• Composition •
Je marchais dans les couloirs du vaisseau pour rejoindre la fleuriste qui avait récemment été engagée.
Je me demandais comment allait se passer cette journée, tout en espérant que la nouvelle recrue de la compagnie ne soit pas comme Claire, une des serveuses. Je n'avais absolument pas envie de me retrouver avec une personne arrogante.
Alors que je me dirigeais vers la pièce où attendait la personne que je devais retrouver, j'aperçus au fond du couloir quelqu'un que je n'avais pas spécialement envie de voir. Je fouillais du regard un endroit où me cacher pour pouvoir continuer mon chemin après qu'il soit passé.
J'ouvris la première porte sur ma droite et me retrouvais dans les toilettes des femmes, heureusement pour moi. J'attendis là quelques instants avant de rouvrir délicatement la porte pour voir si la voie était libre. C'était le cas, je repris donc ma route dans le plus grand des calmes.
Enfin arrivée à mon point de rendez-vous, j'ouvris la porte et me retrouvai face à une femme d'une bonne vingtaine d'années ou peut-être une trentaine.
Elle était grande, portait une tailleur gris sur lequel elle avait un tablier vert. Ses cheveux blonds étaient remontés dans un chignon banane. Elle avait les yeux noirs accentués par un maquillage de couleur pêche.
Elle me regarda fixement, elle me dévisageait comme je venait de le faire, puis elle pris les devants en se présentant.
« Je suis Chelsea ! La nouvelle fleuriste. Et vous êtes ? »
« Ahriana. »
Elle se contenta de sourire et me proposa de prendre place à côté d'elle pour pouvoir effectuer le travail pour lequel j'étais là aujourd'hui.
Chelsea poussa les quelques affaires sur le comptoir devant elle pour faire de la place dessus et y déposa un énorme classeur.
« Qu'est ce que c'est ? »
« Là dedans, vous trouverez tout ce dont vous désirez pour avoir le bouquet de fleurs de vos rêves. »
« Ho... Allons-y ! »
Elle ouvrit l'imposant classeur rempli de plusieurs feuilles décrivant des fleurs, leurs origines et de photos montrant l'évolution de la plante. À mes yeux, c'était une véritable encyclopédie. Peut-être que c'était ça, mais je n'y connaissais pas grand chose à ce métier.
« Dites moi tout. Quel genre de fleurs vous aimeriez ? »
« Heu... Et bien... Peut-être... En fait, je n'y connais pas grand chose. Désolée. »
« Ne vous excusez pas, je m'en suis doutée un peu en vous voyant hésiter. »
Elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Mais il valait mieux que je lui fasse confiance, c'était son métier.
« Pour quelle occasion vous désirez cette composition ? »
« En fait, la Shinra va bientôt inaugurer quelque chose. Et on aurait voulu avoir une énorme composition pour pouvoir attirer le regard des gens et ainsi, ça leur aurait permis de vouloir aller plus loin, découvrir plus... »
« Donc quelque chose de très coloré. »
Je hochai la tête et souriais. Elle connaissait vraiment son métier, elle allait pouvoir répondre à toutes les questions que je n'aurai pas à poser. C'était parfait.
Chelsea fouillait dans son classeur mais s'arrêta une nouvelle fois.
« Vous savez quand aura lieu cette inauguration ? »
« Pas vraiment, pourquoi ? »
« Si vous décidez de choisir des fleurs de saison, c'est pour savoir lesquelles on pourrait utiliser. »
« Je vois. Mais est-ce obligatoire ? »
« Non. C'était juste une suggestion. Il est même possible d'avoir des fleurs qui ne sont pas de saison, elles seront fraîches même si elles ne tiendront pas aussi longtemps que si elles étaient de saison... »
« Je comprends. Ça n'a pas l'air facile comme métier. »
« En réalité, depuis que je suis toute petite, j'ai toujours aimé les fleurs. En grandissant, je me suis dis que je pourrais en faire mon métier. »
« Vous avez eu raison. Vous allez l'air passionnée par ce que vous faites. »
« Merci ! »
La fleuriste fouilla de nouveau dans son classeur. Elle s'arrêta sur quelques pages, me montra différentes fleurs, puis de simples feuillages pour embellir la composition.
Au final, le rendu allait l'air magnifique. On avait opté pour différentes roses. Des blanches, quelques pivoines blanches et d'autres dans un camaïeu de roses. Une petite touches de marguerites avec leur feuillage et au final quelques brins de gypsophiles.
Je la remerciai pour le temps qu'elle avait accordé pour ma demande. Mais avant de partir, je me risquai à une dernière question.
« Si on veut demander pardon à quelqu'un, quelle fleur on peut offrir ? »
« Des roses, des gardénia, des lys, des orchidées. Sinon il y a également l’anémone, la jonquille, l’immortelle ou encore l’œillet. »
« Je vois... Beaucoup de choix encore... »
« Un problème ? »
« Récemment on m'a offert un cadeau et par un malheureux incident, ce présent a été dérobé et perdu... Volontairement. »
« Mais quel genre de personnes peut faire ça !? »
J'hésitai à lui répondre, je n'avais pas envie de passer pour une personne jalouse et encore moins rancunière. Mais me contentai de faire une petite moue pour lui faire comprendre ce que je pensais...
« Des fleurs ne vous seraient d'aucune utilité. Enfin surtout si la personne ne connait pas le langage des fleurs. »
« Qu'est ce que vous me conseillez ? »
« Dire la vérité. »
« Et continuer d'esquiver la personne, ce n'est pas une option possible ? »
« Ahriana. Fuir n'est pas la meilleure chose. Il vaut mieux parler. »
Je souris une nouvelle fois et sortis de la pièce et décidai de faire part de la composition choisi pour l'occasion.
Mais comme à l'aller, je tombais face à William qui m'avait remarqué cette fois. Et pour je ne sais quelle raison, je décidai de me cacher et entrai dans la première pièce qui était à ma portée. Je fis le moindre bruits possibles mais quelqu'un frappa à la porte.
« Ahri ? »
« C'est occupé ! »
« Occupé ? Tu es occupée à quoi ? »
« À ton avis ? »
« Justement, je me pose la question. Tu es dans un placard... »
Je tournais sur moi même et vis qu'effectivement, je ne pouvais pas être occupée à grand chose dans un lieu aussi petit.
« Heu... Je cherche... Un balai ! »
« Ahri. Sors, s'il te plait. »
Je grimaçais mais m'exécutais. De nouveau dans le couloir, William était là, devant moi, toujours aussi grand mais n'avait pas l'air en colère.
« Pourquoi tu me fuis ? »
« Je ne fuis pas ! »
« Tu peux la refaire sans trembler des genoux ? »
Lui aussi lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je n'arrivai vraiment à cacher mes émotions. C'était un défaut que j'avais. Mais je décidai d'être honnête et de suivre les conseils de Chelsea.
« J'avais peur que tu m'en veuilles. »
« De quoi ? »
« À propos du collier. »
Son regard dériva immédiatement vers mon cou où se trouvait le bijou il y a encore quelques temps.
« Qu'est ce qui s'est passé ? Il est cassé et tu l'as envoyé à réparer ? »
« J'aurai préféré. »
« Tu l'as offert à un sans abri d'Illusiopolis ? » (Dit-il en plaisantant.)
« Ça aussi j'aurai préféré... »
« Quoi !? »
« Non ! Ce n'est pas ce que je veux dire. Je... Je suis partis à Agrabah pour une mission, j'ai fais la connaissance de quelques pestes et... »
« Elles te l'ont volé ? »
« Pas seulement. Elles l'ont jeté, mais... Je n'ai pas réussi à le retrouver. Désolée ! »
« Viens par là. »
Sans répondre quoi que ce soit alors que j'avais la tête basse, je ne voulais pas lui faire fasse il me pris dans ses bras. Je me laissai faire, je ne savais pas trop comment réagir. Bien que je trouvais ça quelque peu étrange, je me sentais bien.
« Tu sais, ce n'était qu'un collier. Ce n'est pas grave ! »
« Mais tu l'avais fait personnalisé... »
« Et alors ? Ça ne change rien. Ça peut se refaire... »
« Il vaut mieux éviter... »
Il me relâcha en entendant mes paroles.
« Ça ne t'avait pas plu ? »
« Si ! J'avais adoré ! Mais j'ai peur qu'un autre puisse subir le même sort... »
« Si tu revois ces pétasses, utilises ton gummiphone. Et je serai là. »
Je souriais comme une gamine qui avait été réconfortée.
« Allez file immédiatement avant que je ne change d'avis. Sinon, je risque de te suivre tout le temps pour éviter qu'on ne t'embête. »
Je le remerciai et m'en allai pour terminer ce pourquoi j'étais restée dans le vaisseau-mère aujourd'hui.