« Destination : Domaine Enchantée
Heure de départ : 19h35
Porte d’embarquement :
Information : La porte d’embarquement sera affichée 1h avant départ »
L’œil unique du fauve ne quitte pas l’écran du regard. Il est tôt le matin, et de toute évidence, il n’y a qu’un seul vol par jour. Il aurait dû s’y attendre, après tout, il est en Terre des Dragons, territoire du Consulat. Qu’il y ait quand même des vols à destination du domaine est une bonne chose en soit, il va falloir s’en contenter.
Une journée entière à attendre donc… Il soupire.
Autour de lui, le spacioport est particulièrement animé. Une écrasante majorité d’humains vont et viennent entre les allées, cherchant le chemin les menant à leurs vols. Certains semblent paniqué, d’autre plus tranquille. Une bonne partie se rue sur un kiosque à nourriture, tandis que d’autres semblent fasciner par les immenses pubs « made in Shinra » qui défilent sur plusieurs écrans.
Plusieurs magazines sont également entassés en libre-service, la plupart portant la marque de l’éclaireur, et servant de complément à la célèbre chaîne de télévision. Le visage d’un homme blond, à la peau pâle, et au costume impeccable ornant les devants de couverture. L’emblème et le logo de la Shinra, bien en évidence derrière lui.
Mais le prêtre-guerrier ne s’y intéresse pas. Qui que soit cet individu, il n’a pas de temps à lui accorder. Ou plutôt, au vu de la situation, Il n’a pas envie de le lui accorder.
Une annonce ne tarde pas à briser le brouahaha sonore. Visiblement, un vaisseau à destination du Jardin Radieux vient d’arriver porte 10. En une heure, c’est la troisième fois qu’il entend cette destination. Il y a tant de trafic entre les citées dorées ? Il l’ignorait.
S’appuyant un peu plus sur son siège, il fixe l’extérieur. C’est au moins une des rares choses qu’il apprécie dans les spacioports, cette manie de remplacer un maximum de mur par de grandes verrières. Il y voit le ciel, et de bien étranges nuages. Comme des visages, se dessinant dans les volutes noirâtres. Un fin filtre gris tombant derrière eux, de la pluie, très certainement.
L’oreille droite du fauve ne tarde pas à s’agiter. Le bruit métallique et cliquetant assez typique d’armure en métal. Il ne tarde pas à en voir l’origine, deux gardes, vêtu des armures typiques de la cité impériale. Tiens, rare de les voir par ici, ils sont d’ordinaire plutôt du côté des arrivés, bien trop occupé à vérifier la paperasse et à fournir les autorisations.
La réalisation commence à frapper le ronso. Il est rentré illégalement en terre des dragons, est-ce qu’ils sont là à ce sujet ? Peut-être ne pourra-t-il plus partir d’ici sans s’expliquer ? Auquel cas… Sidhe n’est même pas là !
Le fauve s’enfonce un peu plus dans son fauteuil, fronçant les sourcils. Il faut qu’il réfléchisse, qu’il trouve quelque chose avant que…
… Son œil unique se reporte sur les gardes. C’est clairement vers lui qu’ils viennent, leurs regards n’y trompent pas. Ils viennent pour lui.
Mais il y a autre chose. Leurs épées sont encore rengainées, leur démarche est calme et non hâtive. Et la prunelle de leurs yeux renvoi une certaine curiosité plus qu’une menace. Ce n’est pas là l’attitude de responsable de la loi, en chemin pour arrêter quelqu’un. Alors, quoi ?
S’approchant à bonne distance, l’un des gardes s’incline brièvement, la curieuse queue de cheval rouge, dépassant de son casque, s’abaisse par-dessus.
« Salutation messire. Vous avez reçu une convocation impériale à la demande de… »
Une convocation… ? Un rendez-vous ? Qui ?
« …L’impératrice Céleste Éternelle Meng Tian, Fondatrice de la Dynastie Song, Porteuse du Mandat Divin… »
Le fauve commence simplement à redresser lentement son sourcil droit.
« …Reine des Hans, des Mandchous et des Peuples du Sud, Grande Magistrice des Arts Magiques, Protectrice de la Terre des Dragons, Souveraine Légitime de toutes les Terres sous le Ciel… »
Le garde reprend très rapidement une nouvelle inspiration. Le fauve lui, affiche un air particulier, mélange entre une expression neutre et un arrière-goût blasé.
« …Ambassadrice des Cités Dorées du Consulat, Consule de l’Étiquette et Dame de Chengdu. »
Il a enfin fini ? A ce rythme, ce n’est plus une annonce, c’est un théâtre. Une chose n’échappe néanmoins pas au ronso, c’est bien la réaction du publique. Oui, cet attroupement de personnes, de toute évidence asiatique, qui se sont arrêté pour écouter l’étonnante liste. Leurs regards dérivent des gardes au prêtre-guerrier, dans un mélange de curiosité, et de respect.
« Si messire le souhaite, nous pouvons l’escorter jusqu’à sa majesté. Il serait de bon ton de ne pas la faire attendre. »
Cette dernière phrase est légèrement plus rêche. Le genre de ton qui laisse entendre une certaine fatalité. Non, ce n’est pas une option.
Mais que lui voudrait-elle, l’impératrice ? Le fauve ne comprend pas, est-ce car il est un membre du Sanctum ? Si c’était le cas, elle l’aurait simplement fait arrêter. Chose similaire s’il elle avait eu vent de son arrivée fracassante.
La curiosité de l’aspirant paladin a au moins le mérite d’être piqué. Il se redresse calmement, n’affichant à son tour aucune intention hostile.
« Par ici, suivez-nous »
Ce qu’il fait, hochant sobrement la tête avant de presser le pas.
Les gardes se veulent particulièrement silencieux, une qualité que le fauve ne leur reprochera pas. Sortant du spacioport Shinra, ils s’avancent au milieu des rues de Beiijing, progressant jusqu’à atteindre une immense porte.
Une base rouge lisse, percé de grand tunnel, et sur laquelle se laisse entrevoir les élégantes tuiles d’un bâtiment rappelant un temple.
Le fauve ne s’arrête pas, ni pour observer, ni même pour s’étonner de la présence de deux statues de chaque côté, aux traits bien trop similaires aux siens.
De très nombreux gardes s’arrêtent de patrouiller pour mieux l’observer, acquiesçant aux collègues l’escortant. De toute évidence, il pénètre dans un lieu hautement sécurisé, un lieu où il a intérêt à se tenir à carreau. Pourtant pas facile à intimider, le fauve ne peut s’empêcher de ressentir un soupçon de crainte.
Il est en train de pénétrer dans un lieu interdis, un lieu cher aux ennemies de son ordre. Une chance inouïe de comprendre des mystères ? Ou un suicide poussé par sa vilaine curiosité ?
Traversant un pont large, il entend de chaque côté, le bruit doux de l’eau, stagnante dans les douves. Une nouvelle porte se tient devant lui, Encore plus imposante, et munis cette fois d’épaisses portes tout aussi rouge.
Elles ne tardent pas à s’ouvrir devant les gardes l’escortant, et bientôt, c’est une cour démesurée qui s’ouvre face à lui. Un pavillon bien en évidence, se démarquant au nord, vomissant des escaliers sur plusieurs étages depuis son promontoire.
La marche depuis la porte jusqu’au bâtiment lui semble interminable. Quel intérêt d’avoir une si grande cour ? Il ne comprend pas. Et pourtant, la citadelle du roi Stéphane ne manque pas de cloitre et autre espace. Mais ces derniers sont souvent envahis de verdure, ou font office de bulles d’airs frais entre les pierres. Cette cour est simplement vide, déserte, et bien trop grande.
Gardant ses commentaires pour ses propres pensées, le fauve commence à gravir les marches, s’approchant du pavillon. Et bien vite, ce ne sont pas d’autres gardes qui s’approchent, mais bien des hommes, vêtu de tenue de soie.
« Soyez le bienvenue Messire. Son impératrice Céleste Éternelle Meng Tian, Fondatrice de la Dynastie Song, Porteuse du Mandat Divin… »
Par la dame de la montagne, encore… Grommèle-t-il d’avance.
« …Reine des Hans, des Mandchous et des Peuples du Sud, Grande Magistrice des Arts Magiques, Protectrice de la Terre des Dragons, Souveraine Légitime de toutes les Terres sous le Ciel,
Ambassadrice des Cités Dorées du Consulat, Consule de l’Étiquette et Dame de Chengdu, vous recevra d’ici quelques minutes. »
La main griffue du fauve se sert quelques pas. Est-ce que ça va être comme ça à chaque fois ? Ne peuvent t’ils juste pas dire « L’impératrice » ?
L’homme a un bref mouvement de la tête, avant de continuer.
« Naturellement, si messire souhaite se préparer, nous pouvons prendre soin de laver son corps, et s’assurer qu’il soit présentable. »
A-t-il bien entendu, ces humains veulent le laver ? Mais qu’est-ce que c’est que cette stupidité encore ? Comme s’il allait laisser un seul de ses humains toucher sa fourrure ? Ridicule !
Le fauve secoue vigoureusement de la tête, le plus négativement possible.
L’homme en robe de soie reste parfaitement stoïque, son visage ne trahissant aucune émotion.
« Je vois… »
Les autres hommes derrière lui cependant, ne tardent pas à se murmurer entre eux. Prenant une certaine inspiration, le fauve ne tarde pas à mimer quelque chose. Se pointant d’une griffe, tapotant sa poitrine, avant de hocher la tête.
« Ah, si messire désire se rincer lui-même, c’est une possibilité »
Et cette fois, le fauve hoche la tête. Après tout, pourquoi ne pas en profiter. Ça a l’air d’aller dans les deux sens. Lui ne mentira pas, il ne supporte pas sentir sa fourrure sale, et le voyage depuis le mont l’a mis à rude épreuve. Et à en juger par les murmures depuis son refus, eux non plus. Soit.
« Suivez-nous, je vous prie. »
Ce qu’il fait à nouveau. Pénétrant à l’intérieur d’une petite salle, aux boiseries sombres. L’un des hommes ne tarde pas à partir, ramenant avec lui une petite bassine remplis d’une eau propre, et d’un linge humide.
Se saisissant du linge, Bryke fait les choses avec attention. Rinçant, retirant la boue et la poussière de sa fourrure bleutée. Lui qui pensait devoir attendre d’être au domaine, l’avenir est décidément des plus curieux.
Durant tout le toilettage, les hommes en robes de soie ne le quitte pas du regard. Dans une sorte de surveillance étrange. Le prêtre-guerrier fait mine de les ignorer. Ce genre de regard est légion lorsqu’il se baigne dans le lac du domaine.
Posant le linge désormais sale sur le rebord de la bassine, le fauve hoche la tête à ses accompagnateurs.
« Fort bien, venez, sa majesté va vous recevoir. »
Etro soit loué, ils n’ont pas dit les titres cette fois-ci.
Ses coussinets frappant contre le sol du couloir, il s’approchant sans bruit d’une grande porte de bois.
L’un des hommes en robe ne tarde pas à ouvrir les portes, avant de s’incliner, laissant le prêtre-guerrier pénétrer la pièce.
Un pas, deux pas, trois pas. Et le fauve s’immobilise, son œil unique se plisse très lentement.
Une femme le toise, assise sur un trône. Les cheveux comme l’ébène, coiffé mais sans fioritures. Des vêtements luxueux mais sans la moindre trace d’or, faisant la part belle aux étoffes et travail de coutures.
Elle…
Il la reconnait immédiatement. Cette femme, cette femme qu’il a rencontrée à la Costa Del Sol.
La consule de l’étiquette…
Mille et une questions assaillent la tête cornue du fauve. Est-elle réellement l’impératrice ? Que faisait-elle sans garde à la Costa Del Sol ? Que lui veux-t-elle ? Est-ce car elle l’a reconnu qu’elle l’a fait mander ?
Plusieurs gardes ne tardent pas à se ranger dans les coins de la salle, tandis que les hommes en robe de soie ne tarde pas à envahir également les lieux. Une véritable petite cour, prenant grand soin de se disposer dans les recoins de la salle. Ne laissant que le ronso, seul, au milieu.
Le visage toujours aussi inexpressif, le fauve serre doucement sa main griffue droite, qu’il frappe un instant contre la paume de sa main gauche. Avant de s’incliner.
Le salut ronso, marque de respect.
Un respect surtout protocolaire. Un respect pour la diplomatie. Et rien d’autre…
Mar 16 Mar 2021 - 21:29Heure de départ : 19h35
Porte d’embarquement :
Information : La porte d’embarquement sera affichée 1h avant départ »
L’œil unique du fauve ne quitte pas l’écran du regard. Il est tôt le matin, et de toute évidence, il n’y a qu’un seul vol par jour. Il aurait dû s’y attendre, après tout, il est en Terre des Dragons, territoire du Consulat. Qu’il y ait quand même des vols à destination du domaine est une bonne chose en soit, il va falloir s’en contenter.
Une journée entière à attendre donc… Il soupire.
Autour de lui, le spacioport est particulièrement animé. Une écrasante majorité d’humains vont et viennent entre les allées, cherchant le chemin les menant à leurs vols. Certains semblent paniqué, d’autre plus tranquille. Une bonne partie se rue sur un kiosque à nourriture, tandis que d’autres semblent fasciner par les immenses pubs « made in Shinra » qui défilent sur plusieurs écrans.
Plusieurs magazines sont également entassés en libre-service, la plupart portant la marque de l’éclaireur, et servant de complément à la célèbre chaîne de télévision. Le visage d’un homme blond, à la peau pâle, et au costume impeccable ornant les devants de couverture. L’emblème et le logo de la Shinra, bien en évidence derrière lui.
Mais le prêtre-guerrier ne s’y intéresse pas. Qui que soit cet individu, il n’a pas de temps à lui accorder. Ou plutôt, au vu de la situation, Il n’a pas envie de le lui accorder.
Une annonce ne tarde pas à briser le brouahaha sonore. Visiblement, un vaisseau à destination du Jardin Radieux vient d’arriver porte 10. En une heure, c’est la troisième fois qu’il entend cette destination. Il y a tant de trafic entre les citées dorées ? Il l’ignorait.
S’appuyant un peu plus sur son siège, il fixe l’extérieur. C’est au moins une des rares choses qu’il apprécie dans les spacioports, cette manie de remplacer un maximum de mur par de grandes verrières. Il y voit le ciel, et de bien étranges nuages. Comme des visages, se dessinant dans les volutes noirâtres. Un fin filtre gris tombant derrière eux, de la pluie, très certainement.
L’oreille droite du fauve ne tarde pas à s’agiter. Le bruit métallique et cliquetant assez typique d’armure en métal. Il ne tarde pas à en voir l’origine, deux gardes, vêtu des armures typiques de la cité impériale. Tiens, rare de les voir par ici, ils sont d’ordinaire plutôt du côté des arrivés, bien trop occupé à vérifier la paperasse et à fournir les autorisations.
La réalisation commence à frapper le ronso. Il est rentré illégalement en terre des dragons, est-ce qu’ils sont là à ce sujet ? Peut-être ne pourra-t-il plus partir d’ici sans s’expliquer ? Auquel cas… Sidhe n’est même pas là !
Le fauve s’enfonce un peu plus dans son fauteuil, fronçant les sourcils. Il faut qu’il réfléchisse, qu’il trouve quelque chose avant que…
… Son œil unique se reporte sur les gardes. C’est clairement vers lui qu’ils viennent, leurs regards n’y trompent pas. Ils viennent pour lui.
Mais il y a autre chose. Leurs épées sont encore rengainées, leur démarche est calme et non hâtive. Et la prunelle de leurs yeux renvoi une certaine curiosité plus qu’une menace. Ce n’est pas là l’attitude de responsable de la loi, en chemin pour arrêter quelqu’un. Alors, quoi ?
S’approchant à bonne distance, l’un des gardes s’incline brièvement, la curieuse queue de cheval rouge, dépassant de son casque, s’abaisse par-dessus.
« Salutation messire. Vous avez reçu une convocation impériale à la demande de… »
Une convocation… ? Un rendez-vous ? Qui ?
« …L’impératrice Céleste Éternelle Meng Tian, Fondatrice de la Dynastie Song, Porteuse du Mandat Divin… »
Le fauve commence simplement à redresser lentement son sourcil droit.
« …Reine des Hans, des Mandchous et des Peuples du Sud, Grande Magistrice des Arts Magiques, Protectrice de la Terre des Dragons, Souveraine Légitime de toutes les Terres sous le Ciel… »
Le garde reprend très rapidement une nouvelle inspiration. Le fauve lui, affiche un air particulier, mélange entre une expression neutre et un arrière-goût blasé.
« …Ambassadrice des Cités Dorées du Consulat, Consule de l’Étiquette et Dame de Chengdu. »
Il a enfin fini ? A ce rythme, ce n’est plus une annonce, c’est un théâtre. Une chose n’échappe néanmoins pas au ronso, c’est bien la réaction du publique. Oui, cet attroupement de personnes, de toute évidence asiatique, qui se sont arrêté pour écouter l’étonnante liste. Leurs regards dérivent des gardes au prêtre-guerrier, dans un mélange de curiosité, et de respect.
« Si messire le souhaite, nous pouvons l’escorter jusqu’à sa majesté. Il serait de bon ton de ne pas la faire attendre. »
Cette dernière phrase est légèrement plus rêche. Le genre de ton qui laisse entendre une certaine fatalité. Non, ce n’est pas une option.
Mais que lui voudrait-elle, l’impératrice ? Le fauve ne comprend pas, est-ce car il est un membre du Sanctum ? Si c’était le cas, elle l’aurait simplement fait arrêter. Chose similaire s’il elle avait eu vent de son arrivée fracassante.
La curiosité de l’aspirant paladin a au moins le mérite d’être piqué. Il se redresse calmement, n’affichant à son tour aucune intention hostile.
« Par ici, suivez-nous »
Ce qu’il fait, hochant sobrement la tête avant de presser le pas.
Les gardes se veulent particulièrement silencieux, une qualité que le fauve ne leur reprochera pas. Sortant du spacioport Shinra, ils s’avancent au milieu des rues de Beiijing, progressant jusqu’à atteindre une immense porte.
Une base rouge lisse, percé de grand tunnel, et sur laquelle se laisse entrevoir les élégantes tuiles d’un bâtiment rappelant un temple.
Le fauve ne s’arrête pas, ni pour observer, ni même pour s’étonner de la présence de deux statues de chaque côté, aux traits bien trop similaires aux siens.
De très nombreux gardes s’arrêtent de patrouiller pour mieux l’observer, acquiesçant aux collègues l’escortant. De toute évidence, il pénètre dans un lieu hautement sécurisé, un lieu où il a intérêt à se tenir à carreau. Pourtant pas facile à intimider, le fauve ne peut s’empêcher de ressentir un soupçon de crainte.
Il est en train de pénétrer dans un lieu interdis, un lieu cher aux ennemies de son ordre. Une chance inouïe de comprendre des mystères ? Ou un suicide poussé par sa vilaine curiosité ?
Traversant un pont large, il entend de chaque côté, le bruit doux de l’eau, stagnante dans les douves. Une nouvelle porte se tient devant lui, Encore plus imposante, et munis cette fois d’épaisses portes tout aussi rouge.
Elles ne tardent pas à s’ouvrir devant les gardes l’escortant, et bientôt, c’est une cour démesurée qui s’ouvre face à lui. Un pavillon bien en évidence, se démarquant au nord, vomissant des escaliers sur plusieurs étages depuis son promontoire.
La marche depuis la porte jusqu’au bâtiment lui semble interminable. Quel intérêt d’avoir une si grande cour ? Il ne comprend pas. Et pourtant, la citadelle du roi Stéphane ne manque pas de cloitre et autre espace. Mais ces derniers sont souvent envahis de verdure, ou font office de bulles d’airs frais entre les pierres. Cette cour est simplement vide, déserte, et bien trop grande.
Gardant ses commentaires pour ses propres pensées, le fauve commence à gravir les marches, s’approchant du pavillon. Et bien vite, ce ne sont pas d’autres gardes qui s’approchent, mais bien des hommes, vêtu de tenue de soie.
« Soyez le bienvenue Messire. Son impératrice Céleste Éternelle Meng Tian, Fondatrice de la Dynastie Song, Porteuse du Mandat Divin… »
Par la dame de la montagne, encore… Grommèle-t-il d’avance.
« …Reine des Hans, des Mandchous et des Peuples du Sud, Grande Magistrice des Arts Magiques, Protectrice de la Terre des Dragons, Souveraine Légitime de toutes les Terres sous le Ciel,
Ambassadrice des Cités Dorées du Consulat, Consule de l’Étiquette et Dame de Chengdu, vous recevra d’ici quelques minutes. »
La main griffue du fauve se sert quelques pas. Est-ce que ça va être comme ça à chaque fois ? Ne peuvent t’ils juste pas dire « L’impératrice » ?
L’homme a un bref mouvement de la tête, avant de continuer.
« Naturellement, si messire souhaite se préparer, nous pouvons prendre soin de laver son corps, et s’assurer qu’il soit présentable. »
A-t-il bien entendu, ces humains veulent le laver ? Mais qu’est-ce que c’est que cette stupidité encore ? Comme s’il allait laisser un seul de ses humains toucher sa fourrure ? Ridicule !
Le fauve secoue vigoureusement de la tête, le plus négativement possible.
L’homme en robe de soie reste parfaitement stoïque, son visage ne trahissant aucune émotion.
« Je vois… »
Les autres hommes derrière lui cependant, ne tardent pas à se murmurer entre eux. Prenant une certaine inspiration, le fauve ne tarde pas à mimer quelque chose. Se pointant d’une griffe, tapotant sa poitrine, avant de hocher la tête.
« Ah, si messire désire se rincer lui-même, c’est une possibilité »
Et cette fois, le fauve hoche la tête. Après tout, pourquoi ne pas en profiter. Ça a l’air d’aller dans les deux sens. Lui ne mentira pas, il ne supporte pas sentir sa fourrure sale, et le voyage depuis le mont l’a mis à rude épreuve. Et à en juger par les murmures depuis son refus, eux non plus. Soit.
« Suivez-nous, je vous prie. »
Ce qu’il fait à nouveau. Pénétrant à l’intérieur d’une petite salle, aux boiseries sombres. L’un des hommes ne tarde pas à partir, ramenant avec lui une petite bassine remplis d’une eau propre, et d’un linge humide.
Se saisissant du linge, Bryke fait les choses avec attention. Rinçant, retirant la boue et la poussière de sa fourrure bleutée. Lui qui pensait devoir attendre d’être au domaine, l’avenir est décidément des plus curieux.
Durant tout le toilettage, les hommes en robes de soie ne le quitte pas du regard. Dans une sorte de surveillance étrange. Le prêtre-guerrier fait mine de les ignorer. Ce genre de regard est légion lorsqu’il se baigne dans le lac du domaine.
Posant le linge désormais sale sur le rebord de la bassine, le fauve hoche la tête à ses accompagnateurs.
« Fort bien, venez, sa majesté va vous recevoir. »
Etro soit loué, ils n’ont pas dit les titres cette fois-ci.
Ses coussinets frappant contre le sol du couloir, il s’approchant sans bruit d’une grande porte de bois.
L’un des hommes en robe ne tarde pas à ouvrir les portes, avant de s’incliner, laissant le prêtre-guerrier pénétrer la pièce.
Un pas, deux pas, trois pas. Et le fauve s’immobilise, son œil unique se plisse très lentement.
Une femme le toise, assise sur un trône. Les cheveux comme l’ébène, coiffé mais sans fioritures. Des vêtements luxueux mais sans la moindre trace d’or, faisant la part belle aux étoffes et travail de coutures.
Elle…
Il la reconnait immédiatement. Cette femme, cette femme qu’il a rencontrée à la Costa Del Sol.
La consule de l’étiquette…
Mille et une questions assaillent la tête cornue du fauve. Est-elle réellement l’impératrice ? Que faisait-elle sans garde à la Costa Del Sol ? Que lui veux-t-elle ? Est-ce car elle l’a reconnu qu’elle l’a fait mander ?
Plusieurs gardes ne tardent pas à se ranger dans les coins de la salle, tandis que les hommes en robe de soie ne tarde pas à envahir également les lieux. Une véritable petite cour, prenant grand soin de se disposer dans les recoins de la salle. Ne laissant que le ronso, seul, au milieu.
Le visage toujours aussi inexpressif, le fauve serre doucement sa main griffue droite, qu’il frappe un instant contre la paume de sa main gauche. Avant de s’incliner.
Le salut ronso, marque de respect.
Un respect surtout protocolaire. Un respect pour la diplomatie. Et rien d’autre…