Les pavés rouges se voyaient de nouveau foulés par la perfection discutable du Sycophante, la gare avait son brouhaha et ses passants effarés par l'allure du jouvenceau. Prolongeant ses soupirs, une main allègre dans ses cheveux rubis en essayant de se mettre dans l'esprit sérieux de la mission, Grell Sutcliff pensait à son dernier échec. Lors de sa quête dans le Monde du Jouet, il avait été honteusement bafoué par cet étrangeté que l'on appelle Nescient. Ne savant que peu de choses sur eux, il s'était jeté la tête la première dans la bataille, grossière erreur, même si il était un dieu vivant, il ne pouvait se résoudre à tout contrôler constamment. Par manque de temps il n'a pas pût l'achever, ce dernier avait fuit le combat. Retournant la queue entre les jambes sur les terres dirigées par le Sanctum, Galenth Dysley ne lui en avait pas tenu rigueur, du moins pas trop, un sermon de plus ou un sermon de moins, quelle différence ? Les préoccupations du vieux étaient moindre car aussi tôt rentré, ils avaient réussi à localiser l'ennemi de nouveau qui se terrait à présent dans le Pays des Merveilles, inconnu dans l'esprit du fringant garçon. Par le même temps, une autre affectation avait lieu dans ce même monde, un autre membre compétent et plus que prometteur d'après les dires de l'ancêtre. Seul l'élite du Sanctum est envoyé sur place et pas le premier fanatique complètement givré venu. Le collaborateur de cette délégation fit son entrée sur ordre du primarque, ou plutôt devrait-on dire et employer la collaboratrice. C'était une adolescente tout ce qu'il y a de plus normale, si on considère qu'une paire de pistolet et une tenue plus que légère laissant peu de place à l'imagination est normale. Ses quelques cheveux blonds encadraient un visage à la fois doux et glacial, son regard était si intense, si perçant qu'on aurait dit qu'elle pouvait enflammer quelque chose rien qu'en le fixant. A la vue de cela, le sourire venait aux lèvres du travesti qui devait sans doute faire froid dans le dos à la recrue. C'était peut-être son seul défaut mais... Pas un poil de rouge, rien, cette couleur lui aurait pourtant allée à merveille, oui quel dommage. C'était d'ailleurs là sa principale préoccupation : les femmes doivent porter du rouge car cela leur va si bien, une femme sans rouge n'est pas une femme, ce n'est plus qu'un être incomplet, un laideron, qui attend de se faire barbouiller de part et d'autre, une tronçonneuse dans le ventre. Que de poésie venant d'une raison aussi tordue soit-elle. Bref, revenons à notre fameuse gare dont nous n'arrêtons pas d'entendre les commentaires naïfs des enfants pointant du doigt ce qu'il ne connaisse, les gémissements horrifiés des adultes et les rires moqueurs des adolescentes timides, ou pas. Habitué à ce genre de railleries, il faisait fi de tout cela car ses préoccupations étaient d'un autre ordre. Ce qui ne semblait peut-être pas le cas de sa collègue. Il s'arrêta près de la rambarde, la jeune fille non loin de là, avant d'engager enfin le dialogue, depuis qu'ils s'étaient rencontrer, il n'avait pas encore eu l'occasion de lui adresser la parole ni encore moins de se présenter comme un parfait gentleman. " Alors ma grande c'est quoi ton petit nom à toi ? Tu as déjà dût sans doute entendre parler de moi, non ? Même pas un peu ? Des présentations sont de rigueurs alors. disait-il alors qu'il montait sur le banc en prenant une pose frôlant le ridicule, encore. Grell Sutcliff ! La plus grande actrice de l'univers connu ! Tout comme le nourrisson que j'aurais voulut porter de ce beau jeune homme si séduisant et parfait, rien que d'y repenser j'en ai des frissons partout ! Mon Roméo est partit mais je l'attendrai encore pour que nos deux corps fusionnent sous la promesse lunaire ! Juliette t'attend mon amour ! Non désolé je ne signe pas d'autographe, les baisers ardents des bellâtres me suffisent... " signé d'un dernier blanc alors qu'il s'était emporté dans un monologue exubérant, le peu de gens qui avait daigné l'écouter restaient là, la bouche grande ouverte avec des yeux de merlan frit, alors que lui voyait ça comme un véritable concert, s'emportant sur les accords emballant de guitaristes mélomanes rendus fou par la musique. Heureusement que le ridicule en tue pas, ce sera un assassina envers un monument national. Descendant de sa scène improvisé, passant une nouvelle fois ses doigts gracieusement dans sa chevelure carmin, qui, emportée par la brise légère et ce geste aérien, offrait un spectacle enchanteur, les badauds semblaient soudainement pressés et ne tardèrent pas à vite vider l'allée. Regardant l'heure sur l'imposant cadrant de la gare, surpris, il prit la main de la donzelle la traînant de force et au pas de course, manquant à plusieurs reprises de se prendre les pieds dans quelque chose et en rentrant dans plusieurs quidam ici et là, jusqu'au quai du vaisseau Gummi qui les emmènerait à leur destination. Une lumière blanche et blafarde surgissait de nul part, au beau milieu de la forêt, perçant les ténèbres et le feuillage. A peine arriver que des jérémiades râleuses se faisaient entendre, Grell se prit une branche d'arbre sur le crâne. Le damoiseau et la blondinette venaient de débarquer dans ce nouveau monde que tous appel le Pays des Merveilles, un nom prétentieux et enchanteurs. Quelles bizarreries allait-on croiser en ces lieux ? Si une chose encore plus étrange que Grell existe ici bas. Se frottant frénétiquement le crâne pour éviter d'avoir une bosse et calme la douleur, il termina en passant une allègre main dans sa longue chevelure, geste digne d'être illustré sur une peinture, la coquille saint-jaque et la nudité en moins, mais deux femmes magnifiques pour le prix d'une, deux si on ose le dire. Ils se dirigèrent vers les premières lueurs qui apparaissaient entre deux buissons. Les deux zigotos débouchèrent sur un vaste terrain et occupé exagérément par tout ce qui l'habitait, une souche immense, des fleurs tout aussi imposantes, des arbres dont le feuillage était en fait une feuille de nénuphar géante, bref, rien de bien logique, c'est kitch que voulez-vous ! Toutefois, le ciel habituellement bleu et claire était couvert par des nuages peu rassurants commençant à gronder. De la pluie hein ? Ça allait foutre en l'air de beau brushing de Grell voyons ! Comme on dit, jamais sans mon parapluie. Ses antécédents de majordome, bien médiocre majordome au passage, allaient lui servir à quelque chose, il sortit de sa manche un parapluie qu'il déplia au dessus de l'adolescente et lui-même, avec une telle tenue, même si il n'y avait honnêtement pas grand chose, mouillée, elle risquerait de prendre froid. Les Éternels savent se montrer compatissant quelque fois. Commençant leur ascension sous les gouttes de pluie, recroquevillés sous le parapluie, les recherches ne semblaient rien donner au premiers abords, ils avaient beau parcourir la zone de long en large, il n'y avait rien, pas la trace d'un ennemi, du Nescient et encore moins du livre que cherchait la lady. Un peu lassé par cela et flemmard sur les bords, Grell Sutcliff invita sa collaboratrice à se reposer sous un des arbre nénuphar, assis par terre, poussant un long soupir de libération. Un léger rictus aux lèvres et appréciant le bruit, toute la beauté de la pluie en elle même, il fit le premier pas dans la conversation à nouveau, pensant qu'il était dommage que la fillette n'était pas plus sociable et causante. Une fille aussi mignonnette devait pourtant avoir beaucoup d'amis et être d'un naturel bavard, le sourire de la jeune fille devait être si chaud. La première impression que Sutcliff avait de cette colombe venait d'être balayée, il ne paraissait pas froide et rugueuse bien au contraire, un sentiment de réconfort émanait d'elle comme une aura, l'incarnation de la gentillesse. Montrant ses deux index en face du regard turquoise de la damoiselle un peu perdue, il fourra ses doigt dans le coin des lèvres de la jouvencelle en la forçant à sourire, alors que lui, riait doucement à cette vue. " Voilà c'est comme ça qu'il faut faire ! Sourire c'est la meilleur chose à faire dans n'importe quelle situation. Oui je sais, tu vas tout de suite me sortir que ça fait gnangnan, mais si personne ne voit la vie du bon côté, alors on est plus qu'un ramassis de dépressifs feignants. On dit qu'on y arrive pas et tout le tralala, mais si je trouve le type qui a dit ça pour le première fois, je lui fais tâter de ma tronçonneuse. Sérieusement, penses-tu vraiment qu'on doit se cacher derrière la façade de l'abattu de service ? La vie ce n'est pas que la mort par ci, la mort par là, la mort c'est fun aussi. Nous devons profiter de la vie ! Elle sera jamais aussi belle après. dit-il en tentant de conserver son sérieux, ce qui était très dur pour un homme de cet envergure, son derrière ne l'entendant pas de cette oreille en se trémoussant frénétiquement et accompagnant les grands mouvements de bras illogiques et ridicules de Grell. - Comme je suis d'accord avec vous mon cher monsieur, un bon gros sourire ou bien une rire sans interruption peut soigner tout les maux du monde... Tout comme il peut nous faire sombrer dans la folie furieuse. Mais est-ce la bonne chose que l'on cherche ? A moins que ce ne soit elle qui vous trouve avant. La chose cherche et la chose trouve, la chose peut se chercher aussi... Ou pas. " répondit cette voix sortant de nul part mystérieusement attirante et... Mystérieuse. |