Le jour était déjà levé. Goshénite et Ambre se firent réveiller par les rayons chargés de lumière naturelle qui traversaient les larges fenêtres. À peine sortis de leur sommeil par cette aurore enjôleuse, encore vêtus de leur robe de chambre, ils entendaient de l’animation derrière la porte de la chambre qu’ils partageaient tout les deux. La réverbération du château créant une ambiance agitée, tout le monde semblait aussi occupés que lorsque les deux gemmes venaient entendre les assignations de la journée dans leur monde d’origine. Or aujourd’hui, ils avaient quartiers libres. Ils voulaient en profiter pour faire un tour du propriétaire et faire connaissance avec leurs collègues, ces dernier apparemment affairés.
Le duo se prépara, Ambre cherchant désespérément le fard qu'ils utilisaient pour imiter le teint des êtres humains dans son énorme malle, envoyant tout au hasard et provoquant le début du désordre. Réappliquant de la poudre sur leur peau minérale pour imiter le teint des êtres humains, ils s’habillèrent. Ils utilisèrent le paravent l’un après l’autre, ils avaient leur pudeur. Goshénite cependant prit son épée avec lui, l’accrochant à sa taille. Il ne perdait pas facilement ses vieilles habitudes de sentinelle. Ambre lui prit ses notes car il voulait déjà se renseigner sur ce nouveau monde qui s’offraient à eux, découvrir tout ça, ce qui était complètement inédit.
En sortant tout les deux, beaucoup de gens passèrent devant eux et tous leur souriait en hochant la tête pour les saluer. Bras dessus, bras dessous, ils répondaient tendrement en leur renvoyant leur bonjour. Surtout, les habitants et les gardes ne pouvaient s’empêcher de poser leur regard quelques secondes sur la chevelure des gemmes. C’était comme si la lumière se projetait tout autour d’eux. La coupe assez garçonne de Goshénite réfléchissant la clarté solaire de reflets gris, y compris sur ses épaules. Ambre avec ses cheveux plus longs, reluisait un jaune-orangé plus chaleureux pareil à un halo. En leur rendant leurs salutations, ils ne pouvaient pas s’empêcher de se sentir gênés avec ces visions un peu insistantes. Ça les affectait un peu. Ces humains n’avaient sans doutes jamais entendus parler d’eux et de telles réactions étaient à prévoir. Ça les faisait réfléchir, dans le sens où il ne sentaient pas comme des bêtes de foire, mais plutôt qu’ils étaient passés à côté de beaucoup de choses. Pour leur bien certes, mais que c’était un peu dommage de devoir se couper du monde de la sorte pour se sentir en sécurité. Et c’était le cas.
En traversant les larges couloirs au plafond immense, ils virent aussi des humains, plus petits cette fois. Les gemmes aussi avaient cette apparence dans le premier siècle de leur existence, ça les rendait nostalgique de voir des enfants aussi enthousiastes. Chacun suivant un personne qui leur ressemblait plus oui moins physiquement. C’était leurs parents. Une pierre précieuse ignoraient tout du concept de parents, pas biologiquement parlant mais du rôle de ces derniers. Ils vivaient comme une grande fratrie, se considérant l’un l’autre comme des frères d’armes, des congénères et des amis proches. Alors voir pour la première fois des petits garçons et des petites filles, ça les rendait songeur.
Le Maître leur avait expliqué que les gens n’avaient pas une aussi longue longévité qu’eux et que, ils se reproduisaient afin de perpétrer leur descendance et d’assurer la survie de l’espèce comme le font les animaux, les plantes et les insectes. C’était dans leurs gênes, ils étaient conçus pour cette possibilité. Contrairement aux êtres de minéraux, la personnalité d’un humain était différente d’un autre. Ils étaient tous composés de chair, d’os et de sang, mais chaque individus avait son propre caractère et des traits physiques distinctifs. À l’opposé des gemmes qui eux, si ils étaient de la même constitution, gardaient un schéma psychologique et corporel quasi-identique. L’enfant gardait cependant des caractéristiques des deux parents, comme si on mélangeait du bleu du jaune pour faire du vert. L’enfant n’était pas différent, il était l’amalgame des particularités de ses géniteurs.
Ambre et Goshénite étaient tout simplement fascinés par ces humains à taille réduite qui allaient grandir plus rapidement qu’eux jusqu’au stade adulte. Ils avaient l’air si fragile et pourtant débordant d’énergie. Ils riaient, criaient, touchaient à tout ce qu’ils voyaient et posaient un nombre incroyable de questions à ceux qui les accompagnaient. Les deux gemmes se firent repérer par plusieurs enfants. Ces derniers, les yeux pleins d’étoiles, accoururent vers eux en les fixant d’admiration, émerveillés par leur existence.
« Woaaaaaah ! s’exclama l’un d’eux. Vous êtes trop belle madame ! Je peux toucher vos cheveux qui brillent ?
- B-bien sûr !Ambre s’accroupit pour laisser le bambin lui caresser sa chevelure scintillante.
- Mais… visiblement étonné par la texture douce pareil à des cheveux humains. Ils sont tout doux en plus ! Et ça brille ! Tu fais comment madame ?
- Je suis né comme ça. alors qu’il frotta le sommet du crâne de son jeune interlocuteur. Toi aussi tes petits cheveux sont agréable à toucher. Ils sont plus opaques que les nôtre cela dit. On dirait un peu ceux de Bort. Tu ne trouves pas Goshé ?
- O-oui. dit-il d’un sourire gêné alors qu’on lui faisait subir la même chose.
- On va aller jouer ! Mon papa il a dit que je pouvais aller là où il y les jouets. Tu veux venir avec moi ?
- Et bien, c’est une bonne occasion pour lier l’utile à l’agréable. Tu veux venir avec nous Goshé ?
- Je ne sais pas si-
- S’il te plaaaaaaît.
- D’accord, mais pas longtemps. Cet endroit me semble immense et nous n’avons pas terminés de faire le tour, même en une journée entière. »
Tout les deux suivaient le groupe d’enfants qui avaient passés un bon moment à les ébouriffer. Des parents s’excusèrent pour leur comportement, d’autres étaient plus qu’amusés en les voyant complètement décoiffés, c’était de leur âge après tout. Ils leur expliquèrent que c’était la journée parent-enfant aujourd’hui. Chaque personne qui travaillait au château avait le droit d’emmener ses petits sur leur lieu de travail en ce aujourd’hui exceptionnellement.
Ils découvraient le dur métier de soldat qui protégeait le palais, même si c’était très ennuyeux puisqu’ils montaient la garde. Au moins, ils s’ennuyaient un peu moins que les autres jours. Goshénite en profita pour interroger les gardes sur leur fonction. Il était aussi vigile, mais avait plutôt tendance à fixer le ciel, ses ennemis apparaissant habituellement dans l’azur. Il lui demanda si il y avait aussi beaucoup d’attaques de Séléniens. Le garde n’en avait jamais entendu parlé. En revanche, les assauts des Sans-Cœurs étaient monnaie courante. Ils avaient fait le serment de protéger les lieux contre ces forces ténébreuses et tout ceux qui attendraient à l’ordre. Des créatures redoutables, qui même si ils arrivaient à les repousser, n’en revenaient pas indemnes. Malgré leur aspect primitifs d’ombres, ils étaient malins et toujours pleins de surprises. Les gardes étaient habitués à les combattre, or pas aussi efficacement que certains prédestinés à les affronter ou qui étaient déjà dans les hautes sphères du corps armé. Le garde n’en disait pas plus aux gemmes, leur laissant découvrir ce dont il parlait, il fallait le voir pour le croire.
Il y avait aussi plusieurs balais qui faisaient le ménage avec pourtant personne pour tenir le manche. Ils avaient l’habitude de la corvée de balayage mais n’avaient jamais vus un balais aller de lui-même pour cette tâche un peu ingrate. Ces brosses vivantes portaient même des seau d’eau à bout de bras. Décidément, à côté les deux gemmes n’étaient pas une si grande curiosité que ça. Ambre en voulait absolument un pour faire le ménage, qu’on lui refusa automatiquement.
Derrière les larges colonnes, on pouvait apercevoir les jardins. Des grands arbustes taillés à l’effigie de personnes aux caractéristiques plutôt animales, on aurait presque dit qu’ils allaient se déraciner de terre et prendre vie au vue du réalisme de ces sculptures végétales. Si des personnages comme ça existaient, alors le fait que des gemmes puissent vivre n’était pas idiot non plus. On voyait les jardinier s’affairer à l’entretient du somptueux square. Leurs bambins étaient plus accaparés par la luxuriante végétation et surtout, le nombre de variétés de fleurs aux coloris et vifs et chamarrés. On les rouspétait car ils essayaient de cueillir les précieuses fleurs. Le mal était déjà fait et contre toutes attentes, ils avaient le droit de les garder. Le rôle de parent avait donc une nouvelle facette : celle de surveiller ses enfants, de leur dire ce qui était bien ou mal. Si ils fautaient, il fallait alors les recadrer en leur expliquant le mauvais de leurs actes. Heureusement, ce n’était rien de grave dans le cas présent.Du soldat au personnel d’entretien, du mage au bibliothécaire, beaucoup avaient emmenés leurs bambins sur leur lieu de travail. Que ce soit pour passer un bon moment avec eux ou leur faire la dureté de leurs obligations.
D’autres encore s’étaient servis de ce jour spécial pour les confier à la garderie, spécialement aménagée pour l’évènement. C’était là que se dirigeaient les deux gemmes. En entrant, ils découvrirent un lieu de jeu et de détente couvert de tapis et d’oreillers. Des peluche en veux-tu en voilà et des étranges objets qu’utilisaient les enfants. Certains étaient à l’image de petits personnages animalesques, de bonhommes musclés ou de femmes très élégantes. Et aussi un atelier de dessin affichant déjà un bon nombre d’œuvres sur le sol ou bien en train d’en sécher la peinture sur des cordes à linge mise en place à la va vite.
Chose étonnante, il y avait également des petites souris. Ces dernières portaient des vêtements et parlaient aux enfants avec une aisance et une bienveillance hors du commun. Personne ne semblait effrayer par cette présence animale, au contraire, les rongeurs s'amusaient bien avec les bambins, participant et chaperonnant la multitudes d'activités disponibles. Ça restait innocent et des adultes veillaient au grain au cas où les choses dégénéreraient.
Déposant son arme à l’entrée, Goshénite remarqua que personne ne s’intéressait à eux et c’était tant mieux, il ne voulait se recoiffer encore et encore. Ambre aussi avait étrangement disparu. La pierre ambrée était extasiée à la vue de toutes ces peluches duveteuse. Ce-dernier se jetant littéralement dedans, se noyant sous des couches d’animaux assez doux pour qu’il ne résiste pas à l’idée de les câliner. Ça amusait beaucoup Goshénite de le voir s’amuser de la sorte, c’était presque un enfant au final.
Tout les deux passèrent leur temps à examiner ce qu’ils appelaient des jouets et les interactions possibles. Ce n’était qu’en fait libre d’interprétation et selon l’imagination de ceux qui les utilisaient. Certains directifs, faisant travailler le discernement avec des formes et des couleurs. D’autres plus affranchis de restrictions. Un chevalier partant à l’aventure pour sauver la demoiselle en détresse contre les infâmes pirate et le capitaine Nounours sur l’île des palmiers en forme de livres. Et encore.
Un attroupement s’était fait autour d’une femme qui lisait un volume à la couverture brillante. Il s’agissait apparemment de contes et des d’histoires destinés justement aux plus jeunes. Goshénite ne pouvait s’empêcher lui d’y prêter une oreille et d’écouter un fragment de la culture humaine. Les histoires sont en général basées sur des faits réels, même si tricotés avec un peu de poésie, la magie opérait et contait les aventures de ceux qui les ont vécus. Des actes héroïques pour protéger ce qui était cher au cœur des gens.
Mais un conte en particulier ne la faisait pas décrocher des paroles de la conteuse. Il racontait une période de paix, baignée par la chaleur de la lumière. Tout le monde aimait cette lumière. Si bien que les gens ont commencés à se battre pour se l’approprier. Ils voulaient la garder pour eux. Et ainsi, les ténèbres naquis dans le cœur des gens. Ces ténèbres se seraient propagées, dévorant la lumière et le cœur de nombreux innocents. Submergeant le monde avant de le faire disparaître. Malgré ses impressionnant talents pour sa lecture et la raconter, des enfants commencèrent à pleurer, demandant si les gens allaient s’en sortir.
Elle continua, en ajoutant d’un ton très bienveillant, que des fragments de lumière avaient survécus. Des fragments qui seraient présents dans le cœur des enfants. Cela fit taire les pleures, réécoutant avec attention. Avec ces fragments de lumière, les enfants purent reconstruire ce monde perdu. Mais la vraie lumière dormait encore, léthargique, assoupie au plus profond des ténèbres. Et c’est pourquoi les mondes étaient toujours séparés de nos jours, séparé des uns et des autres. Or, un jour peut-être, une porte dans la plus noire des abysse s’ouvrira. Et ce jour là, la vraie lumière reviendra. La narratrice referma les pages avant de se pencher vers les enfants, les dévisageant d’une profonde sincérité, les regardant un à un dans leurs béants.
Même dans les ténèbres les plus profondes, il y aura toujours une lumière pour les guider. Il faut croire en la lumière, pour que les ténèbres ne puissent vaincre qui que ce soit. Leur cœur brillerait infiniment et ainsi repousser les ombres.
Elle leur demanda si ils avaient compris le sens de cette histoire. Certains hochaient la tête, d’autres restaient dubitatifs quand à son message. Et ils repartirent tous jouer avec la ribambelle de possibilités ludiques qui s’offraient à eux. À l'heure où certains rêves d'aventures, ils espèrent déjà remarcher sur les traces de leurs parents, faisant virevolter des épées en bois. D'autres encore traceront leur propre chemin, étudiant, s'éveillant, ils n'en seront pas moins une fierté et heureux de leur parcours. Goshénite qui n’en avait pas perdu une miette, s’était fait remarqué par la jeune femme. Ce-dernier lui demanda qui était l’auteur d’un tel récit allégorique. Elle l’ignorait. C’était écrit dans son livre, tout simplement. La gemme souhaita le lui emprunter, ce qu’elle accepta, seulement quand les enfants seront tous partis. Il pensait que cela ferait plaisir à Ambre de l’étudier, lui étant déjà assoupi avec d’autres bambins dans l’amas de peluches, brillant de plus belle parmi les doudous pelucheux.
Le duo se prépara, Ambre cherchant désespérément le fard qu'ils utilisaient pour imiter le teint des êtres humains dans son énorme malle, envoyant tout au hasard et provoquant le début du désordre. Réappliquant de la poudre sur leur peau minérale pour imiter le teint des êtres humains, ils s’habillèrent. Ils utilisèrent le paravent l’un après l’autre, ils avaient leur pudeur. Goshénite cependant prit son épée avec lui, l’accrochant à sa taille. Il ne perdait pas facilement ses vieilles habitudes de sentinelle. Ambre lui prit ses notes car il voulait déjà se renseigner sur ce nouveau monde qui s’offraient à eux, découvrir tout ça, ce qui était complètement inédit.
En sortant tout les deux, beaucoup de gens passèrent devant eux et tous leur souriait en hochant la tête pour les saluer. Bras dessus, bras dessous, ils répondaient tendrement en leur renvoyant leur bonjour. Surtout, les habitants et les gardes ne pouvaient s’empêcher de poser leur regard quelques secondes sur la chevelure des gemmes. C’était comme si la lumière se projetait tout autour d’eux. La coupe assez garçonne de Goshénite réfléchissant la clarté solaire de reflets gris, y compris sur ses épaules. Ambre avec ses cheveux plus longs, reluisait un jaune-orangé plus chaleureux pareil à un halo. En leur rendant leurs salutations, ils ne pouvaient pas s’empêcher de se sentir gênés avec ces visions un peu insistantes. Ça les affectait un peu. Ces humains n’avaient sans doutes jamais entendus parler d’eux et de telles réactions étaient à prévoir. Ça les faisait réfléchir, dans le sens où il ne sentaient pas comme des bêtes de foire, mais plutôt qu’ils étaient passés à côté de beaucoup de choses. Pour leur bien certes, mais que c’était un peu dommage de devoir se couper du monde de la sorte pour se sentir en sécurité. Et c’était le cas.
En traversant les larges couloirs au plafond immense, ils virent aussi des humains, plus petits cette fois. Les gemmes aussi avaient cette apparence dans le premier siècle de leur existence, ça les rendait nostalgique de voir des enfants aussi enthousiastes. Chacun suivant un personne qui leur ressemblait plus oui moins physiquement. C’était leurs parents. Une pierre précieuse ignoraient tout du concept de parents, pas biologiquement parlant mais du rôle de ces derniers. Ils vivaient comme une grande fratrie, se considérant l’un l’autre comme des frères d’armes, des congénères et des amis proches. Alors voir pour la première fois des petits garçons et des petites filles, ça les rendait songeur.
Le Maître leur avait expliqué que les gens n’avaient pas une aussi longue longévité qu’eux et que, ils se reproduisaient afin de perpétrer leur descendance et d’assurer la survie de l’espèce comme le font les animaux, les plantes et les insectes. C’était dans leurs gênes, ils étaient conçus pour cette possibilité. Contrairement aux êtres de minéraux, la personnalité d’un humain était différente d’un autre. Ils étaient tous composés de chair, d’os et de sang, mais chaque individus avait son propre caractère et des traits physiques distinctifs. À l’opposé des gemmes qui eux, si ils étaient de la même constitution, gardaient un schéma psychologique et corporel quasi-identique. L’enfant gardait cependant des caractéristiques des deux parents, comme si on mélangeait du bleu du jaune pour faire du vert. L’enfant n’était pas différent, il était l’amalgame des particularités de ses géniteurs.
Ambre et Goshénite étaient tout simplement fascinés par ces humains à taille réduite qui allaient grandir plus rapidement qu’eux jusqu’au stade adulte. Ils avaient l’air si fragile et pourtant débordant d’énergie. Ils riaient, criaient, touchaient à tout ce qu’ils voyaient et posaient un nombre incroyable de questions à ceux qui les accompagnaient. Les deux gemmes se firent repérer par plusieurs enfants. Ces derniers, les yeux pleins d’étoiles, accoururent vers eux en les fixant d’admiration, émerveillés par leur existence.
« Woaaaaaah ! s’exclama l’un d’eux. Vous êtes trop belle madame ! Je peux toucher vos cheveux qui brillent ?
- B-bien sûr !Ambre s’accroupit pour laisser le bambin lui caresser sa chevelure scintillante.
- Mais… visiblement étonné par la texture douce pareil à des cheveux humains. Ils sont tout doux en plus ! Et ça brille ! Tu fais comment madame ?
- Je suis né comme ça. alors qu’il frotta le sommet du crâne de son jeune interlocuteur. Toi aussi tes petits cheveux sont agréable à toucher. Ils sont plus opaques que les nôtre cela dit. On dirait un peu ceux de Bort. Tu ne trouves pas Goshé ?
- O-oui. dit-il d’un sourire gêné alors qu’on lui faisait subir la même chose.
- On va aller jouer ! Mon papa il a dit que je pouvais aller là où il y les jouets. Tu veux venir avec moi ?
- Et bien, c’est une bonne occasion pour lier l’utile à l’agréable. Tu veux venir avec nous Goshé ?
- Je ne sais pas si-
- S’il te plaaaaaaît.
- D’accord, mais pas longtemps. Cet endroit me semble immense et nous n’avons pas terminés de faire le tour, même en une journée entière. »
Tout les deux suivaient le groupe d’enfants qui avaient passés un bon moment à les ébouriffer. Des parents s’excusèrent pour leur comportement, d’autres étaient plus qu’amusés en les voyant complètement décoiffés, c’était de leur âge après tout. Ils leur expliquèrent que c’était la journée parent-enfant aujourd’hui. Chaque personne qui travaillait au château avait le droit d’emmener ses petits sur leur lieu de travail en ce aujourd’hui exceptionnellement.
Ils découvraient le dur métier de soldat qui protégeait le palais, même si c’était très ennuyeux puisqu’ils montaient la garde. Au moins, ils s’ennuyaient un peu moins que les autres jours. Goshénite en profita pour interroger les gardes sur leur fonction. Il était aussi vigile, mais avait plutôt tendance à fixer le ciel, ses ennemis apparaissant habituellement dans l’azur. Il lui demanda si il y avait aussi beaucoup d’attaques de Séléniens. Le garde n’en avait jamais entendu parlé. En revanche, les assauts des Sans-Cœurs étaient monnaie courante. Ils avaient fait le serment de protéger les lieux contre ces forces ténébreuses et tout ceux qui attendraient à l’ordre. Des créatures redoutables, qui même si ils arrivaient à les repousser, n’en revenaient pas indemnes. Malgré leur aspect primitifs d’ombres, ils étaient malins et toujours pleins de surprises. Les gardes étaient habitués à les combattre, or pas aussi efficacement que certains prédestinés à les affronter ou qui étaient déjà dans les hautes sphères du corps armé. Le garde n’en disait pas plus aux gemmes, leur laissant découvrir ce dont il parlait, il fallait le voir pour le croire.
Il y avait aussi plusieurs balais qui faisaient le ménage avec pourtant personne pour tenir le manche. Ils avaient l’habitude de la corvée de balayage mais n’avaient jamais vus un balais aller de lui-même pour cette tâche un peu ingrate. Ces brosses vivantes portaient même des seau d’eau à bout de bras. Décidément, à côté les deux gemmes n’étaient pas une si grande curiosité que ça. Ambre en voulait absolument un pour faire le ménage, qu’on lui refusa automatiquement.
Derrière les larges colonnes, on pouvait apercevoir les jardins. Des grands arbustes taillés à l’effigie de personnes aux caractéristiques plutôt animales, on aurait presque dit qu’ils allaient se déraciner de terre et prendre vie au vue du réalisme de ces sculptures végétales. Si des personnages comme ça existaient, alors le fait que des gemmes puissent vivre n’était pas idiot non plus. On voyait les jardinier s’affairer à l’entretient du somptueux square. Leurs bambins étaient plus accaparés par la luxuriante végétation et surtout, le nombre de variétés de fleurs aux coloris et vifs et chamarrés. On les rouspétait car ils essayaient de cueillir les précieuses fleurs. Le mal était déjà fait et contre toutes attentes, ils avaient le droit de les garder. Le rôle de parent avait donc une nouvelle facette : celle de surveiller ses enfants, de leur dire ce qui était bien ou mal. Si ils fautaient, il fallait alors les recadrer en leur expliquant le mauvais de leurs actes. Heureusement, ce n’était rien de grave dans le cas présent.Du soldat au personnel d’entretien, du mage au bibliothécaire, beaucoup avaient emmenés leurs bambins sur leur lieu de travail. Que ce soit pour passer un bon moment avec eux ou leur faire la dureté de leurs obligations.
D’autres encore s’étaient servis de ce jour spécial pour les confier à la garderie, spécialement aménagée pour l’évènement. C’était là que se dirigeaient les deux gemmes. En entrant, ils découvrirent un lieu de jeu et de détente couvert de tapis et d’oreillers. Des peluche en veux-tu en voilà et des étranges objets qu’utilisaient les enfants. Certains étaient à l’image de petits personnages animalesques, de bonhommes musclés ou de femmes très élégantes. Et aussi un atelier de dessin affichant déjà un bon nombre d’œuvres sur le sol ou bien en train d’en sécher la peinture sur des cordes à linge mise en place à la va vite.
Chose étonnante, il y avait également des petites souris. Ces dernières portaient des vêtements et parlaient aux enfants avec une aisance et une bienveillance hors du commun. Personne ne semblait effrayer par cette présence animale, au contraire, les rongeurs s'amusaient bien avec les bambins, participant et chaperonnant la multitudes d'activités disponibles. Ça restait innocent et des adultes veillaient au grain au cas où les choses dégénéreraient.
Déposant son arme à l’entrée, Goshénite remarqua que personne ne s’intéressait à eux et c’était tant mieux, il ne voulait se recoiffer encore et encore. Ambre aussi avait étrangement disparu. La pierre ambrée était extasiée à la vue de toutes ces peluches duveteuse. Ce-dernier se jetant littéralement dedans, se noyant sous des couches d’animaux assez doux pour qu’il ne résiste pas à l’idée de les câliner. Ça amusait beaucoup Goshénite de le voir s’amuser de la sorte, c’était presque un enfant au final.
Tout les deux passèrent leur temps à examiner ce qu’ils appelaient des jouets et les interactions possibles. Ce n’était qu’en fait libre d’interprétation et selon l’imagination de ceux qui les utilisaient. Certains directifs, faisant travailler le discernement avec des formes et des couleurs. D’autres plus affranchis de restrictions. Un chevalier partant à l’aventure pour sauver la demoiselle en détresse contre les infâmes pirate et le capitaine Nounours sur l’île des palmiers en forme de livres. Et encore.
Un attroupement s’était fait autour d’une femme qui lisait un volume à la couverture brillante. Il s’agissait apparemment de contes et des d’histoires destinés justement aux plus jeunes. Goshénite ne pouvait s’empêcher lui d’y prêter une oreille et d’écouter un fragment de la culture humaine. Les histoires sont en général basées sur des faits réels, même si tricotés avec un peu de poésie, la magie opérait et contait les aventures de ceux qui les ont vécus. Des actes héroïques pour protéger ce qui était cher au cœur des gens.
Mais un conte en particulier ne la faisait pas décrocher des paroles de la conteuse. Il racontait une période de paix, baignée par la chaleur de la lumière. Tout le monde aimait cette lumière. Si bien que les gens ont commencés à se battre pour se l’approprier. Ils voulaient la garder pour eux. Et ainsi, les ténèbres naquis dans le cœur des gens. Ces ténèbres se seraient propagées, dévorant la lumière et le cœur de nombreux innocents. Submergeant le monde avant de le faire disparaître. Malgré ses impressionnant talents pour sa lecture et la raconter, des enfants commencèrent à pleurer, demandant si les gens allaient s’en sortir.
Elle continua, en ajoutant d’un ton très bienveillant, que des fragments de lumière avaient survécus. Des fragments qui seraient présents dans le cœur des enfants. Cela fit taire les pleures, réécoutant avec attention. Avec ces fragments de lumière, les enfants purent reconstruire ce monde perdu. Mais la vraie lumière dormait encore, léthargique, assoupie au plus profond des ténèbres. Et c’est pourquoi les mondes étaient toujours séparés de nos jours, séparé des uns et des autres. Or, un jour peut-être, une porte dans la plus noire des abysse s’ouvrira. Et ce jour là, la vraie lumière reviendra. La narratrice referma les pages avant de se pencher vers les enfants, les dévisageant d’une profonde sincérité, les regardant un à un dans leurs béants.
Même dans les ténèbres les plus profondes, il y aura toujours une lumière pour les guider. Il faut croire en la lumière, pour que les ténèbres ne puissent vaincre qui que ce soit. Leur cœur brillerait infiniment et ainsi repousser les ombres.
Elle leur demanda si ils avaient compris le sens de cette histoire. Certains hochaient la tête, d’autres restaient dubitatifs quand à son message. Et ils repartirent tous jouer avec la ribambelle de possibilités ludiques qui s’offraient à eux. À l'heure où certains rêves d'aventures, ils espèrent déjà remarcher sur les traces de leurs parents, faisant virevolter des épées en bois. D'autres encore traceront leur propre chemin, étudiant, s'éveillant, ils n'en seront pas moins une fierté et heureux de leur parcours. Goshénite qui n’en avait pas perdu une miette, s’était fait remarqué par la jeune femme. Ce-dernier lui demanda qui était l’auteur d’un tel récit allégorique. Elle l’ignorait. C’était écrit dans son livre, tout simplement. La gemme souhaita le lui emprunter, ce qu’elle accepta, seulement quand les enfants seront tous partis. Il pensait que cela ferait plaisir à Ambre de l’étudier, lui étant déjà assoupi avec d’autres bambins dans l’amas de peluches, brillant de plus belle parmi les doudous pelucheux.