Que voulait-il pour cette boisson ? Quelle couleur voulait-il créer ? Ioan aimait l’idée d’une toile douce, évoquant un lieu tranquille et sans heurt. Aussi, il ne pensait pas qu’il soit nécessaire que le mélange perde tout son sucré. L’Equilibre… le garçon s’interrogeait, tout en passant ses doigts sur la peau rugueuse du citron. Il le laissait peser dans sa main et en appréciait la forme ovale, le couvant d’un regard attentif et attentionné. Quel beau vert… il pouvait sûrement en faire quelque chose. « L’équilibre, c’est quand les choses se compensent d’un côté et d’un autre, non ? » finit-il par demander. Ce disant, il s’en alla saisir d’un geste tranquille le couteau qu’il avait utilisé pour préparer ses ingrédients, plus tôt. Son manche était resté nimbé de jus sucré. Il collait légèrement aux doigts du garçon, sans que cela semble le déranger. « Mais tu me disais que les gens aimaient les boissons parfois plus sucrées, parfois plus amères. Alors, est-ce qu’une boisson ça doit vraiment être équilibré ? » D’un geste vif, la mine pensive, il coupait l’agrume en deux parts égales.
Son instinct lui soufflait qu’un équilibre parfait n’était pas nécessaire, bien que l’idée de le rechercher chatouillait son envie. Est-ce que, à trop taire avec son opposé l’un ou l’autre des goûts, on finirait par obtenir une boisson qui n’en aurait aucun ? Un breuvage sans goût… Ioan jouait de sa langue contre son palais, ses dents… était-ce seulement possible ? Quelle sensation cela pourrait-il lui procurer ? Il gardait l’idée en tête. Pour l’heure, il lui paraissait plus approprié de rechercher une boisson sucrée, avec un subtil arrière-goût relevé. C’était, en tous les cas, plus proche de ce qu’il ressentait pour les ingrédients qu’il avait choisi.
L’enfant prit le gobelet que son monstre généreux lui laissait. Il goûtait de nouveau à leur première tentative. Le sucre en attaque, le poivron par touches que l’on remarquait après coup… exactement comme il s’en souvenait. Il ne pensait pas s’être trompé. Le mélange était bel et bien trop sucré. Ioan prit une légère inspiration, et ses yeux se plissèrent avec un soupçon d’appréhension. Lentement, il pressait le citron entre ses mains. Bien qu’il tenta de s’y prendre avec douceur, sans bruit, le pauvre agrume versait quelques larmes dans le verre. Etait-ce de là que venait l’acidité du citron ? Etait-ce simplement qu’il n’aimait pas être amaigri ? Le garçon écartait finalement ses paumes. Une poignée de gouttes. Du bout du couteau, il mélangeait le contenu de son gobelet, avant d’en prendre une pleine gorgée !
Il avait été impatient ! Il aurait dû boire un peu d’eau, n’est-ce pas ? Le sucré de la pêche, du melon, de la pomme lui revenait ! Mais ses lèvres se fermèrent d’un vif pincement. Il y avait quelque chose d’autre. Quelque chose qui picotait ses papilles. Quelque chose qui venait lier cette douceur aux pointes de poivron ; qui y contrastait, sans toutefois l’étrangler. Il déglutit, avant de passer le bout de sa langue sur ses lèvres. « Ca chatouille, » dit-il avec un léger sourire.
Il s’agissait maintenant de trouver en quelle quantité il faudrait en ajouter au tonnelet que son ami avait rapporté avec eux. Le geste précis, le regard concentré, Ioan coupait, pressait, goûtait. Il lui fallait retrouver la juste sensation. Parfois, il ponctuait ses découpes d’une petite question – « Oh. C’est quoi le gingembre ? » ou « Tu me feras boire une boisson qui donne l’impression d’être de la fumée aussi ? » Enfin, pas à pas, il le retrouvait. Un petit picotement. Un subtil chatouillement qui courait jusque dans sa gorge lorsqu’il déglutissait. Un goût fort voyant, qui, même en de petites quantités, venait conquérir le sirupeux des fruits les plus chevronnés. Le garçon souriait finement : il espérait que son monstre généreux aimerait bien, à la fin ! Il ne put néanmoins s’empêcher une dernière interrogation, ennuyé : « Tu me disais que la pêche, elle a de l’acidité. Mais si j’en rajoute et que je mets plus de son goût, je ne vais pas totalement perdre les autres ? On la sent déjà bien. Ce serait pas dommage ? Surtout avec le citron. Il est déjà acide non ? »
Son instinct lui soufflait qu’un équilibre parfait n’était pas nécessaire, bien que l’idée de le rechercher chatouillait son envie. Est-ce que, à trop taire avec son opposé l’un ou l’autre des goûts, on finirait par obtenir une boisson qui n’en aurait aucun ? Un breuvage sans goût… Ioan jouait de sa langue contre son palais, ses dents… était-ce seulement possible ? Quelle sensation cela pourrait-il lui procurer ? Il gardait l’idée en tête. Pour l’heure, il lui paraissait plus approprié de rechercher une boisson sucrée, avec un subtil arrière-goût relevé. C’était, en tous les cas, plus proche de ce qu’il ressentait pour les ingrédients qu’il avait choisi.
L’enfant prit le gobelet que son monstre généreux lui laissait. Il goûtait de nouveau à leur première tentative. Le sucre en attaque, le poivron par touches que l’on remarquait après coup… exactement comme il s’en souvenait. Il ne pensait pas s’être trompé. Le mélange était bel et bien trop sucré. Ioan prit une légère inspiration, et ses yeux se plissèrent avec un soupçon d’appréhension. Lentement, il pressait le citron entre ses mains. Bien qu’il tenta de s’y prendre avec douceur, sans bruit, le pauvre agrume versait quelques larmes dans le verre. Etait-ce de là que venait l’acidité du citron ? Etait-ce simplement qu’il n’aimait pas être amaigri ? Le garçon écartait finalement ses paumes. Une poignée de gouttes. Du bout du couteau, il mélangeait le contenu de son gobelet, avant d’en prendre une pleine gorgée !
Il avait été impatient ! Il aurait dû boire un peu d’eau, n’est-ce pas ? Le sucré de la pêche, du melon, de la pomme lui revenait ! Mais ses lèvres se fermèrent d’un vif pincement. Il y avait quelque chose d’autre. Quelque chose qui picotait ses papilles. Quelque chose qui venait lier cette douceur aux pointes de poivron ; qui y contrastait, sans toutefois l’étrangler. Il déglutit, avant de passer le bout de sa langue sur ses lèvres. « Ca chatouille, » dit-il avec un léger sourire.
Il s’agissait maintenant de trouver en quelle quantité il faudrait en ajouter au tonnelet que son ami avait rapporté avec eux. Le geste précis, le regard concentré, Ioan coupait, pressait, goûtait. Il lui fallait retrouver la juste sensation. Parfois, il ponctuait ses découpes d’une petite question – « Oh. C’est quoi le gingembre ? » ou « Tu me feras boire une boisson qui donne l’impression d’être de la fumée aussi ? » Enfin, pas à pas, il le retrouvait. Un petit picotement. Un subtil chatouillement qui courait jusque dans sa gorge lorsqu’il déglutissait. Un goût fort voyant, qui, même en de petites quantités, venait conquérir le sirupeux des fruits les plus chevronnés. Le garçon souriait finement : il espérait que son monstre généreux aimerait bien, à la fin ! Il ne put néanmoins s’empêcher une dernière interrogation, ennuyé : « Tu me disais que la pêche, elle a de l’acidité. Mais si j’en rajoute et que je mets plus de son goût, je ne vais pas totalement perdre les autres ? On la sent déjà bien. Ce serait pas dommage ? Surtout avec le citron. Il est déjà acide non ? »