GinnyT’es dispo pour une visio’ ?


Quelques minutes passent sans aucune réaction.


GinnyDemelza ?

DemelzaExcuse-moi, j’ai du me mettre à l’écart. Ouais vas-y appelle, je suis à toi  Embarassed .


Je lance un appel vidéo. Le gummi a à peine le temps de sonner deux fois et elle répond.

-Waw, ça a été vite.
-Bah ouais, je t’ai dit que j’étais à ton entière disposition. Oh c’est trop mignon tu souris.

Je fronce les sourcils et me concentre sur l’arrière plan devant lequel elle se tient.

-Qu’est-ce qu’il y a ?
-Bah, je me demandais où tu étais.
-Dans une taverne, je suis dans la cave, là où ils entreposent les tonneaux.

Elle éloigne un peu le gummiphone de son visage en tendant le bras et me fait un tour du propriétaire en tournant sur elle-même et en faisant le symbole de la victoire près de son visage.

-Ca va, je le sais que t’es mignonne, t’as pas besoin de faire la poupée.
-Merci, et toi t’es où ? Tu marches, non ? Je t’entends respirer.

Je tourne les yeux autour de moi dans la rue pour être sûr qu’il n’y a personne autour. J’essaie d’éviter au maximum les zones les plus sinistrées, les plus bruyantes et les plus fréquentées.

-Toujours à Illusio’, ouais, je marche dans la rue. Ils ont vraiment rien d’autre à faire que boire tes potes ?
-Bah, personne les a encore trouvés pour le moment, ou alors personne n’ose, j’en sais rien. Mais bon, un jour ou l’autre ce sera réglé. En attendant… bah je suis toujours dans le jeu.

Je me retourne brusquement dans la direction d’une explosion assourdissante puis je ressens les tremblements depuis le sol.

-Waw, c’était quoi ce bruit ?
-Un immeuble qui s’écroule.
-Merde. J’aurais bien aimé voir ça.
-Bah je t’avoue que je suis rassuré d’être assez loin de l’événement.
-Et donc ? T’as toujours le gummi’ de cette Ginny ?

Evidemment la mention de Ginny m’est un peu plus difficile que lors de notre dernier appel. Je ne saurais plus en plaisanter avec autant d’assurance sachant ce qu’il s’est passé l’autre nuit.

-Ouais. Bah c’est justement pour elle que je suis dans cette rue.
-Explique.
-C’est un peu dingue. Mais apparemment des gars l’ont enlevée au lieu de l’éliminer.
-Enlevée ? Mais pour quoi faire ?
-J’en sais rien, pourquoi tu crois que les mecs avec qui tu traines t’ont emmenée.

J’aurais peut-être pu l’éviter celle-là, je me mords la langue. Mais quel con. Qui est-ce que je suis pour juger en l’occurence ? J’ai pas été foutu de dire non. Elle tire la tête quelques instants puis hausse les épaules.

-Bah. Moi je suis venue de ma propre initiative, c’est pas le même plan. Et donc, tu connais ces gens ? Tu sais où la chercher ? Mais d’ailleurs… pourquoi tu t’en occupes ?
-Comme je crois tu l’as compris, elle a des gosses, je me vois mal les laisser crever de faim jusqu’à la fin du mois. Puis imagine qu’il m’arrive quelque chose. Ils se retrouvent seuls. Si au moins leur mère était éliminée, elle pourrait être là pour eux, mais puisqu’ils la séquestrent.

Elle semble s’attendrir devant ce que je raconte, elle entoure le bas de son petit visage en coeur avec sa main libre.

-Arrête, tu vas me faire fondre. Ils t’ont donné un sens paternel à Illusio’ ?
-Il y a un monde entre être blasé et inhumain.
-Ouais, mais quand même, si je m’attendais… Par contre tu m’as pas répondu. Où est-ce que tu vas la chercher ?

Je me remémore les deux heures que je viens de passer à chercher des gens dans le quartier, des désaturés, à questionner sur le gang des douze salopards. Et j’ai fini par trouver ce que je cherchais.

-J’ai réussi à avoir des informations sur leur planque. En temps normal, je veux dire : en dehors du battleroyal, ils ne sont pas là, mais ils se sont apparemment dits qu’il valait mieux changer de cachette pour l’occasion. Malgré tout, j’ai quand même entendu deux-trois personnes me raconter cette même histoire.
-Oh bah ça va, tu vas les avoir s’ils sont aussi cons que ça.
-Ouais, enfin, ils sont dix a priori.
-Ah.

Elle semble tout de suite moins enthousiaste à l’idée que je joue les pères de famille. Moi non plus j'ai pas envie de me jeter dans ce merdier, mais bon.

-T’es sûr de toi ?
-Qu’est-ce que je devrais faire selon toi ?
-J’en sais rien, je peux pas décider pour toi mais… Bah si t’y vas, fais attention à toi.
-Bah. Au pire qu’est-ce que je risque ? L’élimination. Ça nous arrivera à tous les deux, tôt ou tard.

Elle tente un sourire forcé, à moitié triste. Elle replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille, ce qui me fait tressaillir. En ce bref instant, je n’ai qu’une envie : traverser l’écran et l’embrasser jusqu’à ce qu’elle n’en peuve plus. Je pourrais sauter dans un vaisseau, là tout de suite ouais, mais je ne peux pas faire ça. Et puis, qu’est ce qu’on penserait tous les deux de moi après ça ? Je lâcherais le gummi de Ginny en pleine rue et je n’oserais jamais plus chercher à avoir de ses nouvelles ou même me pointer dans cette ville, je n'oserais jamais chercher à savoir si la fin « n’a pas tourné trop mal pour elle ». Non. Je suis probablement un foutu connard mais pas à ce point.

Elle ouvre la bouche, hésitante. Pour toute réponse je hausse un sourcil, interrogateur.

-Ouais, bah, je me disais que tout compte fait. Si ça te dit… on pourrait se retrouver avant la fin du battleroyal ?

Non seulement je ne m’y attendais pas, mais je me sens pratiquement exulter. Je me retiens pourtant d’exploser mais je ne peux retenir un sourire…satisfait.

-Je te manque ?

Elle approche son gummi de son visage et murmure.

-Ouais puis… bah… ils commencent à me saouler.

Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.

-Bah très bien. Qu’est-ce qu’on fait alors ?
-Mmmmm. On n’a qu’à se donner rendez-vous !

A la façon qu’elle a de le dire et de s’en réjouir, les yeux pétillants et la voix enjouée, elle semble planifier un vrai premier rendez-vous pour de jeunes amoureux.

-D’accord, dis-moi quand et où, j’y serai.
-Quand : après-demain, 18h. Où : J’en sais rien… Où est-ce qu’on pourrait aller ?
-Tu penses que tu pourrais prendre un vaisseau clandestinement ?
-Ouais…? Je pense qu’il y a moyen.
-Ok, parce qu’à partir de demain il est très possible que je n’aie plus ce gummi pour te contacter.

Si je parvenais à résoudre cette affaire, il était véritablement temps que je cesse de vivre aux crochets de Ginny et sa famille. Et putain, oui, il était temps que je la revoie. Cette distance et ce temps passé sans elle avait remis certaines choses en perspective.

-On a qu’à se voir au monde du feu, à côté de la station gummi New York. Je pense que tu devrais adorer le côté grande ville.
-D’accord, super idée ! Je porterai…

Elle met son index sur sa bouche.

-Une petite robe rouge !
-Où est ce que tu comptes en trouver une par les temps qui courrent ?
-T’inquiète, je me débrouillerai comme je le fais toujours. Puis, c’est pour que tu me reconnaisses.

Elle balance sa tête espiègle d’un côté puis de l’autre.

-Bon, faut que je te laisse. Je les entends m’appeler et descendre l’escalier.

Elle se pince les lèvres et semble contrarié.

-Je t’embrasse.

Avant même que j’aie le temps de dire quoi que ce soit, l’image se fige puis passe au noir.

Quelques minutes plus tard….

DemelzaC’est là que tu me réponds « Moi aussi ».

GinnyTrès bien, je recommence : moi aussi. Vivement toi.

DemelzaOh.


Il faudra que je pense à supprimer les messages avant de lui rendre. Bon, je sais que Ginny ne s’attend à rien entre nous, mais ce n'est pas une raison pour être un enculé.