Et à nouveau, gros barbare. Rien qui change. J’atterris en putain de pleine ville, ce qui est putain d’interdit, c’est même genre la première fois qu’j’fais ça au Jardin Radieux. Mais là c’est pas juste pour faire mon malin, tu vois. J’fais ma manœuvre en plein quartier résidentiel, alors qu’à un kilomètre, y a un genre de parking pour les Consuls, tu vois. J’ai mes bails. Mais voilà tant pis, je me pose juste devant notre maison, en pleine putain de route. Après merde. C’est pas comme si y avait des voitures dans c’monde. C’est pas… grave de contourner, j’crois. Et donc, pour une bonne raison. Une putain d’raison de gentleman, mon frère. Jasmine est toujours en clodo. Et putain, je vais pas dire à une princesse qu’a tout perdu, qu’a passé des années en prison, qu’elle doit faire le défilé d’la honte en pleine capitale, avec des putains d’chiffons sur le corps, les ch’veux gras et tout. Non j’avoue que pour ça, le château de la lumière c’était mieux. C’est pas une ville, tu vois la diff. Mais enfin, voilà. Pour la troisième putain d’fois d’la journée, j’atterris, j’ouvre le… sas. « C’est cette maison. » qu’j’dis avec un sourire à Jasmine en pointant du doigt not’ maison d’consuls, qui r’ssemble à mort à toutes celles du quartier. Un p’tit 4 façades avec un jardin minuscule et une allée sympa. Et puis juste un étage mais jusqu’ici, ça a toujours suffi de ouf.

Elle regarde, tu vois mais genre impassible, j’vois rien, j’sens aucune émotion, bref. Mais elle est pas désagréable, et tu sais quoi ? C’est déjà bien. Elle descend. Y a déjà des gens qui regardent. Déjà, pasque… y a mon vaisseau au milieu d’la rue. Et puis pasque ça se voit qu’la meuf a passé des mauvaises nuits. Et puis je saigne un peu d’partout et elle aussi a des traces de sang.
« Viens. » J’souris toujours mais tu sais, sourire Jecht. Dents et tout, avec une putain d’assurance de winner. On approche de l’entrée et donc… J’prends une inspiration. Y a l’chien d’garde. « Princesse Jasmine, je te présente Bers. C’est lui qui garde l’entrée l’jour. »

« Bonjour mademois « Bon, on entre. » J’avance en poussant un peu l’aut’, là. J’entends un « Bonjour » assez normal derrière moi et… « Ouais euh… Elles vont être contentes de te voir, et… voilà. Désolé si c’est trop. » J’ai ouvert la porte. Et genre, devant, l’une debout sur la première marche de l’escalier d’vant la porte d’entrée, et l’autre juste à côté, méga sourire toutes les deux. Elles sont pas à un mèt’ de nous, en fait. Puis…

« Jasmine ! » a crié Alice avant de courir… genre cinqante centimètres… et d’prendre la meuf dans ses bras. « Oh. Alice ? » Genre c’était une vraie question. Elle a éloigné Alice d’elle, en la tenant par les bras, avec un sourire mais tu sais… « C’est pas vrai. » Une de ses mains est venue lui toucher les cheveux puis le visage. « Je ne t’aurais pas reconnue, Alice. Tu as tellement grandi. » qu’elle a dit avec douceur et joie, mais sans s’exclamer ou quoi, c’était trop propre, trop… un peu triste aussi, tu vois. C’était pas que d’la joie, pour moi. Mais ouais putain. Alice, moi aussi j’l’avais connue gosse. Et maint’nant elle était plus grande que Jasmine, genre d’une bonne tête. Alice pleurait déjà, l’a enlacée pendant genre neuf ans. Puis Belle a aussi pris Jasmine dans ses bras pendant qu’moi, bah j’fermais la porte pasque des passants commençaient à r’garder, t’sais. Et puis c’est Belle qui est v’nu vers moi, qu’a posé une main sur mon bras, qu’s’est mise sur la pointe de ses pieds pour m’embrasser sur la joue. Elle m’a souri. « Je suis vraiment contente. »

« Ah bah… » J’ai détourné l’regard et j’me suis gratté la tête. « Bah tant mieux alors. » Belle a hoché la tête, est rev’nue vers Jasmine et… « Avant tout ! » Elle a claqué une main l’une dans l’autre comme une putain d’maîtresse de maison d’une vieille pub. « Alice va te couler un bon bain chaud et… on t’a préparé des vêtements. »
Jasmine a hoché la tête à plusieurs reprises, a souri, puis t’sais elle baissait un peu les yeux, c’était… ‘fin voilà, ça m’rendait sensible tout ça. « Prends vraiment tout ton temps. Si tu veux te reposer après, notre chambre est juste devant la salle de bain. Alice te fait ton bain, et elle redescend. » Belle a r’gardé Alice, avec un air genre… Tu redescends. « Et on te laisse tranquille autant de temps que tu le voudras. »

Jasmine a accepté l’offre, a suivi Alice. Belle m’a pris la main, m’a conduit dans l’salon, et m’a fait m’asseoir. Elle est partie deux minutes, est rev’nue avec toute sa trousse. J’préfère ça à la magie d’Aurore pasque… J’rigole tout seul. Avant, j’aurais dit qu’j’aimais les cicatrices et qu’la magie nettoyait tout mais maintenant, j’ai soixante ans, j’suis costaud mais fragile et j’adore ces moments calmes où è’s’occupe de moi. Même Alice j’aime bien quand elle le fait, même si elle finit plus blessé qu’moi soigné.
Elle s’est occupée d’mes blessures, une par une, avec juste un drap pour pas qu’j’salope encore le canapé
. « Et Aurore ? »

« J’l’ai aussi sortie d’là. Elle doit être dans un lit d’hopital dans son monde de pouilleux, maint’nant. » Belle m’a r’gardé dans les yeux, genre sout’nu. « Elle était blessée ? »

« Non. » J’lève le bras pour qu’elle check mes côtes. « Mais maint’nant qu’ils l’ont d’nouveau, ils vont en faire des tonnes pour qu’elle s’sente choyée, j’pense. Comme si ça allait changer que’qu’chose à c’qu’y’z’ont fait. »

« Ou plutôt ce qu’ils n’ont pas fait. » Elle a continué à triturer mon corps comme si elle avait rien dit, ouvrant grand une plaie pour y chercher une balle. J’ai grimacé. Avant, c’est putain d’ses mains lumineuses qui m’auraient fait mal. Maint’nant bah c’est la balle et l’fait qu’ce soit pas la plus délicate, dans c’genre de moment. « Ca t’ressemble pas. » J’ai rigolé.

« Je ne suis pas toujours d’accord avec toi. » Elle sourit, un peu complice. « En fait, je désapprouve beaucoup de tes choix mais sur ce point… » Elle hausse les épaules. Son sourire commence à grandir un peu, t’sais. « Tu te souviens de ce que je t’avais dit ? Le jour où tu as décidé de vivre avec nous. »

« Ouais, t’as dit que tu voulais pas m’épouser. » J’ai rigolé et elle aussi pasque c’était vrai et qu’c’était un souv’nir putain d’triste et putain d’génial pour moi, p’têt’ pour elle aussi. « Et que je ne t’abandonnerais pas, parce que tu nous avais réunies, Alice et moi. » Elle est allée chercher une balle avec une pince avant de reprendre. « Et… Tu es la seule personne qui tient vraiment à nous protéger. Je veux dire… nous sept. » Elle fait une moue l’air de dire : voilà. Et du coup j’suis censé comprendre le reste tout seul. Mais ouais. J’dis ça mais j’ai pas b’soin d’plus pour m’faire la suite tout seul. C’est c’que j’ai dit à Aurore et à Jasmine dans l’vaisseau. Y a pas un groupe qu’en a vraiment quelque chose à foutre de les sauver. Et puis voilà, faut faire avec, on va dire. Et va falloir convaincre Jasmine, du coup.

« Tu crois que Jasmine va dormir, après ? »

« Elle a dormi dans le vaisseau ? »

« Non. »

« Du coup… oui je pense. Alice a fait un beau lit, la chambre est vraiment belle. On l’a parfumée. » J’hausse les sourcils. Jamais j’ai eu droit à ça. Elle sourit encore. « Personne ne refuserait de dormir dans ces conditions. »

Et j’suis content en la voyant s’lever pour laver ses instruments d’torture avant d’continuer à m’opérer. Pasqu’elle a la patate et qu’ça m’frait oublier la mort d’un pote. Quand c’est fini, une bonne demi-heure plus tard, Alice est descendue, Jasmine pas. Et du coup ouais on parie sur le sommeil. J’ai quand même balancé l’info la plus importante à prendre en compte : qu’j’avais dû laisser le père derrière, dans les cachots, pasque le faire sortir lui aussi c’était injouable. Et voilà. Il allait falloir s’débrouiller avec ça.
Et ouais, c’est bien trois heures plus tard, on était tous dans l’salon, dans les canapés, avec la télé fermée, et on s’parlait tranquille, tu vois, comme ça nous arrive souvent. Et c’est seul’ment là qu’Jasmine est descendue, habillée avec un jeans et un ch’misier rouge, manches courtes. Elle è v’nue avec nous, genre dans l’salon, et puis t’sais… elle a un peu écouté Alice parler pendant dix bonnes minutes et Belle qui répondait d’temps en temps, et moi qu’arrivais pas à m’concentrer, en fait. J’étais trop dans l’genre c’est quand qu’on parle de Jasmine, en fait ? ‘Fin voilà. Puis après ça, bah…


« Ca t’a fait du bien ? » demande Belle. J’lève les yeux… Putain mais… Allez quoi, on passe aux choses sérieuses ! Ca m’stresse !

« Oui. » Jasmine met ses pieds nus sur l’fauteuil et serre ses jambes cont’sa poitrine. « Nous avions de quoi nous laver mais… un bon lit, ça fait une grande différence. »

« Tu t’y réhabitueras vite. » dit Belle avec un grand sourire. « Et tu arrives à réaliser que tu es libre ? »

« Oui. » qu’elle dit avec un sourire mais… minuscule, t’jours un peu triste, tu vois. « Ce n’est pas dans ces cachots que j’ai vécu le pire. En fait, aussi bizarre que ça puisse paraître… il y a des moments où j’étais contente de pouvoir pleurer là-bas et pas dans un palais, entourée. »

« Je comprends. » répond Belle. J’regarde Alice pour voir si elle est sur la même longueur d’onde qu’elles, pasque… « Moi aussi. » J’ai osé. Putain jamais j’voulais l’faire, t’sais. M’mêler d’une discussion d’meufs. C’est pas que ça m’intéressait pas, au contraire mais j’avais plutôt l’habitude d’être un connard et d’faire chier quand j’parlais, du coup… bah j’avais misé sur l’fait d’fermer ma gueule. « C’est quand j’étais enfermé qu’j’ai appris qu’mon fils était mort, tu vois. Et Alice bah… elle était aussi captive quand son monde s’est fait détruire. »

Elle m’a r’gardé assez intensément avant de hocher la tête et de reprendre. « Je me sentais impuissante mais c’était… simple. »

Y a un p’tit silence. « Et puis ils ne m’ont pas torturée, jamais. C’était.. très long. En fait, j’ai parfois du mal à me souvenir de ce que j’ai pu vivre avant. De la magie, d’Agrabah. C’est presque comme un rêve. » Et elle se livre un peu, tu vois. Et on écoute.
« Quand certaines personnes venaient nous donner de l’espoir, j’essayais de ne jamais trop y croire, de ne pas trop y compter. »


Putain et les mercenaires, c’est les meilleurs pour être décevants. « Vous vous souvenez de la Forteresse oubliée ? Je veux dire… » Jasmine a remué la tête en souriant un peu, l’air de dire un trop évident.

« Maléfique ? » qu’elle dit Alice. Et ok là je comprends. À la base je suis né au Jardin radieux, s’tu t’souviens. J’en avais rien à foutre mais pour le coup, j’ai aussi été dégagé par cette pute.

« Oui. » Jasmine rigole. Ok bon souv’nir ? « J’y ai pensé souvent, là-bas. Elle nous a toutes enlevées pour un but bien précis. Nous étions ses instruments. Et… depuis, nous avons toutes été capturées, à nouveau, par la Coalition noire, à part Kairi. Et pour quoi ? Pour quelle raison ? Aucune, juste comme ça. »

Belle a pas pu s’empêcher d’me r’garder à c’moment-là, c’qui m’a fait juste regarder ailleurs, en fait. « J’ai toujours pensé que c’était une manière pour la Coalition noire de montrer sa puissance. »

« Cela leur permet d’être de convenables méchants. » dit Alice en souriant, en imitant en gros la pose de Jasmine.
Y a de nouveau une petite pause.
« C’est assez drôle qu’on se retrouve ici, là où on s’est toutes rencontrées. On nous croirait nostalgiques. »

« C’est vrai. » répond Alice super sérieusement. « Mais c’est vraiment notre envie, à Jecht et à moi. Et Belle… »

« Moi aussi je suis partante, bien sûr. »

« À part Aurore et Blanche-Neige, on a toutes perdu notre maison et beaucoup de nos amis. » Belle acquiesce un peu tristement, sans regarder Alice. « C’est vrai. » répond Jasmine. « Et même Jecht, même s’il n’est pas une princesse, lui, il est assez costaud pour nous libérer, et assez costaud pour nous protéger ! Du coup, comme il vit ici, autant toutes se réunir ! Toutes celles qui veulent ! »

« Ouais ‘fin sans t’vexer, toi non plus t’es pas une princesse. »

« Si. De cœur. » dit-elle fièrement. « Jamais entendu parler, c’est un genre de… scouts pour gamines de huit ans ? » Alice rigole juste quelques secondes avant de joindre ses deux mains et d’reprendre comme une putain d’consule. D’ailleurs ! « Ici, on a un métier qui est… ce qu’il est. »

« C’est un métier très agréable. » qu’dit Belle en mode correction. « Nous sommes des consules. » Alice montre le symbole des consuls au niveau d’l’arrière d’sa chaussure, genre elle pouvait pas l’mettre ailleurs. « On fait en sorte d’être vues dans la ville, on vit notre vie, on fait pratiquement tout ce qui nous fait envie. Alice se promène beaucoup, va dans les jardins. Je vais à la bibliothèque, en ville… »

« Il y a toujours des gardes ! »

« Alice s’entraîne trois à quatre jours par semaine avec Jecht, le matin. Et… » Belle rigole en r’gardant Alice, c’qui m’arrache un sourire de vainqueur. « Ouais, y a pas mal de gens qui nous matent, à chaque fois. Y en a qui s’lassent pas. »

« Elle est plutôt populaire. » qu’plaisante Belle. « Nous sommes correctement payées, et logées, et Jecht peut vivre avec nous puisque c’est notre maison. »

« Par contre, il s’appelle Auron, ici ! Attention ! »

« Auron ? Celui qui… « Ouais euh… longue histoire. J’disais pas mon blaz’ à cause d’ce qu’j’avais fait au domaine enchanté, mais d’puis bah… ils sont en guerre, tous, et puis j’ai payé ma dette, j’dirais. On va p’têt’ arrêter ‘vec ça. »

« Tu ne crains pas la Coalition noire ? » m’demande Jasmine, assez sérieuse mais genre… pas style impressionnée d’avance, t’sais. Vraie question. « Nan. » J’ai pris un moment. « J’leur ai échappé trois fois. Puis même. Là, on les a mis par terre, on les a humiliés. ‘Vont pas prendre le risque d’venir vous chercher. ‘Fin, si tu décides de rester ! Y’s’mettraient l’Consulat à dos, et ils s’ront jamais sûrs d’pouvoir me battre. Ailleurs, j’dis pas. Un jour, y’tent’ront p’têt’ un truc cont’moi, quand j’s’rai en vadrouille dans un coin paumé. Mais ici, on craint rien du tout. S’ils attaquent la maison, j’tiendrai l’temps qu’le Consulat rapplique. »

« Et si tu n’en as pas peur, pourquoi avoir attendu huit ans pour venir nous libérer ? »

J’ai haussé les sourcils. J’l’ai pas vue v’nir celle-ci. J’ai r’gardé Belle en mode… j’fais quoi ? Puis j’ai un peu bégayé, t’sais. Et… « Jasmine, attends. » m’coupe Belle, assez ferme. « Même Jecht n’était pas sûr de revenir, aujourd’hui. Il fait l’intéressant mais il n’est pas invincible. » Euh… J’me sentais pas défendu, là. « Belle, tu es intelligente mais tu n’es pas une guerrière donc… j’ai besoin d’entendre Jecht. »

« Mais euh… c’est comme elle a dit, en fait. Aujourd’hui y a eu une occas’ parfaite. J’en ai profité. Puis j’étais pas seul. »

« Tu vois, je te remercie vraiment pour ce que tu as fait. Mais j’ai laissé mon père derrière moi, aujourd’hui. » Elle s’remet droite, elle met ses pieds à terre et elle continue comme si è’m’donnait une droite, avec un bon équilibre et sans pitié. « J’ai bien compris que les différentes nations n’avaient pas comme objectif premier de nous libérer, et que si tu n’étais pas intervenu, je serais peut-être sortie dans dix ans. Mais je me souviens de ce que tu as dit. Toi tu t’intéresses à nous. Mais vous êtes en paix, ici dans ce monde, depuis combien de temps ? »

J’regarde Belle. « Ca fait un peu plus de trois ans que nous sommes tous les trois. » Et du coup… ça fait un peu plus d’trois ans qu’faut avouer qu’j’fais plus grand-chose pour les Songes… qu’j’étais un peu dans l’attente de la suite. Ok j’voyais où elle voulait en v’nir. « Est-ce que pendant ces trois ans, vous avez choisi de nous oublier ? »

Bon j’ai pris mon courage à deux mains. « Ca m’a pris du temps. Pour plein d’raisons. » J’l’ai r’gardée dans les yeux. « J’voulais vous libérer toutes les deux mais… il a fallu qu’mon pote, qui est mort pour vous deux, me r’joigne pour qu’je sache que vous étiez toutes les deux dans c’cachot-là. Et on a attendu la meilleure occas’. En gros… Hadès a organisé un tournoi et… ces débiles d’la coalition noire s’sont inscrits. Genre en nombre. Et comme c’était tout un truc de pubs et tout, bah..  on a été mis au courant. En vérité, on comptait sur l’fait qu’Death y s’rait. On avait tout parié là-d’ssus. Et pendant qu’un pote à nous  était là-bas pour attirer l’attention, nous on est v’nus vous chercher. Mais… » pasque ouais, ça répondait sûr’ment pas vraiment à la question. « En vrai c’est aussi qu’j’essaie d’m’améliorer. J’ai fait des trucs très moches, et j’continue d’en faire parfois. »

Putain d’blanc. Elle m’a r’gardé comme un putain de juge qui r’garde un prisonnier. Les sourcils froncés, l’air de vouloir en entendre toujours plus. « Et euh… j’voulais juste faire plaisir à Alice et elle m’a parlé d’cette idée d’proposer à Cendrillon d’v’nir vivre avec nous, et… de là bah j’ai pensé à vous. Voilà. »

Putain. J’avais quand même pris l’habitude d’être honnête par rapport à c’que j’ressentais avec Belle. Mais Alice, j’faisais toujours un peu l’malin, et surtout une meuf qu’je connaissais pas, là j’aurais jamais rien dit en temps normal mais là… « C’est une raison un peu idiote. » soupire Jasmine.

« Avec Jecht, ça vient du cœur ou ça vient des tripes. Jamais de « la tête » finit Alice en rigolant.

« Écoute, Jasmine. Bien sûr que ça nous ferait très plaisir que tu viennes vivre avec nous. Notre… mode de vie est un peu original mais nous sommes sûrement les personnes vivant le plus librement sur cette terre. Nous essayons de porter les bonnes valeurs mais nous n’avons plus les capacités d’être aussi… altruistes ou naïves qu’avant. Mais si tu n’as pas envie d’être avec nous, on comprendra. Jecht t’accompagnera jusqu’au château de la lumière. Ils te protègeront aussi. Je crois que Sora vit encore là-bas, et la personne en charge est une femme très bien. »

« Mais ! » qu’dit Alice avec son idée en plus. « On veut vraiment que tu restes. » Jasmine a eu l’air d’un peu chialer mais r’gardait Alice en restant immobile, les yeux rivés sur elle. « Nous n’avons pas passé autant de temps que toi enfermées. Nous n’avons pas subi tout ça mais… on sait quand même ce que tu as vécu, et on est heureuses, maintenant. Heureux, en fait, tous les trois. »

« D’accord. » répond Jasmine en expirant, comme si c’était douloureux, t’sais. Mais j’ai souri pasque c’était quand même trop cool. Ca allait changer beaucoup d’choses et j’allais encore perdre mes droits mais… L’ancien Jecht aurait dit qu’ça f’sait une vie dans la même maison qu’trois meufs bonnes. Et l’nouveau Jecht est putain d’d’accord avec ça.
Bon, et tout l’monde était super content, bref, c’tait la fête dans nos cœur.


« Et bien… Je sais qu’il est tard mais Jecht va s’occuper de mettre la table. » Belle s’est levée pour s’mettre derrière l’fauteuil de Jasmine et de poser ses mains sur ses épaules et de se pencher sur elle. « Alice va réchauffer et le veau… et je vais rédiger une lettre pour Arthur pour lui expliquer qu’il faut agrandir la maison ! »