En pleine réunion, mon gummiphone se mit à sonner. Je le sortis de ma poche et vis qu’il s’agissait d’Arad ; je remis l’appareil dans ma poche. La réunion que j’avais organisée était d’une importance relative, mais je détestais être interrompu dans mon travail. Je la rappellerais plus tard. Je m’excusais auprès de mes collaborateurs, avant de reprendre mes explications sur le travail de chaque chef de square. Quelques minutes après, ce fut au tour de Reno de venir m’interrompre, en ouvrant la porte sans même prendre le temps de frapper.
Monsieur, faut que je vous parle, là, maintenant.
Vous voyez bien que je suis occupé, qu'y-a-t-il ?
Non, mais… pas devant tout le monde, il m’indiqua le couloir d’un signe de tête.
Les Turks me connaissaient mieux que la plupart de mes autres employés. Le fait qu’il vienne me déranger, et qu’Arad ait tenté de me joindre quelques minutes auparavant faisait naître en moi un mauvais pressentiment. Je le rejoignis à l’éxtérieur, dans le couloir, et fermais la porte.
Je vous écoute, dis-je, la mine grave.
Vous voulez la version courte ou la version longue ?
Je veux la version où je comprends ce qu’il se passe, Reno.
Il détourna le regard une demi seconde avant d’entamer son récit. Il me le déballa d’une traite, comme s’il avait peur de réprimandes.
Scarlett est à l’hosto, apparemment c’est pas terrible, elle s’est faite enlever par deux mecs qui l’ont emmenés dans une voiture, Arad les a suivis, ils se sont plantés, la bagnole s’est retournée, ils sont morts, pas elle, mais pas loin.
Je fronçais les sourcils.
Enfin, pas loin. On en sait rien ça. Euh… ça s’trouve elle va s’en tirer hein. C’est pas des pinces les infirmiers de Costa.
Je passai ma main sur mon visage, un geste inutile pourtant. Je portais mon index jusque sous mon nez et commençais à réfléchir.
Pourquoi l'ont-elle enlevée ?
D’après Arad, ils voulaient même pas de rançon. Elle pense que c’était pour vous atteindre vous, en particulier.
Il est vrai que notre relation n’avait été secrète que deux semaines, tout au plus, et que dans un esprit malintentionné, elle était l’une des meilleurs façons de m’atteindre. Pour autant, je ne perdis pas mon calme, et je lui donnais ses directives.
Je ne peux pas annuler cette réunion, vous allez devoir y aller à ma place. Vous prenez Rude et Elena avec vous…
… euh, Elena est pas dispo. Elle est sur un truc avec Veld.
Bon eh bien, prenez Rude avec vous, ainsi que Juget et Ruluf. Vous rejoignez Arad à Costa, vous l’interrogez, et vous me postez les deux autres à la porte de sa chambre. Vous leur faites vérifier les badges des infirmiers à chaque entrée et sortie de la chambre.
Okay, c’est bien reçu. J’y vais maintenant ?
Non, vous attendez bien la semaine prochaine, pour être sûr que l’organisation derrière tout ça mette bien les voiles, surtout.
Euh… ouais… C’était probablement con.
Il va pour tourner les talons, je le rattrape par le bras.
Vous faites votre enquête, auprès des témoins, des infirmiers, je veux un rapport détaillé. Et surveillez Arad aussi. Loin de moi l’idée de lancer de fausses accusations, mais ce serait une sacrée coïncidence que tout cela arrive le jour où elle est chargée de sa sécurité. Si vous avez du nouveau, je vous rejoindrais ce soir, après le travail. Dans tout les cas, ne tentez rien de frontal pour le moment. Oh, et si vous êtes amenés à dormir là-bas, utilisez ma suite.
Il sembla surpris. Je lui lâchais le bras, il hocha la tête et disparut dans les couloirs, le gummiphone collé à son oreille. J’expirai un bon coup avant de me retourner et de pousser la porte de la salle de réunion.
Ven 19 Mar 2021 - 21:39Monsieur, faut que je vous parle, là, maintenant.
Vous voyez bien que je suis occupé, qu'y-a-t-il ?
Non, mais… pas devant tout le monde, il m’indiqua le couloir d’un signe de tête.
Les Turks me connaissaient mieux que la plupart de mes autres employés. Le fait qu’il vienne me déranger, et qu’Arad ait tenté de me joindre quelques minutes auparavant faisait naître en moi un mauvais pressentiment. Je le rejoignis à l’éxtérieur, dans le couloir, et fermais la porte.
Je vous écoute, dis-je, la mine grave.
Vous voulez la version courte ou la version longue ?
Je veux la version où je comprends ce qu’il se passe, Reno.
Il détourna le regard une demi seconde avant d’entamer son récit. Il me le déballa d’une traite, comme s’il avait peur de réprimandes.
Scarlett est à l’hosto, apparemment c’est pas terrible, elle s’est faite enlever par deux mecs qui l’ont emmenés dans une voiture, Arad les a suivis, ils se sont plantés, la bagnole s’est retournée, ils sont morts, pas elle, mais pas loin.
Je fronçais les sourcils.
Enfin, pas loin. On en sait rien ça. Euh… ça s’trouve elle va s’en tirer hein. C’est pas des pinces les infirmiers de Costa.
Je passai ma main sur mon visage, un geste inutile pourtant. Je portais mon index jusque sous mon nez et commençais à réfléchir.
Pourquoi l'ont-elle enlevée ?
D’après Arad, ils voulaient même pas de rançon. Elle pense que c’était pour vous atteindre vous, en particulier.
Il est vrai que notre relation n’avait été secrète que deux semaines, tout au plus, et que dans un esprit malintentionné, elle était l’une des meilleurs façons de m’atteindre. Pour autant, je ne perdis pas mon calme, et je lui donnais ses directives.
Je ne peux pas annuler cette réunion, vous allez devoir y aller à ma place. Vous prenez Rude et Elena avec vous…
… euh, Elena est pas dispo. Elle est sur un truc avec Veld.
Bon eh bien, prenez Rude avec vous, ainsi que Juget et Ruluf. Vous rejoignez Arad à Costa, vous l’interrogez, et vous me postez les deux autres à la porte de sa chambre. Vous leur faites vérifier les badges des infirmiers à chaque entrée et sortie de la chambre.
Okay, c’est bien reçu. J’y vais maintenant ?
Non, vous attendez bien la semaine prochaine, pour être sûr que l’organisation derrière tout ça mette bien les voiles, surtout.
Euh… ouais… C’était probablement con.
Il va pour tourner les talons, je le rattrape par le bras.
Vous faites votre enquête, auprès des témoins, des infirmiers, je veux un rapport détaillé. Et surveillez Arad aussi. Loin de moi l’idée de lancer de fausses accusations, mais ce serait une sacrée coïncidence que tout cela arrive le jour où elle est chargée de sa sécurité. Si vous avez du nouveau, je vous rejoindrais ce soir, après le travail. Dans tout les cas, ne tentez rien de frontal pour le moment. Oh, et si vous êtes amenés à dormir là-bas, utilisez ma suite.
Il sembla surpris. Je lui lâchais le bras, il hocha la tête et disparut dans les couloirs, le gummiphone collé à son oreille. J’expirai un bon coup avant de me retourner et de pousser la porte de la salle de réunion.