Du sol au plafond. Chaque pan de la chambre d’André était couvert de dessin. Une centaine de croquis – des oiseaux, des navires, désossés en squelette d’os, d’bois, de fusain…
J’pensais que la chambre d’un soldat, pire, d’un officier, d’un lettré capable de ramener un bouquin à la table du déjeuner…. S’rait plus nette. Rangée. Spartiate. Pourtant, c’était une profusion de feuillets, des piles et des piles de parchemin et même, sur la seul commode, trois modèles en bois d’marine, comme si l’caporal avait l’temps de-
« Entrez. J’ai bientôt fini… »
Il est assis au seul bureau, et ses mains cisaillent le papier d’fusain. Alors j’m’approche, je regarde les murs, j’détaille trois cartes d’papier brillant sur lesquels s’dessinent un ou deux vaisseaux, caché au second plan.
« Qu’est c’est qu’ce bordel ? »
L’image était une reproduction parfaite. Qu’on m’parle pas de peinture à l’huile : C’était une photo, une vraie, claire et nette comme c’qu’on m’raconte de la télé d’la station Shin Ra. Ici, y’avait un énorme bâtiment en fond, tout percé d’lumière orangée. Et celle-là, en noir et blanc jaunie, avec un cheval cabré au premier plan, c’était Hill Valley, j’reconnaissait la description de plaine aride et d’bons gars bien comme il faut… D’photo en photo, puis en croquis en croquis, j’retrouvait des images bien différente d’une à une.
« Une collection. »
André s’était levé. Il essuyait ses mains noircies par le fusain, avant d’aller chercher la laque.
« J’ai commencé un peu après le blocus. » Il s’rapprocha d’elle, posture toujours un peu tombante malgré son uniforme. « Nous n’avons pas besoin de réinventez la roue, vous savez. » Il admire l’une des photo, œil plissé, presqu’fier s’il avait pas des cernes plus grosse que sa malle à vêtement.
« La première copie du vaisseau était un bon exercice. Mais, maintenant que nous devons adapter la taille, il va falloir adapter à une surface bien différente. »
Ses pas, lourd comme ceux d’un cadavre, s’écartent un poil. « J’ai fait mes propres prototypes. Et puis, j’ai réalisé qu’il me fallait plus de source… »
Il désigne les murs, d’un grand coup d’bras désinvolte.
« Alors j’ai fait appel aux résidents. »
J’le r’garde sans comprendre.
« Aux résidents ? »
« Oui. Vous êtes l’exception, Lydia. » Et qu’est qu’il foutait à réutiliser mon nom, il savait pas qu’ça m’faisait tout drôle ? « La majorité des habitant de Port Royal ont au moins passé le pas de la station Shin Ra… Du temps où elle existait, tout du moins. »
« Et… Et alors ? »
J’avoue qu’là avec les yeux verts brillants d’André soudainement si décidé j’réfléchit plus trop bien…
« Et alors, c’est eux qui ont la clé ! »
L’voilà qui monte le ton. Un peu plus et on aurait dit qu’il s’convertissait au culte d’triton, vu la fièvre qui naissait derrière son r’gard.
« La clé ? » Les gens fou dingue, faut pas les contrarier. Même que j’me sens coupable tout d’un coup, parce qu’ça fait bien une semaine que j’l’ai laissé s’enfermer dans sa chambre, et qu’c’est jamais bon, et tout d’un coup j’avise la pile d’plateau et d’assiette qui traîne dans l’coin d’la pièce et j’ai une sueur froide. Dire qu’en plus y’a bien une demi-douzaine de charpentiers qui se sont r’trouvé mis à mal…
« Oui, Lydia ! » Il m’prend les mains, et sa peau est chaude, presque moite alors qu’il me traîne jusqu’à sa commode. « Et j’ai trouvé ! »
« J’ai demandé à tous les Mercenaires, tous les gens de la ville, tous les officier, et j’ai pu récupérer près de deux cents références. Deux cents ! Avec toute sorte de modèle : Le vaisseaux mark II, le chasseur exclusifs, même, » sa voix s’fait soudainement pleine de respect alors qu'il présente une carte encadrée de substance plate et transparente « Un dirigeable spacial de la vedette D.Va Song ! »
« Jamais entendu parler » J’marmonnai, transfixée par la masse d’images qui jaillissent d’un d’ses tiroirs.
« En conséquence, j’ai fait des essais. »
Il semblait s’reprendre. Ses doigts m’lâchèrent, ses pommettes rougirent, bref il s’éloigna d’un pas et toussota.
Et c’est là qu’il s’approche de ses modèles de bois fin.
« La clé, le point commun entre tout ces designs, c’est l’aérodynamisme. »
« L’aéro … ? »
Mais il m’écoute plus, là.
« Et pour reprendre cet aérodynamisme, j’ai travaillé au plus simple. »
Il pointe du doigt les trois modèles plus proche d’moi : Trois formes bien différente, mais toutes légèrement aplaties, toutes plaquées d’longues ailes sur le côté, et toutes beaucoup, beaucoup trop p’tites !
« Enfin André, c’est minuscule ! »
Il me regarde soudain, à croire que j’lai réveillé d’une transe. Puis, lèvres pincées, il finit par lâcher…
« C’est un modèle réduit… Echelle 1/10. »
« Ah… »
J’ferme mon clapet et j’étudie la faisabilité d’la chose. Fondre et marteler en si p’tit, c’était risqué… Mais l’matériaux des vaisseaux était particulièrement malléable. Avec beaucoup de travail et d’acharnement…
« Et tu penses que ça volera ? »
« Tout dépend. »
Qu’est c’qui me racontait encore ??
« Il faut que le département moteur arrive à nous fournir un modèle fonctionnel…. Et ça s'est pas gagné... »