Identité
- Nom : Goshénite
- Race : Gemme. Béryl.
- Échelle de Mohs : Dureté 7.5
- Formule chimique : Be3Al2Si6O18
- Camp : Lumière
- Monde d'Origine : Colisée de l'Olympe
- Grade désiré : Celui que vous voulez.
Mythe
Les enfants fixent le large et son horizon. Les ancêtres savent pourquoi ils le regardent et le dévisagent.
Un mythe surgit de temps en temps entre les lèvres de Grecs. Un murmure qui promet richesses et aventures pour les plus valeureux, ou les cupides. Une fable mystérieuse, déformée par le temps, qui fascine, qui effarouche. L’île de Fygàs.
Depuis la mer, si l’on se trouve au bon endroit pour l’observer. Une lumière naît sur les flots pour aussitôt mourir. Un île. Une bribe de terre qui, tous les ans, se déplacerait de façon surnaturelle dans ce phénomène étincelant. Elle aurait l’aspect d’un reflet de bille ou d’un croissant de lune sortant des eaux. Une unique plage centrale bardée de falaises et de récifs, une zone dangereuse pour les navires. On peut aussi apercevoir les larges collines et plaines verdoyantes qui dominent ce havre vierge de toutes traces humaines.
C’est du moins ce que racontent marins et aventuriers qui ont eût l’audace ou la chance d’apercevoir cette singularité.
Toutefois, il y a plus de rumeurs que de concret quand à ses origines, les sources restent très floues. Subsiste pourtant des vestiges de son histoire. Amphores et récits fabuleux contés à travers la côte.
Les Pléiades, les filles d’Atlas, le titan condamné à porter le monde sur sur ses épaules pour l’éternité, et de Pléioné, une océanide protectrice des navires qui vivait au sud du pays. Elles répondaient au nombre de sept : Maïa, Électre, Taygète, Alcyone, Céléno, Astérope et Mérope. Nymphes à l’immense beauté, on raconte que Zeus les aurait changées en colombes et que ce n’est qu’à leur mort qu’elles furent placées dans le ciel pour devenir l’éponyme astérisme. Malheureusement, ces étoiles auraient continuées de pleurer le terrible sort de leur père, ou bien la disparition de leurs sœurs : les Hyades. Une ondée étincelante venue du ciel pour s’abattre sur les vagues. Ces larmes emplies de peine, d’amertume et de rage, toutes ces émotions auraient sombrées dans la mer pour ensuite faire naître cette île.
Une autre version, presque complémentaire à la précédente, dit que, Orion, attiré par leur grande beauté, les pourchassa pendant cinq ans. Si cette virgule de terre était aussi fugitive, c’était parce que les Pléiades, avant de devenir un amas d’étoiles, s’y étaient cachées afin d’échapper au beau chasseur géant à la violence sans limites. Un phénomène surnaturel ou bien une magie très puissante, si ce n’est l’œuvre des dieux, faisait que cette île se déplaçait instantanément sur plusieurs kilomètres pour ainsi semer son poursuivant.
Il y a aussi beaucoup d’autres versions et chacun à un peu aussi son avis sur cet atoll occulte. Une sorcière à l’origine des déplacements de l’île. Une météorite qui se serait écrasée il y a des siècles, dont la constitution serait inconnue aujourd’hui et à l’origine de cette curiosité.
Des poteries dépeignent les deux premières histoires et de rares poèmes également. Pour ce qui est de ce qu’il s’y passe, les ragots vont bon train à leur tour. Les seuls personnes qui s’y sont rendues sont revenues sans le moindre souvenir de leur escale là-bas, comme si il n’y avaient jamais débarqués. Ce serait un endroit damné, hanté par cadavres et squelettes chthoniens, le survivants préférant oublier cette terrible rencontre. Ou encore, un immense trésor s’y trouverait et, quiconque viendrait s’en emparer serait maudit par les dieux, voir condamné à l’amnésie.
Lointain
La plus part locaux, faisaient fi de ces ridicules théories au quotidien, sauf bien sûr quand cette île énigmatique était visible depuis leurs berges, un vent préoccupant leur soufflant au visage pendant une année entière.
Ce qui n’était pas au goût de Cilix, un fringant soldat en pleine forme, comme on en fabrique dans l’armée. La sécurité des civils étant sa principale considération. Dans un élan d’héroïsme digne de l’impudence des protagonistes de la mythologie, il se sentit obligé d’enrayer cette angoisse globale. Ce n’était que de la roche et des herbes au lointain, rien de quoi inquiéter la masse et faire tourner le lait – se dit-il. Folie que lui répétaient les autochtones. Il n’en avait cure. Puisque que personne n’était assez téméraire pour courir le risque, c’est seul qu’il entreprendrait cette folle expédition à la poursuite de l’île de Fygàs. Le peltaste n’allait pas se laisser intimider par une poignée de racontars ou des prétendues créatures. Pourtant, il se questionnait vraiment. En interrogeant les rares quidams assez courageux qui on déjà fait ce voyage, n’en ont pas une bribe. Pensant qu’on se payait sa tête, c’est inconsciemment, et trop déterminé, que le guerrier s’en alla découvrir la vérité.
En une poignée de jours, d’étape en étape, en suivant les directives d’insulaires et malgré les avertissements d’autres encore, il l’avait trouvée. Accoster était une tâche plutôt difficile, des hauts-fonds visibles et des roches aussi tranchantes que son glaive. Il suffisait de suivre les berges et loin des proéminences abruptes, esquivant cette protection naturelle pour se retrouver sur la seule grève, au centre de ce cercle terrestre. Rien de particulier une fois sur la rive. Juste du sable, prédominé par une végétation inapprivoisée. Pas une trace de l’homme y ayant mis les pieds.
Glaive à la ceinture, Cilix s’aventura plus profondément dans l’île. Le bruit de l’herbe écrasée sous ses sandales et le souffle marin pour seule ambiance. Un paradis naturel décrit par ces plaines à perte de vue. Pas de quoi affoler les petites gens.
Soudain, après bon nombre de pas, un bruissement près de lui. Se retournant aussitôt en dégainant, il s’approchait pareil à un félin en chasse. Un froissement, provenant d’un amas de mauvaises herbes. Un scarabée. Ce n’était qu’un gros insecte qui s’envola au dessus de sa tête. Soupirant, cette région n’avait rien de dangereux – pensait-il.
Un autre bruit, juste derrière ces hautes herbes. Deux longues tiges pâles filiformes, tendues vers le ciel surgissèrent de la prairie brusquement. Des mains aux doigts extrêmement fins, des bras grêles blafards. Un bâillement. Quelqu’un. L’aventurier n’était plus seul. Y regardant de plus près, avec beaucoup de prudence, armé.
Il n’avait jamais rien de vu de pareil auparavant.
Une enfant. Non, une adolescente. Pâle, svelte à en faire pâlir les effigies à la gloire d’Aphrodite. Curieusement grande, pareil à un fil de soie. Une tenue étrangère monochrome, ce n’était pas le genre d’accoutrement que l’on pouvait voir sur l’archipel, proche des vêtements plus complexes des étrangers. C’était surtout la chevelure de cette indigène qui interpellèrent Cilix. Des plaques lisses, brillantes et dansant avec le zéphyr. De la pierre. De la pierre précieuse. Qu’est-ce que cela pouvait bien-t-il être – pensait-il. Un couvre chef peut-être ? Ses yeux étaient de la même matière de surcroît et ils avaient l'air si naturels. Les reflets turquoises et réfléchissant la lumière du soleil ne pouvaient en trahir la nature. Qui était donc cet être à la fois contraste et beauté poétique du décor ?
Normalement, on se devait d’engager la conversation courtoise. Mais poussé par un coup de sang, voir l’avidité de l’homme, il voulait s’en emparer, la ramener avec pour la gloire de sa découverte ou mieux, les montagnes d’or qu’il en tirerait. La fille insolite se retourna vers lui, scintillant de plus belle. De longues secondes gênantes s’écoulèrent en silence, défigurant l’inconnu d’un regard ankylosé, avant qu’elle réalise la situation. Lui, paralysé, surpris. Son visage se décomposant instantanément, elle s’écria apeurée :
« Un humain ! »
Sans perdre une seconde, l’être de pierre précieuse décampa, s’enfonçant plus profondément dans l’île à travers le sempiternel champ herbeux. Le visiteur était bien sûr à sa poursuite, sans trop se poser de questions. La créature humanoïde courrait de tout son souffle, elle n’avait pas l’air sportive de ses râles et de ses plaintes. Or, Cilix le savait, il en était persuadé, cette chose étincelante était la clé du mystère de cet endroit. Après quelques mètres, la gemme terrienne s’arrêta pour se reposer un instant, et surtout rassurée. Elle fit un signe de main face à elle comme pour prévenir quelqu’un :
« Ah ! Vous voilà ! complètement essoufflée. Prenez le relais, moi je… avalant sa salive avec beaucoup de mal face à l’effort. Je vais rester là et… Et reprendre mes esprits. Je vous fais confiance ! s’effondrant exténué sur le sol.
- Phos ! Est-ce que ça va ? Il ne t’a rien fait ? répondit un autre à son congénère évanoui, avec pour seule réponse un pouce levé, avant de se faire couper court par l’empressement de son coéquipier. Bort ! Non ! On ne doit pas interagir avec les humains ! On doit attendre le maître ! »
Depuis le début, elles appelaient le visiteur Grec un humain. Ces entités malgré leur apparence humanisée n’étaient vraiment pas ordinaires, il fallait s’en méfier – se disait le soldat. En effet, car l’une d’entre elles venait de surgir, cheveux courts, aussi brillants qu’un coucher de soleil, restant auprès de sa semblable. Alors qu’une autre les avaient complètement ignorées en fonçant sur le pèlerin indésirable. De larges lamelles noires décrivant des cheveux lisses plus opaques que ses sœurs, arrivant à ses pieds.
La dénommée Bort dégaina aussitôt une longue lame noire droite, elle sauta à une hauteur hors du commun pour venir atterrir, tranchant en avant, directement sur Cilix. Il para le coup mais il sentait toute la force et le poids de la lame et de son adversaire faire pression sur sa garde. Il n’avait jamais vu d’arme identique sur les côtes. Rien n’était comme sur le continent. Il recula pour s’en défaire alors qu’elle virevolta en arrière, atterrissant avec grâce et maîtrise avant de renouveler son assaut de front en fonçant sur lui, prête à trancher à l’horizontal. Le soldat s’abaissa, essaya de faire perdre son équilibre à son attaquant, sans succès puisqu’elle marcha sur lui pour sauter de nouveau et planter sa lame dans sa poitrine. Roulant sur le côté, l’épée se planta dans la sol dans un grand bruit de craquements. Peinant à reprendre son arme, il en profita pour l’attaquer. Elle se servit de la longueur de sa lame plantée pour s’y appuyer et donner deux coups de pieds bien sentis. On aurait dit qu’on lui avait lancé deux grosses pierres dans le ventre mais son armure de cuir avait finalement encaissé le choc.
« C’est terminé, humain. »
S’approchant de lui alors qu’il se relevait, il pouvait apercevoir toute l’antipathie de la jeune femme dans ses yeux, prête à le découper, son visage froid et beaucoup plus rude que celui de ses amies. Mais avant qu’elle ne puisse faire quoique ce soit, elle s’arrêta net comme choquée par quelque chose. Elle rengaina, en grommelant, son arme et tourna le dos à Cilix. D’autres filles du même gabarie que celles qu’il avait rencontré étaient parfaitement alignées, une trentaine à vue d’œil. Elles avaient toutes les mêmes cheveux étincelants, un vrai arc-en-ciel. Or une masse plus imposante se tenait au milieu de ces dernières. Un homme immense, imposant, chauve, au regard très dur, portant de longs vêtements noirs et à priori le plus humain de tous. Il posa sa main sur le front de la fille qui avait attaqué le militaire trop curieux, comme pour féliciter un animal. Le grand individu s’approcha de Cilix et alors que ce dernier leva son épée à lui, le surhomme leva la main comme pour lui demander de baisser son glaive.
« Voilà bien longtemps qu’un humain ne s’était pas aventuré sur Fygàs. dit-il de sa voix grave et d’un ton très solennel. Veuillez pardonner l’impétuosité de mes soldats, comprenez que nous avons tendance à nous méfier des visiteurs. Cilix voulait parler mais il se fît aussitôt interrompre par son colossal interlocuteur. Vous avez des questions et c’est normal, les humains sont curieux de nature. Malheureusement, je ne puis accéder à votre requête pour le bien de mes protégés et vous prierai de partir. Immédiatement. »
Il claqua des doigts et instantanément le fantassin changea d’expression, hypnotisé. Il se retourna et marcha vers la plage par où il était venu pareil à un pantin. Tout le monde étaient soulagé. Et la vie sur cet étrange îlot reprit son court, rien ne s’était passé. Cilix allait retourner chez lui avec aucun souvenirs de sa rencontre ici. Comme tout les autres avant lui, sans parades ou récompenses pour sa découverte qu’il avait aussitôt oublié. Y compris sur les côtes, les commérages continueront, le peuple aura peur lorsqu’ils verront cette légende terrestre à l’horizon et tout ceux qui voudront s’y rendre, comme Cilix, reprendront leur existence sans y penser. L’île de Fygas est condamnée à rester secrète, pour garder jalousement ces êtres de pierre radieuses, ce trésor.
On dit que gemmes, diamants et autres pierres précieuses sont des cadeaux des dieux, voir des larmes de ces derniers. En posséder apporterait leur bénédiction. Prospérité, chance, richesses ou beaucoup d’êtres vertus dont l’humanité se persuade. Véritable preuves de luxuriance, symboles du panthéon divin, convoitées par le monde entier. Que se passerait-il si vous étiez un être aussi envié ?
Havre
Les tâches avaient été distribuées le matin même et tout le monde s’y attelait avec plus ou moins de zèle. Les sentinelles surveillaient les côtes et les zones élevées de l’île. On rangeait l’infirmerie, faisant l’inventaire des herbes, des poudres et des médicament. On remettait les méduses dans le bassin devant l’établissement pour qu’elles puissent se reposer avant la tombée de la nuit. Tout était minutieusement fait, mais ça ne les empêchait pas de s’amuser. Ils couraient et riaient dans les couloirs tout en faisant le ménage, certains s’émerveillaient face à la faune et la flore pendant leur ronde. Il fallait bien faire les choses quotidiennes, mais ça restait un petit paradis sur Terre.
Obsidienne et Béryl Rouge travaillaient ensemble aujourd’hui pour Morganite. L’atelier, comme beaucoup d’autres pièces, était éclairé naturellement par la lueur du soleil des fenêtres sans vitres en losanges de bois. Morganite avait brisé son épée lors de son dernier combat et Obsidienne y mettait beaucoup de cœur et d’entrain à la réparer, mais aussi à la parfaire, pour qu’elle soit plus adaptée à son style de combat ainsi qu’à la constitution de son congénère. Avec une dureté de 7.5, Morga était agile mais trop fougueuse. Il lui fallait une arme un peu plus courte et plus compressée que la précédente, donc plus lourde. Malgré la similarité de leur arsenal, tous ont une arme personnelle, qui leur convient. Du moins, ceux qui sont capable de se battre.
Béryl Rouge était en train de rouspéter son ami, il lui faisait quelques ajustements au niveau de ses vêtements. Ici aussi les tenues sont similaires, assorties et appropriées pour les mouvements amples. Ils sont aussi adaptées pour les saisons même si la plus part des gemmes ne sont pas impactées par le climat. Sauf que Morganite ne se laissait pas faire, Béryl Rouge partait dans ses délires en voulant ajouter des froufrous partout, ce qui n’était pas à son goût et peu pratique. Nonobstant le fait que les gemmes soient dénuées de genre, Béryl Rouge essaye toujours des les féminiser un peu et y mettre des fanfreluches. Quand bien même Morganite n’avait plus de vêtements et dépourvu d’attributs masculins ou féminins, il essayait de cacher sa nudité, par pudeur. C’était bon enfant et ça amusait tout le monde au final.
Morganite était pourtant le partenaire de garde de Goshénite. Toutes les sentinelles étaient en duo pour des raisons évidentes de sécurité. Privé de son collègue et ami pour la journée, Goshénite aujourd’hui devait accompagner une pierre plus jeune que lui et surtout plus fragile. Ambre. Avec une dureté de 2, il ne pouvait pas faire trop d’efforts ou porter des choses trop lourdes sous peine de briser des parties de son corps. Ambre était pourtant d’une personnalité très candide, volontaire et joyeuse. Assistante de Rutile, le docteur de la colonie, il l’aidait dans toutes ses tâches en en apprenant le plus possible et surtout, savoir utiliser les ressources disponibles sur l’île pour s’en servir comme onguents, papiers ou textiles.
Il ne l’emmenait pas très loin, il était surtout absorbé par le contenu de la marre devant le bâtiment. Une eau claire et salée, bardée de nénuphars et rempli des méduses phosphorescentes. Goshénite était amusé par son comportement enfantin mais il devait le rappeler l’ordre.
« Ambre, nous devons aller plus loin. Les herbes pour la poudre poussent un peu plus loin.
- J’arrive grand frère ! dit-il avec un grand sourire.
- Tu n’as pas besoin d’être aussi formel tu sais ? Tu peux m’appeler Goshénite. répondit-il, amusé.
- D’accord ! réjoui d’un coup. »
Goshénite portait la tenue habituelle des sentinelles. Une veste à manches courtes noire, manches qui sont un peu gonflées au niveau des épaules. Une chemise blanche avec un long col couvrant presque tout leur cou, affublée d’une cravate sombre. Un short très court également noir s’arrêtant au haut des cuisses. Une ceinture blanche à laquelle est accrochée son arme à l’arrière. Et pour finir une paire de chaussures plates, noires aussi. Des vêtements simples, légèrement féminin, bicolore mais surtout pratiques. Cela met étrangement en valeur la pâleur de leurs bras et de leurs jambes, semblables à de longues tiges blanches. Mais aussi leur tête et leur chevelure extraordinaire. Goshénite s’appelle ainsi car il est fait de la pierre du même nom, cela se voit par sa coupe de cheveux transparente et légèrement grisée qui scintille à la moindre lueur. De fines lamelles translucides se déposant sur son visage comme une longue franges, coupés assez court cela dit, un peu dans un style garçon manqué. Il y a aussi ses yeux, qui sont d’un gris tout aussi resplendissant que sa petite tignasse.
Si Goshénite avait été attribué à Ambre, c’est aussi à cause de sa personnalité fort similaire à celle qu’il protège aujourd’hui. Alors que Morganite était un plus tête brûlée, ils restent assez complémentaires. D’un naturel bienveillant, gentil et le plus souvent souriant, il n’aime pas trop voir ses amis chagrinés et essaye de leur remonter le moral avec de douces paroles. Il traite ses aînés et le Maître en respect, mais aussi les gemmes plus jeunes un peu comme le ferait un frère ou une soeur. Prudent la plus part de temps, il essaye d’écarter tout les dangers et ne rate une occasion pour prévenir le Maître si les choses dégénères. Il a souvent des doutes et s’inquiète beaucoup, surtout pour Morganite qu’il côtoie en permanence.
Ambre quand à lui, étant une gemme plus délicate, porte l’uniforme de ceux qui restent à l’intérieur de ce qu’ils appellent l’école. Une chemise blanche à manches courtes ample à grand col avec une cravate noire. Des bretelles noires maintenant une jupe-short sombre. Et la même paire de chaussures plates. En revanche, avec une constitution aussi faible, il porte de longs gants blancs couvrant presque la totalité de ses bras, ainsi que des collants blancs allant jusqu’à sa jupe. Pour ainsi éviter de casser ses membres ou de perdre des petites parties de son corps. Il lui arrive souvent de faire un faux mouvement ou de porter quelque chose de trop lourd et lorsque c’est le cas, ils se brisent et il faut alors les recoller ensemble et réappliquer de la poudre pour la peau et de la colle spéciale pour les réassembler. Il a de longs cheveux brillants entre le jaune et l’orangé comparable à un torrent de miel, assez inégaux, une petite queue de cheval au sommet de son crâne. Il a le regard de la même couleur, d’un jaune aussi profond que la fameuse pierre.
Ambre est extrêmement curieux de tout ce qui l’entoure ainsi que du fonctionnement du monde, de la nature surtout. Rien que le phénomène de photosynthèse lui fait briller les yeux encore plus que toutes les gemmes de l’île. Un peu naïve, il absorbe tout ce qu’il apprend pareil à une éponge, le posant sur papier aussitôt. Très souriant, il ne se démoralise jamais malgré les obstacles qui se dressent sur sa route. Il sait pertinemment qu’il ne pourra jamais se battre mais fait tout son possible pour apprendre à soigner les blessures de ses camarades. Il reste la plus part du temps dans l’école ou aux alentours, il n’a pas vraiment le droit de sortir seul loin du bâtiment. Ça ne l’empêche pas pour autant d’être assez polyvalent et actif à son fonctionnement, comme faire le ménage, observer l’armurerie ou aider Rutile dans ses préparations médicales.
En dépit de leur structure organique, ils restent très humains, ont chacun des traits différents et une personnalité, en conservent des émotions et des réflexes latents, certaines gemmes plus fragiles ont du mal à accepter cette fragilité. Pourtant ils passent leurs mains dans leur chevelure solide comme si il s’agissait de vrais cheveux humains, les attache, les coupe et les tressent très facilement. Ils n’ont pas besoin de manger contrairement à eux. En revanche, ils ont terriblement besoin de la lumière du soleil, l’absorbant tel les végétaux. Ils n’ont rien de monstrueux. Ils vivent et embellissent leur monde, ce sont des joyaux. Après tout, chaque choses possède un cœur.
Les ingrédients pour fabriquer la poudre et la colle se trouvent assez facilement dans l’environnement dans lequel ils vivent. Cette poudre est purement esthétique car sans ça, leur peau serait à nue et on pourrait voir que cette peau a la même apparence que leurs cheveux. Solide et transparente. La colle en revanche est plus que nécessaire. C’est un fluide qui se fait absorbé au contact de leur pierre et aide à la guérison, elle s’évapore et cicatrise les fêlures comme le ferait une plaie sans laisser de marques. Par contre, il faut bien faire attention à assembler tout les morceaux et dans le bon sens, un accident de pieds à l’envers est déjà arrivé et il faut alors refaire la manipulation. Les gemmes peuvent cicatriser d’elles même, surtout dans certaines situations critiques, si leurs fragments sont tous réunis, mais ce ne sera pas un aussi bon travail que celui du docteur Rutile. Les pierres précieuses peuvent toujours parler si elles sont brisées aussi longtemps que le corps lui est intact, même si elles en ressentiront les effets, comme des vertiges ou de la fatigue. Elles peuvent toutefois perdre conscience si ils sont dispersés en plusieurs morceaux. Tout leur corps absorbe la lueur du jour et la conserve, tout leur corps est lié à leur mémoire et la conserve. Perdre un membre définitivement, c’est perdre de précieux souvenirs et s’affaiblir, il sera difficile de le remplacer par autre chose, c’est une question de compatibilité avec une autre gemme qui sera là en guise de nouvelle partie du corps.
Ils s’éloignèrent d’à peu près un kilomètre de l’école. Ambre reconnu tout de suite les herbes dont ils avaient besoin et se précipita pour les cueillir dans une large coupe de bois. Goshénite, amusé par son entrain, l’accompagna. Ils allaient d’un point à l’autre pour la récole, chantant à tue-tête. Mais un autre son vint briser l’harmonie de leur petite chanson. Un son de cloche.
Ciel
Les deux gemmes se relevèrent, prises d’un frisson effrayant, commençant à s’inquiéter. Goshénite raccompagna aussitôt Ambre dans l’enceinte de l’école. Ce son de cloche à une telle heure ne pouvait signifier qu’une chose. Ils virent que c’était Bénitoïte qui avait fait sonner la cloche, paniqué.
« Où est-ce qu’ils sont Bénitoïte ? demanda Goshénite alarmé alors que d’autres gemmes vinrent à l’entrée les rejoindre tout aussi inquiètes. Où est ton partenaire ?
- À la côte sud ouest ! J’ai laissé Neptunite là-bas, c’était une petite tâche mais il ne les retiendra pas longtemps si ils sont arrivés.
- Je pars prévenir le Maître. s’exprima l’un d’entre eux aux cheveux vert comme le jade. Bénitoïte, retournes-y avec les autres. Ambre, tu retournes à l’intérieur.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe ? alors qu’elle se faisait traîner de force. Aïe ! Attention, tu vas finir par m’arracher le bras ! C’est encore eux ?
- Oui, c’est la troisième attaque ce mois-ci. J’espère que ça va aller. »
Cinq gemmes accoururent à l’endroit indiqué en suivant Bénitoïte. On pouvait voir au loin dans le ciel, un énorme tâche d’encre qui grandissait encore et encore de façon symétrique. Ils se dépêchaient pour rejoindre Neptunite. Celui-ci, arme en main, était prêt à bondir pour riposter. Ils avaient déjà commencés à jouer de leurs instruments, on entendait le bruit de leur parade de plus en plus fort. La tâche contrastait complètement avec les cieux. De ce macule, un énorme nuage sombre s’en extirpait. Des êtres à la peau laiteuse jouaient de leurs instruments comme pour accompagner leur procession. Habillés d’un chiton et bardés de nombreux bijoux dorés, ils n’avaient même pas de pupilles. On aurait dit des statues de temples qui auraient pris vie. On en percevait déjà certains qui cessaient de jouer pour s’armer d’arcs et de lances tandis que derrière, un de leur semblable aussi grand qu’un hécatonchire, doté de plusieurs bras, tenait une énorme vasque. Ils étaient prêts.
« Elle ne nous laissera donc jamais en paix ?!
- J’espère que vous êtes prêt. »
Ils dégainèrent tous et une première salve de flèche venue de ce nuage au mauvais présage vint les frapper. Ils l’esquivèrent ou les renvoyèrent à l’aide de leur longue épée. Zircon sauta, suivi par Hémimorphite. L’un suivi de l’autre pour se servir de son épée comme d’un tremplin pour atteindre leur oppresseur. Zircon arriva à leur hauteur et en trancha quelques uns. Ces dernière disparaissaient quelques secondes après avoir été découpés en explosant en poussière. Le souffle expulsa la gemme qui glissa dans l’herbe sur ses talons sur plusieurs mètres avant de repartir aussi vite. Ils n’étaient pas vraiment mobiles et plusieurs de leur archers périrent. Les gemmes visait l’hécatonchire mais ils avaient du mal à l’atteindre, la gravité étant le plus gros des handicape. Ils ne pouvaient que renvoyer leurs flèches et sauter assez haut pour les atteindre. Quelques gemmes étaient assez entraînées pour les approcher d’un bon d’un seul et en finir aussitôt. Neptunite, réussi à se frayer un chemin en esquivant gracieusement les flèches et découpa d’une traite la tête du géant. Seulement, il ne se désintégrait pas comme les autres. Il souriait et sa peau commençait à fondre comme de la cire chaude là où il s’était fait découper. Des alvéoles étaient visibles. Des flèches aux pointes brillantes en sortaient et les archers s’en équipèrent pour les pointer vers les gemmes.
« Il ne disparaît pas ? Et la couleur des pointes... C'est ce pauvre Héliodore ? Ils n'ont pas osé...
- Ça tombe bien. On va récupérer chaque fragments ! »
Les flèches qu’ils utilisaient habituellement étaient en forme de U à leur extrémité comme pour attraper leurs cibles, les restreindre de leurs mouvements voir les endommager. Là, ces flèches étaient pointues et dotées de pierre précieuse. Ils étaient passés aux choses sérieuses. Leur nouvelle attaque brisa plusieurs épées qui avaient tentées de les parer. On entendait également des fracas cristallins. Goshénite perdit un bras dans cette tentative et désarmée de surcroît, Bénitoïte un morceau de visage mais il n’avait pas perdu connaissance. On pouvait voir les éclats briller là où ils étaient blessés. Ils ne perdaient pas espoir, ils étaient déterminés à sauver leur ami qui avait été enlevé et surtout, repousser cet envahisseur pour l’empêcher de récidiver.
Tout à coup, le gigantesque ennemi se vit couper en deux et toute la cohorte venue du ciel explosa dans un nuage de poussière. Les gemmes étaient étonnées mais soulagées. C’était l’œuvre de Neptunite, il était peut-être plus jeune que certains mais il n’en restait pas moins doué pour le combat, presque au niveau de Bort, même si il n’avait pas autant d’engouement que ce dernier pour balancer son épée. Il se fit attraper par son partenaire Bénitoïte, il était choqué qu’il était aussi amoché mais libéré qu’il n’ait rien de grave, se souriant mutuellement en échange.
Ils retournèrent à la colonie, ramassant les morceaux qu’ils avaient perdus mais aussi les fragments d’Héliodore qu’ils avaient pu récupérer au camp adverse. C’était une victoire, mais toujours un sacré coup à l’égo de certaines pierres qui n’avaient pas réussis à faire grand-chose et encourus un danger inutile sans appeler le Maître. Ils voulaient juste faire leurs preuves.
Une foi à l’infirmerie, Rutile et Ambre s’attelèrent à rafistoler leurs compagnons. Ils recollèrent les membres détachés avec beaucoup de délicatesse, un bruit de pierres frottées suivi d’un son très aigu retentissait à chaque fois que la connexion était rétablie, si on peut dire ça.
« Dis moi Rutile… dit Goshénite d’un ton un peu inquiet en fixant les énormes morceaux jaunes qui ornaient les flèches.
- Oui ? alors qu’il raccordait le bras de ce dernière, frémissant, c’était un peu désagréable et surtout très soudain, comme un petit choc électrique.
- Si on retrouve tous ses morceaux, Hélio retrouvera sa forme d’origine ?
- Bien sûr. tout le monde s’était retourné pour l’écouter face à cette bonne nouvelle. Des micro-organismes sont présents en nous sous formes d’inclusions. Même si nous tombons en miettes, il suffit de quelques fragments pour qu’ils nous ramènent à la vie. il passa une petite brosse couverte de poudre sur Goshénite pour masquer la fêlure qui allait cicatriser. Cette formidable propriété nous est propre. C’est aussi à elle que nous devons... Notre incapacité à renoncer. elle rangea la poudre. J’ai terminé. Tu te sens bien ?
- Oui, merci.
- Au suivant. Ambre, où en es-tu ?
- J’ai presque terminé. Bénitoïte, essaye de…
- J’ARRIVE PAS À CLIGNER DES YEUX ! C’est mon côté droit ou mon côté gauche ? JE FAIS UNE ATTAQUE ! APPELEZ UN MÉDECIN !
- Je suis médecin, idiot. Et si tu étais humain tu serais mort depuis longtemps… Tu n’as pas appliqué assez de colle, Ambre.
- CHARLATAN ! il reçu un coup de marteau derrière la tête, ce qui décolla la partie qu’il avait perdu auparavant.
- Le mal est plus profond, je dois disséquer. s’armant d’un ustensile très tranchant.
- Non ça ira ô grand érudit !
- Alerte ! »
Jade venait d’arriver en trombe, la panique se lisait sur son visage. On entendait de lourds et lents pas se rapprocher de l’infirmerie. Une silhouette large au fond du couloir. C’était le Maître. Cet homme de plus de deux mètres, chauve, au regard sévère, portant une longue toge aux allures de moine.
-« M-Maître… apeuré par l’homme qui venait de s’arrêter devant lui.
- Maître ? il ne répondait pas. Je viens de poser la colle ! Jade fais quelque chose !
- RETRAITE GÉNÉRAAAAALE ! levant le bras pour ordonner le repli tactique.
- Tous aux abriiiis ! tous prirent la fuite.
- Le repli ? C’est ça ta réponse ?! tenant Jade par le col.
- Bénitoïte doit lui faire son rapport ! Évacue, toi aussi ! le poussant vers la sortie.
- Mais…
- Si tu te brises, qui te réparera ?
- Bénitoïte. Tu dois tenir en attendant la fin de l’orage. celui-ci paralysé par la peur, alors que tout le monde se cachait derrières les colonnes qui soutiennent les nombreux étages de l’école.
- D’accord… ESPÈCE D’IMBÉCILE ! le souffle de sa fureur et sa voix très grave le brisèrent en morceaux.
- PARDOOOON ! »
La troupe venue du ciel qui savait mettre en scène leur arrivée avec orchestre et banderoles, armés jusqu’aux dents, n’étaient autres que l’ennemi millénaire principal des gemmes. On les appelait les Séléniens. Soldats dénués de sentiments si ce n’est celui de combattre, ils harcelaient les gemmes depuis déjà plusieurs siècles. À la solde de la déesse de la lune, Séléné, d’où leur nom. On dit qu’elle prend des morceaux de nuage dans le ciel les nuits de pleine lune pour ensuite créer ces espèce de golems inintelligibles et avec pour seul but dans leur existence d’attaquer les êtres faits de pierre précieuse. Une armée quasi-infinie contre une poignée. Les gemmes elles-mêmes ignorent pourquoi la divinité en a autant après eux. Ils pensent que leur existence leur fait offense, des êtres immortels et radieux n’absorbant que la lueur du soleil. À dire vrai, les gemmes ne vouent aucun culte au panthéon olympique, même ils le peuvent, ils ne ressentent pas le besoin d’exprimer une foi envers des dieux. Ils ne sont pas très croyants et encore moins pratiquants.
Une chose est pourtant certaine. Séléné veut les enlever et sa horde céleste essaye à chaque fois de les récolter. Selon le Maître, les Séléniens veulent les remettre à la déesse afin de la satisfaire en lui faisant une offrande et ensuite les utiliser comme parure, comme le ferait des humains. Ils s’en servent également comme armes diverses et variées pour surprendre les gemmes avec des subterfuges plus avancés. Des pointes de flèches plus solides, des hameçons, des harpons et biens d’autres, certaines gemmes plus fragiles pouvant facilement se briser au contact d’une autre pierre précieuse.
C’est aussi pour cette raison que Fygàs est leur repaire. Les propriétés étranges de cette île permettent d’échapper pendant un temps aux Séléniens et aussi aux humains qui voudraient imiter la cupide divinité lunaire. Cette fois-ci ils avaient de la chance, les altercations ne se passaient pas toujours aussi bien. Héliodore n’était pas le seul à avoir été enlevé. En un siècle, ils avaient déjà réussi à enlever quatorze gemmes et seulement quelques morceaux en avaient été repris. Pas assez pour les faire revenir à la vie malheureusement. Un fait que le Maître ne pouvait ignorer. Il les considérait comme ses propres enfants et chaque disparition l’attristait. Ils étaient peut-être immortels mais lorsqu’ils se faisaient kidnappés, c’était comme si ils avaient disparus pour toujours.
Or, ils ne perdront pas espoir. Jamais.
Nuit
Les jours se succédaient et se ressemblaient à peu près tous. C’était tranquille et l’hiver était particulièrement clément cette année. Cette saison étant pauvre en lumière, les gemmes hibernent donc une fois par an. Si la pluie venait, c’était pareillement très calme car les Séléniens n’apparaissaient pas lors des averses, les gemmes ignoraient pourquoi. C’était pourtant le moment idéal, y compris la nuit. Les gemmes se nourrissant de lumière à travers les inclusions qui les parcourent, il leur fallait de la lumière, ou les méduses dont elles se servent comme lampes pour éclairer le bâtiment pour ceux qui veillaient tard le soir.
Le Maître donnait cours aujourd’hui. Il expliquait la conception du monde, la naissance et les origines d’une gemme et parlait aussi des humains. Lors de confrontations titanesques entre dieux et créatures monstrueuses qui régissaient la planète, les premiers hommes se furent exterminés, consumés par les carnages démesurés dignes de chutes météoriques. Brisés, dans ce scénario de fin du monde. La vie trouva refuge dans les océans. Sur le rivages devenu stérile, de nouvelles créatures virent le jour. Celles qui avaient tardé à s’enfuir furent englouties par les eaux et dévorés par des créatures microscopiques. Puis se réincarnèrent en minéraux. Au bout d’une éternité, ces minéraux s’assemblèrent pour former des cristaux qui furent ramenés sur le rivage. Ces êtres, ce sont les gemmes.
À l’extrémité d’une des branche de l’île, se trouve un lieu qu’ils ont baptisés la plage de la création. Sur le sable, une immense masse rocheuse en forme de pointe règne sur les alentours. C’est là que naissent les gemmes. Après, un long cycle naturel. Un amas de gemmes peut en sortir et prendre vie. Elle a sa propre personnalité, son apparence, ses caractéristiques. Le plus souvent, des gemmes issues de la même pierre ont le même tempérament comme c’est le cas pour Améthyste, deux nés par intervalle, pourtant on pourrait croire qu’ils sont jumeaux. Mais si l’être est incomplet ou si son cœur n’est pas assez fort, ce n’est rien de plus qu’un amas de pierres précieuses inanimées.
On y voit de temps en temps Rutile ramasser des pierres afin de faire revenir Padparadscha, son ancien partenaire qui est aujourd’hui criblé de trous. Rutile les taille et espère que les inclusions aiment leur nouvel habitat. Il lui arrive de se réveiller, mais ça ne dure pas pour toujours malheureusement, comme si soudainement il y avait un rejet. Alors Rutile réessaye, jusqu’au retour de son ami.
Une nuit, Jade et son comparse Euclase s’occupaient de la paperasse avec Alexandrite, un obsédé des Séléniens. Il ne peut pas les voir sous peine de tomber dans les pommes d’excitation. Il a rédigé un bestiaire complet de tout les types de Séléniens que la colonie avait rencontrée, des simples aux plus complexes. Soudain, Bort entra dans la pièce pour jeter un coup d’œil, visiblement en colère, comme toujours, pour repartir d’emblée. Euclase le rattrapa pour lui demander ce qui n’allait pas et le confrère et meilleur ami de Bort n’était malheureusement pas rentré. Morganite non plus d’ailleurs, le coéquipier habituel de Goshénite. Ils étaient partis en duo de jour surveiller le nord de l’île. Jade et Euclade réveillèrent Goshénite et allèrent tous ensemble accompagnés de Bort en pleine nuit.
Habituellement, les ronde de nocturnes étaient réservées à Cinabre. C’était une gemme très tendre aussi puissante que solitaire. Sécrétant un venin de mercure en grande quantité, elle avait choisie de vivre loin de l’école afin de ne blesser personne, ce venin pouvant abîmer les autres gemmes, sa chambre en étant couvert, comme si il avait des crises. Malgré sa gentillesse, il se sentait très seul, se montrant toujours très distant avec ses congénères mais n’allant pas refuser de les aider. Le mercure gravitant autour de lui absorbait la lumière de la lune et lui permettait de rester éveillé toute la nuit. Si c’est un ennemi en revanche, il se retrouvera submergé par le poison qu’il produit dans une quantité affolante. On peut des fois le voir luire dans les ténèbres au loin en espérant repousser les Séléniens. Mais ces derniers ne sont jamais venus.
En allant vers le nord, la troupe et Bort qui courrait aussi vite qu’il le pouvait, virent une lueur éclatante sur le chemin de la falaise, une lumière arc-en-ciel. C’était Diamant, le camarade de Bort. Il s’était endormi dans les herbes, visiblement éreinté, ses vêtements abîmés par des signes de lutte.
« P-pardon Bort, je n’ai pas pu… exténué et manifestement désolé.
- QUOI ?! Qu’est-ce qu’il s’est passé encore ?! il soulevait Diamant par le bras. Tu as encore utilisé cette technique bizarre. l’avant-bras de la pierre scintillante se détacha et tomba lourdement sur le sol. Pourquoi tu n’es pas rentré plus tôt ? Qu’est-ce qu’il s’est passé bon sang ?!
- Où… Où est Morganite, Dia ? S’il te plaît répond moi… fortement inquiet par le déroulement des événements et surtout l’absence de son ami.
- Sur la falaise… Des ombres… il tomba de fatigue et Bort le donna à Jade qui était capable de le soulever.
- Retourne prévenir le Maître, si ça dégénère, nous reviendrons et nous sonnerons la cloche. Euclase, Goshénite, avec moi.
- En-entendu. »
Ils filèrent tous vers la falaise septentrionale. Un autre scintillement, rouge cette fois-ci. Morganite était genoux à terre, accablé par d’étranges assaillants. Ils n’avaient pas vus de choses similaires sur cette île avant. Des espèces de petits hommes griffus croisés avec des fourmis, deux yeux jaunes comme des lanternes. Fourmillant dans tout les sens. Morganite avait perdu ses bras et tenait son sabre entre ses dents en esquivant les assauts prévisibles de ses agresseurs, une lenteur comblée par leur nombre.
« MORGA ! »
Goshénite prise d’un élan de courage, chargea vers ceux qui attaquaient son ami et les trancha net. Ils disparurent en une poussière noirâtre. Bort l’imita également décrivant un ballet de lames dansantes dans la nuitée de ses frappes précises et mortelles. Il en venait d’autres. Ils apparaissaient au sol tel des ombres qui prenaient vie. Ils étaient à l’opposé total des Séléniens. Primaires, inesthétiques et aussi voraces et obstiné que des bêtes en chasse. Bort était un combattant aguerri et à la vue d’un nouvel ennemi à affronter, rien ne la galvanisait plus que de swinguer sa lame envers eux. Goshénite savait se battre mais il était animé par le fait de protégé son compagnon blessé, prêt à le soutenir et l’aider.
Les ombres se ruèrent sur eux qui formaient un cercle autour de la gemme hors-combat. Les bêtes noires se firent radicalement exécuté sous les coups des longs sabres des gemmes. Mais une chose les firent déchanter. La lame de leurs sabre se vit parcourir d’une lueur violette lugubre. Qu’importe, il fallait continuer jusqu’à l’arrivée du Maître, ils étaient pris au piège encerclés par toutes ces bestioles.
« Décidément, vous n’arrêtez pas de vous attirer des ennuis… Ne bougez pas. »
Ils reconnaissaient cette voix et s’exécutèrent sans réfléchir. Une pluie cuivrée vint s’abattre sur les créatures nébuleuses tout autour du groupe, ils se firent emportés par la vague opaque avant de finir par disparaître compressés ou empoisonnés. C’était Cinabre. Formant une énorme sphère avec le mercure qu’il exsudait, il transperçait, écrasait et submergeait les mystérieuses créatures. Les gemmes furent soulagées. Cinabre était contrarié, plus que d’habitude.
« Qu’est-ce que vous faites tout les quatre dehors à cette heure-ci ? Vous êtes stupides ou vous voulez vous faire enlever par les Séléniens ? disait Cinabre d’un ton agressif et méprisant.
- Pas la peine de… Goshénite avant de se faire interrompre par Bort.
- On s’en va. de sa voix froide.
- Mais…
- J’ai dit, on s’en va. dit-il en face de la gemme incolore, sèchement et brutalement.
- M-merci Cinabre… timidement avant de partir avec les autres, s’éloignant de leur maussade sauveur. »
Au dispensaire, Rutile s’attelait à réparer Morganite qui était dévasté. Tout ceux qui étaient encore debout étaient là, y compris le Maître qui voulait écouter les explications de Diamant et de Morganite pour ne pas être rentrés plus tôt. Il ne manquait que Cinabre, évidemment. Les deux êtres lumineux s’étaient fait surprendre au crépuscule par ces entités étrangères jusqu’à lors. Ils étaient déjà fatigués lors de leur altercation et Diamant n’avait plus la force de retourner avertir les autres après une première échauffourée. Il s’était écroulé affaibli à mi-chemin. Heureusement que Bort s’en était rendu compte, sinon le pire était à imaginer. Les Séléniens avaient pour habitude d’essayer de les enlever, or ces dissemblables individus ne semblaient vouloir qu’une chose : les tuer. Le Maître lui-même n’en savait rien et ignorait tout de ce nouvel ennemi. Un détail frappa soudainement Rutile.
« M-Maître… surpris et anxieux. Je peux recoller les bras de Morganite mais regardez ce dépôt sur ses bras. une matière noire vrombissait à l’intérieur des membres de la gemme comme de l’encre dans de l’eau. Je peux essayer de les raboter comme je le ferais pour la substance qui suinte de Cinabre, mais je ne promets rien.
- Essaye Rutile. Cela dit, ça ne me dit rien qui vaille. Ces monstres des ombres ont l’air beaucoup plus agressifs que les Séléniens. Malgré mon grand âge, je n’ai rien vu de pareil auparavant. Et le contact avec ces créatures semble détériorer votre éclat. dit-il tout en caressant la clarté corrompue d’une de ses précieuses gemmes.
- Est-ce que… Je vous ai déçu maître ? disait tristement Morganite n’osant plus regarder son mentor en face.
- Non. il posa sa main sur le front de la pierre écarlate, la rassurant. Tu as sauvé ton ami et nous tous ici par ton acte héroïque. Diamant aussi. Mais ton courage t’a mis en danger et je ne veux plus que ça se reproduise. Je vous interdit formellement de vous approcher de ces êtres sombres voulant nous nuire. Jusqu’à nouvel ordre. Si ils venaient à réapparaître, je vous mande de fuir directement. Je m’en chargerais moi-même la prochaine fois, afin d’établir la vraie nature de leurs intentions et ce qu’ils sont exactement.
- D’accord Maître, je vous le promets. il souriait à nouveau. On aurait dit des petits humains, quoique mignons, ils bougeaient de façon saccadée, pareil à des insectes. C’était assez dégoûtant. Ils se jettent sur nous pour nous lacérer et nous empêcher de bouger, et rien d’autre. J’avais perdu mes bras, mais ça n’avait pas l’air de les intéresser.
- Voilà, j’ai poli les parties affectées. il encastra doucement les bras de Morganite qui ronchonnait un peu. Cette espèce de maladie est dans ces petits morceaux. fixant les morceaux découpés devenus aussi noirs que les cheveux de Bort, mais d’une couleur plus lugubre. Est-ce que tu te souviens toujours de nous ?
- Bien sûr, charlatan.
- On ne peut plus rien pour lui, autant étudier son corps pour la science. pointant un scalpel entre ses deux yeux.
- Je vais bien ! Je vais bien ! Merci ô grande Rutile ! Le plus savant d’entre nous !
- Il y a une autre personne qui voudrait te voir. Goshénite attendait, tracassé, un peu plus loin. Morganite la rejoignit.
- Si j’avais été là, tu n’aurais pas…
- Hey ! collant ses mains sur les épaules de son ami. Regarde je pète la forme. Et puis tu sous-estimes Dia, il m’a bien défendu et c’était très instructif de combattre aux côtés d’un des membre du duo de diamant.
- Mais, ça va aller ?
- Bien sûr ! Dés demain on retourne ensemble et on va aider les autres. Ceux qui sont ici et ceux qui sont là-haut. Ok ma petite Goshé ?
- D’accord. »
Dernière édition par Goshénite le Ven 24 Jan 2020 - 3:59, édité 1 fois