« C’est par là, bande de connards. » C’tait p’t’êt’ pas nécessaire mais putain c’est parti tout seul. Les gardes ont bifurqué sur une aut’ rue, continuant d’nous encercler. Tu parles d’une escorte. ‘Sont juste là pour vérifier qu’on fait pas une aut’conn’rie. C’pas comme s’y pouvaient m’en empêcher, hein. J’suis encore en pleine forme. Putain on y r’vient. J’ai l’cœur qui m’serre, j’ai limite des frissons. J’me r’tourne vers l’fond d’la cité, vers la forêt, et j’regarde le ciel sombre d’la cité du crépuscule. Allez… Allez quoi. Suffisait qu’y ait une brèche, qu’il s’ouvre, que… bah que Surkesh en revienne, et c’était bon ! Je refaisais tout le circuit à l’envers, j’m’en pétais les couilles moi ! J’le f’sais, j’sauvais tout le monde, comme d’hab’. Mais… ça s’ouvre pas.
Putain d’merde. On est dans une ruelle qui monte, et on s’éloigne trop trop. Bientôt on s’ra partis. Comment j’y croyais plus, à un moment. Dans ma tête, sûr que ça aurait été un miracle qu’on arrive jusqu’ici. ‘Fin tu sais… d’un côté j’étais sûr d’y arriver pasque j’suis l’meilleur mais j’étais bien sûr qu’y aurait un problème quequ’part. Pasque ouais chuis bien le meilleur mais chuis aussi l’plus malchanceux. Attends. Qui c’est le mec qui perd sa femme et son fils ? Qui survit à tous ses potes ? Qui s’fait boloss par les types les plus éclatés d’la planète pour aucune raison ? Qui c’est l’mec qui fait tout pour une fille, qui la sauve et qui la met à l’abri, mais qui au final, reste célibataire comme un connard ? Non ouais mais c’est moi. Même mes rivaux, même mes ennemis crèvent tous mais c’est jamais grâce à moi, et j’peux jamais rien y faire. Putain mais à croire qu’j’ai du poison sur les mains. Ariez, ça m’a fait d’la peine ! Alors ouais c’est elle qui a mis les deux jolies qu’sont avec moi, dans leurs cachots, mais j’l’aimais bien, même si on s’combattait. Auron, pareil. Non c’est la vérité.


« Ils avaient prévu de me libérer. Un jour. »

Je regarde Aurore en fronçant les sourcils, t’sais. « Ah ouais ? »

« Je n’en ai jamais vraiment su davantage. Un jour, ils ont changé d’attitude. Ils m’ont traitée avec de l’égard, m’ont permis de me coiffer, de bien me vêtir à nouveau. » Euh ok… trop bizarre parce que bon, quand je suis arrivé dans les cachots et genre encore maintenant, elle est pas en mode clodo mais c’est pas non plus une duchesse. « La personne qui m’a permis tout ça s’est montrée agréable. »

« C’était qui ? » Je prends un maximum d’infos tant que je l’peux. On n’a plus vraiment nos papiers chez la Coalition noire maint’nant qu’Roxas fricote plus tell’ment avec eux. « Elle s’appelle Milla. » Bon ouais ça m’dit rien, on s’en fout. « Et ? »

« Et un jour, c’est redevenu comme avant. On parlait encore de me libérer, parfois, et… » J’attends. Mais elle dit plus rien. Et tant pis. « Et toi ? »

Jasmine est un peu en avant, elle a l’air d’écouter un peu mais elle surveille toutes les personnes autour de nous. « Je ne sais même pas quelle valeur j’avais à leurs yeux. Je sais ce qu’il reste d’Agrabah, tout comme d’Aladin. »

Je dis rien… On s’arrête devant le bâtiment sur lequel j’ai posé mon vaisseau. Les gardes nous observent, ont l’air de croire qu’on va déconner. Putain d’chang’ment d’ambiance. Y a dix minutes j’leur pétais la gueule. « Death l’a dit devant moi. Je ne suis en sécurité nulle part. »

Je soupire. « Arrête tes conneries. Ton mec était que’qu’un d’bien. Et lui et moi on était faits du même bois… On prend c’qu’on mérite. Et même c'qu'on mérite pas. Allez, c’est là-haut. » J’étais descendu comme un connard mais j’allais peut-être d’voir prendre les escaliers avec les filles. Alors bon, les gardes ouvrent le bâtiment, on entre, on dérange tout le monde pour aller jusqu’au toit via une échelle. Mon vaisseau est là. Y a déjà des gardes qui sont à côté. Les autres leur expliquent et… j’fais monter les filles. « Ce monde est pourri. Y a rien à r’gretter. » J’jette un coup d’œil aux gardes. Putain ça s’trouve ils attendent le moment où leur radio va leur dire de nous démonter. Et puis j’regarde le ciel, là où a disparu Surkesh et là où ce fils de pute est sûr’ment mort.

« On s’casse. » J’monte aussi. J’prends les commandes, et j’démarre pour me casser p’têt’ définitivement d’ici.