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Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Effectivement, je n’ai pour ainsi dire… pratiquement pas dormi. Les scrupules peuvent en être la cause, tout comme l’idée que « les douze salopards moins deux » pourraient se ramener à n’importe quel moment et défoncer la porte.  Les gangs ne s’embarrassent pas d’horaires, et puis, qu’est-ce que ça veut dire avoir un horaire à Illusiopolis ? Tout le monde semble complètement déphasé, et je ne crois pas que ce soit uniquement le fait de cet événement inattendu.

Ginny entre dans la pièce sans rien dire, semblant raser les murs pour éviter d’entrer dans mon champ de vision. Entendant le claquement de l’étincelle, sans regarder je sais qu’elle met sa cafetière italienne à chauffer sur la plaque, comme elle le fait tous les matins depuis que je suis là. Quelle heure est-il ? Six heures du matin, on a encore un peu de temps avant que les enfants se lèvent.  Je me mets à penser que tout compte fait ses enfants ne sont pas si mal avec elles. Bien sûr ils vivent dans un bordel relatif, mais c’est une femme qui a un rythme, des habitudes, et je crois savoir qu’en dépit de son occupation alimentaire, c’est finalement ça le plus important.  Je fixais l’écran de télévision éteint, je tourne enfin la tête vers l’intéressée. Elle  a troqué son déshabillé pour un hoodie jaune poussin d’une équipe de sport quelconque et un legging noir.  Elle me tourne encore le dos mais semble se rendre compte qu’elle est observée comme j’ai pu le sentir la veille. Elle se tourne vers moi avec une certaine hésitation.

-Ca a été cette nuit ? Vous avez bien dormi… ?
-On peut peut-être se tutoyer maintenant, Ginny.

Je souris en coin devant le ridicule de la situation. Je vis chez elle, mange ce qu’elle mange, et veille sur ses gosses depuis des jours, et on en est toujours aux fausses politesses. Non, du coup, après hier soir, c’est presque surréaliste. Puis tutoyer ça n’implique pas d’engagement que je sache.

-Ouais. Et du coup… ? « Tu » as pu te reposer ?
-Non.

Je hausse les épaules l’air de dire « je te l’avais dit que je ne pouvais pas me le permettre ». Non, si on joue le jeu, on le joue vraiment. Il faut savoir ce qu’elle veut.

-T’as qu’à aller te coucher quelques heures dans mon lit, pour de vrai cette fois, ça te fera du bien, et je te promets que je vais surveiller ce qui se passe et je te réveille au moindre signe d’alerte.
-T’es sûre ?
-Ouais, on n’est plus à ça près, puis je vais en profiter pour faire un peu de rangement pendant que les enfants dorment encore.
-Pas d’aspirateur par contre hein, trop de bruit.

Je me lève du canapé et reprends le chemin que j’ai emprunté hier, je l’entends commencer à fredonner une chanson au loin. Bon sang, ce que j’aimerais que Demelza soit là pour me réveiller de cette boucle dangereuse. J’ouvre la porte. La couverture est en boule dans le lit. Je me jette presque dessus et prends approximativement une minute pour m’endormir.

Au réveil, ma tête est lourde, je prends quelques instants pour identifier la pièce autour de moi, ses meubles, sa décoration désuète, et comprendre où je me trouve. Je ne me suis pas réveillé naturellement, non, la fatigue est encore trop présente et le réveil trop brutal, j’entends la voix de Ginny prononcer des mots de moins en moins abstraits.

-Quoi ?
-Excuse-moi, il est dix heures.

Je suis couché sur le ventre, je tourne d’abord mon visage dans sa direction paresseusement. Elle vient s’asseoir juste sur le coin du lit à quelques centimètres de mes jambes. Je me mets sur le flanc et prends quelques instants avant de réussir à prononcer quelque chose de compréhensible pour une oreille humaine.

-Il y a un souci ?
-Non, pas vraiment, bah, rien à signaler quoi. Je pense que de plus en plus de gens ont été éliminés. J’ai cru comprendre que c’était un peu plus agité à la Citadelle, par contre.

La Citadelle, un souvenir lointain et pourtant tellement plus évident pour moi que la ville en elle-même où je m’hasardais assez peu à l’époque.

-Ok.

C’est là que tu me dis pourquoi tu me réveilles alors que j’étais dans le sommeil le plus profond que j’ai eu depuis des années.

-Je voulais te demander d’aller chercher des provisions. On commence à en manquer.
-A ton vendeur du marché noir, c’est ça ?
-Ouais, si je te donne l’adresse, tu crois que tu pourras trouver ?
-Je pense que c’est à ma portée.

Elle me liste les denrées dont nous manquons de plus en plus sérieusement tout en me disant qu’elle va me mettre ça sur liste. Mais je ne veux pas être injustement brusque alors je la laisse terminer. En la voyant sortir, quelque chose m’alerte, et je l’arrête d’une question.

-Ca va aller si je vous laisse seuls le temps de la course ?
-T’en auras pour une heure, pas plus.

Après une dizaine de minutes à essayer d’immerger, j’arrive dans le living où les enfants me regardent avec plus de curiosité que d’habitude.

-T’as dormi dans la chambre de Maman ?
-Ouais mais… après qu’elle s’est levée, ‘t’inquiète pas.

Du coin de l’œil je peux voir que Ginny est inconfortable à cette évocation, elle baisse les yeux. Ca serait presque drôle si nous n’étions pas coincés ici tous ensemble. Je lui dis que je vais y aller, elle me donne un sac,  de l’argent, sa fameuse liste et l’adresse avec la procédure pour contacter le gars.

-Tu veux que je te passe mon gummiphone ?
-Qui j’appellerais dans ce cas-là, si t’as pas le tien ?
-Bah, j’en sais rien, ta copine par exemple.

Je ne parviens pas à saisir le sentiment qui se dégage de cette remarque. Mais je sais de source sûre qu’il n’est plus question que je contacte Demelza avec le gummi’ de Ginny, pas après cette nuit. De toute façon, dans son historique elle a déjà ses coordonnées mais bon, ça je ne peux rien y faire. Si je faisais ça, ça deviendrait vraiment. vraiment. trop tordu, même pour moi.

En revanche il est certain que l’idée de cette sortie me soulage le cœur, en dépit des risques que cela comporte. On est probablement en train de devenir dingues, alors autant s’écarter l’un de l’autre. En sortant l’immeuble, je suis même pris d’une envie subite de m’enfuir avec son argent, aller chercher les courses comme un connard et disparaître, mais je suis ramené rapidement à la réalité par le peu de scrupules qui me restent encore.
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Je remonte les marches de l’immeuble sans me presser. Je ne veux pas faire plus de bruit que nécessaire et attirer l’attention des éventuels résidents ayant survécu dans l’immeuble . Je ne suis pas parti plus d’une heure et je reviens le sac à dos rempli du nécessaire pour survivre quelques jours de plus, chacune de mes mains soulève en plus un bidon d’eau de 30 litres. Je ne pouvais pas prendre plus sous peine d’être une cible trop évidente.

J’arrive au bon étage, du moins c’est ce que je pense, puis je constate que la porte est grande ouverte. Je vérifie le numéro de l’étage. Non, c’est bien celui-ci.

Je dépose les affaires que je transporte sur le bord des marches et dégaine ma claymore puis j’entre furtivement dans l’appartement tandis qu’un courant d’air me traverse en traversant la porte. Je regarde à gauche, dans le hall de nuit, il n’y a personne. J’ouvre légèrement la porte donnant sur le living et je constate un bordel sans nom. Des trucs sont renversés dans tous les sens, des assiettes sont cassées, du lait coule sur la table de la cuisine avec des céréales noyées dedans.

Toujours pas de bruit, et toujours personne dans les parages. Il devient à peu près certain que s’ils sont partis c’était contre leur gré. Mais pourquoi les avoir enlevés, et pas juste désaturé Ginny ? Ça n’a pas de sens. A moins qu’… à moins que Ginny ne représente plus un grand intérêt une fois désaturée et intouchable. Cette vision répugnante me donne un goût amer de culpabilité dans la bouche. Mais qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre ? Il fallait bien se nourrir après tout. Evidemment il avait fallu qu’ils viennent alors que je n’étais pas là.

Je vérifie les chambres au cas où sans y trouver personne. Pourtant, en quittant la chambre des deux plus grands, j’entends un murmure plaintif.

-I…Isa ?

Je reconnais immédiatement la voix de Leta à laquelle j’ai fini par m’habituer au fil des jours. Je me mets à genoux et aperçois les trois enfants couchés à plat ventre sous le lit. Gary tient sa main sur la bouche de la plus petite. C’est au moins ça. J’attrape leurs bras et les tire de leur cachette.

-Isa, pourquoi t’étais parti ?

Leta parle en sanglotant, sa lèvre inférieure tremblant au fil des syllabes. Je ne lui réponds pas, je me contente de caresser ses cheveux en bataille.

-Où est votre maman les gars ?
-Y’a des hommes qui sont venus pendant que t’étais pas là. Maman nous a demandé de nous cacher sous le lit mais nous a dit qu’ils pourraient pas nous faire de mal de toute façon.

Gary essaie de préserver sa fierté, de ne pas s’écrouler comme sa soeur mais il n’est pas difficile de deviner qu’il est sur le point de pleurer d’une seconde à l’autre.

-Ils étaient combien ? Vous avez pu les voir sous le lit et compter ?
-Non… il y en a qu’un qui est venu dans la chambre et qui nous a vus sous le lit. Il était vraiment moche en plus, mais il est pas resté longtemps.
-Ouais, puis il faisait peur.
-Mais on a entendu beaucoup de voix donc je pense qu’ils étaient beaucoup.
-D’accord.

Je me relève et me mets à réfléchir. C’était putain de pas ce que j’avais prévu mais on dirait que je n’ai pas vraiment le choix. Il faut que j’aille sauver Ginny, 42 ans, qui n’a décidément jamais fini de me causer des ennuis.

-Si je vous laisse ici tous seuls, ça va aller ?
-Ou…ais.

Leta me prend la main pour me retenir.

-‘Pars pas, Isa.
-Je vais chercher ta maman, Leta. En revanche, je te promets qu’elle avait raison, personne peut te toucher, c’est comme si… t’avais un super bouclier infranchissable.
-Plus fort que tout ?
-Ouais. Plus fort que la montée des eaux et les coulées de lave à Fantasia.
-Même plus fort que Roxas, le Maréchal de la lumière ?
-Lui ? Pffff… il n’est rien en comparaison de ce bouclier. Vous allez tous les trois veiller les uns sur les autres, et je serai de retour avec votre mère dans quelques heures.

Je me redirige vers la porte.

-Gary, viens fermer la chaine de la porte derrière moi.

Le verrou a sauté mais pas la chaine, et la porte tient encore dans ses gonds. Cela rassurera les enfants. Sur le pas de la porte, l’aîné m’interrompt.

-Attends, Isa. Maman m’a donné ça pour toi.

Il me tend le gummiphone à contre-coeur.

-T’es sûr ? Tu veux pas le garder pour vous occuper avec tes soeurs ?
-Non, je fais ce que maman m’a dit.
-D’accord, je te le ramène aussi dans quelques heures alors. N’ouvrez à personne à part votre mère ou moi.

Je pars chercher les courses que j’avais abandonnées dans l’escalier et les dépose au milieu du living sans prendre la peine de les ranger.

-Si vous avez faim, il y a de quoi.

On ne sait jamais que cela prenne plus de temps que prévu.  Je passe la porte pour de bon cette fois. Recherchons ces douze salopards.
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