La hutte du chef

La hutte était pleine. Les habitants du village du clan des Genc étaient réunis, assis en tailleur avec lui. Parmi la vingtaine des membres du clan, seulement quatre avaient déjà perdu leurs couleurs, éliminés du jeu. Enfin, non, cela n’avait absolument rien d’un jeu. En un instant, l'équilibre des mondes s'était fragilisé de façon très notable. Les civils étaient pris dans des combats qui ne les concernaient pas. Ils souffraient, certains perdaient leurs habitations, tout ce pour quoi ils avaient œuvré ! Ce Lord Business ne perdait rien pour attendre. Il l'arrêterait quoi qu'il en coûte et tout cela prendrait alors fin.

Mais pour l’heure, le jeune homme se contentait de faire ce qui était en son pouvoir. Avant toute chose, il devait protéger et guider ceux dont il avait la responsabilité. Les membres du clan voulaient protéger leur village, éviter que la forêt ne soit de nouveau envahie, qu’une nouvelle catastrophe ne s’abatte sur eux. Il tourna le regard et fronça les sourcils, serrant alors le poing fort.



Des enfants possédaient toujours ces teintes saturées. Leur peau violacée ressortait dans cette nature et leurs kena semblaient briller de mille-feux, n'arrangeant rien à leur discrétion.



Bien sûr, il fut surpris par une telle révélation : malgré son âge si avancé, ses traits semblaient toujours si enfantins ! Il sourit, se remémorant la magie de ce pays qui n’avait décidément pas changé. Il se souvenait s’être envolé, planant et rasant la surface de l’eau, léger comme l’air ! Et ce LEGO lâche se fichait bien de la corpulence des participants. Il aurait donné onze ans à celui qui lui avait répondu. Si frêles soient-ils, tant que leur âge dépassait celui des règles établies, ceux-ci devraient livrer bataille.

L'idée lui était révoltante, profondément injuste ! Mais c'était ainsi et il ne pouvait rien y changer pour le moment, tout comme les sombres machinations de la Coalition Noire ne cesseraient pas en claquant du doigt. Ven plongea sa main dans sa poche, en sortant son gummiphone.



Ven rangea son gummiphone, regardant dans le vague, songeur. L’élimination de Cissneï était de mauvais présage pour la Lumière… il secoua la tête. Il ne devait pas se laisser aller dans la négativité. Dans le pire des scénarios, il serait là pour renverser la tendance ! La Shin qui s'en était allé chercher quelques vivres dans les différentes habitations revint, deux paniers entre les mains. La récolte semblait maigre, ils n'auraient de nourriture que pour ce soir. Mais Ganael lui avait raconté qu'ils étaient omnivores, si bien que ce n'était pas exactement un problème.



Ven claqua ses mains l’une contre l’autre bruyamment, tentant d’attirer l’attention de l’assemblée, sans succès. Les discussions se poursuivaient, sans que son geste ne soit remarqué.



Le silence se fit aussitôt, sans que Ven ne comprenne exactement ce que Genome venait de dire. Visiblement, les regards s’étaient vite redirigés vers lui, dont le sang ne semblait faire qu’un tour. Il se leva, se plaçant au centre du cercle, le visage contracté par une certaine hargne. Puis il se pencha vers les adultes, aboyant avec virulence :



Genome se fâcha, soulevant Ganael par le col de façon impulsive et brutale. Le jeune garçon sembla paniquer, battant des jambes et protestant à l’encontre de son agresseur.



Ventus se leva et fit apparaître Brise Légère, prêt à intervenir en cas de dérapage, sans toutefois l’en menacer pour le moment.



Le Shin lâcha l’enfant sans ménagement et retourna s’asseoir un peu à l’écart, de façon plutôt désinvolte. Aussitôt, Ven fit disparaître son arme et son visage se radoucit avant qu’il ne se penche vers Ganael, s’assurant que ce dernier n’avait rien. Il posa sa main sur son épaule dans un geste rassurant. Ce dernier semblait encore plutôt intimidé par cette brutalité, mais commençait à reprendre contenance.



Le jeune homme retourna lui aussi à sa place, pour le moment silencieux. Il devait penser à la suite des opérations. Il ne pouvait décemment pas les laisser combattre sans les entraîner un peu, même s’il n’y avait aucun risque pour leurs vies.