« Mademoiselle Arad,
Vu les récentes prédictions météorologiques pour le moins inattendues concernant la journée de demain, je requiers votre présence à Illusiopolis. Vous vous y rendrez pour appuyer la sécurité de la suite présidentielle. Monsieur le Président n’y étant pas présent cette semaine, il ne sera pas nécessaire de dépêcher une unité pour suppléer l’équipe de sécurité permanente mais je suis certaine que vous ferez votre possible pour vous rendre utile et pour ne pas décevoir nos attentes sachant ce que cela pourrait impliquer pour votre carrière. Je joins les coordonnées du responsable de la sécurité en attaché. »
Menton enfoncé dans la main, je laisse courir mes yeux le long de la version imprimée du mail que m’a envoyé Scarlett. Je sens de petits picotements naître sur les extrémités de mes doigts à l’évocation de la mise en danger de ma carrière si je devais échouer ici. Je ne suis pas idiote, si elle m’a choisie c’est sans doute dans l’idée de me mettre en porte-à-faux. Echouer à protéger les affaires personnelles et onéreuses de l’homme à la tête de cette entreprise ne me mettrait sans doute pas sous ses meilleures auspices. Cela resterait à jamais inscrit sur mes états de service et interpellerait un homme comme lui sans doute bien plus qu’une vulgaire pierre ramenée pour sa secrétaire.
Je dépose le papier sur mes genoux et regarde autour de moi. Le transport est presque vide. Bizarrement, personne ne semble vouloir se rendre à Illusiopolis ces jours-ci.
*****A l’arrivée, au contraire, la situation est toute autre. En sortant du vaisseau, je croise une multitude de gens pressés et nantis chargés de leurs affaires —sans doute les plus précieuses. Je suppose qu’ils quittent le navire le temps que la situation revienne à la normale. Evidemment Rufus Shinra n’a pas besoin de se préoccuper de ce genre de choses, les autres —tout particulièrement Scarlett— y veillent assez bien.
J’ai déjà pris contact avec le responsable de la sécurité et suis convoquée à l’hôtel Plaza, en plein Illusiocitadelle. Je prends un taxi qui me dépose avec ma valise aux environs de dix-huit heures devant la tour pharaonique qui occupe presque un pâté de maison. En sortant, je suis forcée d’admirer le luxe et le caractère fastueux de l’hôtel. La construction est à la fois haute et très large. De grands tapis rouges bordeaux sont étalés le long de l’immense trottoir qui borde l’endroit. En sortant du taxi, je suis immédiatement accueillie par un voiturier qui me propose de prendre mes affaires. J’accepte mais lui indique que je suis là à titre professionnel et pour le compte de la Shinra. Nous entrons dans un grand hall dont le volume pourraient assurément faire pâlir plus d'un château ou plus d'un vaisseau.
Le voiturier m'amène à la réception où il me fait patienter quelques instants avant de s'adresser au maître d'hôtel qui vient à ma rencontre.
-Madame, on me dit que vous avez rendez-vous avec... ?
-Je suis envoyée par la direction de l'entreprise pour veiller à ce qu'il n'y ait aucune mauvaise surprise cette nuit. Monsieur Rothchild, qui s'occupe apparemment de la sécurité ici, est au courant de ma venue.
-Très bien, Madame.
S'ensuivent quelques coups de téléphones pendant lesquels je visite les lieux et leurs dispositions pour jauger les différents moyens d'accéder et de sortir de cette endroit. Quelques instants plus tard, j'entends mon nom d'emprunt être prononcé.
-Mademoiselle Arad ?
-Oui ?
-Bonjour. Je suis l'agent Rothchild, nous nous sommes parlés au téléphone.
-Bonjour Monsieur. Je suis à votre disposition selon les désirs du secrétariat.
-Très bien. Vous pouvez me suivre.
Il m'escorte jusqu'à un ascenseur richement orné où il insère une clé dans une serrure et l'actionne. Une musique retentit puis une voix annonce le dernier étage inaccessible au public.
-Monsieur le Président affectionne toujours d'être à l'étage le plus élevé.
-Je le constate. Il vient souvent ici ?
-Pas très souvent en fait. Mais nous devons toujours être prêts à toute éventualité au cas où il improviserait un passage ici. Et comme on a dû vous l'indiquer, son étage est « présidentiel », il y a pas mal de choses là-bas qui ont une certaine valeur.
-Très bien, je vois.
Je suis malgré tout curieuse de voir cela. A vrai dire, même si je crois deviner que Scarlett jubile à l'idée de me voir vraisemblablement échouer face à une bande de lutins farceurs et imprévisibles, être ici reste une sorte de victoire et pourrait m'apprendre des éléments utiles.
Après quelques minutes, les portes s'ouvrent sur un grand hall boisé. L'agent Rotchild entre indifféremment. Il est vraisemblable qu'il entre souvent ici.
-Vous avez de l'expérience en matière de sécurité.
-Je... Je pense pouvoir me débrouiller.
-Je l'espère. A vrai dire, Scarlett m'a assurée que vous pourriez prendre en charge cette mission toute seule. Elle a bien insisté pour dire que nous gardions nos postes habituels et nos rondes cette nuit. L'idée c'est que vous restiez ici pour parer à toute éventualité. A priori nous pourrons les contenir, mais puisque vous êtes ici, autant vérifier directement que rien n'est volé.
Il m'amène dans un grand salon dans un style classique, luxueux et ancien qui dénote totalement avec le style très froid et moderne du Vaisseau-Mère. De très hautes bibliothèques bien remplies de vieux ouvrages nous entourent ainsi qu'un âtre de cheminée. De lourds canapés se trouvent au milieu ainsi qu'une table basse où de petites boites se trouvent dont une que je soupçonne contenir des cigares.
-Voici le salon. Évidemment, ces livres ont de la valeur mais je ne pense pas que ce genre de créature s'intéressent à ce genre d'objets. Il y a un coffre fort derrière ce tableau. Il est lourdement sécurisé, évidemment.
Je regarde le tableau comme si je pouvais deviner derrière le coffre-fort. Le tableau représente un homme d'un certain âge ayant une attitude qui me rappelle celle du Président actuel. L'agent Rothchild m'amène ensuite dans les autres pièces, à chaque fois théoriquement bien trop grandes pour un seul homme mais il n'est rien qu'un homme pareil puisse se refuser.
-Voilà, je pense vous avoir tout montré. Nous vous ferons monter vos bagages immédiatement. Je vous informe également que pour des raisons évidentes d'intimité nous il n'y a pas de caméra ici. Nous ne pourrons donc pas vous dire s'il y a une intrusion. Je fais néanmoins confiance à votre expérience.
Je hoche la tête bien que je ne sois pas sûre d'avoir conscience de ce que cela implique.
-Je vous laisse ce talkie-walkie. Il fonctionne très bien, même à grande distance. Il y a des rondes à tous les étages, d'autant plus avec cette menace. N'hésitez pas à appeler si quelque chose vous semble suspect.
Quelques instants plus tard, je me retrouve seule dans ce grand salon. Je regarde l'heure et constate que selon les prévisions météo j'ai encore pas mal de temps devant moi. Je regarde les livres dans la bibliothèque, parfaitement ordonnés, en sors un et l'ouvre. Il y est question de sciences des cœurs, d'extraction, de fragilité et d'intégrité. Je suis surprise de voir qu'il possède ce genre de livres mais j'imagine qu'il doit y avoir des ouvrages traitants de tous les sujets dans la bibliothèque d'un homme de cette importance. A ce niveau, on ne peut plus se permettre d'avoir l'air bête ou ignorant. Je regarde d'autres livres, beaucoup traitent d'énergie, de vaisseaux et de physique.
Puis on frappe à la porte et elle s'ouvre. Je vois un groom apporter mes bagages, me saluer, et ressortir aussitôt. Le silence revient. Je vais chercher ma valise et l'ouvre au milieu du salon. S'y trouvent des vêtements de rechange, certains plus habillés et valorisants, d'autres plus pratiques pour une mission mouvementée. Je suis prête à toute éventualité. Je retire le premier compartiment et trouve plusieurs armes à feu dont je vérifie les mécanismes ainsi que les munitions. Il n'est évidemment pas question de perdre des balles dans le mobilier et de l'abîmer mais je ne peux pas me permettre de laisser quelque chose sortir de cet étage. Je laisse les affaires dans le salon et me balade à nouveau dans ce grand penthouse. La vue est assez extraordinaire bien que ce ne soit pas l'immeuble le plus haut d'Illusiocitadelle. Partout d'immenses buildings et beaucoup de lumière clignotantes. Je remarque que les fenêtres sont d'ailleurs équipées de stores occultant sans quoi il serait vraisemblablement impossible de s'endormir.
A nouveau, j'entre dans la pièce maîtresse de l'appartement. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de m'y attarder avec l'agent Rothchild alors je fais un tour du propriétaire. Sans la moindre forme de pudeur, j'ouvre les portes du dressing et touches les étoffes des riches vêtements. Tout est parfaitement entretenu, maîtrisé, calibré. Pas un grain de poussière, comme si sa vie attendait la petite explosion, la perturbation nécessaire à la rendre absolument présidentielle. Une petite pensée pour Scarlett me fait me demander si elle a déjà eu l'occasion de marcher sur cette moquette ou si elle s'est arrêtée au pas de la porte.
Je passe autour de lit en laissant glisser ma main sur sa surface. Je laisse échapper un petit sursaut d'étonnement constatant sa douceur infinie et recommence ma marche. Tout est très simple et classique, mais terriblement efficace et bien plus luxueux qu'il n'y paraît. Je m'assieds au bord du lit et inspecte le plafond pour me laisser tomber en arrière nonchalamment. Je reste comme ça quelques minutes, tournant de temps en temps mon visage sur la soie des coussins pour profiter de cette sensation de caresse langoureuse et laisser peut-être un souvenir, une odeur marquante pour son véritable propriétaire, une odeur différente.
Je finis par me lever et remets tout en place sur le lit comme si je n'y étais jamais passée. Puis je me dirige vers la salle de bain, et histoire de narguer un peu plus la secrétaire, je fais couler un bain dans cette immense cavité blanche en marbre. Personne ne saura sinon moi, mais quand je croiserai son regard, cela me suffira bien. Je pourrai aussi regarder le Président droit dans les yeux et savoir que j'ai pris un bain chez lui sans qu'il n'en sache rien, sans doute.
Je laisse tomber mes habits au sol et garde une arme à proximité bien au sec. Puis j'entre dans le bain brûlant. La pièce se remplit rapidement d'une vapeur translucide et d'une odeur de lavande. Je reste oisive quelques temps, me déplaçant dans le bain, pouvant presque nager et m'appuyant sur la marbre froid, créant ainsi un frisson irrésistible au creux de mes instincts.
Après environ une heure, je finis par sortir et regarde l'heure fatidique approcher.
Je me rhabille donc et prépare mes affaires pour être prête à toute éventualité. Je contacte l'équipe de sécurité pour connaître les derniers rapports. Rien pour le moment.
J'attends ainsi patiemment dans le salon, assise dans un fauteuil dans lequel on s'enfonce presque trop, et sentant mes paupières s'alourdir, je finis par m'assoupir.
Quelques instants plus tard, une vibration me réveille.
-Mademoiselle Arad ? Ils sont là !
-Hein... ? Quoi? Qui est là ?
-Les Leprechauns ! Les lutins verts. On a déjà eu plusieurs cas dans l'hôtel de signalement de vols, alors faites bien attention. Ils arrivent à se faufiler on ne sait comment dans les endroits les plus sécurisés.
Je me lève brusquement et regarde autour de moi. Je ne vois rien. La pièce est assez sombre, seules quelques lampes d'appoint sont allumées. Je me dirige vers les interrupteurs pour éclairer tout ça et au moment où je m'apprête à allumer quelque chose, j'aperçois une petite ombre bouger non loin de moi. J'entends son cœur aussi. Je laisse la lumière fermée et murmure.
-Hey toi. Qu'est-ce que tu fais ?
-Ya plus d'argent. Il nous en faut pour l'arc-en-ciel.
-On ne t'a jamais dit que voler la Shinra était un pari risqué ?
-C'est quoi la Shinra ?
-C'est ici la Shinra.
-J'en sais rien moi, j'ai senti qu'il y avait du fric par ici, alors je suis venu.
J'approche de la petite créature et tends ma main vers lui pour le saisir. Au début doucement, puis subitement, pour qu'il n'ait pas le temps de réagir. Je le tiens par le cou, il se débat. Je sens des petites décharges électriques me parcourir la main mais je le tiens sous pression à l'aide de mon essence obscure.
J'approche de la porte-fenêtre, puis je la traverse. J'avance sur la terrasse et laisse progressivement les ténèbres envahir son corps alors qu'il gémit et se débat encore. Puis, au bout d'un instant, son corps se fait moins résistant, et la petite lumière s'échappe de son corps. Je lâche alors son corps et son sans cœur dans le vide pour ne pas laisser de trace. Je saisis le talkie-walkie.
-Tout est sous contrôle à priori. Monsieur le Président n'a aucune inquiétude à avoir pour ses affaires.
Vu les récentes prédictions météorologiques pour le moins inattendues concernant la journée de demain, je requiers votre présence à Illusiopolis. Vous vous y rendrez pour appuyer la sécurité de la suite présidentielle. Monsieur le Président n’y étant pas présent cette semaine, il ne sera pas nécessaire de dépêcher une unité pour suppléer l’équipe de sécurité permanente mais je suis certaine que vous ferez votre possible pour vous rendre utile et pour ne pas décevoir nos attentes sachant ce que cela pourrait impliquer pour votre carrière. Je joins les coordonnées du responsable de la sécurité en attaché. »
Menton enfoncé dans la main, je laisse courir mes yeux le long de la version imprimée du mail que m’a envoyé Scarlett. Je sens de petits picotements naître sur les extrémités de mes doigts à l’évocation de la mise en danger de ma carrière si je devais échouer ici. Je ne suis pas idiote, si elle m’a choisie c’est sans doute dans l’idée de me mettre en porte-à-faux. Echouer à protéger les affaires personnelles et onéreuses de l’homme à la tête de cette entreprise ne me mettrait sans doute pas sous ses meilleures auspices. Cela resterait à jamais inscrit sur mes états de service et interpellerait un homme comme lui sans doute bien plus qu’une vulgaire pierre ramenée pour sa secrétaire.
Je dépose le papier sur mes genoux et regarde autour de moi. Le transport est presque vide. Bizarrement, personne ne semble vouloir se rendre à Illusiopolis ces jours-ci.
*****
J’ai déjà pris contact avec le responsable de la sécurité et suis convoquée à l’hôtel Plaza, en plein Illusiocitadelle. Je prends un taxi qui me dépose avec ma valise aux environs de dix-huit heures devant la tour pharaonique qui occupe presque un pâté de maison. En sortant, je suis forcée d’admirer le luxe et le caractère fastueux de l’hôtel. La construction est à la fois haute et très large. De grands tapis rouges bordeaux sont étalés le long de l’immense trottoir qui borde l’endroit. En sortant du taxi, je suis immédiatement accueillie par un voiturier qui me propose de prendre mes affaires. J’accepte mais lui indique que je suis là à titre professionnel et pour le compte de la Shinra. Nous entrons dans un grand hall dont le volume pourraient assurément faire pâlir plus d'un château ou plus d'un vaisseau.
Le voiturier m'amène à la réception où il me fait patienter quelques instants avant de s'adresser au maître d'hôtel qui vient à ma rencontre.
-Madame, on me dit que vous avez rendez-vous avec... ?
-Je suis envoyée par la direction de l'entreprise pour veiller à ce qu'il n'y ait aucune mauvaise surprise cette nuit. Monsieur Rothchild, qui s'occupe apparemment de la sécurité ici, est au courant de ma venue.
-Très bien, Madame.
S'ensuivent quelques coups de téléphones pendant lesquels je visite les lieux et leurs dispositions pour jauger les différents moyens d'accéder et de sortir de cette endroit. Quelques instants plus tard, j'entends mon nom d'emprunt être prononcé.
-Mademoiselle Arad ?
-Oui ?
-Bonjour. Je suis l'agent Rothchild, nous nous sommes parlés au téléphone.
-Bonjour Monsieur. Je suis à votre disposition selon les désirs du secrétariat.
-Très bien. Vous pouvez me suivre.
Il m'escorte jusqu'à un ascenseur richement orné où il insère une clé dans une serrure et l'actionne. Une musique retentit puis une voix annonce le dernier étage inaccessible au public.
-Monsieur le Président affectionne toujours d'être à l'étage le plus élevé.
-Je le constate. Il vient souvent ici ?
-Pas très souvent en fait. Mais nous devons toujours être prêts à toute éventualité au cas où il improviserait un passage ici. Et comme on a dû vous l'indiquer, son étage est « présidentiel », il y a pas mal de choses là-bas qui ont une certaine valeur.
-Très bien, je vois.
Je suis malgré tout curieuse de voir cela. A vrai dire, même si je crois deviner que Scarlett jubile à l'idée de me voir vraisemblablement échouer face à une bande de lutins farceurs et imprévisibles, être ici reste une sorte de victoire et pourrait m'apprendre des éléments utiles.
Après quelques minutes, les portes s'ouvrent sur un grand hall boisé. L'agent Rotchild entre indifféremment. Il est vraisemblable qu'il entre souvent ici.
-Vous avez de l'expérience en matière de sécurité.
-Je... Je pense pouvoir me débrouiller.
-Je l'espère. A vrai dire, Scarlett m'a assurée que vous pourriez prendre en charge cette mission toute seule. Elle a bien insisté pour dire que nous gardions nos postes habituels et nos rondes cette nuit. L'idée c'est que vous restiez ici pour parer à toute éventualité. A priori nous pourrons les contenir, mais puisque vous êtes ici, autant vérifier directement que rien n'est volé.
Il m'amène dans un grand salon dans un style classique, luxueux et ancien qui dénote totalement avec le style très froid et moderne du Vaisseau-Mère. De très hautes bibliothèques bien remplies de vieux ouvrages nous entourent ainsi qu'un âtre de cheminée. De lourds canapés se trouvent au milieu ainsi qu'une table basse où de petites boites se trouvent dont une que je soupçonne contenir des cigares.
-Voici le salon. Évidemment, ces livres ont de la valeur mais je ne pense pas que ce genre de créature s'intéressent à ce genre d'objets. Il y a un coffre fort derrière ce tableau. Il est lourdement sécurisé, évidemment.
Je regarde le tableau comme si je pouvais deviner derrière le coffre-fort. Le tableau représente un homme d'un certain âge ayant une attitude qui me rappelle celle du Président actuel. L'agent Rothchild m'amène ensuite dans les autres pièces, à chaque fois théoriquement bien trop grandes pour un seul homme mais il n'est rien qu'un homme pareil puisse se refuser.
-Voilà, je pense vous avoir tout montré. Nous vous ferons monter vos bagages immédiatement. Je vous informe également que pour des raisons évidentes d'intimité nous il n'y a pas de caméra ici. Nous ne pourrons donc pas vous dire s'il y a une intrusion. Je fais néanmoins confiance à votre expérience.
Je hoche la tête bien que je ne sois pas sûre d'avoir conscience de ce que cela implique.
-Je vous laisse ce talkie-walkie. Il fonctionne très bien, même à grande distance. Il y a des rondes à tous les étages, d'autant plus avec cette menace. N'hésitez pas à appeler si quelque chose vous semble suspect.
Quelques instants plus tard, je me retrouve seule dans ce grand salon. Je regarde l'heure et constate que selon les prévisions météo j'ai encore pas mal de temps devant moi. Je regarde les livres dans la bibliothèque, parfaitement ordonnés, en sors un et l'ouvre. Il y est question de sciences des cœurs, d'extraction, de fragilité et d'intégrité. Je suis surprise de voir qu'il possède ce genre de livres mais j'imagine qu'il doit y avoir des ouvrages traitants de tous les sujets dans la bibliothèque d'un homme de cette importance. A ce niveau, on ne peut plus se permettre d'avoir l'air bête ou ignorant. Je regarde d'autres livres, beaucoup traitent d'énergie, de vaisseaux et de physique.
Puis on frappe à la porte et elle s'ouvre. Je vois un groom apporter mes bagages, me saluer, et ressortir aussitôt. Le silence revient. Je vais chercher ma valise et l'ouvre au milieu du salon. S'y trouvent des vêtements de rechange, certains plus habillés et valorisants, d'autres plus pratiques pour une mission mouvementée. Je suis prête à toute éventualité. Je retire le premier compartiment et trouve plusieurs armes à feu dont je vérifie les mécanismes ainsi que les munitions. Il n'est évidemment pas question de perdre des balles dans le mobilier et de l'abîmer mais je ne peux pas me permettre de laisser quelque chose sortir de cet étage. Je laisse les affaires dans le salon et me balade à nouveau dans ce grand penthouse. La vue est assez extraordinaire bien que ce ne soit pas l'immeuble le plus haut d'Illusiocitadelle. Partout d'immenses buildings et beaucoup de lumière clignotantes. Je remarque que les fenêtres sont d'ailleurs équipées de stores occultant sans quoi il serait vraisemblablement impossible de s'endormir.
A nouveau, j'entre dans la pièce maîtresse de l'appartement. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de m'y attarder avec l'agent Rothchild alors je fais un tour du propriétaire. Sans la moindre forme de pudeur, j'ouvre les portes du dressing et touches les étoffes des riches vêtements. Tout est parfaitement entretenu, maîtrisé, calibré. Pas un grain de poussière, comme si sa vie attendait la petite explosion, la perturbation nécessaire à la rendre absolument présidentielle. Une petite pensée pour Scarlett me fait me demander si elle a déjà eu l'occasion de marcher sur cette moquette ou si elle s'est arrêtée au pas de la porte.
Je passe autour de lit en laissant glisser ma main sur sa surface. Je laisse échapper un petit sursaut d'étonnement constatant sa douceur infinie et recommence ma marche. Tout est très simple et classique, mais terriblement efficace et bien plus luxueux qu'il n'y paraît. Je m'assieds au bord du lit et inspecte le plafond pour me laisser tomber en arrière nonchalamment. Je reste comme ça quelques minutes, tournant de temps en temps mon visage sur la soie des coussins pour profiter de cette sensation de caresse langoureuse et laisser peut-être un souvenir, une odeur marquante pour son véritable propriétaire, une odeur différente.
Je finis par me lever et remets tout en place sur le lit comme si je n'y étais jamais passée. Puis je me dirige vers la salle de bain, et histoire de narguer un peu plus la secrétaire, je fais couler un bain dans cette immense cavité blanche en marbre. Personne ne saura sinon moi, mais quand je croiserai son regard, cela me suffira bien. Je pourrai aussi regarder le Président droit dans les yeux et savoir que j'ai pris un bain chez lui sans qu'il n'en sache rien, sans doute.
Je laisse tomber mes habits au sol et garde une arme à proximité bien au sec. Puis j'entre dans le bain brûlant. La pièce se remplit rapidement d'une vapeur translucide et d'une odeur de lavande. Je reste oisive quelques temps, me déplaçant dans le bain, pouvant presque nager et m'appuyant sur la marbre froid, créant ainsi un frisson irrésistible au creux de mes instincts.
Après environ une heure, je finis par sortir et regarde l'heure fatidique approcher.
Je me rhabille donc et prépare mes affaires pour être prête à toute éventualité. Je contacte l'équipe de sécurité pour connaître les derniers rapports. Rien pour le moment.
J'attends ainsi patiemment dans le salon, assise dans un fauteuil dans lequel on s'enfonce presque trop, et sentant mes paupières s'alourdir, je finis par m'assoupir.
Quelques instants plus tard, une vibration me réveille.
-Mademoiselle Arad ? Ils sont là !
-Hein... ? Quoi? Qui est là ?
-Les Leprechauns ! Les lutins verts. On a déjà eu plusieurs cas dans l'hôtel de signalement de vols, alors faites bien attention. Ils arrivent à se faufiler on ne sait comment dans les endroits les plus sécurisés.
Je me lève brusquement et regarde autour de moi. Je ne vois rien. La pièce est assez sombre, seules quelques lampes d'appoint sont allumées. Je me dirige vers les interrupteurs pour éclairer tout ça et au moment où je m'apprête à allumer quelque chose, j'aperçois une petite ombre bouger non loin de moi. J'entends son cœur aussi. Je laisse la lumière fermée et murmure.
-Hey toi. Qu'est-ce que tu fais ?
-Ya plus d'argent. Il nous en faut pour l'arc-en-ciel.
-On ne t'a jamais dit que voler la Shinra était un pari risqué ?
-C'est quoi la Shinra ?
-C'est ici la Shinra.
-J'en sais rien moi, j'ai senti qu'il y avait du fric par ici, alors je suis venu.
J'approche de la petite créature et tends ma main vers lui pour le saisir. Au début doucement, puis subitement, pour qu'il n'ait pas le temps de réagir. Je le tiens par le cou, il se débat. Je sens des petites décharges électriques me parcourir la main mais je le tiens sous pression à l'aide de mon essence obscure.
J'approche de la porte-fenêtre, puis je la traverse. J'avance sur la terrasse et laisse progressivement les ténèbres envahir son corps alors qu'il gémit et se débat encore. Puis, au bout d'un instant, son corps se fait moins résistant, et la petite lumière s'échappe de son corps. Je lâche alors son corps et son sans cœur dans le vide pour ne pas laisser de trace. Je saisis le talkie-walkie.
-Tout est sous contrôle à priori. Monsieur le Président n'a aucune inquiétude à avoir pour ses affaires.
Dernière édition par Le Cygne le Ven 20 Mar 2020 - 12:31, édité 1 fois