Le soleil se couchait lorsque Fengxian rentrait chez lui, suivi par un petit homme aux cheveux bruns noué en un chignon, Ruotai. Ses bras croisés dans les manches de son hanfu rouge et noir, le colosse gardait la tête juste assez haute pour paraître digne (et ne pas faire tomber sa coiffe) mais suffisamment basse pour indiquer qu’on ne devait pas le déranger. Ses pas lento présageaient qu’il était en pleine réflexion. Philosophique ? Pas vraiment, non.
De fait, il avait reçu une mission, et l’heure était à l’ébauche d’un plan.
Où vais-je recruter des belluaires ?
Ce n’était pas les options qui lui manquaient. D’abord, il consulterait ses archives personnelles. S’il avait des connaissances correspondant au profil, il remplirait non seulement sa mission mais en plus solidifierait ses relations. Gratte-moi le dos et je te gratterai le tien. Il n’était pas un singe, mais l’expression lui semblait appropriée. Il ne croyait pas vraiment en sa chance, cependant. De mémoire, il ne connaissait personne avec de l’expérience en tant que dompteur ou belluaire.
Par contre, peut-être que les registres de l’armée gardaient en mémoire le passage de ces guerriers si particuliers. De plus, réemployer des hommes au caractère patriotique était incontestablement de bon augure pour l’esprit de corps.
Mais du sang neuf ne ferait pas de mal non plus. Les marchants avaient sûrement un carnet d’adresses contenant le nom de quelques dresseurs ; sinon les artistes de rue dans le quartier des spectacles. Oui, tout cela lui donnait des idées.
Fengxian continua sa route, perdu dans ses pensées, tournant à un angle, puis à un autre, jusqu’à ce qu’il s’arrête, instinctivement. Il pivota, faisant face à deux jeunes hommes gardant les marches à l’entrée d’une petite salle de réception.
Il était arrivé à la demeure familiale (qui n’était vraiment qu’un logement de fonction). La structure était en bois, de style Han siheyuan. Au-dessus des murs, on percevait le toit des autres bâtiments qui encadraient la cour intérieure. Ce n’était pas une résidence donnée à tout le monde, loin de là. Un simple commissaire des armées ne devrait même pas avoir de gardes ou de domestiques. A Beijing, tout se payait cher. Par exemple, s’il y avait quelques branches de Mengde habitant autour de son quartier, elles n’avaient pas eu ce privilège. On ne pouvait pas tous être consuls. Oh, ils avaient quand même leur maison. Il serait peu commode que des Mengde dorment dans une hutte.
Les deux gardes, Zemin et Jingyi, s’écartèrent et lui adressèrent un sourire, couplé d’un acquiescement. Ils aussi portaient la natte mandchoue. Fils d’un cousin de Fengxian, ils venaient de sortir de leur service militaire. Le violoncelliste crut bon d’embaucher la famille.
Encore dans la lune, Fengxian monta les marches, ouvrit la porte et la franchit. Une servante le salua mais il ne réagit pas. Il n’avait encore que sa mission en tête lorsqu’il pénétra la salle de réception. Elle n’était pas bien grande, et elle pouvait difficilement accueillir plus d’une vingtaine de personnes. C’était d’autant plus le cas que lors des soirées mondaines, chaque coin de la pièce était dédié à un thème. En temps normal, il n’y avait que les coins de la Musique et de la Littérature. Les deux autres coins étaient ceux dédiés au buffet et aux jeux. Mais ce n’était pas plus mal, c’était la taille idéale pour s’entretenir régulièrement avec ses cercles. Il fallait un peu d’intimité pour que tout puisse se dire. Et puis, il y avait toujours le jardin.
Fengxian donna sa coiffe à Ruotai, puis s’avança vers la cour intérieure. Ses domestiques continuaient leur travail. Ils connaissaient les vaines habitudes du maître. Il souhaitait souvent se reposer au jardin quand il avait besoin de penser. Mais...
Des bruits de pas sourd et prestos retentirent au même moment depuis le jardin. Une embuscade.
— Fengxia ! Ne courre pas dans le jardin ! Tu vas tomber, ou pire, te salir ! Et tu n’es pas en train de piétiner les fleurs, j’espère !
Il connaissait sa fille. Même hors champ, il connaissait le moindre de ses méfaits. La jeune adolescente apparue devant l’entrée de la cour, juste devant son père. Son teint blanc comme neige contrastait avec ses cheveux noirs comme une nuit sans lune.
— Bonsoir Père ! Le coucher de soleil a déjà commencé, allons contempler le ciel ensemble!
Derrière elle, on pouvait voir Xini, une duègne d’une cinquantaine d’années avec un chignon bas, fatiguée, indignée mais silencieuse. Elle était passée par les dalles de pierre. Le colosse inspecta rapidement sa fille des yeux. Son hanfu blanc (au-dessus de la taille) et bleu (au-dessous) était ni débraillé ni sali. L’adolescente tourna la tête, affichant avec une certaine arrogance sa queue de cheval, comme pour signifier quoi, y a-t-il quelque chose à reprocher à MON apparence? Ou alors, était-elle fière de pouvoir se coiffer toute seule ? Dans un coin de son esprit, il prit note qu’elle ne soumit pas spontanément ses mains à l’inspection. Il balaya du regard le jardin par dessus la tête de sa fille – qui tentait de bloquer sa vue avec ses mains tendues et tâchées d’encre – et conclut qu’elle tentait d’échapper à une punition. Il secoua la tête, non, ce n’est pas important.
— Bonsoir Fengxia. Non, pas ce soir. J’ai une mission et il est possible que je doive partir en mission dans quelques jours. D’ici là, souhaites-tu voir des spectacles avec moi ?
Les grands yeux verts de sa fille brillèrent. Fengxia avait une écoute très sélective.
— Où irez-vous ? Puis-je venir avec vous ?
— Je ne sais pas encore si je vais partir. Et c’est une mission ennuyeuse, sans aventure et sans danger.
— Ah… Dommage. Et la destination ?
— Inconnue-
— Ah-ha !
— ...mais sûrement non loin de Beijing. Si je peux m’éviter un grand voyage... Ne me regarde pas comme ça, tu sais que je ne peux pas t’emmener en mission de toute façon. Ce ne sont pas des vacances.
— Très bien. Nous irons donc voir un spectacle. Celui de mon choix, bien sûr !
— Tout est dans le quartier des spectacles de toute manière. Bon. Prenons un thé ensemble dehors. Xini ? Merci. Ruotai ! Sors les archives 24 et 66-F, et repose toi aussi. Je te rejoins après le thé.
Pacifiée, Fengxia accompagna son père dans le jardin. Il n’était pas bien grand, mais ils avaient tout fait pour le rendre accueillant. Les fleurs colorées, leur léger parfum, et le gargouillement d’une modeste fontaine apaisaient les cœurs.
Fengxia s’assit sur le rebord de la fontaine tandis que lui resta debout. Tous deux fixaient le ciel changer de teintes. Xini vint, ils burent leur thé et se racontèrent leur journée, s’amusant à bluffer, relever mensonges et omissions, à se railler, parfois à se menacer. Absorbés dans leur « discussion », ils n’avaient pas remarqué qu’il faisait déjà nuit. Fengxian annonça qu’il devait aller travailler, et Fengxia couru lire dans la bibliothèque. Du moins, jusqu’à que Xini lui rappelle qu’elle n’avait pas encore fini sa punition. Xini lui avait fait recopier tellement de fois le Shi Shu de Confucius qu’elle pourrait presque les réciter par cœur. Elle soupçonnait même que son père compilait ses punitions en manuscrit pour les revendre derrière. Si cela s’avérait exact, elle devait absolument imposer une commission sur chaque vente.
Quelques heures et litres de thé plus tard, Fengxian et Ruotai avaient terminé d’éplucher les archives dans la salle d’étude. Il n’y avait eu aucun miracle : Fengxian n’avait jamais fait la connaissance d’un belluaire ou dresseur. Cela aurait été trop facile. Il devait passer au plan B.
Le lendemain matin, le colosse et son assistant partirent au palais impérial. Ruotai devait se renseigner sur les différents spectacles incluant des animaux sauvages. Tout spectacle officiel devait être autorisé au préalable, et s’il existait des registres, ils seraient au palais. Fengxian, quant à lui, consulta les registres des armées. Chaque soldat devait indiquer sa profession lors du service militaire. Heureusement, les registres étaient clairs et il savait ce qu’il cherchait. Mais tout seul, cela prendrait beaucoup de temps. Le ministère lui donna deux assistants et la tâche devait pouvoir être accomplie en quelques jours.
Ruotai, ayant terminé sa tâche sans encombre, se joint à eux.
La journée fila et Fengxian invita ses collaborateurs à boire chez lui. Ils avaient bien travaillé, et il voulait les remercier. Ils refusèrent poliment et Fengxian n’insista pas. Une autre fois peut-être. D’humeur festive, il décida d’inviter ses frères et cousins ; on savait s’amuser dans la famille !
Fengxia ne pointa pas le bout de son nez de toute la soirée. Sûrement avait-elle peur que l’un ait un fils prêt à être marié. Elle n’avait pas bien apprécié que son père lui demande d’inviter des garçons à son dernier anniversaire. Dix garçons étaient bien venus, mais le plus âgé d’entre eux n’avait guère plus de sept ans. Son père l’avait d’ailleurs menacé de la marier à son neveu Xianfu, dont le visage arrivait même à repousser les moustiques.
Bien que Ruotai ne put partager la table – c’était l’étiquette - lui et Fengxian trinquèrent après le départ des invités. La pêche avait été bonne aujourd’hui: ils avaient déjà trouvé quelques noms, et il y en avait un particulièrement prometteur : Bai Song. Le registre était formel : il était un belluaire professionnel qui poursuivit cette occupation même après être parti de l’armée. Ils avaient même trouvé un rapport sur lui datant de son service militaire. Il y a une quinzaine d’années, il aurait sauvé ses camarades d’une meute de loups lors d’une patrouille en forêt. Même s’il y avait eu des exagérations, ce Bai Song était un excellent candidat. Bien meilleur que les autres, en tout cas, et cela le rendaient désirable.
Cela dit, il y avait un souci. L’homme habiterait dans le Sichuan. Sauf que c’est bien imprécis. Le Sichuan, c’est grand.
Ruotai lui avait d’ailleurs conseillé d’aller voir les spectacles de bêtes à Chengdu. Ils y étaient particulièrement impressionnants, et qui sait ? Peut-être y aurait-il d’autres candidats là bas.
A la fin de leur discussion, Fengxian et Ruotai se levèrent silencieusement. Ils avaient encore du boulot le lendemain. Ils ouvrirent la porte de la salle de réception, et s’apprêtaient à sortir quand...
— Père, puis-je vous parler un instant? J’ai des informations qui pourraient vous aider.
Ils virent Fengxia assise devant la porte, l’air interdit.
Père et fille se regardèrent droit dans les yeux.
Silence.
— Aie ! Aie ! Aie ! JE PEUX VOUS AIDER ! JE PEUX VOUS AIDER !
Soulevée par les oreilles, Fengxia laissait transparaître dans sa voix son douloureux dévouement.
— Tais-toi, tu vas réveiller les voisins. Où est Xini ?
Il la reposa par terre.
— ...Elle n’est plus de ce monde…elle se trouve maintenant dans la cité des rêves- Aie ! Ouille ! C’était une blague ! De mauvais goût, certes ! Mais Père ! Je voulais vous demander quelque chose !
— Et ça ne pouvait pas attendre demain ? Dis-moi donc.
— C’était à propos des spectacles que nous irons voir… mais j’ai oublié. Non, vraiment ! Mais vous parliez d’un certain Bai Song, n’est-ce pas ? Je le connais.
Fengxian n’était pas le seul à avoir mal à la tête. Il était temps qu’ils se reposent.
— Des Bai Song, il doit y en avoir des milliers. Comment connaîtrais-tu un ancien soldat, belluaire, dont la localisation précise n’est même pas notée dans nos registres ?
— Il habite près de Chengdu ! Il y a une grande forêt sur la route entre Xi’an et Chengdu, c’est là qu’il se terre. Ne me demandez pas comment, mais je le sais. Emmenez-moi avec vous, je peux vous y conduire !
S’il en avait encore la force, peut-être que Fengxian serait devenu fou furieux, fou d’inquiétude, fou tout court. Qu’avait-elle fichu lorsqu’elle était écolière à Chengdu ? Et pourquoi, par les dieux, Xini n’avait-elle pas communiqué ces informations ? Il y avait quelque chose de louche là dessous. Mais il n’avait qu’une chose en tête : dormir. Il ignora sa fille qui lui donnait des mots de tête, et partit rejoindre son lit. Ruotai ne glissa que quelques mots à Fengxia avant de s’en aller lui-même :
Reprenez cette conversation après demain, durant les spectacles.
Deux jours plus tard.
Le soleil était levé depuis peu quand Fengxian s’assit dans le coin de la Musique pour jouer du violoncelle. Il avait d’ores et déjà préparé les fiches des cinq meilleurs candidats pouvant être recrutés comme belluaires. Il hésitait encore à présenter celle de Bai Song. Malgré leurs recherches, ils n’avaient toujours aucune idée quant à sa localisation (Fengxia ne comptant pas). Deux options se présentaient à Fengxian: présenter les fiches des candidats disponibles et terminer la mission dès aujourd’hui, ou se mettre en quatre pour tenter de dénicher un potentiel expert, ce qui pouvait peut-être prendre des semaines.
— Maître, puis-je ? Je vous remercie. Peut-être devriez-vous attendre cet après-midi avant de conclure votre mission. Ces deux derniers jours ont été rudes. Les spectacles avec la jeune maîtresse vous changeront les idées, et votre esprit pourra par la suite prendre une décision avec plus de clarté.
Fengxian, qui avait arrêté de jouer, soupira. Il se méfiait de toute procrastination – il n’aimait pas laisser ses missions en suspens. Cela dit, la proposition de Ruotai n’était pas mauvaise.
— Tu as raison. Faisons comme tu dis. Tu devrais aller te reposer, je vais rester ici un bon bout de temps.
— Si cela ne vous dérange pas, je souhaite rester là.
— A ta guise.
Fengxian reprit le morceau du début. Il n’y eut plus d’interruption.
Ses traits s’adoucissaient avec le lent glissement de l’archet. Ses yeux fermés, son esprit était libre. Au fur et à mesure de ses mouvements, son monde se réduisait au son grave d’un adagio mélancolique où s’écoulait son inconscient. Il y avait comme une délivrance dans le sourire paisible sur ses lèvres. Et il continua. Glissant, caressant les cordes, encore et encore. Libre de ne penser à rien, il n’existait plus que lui et la musique. Il ne sentait maintenant plus que ses doigts souples, guidés par la mélodie, une note appelant l’autre. Et le moment même où il se sentait basculer...
— Maître… Souhaitez-vous déjeuner..?
Ruotai eut l’air navré lorsqu’il interrompit le jeu de son maître. Il n’avait fait que chuchoter, mais à la manière dont les yeux de Fengxian s’ouvrirent d’un coup, il aurait très bien pu avoir hurlé.
Le colosse se leva, posa le violoncelle et vérifia que son apparence était en ordre. Il toucha sa tresse, comme pour vérifier qu’elle était toujours là. Il regarda un moment la trompette accrochée sur le mur derrière lui, et quitta la pièce en silence.
Le repas englouti, Fengxian et Fengxia sortirent au quartier des spectacles, accompagnés par Xini et Ruotai. Heureusement, la « petite » pause musique avait permis au père de se reposer.
Il ne savait pas comment s’habiller ; d’habitude, il était toujours en habit de cour. Mais mettre en exergue son statut ne devrait être fait que dans le cadre de missions officielles ou à la cour. Et aujourd’hui, il voulait davantage arracher Fengxia du quartier, qu’elle ne semblait jamais quitter, que pour accomplir tout objectif professionnel à proprement parler.
Vraiment ?
Il commençait à avoir un doute. Ces jours-ci, il ne savait plus. Après une décennie au boulot, il n’arrivait plus à en décrocher, si ce n’était que par la musique.
En tout cas, il raisonna qu’il pouvait au moins laisser sa coiffe derrière.
Et sa ceinture rouge de consul alors? Ce n’était pas se pavaner peut-être? Non ! Pas touche ! Personne n’a le droit de toucher à sa ceinture !
Père et fille marchaient donc côte à côte, profitant de ce bel après-midi. Ils discutèrent de ce qu’ils espéraient voir. Fengxia ensuite raconta qu’elle était déjà allée à des spectacles à Chengdu avec des amies, où de célèbres acrobates et artistes époustouflaient les foules. Questionnée sur les dompteurs et belluaires, elle hésita, puis répondit que oui il y en avait d’excellents. Elle continua de vendre Chengdu comme étant la ville de ses rêves, où elle en était sûre, son père trouverait des belluaires à chaque coin de rue, prêts à être recrutés... même s’il fallait quelqu’un qui connaisse la ville pour avoir accès aux meilleurs. Elle ne se proposa pas comme guide, mais Fengxian savait qu’elle n’attendait que le bon moment pour lui faire avaler son offre.
Arrivé à destination, et contrairement à ce qu’il avait pensé, Fengxian n’attira pas tant l’attention des autres que ça. Bon, grand qu’il était, il ne passait pas inaperçu non plus. Mais il y avait du monde dans les rues du quartier des spectacles, et les regards se portaient ailleurs que sur la foule elle-même.
D’un bout à l’autre de chaque rue se tenaient différentes scènes où se déroulaient des spectacles de rue. Acrobates, jongleurs, chanteurs, acteurs… il y avait de tout. Fengxia était aux anges. Ils continuèrent de marcher jusqu’à une scène qui attirait beaucoup plus de spectateurs que les autres ; Fengxian fut rapidement intéressé, remarquant des bêtes. Mais il n’y avait pas de belluaires, que des dompteurs.
Quelle différence ? avait pensé Fengxian au départ. Mais il pressentait maintenant, devant ces dompteurs, que la différence était immense. Ils n’étaient pas des guerriers. Avaient-ils capturé ces bêtes eux-mêmes ? Il en doutait.
Pour en avoir le cœur net, il laissa Fengxia à Ruotai pour aller se présenter à l’un des organisateurs pendant le spectacle. Bingo. Ces bêtes avaient été capturées dressées par quelqu’un d’autre. Qui ? Aucune idée. Où ? Chengdu, sûrement. Mais les marchands en sauraient plus qu’eux. Il obtint une adresse et un nom de fournisseur : Zhang De.
Ayant eu ses réponses, Fengxian se laissa guider par sa fille qui, au gré de ses envies, volait d’une scène à l’autre. Elle aimait tout particulièrement les cracheurs de feu, apparemment. Elle avoua qu’elle voulait apprendre à faire ça avec sa magie. Paniqué, et pour éviter qu’elle ne brûle leur résidence, papa Fengxian lui promis que si elle était sage, il lui trouverait un tuteur (il ne précisa pas quand),
L’heure vint de rentrer. Fengxia se plaignit alors d’avoir mal aux pieds, donc Fengxian lui paya un pousse-pousse. Elle partit en rouspétant – comme toujours - avec Xini. Il décida d’en profiter pour aller voir son fameux marchand.
Suivi par Ruotai, il trouva l’adresse, un espace où étaient entreposés tout un tas de marchandises, et l’intermédiaire. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, assis sur une chaise et aboyant des ordres à ses laquais. Oui, il devait être Zhang De, le big boss. Fengxian s’arrêta. L’homme ne l’avait pas encore remarqué. Parfait. Ha ! Et dire que Fengxia allait rater ça. Voilà qui fera regretter à sa fille de pleurnicher autant.
Fengxian bomba le torse, esquissa un sourire arrogant – très nouveau riche – et joua l’acheteur.
Il s’avança, parlant fort et avec assurance. Leur conversation ne dura point longtemps, l’homme ayant lâché assez rapidement l’information désirée. Il n’eut suffi que de mentionner que Monsieur Mengde avait vus les magnifiques bêtes dans le quartier des spectacles et, ayant envie d’en acheter une ou deux – voire trois ! il se sentait dépensier aujourd’hui – il était venu voir directement ce que ce marchant aux goûts respectables , Zhang De, avait à proposer. Malheureusement, il était extrêmement rare d’avoir en stock des bêtes. Mais par chance ! Zhang De connaissait du beau monde, et en quelques semaines il pouvait recevoir n’importe quoi ! Tigres, ours, pandas, poneys multicolores (non-natifs de la Terre des Dragons), etc. tout était disponible tant qu’on était prêt à y mettre le prix. Monsieur Mengde n’avait pas de problème d’argent, mais il voulait avoir des bêtes sûres. Le dompteur était-il fiable ? Connu ? Mais absolument, il était très fiable, leur dresseur, très fiable! Ce bon vieux Bai Song ne sortait pas souvent de sa forêt, mais il faisait un travail remarquable !
Ah.
Voilà un nom que Fengxian reconnaissait. Bai Song serait donc maintenant un dresseur ? Et il vivrait, comme l’avait affirmé Fengxia, dans une forêt près de Chengdu? Il devait absolument en savoir plus.
Fâcheusement, Zhang De n’avait pas plus d’information à communiquer. Fengxian fit faire un devis pour un petit poney tout mignon et un panda roux. Mais, soudain, une idée commençait à poindre dans son esprit. Tout cela ressemblait vaguement à du braconnage…tout cela valait bien une enquête. Non! Fengxian, résiste ! Ne te rajoute pas encore du boulot !
En tout cas, il avait ses informations. Après avoir vérifié que les activités de ce marchand étaient nettes, il enverrait une lettre d’excuse annonçant qu’il n’y aurait finalement pas de commande. À moins que… Fengxia soit contente d’avoir un animal de compagnie. Oui, a voir.
Une chose était sûre : il devait aller à Chengdu recruter ce Bai Song. Il ne pouvait pas laisser passer un tel personnage. Sa conscience professionnelle l’interdisait !
Fengxian passa la journée suivante à se préparer pour le trajet jusqu’à Chengdu. Il allait voyager léger (nourriture, hallebarde et bien sûr quelques kilos d’explosif) pour arriver le plus tôt possible, mais cela prendrait quand même plusieurs jours à cheval. Quelque part, il avait l’espoir tenace qu’il n’aurait pas à chercher son homme dans une forêt, et qu’il trouverait rapidement le moyen de le faire venir en ville.
Fengxia, comme il l’avait deviné, se proposa comme guide. Plusieurs fois. Et avec de plus en plus d’insistance. Il décida de partir une journée plus tôt et de laisser Ruotai derrière pour être sûr qu’elle ne tentât rien d’inapproprié. Il partirait dès le lendemain avec un cheval gracieusement obtenu via un camarade de l’armée impériale. Voilà pourquoi se faire des amis était important.
Il avait indiqué à Ruotai que si l’Impératrice souhaitait connaître l’état d’avancement de la mission, il devait lui fournir les fiches des cinq candidats trouvés ces derniers jours. Il gagnerait ainsi du temps sans paraître incompétent.
Dernière édition par Mengde Fengxian le Sam 18 Avr 2020 - 18:12, édité 2 fois (Raison : Correction de typos)