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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« Merci à tous d’être venus aujourd’hui. Veuillez prendre place. » annoncé-je, la voix grave.

Mes paupières sont lourdes, je n’ai pas beaucoup dormi ces jours-ci. Suite à la disparition de l’Empereur et l’arrestation de ses assassins, c’est une vague continue de courriers, de messagers, de serviteurs, de généraux qui assaillent la Cité Interdite tenue par les forces fidèles à Sa Majesté.

La plupart des grands seigneurs et ministres sont morts lors du coup d’État. De tout l’Empire, leurs héritiers, leurs familles affluent suite à mon appel pour accomplir la Justice et sélectionner un nouveau dirigeant. Et déjà, les premiers militaires placés sous ma tutelle récente par l’Empereur me poussent à agir vers un chemin que je ne souhaite pas : prendre le pouvoir immédiatement, sans discussion.

C’est hors de question.

Dans la grande salle du Hall de l’Harmonie Suprême se trouve différents partis qui vont déterminer l’avenir de la nation. Les quelques ducs et grands seigneurs qui n’ont pas été tué par Hailong qui vont certainement chercher à prendre le pouvoir ou faire en sorte de conserver leurs titres existants -puisque très peu de titres de noblesse sont héréditaires ou se conservent en cas de mort de l’Empereur-, les héritiers de ceux qui sont morts qui vont chercher à récupérer les titres de leurs parents pour garder leurs statuts privilégiés, les fonctionnaires survivants qui vont vouloir des promotions, quelques sages des religions de notre nation, c’est-à-dire des bouddhistes et des taoïstes qui ont plus un rôle de conseil ici qu’autre chose.

Autant dire que le hall est rempli. Malgré cette foule, je ne me sens pas assaillie : la moitié des personnes présentes sont du sud, Gao est là aussi en tant que Duc du Sichuan. J’ai au moins comme garantie que les nordistes ne vont pas faire trop d’esclandres ou de crises au risque de se mettre à dos la moitié du pays, plus l’armée impériale sous mon commandement direct.

Je ne siège bien entendu pas sur le trône, ce n’est pas mon rôle. Pour l’instant, nous devons déterminer l’avenir du régicide et de mère. Malheureusement pour eux, je crois que les débats ne seront pas très conflictuels ici.


« Nous avons deux missions à l’ordre du jour. Définir la sentence la plus juste pour le Régicide Hailong, traître de la nation, et sa famille. » débuté-je tout en entendant les premières complaintes des représentants du nord.

« Comme vous le savez, il est impossible d’après nos lois immuables de nommer un prince qui a tué son père. De même, nous n’avons pas le droit de sélectionner son fils à cause des liens du sang. Nous allons donc devoir choisir le prochain Empereur… Parmi nous tous dans ce hall. » conclu-je mon introduction alors que les murmures commencent à résonner dans la grande pièce.

Un premier seigneur se lève. Un cousin de l’Empereur, il a certains de ses traits il me semble, même si le poids n’est clairement pas similaire. Il est habillé en tenue militaire avec une sorte de toge noire qui s’enroule autour de son torse et qui descend derrière ce dernier comme une cape. Sa barbe grisonnante montre que cet homme a survécu à plusieurs guerres et qu’il a encore de la force en lui. Ce qui n’est pas toujours le cas chez les vieux seigneurs. Je crois qu’il s’appelle Luo Yating.


« Ce chien de Hailong doit être exécuté sur-le-champ ! Comment a t-il pu oser tuer Sa Majesté et nos amis, nos femmes et nos familles ?! Et sa saleté de mère avec ! Ils ne méritent pas de respirer le même air que nous ! » dit-il, invectivant la foule.

La plupart répondent en acquiesçant et en ponctuant de mots d’approbation tandis que les représentants du sud acquiescent mais en silence. Différence culturelle. A la suite de cette invective, un jeune homme se dresse pour parler et salue poliment ses pairs et moi-même. Il doit avoir mon âge.


« Songzi Huayan, Vous êtes l’une des trois survivants de l’attentat… Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé de l’intérieur ? Je veux savoir comment mes parents sont morts. » demande t-il de façon très courtoise.

J’hoche légèrement la tête en signe d’approbation. Je soupire très légèrement comme pour montrer que c’est difficile pour moi d’en parler et après quelques secondes de silence, je débute le récit des évènements.


« Nous avons rejoint l’Empereur au Pavillon de l’Éternel Printemps. Sa Majesté avait prévu une grande fête pour annoncer une année riche en évènements majeurs pour l’Empire. Je n’ai rien vu venir… Les portes se sont fermées, pour un instant nous pensions, mais en fait la cage s’était refermée. »

Les yeux de l’assemblée sont braqués sur moi, tous attendent la suite. Ils veulent la vérité, en partie pour faire leur deuil j’imagine.

« C’est à ce moment-là que j’ai remarqué que Hailong avait quitté la salle discrètement en passant certainement par les couloirs des serviteurs. La panique a pris et puis… Et puis… Il y a eu les flammes. » conclu-je, tout en montant ma main devant mon visage comme pour cacher ma honte.

Une légère pause est marquée par l’assemblée même si les murmures montent peu à peu. Il n’y a pas tellement de mystères à ce que ces gens souhaitent réellement : la Justice. Justice pour leurs proches et pour l’Empereur.

Je reprends ensuite la procédure, tandis que les greffiers du Ministère de la Justice notent absolument tous ce qui se passe. Tout doit être transcrit. Cela sera ensuite transféré dans les annales, puis dans les livres d’histoire pour les générations futures. Le pouvoir de l’administration est immense : notre empire est basé sur celle-ci. Autant hier qu’aujourd’hui et demain.


« Le Prince Hailong est accusé de régicide, de plusieurs meurtres prémédités, de complots, de trahison contre l’Empire, contre l’Empereur -son père- et son peuple. » annoncé-je d’une voix forte et officielle.

« A mort le traître ! »

« Justice ! »

« Les preuves sont essentiellement composées de témoignages des gardes du palais qui se sont rendus, mes yeux de témoin de la scène, son arrestation, une lettre d’un de ses complices -l’un de mes anciens serviteurs qui m’a trahi délibérément pour le servir- aujourd’hui suicidé et des informations transmises par les eunuques concernant des commandes de matériaux étranges qui ont servi pour créer les explosifs. » continué-je, toujours sur le même ton.

« La sanction suggérée par nos lois en de telles circonstances est : la mort par décapitation et l’interdiction d’avoir une sépulture digne. Quelqu’un s’oppose-t-il à ce jugement ? » demandé-je, en sachant très bien que personne n’a envie de défendre le Prince.

Qui voudrait ?


« Le dénommé Hailong sera donc exécuté demain, à l’aube dans la Cité Interdite. Son corps sera conservé puis enterré à un endroit inconnu, sans tombe, ni ornements. La honte sera sa seule compagne dans l’au-delà. »

L’assemblée s’incline en ordre devant la décision. Tous saluent cette décision aussi rapide que réglementaire : il n’y a pas de doutes, il n’y a qu’une seule solution.

« Sa mère doit aussi payer ! Elle l’a aidé !
- Le clan impérial doit être vengé de cet affront ! Elle doit mourir !
- C’est une complice ! »

Les voix s’échauffent une fois encore. La journée et la séance vont être longues. Les discussions concernant l’impératrice vont durer une heure de débat dont la finalité ne nous concerne pas vraiment pour le moment. Deux camps s’affrontent : ceux pour une exécution similaire à celle de son fils, c’est-à-dire une décapitation et une interdiction de tout rituel funéraire et ensuite ceux sur une posture plus modérée : l’exil. Les délibérations vont bon train, jusqu’à ce que nous tombions tous d’accord.

La sanction sera sévère pour la complice dont la culpabilité n’est pas clairement identifiée. Elle est punie pour son inaction et pour son fils en réalité. Je la crois innocente. C’est une mère, elle n’a fait que regarder son enfant faire, même si elle savait que c’était mal.

Une fois la décision prise, nous marquons une pause. Le temps pour tout le monde de boire un peu de thé ou d’autres boissons chaudes comme du lait de soja ou d’amandes, voir un peu d’alcool. D’autres vont grignoter un peu de nourriture sur des tables préparées pour l’occasion. C’est également le moment que certains choisissent pour bavarder un peu… Notamment de la suite.

Un groupe de jeunes hommes m’approchent, ils sont quatre. Au vu de leurs tenues, je devine qu’ils sont issus du sud de la Chine. Je me redresse, souriante pour les accueillir près de moi. Je les salue modestement, et ils font de même.


« Songzi Huayan, c’est un honneur de vous rencontrer en personne.
- Nous vous portons tous en haute estime pour votre combat pour notre patrie. » lancent deux d’entre eux.

Je réitère une courte salutation en m’inclinant devant eux.


« Je ne fais qu’accomplir mon devoir. Je vous remercie pour vos compliments. Pardonnez-moi messires, mais vous êtes … ? » demandé-je, très poliment.

Ils s’empressent de se corriger :


« Excusez-nous, nous sommes impardonnables ! Je suis Shi Zexian et voici mon jeune frère Shi Min. Nos parents avaient les titres de marquis.
- Je suis Zhongzi Tian, enfin… Mon père était Duc de Xi’An. Donc Zhong Tian.
- Je m’appelle Cai Guanting, je viens de la région de Suzhou Songzi Huayan ! »

Une fois les présentations et les banalités échangées, ces jeunes gens sont rejoints par d’autres, si bien que bientôt, il y a presque une minuscule réunion informelle dans la salle du pavillon. Il y a de tout : des admirateurs de ma personne, des alliés de Gao, des amis politiques avec j’ai j’entretiens des correspondances régulières, des fonctionnaires… Même des taoïstes qui veulent échanger sur ma perception de notre religion.

Plusieurs craintes et plaintes alimentent la peur dans leurs rangs : une guerre civile, la perte de leurs statuts, l’avenir de la dynastie.


« Messieurs, quelque soit le prochain dirigeant de l’Empire, je peux vous garantir que je ferai mon possible pour que les titres de vos pères vous soient transférés à titre exceptionnel selon vos mérites. La situation nous oblige à de telles décisions pour éviter une crise politique majeure. » dis-je à certains d’entre eux, captant leur attention.

Gao a déjà fait une bonne partie du travail, mais autant y aller… Au plus profond.


« Qui pensez-vous va se présenter ?
- Certainement des membres des familles du nord. Ils se pensent légitimes au vu des origines de notre défunt Empereur… Mais nous verrons bien après tout. »

Je vois les représentants des minorités ethniques de l’Empire se regarder avec une certaine peur. Les Hans du nord sont connus pour être plus rustres, moins dans l’aspect diplomatique des choses. Un Empereur trop ferme et peu ouvert d’esprit pourrait les brusquer comme cela a pu arriver par le passé, même si certaines d’entre elles, comme les Mandchous, ont une culture martiale.

« Concernant l’avenir… Sachez que je me tiendrais toujours à disposition de l’Etat et continuerai de servir comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent pour le bien de l’Empire. Quelque soit le résultat de notre assemblée aujourd’hui. » conclu-je brièvement alors que tous les participants commencent à regagner leurs places suite au son d’un gong lointain.

En effet : le temps nous est compté. L’Empire est sans maître et c’est dangereux. Autant pour la paix intérieure que pour la stabilité de l’État. Il faut décider qui va succéder à l’Empereur à la place de son assassin Hailong.


« Messires et messieurs. L’heure est venue… C’est avec une certaine émotion que nous allons, ensemble, désigner le prochain souverain de l’Empire de Chine, le prochain « Maître du Monde ». » commencé-je, prenant le ton des annonces officielles.

« À cause des funestes évènements qui affligent notre peuple et nos familles, il n’y a pas d’héritier légal légitime pour succéder au défunt Empereur. Nous allons donc, pour la première fois dans l’histoire de l’Empire, sélectionner le meilleur candidat pour devenir… le nouveau porteur du Mandat Divin. » continué-je, toujours avec une voix forte et claire au possible.

« Que ceux qui souhaitent devenir Empereur se dressent chacun leur tour, par rangée et annoncent leurs projets, leur vision, leurs envies. Lorsque tous les candidats se seront déclarés, nous voterons : devant chacun d’entre vous il y a plusieurs graines et grains de riz avec une petite boîte. » dis-je tout en montrant le matériel, présent également devant moi.

Pas que j’apprécie le modèle démocratique, mais la force est parfois la pire ennemie d’une Nation. Ainsi, rangée par rangée, ils vont se lever et parler. En sachant que les plus puissants d’entre eux sont assis devant, par principe.

Le premier à se dresser est, sans surprise, Luo Yating. L’air fier, droit et tâchant d’impressionner la foule en dressant ses bras comme dans un signe de fraternité. Il débute son discours en rigolant un peu.


« C’est un étrange exercice auquel nous nous prêtons aujourd’hui, mais je respecte votre initiative Seigneur Régente ! Comme quoi les femmes ne sont pas toutes dénuées d’esprit ! » débute-t-il toujours sur un ton plaisantin.

Il ferme son ouverture et reprend un air plus sérieux.


« J’ai combattu pendant longtemps pour l’Empire. J’ai un sens de l’honneur qui ferait pleurer ce traître de Hailong… J’ai connu l’Empereur jeune et j’ai beaucoup appris de lui, comme tous ceux qui ont eu la chance de le connaître que ce soit avant ou après son couronnement. Mon expérience fera de moi une excellente continuité pour la dynastie actuelle. Un homme du nord, fort et Han ayant le sens du sacrifice ! » commence-t-il avant d’enchaîner sur la suite.

« Avec moi comme Empereur, nous construirons une encore plus belle armée. Et nous irons là où nous ne sommes jamais allés : au cœur des terres mongoles ! Nous vaincrons ces sauvages et les ferons rentrer dans le rang comme tous les autres avant eux ! Votez pour moi ! » clame t-il pour conclure.

Et voilà pourquoi tous les grands empereurs ne sont pas forcément issus d’une formation militaire… Certaines personnalités du nord applaudissent, tandis que d’autres, restent plus modérés : les représentants des minorités déjà, les fonctionnaires ensuite mais c’est plutôt normal, et le reste de la salle.

Il se rassoit et on attend la suite. Un homme plus jeune se redresse, il est plus petit que Luo Yating, plus fin aussi. Ses yeux sont noirs, particulièrement bridés. Il a la peau légèrement halée, certainement un fils de seigneur plus mineur ou d’une personnalité que je ne connais pas vraiment. Il est au troisième rang.


« Je salue cette honorable Assemblée. Je m’appelle Su Ah. Mon père était le Ministre du Trésor. C’est avec humilité et conviction que je me présente devant vous aujourd’hui. Depuis mon plus jeune âge, j’ai appris et cultivé des savoirs dans le but de servir mon pays. Je travaille actuellement au sein de l’Etat désormais orphelin. » commence-t-il, de façon très sérieuse, très formelle.

Il doit avoir dix-huit, dix-neuf ans. Une belle détermination pour son âge.


« Je continuerai de mettre au service de l’Empire mes compétences et je veux pouvoir servir au plus haut niveau. C’est pourquoi je me présente également à cette élection. Avec honneur, modestie et conviction, je servirai la nation avec intégrité. Je vous remercie pour votre attention. » conclu-t-il de façon assez… Brève.

Le stress peut-être ? Mais après tout, c’est déjà courageux de s’exprimer devant autant de monde… D’autant plus quand ce sont tous des gens avec un éventuel pouvoir. Mais déjà, un autre homme se lève. Celui-là, je le connais. Zhuan Shi, un homme proche de la famille de mon mari, il a le statut de marquis et est un peu vieux… Ce qui est étrange, c’est que je le croyais malade mais il a l’air plutôt… Éveillé.


« Mes amis ! Mes frères ! Je crois que j’ai la chance de connaître le moindre d’entre vous. J’ai toujours servi avec honneur et dignité notre précédent Empereur et je veux continuer d’incarner ce dont le peuple a besoin et…
- Arrête tes jérémiades Zhuan Shi ! T’es trop vieux pour être Empereur ! On se retrouverait ici dans la même situation dans trois mois ! Puis t’étais pas malade ? » lance Luo Yating accompagné d’un rire bien gras.

Même si l’intervention du seigneur du nord est impolie à souhait, il soulève un vrai point l’âge et la santé du vieil homme. J’imagine que Zhuan Shi a un peu exagéré son état auparavant, cela lui fait un beau retour de bâton en pleine figure.


« Luo Yating, s’il vous plaît. Respectez la parole des autres candidats. » demandé-je, il se ravise rapidement même si je sens qu’il a envie de me répondre.

« Merci. Je disais donc, je pense incarner ce dont le peuple a besoin : une figure paternelle rassurante, sage et sereine. Capable à la fois de juger prudemment en fonction de mon expérience tout en étant apte à agir rapidement avec discernement s’il le faut. Je ne vais pas vous assommer avec beaucoup de paroles, faites ce que votre instinct vous dicte : la voie de la raison, c’est moi. Je vous remercie. » conclut-il avant de retourner à sa place assise.

C’est à notre tour.

Gao se lève, un léger sourire aux lèvres. Il a pris des habits de deuil, respectant comme tous la dignité de l’Empereur et des personnes disparues dans les flammes. Il se dresse fièrement et commence le monologue que nous avons préparé ensemble.


« J’aimerais vous raconter une histoire. » débute t-il.

Luo Yating soupire bruyamment avant de se calmer.


« Un enfant par la grâce des dieux né pendant l’année du Dragon de Feu, s’est élevé dans le Sud, il y a un peu plus de vingt ans maintenant. Très jeune, et je m’en rends compte aujourd’hui, sa destinée était toute tracée. Comme l’eau qui s’écoule sur la voie en direction de la mer, comme le soleil qui se lève puis se couche chaque jour, comme le vent qui souffle sur les plaines. Cette personne a été instruite et bientôt, elle était capable de choses impossibles pour d’autres ! » continue-t-il avec tout l’art que l’on pourrait voir chez un conteur.

« Manipuler les objets grâce à la force de l’esprit, tordre le feu à sa guise, soulever les eaux, changer de forme et même… Voler. » achève-t-il brièvement tandis que tous sont captivés par cette « personne » capable de tant de choses.

« Elle a grandi, puis a voyagé au-delà des étoiles, sur d’autres mondes. Elle a vu des choses que nous ne pouvons pas imaginer. Elle connaît l’univers, elle l’a vu et l’a regardé dans ses yeux jais. Elle nous rappelle chaque jour à la fois que nous sommes aussi grands que nous ne sommes qu’un petit Empire dans l’immensité de la création. Pieuse, dévouée et protectrice, cette personne ne m’a jamais laissé tomber que ce soit en temps de paix ou pendant les combats. Jaillissant comme les torrents de la mousson dans le feu de la bataille pour défendre ceux qu’elle aime, elle vit pour servir. »

Il marque une légère pause, regardant l’assemblée avec attention. Il parle bien, avec un bon ton, de sorte que l’histoire paraisse sérieuse.

« Je ne m’en rends compte que maintenant, mais cette personne est née pour servir une cause plus grande, plus céleste que nous tous ici. En ces temps de troubles et d’angoisse, elle seule peut nous ramener vers l’équilibre si chère autant aux taoïstes qu’aux bouddhistes. Cette personne… C’est ma sœur, Songzi Huayan ! » annonce-t-il, presque grandiloquent tandis que les tous les regards convergent simultanément dans ma direction.

Un léger silence gênant s’installe. C’était à prévoir.


« Je ne crois absolument pas à ces histoires ! Une femme avec des pouvoirs surnaturels ? Et puis quoi encore !
- Luo Yating, ne soyez pas vulgaire ! Des soldats de l’armée l’ont vu fracassé une porte en un claquement de doigts. Si ce n’est pas surnaturel, qu’est-ce que c’est ?
- Des histoires qu’on raconte pour rentrer dans la légende ! Comme on raconte que j'ai pu soulevé un cheval à mains nus.
- Lorsque Chengdu était assiégé, ma soeur a sonné la charge avec les résistants ! Elle a jailli comme le tonnerre a mené le combat directement sur le champ de bataille là où d'autres auraient cherché à fuir. Elle, non, elle a tenu et a sauvé notre peuple. C'est une personne comme cela qui doit régner ! »

Luo Yating se lève et pointe son ventre dans ma direction, m’avisant du regard comme un éleveur le ferait avec son bétail.

« Une femme-empereur ? Et puis quoi encore ?
- C’est déjà arrivé au cours de notre histoire.
- Laissez Wu Zetian et les autres en dehors de ça ! Le chef doit être un homme ! Je refuse qu’on laisse une femme, qui en plus s’invente des pouvoirs mystiques, candidater ! »

Je décide de me lever pour mettre fin à l’impudence de Yating avant que cela ne dérape dans un sens ou dans l’autre.

« Mes pouvoirs existent bel et bien. Je suis née avec et la pratique du Tao m’a permis de les contrôler et de les faire grandir à des potentiels que vous n’imaginez même pas. N’insultez pas ce que le Tao peut donner.
- Je n’en crois pas un mot. Prouvez-le ! » demande t-il.

Hé bien soit.

Je lève légèrement ma main gauche. Luo Yating a l’air de moins rigoler tout de suite. Après quelques secondes, il agrippe une force invisible autour de son cou. Il est soulevé au-dessus du sol, ses pieds gigotant dans tous les sens.


« Je trouve votre manque de foi… Troublant, Luozi Yating. » dis-je sous l’étonnement des invités.

Lorsque j’estime que c’est suffisamment, je relâche ma poigne. Le nordiste tombe par terre à la renverse, cherchant de l’air à tout prix. Il tousse un peu et se redresse, un peu étourdi par l’expérience.


« Je… J’y crois, d’accord. Ne recommencez pas.
- Vous pouvez retourner à votre place, messire. »

Et pour conclure ma candidature.

« Il est vrai que je ne suis pas un homme. Ce n’est pas notre coutume de nommer une femme dirigeante de la nation. Cependant, nous vivons une période complexe et seule moi dans cette salle a traversé les ciels infinis pour comprendre l’univers dans lequel nous sommes. Mes résultats à Chengdu parlent d’eux-mêmes : l’harmonie peut être atteinte lorsque nous travaillons de concert, avec un meneur ayant les compétences et les connaissances requises. Je pense être cette personne. Si vous votez pour moi, vous votez pour un nouvel Empire : plus grand, plus prospère, plus paisible et plus sûr. » commencé-je simplement pour reprendre certains points de mon frère.

« Si vous votez pour moi, vous choisissez un règne éclairé : réforme de l’administration, unification complète de la Terre des Dragons sous un seul et même empire unifié, de grands investissements dans l’économie et les sciences et le développement de notre civilisation. Rendons fiers nos ancêtres. Aujourd’hui, nous avons déjà marqué l’Histoire par la tenue de cette assemblée : entrons tous ensemble dans ce nouveau chapitre qui marquera le début d’une nouvelle ère, un nouvel âge d’or pour notre nation ! » conclu-je, la voix enthousiaste et avenante.

Je salue l’assemblée et me repositionne assise. Personne d’autre ne se lève et d’un coup, la salle est bien silencieuse. Il est l’heure. Les eunuques sortent de tous les coins pour venir se positionner à côté de chaque rangée.


« Nous allons donc passer au vote. Le grain de riz blanc désignera le Seigneur Luo Yating. La graine de sésame représentera Su Ah. La graine de citrouille sera pour le Marquis Zhuan Shi. Enfin, la graine de pivoine marquera votre appréciation de ma candidature. Veuillez tous procéder s’il vous plaît. » annoncé-je, la voix claire.

Sans surprise, je prends la graine de pivoine pour la glisser dans le récipient convenu à cet effet. Tout le monde en fait de même, j’en profite pour mettre toutes les autres graines et grains de côté.

Une fois ceci fait, un gong retentit encore. Les eunuques se mettent en marche et récupèrent toutes les boîtes puis les vide une à une dans quatre pots placés devant l’assemblée pour que l’opération soit complètement transparente. C’est long, mais plein de suspens. Les votes sont au début assez serré. Puis bien vite, une graine se détache des autres. La mienne. Je sens la pression monter tandis que Gao continue de me fixer avec un grand sourire.

Lorsque tout est fini, l’eunuque en chef annonce d’une voix forte et très officielle :


« Les résultats sont à jour. La Seigneur Régente a été choisi par l’illustre Assemblée Céleste ! »

Les greffiers s’empressent de prendre en note l’événement tandis que mes soutiens applaudissent fortement. Toute la salle n’est pas en liesse, mais une bonne majorité des visages semblent approuver le choix qui a été fait. Même Luo Yating bon perdant, applaudit doucement avec une mine boudeuse. Il se redresse et me rejoint d’un pas décidé.

« Je ne penserais jamais que je perdrais un combat contre une femme !
- Comme quoi, tout peut arriver.
- Faites-en sorte d’être aussi bonne que vous le dîtes. Si les Mongols attaquent, je veux vous voir au front !
- Je n’abandonne jamais mon peuple, cher seigneur… Ne vous en faîtes pas pour cela. » répondis-je en lâchant un léger sourire pour lui.

Il me fait penser un peu à Francis… En plus riche et en plus… Chinois.


« Songzi Huayan ! Songzi Huayan ! Songzi Huayan ! » clame l’assemblée.

L’Histoire se souviendra de ce jour…

Le choix a été fait. D’ici une semaine, le couronnement devra avoir lieu à la Cité Interdite. La course pour le pouvoir que je pensais arrêter semble prendre un nouveau rebond, un ultime rebond. On ne peut rien souhaiter au-dessus d’Empereur.

Je ne vais pas être un Empereur, je vais être… L’Impératrice. La « Maîtresse du Monde », le guide des Hans et des autres peuples affiliés à notre nation. Je vais porter le Mandat Divin… Peut-être que Gao a raison après tout, ma destinée était peut-être tracée dès le début.

Quand je pense qu’il y a quelques années, je pensais à mourir… La vie réserve bien des surprises.
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Comme dirait Adèle, Helloooo, it’s meee…

De retour pour une nouvelle notation de notre chinoise, c’est parti :

- C’est assez cohérent que les militaires aient cette demande. Ça doit bien stresser chez les généraux !

- J’aime bien comment on sent toujours ce petit changement chez Huayan. Elle est un peu moins affamée du pouvoir qu’autrefois. Bon, certes, ça fait depuis la naissance de son fils, mais c’est toujours bien de le revoir. Ici, elle refuse la facilité et prendre le pouvoir alors qu’il ait à sa portée. Quelque chose me dit que la femme d’affaire de la Shinra qu’elle était autrefois, n’aurait pas été du même avis.

- Intéressant cette histoire de titre de seigneur qui ne sont pas héréditaire. Tu m’étonnes que les nobles doivent paniquer avec la mort d’un empereur.

- N’hésite pas à relire ton texte à haute voix, tu as oublié un petit mot de liaisons. (« nous devons déterminer l’avenir du régicide et de mère. » -> « Et de sa mère »)

- Je suis curieux du coup, si d’après la loi, il est impossible pour un prince de devenir empereur si parricide. Comment il comptait s’y prendre après son coup d’état en cas de réussite ? Rejeter la faute sur un autre ? Ou faire fi des lois ? (Ce qui serait dangereux)

- Et l’oscar de la meilleure actrice revient à… Blague à part, je trouve ça surprenant que personne n’a l’air de se demander comment Huayan a survécu ? Nous, le lecteur, on sait qu’elle n’était pas réellement présente. Et son stratagème fait qu’il y a surement des témoins qui ont vu une « Huayan » rentrer dans le pavillon. Mais, et ensuite ? Pour les gens extérieurs, on a quand même une Huayan qui s’est téléporté du hall impérial en flamme, à l’extérieur de la cité impériale où elle a pris le contrôle des armées. Et le tout, sans trace de brûlures. Personne ne se demande comment elle a fait ?

- C’est sûr que ça fait beaucoup de preuves, difficile de s’en tirer face à ça.

- J’aime bien la réflexion de Huayan vis-à-vis de la mère. On sent qu’elle éprouve de l’empathie à sa place. Certainement s’est-elle mise à sa place. Et si c’était son propre fils qui avait commis un acte similaire, qu’aurait-elle fait ?

- Tu décris bien la complexité de l’événement. Les minorités, les différences culturelles entre le nord et le sud, ça fonctionne bien. On ne sent qu’aucun des candidats ne satisfera la majorité.

- Gao a l’air d’une espèce de prophète complètement illuminé parlant du messie. J’ai trouvé ça assez hilarant, surtout d’imaginer le cringe de la part de Huayan. Je n’aimerai vraiment pas que quelqu’un fasse mes louanges de la sorte, ahah. « Presque grandiloquent » je n’ai pas réussi à savoir si elle est sarcastique ou non, mais au vu du discours, on va dire que oui !

- C’est très bien d’avoir des personnes s’opposant à Huayan. Je sais que le côté sexiste peut déranger certain, ce n’est pas mon cas, au contraire. Ça rajoute non seulement une crédibilité à la scène, mais en plus, ça va dans la lignée du film Mulan. Evidemment que des personnes vont s’opposer à une femme au pouvoir, surtout à cette époque. Et c’est bien, ça permet à Huayan de mieux briller d’avoir cette opposition.

- Cette référence à Dark vador… Ce n’est pas moi qui disais dans une précédente notation qu’il y avait un air de rogue one ? Ouep, bah, c’est officiel, ce n’était pas une coïncidence donc !

- Là où le discours de Gao discréditait complètement Huayan, son propre discours a de bons arguments. En fait, ce que j’aime bien ici, c’est que la manière dont tu écris la scène rend l’élection de Huayan crédible. Elle a eu des opposants, et elle a trouvé son moyen pour rallier. D’un côté, la peur, ses pouvoirs qui sont surnaturelle et inhabituel en terre des dragons (La magie dans Mulan, on repassera). De l’autre, la logique, elle a traversé les autres mondes, elle sait ce qui se cache dehors, et les dangers que beaucoup ignorent. Evidemment qu’elle est plus pertinente en impératrice qu’un gars qui n’est jamais sorti de la terre des dragons. Non, ça se tient, c’est bien.

- Et ainsi, une impératrice s’élève en terre des dragons.


Du coup, en bref, ça donne quoi ?

En soit, j’aime bien ce rp. J’accorde beaucoup d’importance à une cohérence lorsqu’il y a des gros impacts. Ici, j’avais peur qu’on se retrouve face à une assemblée qui vote Huayan juste car c’est Huayan. Je suis content de voir que tu n’as pas fait ça. Tu as fait une situation crédible. Tu as montré que des individus n’était pas pour elle. Et tu es convainquant vis-à-vis du pourquoi et du comment elle est élue. Mon seul regret demeure dans le manque de questionnement quant à sa survie à l’explosion. Mais ça reste du détail. Ce n’est pas un petit manteau d’être impératrice, et j’espère y voir les péripéties et les problématiques qu’un tel rôle lui attirera !

Très facile : 5 XP, 50 munnies, 1 PS en Magie.
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