- Tu comptes rester planté là comme un teubé longtemps ?


Ven leva la tête de son gummiphone. Il venait de poster une photo sur son profil GummiNow. Il l’avait prise durant le trajet qui s’était annoncé assez compliqué. Puisqu’il n’était pas venu seul, il n’avait pu se servir de son planeur Keyblade. Mais le plus grand problème avait résidé dans le fait de trouver un vaisseau pour s’y rendre. Le Pays Imaginaire n’était décidément pas une destination touristique. De surcroît, le combat lancé par le Lord Business n’avait rien arrangé à ce propos.

Le réseau de transport interstellaire ne circulait pas correctement. Ventus et son élève s’étaient donc retrouvés contraints de détourner un vaisseau privé. Ou plus exactement, le jeune homme avait gentiment demandé un service à son propriétaire qui avait refusé, suite à quoi le Shin qui l’accompagnait s’était impatienté et l’avait menacé. Bien qu’il ait vivement protesté sur le moment, le mal était déjà fait et le conducteur avait obtempéré, malgré sa tentative de le rassurer.

MoiTout va bien au château ?


Une fois son message envoyé à Roxas, Ven enfonça son gummiphone dans sa poche, se remettant enfin en marche. Il accorda de nouveau un regard à l’homme plutôt turbulent à ses côtés. Ses couleurs étaient toujours intactes et depuis leur altercation précédente, celui-ci n’avait pas de nouveau tenté de l’attaquer. Son attitude à son égard était toujours plutôt glaciale, tantôt même insolente, mais sa présence elle-même prouvait qu’il était au moins prêt à l’écouter et lui prouver qu’il avait raison de soutenir les efforts de ses compagnons.

- Excuse-moi, j’envoyais un message à un ami. Mais dis-moi, où se trouve le village de votre tribu ?


Jusqu’ici, le groupe s’était enfoncé plus profondément dans la forêt dans laquelle ils avaient initialement atterri. Puisqu’il vivait près d’ici, avec un peu de chance, le blond pourrait peut-être croiser Peter Pan, Clochette ou les enfants perdus qu’il n’avait pas revu depuis des années ! Il espérait aussi que la Keyblade en bois que Terra lui avait offerte se trouvait toujours dans le coffre en bois dans lequel il l’avait laissée, près des autres trésors de ses amis.

- On est plus très loin, se contenta-t-il de répondre évasivement.
- T’es sur ? Insista-t-il, haussant un sourcil.


Le Shin soupira et lui jeta un regard avec une expression sur le visage hurlante d’exaspération. Bien sûr, le jeune homme ne pensait pas qu’il mentait. Il n’en avait aucune raison. Mais ça ne lui semblait pas cohérent. Le paysage était luxuriant, empli de verdure, de plantes, d’arbres en tout genre. La zone lui semblait trop boisée, pleine d’obstacles pour être habitable.

- Nous, les Shin, vivons là où la forêt est dense. Il n’y a pas plus sûr, qu’ici. Enfin, ou plutôt, il n’y avait pas plus sûr.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Mais qu’est-ce que ça peut te foutre, au juste ?
- T’as déjà entendu parler de Peter Pan ?


L’arbre des enfants perdus n’était qu’à un petit quart d’heure de marche. S’il s’était déroulé quelque chose en son absence, Ven préférait savoir. Peter avait de l’énergie à revendre et savait se montrer plutôt ingénieux. Il ne devrait rien lui être arrivé. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de garder cette inquiétude lancinante. Maître Yen Sid était un homme sage et de bon conseil. Il était fort, expérimenté, un mage et Maître de la Keyblade d’exception. Et pourtant, il n’était plus. Ven secoua la tête, tâchant de chasser ces pensées obscures de son esprit.

- La question serait plutôt : qui peut prétendre ne pas connaître ce fanfaron ? Il se targue tant de ses aventures, mais il ne pense qu’à lui. Ce jour-là, lorsque la forêt a été envahie par les sans-cœur… il n’a sauvé personne, énonce-t-il le ton dur.


Ven hocha la tête. Bien que tenté de défendre son ami, il n’en fit rien pour ne pas offusquer son élève. Peter devait avoir de bonnes raisons d’avoir été absent. Il sentait comme une pointe de ressentiment provenant du Shin envers le héros du Pays Imaginaire profondément injuste. Il n’était pas responsable des événements.

Le Shin s’arrêta brusquement, désignant un point en hauteur de son index. Il y avait là, parmi les branches et feuillages, de modestes cabanes aménagées. Quelques habitations étaient également disposées en bas, dont une hutte circulaire plutôt imposante. La tribu s’était installée près d’un courant d’eau afin de ne pas souffrir de la soif. Ven tendit sa main à son accompagnant, souriant à pleine dents.

- Merci de m’avoir mené jusqu’ici, euh…
- Genome.