Mise en garde pour les publics les plus jeunes et les plus sensibles :


Nous nous trouvons à présent dans un état assez avancé, plus qu’on aurait dû l’être en tout cas au vu des circonstances. Les enfants sont couchés, l’eau en bouteille commençant à manquer, on s’est dit « pourquoi pas ? ». La bouteille de rhum brun nous faisait de l’oeil depuis quelques heures, on a sauté le pas.

Il fait silencieux dans l’appartement. Dès que les enfants partent se coucher, c’est le calme plat. Tous les soirs la même rengaine, je fais des tours de garde ; je regarde à travers les fenêtres régulièrement ou en cas de bruit suspect; j’inspecte la cage d’escalier. Ginny me regarde faire sans trop commenter, je sens juste qu’elle n’est jamais sereine à chaque fois que j’ouvre cette porte d’entrée.

Mais donc ce soir, au lieu d’un long silence ponctué de quelques conversations somme toute banales, nous sommes effectivement toujours peu bavards, mais nous nous mettons à pouffer toutes les dix minutes environ, sans raison particulière. Quand l’un commence, l’autre enchaine. C’est la pression qui retombe sans doute.

Je dois pas avoir bu tant que ça pourtant. Je suis pas un pilier de comptoir non plus mais je ne suis pas bourré, je sais ce que je fais, et je commence pas déblatérer des conneries. Mais voilà, c’est plus fort que moi. Demelza serait assurément sur le cul si elle me voyait dans cet état, elle qui me reproche de ne jamais rire ou presque. Oui, je glousse.

J’inspecte l’horloge, quelques heures ont passé depuis que les enfants sont au lit. Je sens que les effets de l’alcool commencent à diminuer. On est assis dans le divan, l’un à une extrémité, l’autre à l’opposé. Je finis par me racler la gorge pour signaler que je commence plus ou moins à réaliser qu’on était vraiment ridicules et qu’il serait peut-être temps de…

-Ouais, je vais aller me rafraichir, puis au lit ! Essayez de dormir, Isa. Ce serait con de vous mettre k.o., vous ne nous serviriez plus à grand-chose, aux enfants et à moi.

Je hoche la tête sans vraiment le penser. C’est bien gentil de dire cela mais l’appartement ne va pas se surveiller tout seul. Elle se lève et prend la grande casserole d’eau chaude qu’elle a fait chauffer sur sa cuisinière. Elle disparait dans le couloir et j’entends l’eau se déverser dans —je suppose— sa baignoire. J’en profite pour refaire une petite inspection de l’appartement. Je vérifie la solidité du verrou en forçant un peu sur la porte, je vérifie que son le magasin de son arme est bien plein, je vérifie que les lumières des chambres des enfants sont bien éteintes en regardant à travers les interstices.

En revenant dans le living, j’éteins la lumière et m’assieds à moitié couché dans le fauteuil, bras croisés pour me réchauffer. J’attrape le plaid et m’engouffre dessous Tout est calme à présent, j’en profite pleinement. L’alcool qui me reste dans le sang m’engourdit encore un peu d’une façon plaisante. Les lumières de la ville, les explosions ne sont plus que de jolis spectacles à admirer de loin. Je ne m’inquiète pas de savoir si « notre » immeuble ne peut pas être emporté par une explosion, je sais que je ne pourrais pas l’empêcher quoi qu’il en soit, alors pourquoi m’en préoccuper. Après quatorze jours, il est temps d’accepter qu’on a cessé de contrôler quoi que ce soit.

A présent, je sens que la pièce est un tout petit peu moins calme. Elle n’a pas fait de bruit en arrivant, mais je comprends que Ginny est là. Je tourne les yeux vers elle et surprends son ombre l’encadrement de la porte où elle fait contre-jour. Ses cheveux sont mouillés, elle porte un déshabillé, rien de choquant ou d’indécent non, juste assez révélateur de ses formes. Je prends un moment pour réfléchir à ce qu’il se passe, j’attends qu’elle dise quelque chose mais elle n’en fait rien.

-Est-ce que… est-ce qu’il y a un souci ?
-Je me suis dit que ça vous changerait un lit confortable.

Ça ne peut pas être une coïncidence, elle n’est pas venue me proposer d’échanger nos places et de dormir dans le canapé cette nuit, pas dans cette tenue. Je suis à présent forcé de la regarder d’un jour nouveau. Elle n’est évidemment pas déplaisante malgré les quelques signes de l’âge qui marquent son visage et sa voix. Son corps est féminin et généreux et je dois bien reconnaître que la vue qu’on peut avoir d’elle derrière n’est jamais déplaisante. La vraie question n’est pas de savoir si elle pourrait me plaire et si je pourrais en avoir envie. D’une façon assez étrange, je me rends bien compte que le confort que l’on ressent en sentant une présence féminine à ses côtés commencent à me manquer. Bien sûr que je préférerais que cela soit avec Demelza, bien sûr que c’est au delà de son physique attrayant, mais ouais, il se pourrait aussi que là j’en aie juste envie et que je me dise « Ok, qu’est-ce que ça change ? Elle va pas s’attacher, pas tomber amoureuse. Elle en a envie, t’en as envie.  » Alors ouais, c’est peut-être les vestiges de l’alcool ou toutes ces fois où Demelza a pu sous-entendre qu’il n’y avait pas que moi, mais je me lève et la suis dans sa chambre comme un enfant qu’on prend par la main.

On entre alors dans la pièce, je l’ai déjà regardée vite fait mais les lumières sont éteintes à l’exception d’une lampe de chevet peu lumineuse. C’est pas plus mal en fait. Le moins qu’on puisse dire c’est que Ginny n’a pas des goûts de luxe. Certains objets de mauvais goût trainent çà et là, je pose mes yeux un peu partout autour de moi ne sachant pas que faire avec cette femme que je n’avais pas envisagée de cette façon avant… il y a cinq minutes. Je ne m’abaisserai pas à dire qu’elle sait y faire…mais elle prend les choses en main de toute évidence et sans dire quoi que ce soit. Je sens ses mains passer sur ma taille et descendre bientôt jusqu’au bord de mon tee-shirt auquel elle s’agrippe. Le mouvement de ses doigts descendants a immédiatement pour effet de faire monter la tension et je me crispe imperceptiblement au niveau du dos. Elle m’invite à retirer mon haut en souriant. Elle regarde mon torse prenant un peu de recul. Je me sens un peu jugé et j’attends son verdict. Elle hoche la tête et sourit d’autant plus.

Je suis loin d’avoir le corps bien bâti que j’ai pu avoir à une époque mais elle semble apprécier le côté étroit de ma zone abdominale.

C’est à mon tour de m’approcher et de passer les doigts sous le rebord de son déshabillé. Je pars de l’épaule dont je sens l’os saillant puis je descends progressivement, passant mon doigt sur son sein droit, j’y sens le grain de sa peau réagir à ce contact et de tous petits monts naître sous mes doigts encore froids. Elle ne peut réprimer un gémissement qui est loin de me laisser indifférent. Je passe bientôt ma main sur ses cotes, en dessous de la ceinture dont je force l’ouverture en tirant vers moi. Le vêtement glisse aussitôt sur le sol. Elle n’a plus qu’une petite culotte sur elle qui ne laisse définitivement plus grand mystère. Elle recule  et s’assied sur son lit, coudes en appui vers l’arrière et jambes croisées.

J’arrache pratiquement les vêtements qui me restent et avance sur le lit la surplombant à présent. Elle recule d’autant plus  en se trainant sur ses coudes. Je passe mes mains sur ses cuisses encore croisées et les force à s’ouvrir sans rencontrer une véritable résistance. Je glisse alors mes doigts au dessus du tissu fin au travers duquel je peux deviner les reliefs de son sexe. J’effleure assez légèrement la surface, guidant tantôt ma main sur l’intérieur des cuisses, tantôt plus bas. C’est à son tour de se crisper et de haleter. Elle pose sa main sur la mienne et guide fermement mes caresses m’assistant ainsi dans la recherche de son plaisir, faisant ainsi monter mon envie de  subvenir à mes pulsions. Son autre main, après un temps qui me semble impardonnable, finit par rejoindre mon membre excité et referme son emprise dessus pour encourager sa stimulation.

Durant quelques minutes nous nous excitons ainsi mutuellement, corps chaud se frottant à l’autre dès que possible, plus dans l’idée de satisfaire l’autre pour sa propre excitation que dans l’idée d’un véritable partage altruiste.  Elle finit par me supplier à l’oreille de venir en elle. Assez empressé mais soucieux de faire les choses correctement, je me glisse entre ses cuisses et y entre sans véritable difficulté au vu de son effervescence. Je profite de cet instant et apprécie le contact avec cet intérieur chaud et moite. Je commence alors avec de petits mouvements que j’allonge progressivement au rythme de son bassin qui semble m’encourager à entrer plus fort. J’accélère bientôt et sens assez rapidement cette pression me monter à la tête, une pression étourdissante mais agréable qui m’incite à continuer. Je sens ses cuisses frotter contre les miennes, je sens qu’elle contracte son intimité sur mon sexe pour intensifier son plaisir et le mien. Nos gémissements s’accompagnent bientôt tels des choeurs que nous tentons de réprimer pour ne pas réveiller le reste de l’appartement; les coups deviennent plus directs et plus secs, aussi bien de mon côté que du sien qui suit et approuve par quelques petits mots éparpillés.  Et au bout de quelques minutes, je sens les petits spasmes la traverser, elle passe comme dans un état second, desserrant son emprise sur moi et gémissant alors que c’est pour moi le signal que je peux me laisser aller en elle.
Je me roule alors sur le côté et prends une grande bouffée d’air. Nous restons là, toujours muets, mais de félicité cette fois.

Au bout de quelques minutes, il semble évident que personne n’a envie de commenter cet événement et qu’il serait préférable de faire comme si ce n’était pas arrivé dans notre intérêt à tous les deux. J’enfile mon caleçon, mon tee-shirt et mon jean en vitesse puis j’empoigne le reste de mes affaires comme pressé par le temps.

Je m’arrête malgré tout devant la porte et lui dis comme pour la rassurer.

-Ouais, bah je vais fumer une clope sur la terrasse.
-Bonne nuit alors.

La porte se referme sur Ginny qui remonte ses draps jusqu’à hauteur de sa poitrine, nous nous sommes réinventés une pudeur en quelques secondes.Tout compte fait, je n’aurai pas trop profité du lit confortable qu’on m’avait promis au départ.