Le rideau rouge s’ouvre sur une scène de théâtre, comme la bouche peinte que fend un rire obscène ! Les feuilles de l’automne s'amènent sur la scène ; des feuilles couleur de feu aux rougeurs écarlates ! Comme la bûche rend l’âme dans les flammes de l’âtre, ainsi qu’un gros chat roux ronronne sur une natte ; elles se montrent en public sans costume ni décor ! Et les jolies blondes déroulent leurs cheveux d’or : Hippé, Pisca, Zvetlana, Lola, Sakura, Emilie et au centre s'il vous plait, voilà Barbie !
Bienvenue alors, ce soir, au Moulin Rouge, où Arthur Rainbow nous sert de son vin le moins amer qu'on puisse boire.

Sur la scène, devant des décors chauds qui bougent, des filles à plumes rouges, hauts découverts, s’agitent en rythme et affublées d’un sourire. Dans le bruit des couverts, d'autres filles mais en habits ; noirs, chemises blanches. Et aux clients ébaubis, elles livrent prestes les plats, paraissant concourir entre les rires !

Leurs rires sont une bouffées de chaleurs qui mettent en valeur toutes les couleurs ! Leurs éclats viendront enflammer vos coeurs qu’avaient déclarés morts charlatans et docteurs !

Sur scène ou en service, elles vous déshabillent du regard… et vous semblez ignorer le billet qu'une bohémienne vient de vous subtilisez, par surprise vous ayant embrassé. Vous l'auriez bien retenu pour l'enlacer mais trop préssé, la belle c'est échappé. Et ainsi va le bal de belles dames entre les âmes, parées de milles et uns charmes.

« Estrella ! » Râle Arthur, sans y croire, depuis son comptoir où le labeur est dur.

Sur scène, simple et facile l'armée de blondes… seules les lumières les habille, comme le soleil sur le monde. En service, vives comme des frondes, leurs talons les aiguillent à des kilomètres à la ronde.

Et sur de grands chevaux fous, ou sûres d'elles ondulant floues, elles vous mettent tous à genoux !

Entre les émois et les boissons, dans quelques coins noirs les ébats, on s'amuse bien au Consulat ! Quand une rose du désert -Assila, Chadia ou Chariffa !- vous sert ? Elles ont le ventre reptilien qui ondule et lui qui jubile, sous l'oeil d'un frère ou d'un cousin à la dague habile ! Et les coupes qu'elles emplissent, peu importe leurs délices, se déversent depuis des hauteurs inconnus.
Un fauve bleutée veille au grain, silencieux et sa corne brisée, l'oeil acéré. Tandis qu'un asiatique au nom impromptu -Jetseteram m'as-tu-vu ?!- allie travail et plaisir, le sourire cynique.

Quelques chevaliers bien prudes, et des bohémiens agités, tous en plénitude lorsque quelques femmes nous font tomber des nues. Les prêtres ne se montrent pas par ici… lorsqu'ils y vont, c'est sans croix ni robe, pareil aux badauds qui ont tant économisé pour cette soirée ! Ca sera la soirée de leur année ! Et cette soirée-là, par la grâce du Consulat, a lieu touts les soirs.

Dans un coin à l'écart et tamisé, les lumières sont douces comme les Geishas sont discrètes, le bruit de la cohue au centre nous y parait bien lointain ; au calme, si j'ose dire, lorsque les bijoux de Chine vous éduque humblement. L'on entends la fête comme l'on entend la mer au loin, sans le fracas des houles sur le navire sur lequel on galère.  

Arthur danse, n'importe comment, en allant et venant entre différents contenants, de verres, qu'ils versent dans les vôtres entre quelques vers. Pour vingt-cinq munnies l'entrée -n'oubliez pas de décomptez !-, rien de plus pour avoir l'oeil rincé et s'amuser… peut-être un peu plus pour l'ivresse ? Quelques rêves s'échappent en fumées d'herbes brûlées, entre les rires niais non maitrisées, par l'or vert que les Indiens offrit au Consulat ! Et le plus cher de tout les mets, ici, n'est autre qu'une goutte de vin divin, subtilisé à Dyonisos en personne au cours de quelques festivités.
Oh ?! Mais que voyons-nous ?!  

Lola, la centaure, s'extirpe de scène chevauchée par Barbie ! Une blonde en chevauche sensuellement une autre… et un lent rodéo s'engage entre les tablés ! Personne, sinon les plus insensibles, détourneront leurs yeux d'un tel spectacle pour voir le rideau rouge se refermé.

Eva la sirène arrive sur scène juste après… et Arthur, d'un bond, bondit sur Lola en joie ! Très sérieux bien qu'enjoué, le voilà tripoté par Barbie comme un vulgaire jouet, voilà Porte-Parole devenu une bien heureuse poupée tout émoustillée !

« Accourez vite à nos splendides fêtes ! Ici banquets, là concert, ailleurs bal ! Les diamants rayonnent sur les têtes, le vin rougit les coupes de cristal. Ce luxe altier qui partout se déroule, l'Consulat le paiera en gros sous ! Nobles et badauds, au loin rameutez la foule ; et amusons-nous ! »