Un garde en ronde passe par là et jette, non par mégarde, un oeil curieux au Poète du Consulat. Il est assis en tailleur, sa toge rouge le faisant semblable à un moine qui médite, il apparait plume à la main à menacer le coin de sa mirette. Avec la précaution d'un chirurgien, le consul approche à la pointe dorée de l'instrument sous son oeil pour y dessiner. Et la pointe, avant de cracher de son encre, laisse couler un filet de sang tendre. La brave geôlière s'arrête, sceptique et inquiète, désireuse de savoir pourquoi il se pique. De doigts agiles, le poète retourne son stylo pour en salir la plume d'hémoglobine et, bien concentré, n'accorde son attention à nul autre qu'à sa modeste oeuvre. Le stylo ancien se retourne à nouveau, et réitère, pour cette fois transformé la petite pique en un sillon rougeoyant.
D'un geste léger, ses doigts mobiles pour imbiber la pointe dorée dans le noir bleutée de l'encrier... et laisse l'outil s'en imprégner.
Vif à la tâche ; Arthur essuie le sang et fait l'encre s'écouler, sous sa peau, dans le sillon tracé. De l'ombre bleutée se mêle au sang jusqu'à l'effacer complètement, le dévorer pour le laisser avec une larme peinte à l'oeil. Le poète essuie le stylo à son poignet désormais et le dépose, délicatement, au pied de l'encrier avec une révérence quasiment religieuse.
Il semble au poète que grâce au sport, après être laissé ivre du feu de l'effort, une maitrise renouvelée envahis son corps.
En quelques jours, d'une si simple discipline, Arthur a une santé renouvelée ! Combien de temps cela lui prendrait de devenir un athlète ? Et d'atteindre les mêmes sommets que les surhommes qui pullulent de l'univers ? Lui qui relève les yeux, bien sérieux, se pose la question en voulant véritablement la réponse : combien de temps avant de pouvoir plier ses barreaux à mains nus ? Longtemps, très longtemps.
Et ce n'est peut-être ce chemin qui se destine à lui. Soudain, son air sérieux s'illumine du joie candide... une garde le regard et lui en retour voit bien, au travers de son casque, qu'elle est bien jolie !
Ce qui ne suffit pas à le faire relever mais, un peu moins solennel, le fait trépigner à l'idée de discuter.
« Salut ! » Serait-ce la première fois qu'il la voit ? A vrai dire, jusqu'ici, les gardes vont et viennent et se ressemblent fatalement, malgré ses efforts pour chercher à les distinguer. Ce n'est pas régulièrement qu'il s'arrête pour discuter et ainsi, dans le doute, un poète peu fier la salue en agitant une main en l'air. « Enchanté, moi c'est Arth- »
« Je sais qui vous êtes, Sir Rainbow. » Lui crache-t-elle, pas moins belle de cette froide fureur qui la laisse sur un départ immédiat. En cela, elle parait très semblable à sa générale.
« Vous pouvez m'appelez Arth- »
Le poète préfèrerait qu'elle reste ici à l'insulter, mille fois plutôt que de la voir s'en allez. Laissé avec un air peu satisfait, un soupir plus tard et on repart ; plus tard les tatouages, l'heure est à prendre de l'âge. En position, avec passion et maitrise comme au son du clairon, le pote resserre sa rouge toge pour poursuivre l'entrainement.
« Une ! » Déjà carmin comme rouge-gorge, il... il fait chaud, ces derniers temps, si ça peut excuser sa bien maigre prestation. Et on continue les pompes ! « Deux ! »
L'important, c'est de respirer... et ce peu de sagesse vient de Jetseteram, un noble guerrier peut-être capable de respirer.
« Trois ! »
Kimahri ne lui a jamais dit de respirer mais il parle si peu... probablement que ce fauve n'a pas le temps de parler tant il doit beaucoup respirer pour être si fort.
« Quatre ! »
Respirer est un invisible poème. Toujours autour de soit, respirer l’espace en un pur échange. Respirer l'air en contrepoids de l'effort où, rythmiquement, s’accomplit l'haleine des guerriers.
« Cinq. »
Respirer, c'est l'unique vague qui déploie la mer progressive ; plus économe de toutes les mers possibles ; en rêvant de pouvoir déployer mers furieuses et agressives.
« Six... »
Pour les siens, pour le Consulat... car parfois, les belles paroles ne suffiront pas... et même là, même lorsqu'aucun mot parlé ou écrit n'aura suffit, le Poète voudra prendre part au combat. Respirer pour être là... au dernier des derniers combats.
« Seeeeeee... » Comme le fut Genesis autrefois. « ...eeeeeeept ! »
Combien de ces lieux innombrables sont déjà en soit ? Maints vents, des zéphyrs aux tempêtes, sont comme nos fils. Respirer, c'est éduquer nos cieux intérieurs à grandir et à prendre place, jusqu'à se matérialiser en actions dont la beautée ne saurait être renié. Un peu comme un Jecht, lorsqu'il ramène glorieux ses princesses glorieuses ; sans force, dans de sombres cachots, s'eut resté de pauvres gueuses.
« Huuuuiiiiiii... » Que pense l'air ? Nous reconnait-il, encore plein de lieux où nous étions tantôt ? Lui qui fut et restera l’écorce lisse... « ...huit ! »
...la courbe et la feuille de nos actions ou de nos mots.
« Neuf et dix ! » Avant qu'enfin, il se laisse s'écrouler... devant bien avouer les deux dernières légèrement bâclés. Dans la cellule d'en face, le Docteur dort sur sa chaise en soufflant ridiculement... parfois, sans gêne, il ronfle carrément. Allongé sur le dos, son regard le voit à l'envers comme scotché à son fauteuil roulant, lui-même fixé au plafond.
Cette vision le fait sourire, semble bien résumer Halloween.
Lorsque... Septimus en massacra les habitants... ? Le poète n'a pu que fuir et se cacher, c'était il y a longtemps... mais un monde, déjà acquis à l'art, aurait échapper au Consulat et... pourquoi ? Parce qu'un blondinet, face à l'autre furieux, fut lâche et faible jusqu'au miséreux. D'un bond félin du chat qui se rêve jaguar, le poète reprend et se jure : ses bras lâcheront d'eux-mêmes, bien avant que sa volontée ne cède à la torture.
En position ! Et, dans le coeur, hurle mille clairons !
« Une ! » Les gens ont une idée si abstraite de la poésie qu'à leurs yeux ? La poésie elle-même devient l'art abstrait. « Deux ! » Pas du tout ! Ces gens sont fous ! Ils n'ont rien compris, c'est dit ! « Trois ! » La poésie, c'est précis, la précision du ressenti et des émotions. « Quatre ! » Que savez vous du nuage en lisant, de la science, sa composition ? Et du tonnerre, qu'en savez vous la rage par simple explication ? « Cinq ! »
Arthur s'arrête... loin d'abandonner... il savoure la torture et l'immobilisme, l'endure. Lorsqu'enfin, la vie du mouvement lui parait d'un si grand soulagement.
« Six. »
Le Consulat le sauvera... ou pas.
« Sept. »
Le Consulat le sauvera parce qu'ils savent, jusqu'à la plus cynique d'entre eux, qu'il donne tout pour eux et, chaque jour, s'acharne à leur prendre un peu moins.
« Huit. »
Ou pas, car, si on lui en laisse le temps, c'est cette furieuse allégeance qui fera que, de lui-même, il se sauvera.
« Neuf. »
Il n'est même pas en danger, si simplement enfermé et à bout de souffle, du magma dans les bras, si ce n'est pas le Consulat ? Les barreaux, entre ses doigts se tordront ou, face à des doigts polissions, les serrures cèderont.
« Dix. »
Ca prendra le temps que ça pendra, rien ne presse au poète dont le coeur est sûr et certain.
« Onze. »
Quand il n'y aura du espoir, quand la nuit sera la plus noir... le Consulat... pourra compter sur moi.
« Douze. »
Oui il pourra ! Car cet univers n'est pas comme il le doit... trop souvent il est trop froid.
« Treize. »
Heureusement qu'on est là... pour le comprendre, pour agir et pour entreprendre, tous là, à la force de nos p'tits bras.
« Quatorze. »
Alors je ferais... n'importe quoi... pour vous protégez et vous laissez refaire un monde digne de soit.
« Quinze. »
Ce fou croit en vous !
« Seize. »
Et face aux ombres qui s'approchent, je veux vous voir tenir bon. Et je serais là alors... ressentez tout ce que vous voulez... là où certains vous voudraient calme et emmurée dans des morales désuètes, là où certains vous voudrait enfermés dans un pragmatisme froid...
« Dix-sept. »
...soyez-fous, soyez-vous, soyez-là... croyez en vous comme moi j'y croit... soyez furieux, soyez heureux, soyez triste, soyez décidés, soyez révoltés, indignés, désespérés, choqués, hilares... soyez-en train de danser, de chanter... tout ce que vous voulez...
« Dix-huit. »
...sauf être apeuré !
« Dix-neuf... et... et... eeeeeeeet... vingt ! »
Depuis ma cellule, mes très aimés Consuls, je vous écris des poèmes... à l'encre de ma sueur et de mon sang !
Ainsi, le poète se remet en tailleur pour respirer si profondément, haletant, pris par une folle chaleur. Celle-ci le convainc de se mettre torse nue et dévoile, à la garde qui repasse, le poète qui reprend son stylo pour entamer quelques verres à même sa peau. De la même façon qu'il s'est tracé une larme en sillon.
« On peut vous donnez des feuilles, Sir. » Dit-elle alors, avec cette froideur qui aurait, pourquoi pas, un je-ne-sais-quoi capable d'interpeller le poète.
Ainsi lui répond-il, quoiqu'essoufflé, reconnaissant de pouvoir discuter.
« Merci... j'apprécie, de même que d'avoir un stylo. Il est vrai que je suis bien traité par ici. » Le sourire en coin, les yeux bas, en train de se scarifier à l'encre le bras. Et sans un soupir, il tâche de faire bonne figure à celle dont la beautée se dévoile même au travers de sa tenue armurée. L'on dit que lâs de les voir nu, tout le plaisir d'une femme vient de l'action de la déshabiller. De l'effeuiller. Quel plaisir peut-on retirer à mettre, à nu, une femme vêtu de métal ? Et d'une certaine façon, toutes les femmes apprêtés sont comme équipés de plastrons. Et c'est d'abattre tels défenses que nait de l'amour une certaine transe. « Et puisque vous connaissez mon nom, aurais-je l'honneur de connaitre le votre ? »
A vrai dire, parler d'honneur sans même la regarder, c'est un peu poussé mais Arthur reste tout entier concentré... et écrit, sur son avant-bras, "Memento Mori", en lettres hautement calligraphiés.
« Pour vous, ca sera Sergent. » Dit-elle, sèche et franche, sans partir comme elle fit juste avant, cependant. Le poète, lui, enchaine hasardeusement... comme on caresse un chat de peur qu'il ne s'ennui et reparte en courant dans la nuit. Quoiqu'ici, la gardienne aurait plutôt la discipline d'une noble chienne et, comme toute la Lumière, porte fière le collier à son cou. C'est une image, quoique, telle armure possède de nombreuses lanières.
« C'est un drôle de nom et, sans vouloir vexer personne, relativement commun. Puisque je parle à un grade... comment va Sergent ? »
« Sergent s'inquiète de vous voir vous scarifiez. C'est quoi l'idée ? Faire croire à tout le monde qu'on vous a torturé ? »
« Je m'embellissait bien avant d'atterrir ici... » L'écriture se poursuit ainsi, "Et très beau, j'en rit". « ...honnêtement, personne ne pensera que mon art puisse être de votre fait. »
« Moi qui pensait le Finkelstein excentrique et prétentieux... »
« La Lumière enferme tout ce qui sort de l'ordinaire ? » "Puisqu'ainsi, la vie" continue de s'écrire alors qu'Arthur se permet un sourire qui parait un muet rire. « Je veux dire... le Docteur Finkelstein fait naitre des monstres, oui... il pourrait très bien avoir peuplé la moitié de son monde à lui tout seul. »
« Si ces monstres sont dangereux, on ne peut pas le laisser faire. »
"M'embrasse et s'enfuit" achève-t-il d'écrire avec un soin particulier.
« Y a-t-il une seule personne à Halloween qui ne soit pas "dangereuse" ? Et moi alors, qui peut me trouver dangereux ? »
« Je n'aime pas votre façon d'insinuer que nous sommes les méchants de l'histoire. Finkelstein n'a aucune retenue dans ses expériences, c'est un savant fou qui se fiche bien des conséquences de ses actes ou de ses créations lorsqu'il joue au dieu. Pour le reste, c'est vous qui vous êtes permis de venir ici, dans l'irrespect le plus total alors que nous sommes en guerre... guerre que le Consulat a lui-même déclaré, au passage. »
Le poète lève les yeux, l'air de réfléchir... peut-être à ce que lui dit "Sergent"... ou, plus probablement, aux idioties qu'ils s'apprêtent à continuer d'écrire. Et sans interrompre sa réflèxion, visiblement ailleurs, il lui répond sans même la regarder.
« J'admet ne pas avoir été très... subtil... dans mon approche... l'Impératrice m'avait pourtant prévenu, à demi-mots, que ça ne mènerait pas loin d'agir en jouant comme le dernier des sots. » Ah ! Le Consul s'illumine soudain d'intérêt et se penche sur son torse pour y écrire un proverbe usé capable, peut-être, de l'inspirer : "Le Coeur a ses raisons que la Raison ignore". « Et je suis bien traité, comme le docteur, comme le reste des prisonniers pour ce que j'en ai vu. Que ce soit dit. »
"L'Esprit a ses avis que le vieil Instinct mord", s'écrit d'encres et de sangs entremêlés.
« Simplement, fin démon que je croyais ange, la demande d'une rançon ça... » Arthur interrompt soudain ses écrits pour afficher son avis le plus amer en la regardant avec une gêne sincère. « ...ca fait pas un peu mercenaire sur les bords ? »
Sans plus attendre, après avoir aperçu un instant de choc et de stupeur, Arthur retourne à son poème avec un petit air satisfait, comme suit, "Le Corps a ses efforts que Rêverie endort".
« Et faire massacrer les habitants d'Halloween par un détraqué, les bohémiens par un vieux juge fachiste, les opposants politiques par un clown psychopathe... ca fait pas peu Coalition Noire ? Avec eux aussi vous négociez la "paix", d'ailleurs... »
Elle insiste particulièrement sur le mot "paix"... concept qui, avant de venir ici, paraissait si simple et atteignable à Arthur. Finalement, il semble que la paix soit quelque chose... bien plus complèxe et nuancé que ça. Que son sens peut être détourné ou même dévoyé, en effet, le Poète doit plaider coupable... au nom du Consulat... et du siens.
L'éclairage apporté à sa propre noirceur lui fait un peu peur, eut-il besoin d'allez à la Lumière pour le comprendre et que son innocence meurt.
« Touché. »
Sans transition, après un instant de suspend, il reprend son poème ainsi : "Et tout ça sinon l'égo, tout ça vaut bien de l'or !".
« La Générale n'est pas dupe et personne ne l'est parmis la garde. Ce n'est pas la paix que êtes venu négociez... vous êtes venu négociez de rester en retrait pendant qu'on s'entretue au court d'une guerre, une véritable guerre cette fois. Vous savez, de celle où il y a des morts, du sang, des horreurs et des années de souffrances ? »
« J'entends bien que ce que vous faites ici s'apparente plus à l'hôtellerie. Mais tout ça n'aurait-il pas pu être discuté avec vos dirigeants avant ? On ne m'a même pas demandé de mettre fin à ce traité ou de participer à l'effort de guerre. »
« La Générale vous a fait une proposition. »
Et cette proposition... Arthur n'oserait pas la faire... pourtant, ce que lui demande la Générale, c'est... tout ce à quoi il aspire au nom des muses. La Lumière n'est pas plus coupable de vouloir dominer l'univers que ne l'est la Shinra, la Coalition Noire... ou le Consulat. Sinon que la Lumière, à l'image de la Coalition Noire, le font avec une franchise peu commune. Une franchise rare.
« ...j'en déduis qu'elle est aussi mauvaise diplomate que moi ! »
La garde ne peut retenir un sourire, bref et furtif, avec même un début de pouffement de rire... très vite interrompu par une mine de nouveau hostile qui s'abat tel un couperet. Ce qui suffit Arthur à s'enchanter d'avoir, ne serait-ce qu'un peu, commencer à effeuiller l'armure.
« Je ne sais même pas pourquoi je vous parle. »
« Comme tout garde, vous vous ennuyez... et hormis une attaque de sans-cœur qui menace de mettre fin à votre jour, je suis une rare et agréable distraction. »
« Tout à fait. » Elle tourne les talons avec franc mépris, déjà sur le départ... et comme pour l'imiter, Arthur se remet en position pour l'entrainement, véloce comme un jaguar. « Vous êtes une distraction. »
A-t-elle niée que la distraction fut rare et agréable ?
« Une ! »
Je reviendrais fort, et beau aussi, pour mes Consuls qui s'activent encore aux Cités d'Ors !
Mer 9 Juin 2021 - 12:32D'un geste léger, ses doigts mobiles pour imbiber la pointe dorée dans le noir bleutée de l'encrier... et laisse l'outil s'en imprégner.
Vif à la tâche ; Arthur essuie le sang et fait l'encre s'écouler, sous sa peau, dans le sillon tracé. De l'ombre bleutée se mêle au sang jusqu'à l'effacer complètement, le dévorer pour le laisser avec une larme peinte à l'oeil. Le poète essuie le stylo à son poignet désormais et le dépose, délicatement, au pied de l'encrier avec une révérence quasiment religieuse.
Il semble au poète que grâce au sport, après être laissé ivre du feu de l'effort, une maitrise renouvelée envahis son corps.
En quelques jours, d'une si simple discipline, Arthur a une santé renouvelée ! Combien de temps cela lui prendrait de devenir un athlète ? Et d'atteindre les mêmes sommets que les surhommes qui pullulent de l'univers ? Lui qui relève les yeux, bien sérieux, se pose la question en voulant véritablement la réponse : combien de temps avant de pouvoir plier ses barreaux à mains nus ? Longtemps, très longtemps.
Et ce n'est peut-être ce chemin qui se destine à lui. Soudain, son air sérieux s'illumine du joie candide... une garde le regard et lui en retour voit bien, au travers de son casque, qu'elle est bien jolie !
Ce qui ne suffit pas à le faire relever mais, un peu moins solennel, le fait trépigner à l'idée de discuter.
« Salut ! » Serait-ce la première fois qu'il la voit ? A vrai dire, jusqu'ici, les gardes vont et viennent et se ressemblent fatalement, malgré ses efforts pour chercher à les distinguer. Ce n'est pas régulièrement qu'il s'arrête pour discuter et ainsi, dans le doute, un poète peu fier la salue en agitant une main en l'air. « Enchanté, moi c'est Arth- »
« Je sais qui vous êtes, Sir Rainbow. » Lui crache-t-elle, pas moins belle de cette froide fureur qui la laisse sur un départ immédiat. En cela, elle parait très semblable à sa générale.
« Vous pouvez m'appelez Arth- »
Le poète préfèrerait qu'elle reste ici à l'insulter, mille fois plutôt que de la voir s'en allez. Laissé avec un air peu satisfait, un soupir plus tard et on repart ; plus tard les tatouages, l'heure est à prendre de l'âge. En position, avec passion et maitrise comme au son du clairon, le pote resserre sa rouge toge pour poursuivre l'entrainement.
« Une ! » Déjà carmin comme rouge-gorge, il... il fait chaud, ces derniers temps, si ça peut excuser sa bien maigre prestation. Et on continue les pompes ! « Deux ! »
L'important, c'est de respirer... et ce peu de sagesse vient de Jetseteram, un noble guerrier peut-être capable de respirer.
« Trois ! »
Kimahri ne lui a jamais dit de respirer mais il parle si peu... probablement que ce fauve n'a pas le temps de parler tant il doit beaucoup respirer pour être si fort.
« Quatre ! »
Respirer est un invisible poème. Toujours autour de soit, respirer l’espace en un pur échange. Respirer l'air en contrepoids de l'effort où, rythmiquement, s’accomplit l'haleine des guerriers.
« Cinq. »
Respirer, c'est l'unique vague qui déploie la mer progressive ; plus économe de toutes les mers possibles ; en rêvant de pouvoir déployer mers furieuses et agressives.
« Six... »
Pour les siens, pour le Consulat... car parfois, les belles paroles ne suffiront pas... et même là, même lorsqu'aucun mot parlé ou écrit n'aura suffit, le Poète voudra prendre part au combat. Respirer pour être là... au dernier des derniers combats.
« Seeeeeee... » Comme le fut Genesis autrefois. « ...eeeeeeept ! »
Combien de ces lieux innombrables sont déjà en soit ? Maints vents, des zéphyrs aux tempêtes, sont comme nos fils. Respirer, c'est éduquer nos cieux intérieurs à grandir et à prendre place, jusqu'à se matérialiser en actions dont la beautée ne saurait être renié. Un peu comme un Jecht, lorsqu'il ramène glorieux ses princesses glorieuses ; sans force, dans de sombres cachots, s'eut resté de pauvres gueuses.
« Huuuuiiiiiii... » Que pense l'air ? Nous reconnait-il, encore plein de lieux où nous étions tantôt ? Lui qui fut et restera l’écorce lisse... « ...huit ! »
...la courbe et la feuille de nos actions ou de nos mots.
« Neuf et dix ! » Avant qu'enfin, il se laisse s'écrouler... devant bien avouer les deux dernières légèrement bâclés. Dans la cellule d'en face, le Docteur dort sur sa chaise en soufflant ridiculement... parfois, sans gêne, il ronfle carrément. Allongé sur le dos, son regard le voit à l'envers comme scotché à son fauteuil roulant, lui-même fixé au plafond.
Cette vision le fait sourire, semble bien résumer Halloween.
Lorsque... Septimus en massacra les habitants... ? Le poète n'a pu que fuir et se cacher, c'était il y a longtemps... mais un monde, déjà acquis à l'art, aurait échapper au Consulat et... pourquoi ? Parce qu'un blondinet, face à l'autre furieux, fut lâche et faible jusqu'au miséreux. D'un bond félin du chat qui se rêve jaguar, le poète reprend et se jure : ses bras lâcheront d'eux-mêmes, bien avant que sa volontée ne cède à la torture.
En position ! Et, dans le coeur, hurle mille clairons !
« Une ! » Les gens ont une idée si abstraite de la poésie qu'à leurs yeux ? La poésie elle-même devient l'art abstrait. « Deux ! » Pas du tout ! Ces gens sont fous ! Ils n'ont rien compris, c'est dit ! « Trois ! » La poésie, c'est précis, la précision du ressenti et des émotions. « Quatre ! » Que savez vous du nuage en lisant, de la science, sa composition ? Et du tonnerre, qu'en savez vous la rage par simple explication ? « Cinq ! »
Arthur s'arrête... loin d'abandonner... il savoure la torture et l'immobilisme, l'endure. Lorsqu'enfin, la vie du mouvement lui parait d'un si grand soulagement.
« Six. »
Le Consulat le sauvera... ou pas.
« Sept. »
Le Consulat le sauvera parce qu'ils savent, jusqu'à la plus cynique d'entre eux, qu'il donne tout pour eux et, chaque jour, s'acharne à leur prendre un peu moins.
« Huit. »
Ou pas, car, si on lui en laisse le temps, c'est cette furieuse allégeance qui fera que, de lui-même, il se sauvera.
« Neuf. »
Il n'est même pas en danger, si simplement enfermé et à bout de souffle, du magma dans les bras, si ce n'est pas le Consulat ? Les barreaux, entre ses doigts se tordront ou, face à des doigts polissions, les serrures cèderont.
« Dix. »
Ca prendra le temps que ça pendra, rien ne presse au poète dont le coeur est sûr et certain.
« Onze. »
Quand il n'y aura du espoir, quand la nuit sera la plus noir... le Consulat... pourra compter sur moi.
« Douze. »
Oui il pourra ! Car cet univers n'est pas comme il le doit... trop souvent il est trop froid.
« Treize. »
Heureusement qu'on est là... pour le comprendre, pour agir et pour entreprendre, tous là, à la force de nos p'tits bras.
« Quatorze. »
Alors je ferais... n'importe quoi... pour vous protégez et vous laissez refaire un monde digne de soit.
« Quinze. »
Ce fou croit en vous !
« Seize. »
Et face aux ombres qui s'approchent, je veux vous voir tenir bon. Et je serais là alors... ressentez tout ce que vous voulez... là où certains vous voudraient calme et emmurée dans des morales désuètes, là où certains vous voudrait enfermés dans un pragmatisme froid...
« Dix-sept. »
...soyez-fous, soyez-vous, soyez-là... croyez en vous comme moi j'y croit... soyez furieux, soyez heureux, soyez triste, soyez décidés, soyez révoltés, indignés, désespérés, choqués, hilares... soyez-en train de danser, de chanter... tout ce que vous voulez...
« Dix-huit. »
...sauf être apeuré !
« Dix-neuf... et... et... eeeeeeeet... vingt ! »
Depuis ma cellule, mes très aimés Consuls, je vous écris des poèmes... à l'encre de ma sueur et de mon sang !
Ainsi, le poète se remet en tailleur pour respirer si profondément, haletant, pris par une folle chaleur. Celle-ci le convainc de se mettre torse nue et dévoile, à la garde qui repasse, le poète qui reprend son stylo pour entamer quelques verres à même sa peau. De la même façon qu'il s'est tracé une larme en sillon.
« On peut vous donnez des feuilles, Sir. » Dit-elle alors, avec cette froideur qui aurait, pourquoi pas, un je-ne-sais-quoi capable d'interpeller le poète.
Ainsi lui répond-il, quoiqu'essoufflé, reconnaissant de pouvoir discuter.
« Merci... j'apprécie, de même que d'avoir un stylo. Il est vrai que je suis bien traité par ici. » Le sourire en coin, les yeux bas, en train de se scarifier à l'encre le bras. Et sans un soupir, il tâche de faire bonne figure à celle dont la beautée se dévoile même au travers de sa tenue armurée. L'on dit que lâs de les voir nu, tout le plaisir d'une femme vient de l'action de la déshabiller. De l'effeuiller. Quel plaisir peut-on retirer à mettre, à nu, une femme vêtu de métal ? Et d'une certaine façon, toutes les femmes apprêtés sont comme équipés de plastrons. Et c'est d'abattre tels défenses que nait de l'amour une certaine transe. « Et puisque vous connaissez mon nom, aurais-je l'honneur de connaitre le votre ? »
A vrai dire, parler d'honneur sans même la regarder, c'est un peu poussé mais Arthur reste tout entier concentré... et écrit, sur son avant-bras, "Memento Mori", en lettres hautement calligraphiés.
« Pour vous, ca sera Sergent. » Dit-elle, sèche et franche, sans partir comme elle fit juste avant, cependant. Le poète, lui, enchaine hasardeusement... comme on caresse un chat de peur qu'il ne s'ennui et reparte en courant dans la nuit. Quoiqu'ici, la gardienne aurait plutôt la discipline d'une noble chienne et, comme toute la Lumière, porte fière le collier à son cou. C'est une image, quoique, telle armure possède de nombreuses lanières.
« C'est un drôle de nom et, sans vouloir vexer personne, relativement commun. Puisque je parle à un grade... comment va Sergent ? »
« Sergent s'inquiète de vous voir vous scarifiez. C'est quoi l'idée ? Faire croire à tout le monde qu'on vous a torturé ? »
« Je m'embellissait bien avant d'atterrir ici... » L'écriture se poursuit ainsi, "Et très beau, j'en rit". « ...honnêtement, personne ne pensera que mon art puisse être de votre fait. »
« Moi qui pensait le Finkelstein excentrique et prétentieux... »
« La Lumière enferme tout ce qui sort de l'ordinaire ? » "Puisqu'ainsi, la vie" continue de s'écrire alors qu'Arthur se permet un sourire qui parait un muet rire. « Je veux dire... le Docteur Finkelstein fait naitre des monstres, oui... il pourrait très bien avoir peuplé la moitié de son monde à lui tout seul. »
« Si ces monstres sont dangereux, on ne peut pas le laisser faire. »
"M'embrasse et s'enfuit" achève-t-il d'écrire avec un soin particulier.
« Y a-t-il une seule personne à Halloween qui ne soit pas "dangereuse" ? Et moi alors, qui peut me trouver dangereux ? »
« Je n'aime pas votre façon d'insinuer que nous sommes les méchants de l'histoire. Finkelstein n'a aucune retenue dans ses expériences, c'est un savant fou qui se fiche bien des conséquences de ses actes ou de ses créations lorsqu'il joue au dieu. Pour le reste, c'est vous qui vous êtes permis de venir ici, dans l'irrespect le plus total alors que nous sommes en guerre... guerre que le Consulat a lui-même déclaré, au passage. »
Le poète lève les yeux, l'air de réfléchir... peut-être à ce que lui dit "Sergent"... ou, plus probablement, aux idioties qu'ils s'apprêtent à continuer d'écrire. Et sans interrompre sa réflèxion, visiblement ailleurs, il lui répond sans même la regarder.
« J'admet ne pas avoir été très... subtil... dans mon approche... l'Impératrice m'avait pourtant prévenu, à demi-mots, que ça ne mènerait pas loin d'agir en jouant comme le dernier des sots. » Ah ! Le Consul s'illumine soudain d'intérêt et se penche sur son torse pour y écrire un proverbe usé capable, peut-être, de l'inspirer : "Le Coeur a ses raisons que la Raison ignore". « Et je suis bien traité, comme le docteur, comme le reste des prisonniers pour ce que j'en ai vu. Que ce soit dit. »
"L'Esprit a ses avis que le vieil Instinct mord", s'écrit d'encres et de sangs entremêlés.
« Simplement, fin démon que je croyais ange, la demande d'une rançon ça... » Arthur interrompt soudain ses écrits pour afficher son avis le plus amer en la regardant avec une gêne sincère. « ...ca fait pas un peu mercenaire sur les bords ? »
Sans plus attendre, après avoir aperçu un instant de choc et de stupeur, Arthur retourne à son poème avec un petit air satisfait, comme suit, "Le Corps a ses efforts que Rêverie endort".
« Et faire massacrer les habitants d'Halloween par un détraqué, les bohémiens par un vieux juge fachiste, les opposants politiques par un clown psychopathe... ca fait pas peu Coalition Noire ? Avec eux aussi vous négociez la "paix", d'ailleurs... »
Elle insiste particulièrement sur le mot "paix"... concept qui, avant de venir ici, paraissait si simple et atteignable à Arthur. Finalement, il semble que la paix soit quelque chose... bien plus complèxe et nuancé que ça. Que son sens peut être détourné ou même dévoyé, en effet, le Poète doit plaider coupable... au nom du Consulat... et du siens.
L'éclairage apporté à sa propre noirceur lui fait un peu peur, eut-il besoin d'allez à la Lumière pour le comprendre et que son innocence meurt.
« Touché. »
Sans transition, après un instant de suspend, il reprend son poème ainsi : "Et tout ça sinon l'égo, tout ça vaut bien de l'or !".
« La Générale n'est pas dupe et personne ne l'est parmis la garde. Ce n'est pas la paix que êtes venu négociez... vous êtes venu négociez de rester en retrait pendant qu'on s'entretue au court d'une guerre, une véritable guerre cette fois. Vous savez, de celle où il y a des morts, du sang, des horreurs et des années de souffrances ? »
« J'entends bien que ce que vous faites ici s'apparente plus à l'hôtellerie. Mais tout ça n'aurait-il pas pu être discuté avec vos dirigeants avant ? On ne m'a même pas demandé de mettre fin à ce traité ou de participer à l'effort de guerre. »
« La Générale vous a fait une proposition. »
Et cette proposition... Arthur n'oserait pas la faire... pourtant, ce que lui demande la Générale, c'est... tout ce à quoi il aspire au nom des muses. La Lumière n'est pas plus coupable de vouloir dominer l'univers que ne l'est la Shinra, la Coalition Noire... ou le Consulat. Sinon que la Lumière, à l'image de la Coalition Noire, le font avec une franchise peu commune. Une franchise rare.
« ...j'en déduis qu'elle est aussi mauvaise diplomate que moi ! »
La garde ne peut retenir un sourire, bref et furtif, avec même un début de pouffement de rire... très vite interrompu par une mine de nouveau hostile qui s'abat tel un couperet. Ce qui suffit Arthur à s'enchanter d'avoir, ne serait-ce qu'un peu, commencer à effeuiller l'armure.
« Je ne sais même pas pourquoi je vous parle. »
« Comme tout garde, vous vous ennuyez... et hormis une attaque de sans-cœur qui menace de mettre fin à votre jour, je suis une rare et agréable distraction. »
« Tout à fait. » Elle tourne les talons avec franc mépris, déjà sur le départ... et comme pour l'imiter, Arthur se remet en position pour l'entrainement, véloce comme un jaguar. « Vous êtes une distraction. »
A-t-elle niée que la distraction fut rare et agréable ?
« Une ! »
Je reviendrais fort, et beau aussi, pour mes Consuls qui s'activent encore aux Cités d'Ors !