L’obscurité, le vide, le silence. Que l’espace lui était de plus en plus agréable. Inconsciemment elle avait fini par adopter par mimétisme cet état inerte. Ni mouvement, ni mot, ni même pensée. Le regard perdu dans l’infiniment noir. Une morte digne de ce nom. Le vaisseau lui n’était pas de cet avis. Tout inanimé qu’il était, il avançait, vrombissait, protestait sa faim par un bip de protestation régulier. Il n’avait guère plus de carburant.
Lenore dut raccrocher à sa conscience à ce son horripilant. Elle hésita un instant. Dans son état résisterait-elle vraiment au désastre d’un atterrissage catastrophe dans un lieu quelconque. Une fin, simple, définitive, avec de grandes chances de succès. Au pire, elle terminerait son éternité seule sur un ilôt rocheux dans le vide sidéral.
Le vaisseau protesta plus fort, supplia d’une itération toujours plus régulière comme le caprice d’un gosse infernal à qui l’on finit par céder. Elle allait devoir poser son véhicule et lui laisser le temps de se recharger. Quelques heures. Soit.
Elle amorça sa descente dans la nuit du premier monde qui était apparu à sa vision. Elle venait de quitter le soleil obséquieux et la population effervescente de Costa Del Sol. C’était sûrement la raison pour laquelle elle avait tant savourer l’Espace. Elle survolait désormais la nuit sereine d’une épaisse forêt sarcelle clairsemée de lacs cobalts. Au loin, elle aperçut l’ombre impérieuse d’une citadelle aux pieds fortifiés chatouillés de feux vacillants et nombreux.
Le vaisseau se posa dans une clairière au plus près de la population. Quitte à passer quelques heures dans un monde inconnu, autant glaner le plus d’information possible. A peine posa-t-elle un pied sur ce monde qu’elle n’avait jamais foulée, qu’elle sut le reconnaître. La forêt étrange semblait avoir été tailladé par un jardinier fou à l’obsession cubique. Un détail amusant que nombreux mercenaires aimaient à rappeler. « Le Domaine Enchanté pousse ses habitants à grandir dans le moule. » avait plaisanter l’un d’eux. Même la végétation, droite, carrée, étirée dans sa grandeur comme un garde fier sous le passage de son souverain.
Le Domaine Enchanté. Royaume d’Aurore et des soldats et prêtres du Sanctum… Fabrizio.
Il était trop tôt pour les contacter encore surtout sans son atout encore bloquer à Port Royal. Elle n’avait pourtant pas le choix. Elle devait le voir comme un premier repérage, une occasion de mettre un maximum de chance de son côté pour la prochaine fois. Elle allait devoir passer la nuit dans cette ville qui semblait peu enclin à s’endormir ce soir.
Le froid ne la mordait pas, il n’habillait pas son souffle inexistant de vapeur. Le givre lui, cet impertinent, dansait sur sa cape sombre, l’agrémentant de paillette scintillant au reflet des flammes des torches. Le pied de la citadelle s’animait gaiement d’un marché nocturne. Les minuscules chalets de bois construit pour l’occasion se blottissait les uns contre les autres, en des allées promettant une chaleur bienvenue par cette nuit d’hiver. Les ors, les flammes, les rouges, les odeurs de châtaignes et d’épices, de bougies et de lampes à huiles, les vibrations guillerettes et contagieuses des chalands invitant les passants à goûter, humer et partager leur convivialité revigorante. Tout ceci lui rappela tant de souvenirs doux et douloureux.
C’était déjà cette période de l’année ? Elle qui la redoutait auparavant, qui hésitait jusqu’à la dernière heure entre l’esquiver, cachée dans un trou ou savourer cette blessure sucrée par procuration. Elle ne s’était pas rendu compte du temps passé… La prison et la mort lui avait fait perdre le compte du temps.
Inconsciemment elle s’était avancée jusqu’au milieu du marché de Noël. La magie de la fête semblait pâlir par la fadeur de sa conscience, l’apathie de ses sens. Ou était-ce simplement qu’aucun monde ne pouvait rivaliser à cet instant avec les éclats du Soleil de son pays d’origine ?
Son esprit se mit à tournoyer, mêlant images de ce qu’elle observait et souvenirs embellis, la faisant reculée d’un pas incertain. Son dos heurta quelque chose de mou. Il protesta, renversant le liquide chaud sur son manteau épais. L’odeur du vin chaud. Orange, cannelle, muscade… De protestations, il passa à inquiétude devant le regard perdu de la rousse et son mutisme, puis la pardonna esquissant un sourire bienveillant avant de la laisser à son interrogation.
Qui faisait ça ? Ne pas se plaindre, ne pas exiger réparation au moins pour sa boisson gaspiller ou son manteau maculé. Qui ne profite pas de la détresse d’un inconnu pour assouvir ses démons de colère et de supériorité ? Raisonnablement personne. Elle devait se méfier. Il se voilait d’apparence, de convention biaisé par cette période de l’année. Jouant les charitables de circonstance. La magie de Noël ?… tss… Une illusion. Elle le voyait bien désormais que son esprit était redevenu clair.
Le chalet du vin chaud était un endroit parfait pour observer. Stratégique. La chaleur et l’alcool dégivrait les langues. La fausse bonhommie appelait à la détente. Elle apprendrait sûrement beaucoup à rester ici contre le chalet, le bois encore parfumé du sapin sacrifié pour l’occasion. L'esprit et les sens aiguisés et alerte.
Dernière édition par Lenore le Mer 26 Fév 2020 - 10:16, édité 1 fois
Lun 6 Jan 2020 - 11:24Lenore dut raccrocher à sa conscience à ce son horripilant. Elle hésita un instant. Dans son état résisterait-elle vraiment au désastre d’un atterrissage catastrophe dans un lieu quelconque. Une fin, simple, définitive, avec de grandes chances de succès. Au pire, elle terminerait son éternité seule sur un ilôt rocheux dans le vide sidéral.
Le vaisseau protesta plus fort, supplia d’une itération toujours plus régulière comme le caprice d’un gosse infernal à qui l’on finit par céder. Elle allait devoir poser son véhicule et lui laisser le temps de se recharger. Quelques heures. Soit.
Elle amorça sa descente dans la nuit du premier monde qui était apparu à sa vision. Elle venait de quitter le soleil obséquieux et la population effervescente de Costa Del Sol. C’était sûrement la raison pour laquelle elle avait tant savourer l’Espace. Elle survolait désormais la nuit sereine d’une épaisse forêt sarcelle clairsemée de lacs cobalts. Au loin, elle aperçut l’ombre impérieuse d’une citadelle aux pieds fortifiés chatouillés de feux vacillants et nombreux.
Le vaisseau se posa dans une clairière au plus près de la population. Quitte à passer quelques heures dans un monde inconnu, autant glaner le plus d’information possible. A peine posa-t-elle un pied sur ce monde qu’elle n’avait jamais foulée, qu’elle sut le reconnaître. La forêt étrange semblait avoir été tailladé par un jardinier fou à l’obsession cubique. Un détail amusant que nombreux mercenaires aimaient à rappeler. « Le Domaine Enchanté pousse ses habitants à grandir dans le moule. » avait plaisanter l’un d’eux. Même la végétation, droite, carrée, étirée dans sa grandeur comme un garde fier sous le passage de son souverain.
Le Domaine Enchanté. Royaume d’Aurore et des soldats et prêtres du Sanctum… Fabrizio.
Il était trop tôt pour les contacter encore surtout sans son atout encore bloquer à Port Royal. Elle n’avait pourtant pas le choix. Elle devait le voir comme un premier repérage, une occasion de mettre un maximum de chance de son côté pour la prochaine fois. Elle allait devoir passer la nuit dans cette ville qui semblait peu enclin à s’endormir ce soir.
Le froid ne la mordait pas, il n’habillait pas son souffle inexistant de vapeur. Le givre lui, cet impertinent, dansait sur sa cape sombre, l’agrémentant de paillette scintillant au reflet des flammes des torches. Le pied de la citadelle s’animait gaiement d’un marché nocturne. Les minuscules chalets de bois construit pour l’occasion se blottissait les uns contre les autres, en des allées promettant une chaleur bienvenue par cette nuit d’hiver. Les ors, les flammes, les rouges, les odeurs de châtaignes et d’épices, de bougies et de lampes à huiles, les vibrations guillerettes et contagieuses des chalands invitant les passants à goûter, humer et partager leur convivialité revigorante. Tout ceci lui rappela tant de souvenirs doux et douloureux.
C’était déjà cette période de l’année ? Elle qui la redoutait auparavant, qui hésitait jusqu’à la dernière heure entre l’esquiver, cachée dans un trou ou savourer cette blessure sucrée par procuration. Elle ne s’était pas rendu compte du temps passé… La prison et la mort lui avait fait perdre le compte du temps.
Inconsciemment elle s’était avancée jusqu’au milieu du marché de Noël. La magie de la fête semblait pâlir par la fadeur de sa conscience, l’apathie de ses sens. Ou était-ce simplement qu’aucun monde ne pouvait rivaliser à cet instant avec les éclats du Soleil de son pays d’origine ?
Son esprit se mit à tournoyer, mêlant images de ce qu’elle observait et souvenirs embellis, la faisant reculée d’un pas incertain. Son dos heurta quelque chose de mou. Il protesta, renversant le liquide chaud sur son manteau épais. L’odeur du vin chaud. Orange, cannelle, muscade… De protestations, il passa à inquiétude devant le regard perdu de la rousse et son mutisme, puis la pardonna esquissant un sourire bienveillant avant de la laisser à son interrogation.
Qui faisait ça ? Ne pas se plaindre, ne pas exiger réparation au moins pour sa boisson gaspiller ou son manteau maculé. Qui ne profite pas de la détresse d’un inconnu pour assouvir ses démons de colère et de supériorité ? Raisonnablement personne. Elle devait se méfier. Il se voilait d’apparence, de convention biaisé par cette période de l’année. Jouant les charitables de circonstance. La magie de Noël ?… tss… Une illusion. Elle le voyait bien désormais que son esprit était redevenu clair.
Le chalet du vin chaud était un endroit parfait pour observer. Stratégique. La chaleur et l’alcool dégivrait les langues. La fausse bonhommie appelait à la détente. Elle apprendrait sûrement beaucoup à rester ici contre le chalet, le bois encore parfumé du sapin sacrifié pour l’occasion. L'esprit et les sens aiguisés et alerte.
Dernière édition par Lenore le Mer 26 Fév 2020 - 10:16, édité 1 fois