Ainsi, un dix-septième martellement en la cloche de cuivre sonnait et résonnait dans les jardins du Sommet des Arts. Négligemment, le regard paresseux de la Danseuse s’attardait aux décors fleuris dont quelques-uns ne semblaient vouloir se défaire.
Rythme des accords et engouement des paroles s’unissaient toujours au coeur des tombes des défunts des Muses.
Irelia avait suffisamment usé de politesse et s’était déjà éclipsé d’une enjamber, préférant y abandonner ses craintes et offrir celles-ci aux suivants. Il devait toujours s’y trouver Arthur, Genesis ou encore Mizore. Voici que la rêveuse embrassait les longues allées composant le dôme et les neuf tours, seule à ce périple dont elle se refusait depuis sa rencontre.
En équilibre, elle ouvrait sa main à l’interrogation de cette babiole de fer.
Dans un temps de retard, elle levait ses iris aux cieux à l’observation des édifices aux toits de tuiles. Ainsi ses pommettes se dressaient à la vision du patchwork de couleur et domaine de son Poète ou de ses amies à plumes. Un frisson s’attardait sans invitation à l’instant où son regard s’attardait au royaume de Mizore, jurant d’un souffle glacial ayant quitté ses lèvres. De peur à curiosité, l’adolescente venait à s’imaginer la vie refléter aux pierres de la tour de Genesis, d’un gris tachant les corbeaux vivants aux fenêtres. Un soubresaut, un éclat, venait à attirer son regard jusqu’au sommet d’une dernière tour. Quelques douces notes semblaient accompagner sa découverte, filtrant au travers d’un tour aux apparats éteints. Il aurait fallu d’une œillade pour taire cette mélodie. Curieuse à l’appréhension d’un nouveau spectacle, la Danseuse s’avançait de quelques pas jusqu’à découvrir un animal à poil passer d’un versant à l’autre, traînant une robe à sa suite. Elle se surprit à comprendre sur le tard qu’il ne s’agissait de rien d’autre qu’un singe chapardeur et qu’il échappait déjà à son attention.
Pourtant, si petite au milieu de ces sommets, elle en venait à rechercher une question. Plus loin, exigeant à la rêveuse de serpenter au travers des allées, se découvrait l’endroit auquel sa clé répondait.
Un battant de chêne à la poignée de fer, un mur aux pierres blanches et des fenêtres fleuries. Au pied des marches guidant à son entrée, Irelia élevait sa curiosité à sa pointe et serrait ses émotions au-devant de ses réalisations. Elle cherchait un animal, une couleur ou encore un aspect qui la guiderait à découvrir la personne qu’elle était.
Ainsi l’envie de la rêveuse périssait aux mesures de ses découvertes. Elle qui manquait de mot au-devant de la sépulture, voici qu’elle se confondait à ne jamais rien pouvoir dire sur elle.
Nonchalamment, elle ajustait son gilet et glissait la clé dans sa serrure et tournait deux crans sur la gauche. Surprise, elle découvrait le cliquetis du mécanisme non sans singularité ainsi que le crissement des chevilles s’invitait à la mélodie. L’écart du battant et de l’encadrement se creusait, opérant à un rayon à s’inviter à l’intérieur, offrant ce « chez elle» aux réflexions de l’adolescente. Une mosaïque inattendue s’offrait à son intérêt, les fragments se dessinant à ses yeux et se propageant aux endroits qu’elle découvrait à chaque claquement de talons.
Ivre de curiosité, Irelia désirait à tout s’approprier.
La main glissait le long du mur, découvrant un interrupteur et offrant à la vue l’immensité de l’unique pièce de la tour. Les iris se perdaient de la base à la pointe, arrangeant une vision d’un escalier en colimaçon guidant jusqu’à des scénettes arborant les murs. Elle se perdait, en finalité, à une échelle guidant une trappe. Provoquant, à elle seule, l’ambition de la Danseuse à gravir ses échelons.
« Elle n’avait pas de chaussure. »
Irelia baissait les yeux, amenant ses pieds aux talons et quittant ses escarpins pour le froid de la planche galbée. Elle esquissait un sourire à la sensation, guidant un regard à ses côtés, observant son reflet aux glaces. Il n’y avait que miroir à hauteur d’homme, reflétant l’inconnue qui s’invitait au domaine de Rivy. Une immense piste de danse et nombre d’échos en guise de spectateur.
L’envie de s’y glisser, d’y offrir sa marque, s’en allait en crescendo. Sauf qu’elle étouffait ce désir et se guidait jusqu’aux premières marches.
Déposant sa main le long de la rambarde, glissant ses doigts, elle montait et découvrait la première scène. Quelques bibliothèques se dressaient aux côtés des murs, offrant l’intérêt de la Danseuse qui découvrait les titres des ouvrages s’offrant à elle. Quelques mots s’invitaient à ses souvenirs, guidant Irelia a prendre le manuel et s’asseoir au pied du canapé, s’imaginant pouvoir partager cela auprès de la grande sœur. Découvrant ce livre ne lui appartenant pas, la rêveuse en venait à découvrir chacune des pages à la recherche d’un souvenir. Elle-même s’adonnait à ce jeu, pourquoi pas les autres. Page après page, chapitre après chapitre, elle en venait à redécouvrir les premiers pas l’ayant guidé à ce besoin et remarquait quelques annotations ou mention glissé entre les paragraphes.
Elle souriait, s’imaginait dire qu’elle connaissait Rivy à la lecture de quelques mots.
C’est seulement à l’instant où le livre se referma que la rêveuse quitta cette scène à la découverte d’une nouvelle suite de marches, celle-ci menant à l’étage orné d’une échelle et d’une coiffeuse.
Souriante, confiante, la Danseuse glissait ses doigts sur le meuble à la recherche du produit de sa connaissance. Elle se surprise à ignorer le moindre flacon, s’attardant seulement sur un rouge à lèvres qu’elle s’appliquait dans un jeu à la soudaine prise de sensation. Elle qui s’accaparait sa vie, elle en allait aussi jusqu’à ce marquer et à plagier se qu’elle imaginait. Elle détournait le regard, s’attardant sur une armoire à la porte baillante et divulguant un monticule de tissu et de couleur. Elle s’autorisait un sourire, s’avança et referma la porte sans un bruit. Il y avait des secrets que certaines voulaient garder et Irelia avait espoir que ce geste épargnait au suivant de fouiller ses propres souvenir.
Il n’y avait que le fruit de sa curiosité qu’elle enviait à goûter, d’un pas et d’un échelon, elle grimpait jusqu’à se retrouver à la trappe qu’elle poussait.
Une pièce, unique, un lit en son centre et une fenêtre en vis-à-vis. Les iris s’en allaient et balayaient l’endroit. Quelques peintures et sculpture, finitions en son sommet et œuvre de l’ancienne propriétaire. La rêveuse se glissait, arpentait la pièce jusqu’à découvrir l’unique objet ayant échappé à son attention. D’un pas léger, elle s’avançait et prenait place derrière l’instrument et glissait ses doigts jusqu’aux cordes.
Délicate, se voulant ainsi, Irelia passait ses doigts sur les cordes de la harpe en espoir d’y produire plus belle mélodie. Bien vite, sa moue rappelait qu’elle n’avait jamais frotté d’autres cordes que celle de son Koto. Elle reculait, observant les draps et retenant l’envie d’y plonger avant d’y découvrir le réel centre de ses intérêts. Polie, elle ouvrait la fenêtre et découvrait son nouvel observatoire, surplombant de loin tout ce qu’elle n’avait jamais connu ici ou dans son ancienne maison. Glissant ses deux jambes dans le vide, elle assurait sa prise avant d’observer la ville qui se dressait à ses pieds.
- Merci.
Elle soufflait ce simple mot, esquissant un sourire avant de s’appuyer à l’encadrement de ce poste qui était désormais sien. Au loin, elle percevait le dix-neuvième martellement de cloche, elle ne tarderait pas à rentrer.