« Merde. » Et putain c’est pas un merde fâché, ça. Belle, Alice et Jasmine sont avec moi, et… franch’ment elles disent pas un mot non plus. On est tous là, à lever la tête. Franch’ment, c’est limite éblouissant. « Je… Je dois dire… » Belle s’arrête de parler.

Le truc fait bien… quatre mètres. C’est ultra mastoc, c’est… J’avoue que j’avais pas envie de v’nir. Faut comprendre un truc : Le battle royale, c’était un moment de merde pour moi. Genre attends. J’étais une légende, avant. Et j’parle pas y a trois ans. Y a quatre mois, j’étais une légende. Quand j’ai sauvé les princesses, tout l’monde pouvait fermer sa gueule pasque personne pouvait test. Genre la lumière, le sanctum, le consulat, personne avait jamais fait un truc aussi héroïque. Mais même en fait. Putain. En fait, là, j’voyais la statue et j’me rendais compte de tout. Y a tout qui s’éclairait, j’te dit, c’était genre un flash, une idée ! L’ampoule sur le crane et merde. En fait, j’faisais plus rien. J’étais littéralement à la retraite. Les Songes avaient pas besoin de moi sur les trucs musclés. Y avait pas… vraiment souvent b’soin d’faire des trucs musclés en fait. Puis euh… Chais pas. J’passais mes journées à la maison. J’étais à la r’traite. Là j’suis Jecht, le mec le plus costaud d’l’univers, qu’a vaincu la Coalition noire deux fois, qu’a pété le Sanctum et tenu au-dessus d’sa tête un énorme rocher pendant genre huit ans. Et j’fais plus rien.

Donc ouais, j’avais pas envie d’voir cette statue d’moi que le Consulat avait faite. Pasque… le Battle Royale m’avait juste flingué. J’avais passé vingt-huit jours à rien foutre. Non en vrai y a eu des moments sympas, pasque tu pouvais faire c’que tu voulais, personne allait t’empêcher de rien. Mais… bah y a rien eu d’plus. Genre là, t’as tous les jeunes… Putain mais t’as vu comment j’parle comme un musée ? Les jeunes ?...

Putain bon. Les cons, là. Les p’tites starlettes qu’ont commencé à s’la péter et tout, qu’ont géré leur mère au Battle Royale, qu’sont d’venus du jour au lend’main des gens connus mais… Putain et moi ? Genre j’étais au top avant. Alors voir ces putains d’nouveaux qui m’prennent ma place. Franch’ment ça m’faisait chier. Mais du coup j’régresse. Et ça je le vois.

Mais cette statue. Putain, toute blanche, immense. J’suis ultra balèze là-d’dans et tu croirais qu’j’ai quarante-cinq ans alors que c’est pas non plus exagéré genre… c’est blanc et j’suis barbu tu vois. Mais j’ai l’air moins vieux du coup ! Puis putain. On est dans une place. Pas le putain d’centre-ville mais une p’tite place avec des restos, des magasins, y a même un temple du Sanctum, et moi j’suis là, au centre, en blanc, et j’fais quatre mètres ! Même ma pose est trop cool ! Là, ma main gauche sur mon épaule droite, mon bras droit en train d’se dérouiller genre j’me prépare à la bagarre mais putain le style !

Jasmine s’est approchée du socle pour lire le… chais pas comment on appelle ça. L’écriteau ?
.« Alcamène a sculpté ça. C’est pour te remercier de nous avoir sauvées. »

« J’le kiffe, ce mec. Vous le connaissez ? »

« Pas vraiment. » répond Belle en croisant les bras, les sourcils froncés. « C’est très impressionnant. C’est grec si jamais tu.. « Non ça va, j’suis d’jà allé au Colisée d’l’Olympe, moi. J’ai pas vécu juste dans mes bouquins ! » J’ricane bruyamment. En vrai c’est bizarre de ouf qu’un mec du Colisée m’remercie pour un truc. Bon euh en vrai j’ai compris, c’est pas lui qui m’remercie, c’est lui qu’a fait ça pour le Consulat. Hey mais n’empêche. S’il a fait du si bon boulot, c’est pasque j’l’ai inspiré, tu m’f’ras pas dire le contraire.

Alice met sa main dans la mienne, genre chais pas. Comme si j’étais ému, comme si c’était un grand moment pour moi, tu vois. ‘Fin. Ouais c’est… En vrai peut-être ? Peut-être qu’c’est un peu… Non mais j’vais pas chialer non plus mais…


« Je la préférais détruite. » J’l’ai r’gardée. Elle s’est marrée avant d’s’éloigner d’moi de deux pas rapides pour pas qu’j’l’envoie tâter mes pec’s de marbre. « Putain pas moi. » Pire truc en fait. Faut bien s’dire qu’la statue a été faite avant le Battle Royale. Nickel, j’suis pas du genre à m’presser, ça fait trop l’mec pressé d’recevoir son diplôme. Et chuis trop cool pour recevoir un diplôme. Donc bim j’attends. Durant l’Battle Royale, comme tout était trop chiant et qu’j’avais rien d’mieux à faire que d’lire la presse papier… bah j’me suis motivé, chuis v’nu ici. Et euh… la place était détruite et j’ai genre pu voir une main d’marbre à terre et l’reste en miettes. Franch’ment j’étais bien énervé.

Bon putain. L’important c’est qu’cette statue, j’la r’gardais et elle m’faisait réfléchir. J’sais qu’j’suis pas Sora. J’sais qu’on parl’ra jamais d’moi en disant : Ah oui ! Le héros de la lumière ! Et j’dis pas qu’y a des gens qui doivent me r’mercier de c’que j’ai fait, pasque la vérité, j’ai surtout été un connard dans ma vie. Y a des fois où j’essaie d’faire des trucs bien. Putain j’suis sûr c’est horrible c’que j’vais dire mais là, j’étais récompensé pour un truc bien qu’j’avais fait. Et j’étais trop content. Ouais la statue était putain de ouf mais y a aussi… tu vois. Le côté… Bah. Non j’vais pas l’dire ou l’penser, c’est trop nunuche.

Putain on s’en fout. Le Sanctum m’avait juste craché au cul. Ils avaient pissé sur mes orteils, avant d’s’essuyer les mains sur mes vêt’ments. Puis ils avaient dit : Ouais euh… Restons-en là ! Qu’Etro mène ta route au firmament d’tes aïeux ou encore une d’ces phrases de moche. Non alors. Putain. Le Consulat. Ils avaient pas perdu d’princesse, si ? Pourtant, quand j’leur ai ram’né une troisième princesse de cœur dans l’club des neuf, là, ils étaient trop contents ! Et bim ! Une statue ! Putain rien qu’pour les r’mercier, j’devrais aller leur en chercher une quatrième ! Voilà ! Putain, c’est ça qui m’manquait ! Pas qu’on m’aime, pasque j’adore vivre avec les trois princesses, et elles m’aiment bien. Mais j’ai b’soin.. d’exister quand même. J’me sentirai jamais complet, jamais. Alors jusqu’à ce que j’aie le Kingdom Hearts, j’dois… bah j’dois essayer aut’chose. J’dois… exister. Faire des trucs. Essayer d’avoir des buts et… Fallait qu’j’me bouge. C’mec en marbre, là, qui surpassait tout l’monde… bah c’est un champion. Et fallait qu’j’lui r’ssemble !  


« Franch’ment. » J’regarde les filles. « On r’viendra. » Alice et Jasmine sourient. Belle réagit direct, sur du total différent. « On doit s’acheter des robes d’été, Jecht. On se rejoint à la maison ? »

« Euh… » Alice hoche la tête, limite elle fout déjà le camp et Jasmine me r’garde même plus. « Ouais chais pas comment j’dois l’prendre. J’vous fais chier ? »

« Non non. » répond Belle les sourcils froncés, t’sais.

« Ca ne t’intéresse pas, tout ça. » me dit Jasmine, genre sérieuse et tout. Je hausse les épaules. « Franch’ment vous r’garder essayer des robes légères, j’ai d’jà fait pire dans ma vie. »

« Oui et bien… peut-être qu’on n’a pas envie que tu nous regardes essayer des robes légères ? » Elle lâche un sourire. Genre euh… c’est la meuf qu’est habillée la plupart du temps à moitié à poil qui dit ça ? « Ok… ? »

Belle réagit genre… chais pas. Pour me rassurer, j’crois. « Non je crois que ce que veut dire Jasmine, c’est qu’on a envie de passer un petit moment entre filles. Crois-moi, tu regretterais d’être venu au lieu de rentrer à la maison. » Elle m’sourit et j’vois Alice qui lui sourit genre méga appuyé. Ouais euh… Franch’ment ça m’saoule de ouf.
Alors bon, bah j’ai décidé d’partir, écoute. È’voulaient pas d’moi pour les r’garder dans la cabine d’essayage, j’allais m’en r’mettre. Eh ben du coup j’les ai quittées genre sans dire un truc de plus et chuis allé vers l’quartier résidentiel. Pas plus énervé qu’déçu en fait. Mais en vrai allez. C’est sûr qu’y a des moments où j’dois les saouler à être tout l’temps dans leurs pattes. Putain mais on y r’vient quoi. J’suis Jecht. C’est moi qui les ai libérées toutes les trois ! Une putain d’légende ! J’les protégeais et tout, et j’avais quand même l’air d’un gros boulet. Putain fallait trop qu’j’me r’prenne en mains ! Ok là tout c’que j’fais, c’est un jogging tous les jours, et un entraîn’ment régulier avec Alice. Bon.

J’suis rentré chez moi, j’me suis dirigé vers l’salon. La chaîne locale d’l’Académie d’vait bien diffuser un truc un peu sympa genre d’la natation sync
« Coucou toi ! » « Ahhh ! » Putain ! J’me r’tourne vers une meuf super grande et super rose, à moitié en sursaut, à moitié en réflexe j’lève un poing et j’lui mets quasi dans la tronche avant d’me ret’nir. È me r’garde, genre immobile, un sourcil l’vé, debout dans mon salon.

« Nerveux ? »

« Bah c’t’à dire que t’es dans ma putain d’maison ! » Franch’ment j’ai pas l’impression d’être petit, genre pas du tout. Mais elle me surpasse de deux bonnes têtes. Après ça empêche pas qu’la meuf… « T’es Aphrodite c’est ça ? » Elle sourit. « Déesse de l’amour. » P’tit clin d’œil. Franch’ment. Je… J’sais même pas quoi dire ou quoi faire, j’la r’garde, genre j’essaie d’pas baisser mes yeux sur sa poitrine mais… « Ah bah te gêne pas. » [/color] Ouais en vrai j’y arrive pas du tout ! Putain mais…

« Tu… tu veux quoi ? »

« C’est… comme ça que tu accueilles la déesse qui veille sur ce monde ? » Elle s’approche de moi. Ouf. Elle est. Franch’ment son physique est spéc’, genre l’côté méga rose, brillant. Mais euh… ça m’dérange zéro. Puis euh on en r’parle deux s’condes d’la poitrine ? C’est la taille de mes pecs de marbre. « Et… je te reperds à nouveau ? »

« Ouais euh… ‘scuse-moi. C’est difficile de s’concentrer sur ma maison. »

« Ta maison ? » Elle lève un sourcil.

« Euh… non, me concentrer sur… » … Euh… « On parlait d’quoi déjà ? »

« Oula ! » Elle fait un mouv’ment des bras genre trop blasée. « Tu vis avec trois superbes jeunes femmes, tu as genre… trente mille ans, et tu perds tes mots seulement en te retrouvant devant l’unique déesse de l’amour ? » Elle soupire puis elle s’immobilise, t’sais. « Non, en fait, en y réfléchissant, ça a du sens ! » Elle me fait un sourire, me pousse en arrière d’une main. J’tombe mais… sur un matelas rose ultra rembourré qu’apparait d’nulle part, genre super grand. Elle s’allonge à côté de moi, genre trop détendue.

« Euh… » Oula. Putain. J’suis un ado là. J’ai l’impression d’être le même mec avec aucune expérience, alors que… bah j’suis un champion. « Woh, on fait quoi ? Et pourquoi on le fait ? »

« Ah t’es du genre causeur ? » Elle hoche la tête genre ça la dérange pas. « Le Consulat tient à te remercier pour tes services bénévoles. Après tout ça doit être difficile d’être hébergé gratuitement dans la maison de trois princesses. »

« C’est… » Je tousse. « J’crois qu’c’est plutôt pour l’moment où j’les ai sauvées, et qu’j’étais trop cool, qu’y veulent me r’mercier. »

« Fascinant ! » Elle sourit genre super mauvaise actrice, ça voit qu’ça la saoule. « C’est bon ? »

« Euh… P’têt’ tu peux m’expliquer pourquoi tu… le fais ? Genre… » Elle pose un index sur mon torse genre et elle l’effleure et tout. Et chais pas t’dire mais… bon ça fait longtemps, mais c’est très différent d’quand c’est une meuf normale. « Tu n’es pas immortel, contrairement à… » Elle hésite. « bah… moi, en fait. Et comme j’aime ton style, et que tu as attiré mon attention, je préfère en profiter maintenant plutôt que sur les rives du Styx. »

« Ah putain… » Alors chais pas à combien d’mecs elle a proposé ça mais… hé hé. Putain si y a encore un type qui doute du fait qu’j’suis l’meilleur, faudra qu’on lui raconte. « Trop cool. »

« Ouais, trop cool, je sais. Tes muscles, ta barbe, tes cicatrices. Tu plais aux Grecques. »

« Ah ouais ? » Putain la légende. Pourquoi quand j’vais au Colisée d’l’Olympe, j’vais voir des Perses ou faire des conn’ries au lieu d’emballer toutes les meufs vite fait majeures avec mon bête de style, ma barbe et mes muscles ? Putain tout c’temps j’étais dans l’ignorance !

« Et si tu veux un enfant qui a tes muscles, ma beauté, mon intelligence, mon sang divin et mon teint de peau… C’est… tentant, non ? »

« Ah… » Ouais bon. Ouais ? Putain chais pas. Ouais j’crois.
… Non ouais ! Carrément, en fait ! Tant pis si j’meurs, j’vais avoir un aut’gosse, et comment il s’ra trop bien !


« Bon. Du coup ? »

« Et… t’es pas mariée ? Genre à Apollon ?»

Elle soupire de la mort et laisse tomber sa tête en arrière. « Bon euh… Oui ? On va discuter longtemps ou on s’y met ? Non parce que cette aprèm, j’ai trois mariages après toi ! »

« Ouais mais attends ! » Je me lève et j’commence à donner des coups dans l’vide alors qu’elle reste couchée, genre limite morte d’ennui. « Faut qu’j’me prépare ! J’veux pas m’fâcher avec Apollon et tout moi ! »

« Mon homme c’est pas Apollon, c’est Héphaïstos. » qu’elle dit d’une voix blasée. « Tracasse, il regarde ailleurs. Bon allez. Avec mes super pouvoirs de déesse de l’amour, je peux clairement ressentir le fait que tu as un... » Elle montre un minuscule écart entre son index et son pouce. « minuscule blocage. » Elle s’redresse mais reste assise. « Je t’écoute. »

Tss. J’rigole bruyamment. Un blocage, putain c’qui faut pas entendre. « Non c’est juste… Chuis mal à l’aise, en fait. Parce que genre Hercules c’est ton frère ou chais pas quoi, et c’est moi qui l’ai battu et qui l’ai donné à Hadès. »

« C’est pas mon frère, c’est un lointain cousin. Ouvre un livre d’histoire, une fois dans ta vie, je t’en prie. » J’hausse les épaules. Putain j’ai l’sens d’la famille, sans doute, hein. Mais euh bon. Ca s’fait pas, j’vais pas… ‘Fin tu vois, j’vais pas emballer la cousine d’un mec qu’ma bande a détruit. « Mais j’avoue que… ça m’ennuie aussi. » Elle pose son menton sur sa main et réfléchit. J’la r’garde. Putain j’me déteste. J’vais laisser passer ça pasque j’suis un connard. « Ouais t’as raison, je vais avoir des problèmes avec Zeus, si je porte ton enfant. »

« Grave. » Connard. Connard. Connard. Je me déteste putain d’merde. « Par contre s’tu veux sauver ta réputation et dire à tout l’monde qu’on l’a fait et que genre… c’était tell’ment ouf qu’faut r’faire les fondations d’la maison parce qu’on a été au max… » Je hausse les épaules. « Ça m’dérange pas. »

Elle tape sur ses cuisses et se relève. Putain mais à ses pieds y a des fleurs et de l’herbe qu’ont poussé sur le parquet en fait ? A l’aise, faut pas s’gêner ! Faudra vraiment tout r’faire ! T’imagines les racines juste sous les lattes cirées ? Trop chiant ! « Non tu rigoles ? Quand je raconterai aux consuls que tu ne voulais pas insulter l’honneur d’Hercules en commettant un impair avec moi… Tu auras l’air terriblement chevaleresque. »

Je hoche la tête. Grave. J’aurai surtout l’air du plus gros couillon d’la galaxie. « Bon bah… »

« Bah écoute. Avec plaisir en tous cas. On se refait un petit badinage quand tu veux ! »

« Génial. » Et là elle disparait, mec. « Gé-nial. »