« Tu n’y penses pas sérieusement, Jecht. » Ca… C’tait une question ou… ça avait pas l’air. Genre. Euh… Après j’comprenais mais. « Princesse, écoute. » Belle a l’vé les mains avant d’les poser sur la table, genre ferme. C’jour’là, elle était habillée vraiment comme avant, genre robe bleue avec un tablier blanc. « Non. Jecht, c’est non. Je ne sais même pas comment tu peux me le dire, je ne sais même pas comment tu peux me dire ça sans rougir. »

« Non crois-moi. » J’ai baissé les yeux sur mes mains, beaucoup moins belles que les siennes. J’rougis. ‘Fin… T’as compris. « J’ai honte, franchement. J’ai aucune envie de le faire mais… j’commence à croire qu’c’est obligé. »

« C’est là que tu te trompes. » Elle m’a pointé du doigt. « Depuis des années tu nous rabâches que tu n’as pas le choix. Quand tu fais quelque chose de mal, tu regrettes. Je te ramasse à la petite cuillère. » Elle détache chacune de ses phrases, genre quelques secondes à chaque fois et moi j’me tais. « Et puis tu recommences. »

« Ouais, je sais. »

« Tu aurais pu mener une vie totalement différente dès que tu nous as libérées. C’est toi qui as fait ces choix. »

« C’est plus compliqué qu’ça. » J’me gratte les ch’veux qui m’grattent. Putain. J’vois c’qu’elle veut dire mais… mais on en r’vient à Ultimecia. Elle avait tout dit, quand elle était apparue dans mes rêves. On a allumé la machine, elle est en route, et j’ai juste à choisir si j’veux êt’dedans ou dehors. Si j’suis dedans, j’m’en sors bien. Si j’suis dehors, j’reste un connard. Mais elle savait. On en parlait pas mais elle savait bien qu’tout ça, là, c’qu’on avait, c’était bien. Mais j’étais une putain d’épave. Et j’voulais… voilà quoi. J’ai senti sa main sur la mienne. « C’est la pire idée que tu aies eue. Elle est vraiment mauvaise, Jecht. »

« Ouais. » J’l’ai r’gardée dans les yeux ; Ca m’faisait plus mal d’puis longtemps d’avoir sa main sur la mienne. J’sentais une démangeaison à ma peau, mais mon cœur lui il allait super bien. « Je comprends pourquoi tu fais tout ça. Je ne dis pas que j’approuve mais… ce jour-là, j’ai décidé de te faire confiance. Et je serai toujours avec toi. Et pour Alice, c’est la même chose. »

« Ouais. »

« Mais là, Jecht. Non, vraiment. »

J’ai soupiré ma life. J’ai posé mes mains sur mon visage et j’me suis frotté la gueule. Non mais quelle connerie tout ça. J’ai r’tiré mes mains et j’les ai aussi plaquées sur la table ! « Y a aucun risque. C’est moche et c’est d’la merde. Mais.. « Aucun risque ?! » Elle s’est levée en m’criant d’ssus. « Comment tu peux dire ça ? Après tout ce qu’il s’est passé ? »

« C’est déjà arrivé !  Tout est là ! On sait d’avance que ça ira ! Justement, princesse, avec tout’c’qui s’est passé, là on sait que ça ira ! » « Mais » « C’est moi qui vais tout contrôler, de A à Z ! Aucun risque ! » Belle a commencé à marcher dans l’salon. J’sentais qu’elle voulait parler mais j’avais trop d’choses à lui dire ! « On l’fait. On fait notre affaire. Et boum, tout r’vient à sa place ! »

« Mais tu ne sais pas comment on se sent. » qu’elle me dit en posant sa paume au-d’ssus d’sa poitrine, sans crier, juste… putain ça m’faisait trop d’peine. « C’est horrible, Jecht. »

J’me suis l’vé, j’me suis approché d’elle. J’ai voulu faire un geste, t’sais. Pas forcément la prendre dans mes bras, juste.. Je sais pas. Mais elle a commencé à un peu pleurer et m’a r’poussé. Putain… « J’ai connu le pire et t’as connu le pire, Belle, et c’est pas ça. Le pire c’est de perdre tout et d’rien pouvoir faire. »

Elle a r’pris son calme. Enfin ça a pris une dizaine de secondes. Et puis elle a dit : « C’est ce qu’il risque de se passer, Jecht. Si je la perds elle, il ne me restera rien. » J’l’ai r’gardée… et en fait on est restés là comme ça pendant pas mal de temps, à rien dire. J’me sentais comme une merde mais… j’étais quand même décidé. Après, j’f’rais rien sans son accord, t’sais.

« Réfléchis. » Qu’j’ai fini par dire. « Bon j’vais… m’entraîner avec Alice. »

« Oui. »

Et bon voilà. J’suis allé chercher Alice dans sa chambre, en essayant d’oublier un peu, t’sais. Elle était d’jà prête, dans sa p’tite tenue de sport sexy mais pas trop, son bandeau d’américain sur la tête, là. Sérieux. T’as vu ça où d’autre que sur une vieille qui fait d’la marche dans un film d’américain ? « T’es prête ? »

« Oui ! » Elle s’est rel’vée et elle a sauté sur elle-même genre joyeuse, excitée chais pas. Ca fait trois s’maines que tous les matins on s’fait un jogging. Tu sais les gars qui disent que si tu fais d’l’exercice tous les jours c’est mauvais pour le corps ? Bah ils ont p’têt’ raison ouais, mais en attendant, ces gars-là, j’les foutais dans la poubelle et j’leur piquais leur argent quand j’étais jeune. Fils de putes.
Mais là c’tait d’jà plus l’matin et on n’avait pas encore couru. Pasque deux fois par semaine, c’tait séance d’entraînement et purée j’kiffais ça. C’tait sans déconner l’moment qu’j’préférais d’tous dans ma s’maine, d’puis qu’l’championnat de gymnastique artistique s’est fini.


« Vous avez beaucoup crié. »

« Ouais c’est à cause de toi. »

Elle m’a r’gardé l’air d’vouloir savoir si j’déconnais ou pas. Putain même moi j’étais pas clair là-d’ssus mais à la base… « Ouais non j’déconne. Belle voudrait juste que j’arrête de ram’ner un milliard de filles dans mon pieu. »

« Ca commence à déranger les voisins. » Alice me sourit. Roh cette gamine. Putain quand j’la vois comme ça, j’l’aime tellement, ça m’fait penser qu’si y en avait un qui la touchait, comment j’lui latterais les couilles à coups d’magazine Chasse-et-pêche. Bon allez ! Elle enfile ses chaussures, et on sort. On a direct commencé à courir. Franch’ment Alice tenait la forme. En même temps, elle a vraiment putain le corps et la morphologie pour. Genre statistiquement, tu vois souvent des meufs méga bonnes être essoufflées comme pas possible quand elles font un jogging ? Bah non. Non puis elle a du style. Genre quand moi je cours, sans déconner… j’cours pas comme ça en combat, déjà. Là j’ai juste l’impression d’être un idiot ; Et elle, c’est foulées parfaites et tout. Nan mais en plus c’est moi l’putain d’sportif. Chuis une légende.

On s’dirige vers le centre et franchement c’est cool il fait pas froid. ‘Fin j’dis ça mais y a trois s’maines quand on a commencé, Alice rigolait pas. Et bats les couilles, pour moi, tout ça c’est de l’entraînement. T’affrontes la douleur jusqu’à ce que t’aies plus mal, c’est comme ça. Le froid, l’eau, les discours de Fred, j’ai affronté tous les trucs que l’univers a mis face à moi pour me ralentir ! Putain.
« Tu es triste que Roxas soit parti, Auron ? » Putain. J’ai r’gardé autour d’nous dans la rue. « Fais gaffe. » Putain elle et sa précaution de merde de m’appeler Auron alors que le mec est mort. D’accord tout l’monde s’en fout de ce débile, mais t’imagines un jour quelqu’un apprend qu’il est clamsé ? Par contre pour parler de Roxas, là y a du monde. Elle m’a r’gardé en s’mordant la lèvre. Non mais. « Mais t’es conne ? Tu cours, arrête tes grimaces débiles, tu vas t’ouvrir la lèvre ! » J’manque de trébucher. Bon ok. J’vérifie qu’elle s’moque pas. C’est bon.

« Grave non. Voir Belle le toucher comme ça tous les jours pour le guérir, j’déconne pas… »

« Tu n’aimais pas ? » Elle rigole. « Bah non. Non mais… c’est pas qu’chuis jaloux, pasqu’entre Belle et moi, c’est juste voilà. Mais bon, j’ai ma fierté, t’sais. »

« Je comprends. » Je la regarde et j’lui fais signe d’rattraper mon niveau. Si t’as assez d’énergie pour parler en courant, sans haleter, c’est qu’tu fais rien d’bon. Et on continue d’courir. « Puis attends, trois mois à s’faire palper les pectoraux par toi et y’s’passe rien entre vous deux ? Faut pas déconner. »

« Scientifiquement parlant ? »

« Sc… » J’l’ai r’gardée. « Hein ? Non mais laisse tomber. » Putain le couple de fou qu’ils auraient fait. Pourquoi il la largue pas, sa conne, là, Roxas. Alice c’est une princesse de cœur, tu vas comparer quoi à ça, connard ? « Nan on est beaucoup mieux sans lui. C’est mon pote mais y a qu’avec vous qu’j’arrive à êt’bien. Même avec ma femme et mon fils, j’faisais rien d’bon. » Ah et j’regrette d’en avoir parlé. Putain. Direct, même pas besoin de la r’garder, j’sens qu’Alice projette toute sa merde de compassion sur moi. C’est hyper saoulant, manquerait plus qu’elle dise « Auron… » Oh putain. Non mais j’ai pas dit qu’j’arrivais plus à dormir d’puis la mort de ma femme, j’ai juste putain de dit qu’j’arrivais pas à rester sur place à c’moment-là ! Putain !

« Bon allez. » J’arrête de courir, j’arrête Alice. Elle a les ch’veux attachés, le visage un peu rouge d’efforts. On n’est pas loin du centre. En fait on est super souvent matés par les gens, quand on fait not’entrain’ment pasque elle c’est une princesse de cœur. Même moi l’air de rien, j’ai un p’tit peu d’notoriété. Pas genre en tant qu’Jecht, tu vois, même si j’suis sûr qu’y en a qui savent qui j’suis et ça m’étonnerait pas que l’Consulat l’ait compris. Non, juste en tant que le gars méga costaud qui protège les princesses. « Pompe. » Elle s’jette au sol et fait une pompe. « Squat. » Elle ramène ses deux pieds en-d’ssous d’elle et elle s’relève en f’sant aussi un mouvement des bras. « Saut. » Bah… elle saute. Et on continue. J’le fais avec elle au bout du deuxième et j’dis d’plus en plus vite « Pompe. Squat. Saut. » et on r’commence. Au début elle sourit. Franch’ment j’pensais pas qu’elle aim’rait l’idée, pas juste de faire du sport mais juste de savoir se débrouiller. Vu l’passé d’princesse voilà ; mais bon, j’imagine que quand tu passes ton adolescence dans des prisons, t’as juste envie d’faire en sorte qu’ça arrive plus. « Encore. » Commence à y avoir des gens qui ralentissent autour d’nous. Putain chais pas pourquoi ça m’fait quand même penser qu’chuis vieux tout ça. Les gens ils doivent se dire chuis un vieillard. Putain et j’entraîne la nouvelle génération, là.

Et si tu t’souviens, j’ai construit ma légende en courant dans la cité du crépuscule en chantant Eye of the tiger. Non mais merde, chuis tellement en train d’réécrire la licence Rocky, c’en est d’la merde.

Pendant qu’elle s’relève, j’lui fais :
« Ventre. » et j’l’a frappe. ‘Fin j’la gifle pas comme si c’était une pute, hein. J’la cogne pas. J’frappe d’la paume d’ma main son ventre. J’la vois s’reculer. Bien même. Pas assez vite, trop dans la panique, le corps qui s’raidit trop. C’est quand même du Jecht, elle met sa main au ventre en f’sant une grimace. « Ca va ? »

« Pardon ! Je me souvenais de mon rêve. J’étais perdue entre le moment où Monsieur Capricorne… » J’ai arrêté d’l’écouter. Y avait des gens un peu choqués autour, qu’j’l’aie frappée mais en vrai y avait rien hein. Chais aussi faire gaffe, surtout avec elle. L’truc avec elle, c’est qu’elle est schtarbée, ouais ? Mais quand on s’entraîne, elle est beaucoup plus normale, sérieux. Non mais j’ai compris pourquoi ! Quand on s’entraîne, c’est pas chiant. Donc elle a pas besoin d’aller dans son imagination de folle-dingue. Mais dès que dans l’entrain’ment on r’trouve un rythme trop régulier, là c’est r’parti.   « Cuisse. » J’essaie d’la frapper, un geste, un truc direct et avec une vitesse normale. C’est un peu trop du réflexe de gosse mais elle esquive.

« Allez trois coups de pied hauts. » J’ai mis ma main à côté d’mon visage pour m’apprêter à r’cevoir le coup. È’s’met en garde, un pied bien derrière l’autre, elle pivote sur elle-même, t’as son pied qui vole jusqu’à mon visage. J’arrête. « Bien. » È’r’commence et franchement c’est bien. Et on s’remet à courir. Pour dire, c’est pas un truc de chochotte ce qu’on fait. Depuis l’quartier résidentiel, on va jusqu’au lagon, t’sais, hors de la ville, avec les falaises bleues et la forge qu’ils construisent, là.

Donc j’te parle d’un endroit super lointain ! Et on s’arrête régulièrement pour faire une série d’exercices. Alors j’veux pas qu’elle soit aussi balèze que moi. J’ai réfléchi ! J’aimerais qu’elle soit au niveau d’l’aut’con qui m’foutait dans l’plafond quand on a attaqué l’Sanctum, là. Mais surtout, j’veux vraiment qu’elle sache se sortir de certaines situations. On s’arrête encore. J’mets mes deux mains d’vant moi. Et ça tout l’monde connait hein. Elle frappe, elle frappe, elle frappe, direct à chaque fois. Ouais faudrait p’têt’ des gants mais moi, j’ai tout appris en m’blessant donc bon.
« Gauche. Gauche. Droite. Droite. Droite. Droite, gauche, droite, gauche, gauche. » et elle continue d’frapper, à bout d’souffle. Nan en plus Belle est contente, on passe beaucoup de temps Alice et moi, donc la gamine se sent pas seule. Elle s’occupe et puis bon, l’idée c’est d’savoir se sortir d’une situation d’emprisonnement à la base. Non puis moi j’aime bien. « Bon alors. » J’retire mes mains et j’lui fais signe de s’poser un peu, mais pas d’s’asseoir ou de complètement s’arrêter de bouger, hein. Le corps doit rester chaud. « J’aim’rais bien t’emmener avec moi pour un prochain coup, quand j’te sentirai prête. »

Elle a l’air surprise. Au moins ça c’est réussi. Ca aurait été dommage, putain. « Tu veux m’emmener combattre tes ennemis ? » Elle a l’air de pas y croire, du coup.

« Ouais. ‘Fin. C’est pas un truc qui f’rait mal à ta réputation d’princesse de cœur en tous cas. En fait j’préfér’rais toujours y aller sans toi mais  tu peux être utile avec tes pouvoirs et tout. »

« Ah et que faudrait-il que je fasse ? » Elle joint ses deux mains et fait un sourire radieux. Putain à tous les coups è’s’rend pas compte du danger qu’ça r’présente, ça. T’façon elle, elle fonctionne trop à l’impro, c’est un truc de fou. « Que tu cognes pour de vrai, en gros. » Un signe de tête et on r’démarre. J’veux vraiment travailler son cardio, parce que c’est ça le pire. Fuir, c’t’une chose. Au bout d’un moment, à force de courir dans cette précipitation de merde, bah… j’ai pas b’soin d’t’expliquer. Tu finis mort crevé et tu t’caches pour te reposer, et tu t’fais chopper pasque t’es un con. Après ch’uis pas un modèle de survivant, t’sais. Chuis pas un mec d’la nature, chuis pas l’connard qui boit son urine à la télé. Mais ce fils de pute, lui y s’est pas enfui d’la prison du château d’la bête. Et il a pas fui la cité du crépuscule comme moi. Dit comme ça, on dirait que je sais surtout fuir mais t’as compris. J’fonctionne pas aux astuces, aux techniques de survie, j’fonctionne juste à l’endurance et au surpassement d’mes forces. Et c’est ça qu’j’veux travailler avec Alice.

On arrive bien plus tard au canyon, là, avec les falaises bleues. Y a plus de monde qu’y a des années, mais ça reste assez tranquille. Moi j’vois ça comme un parc dans l’quel on peut s’entraîner assez tranquillement.  Mais un parc moche. Et y a plus de sans-cœurs qu’ailleurs. Et y a du bruit. Ouais, un terrain vague derrière la ville, quoi.

J’m’approche d’un rocher qu’est apposé contre la falaise, et j’le décale un peu pour sortir un sac caché derrière. C’est que d’la merde dedans, rien de précieux. Mais voilà. J’prends deux cordes à sauter, j’en donne une à Alice et on commence à s’entraîner de plus en plus rapidement, en f’sant de petits sauts. La corde à sauter c’est génial avant tout pasque t’as vu le look que t’as quand t’en fais ? Putain t’as trop de style, mec, c’est un truc de fou. Genre prends Jecht. Chuis trop beau comme ça. Mes muscles qui tressaillent, la corde qui va à 1000km/heure autour de moi ? Et une belle meuf comme Alice ? Arrête c’est le rêve, la meuf elle a pas une grosse poitrine donc ça fait pas dégueu, puis même en vrai ça bouge à peine, vu le soutien-gorge de sport qu’elle a et… Putain faut vraiment qu’j’arrête d’parler d’ses seins dès qu’on s’entraîne. Non mais merde. C’est joli quoi, et j’parle mêm’pas d’nichons.

Non puis ça t’impressionne que j’sache faire d’la corde à sauter super bien, chais bien mais… oublie pas qu’mon premier job, c’est sportif. J’étais une bête à l’époque et j’ai appris plein d’trucs d’manière assez classique, t’sais. Bon, j’ai vraiment appris dans le rush, dans la saleté et dans la classe mais ouais, j’ai quand même eu ma phase muscus, corde à sauter, cardio, tout ça.


« Ca va ? » Franchement même moi j’commence à sentir mon souffle assez coupé pasque depuis tantôt on s’arrête pas. Alice est genre toute rouge, t’sais. Mais elle respire bien et elle tient bien. « Oui ! » qu’elle dit après un peu d’temps, mais joyeux, t’sais. On a continué une minute et puis « Bon allez, pose-toi cinq minutes. » J’ai arrêté aussi. Elle s’est assise à terre en prenant sa gourde pour boire de l’eau, j’l’ai imitée.

« As-tu décidé ce que tu vas faire ? »

« Genre ? »

« Et bien… pour ton prochain coup d’éclat. Ce sera une bonne ou une mauvaise action ? »

« Chais pas. On s’en fout. Et toi ? Le Consulat ? »

« Être une grande personne et gagner de l’argent, être récompensée, pour faire ce que je faisais quand j’étais petite, j’aime bien. » Elle me sourit avant de reboire de l’eau. Putain dans c’genre de moment, elle est tellement normale. « Et tu veux toujours rester avec nous ? »

Elle hausse les sourcils, arrête de boire, t’sais et elle fait une moue d’incompréhension. « T’es majeure et t’as un job. »

« Qu’est-ce que je pourrais faire avec une majorité et un travail ? »

« Bah avoir ta propre maison. » Elle a calé, elle a hésité super longtemps, avant de mettre son index sous l’nez. « Dans mes rêves, nous restons toujours ensemble. »

« Putain… » J’rigole et j’fais un grand sourire qu’a plus l’air d’une grimace cruelle. Et j’m’asseois à côté d’elle. « En vrai, toi et moi, on est les mêmes, c’est abusé. »

« Ah oui ? Je ne trouve pas. »

« Ah si grave. On est beaux. » « C’est vrai que tu es beau. » Elle me regarde en souriant. « On est des solitaires comme ça, de loin, mais on a trop b’soin d’not’clan. On réfléchit trop ou pas assez. »

« On a une bonne éducation. » « C’t’important. » « Tu me trouves folle ? »

« Hein ? Non. »

« Tu dis souvent que je suis folle. » Elle a pas l’air vexé, è’m’demande le visage posé sur ses g’noux.

« C’est vrai. Bah… Ouais. Ouais j’dirais qu’t’es assez cinglée. »

« Oh. »

« Mais c’est un cinglé cool, tu vois. Pasque t’es sympa. »

« Et je suis bête ? »

« Grave. Tu comprends jamais rien à c’qu’on dit. »

« Toi non plus tu ne comprends rien. »

« Ouais mais moi c’est pasque chuis un homme d’action. Toi t’es une meuf qui glande rien d’sa vie et tu bites rien à c’qu’on dit, c’pas comparable. » Elle a pas l’air vexée mais… « Combien de temps ai-je passé seule enfermée par Ultimecia ? » Putain. Ca a l’air innocent mais évidemment que « Ouais bon, c’est p’têt’ un peu d’ma faute. »

Elle hoche la tête. Et puis elle sursaute. « Et si on proposait à Cendrillon de vivre avec nous ? »

« Ouais j’y ai pensé. » « Et ? » J’me gratte la barbe. « Franchement ça m’emballe mais tu sais bien, la lumière bah… l’un des leurs est mort y a longtemps à cause de moi. Ils accepteront pas. »

« Oui mais… si on envoie une lettre signée par nous trois ? Comme ça, la lumière ne pense pas trop à toi, pense à nous, trésors de lumière et de pureté. »

« T’as entendu ça dans un discours qui parlait d’vous ? Pasque si c’est toi qui l’sors, ça fait bizarre. »

« On essaie ? »

« T’aimerais bien la voir chez nous ? Elle va pas casser l’ambiance ? »

« Elle doit se sentir seule, Jecht. Là-bas, ils ne s’amusent pas beaucoup, j’en suis sûre. Roxas m’en a parlé, tu sais et… ça n’a pas l’air vraiment amusant. »

« Ca s’tente. Allez. Suicide. »

Elle a hoché la tête, elle s’est r’levée, a sautillé sur place. J’ai avancé genre… vingt mètres, j’ai frappé l’sol pour faire une démarcation avec la grosse empreinte d’mon pied. J’ai pris un sifflet du sac et… j’ai sifflé. Alice a commencé à courir, r’lativement tranquille. Dès qu’elle est arrivée à la marque, elle s’est baissée pour la toucher et j’ai sifflé à nouveau. Elle a fait d’mi-tour et a couru un peu plus vite. Ca m’vient d’ma p’tit’expérience du basket, ça. Les suicides, c’est la base. Tu siffles de plus en plus vite, elle doit courir d’plus en plus vite. Et bon. Et tu crois mon but c’est d’la faire aller vite ? Non mais ça on s’en fout. Ca s’appelle suicide putain. Ce truc, ça te pousse à bout n’importe qui, t’as envie d’craquer. Au bout d’un moment, ça va tell’ment vite, tu dois être non-stop en sprint, t’as du feu dans les poumons mais… hey, faut arriver à la marque avant l’sifflet. C’est une torture mentale. Bref. Parfait pour te construire un mental de mec qui continue d’marcher même quand il en peut plus.

Mais Alice pour tout ça, elle est parfaite. C’est plus d’volonté qu’j’en aurai jamais, cette meuf. Elle a ses limites, son corps finit par la lâcher, forcément, mais t’sais… ça s’ra jamais pasqu’elle abandonn’ra. Franchement, c’t’ait trop bizarre pour moi d’dire un truc comme ça mais j’l’aimais trop. C’t’ait comme super évident maintenant. Alors bon, fils de pute, va t’dire qu’c’est pour rattraper avec elle c’que j’ai jamais fait avec mon fils. Mais ouais. J’l’avais elle, elle faisait des efforts et bon, elle tenait à moi.

Alors va t’faire enculer.

J’ai sifflé. Elle était pas à la marque à temps.
« Pas mal. » Alice s’est assise direct et s’est allongée au beau milieu du canyon. La princesse respirait bruyamment et transpirait un fleuve mais… « non tu t’es bien débrouillée. Si j’t’avais pas d’jà crevée de fou, t’aurais pu aller plus loin. »

« À… à ton tour. » qu’elle a expiré en s’redressant.

« Normal. » j’ui ai filé l’sifflet, l’ai aidée à s’lever et chuis allé m’mettre à la position d’base. « Après, on r’fait un peu d’échanges et on peut rentrer. »