Arrivées quelques instants plus tôt en ville, je sens qu’Odile s’agite. Elle tourne régulièrement la tête dans tous les sens.
-Qu’est-ce que tu as ?
Elle met quelques secondes avant de me répondre, manifestement trop concentrée sur son trouble.
-Rien, rien.
-Si, je le vois bien. Les hommes de Pavani ne nous ont certainement pas suivis jusqu’ici.
Elle me regarde alors, droit dans les yeux, comme si je venais de dire quelque chose de stupide.
-Je te rappelle que « nous », enfin non, que « je » suis connue ici.
Je pense à l’Odile humaine, celle qui nous a précédée, je ne connais que ce que j’ai bien voulu écouter de l’histoire de son simili mais…
-A quoi ressemblait-elle ?
-Je dirais… un mélange entre toi et moi.
Elle attrape une de mes mèches de cheveux et la fait tourner entre son indexe et son majeur.
-Evidemment.
Puis je réfléchis.
-De toute façon personne ne doit s’attendre à ce qu’elle soit aussi jeune. Et personne ne doit plus la chercher.
-Oui, tu as raison.
-Alors, allons-y.
Nous entrons à la guilde des architectes de la ville. Nous avons pensé que s’il y avait un projet de ce type dans les environs, quelqu’un ici serait forcément au courant. Nous nous présentons au comptoir où nous rencontrons un homme assez âgé et sinistre, écrire sur son pupitre.
-Bonjour.
-Que puis-je fais pour vous ?
-Nous… nous souhaiterions parler à une personne ayant une vision globale des projets d’urbanisme dans ce monde.
-Eh bien… Il y a Herbert, mais vous risquez de devoir patienter un certain temps avant d’être reçue. Il a souvent beaucoup à faire et peu de temps…
-Cela ira, nous attendrons.
-Vous n’avez qu’à vous mettre là, je vais le prévenir de votre visite.
L’homme disparait dans un escalier en bois de grande envergure, le contraire aurait été étonnant pour un tel lieu. Nous nous dirigeons dans un coin de pièce où sont installés un divan et des fauteuils autour d’une cheminée. C’est assez rustique mais chaleureux, plutôt cohérent avec l’atmosphère traditionnelle du monde.
Nous restons là, environ deux heures, à patienter, échangeant quelques banalités de temps à autre. Evidemment si nous avions été des personnalités plus importantes, le Président, à tout hasard, on ne nous aurait pas fait attendre aussi longtemps. Mais c’est ainsi.
Au bout de cette période, l’homme vint nous chercher en personne.
-Je vous en prie.
Il nous fait monter à l’étage, nous avons quelques instants une vision assez large sur les nombreux bureaux que comptent cette grande maison. Puis il nous fait entrer dans son bureau. C’est encore une fois, à l’image de ce monde, mais avec en prime de nombreuses maquettes déposées çà et là. En fait, là où il y a la place.
-Pardonnez-moi pour le désordre.
-Oh, vous verriez ma chambre.
L’homme sourit, c’est un homme d’une petite quarantaine d’années, assez soigné, avec un style assez artistique toutefois. Il s’accoude sur son bureau et croise les doigts devant nous.
-Donc, excusez-moi, je n’ai pas compris le motif de votre visite.
-Nous cherchons à en savoir plus sur un possible projet immobilier dans le voisinage.
-Lequel ?
-Nous n’avons qu’un nom et un concept, c’est assez peu mais…-Dites toujours.
-Le Bloody Key.
Nous scrutons sa réaction. Elle est assez décevante, il ne réagit pas ou à peine. Il semble attendre une suite ou… je ne sais pas.
-A ma connaissance, il n’y a rien à ce nom… Plutôt étrange, si je puis me permettre. Qui en serait le commanditaire ?
-Un certain Pavani, mais il peut aussi agir sous un autre nom j’imagine.
-Ca ne me dit rien.
Je me laisse aller et m’appuie sur le dossier. Quelle perte de temps.
-Je suis navré de vous décevoir. Et de quel type de projet s’agit-il ?
-Un club.
-Un club ?
Un architecte qui ne serait jamais sorti de son monde pour voir les autres merveilles ? Surprenant.
-Un genre de bar privé où on peut avoir certains services spécifiques.
-Ah, je vois… Eh bien.
Il se masse la nuque, manifestement gêné par cette évocation peu conventionnelle.
-Il se peut que le projet soit resté secret évidemment. Mais je me permets de vous demander pourquoi dans ce cas, ne serait-il pas en ville ? Il n’y a aucun projet actuellement assez grand en ville pour accueillir une telle affaire.
-Aucun ?
-Non, ça je le saurais. Et je ne vois pas ce que cela pourrait présenter comme intérêt à la campagne ou dans la forêt.
Nous étions bien d’accord sur ce point.
-En revanche…
-Oui ?
Une lueur d’espoir semble jaillir dans nos yeux.
-Ce nom ne m’est pas tout à fait inconnu. Je ne saurais dire où je l’ai vu mais ça a forcément rapport avec ce monde.
Odile hoche la tête, je me tourne vers elle.
-J’ai moi-même aussi cette impression, comme si cette clé ensanglantée m’évoquait quelque chose.
-Alors, je peux vous recommander la bibliothèque. Il y aura peut-être une trace de cette clé ou de quelque chose qui a trait à ce projet.
Quelques minutes plus tard, nous quittons la guilde, pas plus avancés mais avec une intuition croissante, ou tout du moins chez Odile. Nous marchons environ vingt minutes avant de trouver la bibliothèque. Elle se trouve dans une maison à la devanture en bois, elle est assez haute mais étroite également, à se demander comment ils peuvent stocker suffisamment d’ouvrages ici.
Nous nous présentons, ici aussi, à l’accueil.
-Bonjour, pourriez-vous nous indiquer le rayon des histoires de ce monde ?
Elle a l’air assez sûre d’elle.
-2ème étage, de H3 à H6.
-Merci.
Nous suivons les instructions et rejoignons les dits rayons. Ici, nous sommes très loin des centres de documentation de la Shinra, aseptisés. L’endroit sans le vieux livre et le cuir de bonne qualité. Une fine poussière vole dans les airs et s’aperçoit au travers les rayons du soleil.
Odile ouvre un livre et je la regarde faire.
-Qu’est-ce qu’on cherche ?
-Une histoire sombre.
Elle dit cela en feuilletant un livre, sans le quitter des yeux, passant les pages rapidement.
-Tu crois que toutes les histoires de ce monde sont répertoriées dans ces livres ?
-La plupart oui, les plus notables. La nôtre y est par exemple.
-La tienne. Pourquoi sombre ?
-Cette histoire de clé ensanglantée, ça me fait froid dans le dos. J’ai un pressentiment désagréable. Bon, allez, aide-moi.
Elle me tend un livre qu’elle pioche au hasard dans la bibliothèque. Je commence ma lecture en diagonal, me surprenant par moment à me perdre dans une histoire qui n’a aucun intérêt avec notre mission actuelle, plus par curiosité qu’autre chose.
Il y est question d’ours, de loups souvent, de femmes magnifiques, de tisseur d’or.
Nous passons ainsi plus de deux heures, à traverser les époques, les histoires, les livres plus ou moins anciens. Certains sont même totalement manuscrits.
-Attends !
Elle s’est pratiquement écriée, elle se fait houspiller par d’autres visiteurs. Elle se fait toute petite puis m’invite à approcher.
-Regarde ça : « L’Histoire de Barbe Bleue. »
-Qui est-ce ?
-Un homme…
Elle lit les lignes en même temps qu’elle me résume.
-Ou plutôt un monstre. Un jour il épousa une jeune femme, innocente, et lui donna accès à toutes ses richesses. Il vivait dans une très belle maison, un château sans doute, et il lui permit de visiter toutes les pièces sauf une. Il lui donna cependant le trousseau qui donnait accès à toutes les pièces. La jeune femme, trop curieuse…
-Je sens venir la chute.
-Attendit qu’il s’en allât un jour, pour visiter cette pièce.
-Mais quelle idiote.
-Je dirais plutôt qu’il avait fait en sorte que cela arrive. En lui interdisant ainsi l’accès et en lui donnant toutefois la méthode d’y parvenir.
-Et qu’y avait-il dans cette pièce ?
-Tous les corps de ses précédentes femmes.
-Ah.
-Et c’est là que la clé entre en scène. Elle la fait tomber dans une marre de sang. Une preuve de sa visite. Son mari le découvre… justement et…
-Et ?
Elle lit rapidement les dernières lignes.
-La suite n’a pas d’importance, en vérité.
-Ah bon ?
-Non, elle dit seulement comment la fille s’en sortit finalement, aidée par ses frères. Et si, c’était cela, le rapport avec ce monde. Le concept, et non le lieu. Je suis pratiquement sûre que ce projet n’est pas destiné à être installé ici mais plutôt… inspiré de ce conte.
-Mais pourquoi, quel serait le lien ?
Odile reste silencieuse quelques instants puis baisse encore d’un temps.
-On parle d’un homme qui collectionnait les femmes, s’en servait comme objet, les manipulait jusqu’à ce qu’elles commettent l’irréparable en se rendant… dans ce lieu interdit. Puis il les tuait.
-Tu veux dire que Pavani préparerait un projet aussi… risqué, d’un point de vue légal…? On parle quand même de torture, de meurtre, et dieu sait quoi d’autre.
-J’en sais rien, mais tout est possible.
-Si c’est ça, c’est énorme. Un truc pareil, si on arrive à le démontrer… La réputation de Pavani est fichue.
-Remontre-moi ton gummiphone.
Je lui tends les photos du dossier en question.
-Et si ces cellules étaient destinées à détenir des femmes et des hommes détenus contre leur gré, torturés, et…
Elle reste silencieuse.
-Enfin, tu vois ce que je veux dire.
-L’homme serait alors encore plus tordu que ce à quoi je m’attends de la part du genre humain.
-Mais dis-toi bien que… qu’il y a toujours un public pour ce genre de perversion, en particulier chez les riches.
-J’ai effectivement peu de mal à le croire.
-Maintenant, ce que je me demande c’est…
-Quoi ?
-Comment je vais pouvoir retourner travailler pour lui demain, sachant cela.
Nous nous fixons mutuellement, interdites. C’est vrai que vu sous cet angle… Pavani devient un homme non seulement puissant et manipulateur, mais probablement à moitié fou et dangereux avec cela.
-Qu’est-ce que tu as ?
Elle met quelques secondes avant de me répondre, manifestement trop concentrée sur son trouble.
-Rien, rien.
-Si, je le vois bien. Les hommes de Pavani ne nous ont certainement pas suivis jusqu’ici.
Elle me regarde alors, droit dans les yeux, comme si je venais de dire quelque chose de stupide.
-Je te rappelle que « nous », enfin non, que « je » suis connue ici.
Je pense à l’Odile humaine, celle qui nous a précédée, je ne connais que ce que j’ai bien voulu écouter de l’histoire de son simili mais…
-A quoi ressemblait-elle ?
-Je dirais… un mélange entre toi et moi.
Elle attrape une de mes mèches de cheveux et la fait tourner entre son indexe et son majeur.
-Evidemment.
Puis je réfléchis.
-De toute façon personne ne doit s’attendre à ce qu’elle soit aussi jeune. Et personne ne doit plus la chercher.
-Oui, tu as raison.
-Alors, allons-y.
Nous entrons à la guilde des architectes de la ville. Nous avons pensé que s’il y avait un projet de ce type dans les environs, quelqu’un ici serait forcément au courant. Nous nous présentons au comptoir où nous rencontrons un homme assez âgé et sinistre, écrire sur son pupitre.
-Bonjour.
-Que puis-je fais pour vous ?
-Nous… nous souhaiterions parler à une personne ayant une vision globale des projets d’urbanisme dans ce monde.
-Eh bien… Il y a Herbert, mais vous risquez de devoir patienter un certain temps avant d’être reçue. Il a souvent beaucoup à faire et peu de temps…
-Cela ira, nous attendrons.
-Vous n’avez qu’à vous mettre là, je vais le prévenir de votre visite.
L’homme disparait dans un escalier en bois de grande envergure, le contraire aurait été étonnant pour un tel lieu. Nous nous dirigeons dans un coin de pièce où sont installés un divan et des fauteuils autour d’une cheminée. C’est assez rustique mais chaleureux, plutôt cohérent avec l’atmosphère traditionnelle du monde.
Nous restons là, environ deux heures, à patienter, échangeant quelques banalités de temps à autre. Evidemment si nous avions été des personnalités plus importantes, le Président, à tout hasard, on ne nous aurait pas fait attendre aussi longtemps. Mais c’est ainsi.
Au bout de cette période, l’homme vint nous chercher en personne.
-Je vous en prie.
Il nous fait monter à l’étage, nous avons quelques instants une vision assez large sur les nombreux bureaux que comptent cette grande maison. Puis il nous fait entrer dans son bureau. C’est encore une fois, à l’image de ce monde, mais avec en prime de nombreuses maquettes déposées çà et là. En fait, là où il y a la place.
-Pardonnez-moi pour le désordre.
-Oh, vous verriez ma chambre.
L’homme sourit, c’est un homme d’une petite quarantaine d’années, assez soigné, avec un style assez artistique toutefois. Il s’accoude sur son bureau et croise les doigts devant nous.
-Donc, excusez-moi, je n’ai pas compris le motif de votre visite.
-Nous cherchons à en savoir plus sur un possible projet immobilier dans le voisinage.
-Lequel ?
-Nous n’avons qu’un nom et un concept, c’est assez peu mais…-Dites toujours.
-Le Bloody Key.
Nous scrutons sa réaction. Elle est assez décevante, il ne réagit pas ou à peine. Il semble attendre une suite ou… je ne sais pas.
-A ma connaissance, il n’y a rien à ce nom… Plutôt étrange, si je puis me permettre. Qui en serait le commanditaire ?
-Un certain Pavani, mais il peut aussi agir sous un autre nom j’imagine.
-Ca ne me dit rien.
Je me laisse aller et m’appuie sur le dossier. Quelle perte de temps.
-Je suis navré de vous décevoir. Et de quel type de projet s’agit-il ?
-Un club.
-Un club ?
Un architecte qui ne serait jamais sorti de son monde pour voir les autres merveilles ? Surprenant.
-Un genre de bar privé où on peut avoir certains services spécifiques.
-Ah, je vois… Eh bien.
Il se masse la nuque, manifestement gêné par cette évocation peu conventionnelle.
-Il se peut que le projet soit resté secret évidemment. Mais je me permets de vous demander pourquoi dans ce cas, ne serait-il pas en ville ? Il n’y a aucun projet actuellement assez grand en ville pour accueillir une telle affaire.
-Aucun ?
-Non, ça je le saurais. Et je ne vois pas ce que cela pourrait présenter comme intérêt à la campagne ou dans la forêt.
Nous étions bien d’accord sur ce point.
-En revanche…
-Oui ?
Une lueur d’espoir semble jaillir dans nos yeux.
-Ce nom ne m’est pas tout à fait inconnu. Je ne saurais dire où je l’ai vu mais ça a forcément rapport avec ce monde.
Odile hoche la tête, je me tourne vers elle.
-J’ai moi-même aussi cette impression, comme si cette clé ensanglantée m’évoquait quelque chose.
-Alors, je peux vous recommander la bibliothèque. Il y aura peut-être une trace de cette clé ou de quelque chose qui a trait à ce projet.
Quelques minutes plus tard, nous quittons la guilde, pas plus avancés mais avec une intuition croissante, ou tout du moins chez Odile. Nous marchons environ vingt minutes avant de trouver la bibliothèque. Elle se trouve dans une maison à la devanture en bois, elle est assez haute mais étroite également, à se demander comment ils peuvent stocker suffisamment d’ouvrages ici.
Nous nous présentons, ici aussi, à l’accueil.
-Bonjour, pourriez-vous nous indiquer le rayon des histoires de ce monde ?
Elle a l’air assez sûre d’elle.
-2ème étage, de H3 à H6.
-Merci.
Nous suivons les instructions et rejoignons les dits rayons. Ici, nous sommes très loin des centres de documentation de la Shinra, aseptisés. L’endroit sans le vieux livre et le cuir de bonne qualité. Une fine poussière vole dans les airs et s’aperçoit au travers les rayons du soleil.
Odile ouvre un livre et je la regarde faire.
-Qu’est-ce qu’on cherche ?
-Une histoire sombre.
Elle dit cela en feuilletant un livre, sans le quitter des yeux, passant les pages rapidement.
-Tu crois que toutes les histoires de ce monde sont répertoriées dans ces livres ?
-La plupart oui, les plus notables. La nôtre y est par exemple.
-La tienne. Pourquoi sombre ?
-Cette histoire de clé ensanglantée, ça me fait froid dans le dos. J’ai un pressentiment désagréable. Bon, allez, aide-moi.
Elle me tend un livre qu’elle pioche au hasard dans la bibliothèque. Je commence ma lecture en diagonal, me surprenant par moment à me perdre dans une histoire qui n’a aucun intérêt avec notre mission actuelle, plus par curiosité qu’autre chose.
Il y est question d’ours, de loups souvent, de femmes magnifiques, de tisseur d’or.
Nous passons ainsi plus de deux heures, à traverser les époques, les histoires, les livres plus ou moins anciens. Certains sont même totalement manuscrits.
-Attends !
Elle s’est pratiquement écriée, elle se fait houspiller par d’autres visiteurs. Elle se fait toute petite puis m’invite à approcher.
-Regarde ça : « L’Histoire de Barbe Bleue. »
-Qui est-ce ?
-Un homme…
Elle lit les lignes en même temps qu’elle me résume.
-Ou plutôt un monstre. Un jour il épousa une jeune femme, innocente, et lui donna accès à toutes ses richesses. Il vivait dans une très belle maison, un château sans doute, et il lui permit de visiter toutes les pièces sauf une. Il lui donna cependant le trousseau qui donnait accès à toutes les pièces. La jeune femme, trop curieuse…
-Je sens venir la chute.
-Attendit qu’il s’en allât un jour, pour visiter cette pièce.
-Mais quelle idiote.
-Je dirais plutôt qu’il avait fait en sorte que cela arrive. En lui interdisant ainsi l’accès et en lui donnant toutefois la méthode d’y parvenir.
-Et qu’y avait-il dans cette pièce ?
-Tous les corps de ses précédentes femmes.
-Ah.
-Et c’est là que la clé entre en scène. Elle la fait tomber dans une marre de sang. Une preuve de sa visite. Son mari le découvre… justement et…
-Et ?
Elle lit rapidement les dernières lignes.
-La suite n’a pas d’importance, en vérité.
-Ah bon ?
-Non, elle dit seulement comment la fille s’en sortit finalement, aidée par ses frères. Et si, c’était cela, le rapport avec ce monde. Le concept, et non le lieu. Je suis pratiquement sûre que ce projet n’est pas destiné à être installé ici mais plutôt… inspiré de ce conte.
-Mais pourquoi, quel serait le lien ?
Odile reste silencieuse quelques instants puis baisse encore d’un temps.
-On parle d’un homme qui collectionnait les femmes, s’en servait comme objet, les manipulait jusqu’à ce qu’elles commettent l’irréparable en se rendant… dans ce lieu interdit. Puis il les tuait.
-Tu veux dire que Pavani préparerait un projet aussi… risqué, d’un point de vue légal…? On parle quand même de torture, de meurtre, et dieu sait quoi d’autre.
-J’en sais rien, mais tout est possible.
-Si c’est ça, c’est énorme. Un truc pareil, si on arrive à le démontrer… La réputation de Pavani est fichue.
-Remontre-moi ton gummiphone.
Je lui tends les photos du dossier en question.
-Et si ces cellules étaient destinées à détenir des femmes et des hommes détenus contre leur gré, torturés, et…
Elle reste silencieuse.
-Enfin, tu vois ce que je veux dire.
-L’homme serait alors encore plus tordu que ce à quoi je m’attends de la part du genre humain.
-Mais dis-toi bien que… qu’il y a toujours un public pour ce genre de perversion, en particulier chez les riches.
-J’ai effectivement peu de mal à le croire.
-Maintenant, ce que je me demande c’est…
-Quoi ?
-Comment je vais pouvoir retourner travailler pour lui demain, sachant cela.
Nous nous fixons mutuellement, interdites. C’est vrai que vu sous cet angle… Pavani devient un homme non seulement puissant et manipulateur, mais probablement à moitié fou et dangereux avec cela.