. Voir un spectacle comme ça, j’rigole un peu ! Pas pour me m’occuper, mais simplement parce que c’est génial de voir l’émerveillement dans les yeux des gens.

— Qu’est-ce que c’est ? Bah, rien d’plus simple ! Ce sont des verres spéciaux pour boire certaines bières, genre, celui-là…
J’prends l’un des verres qu’elle regarde, pour l’amener devant elle.

— Il est de cette forme, une flute terminée par une boule, afin que le pétillant de la boisson qui le contient reste bien enfermé dans le fond. Comme ça, quand tu bois, ça reste toujours frais ! Et aussi, si tu t’y prends mal, pour tout te ramasser sur le visage.
J’souris en disant ça, imaginant la scène se produire devant moi. Faut pas croire que, boire, c’est à la portée de tout le monde ! Ensuite, elle me pointe l’alambic du doigt et j’me rends compte en regardant qu’il déforme l’image. Du coup, j’me redresse et le tir un peu pour montrer les mécanismes devant Lotis.

— Et ça, c’est un alambic ! C’est un truc merveilleux, tu fais une tambouille dedans et tu t’retrouves avec des boissons aux gouts différents. Un peu comme du jus de pomme, sauf que là, tu peux mettre plusieurs fruits dedans, ou même des noix. Un peu de tout, en fait.
J’redresse la tête en me grattant la glotte en réfléchissant. Non, j’peux pas mettre de la viande là-dedans. Quoique, une bière au steak, ça doit être impressionnant pour le palais.

— Dis, j’te cause pas chinois ? Tu comprends c’que j’raconte… Tu veux faire un truc spécial, comme tu regardes mon matériel ?


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Chen Stormstout. Je hoche la tête. Plus tard, je lui demanderais de l’écrire parce que là…je n’en ai absolument aucune idée. Mais je pense que je connais toutes les lettres de son prénom ! Ca assez réjouissant de pouvoir se dire ça. Je connais bientôt toutes les lettres !
Il est Maitre Brasseur. C’est joli. Je sais pas ce que ça fait mais c’est un joli titre. Peut-être que ça veut dire qu’il s’occupe du Moulin Rouge ? Le nom ne rappelle pas vraiment le cabaret alors je n’en suis pas certaine. Il fait peut-être d’autres choses à part ça. Enfin…C’est sur qu’il fait autre chose. Vu qu’on est dans sa brasserie. Un endroit où on fait…des brassières ? Peut-être… Je ne vois pas comment il peut les fabriquer avec ce que je vois par contre…alors ça ne doit pas être ça.

Il insiste sur le fait qu’il ne mange pas les gens. C’était vraiment de l’humour alors ? Visiblement c’est un sujet qui fait rire par ici… Je vais devoir m’habituer ! Je me tourne vers lui pour essayer de lui faire comprendre que je ne parle pas.
Je désigne ma bouche d’un doigt et fait une croix avec les deux mains. Les gens comprennent généralement ce que ça signifie. Je grogne un peu en gesticulant, ça souligne mes gestes d’un bel effet je trouve.

Je me rapproche du verre pour le regarder de plus près. Il a vraiment une forme étrange. Ca doit être difficile de l’utiliser. Je penche la tête en écoutant les explications. Alors il y a une raison à cette forme, ça n’est pas juste pour faire joli… Je n’y aurais jamais pensé. En même temps je n’ai jamais vraiment bu d’autres choses que de l’eau. C’est déjà difficile à trouver dans certains endroits… Et les verres… ça n’est pas non plus quelque chose dont j’ai l’habitude. Mais ici, boire dans ses mains attire une foule de regard étonné alors il faut changer ses habitudes. Je continue de regarder le verre, imaginant l’effet que ça doit faire de boire dedans. Je pense que s’en renverser dessus est très facile… C’est peut-être fait pour boire lentement ?
Je le regarde le reposer sur son socle en bois. Même le fait de le prendre requiert un soupçon de réflexion. Si on le prend avec le pied, est-ce qu’il tombe ?

Je n’ai pas vraiment le temps de m’attarder sur la question que je me tourne vers l’Al en bique. Ca n’a pas l’air d’être en chèvre pourtant… c’est du verre… C’est un nom très étrange. Je penche à nouveau la tête, mais de l’autre côté cette fois en écoutant. Je ne comprends pas. Ca a l’air d’être un peu magique vu comment il en parle et ça ne prépare que des boissons. Je me demande comment ça fonctionne… Est-ce que c’est long à préparer ? Et c’est quoi une tambouille ?

Je fixe la verrerie d’un air songeur et me tourne vers le panda à sa question, secouant la tête pour lui faire comprendre que…je n’ai pas compris puis lève les paumes pour lui faire signe d’attendre, hochant la tête de haut en bas avec force. J’ai bien envie d’essayer ce qu’il raconte. Je comprendrais mieux…

Alors je me mets à gesticuler, prenant un tas imaginaire que je fais semblant de jeter dans l’alambic, mime les ingrédients descendant et une sorte de petite explosion, ajoutant un bruit pour signifier la réaction et fait mine de le saisir pour le boire, essuyant ma bouche et affichant un grand sourire de satisfaction pour afficher le délice de la boisson.

Je le regarde avec les sourcils arqués et les mains tendues vers lui. Discuter sans mots est compliqué mais j’espère qu’il me comprend… Je ne peux ma compréhension de ses mots par mes gestes et essayer de lui demander si c’est bien ça.

Ca serait super si on pouvait faire une boisson comme ça et la boire ensuite. Mais peut-être que ça prend beaucoup de temps de faire une…tambouille.
Je regarde autour de moi et vois une caisse de fruits. Je m’en approche et prends des belles pèches et les ramène dans mes mains en souriant avant de les lui tendre en les secouant doucement, souriant de toutes mes dents.

J’aime bien les pèches, c’est mon péché mignon. Une boisson à la pèche, ça doit être divinement bon !
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Oh… Oh… Oh… Qu’est-ce qu’elle fait ? Attends, ici, elle pointe sa bouche et fait une croix en grognant. Ça veut dire qu’elle ne parle pas des interdictions ? Ou qu’elle a une croix dans la bouche ? Non, c’est stupide c’que j’dis. Elle veut simplement dire qu’elle a une peur bleue des croix.

Quoique, vu qu’elle n’a rien dit depuis son arrivée, c’est qu’elle ne sait pas parler. Attends, ça doit être super-difficile de se faire comprendre quand on ne sait pas parler !

Déjà, comment est-ce que tu commandes une bière ?! Tu prends la carte et tu points la consommation ?! Pour dire merci, ça marche comment. Aussi, quand tu croises un ami dans la rue, tu l’interpelles comment. Seigneur, ça doit être d’une difficulté sans nom de vivre avec un tel handicap. La pauvre, elle ne peut couper la parole à personne ou bien raconter des blagues ! Là, j’ai presque envie de lui poser ma main sur l’épaule afin de lui montrer toute ma compassion.

Sauf que j’ai pas le temps de faire quoi que ce soit ! Elle est devant moi en train de gesticuler, de bien joli manière, pour ensuite aller chercher une pêche dans l’une des caisses dans l’entrée. Alors, j’suis pas spécialiste dans le langage des signes. Néanmoins, j’pense qu’elle tente d’me faire comprendre qu’elle aimerait voir comment fonctionne le machin ! Au moins, elle a compris que ça servait à faire des boissons, c’est que j’ai bien expliqué.

— Attends deux minutes, nous n’allons rien faire avec celui-ci, il est juste là pour montrer aux gens à quoi ça ressemble.
J’me redresse et attrape la pêche dans ma patte et l’invite aussi à en prendre plusieurs avants de me suivre.

— Viens par ici, j’vais te montrer comment que ça marche en direct. Et avec les pêches que tu viens de prendre, ça va être géant ! Un spectacle inédit, pour toi, en tout cas.
J’avance dans le fond de la pièce et attrape l’anneau d’une porte que je ramène vers moi avec d’ouvrir l’accès à ma cave. D’un geste du doigt, j’allume l’interrupteur alors que nous empruntons les escaliers pour découvrir mon atelier.

Il y a toujours mes trois grandes cuves, fermées pour le moment, ainsi que cinq alambics semblables à celui dans l’entrée. La dernière fois que j’suis venue, c’était pour la grande fête à la Cité des Rêves, voilà un temps que la machine est au repos. Rapidement, j’invite Loris à déposer les fruits sur une table de travail et l’invite ensuite d’un geste de la patte.

— Rien que pour toi et moi, nous allons faire une petite boisson et utiliser l’un des alambics, approches-toi.
Rapidement, j’contourne l’objet de sa curiosité pour allumer un feu dans la cassette située en-dessous de l’instrument. Du bois, un peu de charbon et c’est parti ! J’reviens tout aussi vite pour retirer la bague de serrages et ouvrir l’alambic sous le regard de la gamine. Il est vide pour le moment, nous allons nous charger de le remplir pour la bonne suite des événements.

— Si j’me suis pas trompé, tu voulais qu’on fasse un truc ? Alors, commençons par le début. Pour faire une boisson avec ce genre d’appareils, il faut d’abord le remplir d’eau, nous n’allons pas boire du vide.
Souriant à son attention, j’le tends un tuyau avant de partir pour allumer le robinet d’eau, situé à côté de ma table de travail.

— Préviens-moi quand il y a assez d’eau ! Et après, nous allons découper tes pêches en quartiers et les jeter dans l’eau qui commencera normalement à bouillir… Tu sais manier un couteau, non…?
C’est cool de demander ça une fois que j’allume l’eau ! D’ailleurs, comment est-ce qu’elle va me prévenir ?!


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J’ai à peine le temps de laisser mes épaules s’affaisser par la nouvelle qu’on ne va rien faire dans cette machine qu’elles remontent avec mon sourire en bonus, attrapant toutes les pêches que je peux entre mes bras menus. J’ai une jolie pile qui monte jusqu’au menton, j’en suis assez fière. Réussir à charger ses bras beaucoup et vite, c’est important pour la survie et très pratique pour faire de la boisson à priori.

Les pêches vont faire un spectacle ? Elles sont vivantes ?
Je regarde étrangement celle qui est le plus proche de mes yeux, fronçant les sourcils et la regardant avec force. Elle ressemble à une pêche normale… Peut-être qu’il parlait d’autre chose…

Je descends avec précaution l’escalier, ne voulant pas perdre une seule de mes pêches sur le trajet. J’attends sagement que la porte s’ouvre et que la lumière s’allume pour laisser éclater mon intérêt. Mes yeux se posent partout, s’écarquillent devant les grands alambics posés là et trois autres grandes choses que je ne connais pas.

Je m’approche de la table et ouvre grand les bras pour laisser tomber mon butin, empêchant tout ce beau monde de rouler hors de mes bras ouvert en arc de cercle.
Gentilles, pas bouger.

Je me rapproche du panda et trépigne d’impatience, sautant d’un pied sur l’autre en me demandant bien comment cela fonctionne tout ce bel attirail et si ce que l’on va faire sera bon. Je suis assez confiante sur le gout, il a l’air de s’y connaitre avec tous les barils que j’ai vu. Et puis il a aussi tout ce matériel…ca ne peut pas être un débutant !
Je le regarde trifouiller et allumer la flamme, sentant une petite chaleur se répandre. Mes yeux s’agrandissent en le regardant faire. Les gestes sont sûrs et assurés, cela promet un bon résultat !

Je hoche la tête avec vigueur de haut en bas pour lui montrer tout mon intérêt sur ce qui se passe. J’attrape le tuyau et en place le bout là où il y a une ouverture, le regardant se remplir doucement. J’acquiesce encore une fois à la mission et suit l’évolution du liquide des yeux, me baissant pour regarder et sentir la chaleur en bas. J’approche ma main du verre mais me ravise avant de le toucher, il a l’air déjà chaud.

Je me redresse et regarde le niveau qui monte encore et encore. Je penche la tête sur le côté en me demandant comment je peux savoir que le niveau est assez haut. Si j’en mets trop ? Pas assez…ca n’est pas grave mais trop ? Et puis…comment j’arrête l’eau ?
Je tourne sur moi-même pour chercher l’aide du brasseur et serre mes mains d’un peu de gêne et de stress. Je ne me rends compte qu’en la sentant que l’eau coule sur mes pieds et part en jet vers…toute la boutique. Je desserre mes mains pour calmer le petit coup de karcher et tourne encore sur moi-même quelques fois pour finir par remettre le tuyau dans l’alambic.

Je suis trempée… J’ai mis de l’eau partout… J’ai sûrement même mouillé le panda…il ne va plus vouloir que je reste… Je ne saurais pas comment ça marche et je n’aurais pas l’occasion de gouter une boisson à la pèche… Et je ne sais pas si j’ai assez d’eau dans l’alambic…

Je baisse la tête et les épaules, attendant la mine triste et désemparée qu’il me chasse de chez lui pour avoir mis le souk et inondé son atelier. J’espère que je n’ai rien fait qui ne soit irréversible…
Je sens ma gorge se serrer et ma lèvre se mettre à trembler. Je suis triste. Ca se passait bien et puis… J’ai tout gâché. Je n’aurais pas du suivre mon nez. J’aurais du retourner travailler tranquillement. Il avait une bonne image de moi avec la mission et j’ai tout fichu en l’air. En plus il a dit qu’il était consul… J’espère qu’il ne va pas me chasser d’ici… Ca fait à peine une semaine que je suis là… J’entrerais peut-être dans l’histoire comme l’élève la plus rapidement mise dehors parce qu’elle ne savait pas remplir un verre d’eau correctement sans en mettre partout.
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Mouillé de la tête aux pieds, j’me rends vite compte qu’elle n’a pas trouvé de moyen de m’avertir. Maintenant que l’tuyau est dans l’alambic, j’pense qu’on peut éviter un autre désastre… J’vais quand même couper le robinet, au cas où.

Et là, j’la vois avec sa petite bouille toute triste alors que je m’approche ! Pas moyen de résister, j’ai presque envie d’la prendre dans les bras pour la cajoler. Sauf que, j’pense pas que ça se fasse avec des personnes qui ne font pas partie de ta famille et d’autre chose du genre. À force de pas, j’arrive dans la gamine et mon coeur s’emballe, elle est terrifiée ?! Sans attendre plus longtemps, j’fléchis les genoux pour me mettre à sa hauteur et la regarder avec un petit sourire en coin.

— Dit, faut pas pleurer ma grande.
Délicatement, pour qu’elle ne pense pas que je m’apprête à lui en coller une, j’attrape son menton avec mon index et mon majeur pour lui relever le regard.

— Tu sais, ce n’est pas grave, il n’y a pas mort d’homme. Rien d’autre que de l’eau, un coup de serviette et il n’y paraîtra plus. Quoique, peut-être deux ou trois coups. Et puis, c’est dans ce genre de situation qu’on peut se permettre des folies.
Et là, j’retire ma main et j’me recule de quelques pas. Là, mon pelage est imbibé d’eau et j’ai peut-être une idée pour lui redonner le sourire.

— Genre, on peut se sécher comme ça !
J’tombe en avant pour ensuite me rattraper sur les pattes avant, la position semblable à un chien. Et là, pour le plaisir de l’unique spectateur, j’commence à me secouer comme un animal infesté de puce et envoie le surplus d’eau dans ma fourrure tout autour de moi avant de me relever, le poil tout ébouriffé. Et par la même occasion, je l’arrose un peu plus.

— Voilà, propre comme un sous neuf ! T’inquiète, j’vais partir te chercher des serviettes… Ou quoique, j’ai une idée… J’espère que tu m’fais confiance !
C’est forcément une bonne idée et vue que la puissance de mes sorts de vent sont équivalents à une brise, il y a moyen qu’elle sèche rapidement. Rapidement, je joins mes mains et concentre un sort dans celle-ci, une énergie légère parcours alors mon corps avant de se centraliser et que j’puisse la libérer, créant ainsi une brise que j’dirige vers la gamine ! Un truc simple, pas méchant qui évacue toutes les gouttelettes sur sa peau. J’crois que j’vas quand même aller chercher des serviettes.

— Bon, l’idée n’était pas si géniale que ça. Écoute, j’vais chercher rapidement de quoi te sécher, tu sais couper les pêches en attendant ? Faut bien que nous fassions notre boisson ensemble !
Et j’vais prendre de quoi nettoyer le sol. Enfin, pas pour que j’le fasse seul ! Le temps de la cuisson, j’proposerai à la gamine de nettoyer, elle aura du mal à m’dire non, c’est moi qui vous l’dit ! Et puis, elle avait tellement l’air triste, ça m’fends le coeur.


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J’entends les pas se rapprocher et me prépare au pire. Même si… généralement les cris arrivent plus vite et les pas aussi. L’avantage c’est que les coups font moins mal sans élan mais vu les pattes qu’il a, je pense que mon référentiel est mauvais. Qu’est-ce qu’un vieux fermier tout sec peut avoir à envier à une bête immense ?

J’ai presque envie de serrer les dents mais je sais que ça fait plus mal à la mâchoire qu’autre chose. La clé c’est de rester détendu quand même. C’est plus facile à dire qu’à faire mais c’est important. En entendant sa voix finalement c’est assez facile. Parce qu’il ne crie pas. Aucune fureur dans son ton, comme dans ses gestes finalement. Je relève le regard lentement pour tomber sur deux billes noires qui me regardent sans colère. C’est presque étrange. J’ai mis un sacré boxon, je l’ai trempé des pieds à la tête, je peux encore voir les gouttes d’eau glisser de son pelage mais…il n’est pas furieux ? Et en plus il sourit. Mais pas sadiquement comme j’ai parfois eu l’occasion de le voir. Juste… gentiment.

Peut-être que les pandas ne réagissent pas comme les autres humains ? Ou juste…pas comme ceux que j’ai pu connaitre. Ils n’ont pas tous été méchants en plus. Je finis par hocher timidement la tête à ses paroles. C’est vrai, ça n’est que de l’eau. Heureusement…

Des folies ? Je fronce les sourcils en ne comprenant pas du tout. Qu’est-ce qu’il veut bien dire par là ? J’ai rapidement la réponse en le voyant s’ébrouer devant moi. Je grommelle une sorte de rire étrange et tends mes mains devant moi pour essayer sans aucun succès de ne pas recevoir de l’eau.

Je hoche la tête à sa question qui n’en est pas une. Il a suffisamment bien réagit là et à mon toquage de porte pour que je puisse dire que je lui accorde ma confiance. Au moins pour cette…chose qu’il prépare. Je le regarde un sourcil haussé en le voyant changer de position, pattes jointes. J’ai presque l’impression de voir…Quelque chose. Puis je sens un petit vent souffler vers moi. Je suis tellement stupéfaite que je n’ose pas réagir et sens mes vêtements s’agiter sous la brise. Ca n’a pas l’air terriblement efficace mais elle fait chuter ma gavroche.

J’entends le ‘floc’ au sol distinctement et sens mes oreilles se tourner vers le bruit avant de se redresser toute contente de sentir ce poids les quitter. Je ne m’attarde pas vraiment sur la situation parce que…il a crée du vent ! Avec ses pattes ! C’est magique !

Je le regarde les yeux remplis d’admiration et retiens une petite danse de la joie et de l’émerveillement. C’est fou… C’est…whaou ! Il a fait du vent ! Je le regarde quitter la pièce et finis par gigoter toute seule, levant les mains en l’air et tournant en rond. Je veux faire ça moi aussi ! C’est trop bien !

Je m’arrête devant le tas de pêches et cherche des yeux un couteau et un récipient. Avec l’eau qu’elles ont reçue, elles sont toutes propres et pleines de gouttelettes. Je les regarde en me demandant si je dois les peler ou non. Je tergiverse quelques secondes puis finalement décide d’en peler la moitié.

Je redresse mes manches et m’attèle à la tache. Elles sont juteuses et bien mures. Elles doivent être délicieuses. Je regarde la petite pile de quartiers qui s’amoncèle et me lèche les lèvres. Un petit bout, ça ne va pas se voir. J’en attrape un et le goute. Mes yeux se ferment de plaisir alors qu’un petit frisson de pur délice parcours mon échine, faisant gigoter ma queue emprisonnée dans ma tenue. Ce sont les meilleures pêches que j’ai mangées !

Je redouble d’ardeur, j’aimerais bien avoir terminé avant qu’il ne revienne. J’essuie le jus qui me coule du menton et termine mon quartier, hochant la tête pour moi-même. Oui, elles sont vraiment délicieuses !
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Alors, un seau ? J’ai. Une raclette ? Parfait. Quelques chiffons pour éponger ? C’est sous le bras. Et quelques serviettes pour la gamine. Bon ! J’crois que j’ai tout ce qu’il faut pour retourner dans l’atelier, ou du moins, pour la séance de nettoyage qui va suivre.

La p’tite Lotis est restée seule, j’pense que j’risque rien maintenant. Après le bazar qu’elle a réussi à faire avec un tuyau d’arrosage, il y a des chances qu’elle fasse attention pour ne pas alourdir l’ardoise. Et puis, elle n’avait rien d’autre qu’à couper des fruits ! Avec ça, il y a peu de chances que l’atelier se retrouve en proie aux flammes… Attends… Non, il n’y a pas assez de charbon dans l’alambic pour faire cramer la maison. Aucun souci à se faire !

Du coup, j’retourne dans l’atelier avec les ustensiles dans les bras que j’dépose à l’entrée avant d’me diriger vers le bureau. Elle est appliquée la gamine, ce qu’elle a amené dans ses bras est déjà presque entièrement coupé ! Assise sur la chaise et le couteau en main, j’me revois presque en trait de faire la même chose pour mon vieux père. Enfin, elle a moins de gras et de poil. Et je n’avais pas ce genre d’oreille sur le sommet du crâne.

— Parfait, nous allons pouvoir passer à la suite. Qui, par ailleurs, est la partie la plus longue de l’exercice. Tiens, prends ça pour te sécher et rejoint moi prêt de l’alambic.
J’dépose les serviettes sur son épaule avant d’avancer dans l’atelier en prenant soin d’emporter le plateau contenant les quartiers de pêches, le bruit de mes pas n’oubliant pas de me rappeler qui le sol était couvert d’eau. Suffit juste de lancer la machine et nous aurons une heure devant nous afin de passer le chiffon. Donc, j’pose rapidement le plateau sur l’un des alambics pas encore allumé et récupère dans une armoire accrochée aux murs ma boîte à épice et la dépose à côté du plateau.

L’eau dans l’alambic commençait à fumer, c’était le moment pour balancer les ingrédients pour la tambouille ! Et par chance, Lotis était déjà derrière moi.

— Alors, c’est maintenant le moment le plus captivant du processus…
J’ouvre le couvercle de la boîte et présente à la gamine les dizaines de pots présents dans celle-ci, toutes les épices dont j’ai pu avoir besoin jusqu’à aujourd’hui pour produire une petite mousse. Ainsi que les flacons à alcool pur, on verra plus tard si nous les utilisons ou pas.

— Dans chacun des pots, il y a de quoi agrémenter notre recette à base de pêche. Par exemple, tu voudrais avoir un arrière-gout de citron ? Tu prends le contenant correspondant et tu en verse un peu dedans. D’ailleurs, évite d’en mettre trop, pour pas que ça en devienne dégoutant. Tout ce que tu dois te dire, c’est qu’il y à pas loin de cinquante litres d’eau et que c’est une histoire de proportion.
Il y a de tout ici ! Enfin, j’ai pas les ingrédients super rare que l’on ne découvre que dans les monts enseignées de la Terre des Dragons ou la rose du désert le plus chaud d’Agrabah. Enfin, il y a de la matière pour travailler, c’est déjà ça.

— Ce sera ta création, commence par ajouter les pêches et verse les ingrédients dont tu as envie. Prends les pots en main et utilise ton nez pour te faire une idée, moi, j’suis juste là pour t’empêcher d’en mettre trop dans l’alambic.
Du coup, j’reste à tenir la boîte et j’vais la laisser faire sa propre création. Elle n’aura qu’à regarder mon visage avant de mélanger les ingrédients, histoire que j’lui indique si elle peut s’arrêter de verser les épices. C’est tellement beau ! Elle va faire sa première création et j’serais là pour voir ça. Un peu comme un grand-père qui apprend à sa petite-fille à faire des bulles dans son verre de lait avec une paille.




Dernière édition par Chen Stormstout le Ven 1 Sep 2017 - 1:43, édité 1 fois
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J’attrape une serviette et m’essuie le visage, les bras et tapote mes vêtements pour réduire un peu leur taux d’humidité. Je prends la deuxième et la déplie, frottant mes cheveux avec énergie pour bien les sécher et qu’ils ne goutent plus. Je change de côté la serviette et la laisse glisser sur mes oreilles, prenant grand soin de ne pas me faire mal. J’essaye de me dépêcher pour ne pas trop faire attendre le panda et reviens vers lui, serviette encore sur la tête mais toute ouïe devant l’alambic.

Je regarde avec émerveillement tous les pots présentés devant moi. C’est joli. Et ca fait un sacré mélange d’odeurs. Ils ont beau être fermés, le coffret sent quand même rudement bon. Je relève les yeux vers lui quand il parle et hoche la tête. Je ne comprends pas bien les chiffres mais je sais qu’il parle du contenu de l’alambic et je me rends compte que ça n’est pas rien, sans être énorme non plus. Je vais devoir faire attention.

Je souris chaleureusement quand il me dit que cette boisson sera ma création. C’est possiblement la première fois que j’ai l’occasion de créer. Et qu’on me laisse faire. Ca me met un peu la pression. Je ne connais pas tout ce qu’il y a dans cette armoire à épices. Mais il va m’aider. Je pense que si je prends quelque chose de vraiment étrange, il me le dira non ? Je plonge mon regard dans le sien et hoche la tête avec conviction, m’approchant du plateau de pêches et les faisant tomber en petits paquets dans l’alambic. Les fruits tourbillonnent, rencontrent les bulles de l’eau et s’agitent doucement jusqu’à tomber au fond. Je décide de garder quelques morceaux pour m’aider à choisir. Si je goûte le mélange des deux ça devrait me donner une idée en plus ? Ca ne sera pas possible pour tout mais ça sera amusant.

Je laisse ma main passer aux dessus des flacons en hésitant puis en saisit un. Des petits bâtons noirs sont dedans. Je l’ouvre et en sens le contenu avant de hocher la tête. Ca sent très bon, j’ai l’impression d’avoir un joli goût sur la langue rien qu’avec l’odeur ! Je pense que ça va bien aller ensemble. Je jette un œil vers mon instructeur du jour et jette deux bâtons dedans. Un regard de plus et je double la dose. Cinq tantes litres il a dit.

Je parcours encore la boite des yeux, finissant par les fermer et laisser mon odorat faire. Il est assez fin et m’indique une odeur étrange qui me fait froncer le nez. Je prends le pot en question et vois encore des petits bâtons mais couleur bois. J’hésite. Il y a une petite étiquette dessus. Je connais toutes les lettres ! Réglisse… Nan, je ne vais pas en mettre. Ca sent trop fort. Et si ça me fait faire une tête bizarre quand je le sens, je ne vais pas le mettre dans ma boisson.

Je jette mon dévolu sur quelques autres produits. Comme pas mal de choses ont l’air de bien aller avec les pêches… Les grains de poivre m’arrachent une exclamation de surprise et je suis obligée d’en saupoudrer un autre quartier pour le faire gouter au brasseur. Il connait sans doute mais tant pis. Je veux partager mes découvertes. En frottant des petites étoiles étranges dessus, ça donne un peu de goût frais. J’en ajoute à la préparation avec le poivre. J’ajoute aussi des sortes de petits clous et des petits parchemins enroulés oranges. J’ajoute aussi le citron dont il avait parlé et repose tout dans l’épicier, satisfaite. Je me tourne vers lui et pose mes mains sur mes hanches, poings fermés, souriant de toutes mes dents, gonflant la poitrine de fierté. J’espère qu’avec tout ça, ça va être bon !

Tout sentait bon et se mariait bien avec la pèche. Vanille, anis étoilé, poivre, clous de girofle, cannelle. Je me retourne et m’accroupis, regardant tout tourner dans l’alambic et l’eau changer un peu de couleur. Ca devient plus jaune. Couleur pêche finalement, mais diluée. Une petite odeur commence tout doucement à sortir de ce chaudron magique et j’ai vraiment hâte que ça soit terminé ! Je sens ma queue frétiller doucement d’impatience et sortir de sa cachette. Elle finit par toucher l’eau et je me relève d’un bond.

J’avais oublié qu’il fallait nettoyer ! Je retire ma serviette de sur ma tête et la repli avec l’autre, les posant sur la table. Je vais prendre de quoi éponger le sol et commence à remplir le seau. Ca fera passer le temps plus vite en plus !
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Et v’là qu’elle se met à la tâche ! Elle ne perd pas de temps, ce n’est déjà pas si mal. Elle commence déjà à remplir son seau que j’remarque désormais une queue dépassant de son dos. Attends, elle était là, avant ? Mince, faudrait p’tet que j’arrête de boire, surtout si je n’arrive plus à distinguer ce genre de détail.

C’est un peu comme faire abstraction de la taille d’Ulthane, ou l’aile du patron quand il daigne la sortir de son omoplate. Louper ça, faut vraiment être à l’ouest. Ou très con. Au choix.

Enfin, avant qu’elle ne finisse de remplir son premier seau, j’la rappelle directement prêt de moi. Insistant sur le fait qu’il reste encore une dernière chose à faire avant de vaguer à d’autre occupations. Comme nettoyer mon sol, d’ailleurs, j’pense que ça ne fasse pas de mal à ce vieil atelier de passer un coup de chiffon. Tiens, est-ce que ce serait malhonnête de la garder pour faire ça. J’veux dire, elle doit faire des petits travaux pour payer ses études ou la bouffe à la cantine.

On m’la dit à l’instant où j’ai donné la mission au Moulin Rouge, certain étudiant travaille en dehors des cours afin de pouvoir continuer leur scolarité. Tiens, est-ce que Septimus le fait aussi ?

Bref, avec un peu de chance, j’lui fais miroiter une paye pas dégueulasse et j’me retrouve avec une brasserie toute propre ! Pourquoi est-ce que j’fais pas ça au cabaret, au lieu d’engager une professionnelle. Ah oui, justement, le mot est dit. Une professionnelle pour éviter les mauvaises surprises. Donc ! J’interpelle la petite pour qu’elle revienne près de l’alambic avant de continuer le ménage. Allez, j’vais pas rester les doigts de pieds en éventail, j’passerai un coup de chiffon avec elle.

— Avant d’partir, il nous reste un dernier truc à faire et on pourra laisser la machine tourner.
Après avoir déposé l’épicier, j’montre à Lotis le couvercle de l’alambic que j’referme aussi sec pour finalement coincer la bague de serrage.

— Là, nous avons fait le plus gros du travail, il ne nous reste plus qu’à attendre que l’eau s’évapore avec nos ingrédients pour ensuite se condenser au sommet de l’appareil et ruisselle jusqu’ici.
En disant ça, j’pointe le sommet de l’alambic. Il s’agit d’un couvercle qui termine sur une cloche et celle-ci se poursuit dans une gaine en cuivre faisant plusieurs tours sur elle-même pour finir dans un nouveau récipient.

— En gros, l’eau va chauffer pour devenir du gaz, et le gaz va mélanger naturellement les différentes épices et la pêche. c’est pour ça que nous allons fermer hermétiquement le bazar et laisser la condensation faire son oeuvre. Et dans une heure, il y aura dans ce petit bocal…
J’pointe vite fait le réceptacle à la fin du circuit de mon index.

— Il y aura ta création ! D’ailleurs, j’ai oublié un petit truc.
Rapidement, j’me retourne et chope une fiole à alcool pour ouvrir l’alambic et laisser quelques gouttes tomber. Rien d’extravagant, juste histoire de rajouter un peu d’amertume histoire que le sucrer de ses ingrédients n’écrase pas tout.

— Un brin d’alcool, car ici, nous faisons de la bière presque tous les jours ! Enfin, pour la tienne, il suffira juste d’ajouter un peu de gaz pour avoir des petites bulles. Quoique, pas sûre que ce soit nécessaire… Bref ! Nettoyons tout ça, et tu gouteras à ton oeuvre comme récompense de ton travail.
C’est un faisait un signe du bout de mes doigts pour l’écarter que j’la guide afin de recommencer le nettoyage. Aucune idée du temps que ça va prendre, au moins, il y aura déjà eu un peu de liquide dans le bocal et on va pouvoir goûter sa préparation ! D’un côté, j’ai hâte de voir ce que ça va donner, j’espère qu’elle appréciera !


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Je reviens près de mon instructeur du jour pour assister à ce fameux dernier truc à faire. Je le regarder fermer le couvercle et peut voir qu’à peine terminé, la petite fumée qui en sortait vient se coller sur les parois. C’est joli.
Je suis des yeux le trajet qu’il me montre et hoche la tête. C’est compréhensible. La fumée essaye de sortir et n’a d’autre choix que d’aller là haut, dans la cloche puis passer dans le tourbillon rosé et atterrir au bout. Je sens ma queue s’agiter de bonheur en me disant que bientôt, je vais pouvoir voir ce que j’ai fait et surtout le gouter. J’ai vraiment hâte !

Je le regarde ajouter autre chose et sens l’odeur plus forte de l’éthanol sortir de sa fiole. Je le regarde avec émerveillement alors qu’il me dit que tous les jours, il fait…Cette magie ! C’est génial ! Et il peut même mettre des bulles dedans ! C’est fou ! Je me demande comment il peut faire ce miracle… J’ai déjà gouté des boissons qui pétillent mais je n’ai jamais compris comment ils faisaient. Il y a des sources gazeuses non ? Mais pour ce qui n’est pas de l’eau… c’est un mystère !

Je retourne vite à mon seau et le rempli d’une eau beaucoup moins claire que celle qui coulait dans le tuyau. Je ne peux pas m’empêcher de tourner ma tête vers l’alambic et avoir un sourire à chaque goutte que je vois tomber. Je finis toujours par revenir sur mon éponge et la remplir pour la tordre à nouveau dans le seau. Je l’attrape à deux mains et cherche où le vider, finissant par trouver une évacuation.

La tâche se répète jusqu’à ce que le sol ne fasse plus ‘floc floc’ quand on marche dessus. Il est même devenu un peu plus clair. Il reste encore un bon coup de serpillère à passer pour que ça soit vraiment propre. Je prends une profonde inspiration en regardant le travail accompli et passe le dos de ma main sur mon front, soupirant de contentement. J’ai réparé ma bêtise !

Je trottine jusqu’à l’alambic pour apprécier le spectacle. Je suis les fumeroles des yeux, les voix disparaitre tout en haut. Je continue le trajet et lève la main. Je peux sentir un peu de chaleur au début des tourbillons mais plus après. C’est bizarre…
Mes oreilles se tournent vers le petit bruit de la goutte qui tombe et voit le récipient se remplir chaque goutte un peu plus. Je frétille d’impatience. Littéralement. Je sautille d’un pied sur l’autre et remue la queue, attentive et impatiente. J’ai l’impression de sentir les parfums se mélanger !

J’espère que c’est bon… qu’il y en a assez pour gouter…et que le gout sera bon.
D’ailleurs… on en a fait beaucoup…et y’en a pas tellement au bout… Il va devoir jeter tout le reste ? Je me demande combien de temps ça prend… Si c’est bon, peut-être qu’il va aller jusqu’au bout ? Ca sera génial ! Mais si c’est pas bon… C’est triste d’avoir gâché autant de pèches et ses épices…
Je passe d’une humeur à l’autre assez rapidement. Mes oreilles bougent de haut en bas au rythme de mes pensées. Chaotique. Je ne suis pas très patiente finalement… Mais c’est ma création quand même ! Je ne peux pas juste attendre sagement !

Je finis par me tourner vers le panda et grogner doucement en désignant le récipient, trépignant toujours.
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Frottant l’bout d’mon museau à l’aide de l’index, j’me rappels enfin à quoi ressemblait mon atelier quand j’suis arrivé au Jardin Radieux. Finalement, ce n’était peut-être pas si mal que l’animal m’accompagnant dans l’atelier ce soit retrouver à foutre de l’eau partout.
Peut-être que c’est la mauvaise habitude de stériliser uniquement mes ustensiles de travail qui a valu une crasse ambiante. Il y a des chances que j’engage des étudiants pour faire le ménage.

Merci, Lotis ! Même si je n’étais pas chaud pour le faire, ça a quand même été utile.

Et là, j’vois la gamine de retour devant l’alambic à trépigner d’impatience devant le récipient qui se remplit lentement. Oui, quand j’disais qu’il fallait du temps pour que ça se fasse, ce n’était pas des paroles en l’air ! M’voilà alors prêt à me rapprocher de la petite et me mettre à côté d’elle pour poser ma grosse patte d’animal sur son épaule.

— Ahaha… Tu sais, la première chose qu’on apprend en brassant de la bière et en préparant des liqueurs, c’est la patience. Pour la simple et bonne raison que nous ne pouvons pas aller plus vite que la nature.
D’un doigt, j’pointe l’alambic et la cloche à condensation avant d’reprendre.

— Faut l’temps que l’eau bouillonne, qu’elle s’envole vers la cloche, qu’elle se condense et qu’finalement elle coule. Avec tout ça, il faut du temps pour que la magie se prépare. Et avec la quantité que nous avons faite, il y en a encore pour deux bonnes heures avant de couper le feu…
Et nettoyer l’alambic, j’pense que j’avais lui éviter ça à la pauvre, elle a déjà bien fait le ménage. Ne faut pas abuser de la bonté des gens, c’est une des grandes règles dans la vie.

— Par contre, nous pouvons accélérer les choses pour gouter notre mixture, il existe une astuce de professionnel. J’te montre ça dans un instant.
J’laisse Lotis devant l’alambic et me retourne vers l’atelier. Il me suffit de prendre un seau vide, les serviettes utilisées par la gamine et de remplir le tout avec un peu d’eau froide. Une fois la tâche accomplie, j’retourne vers l’alambic et pose le tout devant ce dernier avant d’regarder Lotis avec un sourire en coin.

— Si tout cela prend du temps à couler, c’est simplement parce qu’il faut que le gaz se refroidisse. Alors, en plongeant les serviettes dans l’eau froide et enroulant celle-ci autour de la gaine, on accélère le refroidissement !
Sans attendre, je m’exécute et enroule une première serviette pas loin de la cloche à condensation et une seconde plus en bras de la gaine. Transformant alors le comptes-gouttes en léger filet d’eau au bout de deux minutes.

— Faut pas abuser de cette technique non plus, le choc de température est rarement bon pour l’alcool et peut provoquer des accidents… T’inquiètes pas ! On fait juste ça pour te remplir un verre et pouvoir gouter ta création, il te reste encore une paire de minute à attendre pour ça.
Ni une, ni deux, j’me retourne pour récupérer un verre et le tendre à la gamine. Ensuite, j’retire les serviettes pour terminer la décoction tranquillement, histoire de ne pas foutre en l’air sa création dans l’heure ! N’empêche, c’est sympathique de voir une personne trépigner devant l’alambic, j’ai presque envie de la garder pour l’après-midi. Ce qui correspond au moment où j’devrai faire tourner les grosses cuves, pour alimenter le Moulin Rouge la semaine prochaine.


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Mes épaules s’affaissent aux paroles du panda. C’est vrai qu’on ne peut pas aller plus vite que la nature… Il faut laisser les choses se faire. Je le sais. Quand il n’est pas l’heure des récoltes, faim ou pas, je ne peux pas aller demander du travail dans les champs ! Ca n’est pas le moment ! Mais là… j’aurais aimé que ça avance plus vite… ou alors que j’ai mis plus de temps à faire le ménage… Je devrais peut-être être moins rapide… Il me faudrait plus de temps pour tout ce que je fais…et je serais plus payée si je reste plus de jours ! Mais si je suis trop lente… ils ne me payeront pas parce que j’aurais fait moins de travail que les autres… Je serais patiente alors… Je ne suis plus dans la même situation qu’avant ! Je ne dépends plus des étals des marchands en hiver et des champs au printemps et en été ! Je suis au consulat ! Je gagne de l’argent et j’apprends ! Alors autant conserver ma vitesse d’action !

Je suis des yeux la patte de la bête à mes côtés et mes yeux s’arrondissent d’horreur en entendant le chiffre qu’il m’annonce. Deux heures ?! Il va me falloir plus que de la patience…je vais aussi avoir besoin d’occupation ! Je n’ai pas pris mes feuilles d’écriture… J’aurais peut-être dû… Puis deux bonnes heures…en général ça veut dire plus. Pas tout pile, tout rond !

Mon regard s’illumine et mes oreilles se tournent vers lui avec intérêt quand il parle d’une astuce. J’aime bien les astuces. En plus si elle est professionnelle, c’est que c’est une vraie astuce qui ne rigole pas ! Je vais voir un secret ! C’est génial !

Je rayonne de bonheur et sens ma queue battre doucement dans l’attente de voir à quoi tout ça va bien servir. Un seau froid et les serviettes humides qui sont maintenant mouillées. Je le regarde les mettre sur le condensateur et expliquer son geste. Je hoche la tête doucement et regarde le liquide commencer rapidement à couler plus vite dans le récipient final. Je ne peux plus voir les gouttes séparées, c’est un filet maintenant ! Je trépigne encore plus ! J’aime cette astuce !

Je le regarde solennellement et hoche la tête, sérieuse comme jamais. D’accord, c’est un secret pas très bon. A utiliser par Simone comme ils disent des fois. Je ne sais pas qui sait mais ils aiment bien la mentionner souvent quand y’a un secret de cuisine.
Je continue de regarder le récipent, verre maintenant en main. Je le fais tourner entre mes doigts, me demandant combien ça fait une paire de minutes. Ils aiment être vague parfois… Ou alors…peut-être qu’ils ne le savent pas non plus… Là, il attend que y’ait assez pour deux verres je pense. Après tout dépend la taille des verres…

Je jette un œil au brasseur en penchant la tête, une oreille s’agitant pour marquer le rythme de mes pensées. Il ne doit pas boire des verres de la même taille que moi… Ou alors il doit en boire plusieurs… C’est pour ça qu’on en a fait autant ?
Je me tourne vers l’alambic les yeux grands ouverts de surprise à mes réflexions. Il va boire tout ça ? Je regarde le verre dans ma main. Et moi…que…ça ?!

Je me tourne vers lui, les bras croisés, et fait la moue en soupirant. Je ne sais pas comment m’expliquer. Finalement je me lance en grognant pour attirer son attention. Je me désigne, prend le verre et fais mine de le boire puis le désigne et désigne l’alambic, faisant mine d’avoir un immense objet dans les mains et le portant à mes lèvres, marquant le geste d’avoir bien bu en m’essuyant la bouche.

S’il boit tout ça… je comprends pourquoi il a trois alambics en tout… Mais ca doit être super long de les faire tourner à chaque fois… enfin il boit peut-être de l’eau aussi…
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Alors là, j’crois que le simple fait d’hausser un sourcil ne suffit pas à dire au fait que je n’ai rien compris à c’que Lotis vient d’me mimer.

Parce que, ouais. Moi, j’suis pas le gars qui gagne au mime lors des soirées étudiantes. Le mec, il pourrait imiter Natalia ou encore Pamela, j’comprends rien et j’attends juste que l’temps passe. Jusqu’ici, j’ai eu d’la chance et j’ai bien compris… Enfin, je crois… C’que la gamine me raconte.

Du coup, j’analyse, je mémorise et j’tente de résoudre l’équation. La patte sur le menton, les yeux plissés et le cerveau qui bouillonne comme un alambic en marche. Elle boit dans son verre, pointe mon bedon et ensuite la machine qui est en route. Ensuite, elle soulève un truc qui l’oblige à se pencher et à s’essuyez la bouche. Attends, qu’est-ce que ça peut bien pouvoir dire.

— Ah !!!
J’crois avoir saisi le truc, elle demande si elle peut avoir l’alambic pour elle !

— Alors, non, j’vais pas te laisser l’alambic et qu’tu le ramènes chez toi. Vraiment, j’en ai besoin pour travailler et j’peux pas laisser mon matériel partir dans les quatre coins de la ville. J’espère que tu comprends.
Elle a déjà pris goût au procédé ? Ou simplement, elle voit le truc comme une fontaine à boisson qu’il suffit de lancer avant d’aller à l’école pour ensuite revenir à la maison avec une p’tite qui t’attend sagement pour être dégusté. Rah, j’sais pas. J’ai bien envie d’lui venir en aide, mais là, c’est quand même vachement compliqué.

— Enfin, avant tout ça, il est temps de gouter !
J’me redresse et enlève les serviettes que j’plonge dans le seau, ensuite, j’attrape un second verre et j’échange le récipient censé recueillir la finalité de la boisson et le verre que j’viens de prendre. Avec ça, il y a de quoi c’que Lotis puisse gouter et qu’il n’y a rien qui soit perdu.

— Laisse-moi trente secondes…
Et une fois de plus, j’retourne vers le bureau et attrape la bonbonne à carbone ainsi que la tige à pression. Pas la peine d’attendre plus longtemps, j’plonge la tige dans le fond du récipient et injecte un peu de gaz, histoire d’avoir quelques bulles pour chatouiller le fond de la gorge ! Une fois que c’est fait, j’me retourne vers la gamine et m’approche d’elle en même temps qu’elle dirige son verre dans ma direction.

— Voilà, ça, ce n’est rien que pour toi ! Faudra qu’tu penses à lui donner un nom, pour qu’on sache la commander dans tous les restaurants des Cités Dorées.
Un p’tit clin d’oeil à son attention et j’verse tout le contenu dans le verre, me laissant un fond pour permettre à mes papilles d’voir c’que ça raconte. Comme j’viens de le souligner, c’est elle la créatrice, tout l’honneur et la boisson lui revient  de droit.

J’la laisse gouter tranquillement, alors que j’replonge dans mes pensées. La gamine, elle veut un alambic pour chez elle et j’peux pas vraiment lui en vouloir pour l’idée. Quand j’y pense, j’peux pas vivre une journée sans pouvoir passer une heure à brasser. Dans l’sens, j’ai ça dans le sang et j’vois pas comment m’en passer et j’vois bien que d’autres que moi peuvent avec la même sensation. Grattant ma nuque, j’fixe Lotis dans les yeux un instant avant d’reprendre sans avoir bu dans mon verre.

— Écoute petite… Si vraiment, tu voudrais r’prendre un alambic chez toi, il y a moyen de négocier un truc.
Comme tout à l’heure, j’m’abaisse un peu pour être à sa hauteur, ça fait solennelle.

— Tu vois, j’suis pas tous les jours dans ma brasserie au Jardin Radieux. J’suis l’ambassadeur du Moulin Rouge et m’voilà obligé d’rester dans l’cabaret pour gérer les affaires, et pendant ce temps-là, tu pourrais v’nir ici et tenir la boutique. Enfin, c’est un grand mot ! T’auras l’droit d’utiliser un alambic et de tenter des trucs dans ton coin, enfin, si l’truc te dis.
J’suis comme ça, j’ai du mal à refuser des trucs aux gens. Et puis, si la gamine, ça lui plaît de faire ? Bah, j’me vois mal lui dire non et fermer la porte à clé devant son nez, ses oreilles et sa queue ! Enfin, voyons déjà ce qu’elle va dire de sa boisson et ensuite de ma proposition.


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Visiblement, me comprendre demande des efforts et donne parfois des surprises. Je me retiens de dire non en secouant les mains et recommencer parce que je ne pense pas faire mieux. Il faut vraiment que j’attaque bientôt la lecture. Après, je pourrais écrire ce que je veux dire ! Et ça sera vraiment pratique ! Faut aussi que je m’améliore dans mes mimes. Ou que je ‘parle’ plus souvent avec les gens… Ca serait une bonne idée ça.

Je finis par hocher la tête en souriant. Je n’ai pas la force de l’emmener ni la place pour qu’il trône dans ma chambre ! Au pire, s’il avait dit oui, ça aurait été amusant ! J’aurais gagné un joli alambic pour faire mes petites boissons personnelles ! J’aurais pu vendre ma production aux élèves… Hum… Ce rêve se dissout aussi vite formé. Je n’ai pas de place et il ne va pas me le donner. Ca ne sert à rien de ruminer ce manque de compréhension entre nous.

Je le regarde agir et ne peux m’empêcher de me rapprocher pour le regarder faire, sautant d’un pied sur l’autre en voyant le verre se remplir. Il repart et après un pschitt, il revient. Et y’a des bulles dans le verre ! Il est vraiment magicien… Et un très doué en plus. Du vent, du gaz…il change même de l’eau en…boisson goûtue ! Enfin j’espère que c’est bon…
Je regarde mon verre tendu se remplir et le regarde avec des yeux émerveillés. Il n’a même pas gouté et il parle déjà de vendre dans les restaurants ! Je ne sais pas s’il ne se moque pas un peu de moi sur le coup… Ca serait génial mais… Quand même, c’est un premier essai…juste parce que j’avais envie de pêches… Je regarde mon verre pensive. Non, il doit dire ça pour être gentil.

Je sens mon verre en prenant une profonde inspiration. Ca sent la pêche et la vanille. Un petit fond qui pique aussi mais c’est très léger. Surement les petits grains… Je penche le verre doucement jusqu’à mes lèvres et prends une gorgée, la laissant reposer quelques petites secondes avant d’avaler.
C’est sucré mais avec un goût de frais à la fin et c’est amusant que ça pétille. L’odeur et le goût se complètent mais on ne sent pas autant la vanille dans la bouche que l’odeur le laisse penser. Pour le reste de ce que j’ai mis dedans, je ne saurais dire si c’est bien ou pas… mais j’aime beaucoup ! Ca se boirait bien quand il fait trop chaud…avec le côté frais de la fin…
Je reprends des gorgées au fur et à mesure de mes réflexions et me retrouve rapidement le verre vide. Je me lèche les lèvres et souris. J’aime beaucoup. Je suis contente d’avoir laissé mon nez me guider jusqu’ici.

J’allais m’extasier grandement devant le brasseur mais un petit quelque chose dans son regard me retient. Je le regarde en fronçant les sourcils, il vient encore se mettre à genoux pour me parler. Ca fait bizarre…mais ça rend ses prochains mots hyper importants je pense. Alors j’écoute sans bouger.
Mes yeux s’écarquillent et je pense que s’ils pouvaient ils iraient rouler au sol. Je sens un petit truc en moi se mettre à sauter doucement avant de devenir frénétique et d’exploser pour venir me faire un peu mal au cœur et me mettre des larmes dans les yeux.

Je ne pense pas qu’il se rende compte que c’est la première fois qu’on me propose quelque chose d’aussi…gentil. Je suis venue juste comme ça et il m’a ouvert, m’a montré, à pardonné ma bêtise et puis…et puis maintenant il me propose ça !
Je ne réfléchis plus vraiment et laisse mon corps agir, lui sautant dessus pour le serrer aussi fort que je peux dans mes bras, laissant mes larmes couler sans retenue. Je ne sais pas combien de temps ça dure mais je finis par le lâcher et renifler bruyamment, essuyant élégamment mon nez avec ma manche. Je lui sors mon sourire le plus radieux que j’ai en stock. Je pense que c’est la première fois que je l’utilise. Et je sens qu’il va rester accroché là un moment.

Je hoche la tête pour lui dire que je suis d’accord puis viens prendre sa patte entre mes mains et la secoue de haut en bas. J’ai vu des gens me faire ça et ça veut dire pleins de choses positives. En général les gens parlent en même temps mais bon. Je le relâche et m’incline très bas. Je crois que ça marque une sorte de respect…ou de remerciement encore. De toute façon, je ne suis pas sure que ça suffise à lui exprimer combien je suis heureuse là tout de suite.

Je retiens de nouvelles larmes qui piquent mes yeux et souris de plus belle. Je reprends mon verre vide et le désigne, levant le pouce vers le haut pour lui montrer que je trouve ça bon. Je lui jette un œil en le désignant du bout du nez pour avoir son avis. Parce que…si ça se trouve il va trouver ça super nul et retirer sa proposition pour pas que je gâche son alambic.
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Attends. C’est des larmes de joie ou de tristesse ? Bon, j’me doute que l’câlin suivit d’un serrage de main digne des films en noir et blanc montre que la p’tite est heureuse. En soi, c’est juste une accumulation de signe qui me permette de déduire cela. Car en finale, la gamine, elle ne parle pas et j’dois juste me résoudre à comprendre ses gestes ! Et quand tu vois la tête qu’elle tire quand j’fais des sourires, c’est qu’on ne doit pas nécessairement avoir la même base émotionnelle tous les deux. Il reste aussi l’option que ma gueule pleine de poil l’effraie, à ne pas négliger comme hypothèse.

Donc, on va faire une équation toute simple. Lotis qui sautille partout en étirant ses lèvres dans un sourire, ça veut dire qu’elle est contente ! L’extrême opposé, c’est quand elle baisse le menton et qu’elle fait une tête d’enterrement. Avec ça, j’suis prêt. Manque plus que la centaine d’autre expressions pour la comprendre. Si elle traine ici, il y a p’têt moyen que j’étoffe mon répertoire.

— T’inquiète pas, j’vais goûter ta boisson ! J’m’en voudrais de plus l’faire.
Un nouveau clin d’oeil à la gamine et j’attrape le reste dans réceptacle de l’alambic. Boh, c’est moi qui nettoie, j’peux bien me passer d’un verre pour cette fois. D’abord, j’commence par sentir le tout en posant ma grosse truffe au-dessus. Un bon point, on sent déjà les arômes. Genre, un connaisseur serait capable de les distinguer.

Mine de rien, le tout a une jolie robe. Pour rendre ça encore plus beau, il faudrait gérer la quantité de gaz pour que ça reste homogène. Enfin, là, c’est du détail, faudra lui apprendre plus tard.

Bon, elle trépigne d’impatience alors que j’fais le malin en regardant le liquide pendant une minute. Ouais, j’ai envie d’le boire ce truc ! Après, ce genre de chose, ça doit être respecté. Il s’agit de la première d’une personne, tu prends pas ça en bouche comme tu attrapes des cacahuètes sur un bar. Allons, cessons de faire durer le suspens. J’porte le verre à mes lèvres et laisser glisser le liquide dans ma gueule.

Sucré, assez doux au final, un peu comme un filet de miel. Et là, le p’tit goût à la fin, on dirait presque la même chose qu’une feuille de menthe qui se pose sur la langue. En plus fort ou plus sec, au choix. D’ailleurs, pourquoi. est-ce-que je m’amuse à comparer cela à d’autre sensations ? La question est simple. Parce qu’ici, quand nous créons une boisson, nous cherchons à retransmettre l’émotion de certaines personnes ! J’pense pas que Lotis veuille faire ça, enfin, elle n’a pas choisi les épices dans ce sens-là. Et ici, j’retrouve plein d’odeur différente et c’est un plaisir au palet !

— Alors gamine, laisse-moi te dire qu’il y a un avenir au fond de l’alambic pour toi !
À mon tour, j’lui réponds en dressant mon pouce vers les cieux, l’air victorieux.

— Bon, j’te cache pas qu’il va falloir mettre un poil plus de vanille et moins de grains. Là, c’est l’histoire de dosage dont j’te parlais tout à l’heure. Si tu veux atteindre la perfection avec cette boisson, va falloir travailler la recette plusieurs fois pour trouver l’équilibre parfait !
Ouais, ce n’est pas loin d’être l’idée. Refaire chaque fois la même chose, modifier un truc pour découvrir la chose qui hérisse le poil sur l’avant-bras. Après, ici, j’parle de perfection ! M’dame Lotis est une enfant, et elle a toute une vie devant elle pour apprendre ce genre de chose.

Et puis bon, il lui reste beaucoup de choses à apprendre ! Le brassage, la torréfaction, la préparation, la sélection des ingrédients, le prolongement de soi-même, les mathématiques et l’art de la sieste. Comme j’disais, elle a encore bien des choses à apprendre. Et c’est en venant ici, s’amuser avec l’alambic, qu’elle apprendra les choses. Finalement, c’est en prenant des risques que l’on apprend.

— Bon, gamine, il reste toujours deux heures pour que la totalité de ta préparation soit prête. Une fois que ce sera fini, restera plus qu’à mettre le tout en bouteille et t’aura de quoi faire la maligne devant les autres étudiants à l’académie.
J’rigole en imaginant la petite rentrer vers l’académie avec les bras chargés de bouteille pleine, elle va avoir du mal, la pauvre.

— En attendant, tu veux rester pour m’aider à faire d’autre truc, ou t’as un couvre-feu à respecter ?


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J’attends patiemment son verdict. Enfin… si patiemment c’est passer d’un pied sur l’autre et scruter le moindre de ses gestes. J’ai l’impression qu’il passe une éternité à sentir le récipient. Mais ça prouve qu’il prend au sérieux aussi ma concoction. C’est…Gratifiant et ça rajoute du stress en plus. Je passe mes mains dans mon dos et les serre anxieusement. Je le regarde lever le verre, accompagnant le mouvement d’une pointe de pied sans m’en rendre compte et retiens mon souffle.

Je saute de joie au commentaire du panda. Faisant un tour sur moi-même pour fêter cette petite victoire. J’ai crée ! Et c’est bon ! Je me calme directement en l’entendant reprendre la parole et hoche la tête, totalement sérieuse. D’accord, ce qu’il fait, ça n’est pas du coup de chance, c’est du travail. Je devrais peut-être aller boire un verre un soir en allant voir le spectacle Alea. Le jeudi, elle m’a dit. Faut que j’y pense. Et puis j’ai l’âge de boire de l’alcool après tout. Semaine prochaine, j’y vais !

Par contre…pour le brassage, je me demande s’il en fait tout un alambic à chaque fois… C’est quand même dommage de dépenser autant d’ingrédients pour qu’à la fin… J’espère qu’il ne va pas la jeter !
Je le regarde avec des grands yeux suppliant qui sont remplacés par de la joie quand il parle de mettre mon essai en bouteille. Je souris en hochant la tête, j’ai hâte de faire gouter aux gens. Je pourrais peut-être avoir…un petit stand pendant une soirée et les laisser gouter… ou même vendre… C’est trop bien !

Je réfléchis à sa proposition et hoche la tête, désignant le sol de la brasserie puis moi et finissant par lever le pouce. Je peux rester. J’espère me faire comprendre…
Je me retourne et vais prendre mon sac, prenant aussi mon nouveau meilleur ami le stylo et commence à noter ce que j’ai fait et utilisé. Je dessine l’alambic vide et un feu dessous, puis l’eau avec une idée du niveau et ensuite les pêches, représentées par des jolis ronds. Je ne sais plus combien j’en ai utilisée alors je dessine autant de ronds que je vois de noyaux. Je dessine aussi les épices, faisant des traits, des étoiles et des points ainsi que des petits rouleaux. Je note le conseille du brasseur, notant un plus en face des traits pour la vanille et un moins devant les points de poivre. La prochaine fois, ça sera encore mieux. Je note un joli 1 que j’entoure. Voilà, tout est consigné. Premier essai !

Je me retourne et montre ma ‘recette’ à l’animal, toute contente. Je prends une autre page et lui remontre mon papier avec mon nom en me désignant puis le désigne lui, tendant mon cahier et mon stylo. Je vais commencer à apprendre les noms des gens et je trouve que commencer par ce panda est parfait. Comme ça, quand je saurais bien écrire et lire, je pourrais le remercier par écrit en me trompant pas dans son nom.

Je me demande comment ça se passe ensuite. Faut attendre, ça, j’ai compris mais pour les bouteilles, comment ça se passe ?
Je reprends mon cahier et dessine une bouteille, une flèche allant du haut de la feuille vers le goulot et un joli point d’interrogation à côté. Celui là, même sans savoir écrire, il m’a toujours été utile. Et en général, les gens comprennent que c’est une question, que je n’ai pas compris et qu’ils doivent m’expliquer. Ou me réexpliquer… certains travaux que j’ai fais demandait un peu de maîtrise et je sais que si c’est mal fait, c’est pas payé. Alors je préfère poser des questions ! Puis savoir comment il fait me sera utile si je reviens et que je dois le faire à mon tour ! D’ailleurs…si la proposition tiens toujours, comment je fais pour venir ? Je dois passer et attendre qu’il m’ouvre ? Hum…ça sera mon prochain dessin !

J’aurais peut-être du dessiner depuis le début… mais grâce à ce soucis de compréhension, j’ai eu une super proposition ! Alors autant garder des atouts dans mes manches ! J’espère que je dessine mieux que je mime… Alea me disait qu’ils étaient moches…
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Ah ! Elle prend des notes, elle est maligne, la gamine. Pas besoin de lui expliquer les bases, elle le fait d’elle-même. Bon, après, c'est plus simple d’écrire des mots plutôt que de faire des dessins. Un jour, elle ne parviendra pas à distinguer une pêche d’une pomme sur ses p’tits papiers ! Ou même les épices. Enfin, ça peut bien attendre une prochaine fois.

Il reste encore bien des choses à faire, et à voir c’qu’elle me présente là, j’ai encore des choses à raconter. J’adore ce genre de journée, imprévue.

En premier lieu, j’note mon nom sur le papier en faisant bien attention avec son stylo. D’habitude, j’écris à l’aide d’une plume et d’encre, j’vais tenter de faire ça sobrement, qu’elle n’aille pas penser que j’fais dans l’esbroufe. Après ça, j’lui rends le papier portant mon nom et commence à analyser ce qu’elle me demande. Il ne faut pas être trop bête, elle demande la méthode pour mettre nos boissons en bouteille ! Génial, j’vais pouvoir ressortir une vieille machine.

— Généralement, pour la mise en bouteilles, j’me contente de verser le liquide dans un tonneau et de sceller celui-ci pour le transport. Rien de compliqué ! C’est un peu comme remplir un verre, en plus grand. Sinon, pour les bouteilles, c’est un poil plus compliqué.
Dans un coin de l’atelier, il y a une machine permettant d’enfoncer un bouchon de liège dans le goulot d’une bouteille. Ça fait longtemps qu’elle traine là, depuis le temps que j’le fais plus ! Pas la peine de faire patienter, j’vais chercher l’objet de notre intérêt et le pose sur l’atelier. Et avec ça, j’récupère une dizaine de bouchons de liège et quelques bouteilles en verre, faudra les stériliser avant d’mettre la boisson de Lotis dedans.

— Tiens, tu peux faire un essai avant la pratique.
Il s’agit, en gros, d’une colonne en fer pas plus grande que quatre-vingts centimètres avec un réceptacle pour poser la bouteille en son centre. Ensuite, il suffit de poser un bouchon au sommet du goulot, pour que le bout rentre légèrement dedans sans que l’on force de trop. Et finalement, au sommet, un ressort à piston qui se termine sur un levier ! Donc, pas de magie, il suffit de tirer sur le levier pour qu’un mécanisme cercle le verre et que le piston enfonce le bouchon dans la bouteille. Ce n’est pas compliqué, c’est juste long et fastidieux à faire.

— Voilà, j’pose le bouchon juste ici et toi… Il te reste juste qu’à tirer sur le levier de tout ton poids, et le bouchon refermera bien ta bouteille !
Il ne lui reste plus qu’à faire pour comprendre ! Ce n’est pas compliqué, c’est juste une histoire de pression et d’un travail long et fastidieux quand nous nous retrouvons avec deux-cents bouteilles à bouchonner.

— Rien de magique ici ! Une fois que l’alambic aura terminé son travail, il suffira d’injecter un peu de gaz dans le récipient et de verser ta boisson dans les bouteilles à l’aide d’un entonnoir ! Enfin, avant de faire tout cela, il nous reste plus qu’à nettoyer les bouteilles et de les stériliser, j’pense que tu ne veux pas que ta boisson soit contaminée par un travail bâclé.
Même si j'me suis pas étalé en acclamations, j'reste content que la gamine reste avec moi ici et veuille bien venir s'amuser à faire les apprentis sorcière dans mon atelier. Faudrait que j'en parle au patron, plus tard, pour c'qu'elle viendrait faire ici.


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Je regarde son nom bien écrit sur mon cahier. Je n’écris pas comme lui, c’est sur mais au moins, un jour, je pourrais écrire son nom correctement grâce à ça ! Me faudrait aussi le nom des ingrédients mais quand je reviendrais, je recopierais celui qu’il y a sur les étiquettes. Quand je pourrais les comprendre, ça me sera utile, en attendant, suffit de penser qu’on recopie un dessin et hop, on sait écrire tout ce qu’on voit ! J’ai hâte d’en connaître le sens ! Faudra aussi que je traine sur le marché pour prendre le nom des fruits. Et en racheter pour essayer encore une fois. Une nouvelle chose dont j’ai hâte !

La vie est vraiment plus excitante depuis que je suis venue ici. Ca ne fait pas longtemps mais je sens que j’arpente le bon chemin. C’est plaisant. Je sors de ma petite rêverie et écoute l’animal me parler. Un tonneau ça semble plus facile à remplir mais…beaucoup moins à transporter. Quand je vois ses pattes, je suis persuadée qu’il peut en porter un sous le bras et encore un autre sur l’épaule ! Moi, je poids d’un seul pourrait m’aplatir au sol. Je pourrais le faire rouler jusqu’à ma chambre mais un petit pressentiment me murmure que la boisson ne doit pas apprécier tant que ça d’être remuée par tous les chaos de la route. Et ici, cela regorge de pavés ! J’aurais peur qu’il se brise et répande ma première brassée au sol.

Je le regarde amener la machine et penche la tête, me tenant le menton pour réfléchir à son utilisation. Il me l’explique et je hoche la tête. Je pense avoir saisi le concept. J’espère que j’aurais assez de force pour mettre les bouchons…

J’acquiesce devant ma nouvelle tâche et saisis le manche. Je l’amène vers moi très facilement et sens qu’il résiste un peu plus quand je dois continuer de le baisser pour ne plus bouger d’un millimètre jusqu’à ce que je bande mes petits muscles et qu’il descende lentement. Je me demande si je peux aller trop loin et coincer le bouchon dans la bouteille. Finalement, ma petite force et la machine, elle-même empêche cela de se produire. Je relâche le manche doucement pour ne pas me le prendre dans le menton et le remets dans sa position initiale.

Je saisis la bouteille et me tourne vers le panda en la lui tendant, souriant encore grandement. Ma première bouteille bouchée ! Vide mais bouchée ! Dire qu’avec seulement une machine et de la force, pouf, on peut tout enfermer dans une bouteille et c’est fini ! Par contre, le bouchon ne dépasse pas. Je rapproche la bouteille de mes yeux et fronce les sourcils. J’essaye de l’attraper mais rien n’y fait. Je la tends au brasseur en lui faisant signe. J’attrape le haut de la bouteille et tire vers le haut comme pour la déboucher et lui montre ensuite le bouchon toujours en place.

Ca serait bien ma veine que je n’ai pas assez de force pour ouvrir la bouteille que j’aurais moi-même faite et fermée… Puis ça serait mauvais pour mon petit stand de dégustation aussi… J’essaye de me rappeler de ce que j’ai déjà vu mais c’était toujours des bouteilles ouvertes qui se vidaient dans des bouches ouvertes aux joues rougies ou sur le sol après une chute d’un plateau, d’une main qui tremble ou d’un lancer. Personne qui n’en ouvre. Ca peut pas se vendre déjà ouvert si ?

Oh d’ailleurs, ça me fait penser que j’ai déjà vu des bouchons sauter ! Les gens secouaient la bouteille en rigolant et le bouchon finissait par jaillir, le liquide jaillissant de la bouteille en geyser pour finir en petite coulée dans des verres. J’espère qu’il ne faut pas faire ça parce que je ne veux pas en jeter la moitié au sol !

Je secoue la bouteille pour lui montrer mon idée de débouchage et fais une sorte de grognement mêlé d’un soupir, ma meilleure imitation du bouchon qui saute en parole et un mouvement pour le bouchon qui part dans les airs et le liquide qui finit partout. C’est assez confus à base de doigt vers le plafond puis de mimage de la marée alcoolisé qui se répand en gros remous devant moi, les mains en éventails qui gigotent.

J’espère vraiment que ça n’est pas comme ça… Sinon je ne les déboucherais jamais. Tant pis. Je préfère ne pas en boire que d’en mettre partout. Ma bonne petite première boisson…tout par terre… hors de question !
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Tapant dans mes mains, en joie devant cette scène, il me faut une minute pour me reprendre avant de parler à nouveau.

— Calmes-toi, gamine ! Tu n’es pas encore une gagnante de course de Chocobo, il faudra te contenter d’une méthode plus classique pour enlever le bouchon de tes bouteilles.
Elle m’a fait bien rire à mimer son geste, et celui-là, j’ai compris à quoi il correspond ! N’empêche, j’me pose de plus en plus de question sur Lotis. Outre le fait qu’elle ne parle pas, il n’est pas rare de voir des muets, elle semble ignorer beaucoup de choses. Par exemple, la poignée de main qu’elle m’a donnée plus tôt, c’était presque une caricature de pièce de théâtre. Ou bien, par rapport au tuyau d’arrosage. J’critique pas, attention. C’est juste que c’est élémentaire à mes yeux !

J’veux dire, utiliser un tire-bouchon, c’est la base !!!

Pas la peine de tourner autour du pot, faut que j’me dévoue afin d’lui apprendre ça ! C’est dans mes cordes, j’fais ça tous les jours. Enfin, pas vraiment tous les jours, c’est juste une expression.

— Pas la peine de jouer les forcenés, suffit d’savoir comment faire et j’vais t’apprendre.
J’ouvre un tiroir de l’atelier, celui avec les trucs à ranger plus tard. D’un coup de patte, j’retourne quelques affaires et trouve enfin le fruit de la curiosité prochaine de la petite, le tire-bouchon.

Et ce n’est pas de la crasse. Finition en acier, resort en tungstène et estampillé Ulthane ! Maintenant que j’y pense, il a dû avoir du mal à travailler avec précision pour faire cela malgré ses grosses mains. Bref, c’est un tire-bouchon à levier et il faut un certain doigté pour parvenir à faire ça. Pas la peine de faire attendre plus longtemps, j’attrape la bouteille dans ses mains et pose ma gauche au niveau du goulot.

— Première chose à faire. Visser la pointe en queue de cochon dans le liège, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Geste net et précis, j’fais cinq tours du cadran et montre bien à Lotis avant d’reprendre.

— Deuxième chose ? Ici, il y a un rebord, suffit de le caler sur le verre de la bouteille et de refaire la même chose avec ce tout petit levier. Un gars disait qu’il pouvait soulever le monde si tu lui donnais un point d’appui, suffit d’appliquer le principe et tu dégages déjà le bouchon de moitié.
Pour appliquer la théorie, j’pousse à l’aide de mon index en tenant le point d’appui avec mon poing serrant le goulot. Et là ? La moitié du bouchon est déjà sorti ! Plus qu’un rien pour que le bouchon soit libre, et la bouteille aussi.

— Troisième et dernière chose, tu possèdes le choix d’agir ! Soit, t’es forte et tu coinces la bouteille entre tes cuisses et t’utilises le tire-bouche comme poigne afin de tirer et de dégager le bouchon. Ou bien, t’utilise le second point une deuxième fois en utilisant le bout du point d’appui pour dégager le boucher un peu plus. Après, c’est de la rigolade.
L’épaisseur de ses bras me laisse comprendre que la méthode forte risque pas de fonctionner avec elle, pour l’exemple, j’utilise le système de levier une seconde fois et voici qu’le bouchon est en dehors du goulot.

— Voilà Lotis ! C’est comme ça qu’on dégage un bouchon, j’espère t’avoir appris le truc essentiel pour ta vie. Il te reste plus qu’à mettre ta boisson en bouteille et faire ça chez toi. Mais avant, va falloir que tu m’laves et stérilises quelques bouteilles pour ta boisson.
Un seau d’eau, une grosse casserole et un réchaud. Voilà ce dont nous avons besoin pour cette étape et j’me dépêche de préparer le matériel devant ses yeux.

— Pour ça, c’est simple. Tu rinces les bouteilles et tu les balances dans l’eau bouillante pendant dix minutes, comme ça, plus aucun germe et ta boisson sera en sécurité jusqu’à ce que tu enlèves le bouchon. En route, mauvaise troupe ! Et j’t’ai à l’oeil, pas d’bêtises cette fois. Et peut-être que j'te donnerai un tire-bouchon comme récompense.
J’conclus d’un léger sourire, pour bien faire comprendre que j’rigole avant d’me retourner pour vérifier l’alambic. Avec ça, nous ne devrons pas trop tarder à avoir le reste de l’alambic en bouteille.


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Je le regarde sortir un objet étrange d’un tiroir. Il a une forme vraiment bizarre mais il est joli. Il a l’air costaud aussi. Peut-être pour que le panda le casse pas… Il a des sacrées pattes quand même ! Je le laisse reprendre ma bouteille bouchée et regarde avec émerveillement comment il la débouche. J’ai hâte de pouvoir le faire aussi.

Je hoche la tête doucement avec un air convaincu pour lui faire comprendre que je l’ai compris. C’est assez facile en fait. Je ne sais pas si je penserais la même chose quand je devrais le faire moi-même mais il faut visser, prendre appui et tirer jusqu’à entendre le ‘pop’ magique ! Si en plus il me dit que c’est une activité essentielle… Je suis encore mieux équipée pour la vie maintenant !

Je reste immobile alors qu’il ramène un petit tas de matériel. Il explique vraiment bien. Et puis, j’ai déjà fait quelque chose comme ça. Dans une ferme où j’avais aidé à récolter les fruits en été, une petite mamie faisait de la confiture en lavant bien ses pots comme il vient de le dire. Elle répétait que si ça n’était pas bien propre ni bien fait, ça allait gâcher la confiture et que je n’en aurais pas pour ma maison. Je n’avais pas de maison mais j’ai apprécié ce pot. Il n’a pas tenu longtemps mais il était vraiment délicieux !

Je le regarde sérieusement et fais une sorte de petit salut militaire comme j’en ai parfois vu en souriant de toutes mes dents. Quand les gens donnent des ordres, ils aiment qu’on leurs réponde alors comme je ne parle pas, rien de mieux que ça ! Je prends les bouteilles et m’accroupit au sol pour les frotter une par une sur le dehors et puis aussi le dedans ! Il a un petit outil spécial avec des poils qui grattent sur une tige en fer qui tourbillonne. C’est super pratique ! Les bouteilles sont vite propres et rincées. Reste plus qu’à les plonger dans l’eau qui commence à bouillir sans se brûler les mains.

Je les immerge une par une en regardant les bulles d’air s’échapper du goulot puis les bouteilles tombent au fond de la grande casserole. Quand elles y sont toutes, je vais passer mes doigts rougis sous l’eau froide quelques instants et reviens devant. Je sais pas combien de temps ça fait dix minutes mais c’est moins que deux heures. J’ai remarqué que parfois, ça dépend des gens. Quand on attend, c’est long. Mais quand on est occupé, ça passe très vite. Et là…j’attends. Je veux pas rater cette étape parce que si je n’ai pas de tire bouchon ça va être compliqué d’ouvrir mes bouteilles… Je vais les ranger où en plus ? Je me souviens que j’ai une commode encore bien vide, je les mettrais sous mes habits. Je ne sais pas si je peux avoir de l’alcool dans ma chambre… Et je me vois mal demander. Je ne saurais pas comment faire d’ailleurs. Il faut vraiment que je me dépêche d’apprendre à écrire…autre chose que des lettres seules. Je veux écrire des mots ! Je veux comprendre ce qu’il est écrit !

Peut-être que les consuls ont pas l’habitude et ne savent pas trop comment s’occuper de moi… J’ai peu souvent croisé des gens qui ne parlaient pas et en général, ils n’entendaient pas non plus… J’aime bien être différente décidemment… Ils bougeaient leurs mains entre eux et ça faisait une jolie danse. Mais je ne comprenais rien. Les autres gens non plus. Ca faisait un peu comme un code secret juste entre eux. Comme tous les gens qui s’écrivent… pour moi, c’est un code secret que je ne comprends pas…encore. Mais ca viendra. Et je pourrais noter mes recettes correctement ! Et dire merci au maitre brasseur pour tout ce qu’il m’a permis de faire aujourd’hui et surement plus tard.
Je jette un œil aux bouteilles dans leur eau qui bouille toujours bien en petites et grosses bulles.

Je finis par me tourner vers le brasseur pour savoir si c’est bon. Et comment on les sort de là aussi. Parce que c’est chaud… Je le rejoins à côté de l’alambic qui s’est bien vidé. Je me sens excitée par cette découverte. Je ne l’avais pas regardé depuis longtemps ! C’est bien la preuve que le temps avance ! Je gigote de la queue en regardant les tourbillons bouger les ingrédients sous mes yeux. C’est joli cette petite danse. Ca me rappelle qu’il y a un grand aquarium au Moulin, peut-être que je devrais aussi aller le voir de plus près en y allant. Il y avait des poissons colorés et des fleurs qui ondulaient avec le petit courant. Il faut vraiment que j’y retourne ! Mais avant cela, place à la 'bière'!
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Mince, la voilà de retour, faut que j’fasse semblant de faire quelque chose. Histoire qu’elle ne s’imagine pas à faire tout le travail pendant que j’me tourne les pouces. Quoique, il ne nous reste pas grand-chose à faire, j’peux dire que j’prépare le terrain pour mon expertise avant la mise en bouteilles. Il y a de forte chance qu’elle croie en ce que j’dis.

Enfin ! Elle regarde l’alambic qui avance à bon train, plus qu’une chose à faire pour que nous finissions cela. Justement, le temps dont avons besoin pour la mise en place.

— T’inquiètes pas gamine, nous allons terminer cela dans les règles de l’art, j’vais m’occuper des bouteilles et pendant ce temps-là, prépare nous dix bouchons et fait un peu de place sur l’établi.
D’un doigt, j’pointe l’endroit en question, juste à côté de la machine montrée plus tôt. Tout comme j’ai allumé le feu, j’vais l’éteindre moi-même. C’est c’que disait ma mère, il ne faut pas laisser plus jeune que soi jouer avec le feu, c’est dangereux !

Pas la peine de faire ça durant des heures, j’coupe le gaz et attrape des moufles pour soulever la casserole encore chaude et vidée une partie de son contenue dans l’évier en dessous du robinet. Il reste toujours du liquide dans les bouteilles, restons logique, j’attrape dorénavant les récipients chauffés pour ensuite vider le reste dans les canalisations et ranger le tout sur la table.

— Ce n’est pas grave qu’il reste encore un peu d’eau dans les bouteilles, si nous essuyons les verres, la stérilisation aura été inutile. Maintenant, tout est en place et il ne reste plus qu’à prendre un entonnoir et mettre des bulles dans ta boisson !
Et que j’plonge un entonnoir dans de l’eau bouillante, m’disais bien que j’ai oublié un truc à faire dans cette affaire. Ni vu, ni connu, j’me dépêche de remplir une casserole de nouveau pour faire chauffer l’eau et plonger l’entonnoir directement dedans.

Ensuite, j’attrape la pompe à gaz et m’approche du réservoir de l’alambic.

— Regarde, il ne reste pas grand-chose pour que ce soit terminer. Ainsi, nous allons pouvoir mettre les bulles et verser tout dans les bouteilles ! J’vais me charger du gaz et de remplir les bouteilles, et toi, tu bouchonnes tes bouteilles. Allez, en route !
Bon, en vérité, il reste un fond dans l’alambic. Même pas une demi-bouteille. En tout cas, ce ne sera pas compliqué à nettoyer comme ça. Maintenant, il suffit de couper le feu et d’utiliser l’astuce de professionnel pour conclure la condensation. Deux minutes plus tard, j’attrape la pompe et presse le bouton pour injecter un peu de gaz et finalement attraper le récipient avec mes moufles et le poser sur le bureau.

— Dernière étape ! Prépare tes bouchons.
Récupération de l’entonnoir et disposition sur la première bouteille ! On soulève, on penche et nous remplissions la première bouteille, c’est partie pour la première cuvée signée Lotis !


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Je suis ses recommandations à la lettre et vais prendre les bouchons. J’ai vu qu’il y avait autant de bouteilles que j’ai de doigts sur mes petites mains alors j’en prends tout autant, vérifiant en plaçant mes mains devant les bouchons pour compter. Parfait. Pour la place sur l’établi, je prends tout ce qui traine en plusieurs brassées et mets ça…ailleurs. Je le regarde faire d’un œil pour essayer d’apprendre un peu les gestes quand même. Ca a l’air super lourd… Je ne pourrais jamais faire ça toute seule… Mais peut-être qu’on peut attendre une fois que l’évaporation est faite et que ça fait pas trop de mal de le laisser dans le réceptacle.

Je hoche la tête doucement, essayant de retenir ses paroles. Ne pas essuyer, sinon faut recommencer. Je le regarde avec curiosité avec sa pompe pour mettre des bulles dans la boisson. J’acquiesce encore une fois à ma nouvelle mission. Je vais boucher les bouteilles. Parfait. C’est ce qui me semble être le plus à ma portée de toute façon. Je regarde la vitesse avec laquelle l’animal bouge et je suis un peu subjuguée. On voit qu’il connait son métier et qu’il a l’habitude. Je suis admirative. Peut-être qu’un jour, je pourrais aussi faire tout ça avec facilité. Pour l’instant, c’est de la magie.

Je jette un coup d’œil à mes bouchons à portée de main et le regarde faire. Ca semble lourd et un peu délicat mais pour lui, c’est comme si de rien. On sent juste la concentration dans ses gestes. Ca fait sérieux. Je suis contente que ma première boisson soit traitée avec autant de…professionnalisme. Vraiment c’est génial !

J’attrape la première bouteille, la place sur l’appareil et tire sur le levier, appliquant un peu de forces et sentant finalement la résistance qui me dit que ça avance puis que c’est bon ! Parfait ! Je regarde le panda et vois déjà que les bouteilles se remplissent bien plus vite que moi je ne peux les boucher. Je grimace et m’active, enchainant les neufs suivante en essayant de faire attention quand même. C’est pas le moment d’en laisser une s’échapper et finir par terre, c’est tout propre maintenant en plus !

La dernière bouteille bouchée, je regarde le petit tas à côté de moi et ne peux pas m’empêcher d’avoir une bouffée de fierté pour ma première cuvée. Je me tourne vers le brasseur, dernière bouteille en main et la lui tend, faisant une révérence par la même occasion.

C’était vraiment une journée excellente. J’ai appris plein de choses et rencontré une personne vraiment formidable. Et le super bonus, c’est que j’ai plein de bouteilles à ramener ! Je sais pas encore comment parce qu’elles ne tiennent pas dans mes bras mais je trouverais ! Au pire, je ferais plusieurs voyages, ça me permettra de revenir !

Je ne résiste pas et saute encore une fois entre les pattes du panda. Ma première journée d’apprentissage depuis que je suis arrivée ! J’ai peut-être trouvé un maitre…mais dans tous les cas, j’espère pouvoir dire que je me suis faite un ami aussi. Je le relâche et retombe au sol dans le même coup. Je sais pas encore écrire combien je lui si reconnaissante alors je ne peux que lui offrir mon sourire le plus radieux et encore des courbettes. Je garderais son nom précieusement dans mon carnet.
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