Kairi, la Clef Musicienne Szp8Kairi, la Clef Musicienne 4kdkKairi, la Clef Musicienne 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Qui suis-je ?







Un silence religieux forçant l’émoi,
Des étoiles lointaines retournant une pâle lumière,
Un paysage pourvu de mille univers aussi semblables que différents,
Et soudain, une perturbation inattendue au sein du cosmos inerte


Je regardais au loin mon corps léthargique, comme si ma conscience avait été séparée de ce dernier, fuser telle une météorite à travers le firmament. On pouvait même apercevoir une traînée d’un rouge bordeaux qui s’était formée tout autour de lui.

Les traits de cette jeune femme que je détaillais et la tunique rose qui lui descendait jusqu’à mi-cuisse, par-dessus un top blanc, m’étaient totalement inconnus. Je ne reconnaissais en rien ce visage fin et délicat, ces longs cheveux rouge bordeaux qui restaient mystérieusement collés contre ses épaules. Je ne savais pas non plus d’où lui venait ce petit collier en forme de perle qui brillait de mille feux.

Pourtant l'objet le plus curieux que je pouvais remarquer, c’était la chose en forme d’immense clef qu’elle tenait dans sa main droite. Elle  m’évoquait un lointain souvenir qui m’échappait totalement. Elle était constituée de fleurs et d’une partie semblable à de l’eau et du sable.

Je continuais à observer cette course effrénée vers une destination indéterminée. Les minutes me parurent durer des heures, mais finalement l’image de plusieurs îles vint se faufiler au loin. Rapidement, cette demoiselle qui était supposée être moi fut attirée par elles. Sa descente s’amorça plus vite que je ne l’aurai imaginée. La chute fut vertigineuse, mais l’impact sur ce qui devait être la plage de l’île secondaire ne fut pas aussi impressionnant que ça. On aurait même dit qu’il avait été freiné par une force mystérieuse. Il y avait quelques cabanes tout autour de mon corps étendu, ainsi qu’un petit basin d’eau qui était alimenté par une cascade et quelques pontons. J’avais le sentiment que toutes ses choses devaient m’être connues, mais, pourtant, il n’en était rien. Le soleil couchant rendait le paysage somptueux, on lisait une certaine sérénité dans les lieux.

Bientôt, je la vis se réveiller et prendre appui sur sa clef pour se relever avec quelques difficultés. L’autre moi regarda autour d’elle afin de dénicher un repère quelconque, cependant, elle ne trouva rien de concret. Elle se mit à crier un nom, suivi d’un second. Cette fois-là, la conscience que j’étais n’entendit rien. C’était comme un bruit sourd qui venait mourir au creux de mon oreille. Elle commença à marcher en direction de la cabane près de la cascade. Elle hurla de plus belle.
— S… a ! … Ku !

Qui étaient donc les personnes qu’elle pouvait bien chercher à tout prix ? Elle rentra dans le baraquement et ressortit quelques instants plus tard par une porte sur le pont de bois en hauteur. Elle continua d’appeler.
—  …Ora ! Ri… !

Elle s’avança vers le petit îlot se trouvant au bout de la passerelle et dont les seuls habitants étaient des palmiers dont l’un était plié, un peu comme un banc naturel qui invitait à s’asseoir dessus.
— Sora ! Riku !

Cette fois-ci, les noms furent clairs. Pourtant, je ne ressentis rien en les entendant, pas de nostalgie ni de tristesse, et encore moins de la joie. Je ne savais définitivement pas qui étaient ses deux personnes. Elle s’était arrêtée au milieu des arbres, scrutant les alentours. Une tempête commença à souffler violemment. La chevelure de la jeune femme se mit à voler dans son dos dans tous les sens sous l’effet du vent. Elle se protégea la tête entre ses bras avant de sentir quelque chose derrière elle qui attira son attention. Une demoiselle à la crinière bleue se tenait au milieu de la structure en bois. Elle avait la mine sérieuse et grave. Elle lui tendit la main au loin. L’autre moi se dirigea vers la femme, mais le vent lui faisait face à présent et cela rendait difficile la manœuvre.
— Était-ce vraiment le bon choix ? C’est important, on a besoin de toi, dit-elle d’une voix douce, mais qui laissait quand même transparaître l’urgence.

La clef fleurie que tenait mon homologue de cher et de sang s’illumina en réaction aux paroles qui venait d’être prononcée avant que la femme ne s’évanouisse dans une gerbe de lumière.

Un peu perdue, je vis mon autre moi s’avancer de quelques pas avant de se tourner vivement sur sa droite et de se manger de plein fouet une horde de Sans-Cœur. Elle trébucha et s’écrasa sur le sable déchaîné en contrebas. Bien vite, elle se remit d’aplomb et affronta les créatures ténébreuses. Elle s’en sortait plutôt bien. La bande avait beau la harceler de tous les côtés, la jeune femme parvenait à esquiver ses assauts et à lui faire perdre un peu plus de cohésion en détruisant une partie des créatures aux yeux jaunes. Ses propres attaques ne manquaient pas de grâce. Sa clef virevoltait dans les airs avec superbe.

Mais, soudainement, les Sans-Cœur formèrent une tour, entrèrent dans une rage certaine et dépassèrent bien vite en termes de force celle de la demoiselle. Elle perdit rapidement la clef qu’elle tenait, et cette dernière fut projetée au loin. Je me sentais impuissante à regarder ce spectacle de loin, quand soudainement tous mes espoirs se ravivèrent concernant son sort. Deux jeunes hommes, sortit de nulle part, vinrent lui porter assistance. L’un d’eux, un avec des cheveux blancs et une clef évoquant l’aile d’une chauve-souris s’efforçait de réduire le nombre d’opposants, tandis que le brun, avec des vêtements sombres et portant une clef grise et au manche d’or, venait se poster devant elle et l’envelopper d’un sort de protection.
— Et quoi, Kairi, c’est tout ce que tu peux donner ? Je te croyais plus résistante que ça, se moqua gentiment son gardien.

C’était donc cela mon prénom ? Bien que je ne m’en rappelle pas, je trouvais qu’il sonnait bien. L’autre moi sourit avant de saisir la main que lui tendait le jeune homme. Il la tira vers lui et la regarda un peu intensément avant de lui rendre sa main qu’il avait gardée dans la sienne.

Subitement, la clef revint se matérialiser dans sa paume et, avec un signe de tête à son ami, repartir tous les deux au combat. À trois, l’affrontement fut nettement plus facile et en alliant leurs pouvoirs, ils vinrent rapidement à bout de cet amalgame d’être ténébreux.

Une fois que les créatures s’évanouirent dans une fumée nuancée par un noir intense et un mauve profond, les deux garçons se regardèrent avant de sourire à la jeune femme.
— Tu nous manques beaucoup, tu sais. Ton aide nous serait précieuse,dit celui avec les cheveux blancs d’un ton calme et posé avant de disparaître dans une lumière vive.
— Riku !
— J’ai toujours ton porte-bonheur à te rendre en plus !
rajouta le deuxième d’un grand sourire et d’un signe de la main avant de s’évanouir lui aussi.
—Sora !

Je les regardais disparaître avant de voir le visage de mon alter ego se vriller de tristesse et ensuite l’image que je pouvais percevoir se brouilla et tout finit par devenir noir.

Un réveil perturbant







Je me réveillai avec peine dans l’appartement que je louais à San Fransokyo. Ma main gauche était tendue devant moi, ma Keybade Appel du Destin matérialisée à l’intérieure, comme en signe de protection. Je pouvais également sentir une larme rouler le long de ma joue. Cela faisait maintenant plus ou moins un an et demi que j’avais atterri dans ce monde, qui ne ressemblait décidément à aucun autre, sans avoir aucun souci particulier. Pourtant, depuis un mois maintenant, j’étais constamment assailli par ce rêve étrange. Mais le plus perturbant, c’est qu’à chaque occurrence, mon réveil se faisait de plus en plus péniblement et les sentiments que je ressentais étaient de plus en plus vivaces. Tristesse, remords, et un peu de honte s’emparaient de moi à chaque fois. J’étais intimement convaincue que les visions de ces trois-là me hantaient afin de mettre en doute la décision que j’avais prise en arrivée ici.

Je chassai ces sombres pensées d’une secousse de la tête, fis disparaître mon arme dans un flash lumineux, et me redressai sur mes coudes afin de regarder l’horloge numérique qui trônait sur ma table de nuit. L’hologramme qu’il projetait affichait seize heures quarante-deux. Je me laissai retomber lourdement sur mon oreiller et poussai un long soupir. J’avais encore trop dormi et mon service allait bientôt commencer. Pourtant, je ne me pressai pas pour sortir et remontai la couette jusqu’à mon visage afin de profiter de la chaleur de mon lit.

Quand mon alarme de dix-sept heures sonna, je me décidai à enfin m’extraire de mon cocon. Je saisis des sous-vêtements propres dans l’armoire non loin de ma couche et je finis par balayer du regard ce qui me servait d’appartement. Je ne louais pas ça bien cher, plus ou moins trois cents munnies par mois, et c’était bien suffisant pour ce que ça contenait. Il n’y avait pas grand-chose dedans. Une simple fenêtre pour laisser passer la lumière, qui se voilait d’elle-même, une fois la soirée arrivée, une commode pour mes vêtements, ma table de nuit, et un écran plat avec capteur de mouvement holographique qui ne recevait pas beaucoup de chaînes. Qu’importe d’ailleurs, car cette dernière ne me servait que pour prendre des nouvelles du monde sur la station d’information gratuite. J’avais placé des posters au-dessus de ma tête de lit afin de rendre un tant soit peu la pièce personnelle. J’avais également une minuscule cuisine et une salle de douche, pas plus grande qu’un trou de nez, mais qui possédait toutes les commodités dont j’avais besoin. C’était d’ailleurs là que j’allais.

Une fois à l’intérieur, j’actionnai le jet d’eau afin qu’il chauffe et je me dévisageai dans le miroir. Il était désormais clair que je ne ressemblais plus à la jeune fille que j’étais à quinze ans. Mes joues s’étaient affinées, mes yeux bleus étaient encore plus intenses. Même mes cheveux avaient poussés de vingt bons centimètres et s’arrêtaient, dorénavant, à la moitié de mon dos. Mais ce n’était pas les seuls changements notables. J’ai aussi pris une dizaine de centimètres et mes courbes s’étaient accentuées, rien de bien affolant, mais on ne serait réfuté que j’étais devenue une jeune femme épanouie physiquement.  Je n’étais généralement pas quelqu’un d’orgueilleux ou de fier, mais j’avoue ressentir un certain plaisir à la vue de mon apparence.

De la buée commença à se former sur la glace, signe que la douche était à la bonne température. Alors, sans plus attendre, je m’y glissai. L’eau chaude coulant sur ma peau avait quelque chose de salvateur. Je ne pensais plus à rien, sauf à profiter de l’instant présent. Je finis par étendre le jet et concédai à me savonner le corps et shampouiner la crinière. Une fois lavé de la tête aux pieds, j’entrepris de me rincer et de me sécher. J’enfilai ensuite ma culotte ainsi que mon soutien-gorge et retournai dans ma chambre avec un essuie dans les mains afin de finir d’éponger ma tignasse.

Je m’approchai de ma commode et tirai le premier tiroir, dévoilant plusieurs piles de vêtements. Je jetai nonchalamment ma serviette sur mon lit défait avant de caresser du bout des doigts ma vieille tenue rose datant de mon adolescence. Cela éveilla quelques souvenirs en moi concernant les premières aventures que j’ai vécues en compagnie de mes deux meilleurs amis que je refoulai bien vite. Il était hors de question que je craque. Je poussai à nouveau un soupir et reportai mon attention sur d’autres vêtements.

Je commençai par revêtir un short noir avant d’enfiler par-dessus une jupe bordeaux s’accordant avec mes cheveux. Quelques boutons sont ouverts sur le côté afin d’en faire une jupe fendue. Ensuite vint le tour d’un top crème et d’une veste bordeaux avec des parties violettes. Deux grosses tirettes étaient visibles sur les épaules, permettant d’ouvrir les manches. Je m’assis sur mon matelas et commençai à passer des hautes-chaussettes sur mes jambes. Elles étaient principalement noires, mais leurs parties inférieures sont beiges avec des coutures en coton rouge. Pour aller avec ça, j’enfilai des gants noirs remontant jusqu’aux coudes et dont le maintien était assuré par un ruban bordeaux.

Voilà, j’étais enfin prête. Je saisis en me relevant mon collier en forme de perle qui traînait sur ma table de nuit et l’attache autour de mon cou. C’était le seul lien que je m’autorisais à garder avec mon passé, en plus de ma Keyblade. Pour le reste, j’avais décidé de changer de garde-robes pour faire peau neuve. Et aussi parce que j’avais trop grandi. Je me dirigeai donc vers la porte donnant sur le couloir, regardai une dernière fois derrière moi pour voir si je n’avais rien oublié, me chaussai, et saisis ma sacoche, posée sur le porte-mentaux, que j’attachai ensuite sur mon flanc avant de franchir la porte pour prendre mon bus.

Les notes s'envolent...






Mon trajet de bus n’avait pas été long, vingt minutes tout au plus. C’était ce qu’il y avait de bien entre mon lieu de travail, qui se trouvait dans un petit quartier chique dans la périphérie du centre-ville, et mon appart, qui lui se situait dans le secteur près de la baie de San Fransokyo, c’était que le temps de trajet était dérisoire, pourtant j’avais toujours le plaisir de contempler la vie grouillante du début de soirée de San Fransokyo. Beaucoup de néons s’éveillaient en crépitant, donnant une ambiance plus électrique et vivante à la cité. Les gens commencèrent à s’amonceler autour de différents points d’intérêts tels les bars ou encore des zones de jeux connectés en communauté.

Mais cette fois-ci, la mélancolie avait accaparé mes songes j’avais bien du mal à laisser mon esprit vagabonder. Je ne parvenais pas à réfléchir à autre chose qu’à mes amis d’un temps que je pensais révolu et à celle qui m’avait transmis le don de porter la Keyblade. Enfin, c’était ce que m’avait raconté Sa Majesté, le roi Mickey.

Cependant, une partie de mes tracas s’évanouirent, au moins pour un temps, tandis que je regardais la devanture de ce qui était ma seconde maison ici en ville. La façade du Maverick Jazz Club n’avait rien de prétentieux, mais offrait, par sa construction en bois laqué noir et son nom inscrit en lettrine typique des années folles jugée au-dessus de l’entrée, un sentiment d’authenticité et d’accueil chaleureux à celui qui la contemplait.

C’était notamment ce ressenti qui m’avait poussé à passer cette même entrée près d’un an et demi plus tôt et a postulé pour un job comme serveuse. Pour moi qui n’avais jamais travaillé, cela n’avait pas été de tout repos, mais Marvin, le gérant, avait été tolérant et patient avec moi. Il m’avait appris à faire des cocktails et à servir convenablement les clients. Deux mois après mon arrivée, j’étais complètement familiarisé avec le métier.  

Je pris une grande inspiration et poussai les portes du club. Tout de suite, on pouvait ressentir l’ambiance totalement différente de celle de dehors. Autant dans les rues, l’animation était reine et rendait le tout bruyant, un peu comme si la ville ne dormait jamais vraiment, autant ici le calme faisait loi, malgré le jazz en fond sonore qui sortait d’un juke-box. Aussi, le service n’avait pas encore commencé, ça aidait beaucoup. Mais, même quand l’endroit était occupé, il n’y avait quasi jamais de grabuge et cela faisait partie de notre réputation.

La première chose que l’on pouvait voir en entrant, c’était le bar en chêne massif verni avec les pompes à l’ancienne qui permettaient de faire glisser le beau liquide ambré des bières de la ville. Tout juste derrière, il y avait le miroir avec les trois rangées d’alcool à cocktail. Bien sûr, des tabourets avaient été apprêtés au pied du comptoir afin de profiter directement du barman, en d’autres termes, moi. Plusieurs tables avaient été disposées dans la partie restaurant du club pour y desservir les plats cuisinés avec passion par Satori, notre cuistot en chef. On pouvait apercevoir d’innombrables posters de groupe de jazz célèbres afficher çà et là afin de revendiquer un peu plus encore l’orientation musicale que l’on venait écouter ici.

Une dernière partie, la plus intéressante, bien évidemment, constituait le club. C’était celle qui attirait bon nombre de clients épris du son particulier de l’héritier du blues. La salle de concert. C’était une vaste pièce avec des poutres apparentes et dont un grand nombre de tables rondes pourvues de chaises en fer forgé trônaient en son centre. L’estrade qui avait été aménagée dans le fond pouvait accueillir jusqu’à cinq artistes. Un piano droit d’un blanc pur, peut-être aussi vieux que l’établissement lui-même, dormait paisiblement dans le coin de gauche en attendant l’arrivée du premier groupe de la soirée.

Je m’approchai du bar quand je me rendis compte que Marvin était à genoux en train de faire l’inventaire de ce qui se cachait dans les placards.
— Hey miss, va bientôt falloir refaire le stock de citrons verts ! lâcha-t-il de sa voix de baryton.
— Oui, moi aussi je suis content de te voir Marv’, plaisantai-je.

Il se redressa et me dévisage avec un sourire un brin paternaliste. J’aurais pus m’en offusquer, mais il était vrai qu’il avait tellement fait ici pour moi que c’était en effet un peu mon père d’adoption. C’était un grand homme noir d’une cinquantaine d’années, toujours flanqué de son éternel complet à carreaux noir et blanc qui le rendait plutôt séduisant pour son âge. Il avait le regard rieur, mais on sentait surtout la passion pour son art, car il avait été jazzman quand celui-ci était revenu sur le devant de la scène, et son métier s’y refléter. Il n’avait plus de cheveu sur le caillou, mais avait une immense moustache touffue qui lui barrait le visage.
— Comme si j’étais pas heureux de voir mon employée préférée ! Tiens d’ailleurs, tant que je finis ici, va préparer la salle.

Il me tendit une tablette avec les noms des différents groupes prévus pour ce soir et, tandis que je m’approchai de lui pour la saisir, se retira rapidement avant de désigner sa joue droite. Je savais ce qu’il attendait. Alors, je croisai les bras et tapai du pied d’une moue boudeuse. Je me résignai bien vite dans un sourire franc, vins déposer un baiser sur sa peau râpeuse et m’emparai de la liste numérique.

En me rendant dans la salle de spectacle, je fis un salut de la main à Satori qui préparait déjà ses instruments avec grand soin et aux différents serveurs et serveuse du club. Une fois arrivée, je rangeai la tablette dans ma sacoche et me mis en branle afin de faire descendre les chaises de toutes les tables. Ensuite, j’y étendis des nappes de couleurs pour les rendre plus attrayantes. Tout cela me prit une bonne demi-heure. Il ne me restait plus qu’à m’approcher du tableau noir dans le coin de l’estrade et d’y indiquer les groupes. Beaucoup étaient des habitués et certains avait une renommée dans la ville, comme Benny Goodman et son orchestre, the speakeasies swing band, Big bad vodoo Daddy. Mais Marvin avait à cœur également de faire connaître des gens qui voulaient se lancer dans le milieu, alors la première partie de la soirée leur était consacrée. On accueillait donc une certaine Carol Emerlad, les Devil dolls, et une autre femme répondant au nom de Jessica Rabbit.
Je regardai autour de moi, satisfaite de mon travail, et constatai que l’horloge numérique, rappelant le design que pouvait bien avoir celle des années folles, affichait déjà dix-sept heures cinquante, pile à temps pour le début du service. Je retournai donc dans l’entrée et, une fois que dix-huit heures point le bout de son nez, allumai le néon qui disait que nous étions ouverts.

Sous l’œil approbateur de Marvin, je m’installai à ma place derrière le bar tandis qu’il partait en direction de son bureau afin de s’occuper des tâches qu’il devait accomplir. Les premiers clients ne mirent pas longtemps à arriver. Certains voulaient simplement manger et choisissaient donc un siège à une table en face de moi, d’autres venaient prendre de l’avance et partirent en direction de la salle de spectacle pour s’asseoir à une table bien positionnée. La première partie de soirée ne commençait pas avant deux bonnes heures, mais la pièce était rapidement complète, d’où leurs empressements. Néanmoins, dans toute cette cohorte, je reconnus la tête de l’un de nos habitués qui se dépêchait de venir vers moi, une immense banane sur le visage.
— Et ben, Eiji, vous êtes sapé comme un pape ! Qu’est-ce qui nous vaut ce beau costume ? dis-je, sur le ton de la complicité, partageant toute la joie qui s’exfiltrait hors de son corps.

C’était un informaticien dans le milieu de la trentaine qui portait la plupart des émotions qui le traversait sur le visage. Ses yeux verts, ses cheveux tournant prématurément au poivre et sel, ainsi que sa barbe touffue encore rousse lui donnait un certain charme indéniable. D’habitude, il affichait qu’une chemise de couleur dans les tons pastel avec un jeans qu’il retenait par des bretelles, mais ce soir il portait un beau costume noir avec une rose écarlate à la boutonnière.

— C’est enfin le grand jour, je vais lui demander sa main !

Au tout début de mon service ici, je ne connaissais rien des gens d’ici, ce qui en soit était normal. Mais avec les mois qui défilaient, les langues finissaient par se délier et les rapprochements par se faire. Eiji était l’un de ceux qui s’épanchaient le plus. Il m’avait un jour raconté comment il avait rencontré sa moitié ici même trois ans plus tôt alors qu’il commençait à fréquenter l’endroit. Et il y a une semaine, il m’a mis dans la confidence. Il allait demander à Sharon de l’épouser dans notre club, là où tout avait démarré à un moment qu’on avait convenu à deux.

Il en était éperdument amoureux, pourtant si cela ne l’empêchait pas de draguer la jeune femme de vingt-cinq ans que j’étais, mais plus par simple complicité que par réel intérêt. Je me prêtais généralement au jeu, mais même moi, de mon côté, je n’étais pas attirée par lui. Il n’y avait qu’une seule personne à avoir pénétré mon cœur de la sorte, et, puisque je m’étais condamné en quelque sorte, il n’était pas près d’en ressortir. Aussitôt, sa chevelure brune indomptable et son regard bleu intense vinrent s’imprimer sur ma rétine. Je chassai cette vision d’une secousse de la tête et repris mes esprits.
— C’est formidable ! Pour la peine, c’est la maison qui offre votre première consommation. Demandez-moi ce que vous voulez.
— Un Brandy Alexander, s’il te plaît !

J’opinai du chef vivement, heureuse pour lui. Je saisis mon shaker, y déposai une bordée de glaçon, trente millilitres de cognac, vingt de crème de cacao, vingt autres de crème à quinze pour cent et secouai le tout avec force pendant une dizaine de secondes. Une fois fait, je filtrai le tout dans un verre à martini grâce à une passoire à glaçon, et servis le tout après avoir râpé une partie de noix de muscade sur le dessus du cocktail. Il prit la coupe entre ses doigts, en huma le parfum et trempa enfin ses lèvres dans le liquide blanc.
— Parfait, comme toujours, commenta-t-il.

Lui souriant de contentement, je le suivis partir en direction de la salle de spectacle après qu’il met fait un signe de la main. Il allait sûrement chercher la table que j’avais réservée pour lui et sa chère et tendre.

Après ça, mon service se retrouva dans son traintrain habituel, discussion banale avec les clients, préparation de divers cocktails et longue attente. Quand vingt heures sonnèrent, les choses prirent enfin une tournure plus festive. Je savais rien qu’à entendre les pas résonner au loin que Marvin venait de monter sur scène et d’attraper le micro vintage qui y trônait. Il s’humectait les lèvres à chaque fois, laissant l’auditoire dans une certaine expectation. Et commençait sa petite introduction de sa voix de baryton.
— Ladies and Gentleman, avant tout chose, laissez-moi vous remercier pour votre présence comme chaque soir. Ça me fait chaud au cœur de voir combien vous êtes fidèle à notre rendez-vous quotidien. Alors sans plus attendre, car je sais que vous êtes impatient, je vais vous demander un tonnerre d’applaudissements pour une petite nouvelle, Carol Emerald !

J’étais coincé à mon bar donc je ne pouvais que deviner ce qui se passait, mais j’étais largement sûr que les musiciens et la chanteuse prenaient place près de leurs instruments respectifs. Enfin, l’air se mit à vibrer au même rythme de la chanson qui commençait.  

La musique démarra avec le pianiste, plutôt funky dans l’âme, et le batteur, auquel des tambours basques avaient été rajoutés, jouant de concert l'ubn avec l'autre, s’ensuit l’arrivée discrète d’un saxophone et d’une trompette, venant sporadiquement rythmer le tempo. Une guitare était légèrement audible en fond sonore. Et enfin, celle qu’on attendait le plus se fit entendre. Carol chantait en anglais d’une voix particulièrement claire et à la fois électrique. Cela correspondait plutôt bien au style de la chanson enjoué. Ce n’était pas à proprement parler du jazz, mais du swing, l’un des innombrables enfants qu’il avait engendrés.  

À son écoute, je ne pouvais réprimer l’envie soudaine que j’avais de taper du pied sur le tempo qui me parvenait au loin. Je me surpris même à la siffler quand le rythme me fut plus familier. C’était certes des petits nouveaux, pourtant ils avaient déjà un incroyable talent. Je pouvais aisément imaginer la salle entière sous le charme de cette femme et de ses musiciens. J’étais assez déçu d’ailleurs quand ils eurent fini. Une bordée d’applaudissement survint peu de temps après et qui raisonnait jusqu’à l’avant.

Après une petite pause de dix minutes, permettant aux gens de recommander à boire et, accessoirement, me redonnant un peu plus de boulot que d’uniquement servir les personnes devant moi, c’était au tour du groupe suivant de faire son apparition.

Le style ressemblait déjà un peu plus fort à celui qu’on passait, mais quelque chose dénotait quand même et me dérangeait un peu. Mais, il y avait du potentiel et j’étais pratiquement sûr qu’avec encore un peu d’entraînement, il y avait moyen qu’ils obtiennent un meilleur niveau.

La troisième nouvelle décrocha à son arrivée un tonnerre de sifflement, je me suis d’ailleurs demandé pourquoi, car elle n’avait pas encore chanté. Mais une fois qu’elle s’y mit, je compris tout de suite.

Si la voix que j’entendais en ce moment correspondait au physique de la personne, elle devait être incroyablement sexy et sensuelle. La mélodie était enivrante et mystérieuse. J’étais déjà beaucoup plus convaincue par elle. On sentait le jazz couler dans ses veines. Alors, sans grande surprise, une autre ovation eut lieu quand sa chanson s'arrêta. Bien entendu, sa prestation signifiait la fin de nouveau et le retour des habitués.

La soirée s’enchaîna mécaniquement, l’ambiance était au rendez-vous et le travail aussi. Je faisais un nombre incroyable de cocktails, ça allait du simple mojito au Bloody Mary en passant par le Manhattan. Je commençai un peu à fatigue, surtout qu’on n’avait pas fini le service avant une heure du matin et que j’étais pas rentrée avant deux heures. Mais bon, j’avais hâte qu’arrive le moment où Eiji demande en mariage sa compagne, donc je tenais bon. Vers minuit, je m’autorisai enfin une pause. Je me fis un Shirley Temple, ce qui me donnera un coup de fouet pour la suite, et sortit par la porte de derrière.

L’air était frais dehors et cela faisait un bien fou. Je m’asseyais sur le muret à l’arrière du club et commençai à siroter mon cocktail. Je laissai mon esprit vagabonder, me perdant dans les méandres d’une réflexion illogique. Fermant les yeux, j’essayais, par nostalgie, de me souvenir des bruits des vagues s’échouant de mon monde d’adoption. À l’époque, cela avait le don de m’apaiser et de me faire voyager. Je pensais que cela aurait encore le même effet aujourd’hui, cependant ça n’arrivait qu’à m’arracher une nouvelle larme. Mais, je ne voulais pas laisser la tristesse régner en moi pour l’instant. Ce soir devait être tourné vers la joie et le bonheur. Au même moment où je finissais mon verre, Marvin ouvrit la porte.
— Ah, te voilà ! Ça va bientôt être à toi. Ça… va ? me demanda-t-il en remarquant la goutte qui roulait sur ma joue.
— Oui, oui. T’inquiètes pas. Juste un relent d’émotion. Je… je vais aller me préparer.
— Pas avant de m’avoir fait un câlin.

Il m’attira vers lui et m’entoura de ses bras. Je m’y suis senti bien et c’était rassurant. Quand enfin, je ne ressentis plus rien de négatif. Je le repoussai gentiment et hochai la tête en guise de remerciement.
— Allez, va cassez la baraque.
— Oui !
dis-je, enthousiaste à nouveau. Oh, j’ai payé un verre au nom de la maison à Eiji pour fêter ses fiançailles. T’auras qu’à le retenir sur mon salaire.
— Ton honnêteté m’étonnera toujours,
dit-il gentiment, et un peu dans l’espoir de me chambrer.

Il me fit une tape sur l’épaule, comme pour m’encourager, et je repartis à l’intérieure vers les coulisses. C’était un long couloir avec plein de loges pour les artistes et qui rejoignait la scène de concert. La majorité des plaques qui indiquaient le nom des groupes étaient modifiables numériquement, cependant une seule était gravée à l’ancienne et où était affiché mon prénom. Elle faisait en partie ma fierté dans ce monde. Marvin m’en avait fait la surprise peu de temps après que j’ai commencé la musique.

En rentrant dans ma loge, je le vis trôner sur son pied, le saxophone qui avait appartenu à mon patron bien des années avant de me revenir. Je me souvenais encore, comme deux mois après mon arrivée, je l’avais entendu jouer de cet instrument dans son bureau. Par curiosité, j’avais passé la tête pour l’écouter. En voyant que je l’observais avec grande attention, il me proposa d’essayer à mon tour, après qu’il eut fini son morceau.

J’avais accepté, un peu hésitante. Et comme de bien entendu, mon premier test fut désastreux. C’était plutôt compliqué de souffler dans une embouchure. Mais plus j’échouais et plus j’avais du plaisir à persévérer. Et finalement, je parvins, après une bonne heure, à enfin former quelques notes convenables. J’étais fière et Marvin posait sur moi un regard plein d’espoir. Alors, il fut aux anges que je lui demandais pour qu’il me donne des cours.

Tous les jours pendant deux heurs, avant que le service ne commence, il m’entraîna. C’était comme ça que la complicité qui nous lie à présent s’était formée. Il s’était révélé que j’avais un certain talent pour le saxophone alors, quand il avait jugé que mon niveau était convenable, il m’avait proposé de monter sur les planches et de faire ma propre entrée dans le monde du jazz. Avec un peu de traque, mais surtout une bonne dose de courage, j’avais accepté. Ce soir-là, je m’attendais à faire un bide total, mais j’avais été plutôt bien reçue, ce qui galvanisa mon envie de poursuivre dans cette voie.

J’avais donc continué à cultiver mon talent, dans l’espoir de conquérir tous les cœurs avec ma musique. Et, au final, tous ses efforts me valurent la récompense de monter sur l’estrade et de clôturer chaque soir. C’était d’ailleurs ce que je m’apprêtai à faire en ce moment même. M’approchant de mon ami en laiton, je le saisis, l’accrochai à mon cou par sa sangle, et sortis.

À l’extérieur, en marchant vers l’entrée des artistes, je remarquai que trois femmes, bien plus mûre que moi discutait ensemble. Elles étaient toutes les trois incroyablement belles et différentes dans leurs genres. Elles s’approchèrent de moi et je pus les détailler un peu plus.

Celle qui se présenta comme Carol Emerald était la plus petite, mais la plus ronde. Mais son anatomie en huit n’était en rien désagréable à regarder. C’était même une jolie femme dans sa robe noire et ses bas sombres, mettant en avant ses formes. Son maquillage et ses cheveux bruns soulignaient aussi ses traits doux ainsi que ses yeux vert émeraude. Son rouge à lèvres framboise donnait à sa bouche un côté savoureux.

La seconde, la chanteuse des Devil Dolll, Colleen Duffy, était un brin plus grande, mais, surtout, un côté un peu plus vulgaire que Carol.  Cela venait peut-être de la façon dont elle mettait son visage en valeur ou bien sa manière de s’habiller. Elle portait un cache-cœur rouge à poids blancs, laissant entrevoir une bonne partie de sa poitrine et le dessus d’un corset noir, ainsi qu’une jupe évasée qui s’arrêtait à hauteur des genoux. Je n’étais pas du genre à juger, mais je n’avais pas un très bon feeling à son sujet.

La dernière, je pouvais le deviner aisément, devait être Jessica Rabbit. Et comme je m’y attendais, son physique correspondait absolument bien à son physique. Elle avait tout pour elle, de magnifiques cheveux roux flamboyant, des grands yeux verts, une bouche parfaitement dessinée, de longues jambes et des courbes à rendre n’importe quels hommes en émois. Sa longue robe fendue rouge à paillettes venait sublimer sa silhouette à la perfection. Je n’étais pas du genre jalouse, mais là, je dois dire que je l’enviais un peu.

Quand je pus enfin détourner mon regard d’elle et que je me présentai à mon tour, elles m’expliquèrent qu’elles avaient décidé de rester ici afin de prendre des conseils des plus grands et de se faire connaître aussi auprès d’eux. Je leur concédais que c’était une excellente idée, qu’il ne fallait pas hésiter à marquer les esprits. Cependant, je m’excusai auprès d’elles, car j’étais attendu sur scène prestement, mais que si jamais elles étaient encore là à la fin du show, je me ferais une joie de discuter avec elle. Carol me fit un signe de la main énergique pour me motiver, Colleen affichait un pouce en l’air, et je n’eus de la part de Jessica qu’un hochement de tête d’encouragement.

Je les quittai donc avec, peut-être, un peu trop d’entrain, mais j’avais hâte de brûler les planches, alors je n’y prêtai pas vraiment d’importance. En entrant sur scène, je constatai que les musiciens qui m’accompagnaient généralement avaient déjà pris leurs places habituelles. Je leur fis un signe de tête et, en me postant un peu plus sur le devant de l’estrade, cherchai Eiji du regard. Une fois que je l’avais  trouvé, je lui fis un clin d’œil complice qu’il me rendit.
— Mes dames et messieurs, je voudrais dédicacé cette musique à tous les amoureux.

C’était le moment pour lui d’entrer en action, je le vis alors sortir discrètement un objet de sa poche intérieure. De mon côté, je m’humectai les lèvres avant de faire signe au pianiste de commencer à jouer.

Ce dernier effleura ses blanches et ses noires de façon douce et grave à la fois, conférant déjà une atmosphère particulière au morceau. Fermant les yeux, je posai ensuite ma bouche sur l’embouchure et le rejoignis rapidement dans la mélodie. Je soufflai tout l’air que je pouvais contenir dans mes poumons, laissant mes doigts voltiger sur les différentes touches qui obstruaient les trous de mon instrument. J’essayai d’envelopper le couple de la soirée de tout le romantisme dont j’étais capable.

Je fus agréablement surpris quand, après quelques instants, j’entendis un cri de joie et un grand « OUI » retentir dans toute la salle. Je m’autorisai à ouvrir les yeux et constatai que Sharon avait fondu dans les bras de son compagnon. Je fis un signe du pouce à ce dernier avant de reprendre de plus belle ma litanie.

Au bout d’un moment, je fus complètement plongée dans ce sentiment lyrique. Et je n’arrivais plus vraiment si je célébrais la demande qui venait d’être faite ou si je laissais parler mon propre amour enfui loin dans mon cœur.  J’étais tellement dans la tourmente que mon propre esprit commença à me jouer des tours. Je pouvais sentir l’étreinte d’un Sora affectueux se faire atour de mes épaules, ses mains caressant la peau de mes avant-bras.
— Tu me manques énormément. J’aimerais tant te revoir.

J’en avais la chaire de poule. Je le sentais en moi, mon palpitant s’accélérant de plus belle à l’écoute de ces simples mots. Je savais pertinemment que je fantasmais en cet instant, mais je voulais en même temps que cela devienne réel. Était-ce les véritables envies de mon cœur ? Les retrouver?

Quand enfin la fin de la chanson prit fin, mes illusions se dissipèrent et, quand je rouvris les yeux, je fus accueilli par la plus grande ovation que l’on met fit. J’avais tout donné, je sentais les gouttes perler sur mes bras et mon front. Je rougissais face à tant d’acclamations, mais aussi parce que mon cœur me faisait souffrir. Pourtant, alors que je m’apprêtai à m’en aller, ils crièrent tous après un rappel. Un peu désorienté, je jetai un coup d’œil en direction de Marvin, caché dans les coulisses et, quand il m’invita lui aussi à poursuivre mon show, je pris la parole.
— Vous en voulez donc une autre ?
— Oui !
cria le public en cœur.
— Bien, alors faisons monter un peu la température !



Je démarrai fort, conférant un petit côté funky à la chanson afin de dénoter avec la précédente. Je fus rapidement rejoint par une contrebasse, une batterie, un harmonica et le piano, changé en mode synthé.

Le rythme était entraînant, je me laissai enivré par lui et commençai à danser tout en soufflant dans mon saxophone. Les musiciens autour de moi se mirent même à pousser la voix de temps à autre. J’invitai sans plus attendre les gens à se lever et à se trémousser ou à frapper dans leurs mains. Beaucoup le firent et j’en étais heureuse. Jamais je n’avais eu d’émotion aussi forte pendant mes représentations. Bien sûr, j’étais toujours attendue en fin de concert, mais jamais on m’avait demandé en rappel. Alors quand vint la fin de mon flot, je m’approchai du bord de la scène et fis humblement une courbette.
— Merci, vous avez été génial ! Et encore félicitations à Eiji et Sharon! applaudis-je tout en versant des larmes de joies, ne pouvant contenir plus longtemps l’émotion que m’avait apporté cette ovation. Pourtant, je le sentais au fond de moi, quelque chose n’allait pas.


...Mais les sentiments restent


Aujourd’hui, c’était le jour du marché dans un des quartiers se situant près du mien. Je profitais du coup généralement de mon jour de congé, qui tombait toujours en même temps, pour y faire mes emplettes. Par chance, il faisait radieux, voire même un poil trop chaud. Cependant, cela n’enlevait rien à la bonne humeur ambiante. Beaucoup d’enfants couraient çà et là dans les rues, se poursuivant avec des pistolets à eau afin de s’amuser et de se rafraîchir en même temps. Plusieurs vieilles personnes s’étaient installées à l’ombre d’un parasol sur la terrasse d’un café et conversaient de tout et de rien.

Mais le plus remarquable était l’animation caractéristique qui régnait dans un marché pour celui qui l’arpentait. Dès les premiers pas à l’orée des premiers stands, on pouvait déjà entendre un brouhaha constant, mais rien de désagréable, juste la marque d’une vie plaisante. Les marchands criaient à tue-tête pour attirer les clients et mettre en avant leurs produits. On pouvait aussi sentir le doux fumet des poulets rôtis ou des poissons dormant sur les étals.

Un sourire apparut sur mon visage en arrivant sur les lieux, mais il se fana bien vite. J’avais de nouveau fait ce rêve et les sentiments qu’il m’avait laissé à mon réveil étaient beaucoup plus intenses qu’hier. Je savais aussi que celui de demain me donnerait une marque encore plus vivace que celui d’aujourd’hui. Un frisson me parcourut l’échine malgré la chaleur, j’appréhendai déjà ce moment. Je me forçai alors à avancer à travers la foule, les lanières de mon sac en papier pour mes achats posés dans le creux de mon coude.

Je savais parfaitement ce dont j’avais besoin, des fruits et légumes frais pour ma semaine ainsi que de la viande du boucher. J’aimais le principe de faire vivre les petits producteurs au lieu des supermarchés. Et puis c’était de bien meilleures qualités. Pourtant ce n’est pas là où je me rendis directement. Flâner avait quelque chose d’attrayant et je me disais que cela pourrait m’aider à me changer les idées.

Laissant mon regard se poser çà et là sur les comptoirs et les cintres, je me surpris à être attirée par un vendeur de vêtements. C’était particulièrement une courte robe à capuche. Elle était élégante, les boutons qu’elle arborait lui donnaient une certaine prestance et j’imaginai que la ceinture qui était située sur sa taille affinerait ma silhouette. Deux poches se trouvaient en dessous de cette dernière et étaient assez évasées, ce qui pouvait s’avérer pratique pour y stocker des objets. En relevant le chaperon, je remarquai qu’il y avait deux petites oreilles cousues qui rendaient le tout mignon. J’en tombais amoureuse à l’instant. En cet instant, la coquetterie que je renfermai en moi prit le pas et me poussa à vouloir l’acheter.
— Bonjour ! Je peux vous aider ? me demanda la propriétaire de l’étal.
– Bonjour, seriez-vous me dire le prix de cette robe s’il vous plaît ?
— Bien sûr, laissez-moi jeter un œil. Deux cents munnies,
me dit-elle après avoir vérifié sur une tablette tactile.

Je regardai de nouveau la tenue et il était clair qu’elle ne valait pas autant. Je l’estimai probablement plus autour d’une centaine de munnies plutôt que le montant qu’elle m’avait donné. Je devais donc marchander avec elle. Ce ne fut pas une partie de plaisir, c’était une incroyable commerçante qui connaissait parfaitement les ficelles de son métier. Mais au bout de dix bonnes minutes de propositions et de contre-propositions, j’ai réussi à obtenir la robe pour cent trente-cinq munnies.

J’étais plutôt contente, j’avais fait une affaire. J’étais sûr qu’elle mirait bien. Je n’aurais qu’à alterner de temps en temps avec mes vêtements actuels, parce que j’avoue m’y être attaché à eux aussi. Mon second lieu d’arrêt fut chez le vendeur de fruits et légumes. Quand le tenancier me vit arrivé, son visage s’illumina et m’accueillit avec véhémence.
— Ah, Kairi ! Ce me fait plaisir de te voir. Je me demandais justement quand tu allais venir me rendre visite.
– Salut Yuki, ça sent bon tout ça,
dis-je en humant l’air qui émanait des caisses disposées devant moi.
– J’espère bien que ça sent bon ! Qu’est-ce qui te ferait plaisir, aujourd’hui ?
— En fruit, j’aimerai des cerises et des framboises, s’il te plaît. Cinq cents grammes de chaque,
demandai-je en laissant vagabonder une dernière fois mon regard sur les fruits, avant de tomber quelque chose qui m’avait échappé jusque-là. Et cette pastèque aussi, je te prie.
— Bien ma petite dame, c’est comme si c’était fait !

Il emballa ma commande dans des sacs en plastique, les pesa et colla des étiquettes avec le prix dessus avant de me les tendre.
— Et avec ça, mam’selle ?
– Hum, un kilo de patate, six ou sept carottes, deux bottes de laitues, quatre cents grammes d’haricots verts, une botte d’ail, d’échalote, et d’oignon. Et je pense que cela sera tout pour aujourd’hui.
— Très bien ! Je m’occupe de ça.

Encore une fois, il finalisa ma commande en un temps record, me tendit mes sachets et, enfin, m’annonça le prix total qui s’élevait à cent quarante-deux munnies. Je le payai avec plaisir en lui souhaitant une bonne journée et partis en direction du boucher. Lui aussi était content de me voir arriver, mais s’épancha moins, faute à un caractère un peu plus bourru. Je lui achetai donc de la viande pour une semaine, ce qui me coûta approximativement cinquante autres munnies.

J’avais enfin tout ce qu’il me fallait pour satisfaire mon appétit jusqu’au prochain marché. Je me rendis compte pourtant que la chaleur avait encore augmenté et elle était accablante. Une bonne glace me ferait du bien. Ça tombait bien, il y avait un glacier pas loin de là qui en faisait des excellentes. Je pris donc la direction de sa boutique et, une fois arrivé là, je commandai une glace à l’eau de mer un peu par réflexe. Je me rappelais qu’un jour j’en avais dégusté une à la Cité du Crépuscule en compagnie de Pence, Hayner et Olette. Je me demandais d’ailleurs ce qu’ils devenaient, tout en partant en quête d’un rebord sur lequel me poser.

Mon cœur était lourd en se souvenant de tout ça. Je pensais que me promener dans le marché m’aiderait à oublier mes tracas, mais en fin de compte ce rêve commençait à avoir raison de moi. J’avais besoin de faire le point sur tout ce qui me tourmentait. Alors, une fois assise, débuta une réflexion sérieuse sur la majorité des choses qui s’étaient déroulées depuis que Sora et Riku étaient revenus aux Îles du Destin.

Ces deux-là venaient de vaincre Xemnas, laissant tous nos soucis derrière nous. Enfin, on pensait pouvoir souffler. C’était même pendant ces évènements que j’avais appris ma capacité à manier la Keyblade et que j’avais acquis la mienne des mains de Riku. Je n’avais pas été d’une grande aide en fin de compte. Mais au final, l’histoire avait été réglée une bonne fois pour toutes.

Enfin, jusqu’à ce que Sa Majesté nous apprenne dans une lettre que Xemnas avait survécu et rendu la vie à tous les êtres ténébreux vaincus jusque là. Sans véritablement hésiter, nous avons, mes deux meilleurs amis et moi, pris la décision d’aller affronter la menace. Nos péripéties nous menèrent jusqu’à Agrabah. Mais, nous n’étions plus seuls. Beaucoup de civils avaient voulu s’armer contre l’ennemi. Même Naminé et Roxas avaient décidé de ne pas rester inactifs et se s'étaient séparés à nouveau de nos corps respectifs.

La prise d’Agrabah ne fut pas un franc succès, c’était totalement l’inverse. Xemnas nous avait mis en déroute et forcés à fuir. La dernière chose significative que j’avais faite, c’était de verrouiller la serrure du monde des jouets, rétablissant l’équilibre entre mondes affiliés à la lumière et ceux liés aux ténèbres. Après ça, je m’étais retirée du devant de la scène, préférant m’investir dans des missions plus discrètes, mais utiles pour les petites gens. J’ai tenu trois ans comme ça. Trois ans où je me suis donnée corps et âme à la protection des peuples des différents mondes, à leur conférer espoirs et bienveillance. Je n’hésitais pas à braver le danger si cela était nécessaire. C’est pendant cette période, d’ailleurs, que j’appris de la bouche de Son Altesse les origines du lien que j’avais avec la Keyblade.

Cependant, un jour, une de mes missions tourna au drame. J’escortais un marchand à Agrabah. Je devais le protégé des voleurs et des Sans-cœurs qui pullulaient dans le désert. Je pensais que cela serait facile et très routinier, mais je me trompais lourdement. Un puissant sorcier, apparemment engagé par une bande de brigands et connaissant bien des choses liés à la nature de l’univers qu’il n’y laissait paraître de prime abord. Nous nous battîmes, lui et moi, comme deux acharnés, ne voulant en aucun cas voir sa mission finir en échecs. Pourtant, le destin joua en ma défaveur et je perdis la lutte d’une manière ridicule. Il me mit en difficulté et me jeta un sort cuisant, ce qui me fit perdre conscience.

À mon réveil, je n’étais clairement plus dans la ville du désert. J’étais dans une cité dont je n’avais plus entendu parler depuis bientôt sept ans. J’étais de retour dans la Ville de Traverse, pourtant je pensais qu’après avoir vaincu Ansem et scellé Kingdom Hearts, cela avait ramené les mondes pris par les ténèbres et donc effacé celui-ci. Je devais me tromper, c’était seulement bien plus tard que je compris l’étendue de la réalité des choses. J’avais pris conscience de mon environnement avec un peu de détresse. Je me sentais perdue et affolée. Mais, je m’étais ressaisie rapidement et avais commencé à arpenter le bourg de long en large et en travers. La première chose que j’avais constatée, c’était qu’il y avait plus de districts que dans mon souvenir. Aussi, il n’y avait pas beaucoup, voire pas du tout, de gens dans les rues. Ce qui contraste fortement avec l’ambiance d’il y a sept ans.

Par contre, elle était envahie par d’étranges créatures, des avale-rêves. Certains, les esprits, m’aidaient volontiers dans ma visite de la ville à combattre leurs opposants naturels, les cauchemars. Il m’a fallu quelques jours pour tomber enfin sur quelqu’un. C’était un homme d’une imposante stature, à la mâchoire carrée et aux traits durs. Je ne me souvenais plus de son nom. C’était lui qui m’avait appris que nous étions enfermés dans une version altérée des mondes, emprisonnés dans le royaume du sommeil. J’étais désemparée, ma première réaction fut de céder à une panique certaine. Après tout, je ne savais pas comment revenir chez moi. Mais cet homme avait pris le temps de me calmer et j’avais retrouvé mon sang-froid. Il m’avait aussi expliqué que d’autres mondes existaient dans cette réalité, relié entre eux par des portails.

Au final, on perdait rapidement la notion du temps, je n’arrivais pas à estimer combien de semaines j’ai passées dans cette ville. Tout ce que je savais, c’était que les évènements finissaient par se réinitialiser au bout d’un moment, j’étais donc enfermée dans une sorte de boucle temporelle. La seule chose que je pouvais faire, c’était d’aider les plus démunis, prisonniers avec moi.  

J’avais mis un mois à trouver le premier portail menant vers ma prochaine destination. Et là aussi, c’était le même problème, des gens qui avaient désespérément besoin d’assistance. La plupart du temps, j’arrivais à m’acquitter de mon devoir. Combattre des créatures éthérées, cela n’avait rien de bien sorcier. Le plus dur en fait, c’était quand je rencontrais des personnes malveillantes. Rester dans ces lieux pouvait rendre fou, alors certains se laissaient submerger et attaquaient n’importe qui. Cela pouvait même arriver à des porteurs de Keyblade, pris au piège comme moi.  

Au fur et à mesure, c’était devenu clair pour moi, j’avais besoin de plus de force pour parvenir à protéger tout le monde. Je m’entraînais tous les jours, une partie de la nuit s’il le fallait. Mais, au final, cela payait. Mes techniques s’en retrouvaient meilleures. Je me battais mieux.

J’avais vu de nombreux mondes, protéger presque autant de gens. Je commençais véritablement à être exténué. Un jour, mes pas m’avaient guidé jusqu’à un San Fransokyo endormi. J’y avais passé peu de temps avant qu’un phénomène étrange s’y déroule. Une lumière avait inondé le monde. Et l’instant d’après, là où il n’y avait avant qu’un monde morne, régnait une ambiance pleine de vie. Ça grouillait de gens un peu partout. Et plus aucun signe d’avale-rêves. Je n’en revenais pas. J’étais enfin sortie de cet enfer. La première chose que j’avais faite, c’était de louer une simple chambre dans un motel et je me suis reposé pendant une semaine entière. Ça avait flingué mes économies, mais je n’avais pas été déçue. J’en avais véritablement besoin. La semaine suivante, un communiqué annonçait que d’autres mondes étaient rentrés en contact avec la ville.

La seconde chose que j’ai faite, c’était de vérifier depuis combien de temps resté emprisonner dans le royaume du sommeil. À ma grande surprise, quatre ans et demi s’étaient écoulés. J’étais sur le cul, je ne pensais pas qu’autant d’années s’étaient écoulées. Je fis d’autres recherches pour savoir ce qui s’était passé dans la galaxie. Et ce que je découvris me dépassa. C’était trop pour moi à ce moment-là. Alors, je pris la résolution de mener une vie simple, sans plus de devoir envers qui que ce soit. Le jour suivant, j’entrais dans le Maverick Jazz Club.

Je fus sorti de mes songes par une grosse goutte de glace fondue qui tomba sur la partie de ma cuisse dénudée. Au vu de la flaque que j’avais aux pieds, cela faisait un long moment que j’étais assise sur ce muret. Je fouillai ma sacoche à la recherche d’un mouchoir pour m’essuyer et descendis de mon perchoir. Il était d’ailleurs temps que je rentre chez moi. Les courses allaient ne plus être fraîches, surtout que j’en avais encore pour un quart d’heure de marche jusqu’à mon appartement. Marchant tête baissée, la seule pensée qui me venait c’était que je n’étais pas plus avancée que ce matin, toujours aussi désemparé.

Mon cerveau finit par passer en mode automatique et je déambulai dans les rues en évitant simplement de me cogner aux gens qui marchaient devant moi. J’étais à quelques centaines de mètres de chez moi quand un cri dans le lointain me sortit de ma transe. En tournant la tête dans tous les sens, je parvins à déterminer qu’il provenait d’une ruelle sombre, perpendiculaire à laquelle je me trouvais. Je levais les épaules et m’apprêtais à reprendre ma route quand soudain un déclic se fit dans ma tête.

D’un coup, je ne me reconnaissais plus. Depuis quand étais-je devenue cette personne lâche au point de ne plus braver le danger et qui ne s’inquiétait plus du sort d’autrui ? Depuis quand mon choix s’était mû en regret et était devenu un poids sans que je m’en aperçoive ? J’avais été heureuse pourtant parmi tous ces gens. J’avais fait de belles rencontres. Mon travail m’avait apporté bien plus que je ne l’aurais jamais espéré. Cependant, il était temps que j’arrête de me mentir et que je redevienne une défenseuse de la lumière digne de ce nom.

Alors, sans hésiter cette fois-ci, je lâchai vigoureusement mes sachets et partis en direction du cri, espérant ne pas arriver trop tard.  Pourtant je n’y parvins pas de suite. Quelqu’un ou quelque chose me chargea. Je fus projetée contre le mur le plus proche et fus un peu désorientée. En reprenant, mes esprits, je constatai avec effroi ce que je redoutais depuis longtemps.
— Des Sans-cœur !

Un rondouillard pour être précis. Alors, il avait réussi à arriver jusqu’ici. J’étais effarée.  Je devais les avoirs attirés dans cette ruelle et la personne qui s’y trouvait devait s’être fait attaquer alors qu’ils étaient à ma recherche. Je mettais bercée d’illusions trop longtemps. Je savais que ma condition de Princesse de Coeur était trop dangereuse pour ce monde et pourtant j’y suis resté par complaisance.

D’instinct, j’invoquai ma Keyblade. Je connaissais le point faible de cette créature. Il était vulnérable dans son dos, alors qu’aucune attaque ne passait sur son ventre. Assurant mes appuis sur mes jambes, j’essayai de le contourner en faisant une pirouette par-dessus lui. J’y parvins avec difficulté et l’attaquai. J’entaillai un peu son dos, mais il se retourna vivement et je me mangeai son poing dans la face, m’envoyant quelques mètres plus loin en arrière. Il en profita pour me charger à nouveau. Je le parai d’un réflexe éclaire et le projetai dans les airs. Quand il retomba sur le sol, je l’enchaînai de petits coups rapides qui le firent disparaître. Je ne pris pas vraiment le temps de le regarder s’évanouir et partis en courant en direction du cri. Je constatai avec horreur que des Sans-cœur en forme de robots s’en prenaient à une grand-mère qui essayait de les distancer de son mieux.

Voulant ne pas laisser la dame en danger plus longtemps, je lançai mon arme vers eux avant de sauter contre le mur de la ruelle et de la rappeler à moi. Profitant de la gravité, j’abattis ma lame sur les deux plus proches créatures ténébreuses. Elles se désintégrèrent dans une gerbe de fumée noire et deux cœurs apparurent avant de s’envoler dans les airs. L’un des trois derniers robots m’envoya dans les côtes l’un de ses poings à propulsion. J’en eus le souffle coupé. Bon, il était clair que je n’étais plus en si grande forme que ça. Un an et demi sans se battre, ça rouille un peu.

Je fis une ruée en arrière afin de mettre de la distance entre eux et moi. Chose positive, c’est que je les avais détournés de la personne âgée. Ils se mirent à me pourchasser. Je réfléchis rapidement à un plan d’action. J’espérai que ma magie ne s’était pas non plus, elle aussi, atrophiée. Je leur lançai un sort de foudre. Cela les électrocuta et ils restèrent paralysés pendant quelques instants devant moi. J’en profitai pour assez quelques coups de clef à celui qui était le plus proche de moi. J’enchantai ensuite ma Keyblade de lumière et la fis exploser en un éclat radieux. Cela eut pour effet de dissiper les deux derniers Sans-cœur.


J’haletai, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait des exercices de la sorte. Il faudrait vraiment que je recommence l'entraînement. Après avoir repris mes esprits, je me dirigeai vers la vieille dame que j’étais venue secourir. En l’approchant, je pus remarquer qu’elle avait le menton qui tremblait et les yeux écarquillés. Elle était en état de choc.
— Ca va, madame ? Vous n’avez rien de cassé ? demandai-je doucement, pour ne pas la brusquer, tout en lui tendant ma main pour l’aider à se relever.
— Ou…Oui…. Je vais bien, me répondit-elle d’une voix encore tremblante, après quelques instants à comprendre ce qu’il se passait. Je… je vous remercie pour votre geste. Sans vous, je ne donnerais plus cher de ma peau. Que puis-je faire pour vous être redevable, mademoiselle ?
— Je n’ai pas fait ça dans l’espoir de recevoir une récompense. Faites simplement plus attention sur le chemin et je serais déjà comblée, je vous assure.
— Bien sûr, mais tenez, je vous en prie. En gage de ma reconnaissance.

Elle me fourra une petite bourse dans les mains contenant des cookies. Je voulus les lui rendre, mais elle avait déjà dépassé le coin de l’allée. J’en sortis un de la pochette, un peu décontenancée, et en goûtai un. Il était fondant sous mon palais et je me dis que c’était une récompense qui valait tous

Dernière édition par Kairi le Sam 23 Juin 2018 - 12:00, édité 21 fois
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— Salut Marv’, soufflai-je doucement, quasi dans un murmure.

Il releva légèrement la tête, mais je le sentais me lancer un regard transperçant, comme s’il lisait en moi comme dans un livre ouvert.
— Alors comme ça, le jour que je redoutais tant est finalement arrivé ? me demanda-t-il avec un calme olympien, triant encore ses papiers.
— Comment tu pouvais deviner qu’un jour je m’en irais ? répliquai-je avec un peu de détresse dans la voix.
— Tu sais, on le sent relativement vite quand on te côtoie. Une jeune femme comme toi qui rayonne autant n’est pas destinée à finir serveuse au fond d’un bar. Ça faisait un moment que je me préparais à l'éventualité.
— Mais tu sais, je regrette absolument rien. J’ai été heureuse en travail et en faisant de la musique pour toi.
— J’ai été plus que ravi de te transmettre ma passion. Je désespérais de trouver quelqu’un à qui passer le flambeau.

Des larmes commencèrent à perler sur mes joues, j’en étais d’ailleurs gênée. Marvin, lui, ne savait pas comment trop réagir. La seule chose qu’il trouva utile de faire, c’était de se lever de son bureau et de venir m’enlacer d’un câlin de réconfort. Son odeur de vieux tabacs froids et de bourbon était imprégnée dans ses vêtements. Ça me manquera de ne plus sentir planer dans les parages.

— T’inquiète pas, ça va aller. Faut juste que je me fasse à l’idée de plus bosser ici, lui dis-je, en me soustrayant à son étreinte. J’étais simplement venu te l’annoncée avant que je ne prenne le premier vaisseau à la station Shin’ra.
— Merci pour tout ce que tu as fait pour le club, j’attendrais que tu viennes me rendre visite à l’occasion.
— Non, merci à toi. Tu as fait bien plus pour moi que tu ne peux l’imaginer,
lui avouai-je en lui déposant un baiser sur sa joue râpeuse.
— Oublie pas d’aller chercher le saxophone en partant. Ca serait triste que tu l’oublies.
— Mais c’est ton instrument, je ne peux décemment pas le prendre.
— Là où il est, si tu ne l’amènes pas avec toi, il ne me sera plus d’aucune utilité. Autan qu’il part avec toi et qu’il voie du monde. Fais connaître notre musique à tous ces gens. J’espère que ça les fera vivre une vie un peu plus belle.

Il ne le savait pas, mais en ce moment il venait de me faire l’un des plus beaux cadeaux qu’on aurait pu me faire. La musique avait pris une part importante de ma vie. D’un grand sourire encore un peu humide, je le remerciai encore une fois pour tout et disparus dans l’encadrement de la porte, mais pas avant de lui avoir fait un dernier signe amical de la main. Je me rendis dès lors vers ma loge et regardai une dernière fois ma plaque avec fierté. En entrant, je le vis de nouveau au même endroit où je le laissais soir après soir.  J’avais une certaine émotion en l’enfermant pour la première fois dans son étui renforcé. Le saxophone sur l’épaule, un sac avec des vêtements de l’autre, je jetai un dernier coup d’œil à l’endroit avec nostalgie avant de partir chercher un transport pour le Château Disney.  

En voyant l’imposant vaisseau de la Shin’ra, je ne pus réprimer un cri d’admiration. La compagnie avait bien évolué par rapport au souvenir que j’en avais. C’était impressionnant. Il devait faire dans les cinquante mètres de long. On pouvait au moins mettre cent personnes là dedans. Le trajet avait été court et long à la fois.

Cours parce que la compagnie avait très bien fait son travail et que les voies stellaires étaient incroyablement sures. Les trajets étaient donc plaisants à suivre, cela permettait au client de regarder par les différents hublots afin de contempler le paysage galactique.

Mais long, parce que j’avais une  boule au ventre qui grossissait plus on se reprochait de notre destination. C’était bien beau de partir sur un coup de tête retrouver mon passé, mais si je n’étais plus la bienvenue, qu’est ce que je ferais ? Je supposais que j’aviserai en arrivant. Après tout, je n’avais plus le choix, j’étais déjà en plein vol. Pourtant, une petite chose anodine me redonna un brin de sérénité.

Alors que j’essayais de me détendre en lisant quelques partitions que j’avais emportées avec moi, un petit garçon me regardait avec une curiosité insatiable dans les yeux. Il reporta son attention sur le caisson étendu en dessous de ma place et où j’avais étendu mes pieds.
— Madame, y a quoi dans la grosse boîte ? me demanda-t-il d’une voix tout excitée, l’espoir emplissant ses yeux dans l'attente de découvrir enfin ce que renfermait l’objet de ses convoitises.
— William, n’embête pas cette jeune femme de la sorte, veux-tu. Ce ne sont pas des questions qui se posent.
— Laissez, ça ne me gène pas. Vois-tu, petit, ce que renferme cette boîte est magique,
lui dis-je sur le ton de la confidence. C’est un instrument qui réchauffe les cœurs et qui rapproche les gens. Tu veux que je te montre ?

Il me fit un vigoureux oui de la tête et je lui souris en retour. Il était mignon avec ses boucles qui lui retombaient sur le devant de ses yeux.  Et il fut aussi surpris qu’admiratif quand il vit ce que je sortais de son étui. Je me suis mis à jouer en solo une musique douce et enfantine, rappelant légèrement la mélodie d’une comptine. Je voyais tous les regards curieux se tourner vers moi. Certains continuèrent de me dévisager, comme happer par la musique, d’autre, un peu plus désintéresser, firent mine de retourner à leurs occupations.  

Le temps que ça dura, ça me permit de m’éloigner de mon tracas. Mais quand je vis les murs du château se dessiner au loin, la nonchalance refit place à l’inquiétude. En débarquant, étui et sac sur les épaules, mon estomac se noua bien plus que je ne l’aurai imaginé à la simple vision de ces hauts murs imposants. Cela évoquait une foule de souvenirs en moi. Ils essayèrent tant bien que mal d’illuminer mon cerveau, mais je les refoulai avec violence. J’étais troublée. Mais au moins, les choses allaient changer pour moi. J’étais enfin de retour et cette fois-ci, je ne serais plus inutile.



1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ? J'aime déjà quelqu'un. J'ai juste enfuis ça au plus profond de mon coeur.
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Un chaton rose plutôt mignon.
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ? J'ai à coeur de protéger ceux que j'aime
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales. Sora, Riku, Sa Majesté, Marvin, Eiji... Ca suffit ?
5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes. La musique, c'est important. Ca réchauffe les coeurs et rassemblent les gens.
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points fort et points faibles? mon envie constante de m'améliorer et d'explorer de nouvelle piste.
7) Pourquoi incarner ce personnage ? C'était une façon pour moi de revenir sur le forum et puis j'aime beaucoup Kairi, je voulais lui donner du potentiel sur le forum.


Dernière édition par Kairi le Sam 23 Juin 2018 - 5:58, édité 2 fois
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Wooouh ! Et un trio réuni (presque), un !

Comme je t’ai dit, je suis vraiment super content de te voir jouer Kairi. Je ne pensais pas que quelqu’un s’y risquerait, parce qu’évidemment : c’est compliqué. Il faut la rendre intéressante (aka faire autre chose que de distribuer des fleurs et des porte-bonheurs) mais je suis persuadé qu’elle a un vrai potentiel. Donc déjà, bravo de l’initiative ! Un peu pêle-mêle voici les choses que j’ai pensé de ta fiche et l’impression qu’elle me laisse après quelques heures.

Déjà. Wah. La couleur. Mec. Dans les parties 1, 4 et 5 ça m’a vraiment, mais alors vraiment, flingué les yeux ^^ Pour te dire à quel point à un moment ça a failli me décourager de continuer. C’est… un pur détail évidemment, mais je te dirais quand même de revoir tes codes couleurs, c’est plus dur d’apprécier si tu as l’impression que les mots t’agressent la rétine.

Puisqu’on est dans ce genre de détail à la con, je te conseille aussi une nouvelle relecture pour retirer les erreurs d'inattention. Je vais juste en citer deux pour te donner l’idée (celles que j’ai trouvé le plus marquantes).

Titre du Chapitre 2 : “Un réveille perturbant” => “Un réveil perturbant”. C’est con de foirer le titre, d’emblée ça brise quelque chose ^^ Et à un autre moment :

Chapitre 4 : “J’allaitai, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait des exercices de la sorte.”

Celle là m’a fait sourire ^^ J’imagine que c’était plutôt pour “haleter”. A moins qu’il ne s’agisse vraiment d’un allaitement par Kairi dans la rue. Auquel cas, toutes mes excuses et mon respect le plus total pour l’audace de la scène ! =)

Bon, soyons sérieux deux minutes et passons à ta fiche en elle-même. Je t’avoue que je n’ai pas vraiment fait attention à la partie physique/caractère puisque c’est un test rp et que ce qui m’intéresse le plus c’est l’angle par lequel tu vas aborder Kairi. Enfin si, le caractère c’est toute la fiche, le physique tu parles de fringues, de son allure et de son corps qui a… grandi (coquin). D’ailleurs, ce passage :

“Je ramenai mes cheveux en un chignon et me cambrai dans une pose légèrement osée et tournai lentement autour de moi-même.”

C’est marrant parce que j’adore les scènes de douches (je l’ai fait deux fois avec Aqua, oui monsieur !), je trouve qu’à la fois c’est un passage dans l’intimité pure et que ça convoque immédiatement une forme d’érotisme, et perso je trouve ce genre de moments très beaux. Donc ça m’a assez parlé, et c’est une façon maligne de montrer que oui, Kairi est une jeune femme maintenant, plus une ado. Par contre, tu te doutes peut-être que si j’ai cité ce moment précis c’est que j’ai aussi une critique à faire dessus. Genre. “me cambrai dans une pose légèrement osée” ? Je trouve ce commentaire bizarre, pas adapté à la première personne. Pourquoi Kairi se ferait cette remarque alors qu’elle est seule, c’est… pas franchement osé ^^ Si elle faisait ça face à quelqu’un, d’accord. Mais là du coup, j’ai l’impression que c’est juste toi qui veux souligner l’érotisme de la scène en insistant dessus. Ce qui est un peu maladroit, vu que ça fonctionne sans ^^

Ok, on arrête de parler d’érotisme. Maintenant on parle de SEXE !

Non, maintenant on essaie de reprendre les choses dans l’ordre.

Ton premier chapitre donc. C’est un esprit très KH alors forcément ça me parle beaucoup. Comme dit Chen, c’est typiquement une cutscene. Ou alors, c’est typiquement la cinématique d’intro, nébuleuse et symbolique avec des caméos de tous les personnages importants (Maman, regarde, je suis dans cette fiche <3 C’est pour m’amadouer ? 10 points pour Gryffondor)

Je me suis toutefois dit à un moment que tout cela était fort bien mais… Que tu passes après Sora et Riku, et donc que ça commence à devenir du déjà-vu, le passage un peu forcé de tout perso KH quoi. Cependant, en y réfléchissant à posteriori, je me dit que ce passage est vraiment nécessaire et qu’il a toute sa place dans ta fiche. Parce qu’après tu pars dans tellement autre chose que sans ça, on aurait peut-être eu du mal à vraiment s’imaginer Kairi. Là on a cette attache dès le départ qui aide à entrer dans la suite.

Je me suis posé une question aussi à un moment, en voyant que tu donnais deux Keyblades à Kairi. Je t’avoue que je me suis dit “Mince, il n’a pas pu s’empêcher d’en faire trop”, comme dans ta fiche sur les Super Nanas qui étaient trop parfaites, trop fortes, trop tout. Parce que, de ce que j'interprète du lore de KH… Deux Keyblades, ça ne court pas les rues. Tu peux en manier deux facilement (style Sora qui utilise la sienne et celle de Riku pour affronter Xemnas), mais en invoquer deux c’est tout autre chose. Il n’y a que Roxas qui le fasse et ça a l’air plus ou moins lié à Xion. Toutefois, j’ai été un peu rassuré par la suite quand tu dis que Kairi ne sait pas d’où lui vient ce pouvoir, c’est mieux que de donner une explication un peu bidon et ça laisse le suspens pour la suite.

J’espère donc que tu as une idée solide derrière la tête à ce sujet… ^^

Allez la suite, le cœur du sujet : ta Kairi à toi !

Et bien c’est… déstabilisant ^^ En survolant ta fiche au début, j’ai eu l’impression d’une fanfic cheloue, le genre dans lesquelles les personnages sont incrustés dans un univers plus réel. Ou bien un peu le début de FFX-2 ou, connaissant le lore de base, tu arrives dans quelque chose d’entièrement nouveau et tu te dis “Mais qu’est-ce que c’est que ce pataquès ?”

Au final, j’ai vraiment bien aimé cette approche. Parce que oui ce n’est peut-être pas la Kairi à laquelle on s’attend, mais tu t’appropries le personnage et tu en fais autre chose (sans aller non plus complètement à l’encontre, faut pas exagérer). Et je me dis, pourquoi pas ? C’est une façon très intéressante de montrer que le temps a passé, que les mondes ne sont plus les mêmes.

Il y a aussi un truc que j’ai vraiment adoré pour le coup, c’est que tu prends le temps. On suit Kairi dans son appart, on suit Kairi qui fait ses courses, qui s’achète une robe par plaisir (qui coûte le même prix que son loyer *kof kof*), qui va à son boulot. Tu ne la montres pas en super-héroïne. Elle a une vie un peu rangée, un peu banale. Et je trouve ça très beau cette banalité.

D’autant que : un truc que j’avais trouvé très bof dans ta fiche des Totally Spies, c’est que j’avais l’impression que tout avait une raison d’être, que tout était un peu forcé pour amener autre chose, que ça ne respirait pas. Et là, ça respire ! C’est touchant.

J’adore.

Après, j’ai encore quelques remarques sur des points que j’ai trouvé étranges ou mal amenés.

Tout le passage sur le monde des rêves déjà. En soi, j’aime bien l’idée qu’elle ait erré là-bas et qu’elle soit revenue quand San Fransokyo est sorti du sommeil mais…

Sérieux, le coup du mec qui t’explique que tu es dans le monde des rêves, j’ai trouvé ça assez ridicule et un peu trop dans la facilité ^^ Vu que tu le décris peu je… ne comprends pas qui c’est censé être (si c’est censé être quelqu’un). Parce que si c’est un pnj dont le monde est en sommeil il est soit dans un autre monde, soit endormi lui aussi et il ne sait pas ce qu’est le monde des rêves. Et si c’est quelqu’un qui y a pénétré et qui en est prisonnier. Bordel, mais qui est ce type et comment il en sait autant ? Pour moi, ce genre d’infos ce ne sont pas des savoirs courants à part chez des personnages comme Yen Sid, tout au plus ce sont des légendes pour les non-initiés.

Et puisqu'elle y a passé quelques années et que c'est un autre monde, est-ce qu'elle ne devrait pas être un peu plus jeune que 25 ans ?

Dernier truc que je trouve dommage dans ton histoire, c’est le moment où tu vas secourir la grand-mère des sans-cœurs. Pas tant parce que c’est une grosse ficelle mais parce que :

Il y a peu de sans-cœurs à San Fransokyo. Du coup, qui choisiraient-ils d’attaquer entre une grand-mère et un cœur de pure lumière... ?

C’est un peu l’oubli de la fiche pour moi le côté princesse de cœur ^^ Après, peut-être que tu ne voulais pas l’aborder tout de suite mais bon, c’est quand même un élément important.

Je m’arrête là. Y’a certainement beaucoup de choses dont j’ai oublié de parler, dont tout l’aspect concernant la musique que tu apportes. Au final, j’ai juste envie de dire ça : j’ai bien aimé ta fiche, fonce et fais-toi ton kiff avec ta vision de Kairi, j’ai hâte de voir son évolution.

Que ton cœur soit la clé qui te guide ! Go go Epic Sax Girl !

Ah et. Pour le grade j’hésite entre Capitaine et Commandant.

EDIT : Visiblement Abi avait déjà modifié la partie sur les deux Keyblades et la scène devant le miroir mais ses changements n'avaient pas été pris en compte. Donc, j'ai rien dit !
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Salut ! Donc je vais commenter partie par partie… et par partie, j’entends « couleur ». J’imagine que la fin de chaque couleur a un sens, donc voilà.

La première partie… J’ai eu très vite un petit souci. Le fait de décrire son personnage de l’extérieur avec une narration homodiégétique (le narrateur fait partie de l’histoire) c’est intéressant. On a un narrateur qui est Kairi mais qui ne sait pas qu’elle est Kairi… qui regarde une autre Kairi vivre sa vie. D’accord, ok.

Et donc oui, le narrateur ne sait pas qui est la personne qu’elle regarde. Elle dit « Je ne reconnaissais en rien ce visage fin et délicat ». Elle ne sait d’ailleurs pas non plus ce qu’elle a autour d’elle, qui sont les gens autour d’elle, etc. Ok.

Mais très vite, genre… immédiatement, y a un truc qui vient m’embêter. Elle ne sait pas qui est la personne, elle ne sait rien sur elle, elle ne la reconnait même pas… Mais elle sait que c’est elle. Donc… elle sait que la Kairi qu’elle regarde, bah c’est elle-même.

Et moi j’ai deux « questions ».
1) Comment sait-elle que c’est elle ? Parce qu’elle ne la reconnait pas. Elle le ressent ? Oui mais moi c’est ça qui m’ennuie. Je n’ai pas de réponse. Même si tu m’avais dit « Elle ne savait pas dire pourquoi mais elle sentait que c’était elle », j’aurais été content mais là… Y a rien. Je dois accepter qu’elle le sait, sans raison.
2) Pourquoi avoir décidé qu’elle saurait que c’est elle qu’elle regarde ? Je réfléchis et je vois pas l’intérêt scénaristique. Autant y aller à fond, partir du postulat qu’elle ne sait rien du tout et qu’elle regarde quelque chose sans comprendre ni qui elle voit, ni ce qu’elle voit. Parce que le fait de savoir que c’est elle, ça n’apporte pour l’instant rien.

Et maintenant, la question qu’on peut se poser : Pourquoi est-ce que ça t’importe autant, Xaldin ? Clairement, pour une seule grosse raison : La lourdeur. A chaque fois que tu parles de la Kairi qu’elle observe tu dis « mon autre moi », « mon alter égo » et pardon « mon homologue de chair (pas cher) et de sang ». Et j’ai trouvé ça lourd. Bon après on parle de quelques mots sur tout un « chapitre » donc ça n’a pas eu un grand impact mais je trouve que ce genre de périphrase pour décrire… toi, assez pénible.

Une autre chose à ce niveau-là. Tu ne sais rien de ce qui l’entoure mais quand des sans-cœurs arrivent, là tu dis que ce sont des sans-cœurs. Autant je me suis dit « ça sert à rien, en effet, de nous faire un mystère sur les sans-cœurs. Tout le monde sait ce que c’est, je vais pas faire tout un truc là-dessus ». Mais comme tu as méticuleux sur le reste, niveau mystère par rapport à des trucs que ton lecteur sait (genre décrire Sora sans dire que c’est lui), ça m’étonne assez.

Mais ce premier chapitre n’est pas mauvais. C’est une intro et j’arrive pas à savoir ce que j’en pense parce qu’il nous fait comprendre pas mal de choses à lui tout seul, mais que… se prononcer dessus est quand même dur. Oui, là je sais que la fiche entière va me parler de mystères, d’oubli, etc. Si je me trompe, j’assume. Du reste, on va voir si c’est bien fait.


Mais je trouve que c’est le bon moment pour dire qu’incarner Kairi, ce n’est pas facile. C’est un personnage compliqué, difficile à interpréter de manière juste ; Et je ne dis pas ça pour te décourager mais plutôt pour te féliciter parce que je pense que c’est génial de tenter l’expérience avec un personnage qui peut être aussi intéressant et que tout le monde ignore.

La deuxième partie (bleue foncée) me donne quelque chose que je voulais. Vraiment, là j’ai été content. Bien sûr, on commence par une déception : Le sentiment que le rêve et que l’aspect « je ne sais rien sur rien » n’avait strictement aucune incidence. On n’est pas bien loin dans l’histoire mais je ne vois décidément pas l’intérêt de la faire passer par cette amnésie temporaire durant le rêve.
En-dehors de ça… Je suis convaincu par la nouvelle Kairi, mystérieuse et adulte. Je la trouve cool, je trouve tes choix carrément bons. Et pour le coup je suis super satisfait de la qualité de tes descriptions sur ce chapitre. Honnêtement, les petites descriptions vues de l’extérieur de l’intro ne m’avaient pas convaincu. Ici je trouve ça beaucoup plus juste, beaucoup plus immersif. Vraiment j’aime bien. Je me fais déjà une petite réflexion globale, mais en ayant quasiment rien lu donc… je me la garde au chaud pour la fin, s’il s’avère que je suis toujours d’accord avec moi.

Un petit regret, encore, oui. Mais vraiment j’ai aimé cette partie, j’ai adoré le fait que pour une raison mystérieuse, elle ait coupé les liens avec son passé. Mais… tu dis qu’elle garde deux liens. Ah ! Un collier, ça d’accord. Et la keyblade.

Je sais pas, c’est comme si je te disais « Je veux plus avoir aucun lien avec mes parents décédés. Juste un truc : leur maison ». La keyblade c’est gros, c’est genre énorme. C’est genre le lien… que tu vas chercher à détruire en premier pour te débarasser de ton passé. Surtout que San Fransokyo, c’est pas la fin des mondes, t’as pas VRAIMENT besoin de ta keyblade. Donc… je trouve ça un peu grossier.
Soit.

Troisième partie, mauve (ou violet ?). On commence par un PNJ appelé Marvin. C’est moi ou le prénom est un peu trop rare pour que plusieurs pnj se nomment comme ça ?

« La façade du Maverick Jazz Club n’avait rien de prétentieux, mais offrait, par sa construction en bois laqué noir et son nom inscrit en lettrine typique des années folles jugée au-dessus de l’entrée, un sentiment d’authenticité et d’accueil chaleureux à celui qui la contemplait. »

J’aime pas les expressions toutes faites genre « n’a rien de prétentieux. » Ca veut souvent rien dire surtout que dans ce cas, allez honnêtement. La façade n’a rien de prétentieux ? ^^ Mec. Ca s’appelle « Blablabla Jazz Club » avec une typo année folle ? Ca transpire la prétention.

«
Il se redressa et me dévisage avec un sourire un brin paternaliste. J’aurais pus m’en offusquer »

Parfois j’ai le sens du détail. C’est intéressant de faire attention au choix de ses mots. Et s’offusquer parce que quelqu’un te regarde avec un sourire que tu interprètes « paternaliste », honnêtement, je crois que non, tu n’aurais pas pu le faire.

Et donc cette troisième partie ne m’a pas vraiment plu. En fait il y a pas mal de choses mais je dirais qu’il y a deux gros facteurs :

1) Le jazz à San Fransokyo. En fait j’ai trouvé ton idée d’axer ta fiche de présentation à fond sur le jazz carrément excellente. Franchement, je me suis dit que c’était super cool. Une Kairi à fond sur le jazz, quasiment éduquée par le jazz, j’adore l’idée. Mais à San Fransokyo ? Franchement, je connais pas le disney si bien que ça mais j’ai pas le souvenir que le jazz était dans le délire. Et en faire autant sur le jazz, bah… pour moi y avait pas photo, c’était une occasion en or de le faire à New York dans le monde du feu, Fantasia. J’aurais méga kiffé. Au lieu de ça… pardon mais je trouvais que l’ambiance était juste pas la bonne à SF. J’ajoute : Jessica Rabbit à San Fransokyo, pour moi c’est… bizarre. Elle est typée New Yorkaise.
2) Ca parle beaucoup de l’ambiance, des groupes, de la musique, de son quotidien, et j’ai trouvé ça très bien… mais j’ai pas ressenti Kairi. J’ai même pas ressenti la Kairi que t’essayais de nous vendre, en fait j’ai tout simplement pas « senti » de personnage avec un caractère particulier. Juste… une femme qui aurait pu être à peu près n’importe qui, dans un bar, à être gentille et nostalgique.

Les moments où tu sors de ces moments un peu trop anonymes, par exemple pour te souvenir de Sora… et bien je les trouvais moins biens aussi, parce que clairement, au début tu nous vends une Kairi qui veut oublier son passé. Et tous les moments où on se retrouve un peu seuls avec ses pensées, tu nous parles de son passé. Autant j’ai compris que le rêve avait eu de l’importance sur ses sentiments durant la journée, autant j’ai trouvé les mentions à son passé trop nombreuses pour quelqu’un qui essaie de couper ses liens avec son passé.

Il y a de très bonnes idées qui m’ont beaucoup plu. Je pense à Kairi qui joue du jazz, je kiffe. A Kairi serveuse, je trouve ça cool. J’ai encore bien aimé son rapport avec son patron. La scène où elle est submergée par l’émotion en jouant, même si elle me dérange par l’aspect que j’ai déjà expliqué, est assez bonne.

Mais je regrette qu’il n’y en ait pas eu plus pour nous montrer que Kairi a changé.

Une dernière chose. Ce n’est pas une critique mais un petit truc que j’ai trouvé rigolo ^^. Kairi rencontre les trois chanteuses des groupes précédents. Première, pas de souci. Deuxième, elle la trouve vulgaire et dit : « Je n’étais pas du genre à juger, mais je n’avais pas un très bon feeling à son sujet. »
Et la troisième, Jessica Rabbit… franchement je me suis demandé si c’était volontaire ^^. J’ai l’impression que non mais enfin ! Tu finis le paragraphe par : « Je n’étais pas du genre jalouse, mais là, je dois dire que je l’enviais un peu. »

Ca m’a fait rire comme en deux paragraphes, elle se retrouve à faire quelque chose que soi-disant, elle n’est pas habituée à faire. Moi je dis : Peu crédible !

Et donc… Les deux derniers chapitres. Je ne vais pas aller à fond dans le détail. En fait, avec ça, j’ai lu le commentaire d’Aqua, et je suis globalement d’accord avec ce qu’il a dit. Le coup du vieux qui vient en mode tutoriel t’expliquer comment marche le monde, j’ai pas trouvé ça terrible. En fait, plus que le principe, ce qui m’a énervé c’est qu’il n’a pas de nom. Je ne compte pas toutes les fois où, dans les fiches, la situation est débloquée par un type dont on ne connait pas le nom. Un moment, ne pas dire son nom juste pour le mystère, ça commence à sentir un peu cliché. Et je pense exactement la même chose concernant le magicien d’Agrabah super trop fort dont personne n’a entendu parler avant.

Oui, comme Aqua l’a dit, Kairi a quelques années de moins, vu qu’elle a passé des années dans un monde endormi.

Donc… globalement… je reste sur ma pensée de départ que je gardais pour moi : Je trouve que le deuxième chapitre est une meilleure introduction que le premier. A tous les points, c’est plus cohérent avec ce que tu nous racontes pendant la moitié de ta fiche. En fait, j’aime bien le fait que Kairi se torture à cause de son inactivité dans la situation actuelle. J’adore. Mais pourquoi forcément est-ce que ça doit passer par un rêve ? Pourquoi elle ne peut pas elle-même se sentir coupable sans qu’on ait un élément extérieur qui vienne lui expliquer ce qu’elle doit ressentir ? Qui plus est, si on accepte qu’il y ait un rêve, et bien… le contenu-même du rêve, j’y reviens, n’a pas tellement de sens. Bon, si… mais je dis ça par rapport à « oublier qui elle est juste dans son rêve »… Je vois pas grand intérêt.

Oui à la rigueur : « justement. C’est symbolique. Elle oublie qui elle est dans son rêve et qui sont ses amis… justement pour que dans la vraie vie, elle se rende compte qu’elle est en train d’oublier son passé et que c’est pas cool ». Ok, ça ça va. Mais j’y reviens… pourquoi ne pas se reconnaître mais savoir que l’autre Kairi, c’est elle ? Bref. Ca m’aura perturbé ^^.

Et il y a du travail. Et oui, bien sûr, j'adore le fait que tu interprètes Kairi. Comme Aqua l'a dit, y a vraiment moyen d'en faire quelque chose une fois qu'on a passé la vision "jeune démoiselle en détresse". Personnellement c'est un personnage que j'adore.

Biiiiieh. Donc... Je te donne le grade de lieutenant !
Merci à Aqua pour son commentaire très cool.

Et fiche validée et toutes conneries du style.

De manière globale, je suis assez content, je trouve la fiche mignonne et avec pas mal de bonnes idées mais… d’autres moins bonnes à mon goût simplement.
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