Dudulududu. Dudulududu.
Dududuuuu, dududu.
-…Nina ?
-Hmm…?
Je me retourne sous la couette, mes paupières sont… trop lourdes, mes jambes et mes bras, courbaturés.
Duduluudu.
-Nina !
-Quoi ?
-Ton gummi !
-Hein ? Ah.
J’ouvre les yeux, je le vois vibrer sur la table de chevet. Au bout d’un effort surhumain, je parviens à l’attraper et à l’éteindre. La voix d’Odile est encore faible et irrégulière.
-Il est… quelle heure ?
Me massant la paupière dans un geste circulaire, je m’assieds dans le lit, dégage les mèches de cheveux qui obstruent ma vision et regarde l’écran.
-6 heures…
Bon sang, j’ai dû dormir trois heures.
-Mais pourquoi si tôt ?
Elle grogne et se cache sous un coussin.
-Tu peux dormir toi, moi j’ai des choses à faire.
La pièce est soudain silencieuse. Odile ne bouge plus, son visage est simplement toujours caché, mais je l’entends respirer.
-Ca va aller ? Tu veux que je vienne ?
-Non, c’est préférable que j’y aille seule.
J’enfile rapidement un jean assez large et un simple tee shirt. Je veux être là avant que les femmes de ménage ne passent. La journée d’hier a été longue pour moi, elle s’est même étendue jusque tard dans la nuit, j’ai à peine pu me reposer, et je sais que cette journée va être probablement tout aussi éprouvante.
Je passe me rafraichir rapidement dans la salle de bain en faisant le moins de bruit possible pour ne pas éveiller le Président. En repassant devant la porte, je ne peux m’empêcher de vérifier machinalement si j’entends bien son coeur battre. Le rythme est lent, serein. Je rentre à nouveau dans notre chambre. Odile semble s’être rendormie dans le lit que nous partageons. Je fais apparaître un portail dans le mur.
-Tu y vas en portail ? Fais attention, économise tes forces, Nina.
-Je n’ai pas trop le choix, je ne veux pas qu’on me voie entrer alors que « je » ne suis pas sorti, en Hick. Bon… et si jamais le Président demande où je suis, dis-lui que je suis passée chercher le petit-déjeuner et du café.
-Ok.
-Enfin normalement, je n’en aurai pas pour trop longtemps.
La chambre disparait derrière moi pour laisser place à une autre chambre, plus grande, plus spacieuse, la chambre de Hick. Rapidement j’inspecte la scène du crime, à la recherche de taches de sang à effacer. Je vais chercher de quoi nettoyer dans la salle de bain, puis je me mets à genoux et éponge toutes les petites traces de sang que je trouve à terre et sur la cheminée en marbre. Evidemment, il y a toujours le problème du tapis, mais tant pis, je trouverai bien quelque chose à raconter à la réception en faisant mon check-out.
Environ un quart d’heure plus tard, après avoir défait le lit et chiffonné les draps, laisser couler l’eau et du savon dans la baignoire, je prends la forme de Hick. Je m’inspecte dans le miroir pour voir si tout y est. Les cheveux, la barbe, la tenue. Je m’entraîne à imiter ses expressions indifférentes. Puis je me parle un peu à moi-même pour voir si je maîtrise bien son intonation.
Ensuite, je rassemble ses affaires que je trouve un peu dans toute la chambre, dont son ordinateur. Je pense même un instant à le garder et à fouiller les informations qu’il détenait, mais ce serait risqué qu’on puisse faire un lien avec moi en localisant la machine, s’ils en sont capables. Je ne préfère pas prendre de risque, on ne sait jamais. Puis, il ne faudrait pas que le Président ou un Turk tombe dessus.
J’attrape finalement sa veste, dans laquelle se trouve son portefeuille et son gummiphone, et je tire sa valise à roulette en prenant une démarche d’homme de soixante ans. Quand j’arrive à la réception, je remarque l’heure, il est six heures trente. J’ai été raisonnablement rapide.
-Bonjour, je souhaiterais régler ma note.
La réceptionniste m’accueille avec un grand sourire.
-Monsieur Hick. Bonjour ! Avez-vous passé un bon séjour ici ?
-Comme toujours, Mademoiselle.
Je souris, mais sans plus. Je ne pense pas que Hick soit un homme particulièrement chaleureux.
-Vous ne souhaitiez pas prendre votre petit-déjeuner ?
-J’ai un empêchement, je suis un peu pressé. Si Monsieur Pavani vous interroge, vous lui direz que je suis désolé.
La jeune femme hoche la tête tout en fixant son écran.
-Il n’y a rien à régler Monsieur, la suite est à la charge de votre hôte, comme d’habitude.
-Ah. Très bien. Vous lui direz merci de ma part.
-Bien entendu.
-Et…
Elle lève les yeux vers moi, ou plutôt vers ce vieil homme qui hésite à lui faire une remarque étrange.
-Vous remarquerez peut-être que… qu’il manque quelque chose dans la suite que j’ai occupée.
-Quelque chose, monsieur ?
-Oui, eh bien… c’est un peu gênant… un… tapis ? Je ne sais pas trop comment vous l’expliquer mais…
La jeune employée connait déjà parfaitement son travail, elle ne fronce pas les sourcils réagit à peine, elle sait que Hick est un invité de marque et qu’il ne faut certainement pas le contrarier pour des affaires banales… aussi bizarre cela puisse paraître. Après tout, avec les riches, on ne sait jamais. C’est sans doute ce qui doit se passer dans sa tête à cet instant.
-Il sera remplacé, Monsieur, ne vous inquiétez pas pour ces choses insignifiantes.
-Très bien, merci pour votre discrétion. Dans ce cas, je vous laisse et m’en vais.
-Dois-je faire appeler un taxi ?
-Volontiers.
Il serait curieux qu’un homme comme lui se déplace à pied.Non, je dois jouer le jeu jusqu’au bout. Quelques minutes plus tard, je grimpe dans un taxi que je dirige vers la station Shinra la plus proche. De temps à autre j’inspecte les rétroviseurs pour voir si nous ne sommes pas suivis. Arrivé à la station Shinra, je me dirige vers les toilettes. L’avantage c’est que puisque mon employeur est la personne qui possède cette station, il y a assez peu de chance pour qu’il réponde aux questions de la Police de Costa ou de Pavani en lui fournissant des images de surveillance. J’entre dans les toilettes et fais apparaître un nouveau portail, le dernier de la journée je l’espère. J’entre dedans avec les affaires, ses bagages, son portefeuille, sa veste et son gummiphone. Ensuite, je jette l’ensemble dans les ténèbres pour tout faire disparaître, et je sors de l’autre côté dans une petite rue déserte non loin de la rue commerçante.
Je fais une halte à la boulangerie pour prendre quelques viennoiseries, puis dans un café qui vend de grands cafés à emporter dans des gobelets en carton vert. J’en prends trois. Je ne suis pas cliente habituellement mais cela m’aidera peut-être à tenir le coup aujourd’hui.
Arrivée à la maison, je frappe à la porte. Odile vient rapidement m’ouvrir, elle est en débardeur et en short blanc. Elle n’a pas l’air encore tout à fait réveillée.
-Tu n’es pas encore habillée ?
Je vérifie à nouveau l’heure, sept heures et quart.
-Non.
-Et le Président ?
-Je crois qu’il prend sa douche en haut.
Nous levons toutes les deux les yeux vers le haut des escaliers dans un silence religieux, puis nous croisons le regard l’une de l’autre.
-Qu’est-ce que c’est ? Oh, tu as pris à manger et à boire !
Elle s’extasie définitivement pour assez peu. Je dépose le tout sur la table de la salle à manger.
-J’aimerais partir assez tôt, Odile.
-D’accord, laisse moi le temps de manger et de me laver, et je suis à toi.
Dududuuuu, dududu.
-…Nina ?
-Hmm…?
Je me retourne sous la couette, mes paupières sont… trop lourdes, mes jambes et mes bras, courbaturés.
Duduluudu.
-Nina !
-Quoi ?
-Ton gummi !
-Hein ? Ah.
J’ouvre les yeux, je le vois vibrer sur la table de chevet. Au bout d’un effort surhumain, je parviens à l’attraper et à l’éteindre. La voix d’Odile est encore faible et irrégulière.
-Il est… quelle heure ?
Me massant la paupière dans un geste circulaire, je m’assieds dans le lit, dégage les mèches de cheveux qui obstruent ma vision et regarde l’écran.
-6 heures…
Bon sang, j’ai dû dormir trois heures.
-Mais pourquoi si tôt ?
Elle grogne et se cache sous un coussin.
-Tu peux dormir toi, moi j’ai des choses à faire.
La pièce est soudain silencieuse. Odile ne bouge plus, son visage est simplement toujours caché, mais je l’entends respirer.
-Ca va aller ? Tu veux que je vienne ?
-Non, c’est préférable que j’y aille seule.
J’enfile rapidement un jean assez large et un simple tee shirt. Je veux être là avant que les femmes de ménage ne passent. La journée d’hier a été longue pour moi, elle s’est même étendue jusque tard dans la nuit, j’ai à peine pu me reposer, et je sais que cette journée va être probablement tout aussi éprouvante.
Je passe me rafraichir rapidement dans la salle de bain en faisant le moins de bruit possible pour ne pas éveiller le Président. En repassant devant la porte, je ne peux m’empêcher de vérifier machinalement si j’entends bien son coeur battre. Le rythme est lent, serein. Je rentre à nouveau dans notre chambre. Odile semble s’être rendormie dans le lit que nous partageons. Je fais apparaître un portail dans le mur.
-Tu y vas en portail ? Fais attention, économise tes forces, Nina.
-Je n’ai pas trop le choix, je ne veux pas qu’on me voie entrer alors que « je » ne suis pas sorti, en Hick. Bon… et si jamais le Président demande où je suis, dis-lui que je suis passée chercher le petit-déjeuner et du café.
-Ok.
-Enfin normalement, je n’en aurai pas pour trop longtemps.
La chambre disparait derrière moi pour laisser place à une autre chambre, plus grande, plus spacieuse, la chambre de Hick. Rapidement j’inspecte la scène du crime, à la recherche de taches de sang à effacer. Je vais chercher de quoi nettoyer dans la salle de bain, puis je me mets à genoux et éponge toutes les petites traces de sang que je trouve à terre et sur la cheminée en marbre. Evidemment, il y a toujours le problème du tapis, mais tant pis, je trouverai bien quelque chose à raconter à la réception en faisant mon check-out.
Environ un quart d’heure plus tard, après avoir défait le lit et chiffonné les draps, laisser couler l’eau et du savon dans la baignoire, je prends la forme de Hick. Je m’inspecte dans le miroir pour voir si tout y est. Les cheveux, la barbe, la tenue. Je m’entraîne à imiter ses expressions indifférentes. Puis je me parle un peu à moi-même pour voir si je maîtrise bien son intonation.
Ensuite, je rassemble ses affaires que je trouve un peu dans toute la chambre, dont son ordinateur. Je pense même un instant à le garder et à fouiller les informations qu’il détenait, mais ce serait risqué qu’on puisse faire un lien avec moi en localisant la machine, s’ils en sont capables. Je ne préfère pas prendre de risque, on ne sait jamais. Puis, il ne faudrait pas que le Président ou un Turk tombe dessus.
J’attrape finalement sa veste, dans laquelle se trouve son portefeuille et son gummiphone, et je tire sa valise à roulette en prenant une démarche d’homme de soixante ans. Quand j’arrive à la réception, je remarque l’heure, il est six heures trente. J’ai été raisonnablement rapide.
-Bonjour, je souhaiterais régler ma note.
La réceptionniste m’accueille avec un grand sourire.
-Monsieur Hick. Bonjour ! Avez-vous passé un bon séjour ici ?
-Comme toujours, Mademoiselle.
Je souris, mais sans plus. Je ne pense pas que Hick soit un homme particulièrement chaleureux.
-Vous ne souhaitiez pas prendre votre petit-déjeuner ?
-J’ai un empêchement, je suis un peu pressé. Si Monsieur Pavani vous interroge, vous lui direz que je suis désolé.
La jeune femme hoche la tête tout en fixant son écran.
-Il n’y a rien à régler Monsieur, la suite est à la charge de votre hôte, comme d’habitude.
-Ah. Très bien. Vous lui direz merci de ma part.
-Bien entendu.
-Et…
Elle lève les yeux vers moi, ou plutôt vers ce vieil homme qui hésite à lui faire une remarque étrange.
-Vous remarquerez peut-être que… qu’il manque quelque chose dans la suite que j’ai occupée.
-Quelque chose, monsieur ?
-Oui, eh bien… c’est un peu gênant… un… tapis ? Je ne sais pas trop comment vous l’expliquer mais…
La jeune employée connait déjà parfaitement son travail, elle ne fronce pas les sourcils réagit à peine, elle sait que Hick est un invité de marque et qu’il ne faut certainement pas le contrarier pour des affaires banales… aussi bizarre cela puisse paraître. Après tout, avec les riches, on ne sait jamais. C’est sans doute ce qui doit se passer dans sa tête à cet instant.
-Il sera remplacé, Monsieur, ne vous inquiétez pas pour ces choses insignifiantes.
-Très bien, merci pour votre discrétion. Dans ce cas, je vous laisse et m’en vais.
-Dois-je faire appeler un taxi ?
-Volontiers.
Il serait curieux qu’un homme comme lui se déplace à pied.Non, je dois jouer le jeu jusqu’au bout. Quelques minutes plus tard, je grimpe dans un taxi que je dirige vers la station Shinra la plus proche. De temps à autre j’inspecte les rétroviseurs pour voir si nous ne sommes pas suivis. Arrivé à la station Shinra, je me dirige vers les toilettes. L’avantage c’est que puisque mon employeur est la personne qui possède cette station, il y a assez peu de chance pour qu’il réponde aux questions de la Police de Costa ou de Pavani en lui fournissant des images de surveillance. J’entre dans les toilettes et fais apparaître un nouveau portail, le dernier de la journée je l’espère. J’entre dedans avec les affaires, ses bagages, son portefeuille, sa veste et son gummiphone. Ensuite, je jette l’ensemble dans les ténèbres pour tout faire disparaître, et je sors de l’autre côté dans une petite rue déserte non loin de la rue commerçante.
Je fais une halte à la boulangerie pour prendre quelques viennoiseries, puis dans un café qui vend de grands cafés à emporter dans des gobelets en carton vert. J’en prends trois. Je ne suis pas cliente habituellement mais cela m’aidera peut-être à tenir le coup aujourd’hui.
Arrivée à la maison, je frappe à la porte. Odile vient rapidement m’ouvrir, elle est en débardeur et en short blanc. Elle n’a pas l’air encore tout à fait réveillée.
-Tu n’es pas encore habillée ?
Je vérifie à nouveau l’heure, sept heures et quart.
-Non.
-Et le Président ?
-Je crois qu’il prend sa douche en haut.
Nous levons toutes les deux les yeux vers le haut des escaliers dans un silence religieux, puis nous croisons le regard l’une de l’autre.
-Qu’est-ce que c’est ? Oh, tu as pris à manger et à boire !
Elle s’extasie définitivement pour assez peu. Je dépose le tout sur la table de la salle à manger.
-J’aimerais partir assez tôt, Odile.
-D’accord, laisse moi le temps de manger et de me laver, et je suis à toi.