La faim et la soif commencent à se faire trop ressentir sans que cela soit incommodant. Je passe d’un état de sommeil partiel à celui de zombie déshydraté de façon continue et cyclique. Je vérifie une quarante-cinquième fois aujourd’hui que l’eau n’a pas recommencé à alimenter l’immeuble en tournant la poignée du robinet et que je n’ai oublié aucun coin de placard où pourrait se cacher de la nourriture.
Il faut que je parte à la recherche de nourriture ou bien je serai « celui qui a crevé de faim parce qu’il avait peur de foutre son nez dehors après avoir fait de l’excès de zèle au Domaine Enchanté ».
Dark City, la ville appartenant aux âmes errantes et aux gangs plus qu’à la Shinra, une ville qui a dû être malfamée bien avant que le jeu change la donne mais qui s’avère particulièrement marquée par les combats. C’est le chaos le plus total.
Je longe les murs d’une avenue et tente de trouver un restaurant, un magasin, un bar, n’importe quoi qui n’ait pas encore explosé ou été totalement pris d’assaut au point qu’il ne reste rien à récupérer, même en dessous des étales, même dans les caniveaux. Le moins qu’on puisse dire c’est que les pilleurs ont bien fait leur office. J’ouvre les valves, et toujours pas d’eau. On dirait que quelqu’un a fait en sorte que l’alimentation en eau soit coupée dans tout le pâté.
J’arrive alors devant le plus imposant des spectacles. Un immeuble effondré, carrément, bouche le passage et rend la traversée d’un carrefour totalement impossible. Entre les décombres et moi j’aperçois une barricade faite à partir des gravats par l’homme incontestablement. Une bande s’y cache sans doute, je préfère rebrousser chemin même si je n’aperçois personne. Ils attendent sans doute que je m’approche plus encore pour me descendre d’un coup.
En revenant sur mes pas je tombe sur un homme à quelques mètres de moi qui semble hésiter avant de sortir son cran d’arrêt. Moi je n’hésite plus, je sors ma claymore et lui encastre la gueule dedans. Un cran d’arrêt sérieux ? Mais qui se promène avec ça pour seule arme par les temps qui courent ? Déjà que moi je fais pas le malin avec ma claymore contre des snipers.
Au moment où j’élimine le gars, une femme d’une petite quarantaine débouche de nulle part. Elle sursaute et pose ses mains sur sa bouche pour se retenir de crier. Sans trop réfléchir je resserre mes mains sur ma claymore. Elle remonte ses bras sur son visage.
-Non, ne me tuez pas !
Bon déjà, si je devais faire quelque chose, ce serait pas vous tuer mais vous éliminer. Effectivement, elle est toujours en vie. Je baisse les épaules pour la rassurer.
-C’est bon, allez-y…
Qu’est-ce que j’ai à gagner en dégommant une mère de famille de toute façon ? Une pièce de bronze et deux chewing gum ?
-Et essayez d’éviter de sortir dehors si vous voulez pas être éliminée.
Elle reste immobile et crispée devant moi, les bras le long du corps. Ses habits connotent un style de vie assez dissolu. Une blouse transparente noire avec un motif de dragon chinois dessiné dessus et une brassière dessus.
-Merci euh…
Elle se retourne et se met à courir quelques pas puis s’arrête. Je hausse le sourcil. Bon. Qu’est-ce qu’elle veut ?
-Si vous voulez finalement être éliminée, on peut s’arranger.
-Non je…
Elle se retourne vers moi et m’adresse un sourire désolé.
-Je voulais vous inviter à manger pour vous remercier.
Je vous ai laissé en vie, je viens pas de vous sauver. Si ça se trouve dans vingt mètres, vous rencontrerez un homme qui va achever le travail sans se poser les questions que je me suis posées. Mais c’est peut-être ça le truc.
-Vous cherchez quelqu’un pour vous raccompagner chez vous, c’est ça ?
-Et vous cherchez à manger, non ? Je dis pas que c’est le grand luxe chez moi, mais j’ai quelques provisions.
-Vous savez que je pourrais rentrer chez vous, vous éliminer pour avoir la paix et prendre la nourriture ?
-Vous ne m’avez pas éliminée quand vous le pouviez. Je pense pas que vous le ferez quand vous verrez ce que j’ai à la maison.
Ouais. Je m’étais pas trompé. Nous entrons dans son appartement, le genre déprimant et bordélique. Je comprends directement en voyant les affaires par terre, des affaires de petite taille. Elle m’a fait entrer sans trop de cérémonie dans son salon et j’ai vu deux gamins d’une dizaine d’années affalés devant la télé. Ils ont pas vraiment réagi quand leur mère est rentrée. A terre, il y a une petite fille–je crois– d’environ deux ans en train de dessiner sur le papier peint déjà jauni.
Je la montre du doigt et m’apprête à dire quelque chose puis je remarque que sa mère a l’air de s’en foutre. Ok.
-Ne vous sentez surtout pas obligé de dire que c’est joli chez moi.
-C’était pas mon intention.
Elle range des affaires dans le petit coin de cuisine de la pièce à vivre.
-Vous avez quelque chose à boire ? Je meurs de soif.
-Il y a de l’eau dans le frigo. Bon, le frigo marche plus, mais l’eau est bien là. Sinon…
Elle sort une bouteille avec un liquide ambré dedans.
-Je peux vous proposer ça aussi.
-Ce serait pas refus en temps normal mais vu que je suis totalement à sec, je pense que je vais commencer par de l’eau.
-Vous pouvez vous asseoir bien sûr.
Je m’assieds sur la petite table pouvant accueillir tout juste quatre personnes et je bois mon verre. Wow. J’aurais jamais cru que ça pouvait être si bon de l’eau tiède dans un gobelet Princesse Starla.
-Vous devez sortir pour chercher à manger ?
Elle met le gaz sur sa cuisinière et lance le feu tandis qu’elle coupe un oignon d’une fraicheur approximative.
-Ouais. Bah. Pas uniquement pour ça, mais j’ai évidemment pas eu le temps de prendre beaucoup de provisions quand les gens se sont jetés sur les magasins. Alors je connais un gars qui fait un petit marché noir, mais je prends des petites quantités à chaque fois, sinon j’ai peur de me faire braquer.
-Vous pouvez pas… envoyer quelqu’un d’autre ?
Je regarde ses gamins, sous-entendant qu’elle les laisse du coup seuls avec le bébé.
-Bah, ils savent se débrouiller même s’ils ont l’air COMPLETEMENT DEBILES A FORCE DE RESTER DEVANT LA TELE.
Je sursaute, je ne m’y attendais pas vraiment.
Elle baisse le ton.
-Puis, ils ont pas de père, donc j’ai pas vraiment d’autre choix que de continuer à bosser et aller chercher à manger.
-Qu’est-ce que vous faites comme boulot ?
-Je vis à Dark City, dans un immeuble minable, mes enfants ont pas de père et se ressemblent pas, je vous fais un dessin ?
Ah. D’accord. Je manque de m’étouffer en avalant de travers une gorgée d’eau.
-Non, non… ça.va.
Mar 9 Fév 2021 - 16:54Il faut que je parte à la recherche de nourriture ou bien je serai « celui qui a crevé de faim parce qu’il avait peur de foutre son nez dehors après avoir fait de l’excès de zèle au Domaine Enchanté ».
Dark City, la ville appartenant aux âmes errantes et aux gangs plus qu’à la Shinra, une ville qui a dû être malfamée bien avant que le jeu change la donne mais qui s’avère particulièrement marquée par les combats. C’est le chaos le plus total.
Je longe les murs d’une avenue et tente de trouver un restaurant, un magasin, un bar, n’importe quoi qui n’ait pas encore explosé ou été totalement pris d’assaut au point qu’il ne reste rien à récupérer, même en dessous des étales, même dans les caniveaux. Le moins qu’on puisse dire c’est que les pilleurs ont bien fait leur office. J’ouvre les valves, et toujours pas d’eau. On dirait que quelqu’un a fait en sorte que l’alimentation en eau soit coupée dans tout le pâté.
J’arrive alors devant le plus imposant des spectacles. Un immeuble effondré, carrément, bouche le passage et rend la traversée d’un carrefour totalement impossible. Entre les décombres et moi j’aperçois une barricade faite à partir des gravats par l’homme incontestablement. Une bande s’y cache sans doute, je préfère rebrousser chemin même si je n’aperçois personne. Ils attendent sans doute que je m’approche plus encore pour me descendre d’un coup.
En revenant sur mes pas je tombe sur un homme à quelques mètres de moi qui semble hésiter avant de sortir son cran d’arrêt. Moi je n’hésite plus, je sors ma claymore et lui encastre la gueule dedans. Un cran d’arrêt sérieux ? Mais qui se promène avec ça pour seule arme par les temps qui courent ? Déjà que moi je fais pas le malin avec ma claymore contre des snipers.
Au moment où j’élimine le gars, une femme d’une petite quarantaine débouche de nulle part. Elle sursaute et pose ses mains sur sa bouche pour se retenir de crier. Sans trop réfléchir je resserre mes mains sur ma claymore. Elle remonte ses bras sur son visage.
-Non, ne me tuez pas !
Bon déjà, si je devais faire quelque chose, ce serait pas vous tuer mais vous éliminer. Effectivement, elle est toujours en vie. Je baisse les épaules pour la rassurer.
-C’est bon, allez-y…
Qu’est-ce que j’ai à gagner en dégommant une mère de famille de toute façon ? Une pièce de bronze et deux chewing gum ?
-Et essayez d’éviter de sortir dehors si vous voulez pas être éliminée.
Elle reste immobile et crispée devant moi, les bras le long du corps. Ses habits connotent un style de vie assez dissolu. Une blouse transparente noire avec un motif de dragon chinois dessiné dessus et une brassière dessus.
-Merci euh…
Elle se retourne et se met à courir quelques pas puis s’arrête. Je hausse le sourcil. Bon. Qu’est-ce qu’elle veut ?
-Si vous voulez finalement être éliminée, on peut s’arranger.
-Non je…
Elle se retourne vers moi et m’adresse un sourire désolé.
-Je voulais vous inviter à manger pour vous remercier.
Je vous ai laissé en vie, je viens pas de vous sauver. Si ça se trouve dans vingt mètres, vous rencontrerez un homme qui va achever le travail sans se poser les questions que je me suis posées. Mais c’est peut-être ça le truc.
-Vous cherchez quelqu’un pour vous raccompagner chez vous, c’est ça ?
-Et vous cherchez à manger, non ? Je dis pas que c’est le grand luxe chez moi, mais j’ai quelques provisions.
-Vous savez que je pourrais rentrer chez vous, vous éliminer pour avoir la paix et prendre la nourriture ?
-Vous ne m’avez pas éliminée quand vous le pouviez. Je pense pas que vous le ferez quand vous verrez ce que j’ai à la maison.
Ouais. Je m’étais pas trompé. Nous entrons dans son appartement, le genre déprimant et bordélique. Je comprends directement en voyant les affaires par terre, des affaires de petite taille. Elle m’a fait entrer sans trop de cérémonie dans son salon et j’ai vu deux gamins d’une dizaine d’années affalés devant la télé. Ils ont pas vraiment réagi quand leur mère est rentrée. A terre, il y a une petite fille–je crois– d’environ deux ans en train de dessiner sur le papier peint déjà jauni.
Je la montre du doigt et m’apprête à dire quelque chose puis je remarque que sa mère a l’air de s’en foutre. Ok.
-Ne vous sentez surtout pas obligé de dire que c’est joli chez moi.
-C’était pas mon intention.
Elle range des affaires dans le petit coin de cuisine de la pièce à vivre.
-Vous avez quelque chose à boire ? Je meurs de soif.
-Il y a de l’eau dans le frigo. Bon, le frigo marche plus, mais l’eau est bien là. Sinon…
Elle sort une bouteille avec un liquide ambré dedans.
-Je peux vous proposer ça aussi.
-Ce serait pas refus en temps normal mais vu que je suis totalement à sec, je pense que je vais commencer par de l’eau.
-Vous pouvez vous asseoir bien sûr.
Je m’assieds sur la petite table pouvant accueillir tout juste quatre personnes et je bois mon verre. Wow. J’aurais jamais cru que ça pouvait être si bon de l’eau tiède dans un gobelet Princesse Starla.
-Vous devez sortir pour chercher à manger ?
Elle met le gaz sur sa cuisinière et lance le feu tandis qu’elle coupe un oignon d’une fraicheur approximative.
-Ouais. Bah. Pas uniquement pour ça, mais j’ai évidemment pas eu le temps de prendre beaucoup de provisions quand les gens se sont jetés sur les magasins. Alors je connais un gars qui fait un petit marché noir, mais je prends des petites quantités à chaque fois, sinon j’ai peur de me faire braquer.
-Vous pouvez pas… envoyer quelqu’un d’autre ?
Je regarde ses gamins, sous-entendant qu’elle les laisse du coup seuls avec le bébé.
-Bah, ils savent se débrouiller même s’ils ont l’air COMPLETEMENT DEBILES A FORCE DE RESTER DEVANT LA TELE.
Je sursaute, je ne m’y attendais pas vraiment.
Elle baisse le ton.
-Puis, ils ont pas de père, donc j’ai pas vraiment d’autre choix que de continuer à bosser et aller chercher à manger.
-Qu’est-ce que vous faites comme boulot ?
-Je vis à Dark City, dans un immeuble minable, mes enfants ont pas de père et se ressemblent pas, je vous fais un dessin ?
Ah. D’accord. Je manque de m’étouffer en avalant de travers une gorgée d’eau.
-Non, non… ça.va.