Kuro, l'être artificiel

Test RP

La première fois que j’ouvris les yeux, je me trouvais dans les restes d’un navire, vraisemblablement dans la cale. J’étais allongé contre le bois usé. Des objets étaient dispersés en désordre : des coffres, des meubles, des tonneaux, même de vieux tissus… Il y avait un peu de tout dans ce bric-à-brac. Une femme, vêtue d’une longue robe noire se trouvait de dos face à moi. Celle-ci portait un imposant bâton dans l’une de ses mains verdâtres. Deux immanquables cornes noires surplombaient sa tête. Vraisemblablement, ce n’était pas l’apparence qu’on pourrait attendre de la part d’une personne bienveillante.

Mais… Comment est-ce que j’étais capable de comprendre tout cela ? Pire, pourquoi avais-je l’apparence d’un adolescent alors qu'il semblait que c'étaient les premières secondes de ma vie ? Aujourd’hui encore, je ne le sais toujours pas. J'étais plutôt de petite taille et plutôt peu musclé. J’étais vêtu d’un grand manteau noir à capuche qui n’était clairement pas à ma taille. Un manteau que nombre de personnes ne connaissaient que trop : il s'agissait du manteau caractéristique des membres de l’organisation XIII… Mais bon, j’étais ignorant de ces détails. J’ignorais tout de l’histoire de ce monde, des groupes qui s’y étaient formés, des conflits qui y avaient eu lieu… Cependant, j’avais tout de même de nombreuses connaissances qui me permettaient de comprendre mon environnement. Je savais que j’étais dans les restes d’un navire… Comment étais-je capable de comprendre mon environnement, alors que je n’avais jamais visité de navire par le passé ?

Là, j’eus deux hypothèses concernant ce que j’étais. Soit il ne s’agissait pas réellement de la première fois que j’ouvrais les yeux, ce qui signifiait que j’étais sûrement amnésique… Soit il s’agissait bien là des premiers instants de ma vie, ce qui signifierait que j’étais une sorte d’être artificiel, probablement créé par cette femme aux allures de sorcière. Alors que je me redressais pour me lever de façon nonchalante, une mèche de mes courts cheveux blonds restreignit ma vue, m’empêchant d’observer plus précisément l’individu démoniaque qui se trouvait en face de moi. Je baillais en ne me tenant pas très droit, ayant encore difficulté à faire surface alors que seulement quelques instants s'étaient écoulés. Je n’avais pas peur, je ne comprenais juste pas encore très bien ce qui se passait. Une fois debout, après avoir repoussé la mèche rebelle, je pus constater que la femme n’était dorénavant plus de dos et me contemplait de ses yeux jaunes perçants.

- Je t’ai créé pour me servir. Tu t’appelleras désormais Kuro.


Pour la servir ? C’était hors de question. Je n’existais que depuis quelques instants, mais je n’avais aucune intention de la laisser être maîtresse de mon destin. Rien ni personne ne me contrôlerait. Bien que je fusse hostile à ses desseins, j'avais totalement gardé mon calme. Je ne pouvais pas croire un seul de ses mots, rien ne me prouvait qu'elle m'avait créé. Bien que je ne puisse croire en elle, son apparence n’inspirant guère confiance, il s’agissait peut-être de ma créatrice… Et s’il s’agissait de la vérité, je n’avais pas la moindre chance de la vaincre dans une confrontation directe. Je devais donc saisir le moment opportun pour tenter de prendre la fuite… Et ce moment vint rapidement puisque cette idiote se tourna vers les objets en désordre, une aura ténébreuse émanant de tout son corps, ricanant pour je ne savais quelle raison.

Mon corps bougea instinctivement et envoya un sort de sommeil sur ma mère. Celle-ci, ne s’attendant probablement pas à ce que sa création se retourne contre elle, le prit de plein fouet et sombra dans une profonde torpeur. Je n’étais pas dupe, bien que le sort l’avait atteint de plein fouet, il ne ferait probablement pas effet très longtemps, ma magie étant plus faible que la sienne. Et d’ailleurs, quand est-ce que j’avais appris à utiliser la magie ?

Tant de questions étaient sans réponses, mais je ne pouvais certainement pas m’éterniser dans le coin. Je pris la fuite, courant à perdre haleine dans une direction hasardeuse pour ma liberté. Cependant, alors que je dépassais un rocher, un bras m’entoura la taille et une main se saisit de ma bouche, probablement pour m’empêcher de pousser un cri… Mais il n’en était rien. Bien que surpris, je n’étais pas effrayé, la peau de la personne qui m’avait saisi n’était pas verdâtre, ce n’était visiblement pas la sorcière. Remarquant probablement que je n’avais qu’à peine réagi à la main qui recouvrait ma bouche, la personne me relâcha totalement, me permettant de me retourner afin de l’apercevoir.

Une grande femme aux cheveux rouges et aux yeux émeraudes se tenait devant moi, vêtue d’un costume moulant kaki et de bottines noires. C’était quoi cet accoutrement ridicule, sérieusement, elle se prenait pour une super-héroïne ? Alors que je me retenais de rire, celle-ci m’adressa un regard perplexe. Elle ne comprenait sûrement pas mon silence… Et en fait il ne valait mieux pas qu’elle comprenne pourquoi je n’avais pas prononcé un mot.

- Tu es en train de fuir quelque chose n’est-ce pas ? Je ne te demanderai pas pourquoi, mais si tu me payes, je peux t’emmener loin d’ici sur le champ.

La payer ? Je ne connaissais pas la monnaie de ce monde alors comment diable allais-je la payer ? Malheureusement, la situation empira avant que je ne puisse trop réfléchir : des flammes vertes apparurent sur le sol et avant que je ne comprenne, la sorcière se tenait devant nous, avec un visage furieux.

- Tu vas payer ton insolence !

L'inconnue devait comprendre autant que moi que la situation pressait puisque je n’eus que le temps d’hocher la tête avant qu’elle ne se saisisse de ma main et… Nous nous trouvions subitement dans un lieu différent. Les navires étaient loin, nous nous trouvions à présent dans une taverne, juste devant une table. Elle prit immédiatement place et je fis de même. Elle allait probablement parler affaires, puisqu’elle m’avait demandé une rémunération.

- Bon, tu es loin. Elle ne te retrouvera pas de sitôt. Ça fera 1 000 munnies de dédommagement.

Bon, il était temps de ruser. Je ne savais même pas à quoi ressemblait un munny alors j’allais devoir la manipuler afin de me débarrasser de cette dette. Que pouvais-je bien inventer alors que je ne connaissais même pas les lieux ? Une chose était sûre, je ne devais pas lui poser de question concernant le monde, sinon elle découvrirait le pot aux roses. Je ne pouvais pas non plus l’agresser directement dans une taverne, je serais vite arrêté, surtout qu’il était possible qu’elle ait certains complices présents. Il s’agissait du lieu de son choix après tout. Il fallait que je l’emmène ailleurs et j’eus très vite l’idée qui me permettrait de la contraindre à mes suivre.

- Je n’ai aucun munny sur moi. Cependant, il m’en reste dans ma demeure, si vous ne voyez aucun inconvénient à m’y accompagner.
- Et où se trouve-t-elle ? S’il le faut je peux t’y emmener en un instant pour que tu me payes.

Comme je m’y attendais, elle me proposait de me téléporter. Elle esquissait un sourire un peu douteux, donc j’étais certain qu’elle me demanderait encore davantage de munnies si j’avais la connerie de lui répondre oui. Mais ce n’était pas nécessaire, j’avais déjà en tête un moyen d’éviter ce problème tout en ne trahissant probablement pas le fait que j’étais totalement étranger à son monde.

- Non, ça ne sera pas nécessaire. Je n’habite pas très loin d’ici.
- Je vois, dommage. Allons-y, je te suis, je ne repartirai que lorsque tu m’auras payé.

Comme je le pressentais, elle n’allait pas me laissait partir comme ça, elle devait attacher beaucoup d’importance à l’argent. Quittant la taverne, je pus observer très brièvement les environs : la ville semblait un semblant fréquentée, ce qui semblait à mon désavantage, mais j’apercevais déjà une ruelle en face de moi. Ne pouvant me permettre de réfléchir pour éviter d’éveiller ses soupçons, je décidais de m’engouffrer directement dans celle-ci. Elle était déserte, un lieu parfait pour me débarrasser de ma créancière. Sans m’arrêter de marcher, tout en cachant ma main gauche dans mon imposant manteau noir, la paume de ma main dirigée vers elle, je fis subitement feu.

Le sort de feu passa au travers de mon manteau qui fut troué et prit feu tout en atteignant de plein fouet mon opposante. Profitant de l’opportunité que mon sort me laissa, je me saisis de mon manteau pour lui jeter à la figure afin de l’aveugler et propager davantage les flammes qui lui faisaient pousser des cris de douleur. J’avais moi-même subi une petite brûlure à cause de ma propre attaque, mais ça valait le coup. Je lui envoyais alors un magnifique coup de genou dans l’abdomen puis finissais avec un coup au niveau de la nuque pour lui faire perdre connaissance. Je pris bien soin d’éteindre les flammes de mon manteau avec un sort d’eau avant de le remettre et repartir, laissant le corps de la femme inerte au sol.

Je pus alors visiter les lieux et partir en quête d’informations. Je me trouvais apparemment dans un monde truffé de mercenaires appelé Port Royal et de nombreux autres groupes étaient en conflit. Fascinant, dans un tel univers, il devait y avoir toutes sortes de façons pour moi de me divertir ! Une chose était sûre, je ne vivais pas pour l’argent, il ne m’était d’aucun intérêt de rester dans un monde rattaché aux mercenaires. Souhaitant le quitter et devenir membre de la coalition noire qui se rapprochait davantage de mes aspirations, je dus trouver un moyen de quitter ce monde… Et en l’occurrence, je fis simplement le choix d’embarquer clandestinement à bord d’un vaisseau en me dissimulant dans de la marchandise.

C’est ainsi que je suis arrivé à la Cité du Crépuscule, un monde qui avait une ambiance parfaite pour une personne telle que moi : un soleil noir surplombait la cité, créant une pénombre permanente. Le paysage était froid, la peur et la crainte étaient des sentiments qu’on pouvait lire sur tous les visages et il n’y avait rien de plus amusant que de tourmenter ces pauvres âmes en détresse en m’attirant leur confiance pour mieux les torturer une fois que celles-ci me vouaient une confiance aveugle. Puis un jour, évidemment, un garde noir m’a interpellé alors que j’avais saigné le bras d’un habitant pour m’amuser. J’étais ce jour-là vêtu d’un manteau blanc à capuche, fermé par de magnifiques boutons dorés, de gants blancs et de chaussures blanches… Ma tenue avait tout ce qu’il fallait pour attirer l’attention.

- Qui t'es ? Je ne t'ai jamais aperçu dans ce monde.
- Je suis celui qui va te massacrer. Et j'en profiterai pour te voler ta place.
- Ne prends pas tes rêves pour une réalité, gamin.

Celui-ci fit surgir une horde de sans-cœur, tout en dégainant une épée qui était rangée dans son dos. J’étais plus que prêt à éliminer une mauviette telle que lui, cela faisait bien une bonne année que je m’entraînais à l’utilisation de la magie noire alors ce n’était pas un petit garde de pacotille qui allait m’effrayer. La horde de sans-cœur n’était constituée que d’ombres… Alors il me suffit de les foudroyer pour m’en débarrasser. Quant au garde, il tenta de profiter de cet instant pour me décapiter avec son arme… Mais je l’ai esquivé assez aisément en me baissant tout en saisissant un couteau à manche argenté situé dans l’une de mes poches pour lui transpercer l’abdomen.

Celui-ci, bien que blessé, tenta d’abattre sa lame au niveau de mon épaule, me contraignant à lâcher mon arme et de plonger au sol. Une fois au sol, il me suffit de lui envoyer un sort de feu à la figure pour qu’il perde l’équilibre tout en hurlant de douleur. Une fois celui-ci au tapis, il me suffit de lui écraser la main du pied pour le contraindre à lâcher sa lame puis tout simplement faire voltiger celle-ci quelques mètres plus loin. Désarmé, blessé à l’abdomen et ayant subi une sévère brûlure à son visage, il semblait avoir perdu sa combattivité. Dommage, je n’avais même pas encore pris plaisir à l’affronter.

Tant pis, j’avais d’autres façons de m’amuser avec lui. Retirant le couteau que je lui avais planté à l’abdomen, j’ai ensuite profité de cette occasion pour montrer aux habitants ce qu’il pourrait leur arriver s’ils venaient à tenter une quelconque révolte. Ah, qu’est-ce que c’était détendant, le garde poussait des hurlements chaque fois que je lui plantais la lame du couteau dans une partie de son corps. Tout y est passé : la main, le pied, le genou, l’épaule, même l’œil. Il se vidait progressivement de son sang, me suppliant de mettre fin à ses souffrances. Et je m’en délectais, chaque instant était exquis, les expressions de son visage étaient parfaites, il n’exprimait que terreur, douleur, désespoir… Mon corps vibrait d’excitation en écoutant ses grands cris et ses supplications. Bon dieu que c'était le pied !

Malheureusement, toute bonne chose a une fin : il finit assez vite par périr après avoir perdu trop de sang, mettant fin au spectacle. Les habitants étaient horrifiés : certains étaient recroquevillés dans un coin, espérant que ce spectacle macabre prenne fin, d’autres s’apitoyaient sur leur sort. D’autres encore avaient un regard très hostile, malgré que la personne que j'avais torturé n'était qu’un membre de la garde noire. Les enfants étaient dans les bras de leurs parents, braillant de toutes leurs forces, n’osant même pas observer le cadavre du garde. Une chose était sûre, le message était passé : ce groupe n’oserait pas effectuer le moindre acte de révolte de sitôt après avoir regardé cette scène.

C’est de cette façon que je rejoignis la coalition noire. La raison pour laquelle je l’avais rejoint était on ne peut plus simple : créer le désordre dans l’univers entier et pour cela, tous les moyens étaient bons : le mensonge, le meurtre, la manipulation, la trahison… Et s’il y avait bien une chose que je prenais plaisir à faire, c’était de me faire passer pour ce que je n’étais pas, toujours dans l’objectif de causer davantage de chaos. Une année s’écoula durant laquelle je fis profil bas, m’acquittant de simples tâches de subalterne, relevant parfois de la simple corvée. J’avais d’abord besoin d’affirmer ma puissance, le chaos que je causerais n’en serait que meilleur. Aujourd'hui, ma véritable aventure s'apprête à débuter...