Caché dans un buisson, le Templier-en-Chef attendait son heure.

Le soleil avait poursuivi sa course assidue dans les cieux. Les arcs-en-ciel étaient allés et venus, de monde en monde. Il avait manqué le passage de Domaine Enchanté sur leur parcours, aussi se retrouvât-il là, entre les feuillages drus mais méthodiquement tailés sur château de la Lumière. Exposé au problème de la toute aussi assidue rotation des gardes de la Lumière ; il ne pouvait plus sortir sans être repéré. Il ne pouvait pas non plus faire marche arrière car il serait également repéré. De plus, les vaisseaux au départ du Domaine, il n'y en avait pas jusqu'à demain, six-heures quarante-sept ; des horaires comme ça, on ne les inventait pas et il ne pouvait que remercier la Shin-Ra pour un planning de ce genre.

Le buisson, donc. Et un petit exposé sur les évènements de la journée. Les non-évènements car, dans son cas, ayant été de quart jusqu'à huit heures du matin, il dormait quand tout est arrivé.

Oui, Fabrizio Valeri avait zappé la Saint Patrick et son habituelle arrivée de problèmes. Parce qu'il dormait comme un sac. Notamment, cette année, cette fête peut orthodoxe et pas du tout cataloguée comme une fête liturgique d'Etro, s'accompagnait du saint en personne qui venait récupérer son dû. Dû volé depuis des années par des aventuriers sans vergogne – en faisait-il partie ? Non, même pas ! Il venait donc dans ce monde inconnu -où il n'avait jamais foutu les pieds d'ailleurs, pour attraper le Saint et le ligoter pour lui faire cracher tout ce qu'il avait déjà pu voler alentours. Mais surtout au Domaine, fallait pas pousser quand même.

Le soleil était couché – depuis une heure environ. Lui, il était là depuis à peu près une heure et demie. Délesté de 250 munnies, du quotidien banal du Domaine et d'un café bien chaud pour commencer sa journée, il restait en planque en attendant l'arc-en-ciel.

Qui ne tarda pas à arriver.

Là, pile à ce moment, juste quand il y pensait.

En oubliant les cent-cinquante autres fois où il s'était dit « il apparaît MAINTENANT! » dans sa tête sans que rien n'apparaisse dans le ciel.

Cette fois, c'était la bonne. L'arc-en-ciel, le barbu roux fringué en vert-poubelle. Il allait lui régler son compte.

C'était sans compter les gardes, évidemment. Leurs armures blanches étincelantes qui reflétait les lumières éparses du jardin. Leurs armes pointées sur l'avatar de l'avarice.

Fabri sortit de son trou – enfin, de son buisson. Keyblade apparue en main. « Tu vas rendre ce que tu as volé, scélérat ! »

Quinze paires d'yeux sur lui.

Malaise.

«  - Pard-
- Tu es en état d'arrestation, d'où tu viens, qui est-tu !? PARLE !
- Ah, euh – je suis venu vous aider et...
- Puis-je...
- Au cachot ! Prévenez le Général Primus !!
- C'est pas ce que vous croyez, attendez -
- EXCUSEZ-MOI !? »

Le type en vert. Cherchait à en placer une aussi. Fabri aussi. Dans un capharnaüm immonde.

Deux gardes étaient partis ; chercher leur supérieur. C'était la merde et il ne pouvait pas rester là.

« Bon, peut m'importe – VOLEZ PETITS LEPRECHAUNS !! »

Saint Patrick n'allait pas se laisser décontenancer. Bientôt, des buissons, des fenêtres et de sous les arches de la cour, les petites créatures aussi bien nippées que leur maître débarquèrent.

« Ils sont là, formation de poursuite ! »

Formation de quoi ? Pensa Fabri. C'était peut-être sa chance après-tout.

Les gardes s'agitèrent ; en ignorant royalement le saint qui resta planté sur son chaudron de malheur. Un répit, enfin. Ils avaient, eux, le temps d'empêcher des vols. Pour le Domaine, tout était déjà joué. Certains partirent, d'autres restèrent, armes braquées sur le saint.

« A nous deux, voleur... » commença-t-il en se rapprochant lentement du type en vert.
« Excusez-moi !? Je ne viens que récupérer MA propriété, MON pécule volé par vos semblables ! »

Sa réponse avait été aussi sèche.

« Qu'à cela ne tienne parce que je suis ici pour récupérer ce que VOUS avez volé au Domaine Enchanté, devant témoins, de l'argent qui ne vous appartenait pas, qui ne vous a jamais appartenu d'ailleurs, qui vous avez foutu dans ce chaudron de mes – de malheur et que -
- EXCUSEZ-MOI jeune effronté !? Reprit le roux. Cet argent ? Il est à moi – par les affres de la communauté monétaire mystique internationale, il est mien et mien seul !

- Vous l'avez volé y'a pas cinq heures au Domaine Enchanté, maintenant donnez-moi ce chaudron et on évitera de se battre ! »

Il ignorait les avertissements. Ce type ? Il pouvait très bien le réduire en cendres. Mais Fabri voulait défendre les intérêts du Sanctum, et s'il devait s'y roussir le poil, il le ferait quand bien même.

« Tu veux savoir, petit ? Reprit le Saint, un sourire narquois aux lèvres. Y'a rien dans l'chaudron. C'est du pipeau ! Il est là pour décorer, attirer les CRÉTINS DE TON GENRE pendant que mes petits font l'travail. »

Ce disant, il fit rouler le chaudron d'un coup de pied. Ce dernier roula misérablement – vide.

Un rictus – de Fabri, hein, qui, face à la réalité des choses, se rendait bien compte de la situation dans laquelle il était. Merde.

« Ça veut dire qu'on peut pas récupérer notre fric !?  un soldat de la Lumière. Hallebarde pointée sur le saint.
Le saint, lui, ne répondit pas.
« Ça veut dire que pour le Sanctum c'est foutu, mais pour ici... »

Les yeux du soldat s'illuminèrent. « Faut attraper les leprechauns ! 

Le même cinéma que partout ailleurs. « Et en vitesse, faudrait pas que -

La hallebarde était maintenant pointée sur son torse. Le soldat le fixait. Il devait avoir quoi … quinze ans ? Un gosse. Deux grands yeux bruns. Les sourcils froncés. « Vous êtes en état d'arrestation. »

Incrédule, Fabrizio le regarda. Il cligna des yeux une fois. Non, deux.

Pas de vaisseau avant six heures quarante-sept.

Des gardes partout.

Dans un monde allié.


Sa keyblade disparut. Partout aux alentours, les leprechauns étaient poursuivis par des gardes. Ceux qui qu'étaient pas là à le pointer avec leurs armes évidemment.