- « Bonne chance. »
Ce sont les derniers mots de Rufus Shinra lorsqu'il donna une mission à Sullivan... De la chance... Rien que cette expression pouvait énerver le Soldat qui d'ordinaire garde un sang froid à toute épreuve. Bien, sûr, il ne montra pas cet agacement, mais jouer sur le hasard était d'une stupidité affligeante, cela ne correspondait en rien au président et encore moins à la compagnie. Jamais la Shin-Ra n'aurait obtenu cette influence extraordinaire en ne se basant que sur des concours de circonstances. Les données, les faits, la stratégie, c'est ce qui marche et cela marchera. Il est impossible d'attraper une sérénade émeraude en courant simplement derrière, espérant un coup du sort. Cela vaut pour tout, même pour la vie privée de Sullivan. Rose, cette fille à l'apparence fragile ne serait pas aussi tranquille sans passer son temps à faire attention, à être certaine, à être simplement brillante.
L'égo de cette personne aux deux visages parlait bien trop aujourd'hui. Il fallait se concentrer, échouer arrive vite, cela lui est arrivé et que cela se reproduise... Non, jamais, il doit rester un modèle d'excellence. Aux yeux de tous, aucune importance, être un héros n'est utile en rien, mais vis-à-vis du président, maintenir un niveau plus qu'acceptable est nécessaire. C'est bien pour cela qu'il ne fouine pas dans sa vie. Du moins, s'il l'a fait, il n'a pas jugé judicieux de le mentionner. Le spectre n'avait aucune honte de ce qu'il était, un pion de Rufus. Ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils sont n'avancent jamais.
C'était dans ce monde totalement pourri, vidé de toute vie, un amas de désolation, une atmosphère morbide. Les plantes ne poussaient plus, il ne restait qu'arbre dénués de feuilles, terre asséchée. Il n'y avait que le labyrinthe et le château qui semblait être restés. Un monde qui ne sert à rien, mais les lieux inhabités peuvent toujours servir à quelque chose, finalement. Illusiopolis en était l'exemple le plus flagrant. Des centaines, peut-être des milliers de personnes ont quitté leur patrie pour y habiter. Un monde tout confort, bien loin des politiques superflu. Tout le monde le sait, l'argent est le seul réel pouvoir. Les mercenaires l'ont aussi compris.
Le problème étant, Sullivan n'avait aucune idée d'où pouvait se trouver un tel sans-coeur. Les Sérénades émeraudes ne sont pas courantes. Ce que le président comptait en faire, le soldat ne le savait pas et ne voulait pas le savoir. Une cible et cela suffit. Plus de données aurait tout de même était bienvenue. Le spectre n'a jamais eu à faire à un sans-coeur de la sorte, il en connaît que son apparence. En ce qui concerne les réactions, la vitesse et toute autre caractéristique, c'est le néant le plus total.
Armé de toute sa panoplie, Sullivan avançait dans les méandres de cette forêt autrefois luxuriante. De ce qu'il a entendu, c'est ici qu'il y a le plus de probabilité de voir apparaître la sérénade. Une heure entière avant de voir un mouvement sans pouvoir être certain qu'il s'agissait de l'objectif. Quelque chose passa à côté du Soldat à une vitesse hallucinante, Sullivan ne put même pas apercevoir sa forme réelle. « Hammer, il va vers toi ! » Une explosion, un gigantesque geyser de terre barra la route de la sérénade qui dévia de sa trajectoire. « Drake, les troncs ! » Tout se passait comme prévu pour le plan de secours. Deux troncs coupés et attachés en hauteur commencèrent un chute, reliés à un balancier. Le sans-coeur le remarqua trop vite et fit demi-tour vers Sullivan.
Le Soldat tira trois salves à l'aide de son M4. Raté... Cela faisait depuis fort longtemps qu'il n'avait pas touché sa cible. Il jeta son arme à terre pour dégainer son couteau. Il savait qu'il ne fallait pas l'éliminer, mais il fallait bien le ralentir d'une manière ou d'une autre. Alors qu'il arrivait, Sullivan s'apprêta à lui donner un coup de lame bien placé, mais la sérénade ne s'arrêta pas et lui fonça dedans. C'est pas réflexe que le spectre s'accrocha au sans-coeur, sans s'en rendre compte. Sa vitesse était certes phénoménale, mais sa force tout autant, il traînait le Soldat comme une vulgaire plume.
Sullivan lâcha une main pour appuyer sur le bouton de sa ceinture, une lumière rouge se mit à clignoter. Il venait d'activer le GPS ce qui permettait à toute son équipe de le suivre à la trace sans même savoir s'il tiendrait bon jusqu'à ce qu'ils opèrent. La vitesse ne diminuait pas, le Soldat commençait à avoir du mal à rester accroché, mais tenait encore bon, ce n'était pas le moment de lâcher prise.Avec le choc au moment d'attraper la sérénade, la radio de Sullivan ne fonctionnait plus. En mission, si le Soldat est très souvent envoyé seul, son équipe n'est pas moins importante. Elle est souvent envoyée en mission sans Sullivan et ils y sont tous doués avec leur propres avantages. Une équipe hétéroclite qui finalement se débrouille bien sans le leader, si bien que le vaisseau arriva et se plaça juste devant Sullivan. La soute s'ouvrit et avant que le sans-coeur ne réagisse, ils étaient à l'intérieur, la porte déjà fermée. Le seul inconvénient, c'est qu'ils étaient dans un filet, durant tous le voyage, le soldat est resté lié à la créature, il était trop risqué de la laisser causer des dommages à l'appareil. Ce n'est que lors de l'arrivée qu'ils purent se séparer grâce à la troupe qui les attendait. En somme, ils ont eut énormément de chance de la capturer si facilement, bien que la manière fût des plus ridicules.