« Grrrr…. »

« "Greuh" toi-même. »

Ce Béhémot a été ramener d'Oerba par l'exécutante Maxwell, avec l'aide de quelques gardes noirs, non sans difficulté. Et on remercie la Shinra, tout bas très discrètement, d'avoir transporté l'animal jusqu'ici. Animal, car c'est ce que c'est, c'est que sont les "monstres d'Oerba" : des animaux ayant remonté le long de la chaine alimentaire jusqu'à en atteindre des sommets insoupçonnés. Hybride quadrupède entre le béhémot, le classique qu'on connait tous ou presque, et un fauve aux muscles massifs mais fluides. Il n'a pas de cornes mais un dense buisson d'excroissances osseuses. "Osseuses" étant ici des fers avec piques et lames aiguisés maladroitement par l'usure ; ce n'est pas si net, ça parait pourtant du travail de forgeron encastré à même leurs chairs. Ca… c'est censé être naturel… ? Et Jack regarde la créature dans les yeux de son dernier oeil valide ; "Gros-Tas" a toujours eu les yeux jaunes ou c'est nouveau, ça aussi ?
Qu'importe. Ainsi prisonnier de sa cage, le Béhémot ne peut quasiment pas bouger, à peine remuer, depuis de lustres. Il n'est qu'à peine nourri ou hydraté -sinon par la pluie et le froid brumeux-, drogué régulièrement, souvent tourmenté ; depuis de lustres.

Pourtant, Jack tremble et se sent plus léger qu'un ballon de baudruche, une telle extase qu'il craint de s'envoler. Un odieux sourire de braconnier au visage sur fon de rire nerveux, l'oeil ensanglanté grand ouvert sur une minuscule iris ; c'est qui le sommet de la chaine alimentaire ici ?! Des comme lui, il y en aura des meutes entières à Oerba mais en pleine forme alors l'intendant a... la pression… il ne doit pas seulement vaincre ce Béhémot au plus bas. Il doit le balayer d'un revers, s'en essuyer d'une victoire sans conteste et écrasante ! Ou… non, Jack serre des dents et parait plus énervé, enflamme sa respiration avant de mieux de la dompter.
Au sommet de son rodeo respiratoire, Jack met son égo de côté, il est ici pour étudier ce qu'il peut sur Oerba avant d'y allez et… oui… doit bien y avoir des livres sur le sujets mais soit. Pourquoi lire un livre sur un monde quand on peut se battre avec l'une de ses créatures emblématiques ?

La faune d'Oerba est si féroce qu'elle empêche les sans-cœurs eux-mêmes de proliférer ; les humains aussi font ça et pas que sur un seul monde. Non, sérieusement, Jack y pense tout sauf tranquillement, c'est qui le sommet de la Chaine Alimentaire ?

« Quatorze heures, l'heure c'est l'heure, tant pis pour les retardataires ! » Hurle Jack au travers d'un mégaphone, jetant l'appareil sans plus de cérémonie, prêt à ouvrir la cage.

Les fenêtres dominant la Place des Fêtes, du rez-de-chaussée au dernier étage, débordent de spectateurs inquiets et… de gré ou de force, en silence ou sonore… bien sûr qu'ils sont du côté de Jack. Ils le sont cette fois, et cette fois seulement, comme ils le sont à chaque fois. La Coalition Noire ne propose que des raisons faciles de la soutenir. Le carré que forme les habitaions est recouvert d'un cordeau de populace ; gardes noirs et civils se mêlent, s'effacent sans un bruit comme pour admirer la poursuite des "12 Travaux de Jack". Ca dernier, bras croisés, fait signe à deux larbins "punis" d'allez libérer le monstre.
Un gros monstre, une grosse cage, un gros cadenas et une grosse clef ; le Béhémot se déchainera dès sa cage ouverte, c'est sauvagement certain, seul la mort arrête pareil survivant.

Maladroitement, deux recrues manipulent maladroitement la cage et... Jack est soucieux ; l'animal parait différent. Parait comprendre que sa cage va s'ouvrir. L'échange de regard est bref mais l'intendant le perd immédiatement ; il n'est qu'humain, tôt ou tard quelque chose le retiendra, le freinera, l'hésitation lui est encore possible. Gros-Tas, lui, c'est des dizaines et des dizaines jusqu'aux centaines et centaines de kilos de muscles uniquement motivé par la survie.

La créature s'extirpe de sa cage qui vole en éclat, fluide et violent ; un brusque torrent qui vous surprend au travers d'un mur et charge pleine face. Au dernier instant, l'intendant n'est pas confiant et se réfugie dérrière ses bras en croix ; l'impact est confus comme dillué. Le béhémot n'a que légèrement dévié, à peine et n'a même pas essayer de faire peur à la foule, se retournant pour charger Jack, véloce et féroce, dans l'instant. A peine relevé, les bras en sangs baignant dans des teintes violacées ; ce n'est qu'un peu plus de douleur pour un peu plus de rage ! De rancœur. La rancœur de vivre car l'existence est souffrance et c'est de là que vient la malveillance. Même l'éternité de la mort sera misère et souffrance, ça fait quoi de vivre en sachant qu'on ira en enfer ?
On a peut-être la chance d'y être un espèce de seigneur démon à la noix. A l'idée, Jack serre le poing droit pour y mettre toute sa haine et sa rancœur ; quelqu'un doit payer pour tout ça, aujourd'hui ce sera "Gros-Tas".

Moins percutante, la deuxième charge électrise l'intendant. Chancelant le corps en biais, la démarche qui tangue et le flegme d'une chaloupe, voilà soudain l'intendant tendu et droit ; sur des appuis stables, il réceptionne le monstre d'un coup qui stop net sa charge. Mieux que ça ! L'uppercut soulève le Béhémot en équilibres sur ses pattes arrières ; ça n'a pas l'air déranger, il reste ainsi parfaitement à l'aise. Pire que ça ! Métamorphosé dans l'élan du coup, il apparait désormais avec une morphologie humaine et semblable à un "minotaure des jungles", un minofauve si vous préférez.
Un bout de chair tombe au sol et la gueule du monstre pisse le sang comme pas permis… un sourire sadique sur la face ravagée de l'intendant, lui aussi en sang ; Gros-Tas se serait mordu la langue ?

Ca dure… plusieurs secondes à se regarder dans les yeux, l'un et l'autre incroyablement furieux… si l'animal a ses instincts de survie primordiaux ou quoi, l'homme a en lui une haine qui pourrait le monde avalé !

Pourtant, horrifié, Jack recule d'un bond et à peine décollé, se prend des vagues de roches et de sols éclatés qui perturbent sa fuite ; un vent de poussière le fait vriller à terre, y roulant comme un tapis. Encore un peu, emporté par l'élan, avant de se gratter le sol pieds et mains pour cavaler à toute vitesse, sur place. La créature s'est arrachée les excroissances du dos pour s'en faire une arme et doit y allez à deux mains, perdant même l'équilibre en arrière un tant happé par le poids de l'arme jusqu'à quelques pas à reculons. Pourtant, le béhémot se remet à marcher en avant, très vite à courir trois foulés p-
Fracas ! Un nuage de fumée se répand non loin du centre de la place des fêtes et les retombés du combat ont déjà blessés quelques personnes, causés quelques dégâts.

Les plus attentifs ont vu le plus petit des deux s'échapper à la lueur des vieux lampadaires, s'extirpant d'un saut en cloche hors de la fumée. L'atterrissage demande, encore une fois, quelques roulades et roulé-boulé, on le sent sonné, qui va sans trop savoir où mais un tant soit peu conscient.
Lacérés d'hémorragies et de guenilles, il sourit sans trop savoir pourquoi.

C'est violent et brutal, c'est simple ; c'est loin de quelques soucis existentielles à la con. Gros-Tas revient dé-

Le Béhémot freine sa charge maladroitement, faisant rebondir son horrible masses de piques et lames tout autour ; l'intendant est en l'air, l'oeil rivé sur sa proie et les bras étendues en ailes de faucon. Si vive, si brève que l'impulsion de sa pointe de pieds n'a pas le temps de s'enfoncer dans le vide de l'air, le double-saut est une charge de tout son poids et chevauchant la gravité aux galops ! Le pied en avant dans la tempe du monstre à en casser sa posture et forcé son tronc en biais. Sa basket toujours collé sur son cuir velu, l'animal résiste enfin et reprend une posture droite à la seule force de son cou. L'intendant enchaine alors les coups de pieds ; gauhe-droite-gauhe-droite-gauhe-droite-gauhe-droite-gauhe-droite-gauhe-droite-gauhe-droite ! A courir comme un effréné sur place en beuglant comme un ivre, l'air de piétiner de la vigne avec la fureur d'une bacchante !
Et Jack se sent comprimé par la gigantesque poigne du monstre qui le rapproche de sa gueule avec un air victorieux. A portée de crocs, le Béhémot va pour croquer !

D'un cri furieux, le son d'une explosion pure de toute flamme ou chaleur apparait, le cri éclate et brise le silence avec le fracas d'une détonation !

La créature lâche et à bous de bras ou de pieds comme on escalade, l'intendant parcourt le corps de la créature jusqu'à pouvoir finir sa gueule de bête féroce à coup de poing ! Et enchainé, la créature n'a qu'à peine le temps de se remettre d'un coup -lent- mais puissant, asséné sauvagement ; un autre arrive finalement la sonné de nouveau. D'abords hystérique, la rafale perd en force, se fait molle et peu convaincue... tout le monde se "réjouit" de cette victoire ; sinon Jack. Il pleure silencieux et discrètement, a lâché pas mal de rage très vite, désormais se sent vide... veut dormir mais ne peut pas. Ou alors peut mais craint de ne pas se réveiller à temps, du tout ?
Un café, une clope et de la déprime... il y aura des meutes entières de Gros-Tas en pleine forme à Oerba et tellement pire que ça... mais allez.

Jack se relève péniblement, fait un pas, puis un autre et se tient finalement au sommet d'un Béhémot vaincu.

« On va le dépecer… que ce soit lui ou son espèce d'armes, y a... y a de quoi mettre quelques gardes sur leurs trente-et-uns. »