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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Il y a toujours un chemin

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Si on y réfléchit bien, la vie n’est rien de plus qu’une série d’épreuves. Par exemple, se lever le matin peut devenir une tâche insurmontable et surtout quand c’est le lendemain de la veille. Enfin, pourquoi est-ce que j’parle de ça ? En ce jour, il faut rester honnête et oser dire ce genre de chose ! Quand l’on reçoit une lettre d’une personne et qui vous invite à la rejoindre à un endroit, cette dernière personne devrait songer à faire attention au lieu de rendez-vous !

Oui, monsieur. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous dans un manoir au sommet d’une montagne et il y a un truc qui cloche dans cette histoire. Il s’agit des centaines de marches qui se dressent devant moi !

Alors, le p’tit gars du vaisseau Shin’ra qui ricane en m’déposant dans ce monde, j’viens d’avoir un éclair de jugeote en comprenant pourquoi il y a eu un sourire sur ses lèvres ! C’est moi qui vous l’dit, il va y avoir des réclamations. Par contre, j’hésite entre me plaindre à l’auteur de la lettre ou à la compagnie de transport. D’ailleurs, il y a de forte chance à ce que ça se passe une fois que la volée de marches sera vaincue par mes pas. Si les dieux décident seulement de me faire réussir cette épreuve.

Bref, pourquoi est-ce que j’parle de ça ? En soit, j’suis content d’avoir parcouru la lettre à tel point que j’ai fait un signe aux filles du cabaret pour ensuite préparer mon balluchon. Rien que l’nécessaire. Deux chopes propres, un tonnelet de bière, une baguette, du beurre, le fromage qui va avec et une petite salade composée par les nymphes. Il n’y a besoin de rien de plus ! C’est c’que j’me suis dit, c’est alors que j’me rends compte qu’une petite laine ne serait pas de trop. D’autres provision aussi, j’ignore encore combien de temps j’vais rester ici.

V’là un truc qui n’était pas précisé dans la lettre.

Donc, on s’pose la question de savoir ce qui va s’passer maintenant. Déjà, j’pose mon pied sur la première marche et il y a déjà un souffle qui traverse ma gueule. L’histoire promet d’être longue.

La tête vers les nuages et cinq étages de marche plus tard, j’peux voir ma destination et c’est foutrement classe. Là, il n’est pas loin d’être midi et l’soleil est déjà bien haut. Pourtant, il y a les pointes des tours d’un manoir qui transpercent les cieux de toute leur splendeur en me donnant le courage nécessaire à entreprendre une nouvelle escalade. D’abord, j’vais rester une dizaine de minutes à ce palier avant de recommencer. Pas que je sois fatigué ! Non, non… Disons que j’me réserve pour la suite !

Ouais, c’est ça l’délire dans l’histoire. Aqua m’a envoyé cette lettre afin d’la rejoindre au manoir pour commencer mon entraînement ! De quoi est-ce qu’il va s’agir ? Aucune idée. Moi, j’ai dit que être d’accord pour devenir son élève sans même savoir c’que j’vais devoir faire. Autrement vous dire que j’suis le roi des abrutis et le pire des artisans de l’histoire du Consulat. Ambassadeur et même pas foutu de lire les petites lignes en bas du contrat.

Et si elle vient à m’raconter que j’ai pour épreuve de grimper la volée de marches tous les matins, j’peux vous jurer que ma position va être révisée ! Bon, c’est extrême comme pensée, sauf que j’suis pas encore assez endurant pour m’taper le même chemin chaque jour. Elle doit être assez sympa pour ne pas m’forcer à faire l’truc chaque matin. Enfin, dans un sens, moi et elle ne nous connaissons pas tant que ça. Finalement, ce n’est peut-être pas très malin de la rejoindre ici, il peut s’agir d’un piège ou encore pire !

Attends, j’suis pas en train d’me faire un film pas possible. Dans le pire des cas, j’me mets en boule et j’tape le nouveau record de descente dans ce monde.

Si cela arrive, j’crois que j’vais avoir droit au plus beau sermon du patron et une bonne raison pour ne plus sortir des terres du Consulat avant un bon moment. Enfin, j’ai pas envie de croire en cela. Elle a quand même combattu et vaincu le sans-coeur au Jardin Radieux, ça ne peut pas être une mauvaise personne. Bref, moi, j’ai enfin terminé mon ascension et v’là que j’peux observer le manoir de mes yeux et ça a vraiment de la gueule. Mes pattes sur les hanches, j’me courbe dans un craquement avant de m’approcher de la porte et poser une grosse patte sur celle-ci. Donc, qu’est-ce que j’vais apprendre aujourd’hui ? Un peu plus sur Aqua, ce ne serait déjà pas trop mal.

Il y a quelqu’un…?! J’me suis pas trompé dans l’heure ou dans la saison, j’espère…
Mince, j’suis vraiment suspicieux pour le moment. Ça n’me ressemble pas, peut-être que c’est à cause de l’âge.


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Ses paupières closes se soulevèrent instantanément pour laisser apparaître l'océan de son regard lorsqu'elle entendit la lourde porte du manoir s'ouvrir. Un sourire réjoui se dessina au coin de ses lèvres. Il était arrivé ! Cela faisait plusieurs heures qu'elle l'attendait ainsi, agenouillée dans la salle des trônes face à la Keyblade de son Maître toujours plantée dans le sol, là où elle l'avait laissée quelques années plus tôt... Les yeux fermés, Aqua avait entrepris de méditer, de vider son esprit afin de faire passer le temps et de se préparer à cette nouvelle entrevue. Elle avait essayé de se concentrer sur la douce chaleur des rayons de soleil filtrant au travers des vitraux, sur la manière dont ils venaient agréablement caresser son visage encore légèrement tuméfié suite à sa dernière mission. Elle avait essayé de ne ressentir que le doux réconfort d'être de retour chez elle, dans ce manoir si familier et apaisant. De l'extérieur, la Maîtresse de la Keyblade ne semblait être qu'un havre de paix et de sérénité.

Intérieurement toutefois, les choses étaient bien différentes. Aqua aspirait au calme mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un fond de nervosité et d'impatience. Puisqu'elle était dispensée de missions pour la Lumière pendant quelques temps à cause de ses blessures - l'infirmière lui avait très clairement intimé de ne pas les aggraver – elle avait pensé qu'il s'agissait du meilleur moment pour débuter la formation de Chen. Ainsi, ils auraient un peu de temps. Mais maintenant qu'elle lui avait envoyé cette lettre et qu'elle s'était rendue au rendez-vous qu'elle lui avait fixé, la jeune femme était aussi pressée de commencer qu'en proie aux doutes.

Une belle aventure allait commencer, mais serait-elle à la hauteur ? Un Maître de la Keyblade se devait de protéger les mondes, et elle s'évertuait de le faire, mais surtout il devait transmettre son savoir à de nouveaux porteurs... Était-elle prête ? Et si elle se révélait être un mauvais professeur ? La jeune femme s'inquiétait à cette idée. On ne lui avait jamais appris à enseigner, et il lui semblait maintenant que cela lui faisait cruellement défaut. Comment allait-elle faire ? Mentalement, Aqua plongeait dans ses souvenirs, retournant jusqu'à sa plus tendre enfance pour se remémorer les leçons de Maître Eraqus, essayant d'y trouver la voie à suivre. Et lorsqu'elle parvint enfin à mettre le doigt dessus, Aqua eut un sourire nostalgique. Finalement, ce qui avait toujours guidé l'enseignement de leur père adoptif, c'était avant toute chose l'amour qu'il leur portait. La Maîtresse de la Keyblade se sentit rassurée alors que la réponse lui apparaissait désormais comme une évidence : elle n'aurait qu'à suivre son cœur comme elle le faisait habituellement. Le temps s'écoula lentement, suspendu, et plus il passait, plus un nouveau doute venait obscurcir ses pensées... Elle n'avait pas eu de réponse à sa lettre. Et si Chen ne venait pas ? Elle se souvenait de l'hésitation qu'il avait eu lorsqu'elle lui avait proposé de lui apprendre à manier la Keyblade. Et s'il avait changé d'avis ?

C'est donc le cœur léger qu'elle se leva en entendant le son de sa voix qui résonnait depuis l'entrée jusque dans la salle des trônes. D'un pas un peu trop pressé pour être tout à fait naturel, trahissant l'excitation qu'elle ressentait, Aqua parcourut la salle pour se diriger jusqu'à la balustrade qui donnait sur le hall. S'appuyant de ses deux mains sur la rambarde, elle se pencha vivement pour regarder en contrebas et eut un nouveau sourire en le voyant. Il était bel et bien là, un simple baluchon sur l'épaule et un air un peu perdu sur le visage. « Chen ! » l'appela-t-elle d'une voix enjouée pour signaler sa présence. Lorsqu'il leva la tête dans sa direction elle lui fit un petit signe de la main, le sourire toujours rivé aux lèvres. Il avait l'air en meilleure forme que lorsqu'elle l'avait rencontré au Jardin Radieux, en tout cas son bras ne portait plus d'attelle. Promptement, la Maîtresse de la Keyblade s'engagea dans l'escalier qui descendait vers l'entrée, essayant de modérer son allure pour ne pas l'effrayer de son enthousiasme.

Elle s'arrêta dans les dernières marches, attendant qu'il la rejoigne sous un regard bienveillant et un léger sourire. Lorsqu'il fut enfin proche d'elle, la jeune femme écarta les bras aussi bien pour l'accueillir que pour embrasser d'un geste le hall du manoir. « Bienvenue à la Contrée du Départ ! » lança-t-elle d'une voix joviale qui ne cachait aucunement son exaltation. C'est alors qu'elle réalisa que ses doutes n'avaient pas lieu d'être. Elle était l'un des derniers Maîtres, l'une des seules à pouvoir transmettre les anciens savoirs de l'Ordre. Il y avait tant de choses qu'elle pouvait lui apprendre ! A commencer par l'histoire de cet endroit. Si elle l'avait fait venir jusqu'ici c'était parce que ce lieu leur permettait d'être en terrain neutre, aussi éloigné de la Lumière que du Consulat, et surtout car « Depuis des générations, ce monde est la terre sacrée des porteurs de la Keyblade. Tu peux donc considérer que c'est également chez toi ! »

Mais pour combien de temps encore ? Même si elle ne s'y rendait que rarement Aqua gardait toujours un œil sur la Contrée du Départ, et ce qu'elle y avait observé récemment ne lui plaisait pas. L'entrée du manoir avait été réparée, apparemment par des hommes de la Shin-Ra si elle en croyait un article paru dans L'Éclaireur. Elle ignorait quel pouvait être leur but mais ne pouvait s'empêcher de repenser à l'avertissement de son mentor lorsqu'il l'avait élevée au rang de Maître. Certaines personnes risquaient de convoiter ces terres... Et si tel était le cas, elle devrait verrouiller ce monde pour le rendre inaccessible. La perspective de faire de nouveau disparaître son foyer pour laisser place au Manoir Oblivion ne l'enchantait pas, elle espérait donc ne pas avoir à en arriver là... Mais Aqua savait qu'elle devrait s'y résoudre si elle y était contrainte. Cette terre ne pouvait tomber entre d'autres mains. De tout temps il y avait eu parmi les Maîtres de la Keyblade un héritier chargé de veiller sur la Contrée du Départ, et cette mission lui incombait désormais, même si elle ne pouvait se permettre d'y vivre constamment.

Elle chassa cette pensée de son esprit. C'était un problème du futur et elle ne souhaitait pas s'y accrocher aux dépens de l'instant présent. Et puis, il y avait peut-être une autre solution moins radicale. Son visage devenu sérieux l'espace de quelques secondes se radoucit en regardant Chen. Maintenant qu'il était là, elle passerait sûrement beaucoup plus de temps dans ce monde. Le manoir allait enfin retrouver un peu de vie après toutes ces années !

« As-tu fait bon voyage ? » lui demanda-t-elle finalement d'une voix claire et chaleureuse. Mais à voir son état d’essoufflement, elle devinait la réponse ! Monter les quelques milliers de marches qui menaient jusqu'ici était toujours éprouvant. Elle nota mentalement de faire une priorité de son apprentissage du planeur afin de le ménager.


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:27, édité 1 fois
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Il y avait... des milliers de choses à dire sur cet endroit.

Des commentaires, des pensées faites à la volée. D'ordre général, tout d'abord. L'intensité des couleurs du ciel, de l'herbe puis du manoir. Plus précisément, ensuite. Comme la délicatesse de la lumière, qui changeait au fil de la journée et qui perçait à travers les multiples fenêtres dans un silence absolu. L'air frais se mêlait à la douceur des rayons du soleil dans un endroit qui ne semblait plus habité depuis des années déjà.

Fabrizio ne saurait dire depuis combien de temps cet endroit n'avait pas reçu de visiteur. Il y avait comme une sensation de paradis perdu, de place ensommeillée, comme oubliée des événements et des mondes. Peu de personnes débarquaient sur ce monde comme il avait pu en juger en arrivant lui-même, tôt dans la matinée. Mais encore moins de personnes se dirigeaient vers cet endroit précis, celui où il se trouvait maintenant. Personne, pour ainsi dire.

Personne n'y vivait sur le long terme, c'était probablement la première chose qu'il allait écrire sur son rapport en rentrant, d'ailleurs. Mais quelque chose l'intriguait, et il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Non, il n'y avait personne. Pas de mercenaire, pas d'installations neuves – ou qui semblaient plus récentes que le lieu. Pas ou peu de poussière, que ce soit sur les meubles, sur le sol et dans l'air. Qu'y avait-il avec ce lieu, qui le rende à la fois si accueillant et si distant à la fois ?

Ses sens étaient comme endormis. Il n'avait compris que trop tard qu'ils avaient étés nimbés d'une fausse sérénité tout du long, alors qu'il n'avait vu personne et entendu aucun bruit. Avant d'entrer dans le manoir, il avait bien entendu utilisé un sonar, de manière à toujours s'assurer qu'il ne verrait personne débarquer au coin d'un mur. Mais, de minute en minute et d'heure en heure, il n'avait vu personne et avait laissé la confiance le gagner. Il s'était arrêté dans quelques salles, longuement observé. Évitant soigneusement le centre du manoir, longeant les murs du côté intérieur afin que personne ne puisse le voir depuis l'extérieur. Aucun risque, c'était bel et bien le mot d'ordre qu'il s'était donné. Quitte à avoir l'air parfaitement ridicule. Il n'avait touché à rien ; bien que l'endroit était vide il y avait en effet quelques affaires éparses dans des salles. Un livre laissé entrouvert comme un arrêt dans le temps. Une chaise quelque peu décalée, une porte laissée ouverte..

Fabrizio n'avait rien laissé au hasard, mais il n'y avait que bien peu de choses à laisser en somme. Peu de choses à voir mis à part les restes d'un monde qui étais désormais vide. Avec une porte flambant neuve tout juste réparée, ce qui ne laissait que peu de choses dans l'ombre quant aux jours à venir.

D'une mission de recherche, il était passé en simple observation alors qu'il s'était surpris à se remémorer son dernière – et unique passage dans ce monde tout en restant de longs moments das une salle remplie d'étagères couvertes de livres. Il venait alors d'apparaître et il n'y était pas resté bien longtemps, profitant du passage d'un vaisseau de fret comme le voleur qu'il était. Quelques sans-cœur avait, à l'époque, essayé de le bouffer. Mais aujourd'hui, il n'y avait rien de plus que des rumeurs déjà datées quant à des attaques, du soleil..

Il n'y avait rien pour lui, à l'intérieur de ces livres, mais il s'échinait tout de même dans un but de compréhension tout à fait louable. Louable s'il eut été quelque chose d'autre qu'un soldat dont le principal atout résidait en une capacité de raisonnement qui excellait à la mise en place d'idées stupides. L'abattage de sans-cœur était aussi un de ses points forts, c'était à noter. Il aimait à penser que cette fierté n'était pas mal placée. La compréhension écrite de vieux textes qui semblaient traiter d'histoire concernant ce monde ne comptait pas parmi ses domaines d'expertise. La découverte d'un seul et unique livre – qui semblait égaré au milieu d'une collection différente, traitant de symboles et de leurs significations le captiva un moment. D'une part, par son incongru rangement ; y avait-il d'autres bibliothèques dans ce manoir, où ce livre serait plus à sa place ? Mais où avait-il vu ces symboles ? Il était sûr d'en avoir déjà vu deux d'entre eux, mais il avait vu énormément de mondes déjà et ils se mélangeaient tous dans sa mémoire.

Page après page, ses interrogations demeuraient jusqu'à ce que les lignes ne signifièrent plus rien pour lui en l'espace d'un fragment de seconde.

Quelqu'un.

Quelqu'un qu'il ne remarqua pas grâce à une quelconque capacité magique. Mais simplement parce qu'il l'entendit. Très vite, l'évidence lui sauta à la figure ; elle parlait, n'était-elle donc pas seule ? Son écho l'avait portée jusqu'à lui ; depuis le couloir jusqu'à la porte. Il ferma le livre, hésita un court instant puis choisit de ne pas prendre de risque en le reposant bien à sa place qui n'était pas la sienne. Cette voix semblait féminine, donc, elle, grossièrement jugé certes, mais c'était au débotté. Était-elle seule ?

La réponse lui semblait claire. Elle ne se parlait pas à elle-même !

Un dernier éclat de voix lui permit de mieux en situer sa source. Le centre du manoir, vers l'entrée.

La configuration des lieux ne lui étant pas familière, il resta sur ses gardes. Il n'avait pas son armure mais il était armé, encore loin d'une stupidité qui lui fasse se dire que ne pas avoir de poignard a la ceinture était une bonne idée dans un monde inconnu. Il se rapprocha de la voix ; vers le centre du manoir, donc, ce dernier même qu'il cherchait à éviter. Et il avait bien fait.

Une jeune femme, il avait bien raison. De dos, elle ne lui disait rien. De loin comme il était, moins encore. Ses cheveux étaient d'une couleur tout à fait particulière. Ses vêtements, d'origine inconnue. Il ne savait si elle venait d'ici où d'un autre monde. Sa posture était pleine d'assurance.

Lui, en revanche, n'avait pas attendu qu'elle bouge pour s'en retourner dans le couloir d'où il venait. Il ne suffisait que d'une chose pour qu'il soit foutu. Oh, peut-être bien deux ; plus le temps avançait, plus les raisons filaient dans son esprit. Elle, ou la personne qu'elle appelait d'ailleurs, pouvait être un mage qui pouvait déceler sa présence. Un mage de la Coalition Noire, pourquoi pas ? Une mercenaire ? Probablement, tout était possible.

Mais voilà qu'il était désormais au but même de sa mission.
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Ah ! C’est pas un piège. En tout cas, ça en a pas l’air, elle est comme la fois devant la fontaine. Le moment où c’était encore bien, avant que sans-coeur transforme la fontaine en portail vers le Domaine des Ténèbres et l’apparition d’un sans-coeur fou. Me v’là rassurer ! Hop, j’pose le balluchon et j’remercie madame.

J’admets, l’endroit est sympa ! Belle entrée, belles portes, ça m’dépayse pas trop d’la maison. Par contre, les marches à l’entrée, il va bien falloir faire quelque chose… Par exemple, un téléphérique ?
Est-ce qu’elle a remarqué que j’suis en nage ? Parce que là, j’dois bien avouer que ça n’doit pas sentir la rose autour de moi. L’problème avec la fourrure, c’est que tout est conservé ! Alors, c’est bien pratique en hiver quand il fait un peu froid. Sauf que l’été avec un soleil de plomb ou à Agrabah, ce n’est pas l’moment le plus agréable de la vie.

Pourquoi est-ce que j’parle de ça ? Bref, v’là que j’suis là devant l’grand patron et que les choses vont vraiment commencer.

C’est ici que des générations de porteur de la Keyblade se sont entraîné ! Ils doivent avoir fait des trucs incroyables, des entraînements de dingue ou même avoir appris des choses incroyables. Là, j’pense qu’il doit y avoir des bibliothèques remplies d’un savoir ancestral ! À moins que ce soit comme chez moi, l’enseignement ce fait par voix orale et c’est transmis depuis des années. Ça voudrait dire qu’Aqua est à elle seule un véritable puit de science. Peut-être même qu’elle est capable d’me dire comment j’ai fait pour hériter d’une Keyblade, parce que bon, j’sais toujours pas comment elle a atterri ici. Depuis mes nombreux hivers, elle est quand même arrivé sans que j’demande rien.

Ouah, j’ai mille questions à lui poser. Bon, nous n’avons pas encore commencé à faire cours. Du coup, j’dois attendre. Il y a une salle de classe avec un tableau et une série de bureaux ? L’endroit semble gigantesque, j’vais avoir droit à une visite avant que tout ne commence.

Par contre, il y a quand même une odeur qui m’dérange dans l’air. Ici, j’ai pas trop fait attention ! Sauf que maintenant, j’ai vraiment l’bout de ma truffe qui m’démange. En plus, j’ai déjà eu cette odeur. Un mélange d’acier, de sueur et de purin ? Mince, v’là que j’brise le contact visuel avec mon maître pour fixer le couloir un peu plus loin. Pourtant, j’suis persuadé d’connaître c’truc. C’était où ? Bref, concentration et j’vais lui dire c’qui me trotte dans la tête !

C’est normal, l’odeur ?!
Bon, ce n’est pas ça que j’voulais dire à la base. Il y a de vrai question.

Hum… J’critique pas ! Mais là, il y a une drôle d’odeur de ce côté du manoir et j’me demande s’il y a une écurie. C’est… Une vraie question… Enfin, j’en ai beaucoup ! Là, du genre c’que j’peux faire avec une Keyblade… Sauf que l’odeur m’intrigue vraiment… C’est normal…?
Bon rattrapage avec l’écurie, il doit bien y avoir ça dans un manoir comme ça ! Et puis, outre le truc super classe qu’elle m’a montré la dernière fois, ils doivent bien se déplacer. Elle est seule ici, aussi ?


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« Pardon ? » lâcha spontanément Aqua sans même essayer de dissimuler la surprise contenue dans sa voix.

Complètement désarmée par le constat du panda, elle pencha légèrement la tête sur le côté de manière perplexe, les sourcils arqués au dessus de ses yeux arrondis par la stupéfaction, les lèvres légèrement entrouvertes témoignant de son incompréhension. Avait-elle bien entendu ? La jeune femme s'était attendue à ce que Chen ait de nombreuses interrogations concernant la Keyblade ou cet endroit, et elle avait prévu de répondre du mieux qu'elle le pourrait à ses questions... Mais elle n'avait certainement pas envisagé celle-là ! De quoi diable pouvait-il bien parler ? Essayant de reprendre une certaine contenance, elle renifla l'air à son tour avec insistance pour tenter d'y déceler l'odeur qu'il avait évoqué... Mais il n'y avait rien qu'elle ne puisse sentir. A part, peut-être, une vague odeur de renfermé qui ne la gênait pas outre-mesure. Après tout le manoir était fermé depuis bien longtemps. Cependant, un doute commençait à l'envahir. Ce n'était tout de même pas elle qui... ? A cette idée ses joues s’empourprèrent, trahissant sa gêne.

« Euh. Non, non. » fit-elle en secouant vivement les mains dans sa direction de manière embarrassée. « Il n'y a pas d'écurie ici ! »

Mais cela n'avait pas l'air de le convaincre à voir l'expression qu'il arborait. Aqua tripota nerveusement une mèche de ses cheveux bleus alors qu'un silence malaisant commençait à planer au dessus de leurs têtes. Belle première approche d'une relation de maître à élève... Voilà qui allait certainement la rendre parfaitement crédible à ses yeux ! Elle se sentit subitement le besoin urgent et vital d'aller s'enterrer quelque part avant de mourir de honte. Et de ne plus reparaître pendant un certain nombre d'années, le temps que cette histoire soit oubliée. Elle commençait à envisager sérieusement cette option quand soudain...

La Maîtresse de la Keyblade s'immobilisa. Son visage était redevenu sérieux et concentré, son regard était perdu dans le vague comme si elle fixait un point lointain. Elle venait de percevoir quelque chose. Une présence. Ils n'étaient donc pas seuls dans le manoir. Aqua ferma les yeux, essayant de la localiser plus précisément. Lorsqu'elle les rouvrit, elle tourna lentement la tête vers le sommet de l'escalier. Cela venait de l'étage, exactement dans la direction que Chen lui avait indiquée un peu plus tôt. La jeune femme serra les lèvres et fronça les sourcils, habitée par le pressentiment néfaste que les soucis qu'elle réservait pour l'avenir n'allaient pas tarder à se manifester. Qui était cet intrus ? Il pouvait s'agir dans le meilleur des cas d'un simple voyageur égaré. Ou au contraire d'un employé de la Shin-Ra. Ou bien pire. Et surtout, depuis combien de temps était-il là ? Malgré ses longues heures d'attente dans la salle des trônes elle n'avait rien ressenti, mais le manoir était vaste et ses talents de détection ne portaient pas à plus d'une vingtaine de mètres. Enfin, quelles pouvaient être les raisons de sa présence ici... ?

Il lui fallait en avoir le cœur net et lever le voile sur le mystère qui entourait l'étrange activité à la Contrée du Départ. D'un geste de la main elle intima la discrétion à Chen avant de commencer à gravir prudemment et le plus silencieusement possible les marches. Lorsqu'elle fut arrivée en haut, Aqua s'arrêta quelques instants, sondant l'espace pour s'assurer que l'intrus était toujours là. Sa présence lui apparaissait très distinctement désormais, il n'était plus très loin. Le regard de la jeune femme se posa sur la première des portes qui longeait le mur gauche de la salle des trônes. Son intuition était formelle : c'était dans ce couloir que se trouvait leur mystérieux visiteur. D'un pas sec, la Maîtresse de la Keyblade s'avanca vers la porte dans l'idée de l'ouvrir, mais elle se ravisa avant de finalement stopper tout mouvement.

Si elle pouvait sentir sa présence, Aqua ne disposait pas d'assez de clairvoyance pour l'identifier comme un être de lumière ou de ténèbres. En somme elle ignorait tout de la personne qui se cachait derrière cette porte et de ses intentions. Et si elle se montrait hostile ? Foncer tête baissée et faire irruption dans le couloir pour se retrouver face à un agent de la Coalition Noire ne lui semblait pas particulièrement être une bonne idée. Il allait donc lui falloir agir autrement.

« Vous ne souhaitez pas vous joindre à nous ? » lança-t-elle d'une voix suffisamment haute et intelligible pour qu'elle puisse être entendue de l'autre côté de la porte

Le silence se fit de nouveau, pesant de tous le poids de l'attente qu'il impliquait. Il n'y avait eu aucune intonation menaçante dans son invitation, mais quel qu'il soit l'intrus savait désormais que sa présence ne leur avait pas échappé. Aqua sentit les muscles de son corps se tendre doucement. Peut-être allait-il tout simplement sortir de sa cachette, mais elle se tenait prête à se lancer à ses trousses s'il essayait de prendre la fuite.


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:27, édité 2 fois
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Qu'est-ce qu'il avait dit, l'autre là ?!

Tout était sorti de route à partir de là, vraiment. S'il n'y avait pas eu cette remarque aussi fausse que désobligeante, Fabri aurait pu continuer l'observation silencieuse de cette discussion qu'avaient ces deux personnes. Enfin, observation, qu'à moitié. Car s'il avait vu cette jeune femme, de dos seulement, il n'avait pas vu son accusateur. Ça n'avait plus grande importance désormais, alors qu'il s'était déjà rapidement éloigné de ces deux inconnus.

Maintenant, il était probable que sa mission touchait à sa fin. Il ne désirait pas être vu, il ne désirait aucun contact avec ces deux là. Il était là en tant qu'observateur, rien de plus. Qui plus était, et plus important d'ailleurs, il n'avait pas envie que quelqu'un découvre que le Sanctum se baladait dans le coin. Même s'il pouvait tenter de cacher son origine, de cacher ses motivations, il ne savait ps vraiment de quoi ses poursuivants étaient capables. Ils ne venaient pas ici pour partager les nouvelles de la semaine, c'était évident.

Il n'avait pas entendu grand chose de leur conversation, à son grand dam. Il y avait bien eu cette mention de Keyblade, de la part du type d'en bas. Ce qu'il pouvait faire avec ? Et bien vu ce que Roxas faisait avec des keyblades, il était foutu. Deux possesseurs de cette même arme ? Il était évident que s'il posait la question à cette jeune femme, elle devait en savoir encore plus que lui. Il ne pouvait rien savoir de plus, si ce n'était que les pas – probablement de la jeune femme, se dirigeaient dans sa direction. Fabri était retourné dans la pièce qu'il avait quitté quelques instants plus tôt ; il se souvenait d'une fenêtre. Il n'y avait rien de plus simple et il était rompu à ce genre d'exercice. Gardant son calme, il se disait que ce n'était qu'une ballade de santé. S'il faisait attention, personne ne se douterait de rien.

« Vous ne souhaitez pas vous joindre à nous ? »

Il se figea, jurant en silence. Fermant les yeux, il considéra ses options. Tout repéré qu'il était. Nul doute qu'elle ne mettrait pas longtemps à réduire à néant la distance qui les séparait, si d'aventures il songeait à la fuite. Ou le souhaitait-elle vraiment ? Elle pouvait le laisser partir. Peut-être était-il inintéressant ?

Non, sinon elle ne lui aurait accordé aucune attention. Pas qu'il en eut voulu, tout d'abord.

Il se retrouvait comme des années en arrière, à peser le pour et le contre. Avant, il avait essayé de se tirer ; son père l'avait attrapé et lui avait retourné une peignée qui le faisait encore trembler aujourd'hui. L'heure des remontrances qui vint après n'avait aucune échappatoire. Il ne se souvenait plus de la raison. Mais il se souvenait de la voix de son père et de la sensation de se retrouver comme un rocher en plein ouragan. Ses frères l'avaient laissé. Il l'avait mérité.

De tous les moments pour s'en souvenir, c'était maintenant.

Mais n'avait-il pas désormais la capacité de se battre contre ses adversaires ? Peut-être. Elle, d'abord. Puis l'autre, s'il n'était pas monté non plus. Il allait devoir réfléchir, et vite, comme s'il ne le faisait pas depuis tout à l'heure.

Non c'était inutile. Elle l'entendrait. Elle serait plus rapide, peut-être. Ils le seraient.

Mais au de la de ça, il y avait autre chose. Il se demandait pourquoi il n'était pas déjà parti. Lui qui d'ordinaire était si prompt à prendre la fuite. Hm, ce constat avait déjà plusieurs années et il avait fait face à pas mal de choses entre-temps. Mais avait-il envie de fuir ? Cette voix, elle n'était en aucun cas menaçante. Il se retourna, en direction de la porte. Confiance ? Pas vraiment. Caution ? Évidemment.

Il ouvrit la porte. Courage, Etro était avec lui.

« J'ai oublié la bouteille de vin, par contre. Ça va quand même, je peux venir ? »

Il se tenait face à la jeune femme désormais, sans chercher à montrer d'appréhension. Il y avait tant de choses auxquelles penser désormais. Il y avait eu tant de choses à dire, aussi. Son choix avait été stupide, le jugeait-il déjà.
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Oh ! Lui, là, j’le connais. Dieu, j’savais bien avoir déjà senti cette odeur. Alors, pour le purin, j’dois probablement confondre avec la puanteur qui se dégageait du Styx. Parce que bon, s’il m’avait entendu dire qu’il sentait l’fumier, j’pense pas qu’il serait dans l’même état que maintenant.

Et puis bon, l’pinard, ce n’est pas ma tasse de thé.

Du coup, comme j’suis derrière mon maître, je m’avance légèrement et montre ma tête par-dessus l’épaule d’Aqua pour donner mon plus beau sourire au chevalier. Oui, c’qui m’revient en tête, c’est ça cascade à bout de mal en hurlant au mécréant. Aqua a dû directement sentir que c’est un mec bien pour lui proposer de rester, là, j’vais juste conclure l’affaire.

T’inquiètes dont pas, j’ai prévu un p’tit tonnelet de bière pour l’occasion, il y en aura assez pour nous trois !
Oh, le trou. Là, j’fais l’gars familier et tout et j’ai oublié son prénom. L’temps qu’il se retourne pour m’regarder, ainsi qu’Aqua, j’dois trouver une échappatoire. Il disait s’appeler Valeri, comme la secrétaire du patron, venir du Domaine Enchanté et combattre pour les Infinis ou un truc comme ça. Donc, lui, c’est le Sanctum et c’est mon ennemi ! Ah non, ça n’marche pas, Aqua est aussi censée être mon ennemi. Bon, on revient sur les bases, c’est un gars du Sanctum et j’me souviens que son nom rime avec son prénom.

… Fabri…?
Ça devait être ça, sauf que j’le prononce en insistant trois secondes sur la dernière lettre. Avec un peu d’chance, ils ne vont y voir que du feu et j’peux enchaîner sur mes souvenirs sans même avoir l’air stupide. Ou du moins, pas trop. Sur le coup, j’enchaine en tapant l’bout d’mon museau.

Vous voyez, Maître, j’vous disais bien que j’ai senti un truc dans l’manoir ! Bon, sur l’moment, j’pensais pas que ça pouvait être Fabri… Zio. Enfin, c’est un gars bien ! Il était présent sur le Styx, avec moi, un fin acrobate et j’crois n’avoir jamais vue un gars aussi doué à l’épée. Et nous ne nous sommes croiser qu’une après-midi, alors imaginez s’il reste avec nous toute la journée.
Mince, on dirait un vendeur de tapis en fin d’carrière. L’gars qui cherche absolument à balancer le vieux persan qui traîne dans sa boutique depuis trois ans. La différence ici que, l’gars, c’est bien plus qu’un vieux persan. Il ne doit pas valoir autant, d’ailleurs.

Maître Aqua, j’te présente Fabrizio du Sanctum ! Et Fabrizio, j’te présente Maître Aqua d’la Lumière ! Que des gens sympas dans l’domaine des porteurs de la Keyblade, c’est splendide !
Tiens, j’ai la pièce qui vient d’tomber sans que j’la voie venir. Il y a les deux ennemis d’mon groupe qui sont réunis ici, on s’dirait presque dans une mauvaise pièce de théâtre dans l’une des salles de spectacles de la ville. Bon, c’pas un problème, j’pense pas qu’Aqua ou Fabrizio va m’sauter à la gorge pour respecter les décisions des patrons. D’autant que, c’est l’blondinet du Sanctum qui a déclaré la guerre au Consulat et pas l’inverse… Pour une fois !

C’est quoi, la suite…? J’perce le tonnelet maintenant où il y a d’la pratique avant…?


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Aqua porta une main fermée à ses lèvres pour tenter de dissimuler le sourire qu'elle sentait y poindre sans parvenir à le retenir, les yeux brillants d'une étincelle amusée suite à la conclusion de Chen. Décidément, pensa-t-elle, il avait réellement le chic pour détendre l'atmosphère ! Tout comme lorsqu'elle l'avait rencontré au Jardin Radieux. Il n'avait alors suffi que de quelques mots pour que son naturel sympathique ne la mette à l'aise malgré les circonstances et la menace d'être appréhendée par les gardes du Consulat. Sa bonhomie venait encore une fois de faire ses preuves. La pression qu'elle avait pu ressentir s'était atténuée lorsque le nouvel arrivant avait passé la porte derrière laquelle il se cachait, et elle s'était totalement dissipée au fil du discours de son élève. Proposer de régler cela autour d'un verre, cela ressemblait bien à l'idée qu'elle s'était faite de lui ! Mais, même si la proposition était tentante, cela manquait tout de même un peu de sérieux. Du poing qu'elle avait amené au niveau de sa bouche, la Maîtresse de la Keyblade visa son épaule, mais étant donné sa taille imposante il atterrit dans le coude, et lui donna un petit coup dans un rappel à l'ordre plus taquin que sévère. « La théorie avant la pratique. » annonça-t-elle d'une voix rieuse avant de continuer malicieusement « Et j'aimerais autant que tu ais les idées claires pour cette partie. »

Ils n'auraient pas trop du reste de la journée pour qu'elle lui explique les bases, et il lui tardait déjà de commencer. Mais chaque chose en son temps. Pour l'instant, ce qui devait retenir son attention... Son regard glissa vers leur invité surprise. C'était lui. Elle s'attarda un court moment sur son port droit et sa taille svelte avant de remonter jusqu'à son visage juvénile, marqué toutefois par des brûlures témoignant probablement de combats passés, puis elle accrocha ses yeux verts. Elle n'y lisait aucune intention hostile, ce qui la soulageait. Tout comme le fait qu'il soit un membre du Sanctum et donc, par analogie, un allié. Enfin, Chen ne tarissait pas d'éloges sur lui, et elle se fiait à son jugement. Ils se connaissaient, donc ? Il n'y aurait pu y avoir de meilleur dénouement à cette rencontre. Quelle heureuse coïncidence qu'ils se retrouvent ici aujourd'hui ! Mais était-ce vraiment une coïncidence... ? Doucement, Aqua posa sa main droite sur son cœur et inclina respectueusement le buste vers l'avant pour conclure ces présentations « C'est un honneur de vous rencontrer Fabrizio. »

Elle lui adressa un petit sourire, espérant le mettre en confiance. Curieusement, même si leurs groupes étaient alliés, c'était la première fois qu'elle rencontrait un membre du Sanctum. A part Angeal qu'elle avait croisé brièvement lors de la réunion de Port Royal bien sûr, mais il s'en était retiré si précipitamment qu'elle n'avait eu le temps de se forger une opinion définitive sur lui. Tout au plus pouvait-elle avancer qu'il avait l'air d'un homme d'honneur. Du reste elle demeurait bien ignorante de leurs croyances et des Éternels, cela serait peut-être l'occasion d'en apprendre d'avantage. Et puis il y avait leur nouveau Primarque. Matthew March. La Maîtresse de la Keyblade ne savait qu'en penser. Elle avait entendu Cissneï le décrire comme un homme déterminé et poli, quoique direct. Il était leur allié. Et pourtant... Pourtant, une question trottait tristement dans son esprit. Quel genre de dirigeant fallait-il être pour faire d'une déclaration de guerre sa première action ? La rancune qu'ils éprouvaient face à la Coalition Noire était compréhensible suite à l'attaque qu'ils avaient mené sur le Domaine Enchanté, mais pour ce qui était du Consulat...

La tête d'Aqua pivota brusquement vers Chen. Le Consulat ! Comment avait-elle pu oublier que le Sanctum leur avait officiellement déclaré la guerre ? Son regard passa rapidement de l'un à l'autre, et sa respiration reprit un rythme normal. Non, il ne semblait pas y avoir de risque. Chen réprouvait tout comme elle le conflit entre les Consuls et la Lumière, il devait donc en aller de même pour le Sanctum. D'autant plus s'il considérait Fabrizio comme un ami. Quant au jeune homme, il ne lui paraissait pas belliqueux. Tant mieux, pensa-t-elle de manière rassurée, elle n'aurait pas toléré que ces querelles transforment la Contrée du Départ en un champ de bataille. Finalement ils n'étaient que trois personnes de factions différentes réunies sur une terre neutre, un refuge loin de la guerre. C'était une forme d'équilibre qui correspondait bien à ce monde. L'idée lui plaisait et la fit sourire.

« On dirait que Chen vous tient en haute estime. » constata-t-elle de manière amicale sur le ton de la conversation. « Puisque vous vous connaissez, soyez le bienvenu dans ce manoir ! » Elle espérait lui faire comprendre qu'il ne risquait rien, mais vu leurs attitudes à tous les deux il ne devait pas réellement en douter. Cependant il y avait tout de même une chose qu'elle devait savoir. Reprenant son sérieux, Aqua passa ses mains dans le bas de son dos et pencha la tête sur le côté d'un air interrogateur avant d'ajouter « Toutefois, puis-je connaître la raison de votre présence ici ? »

Elle avait essayé de paraître polie, mais son ton avait peut-être inconsciemment été un peu plus sec qu'elle ne l'avait envisagé. C'était une question qui lui tenait profondément à cœur. La jeune femme sentait que son attachement pour son foyer prenait facilement le dessus sur son calme habituel, et il y avait décidément un peu trop de passages à son goût à la Contrée du Départ. La Shin-Ra. Le dirigeant de la Coalition Noire qui s'y était rendu également. Et maintenant le Sanctum. Que pouvaient-ils bien tous chercher ici... ?


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:28, édité 2 fois
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« Tout le plaisir est pour moi, Maître Aqua. »

On était sur du lourd, au niveau présentations. Heureusement que Chen était là, pensa Fabri, parce que dans ce genre de situations, il aurait tôt fait d'envenimer tout le truc. Qu'il ne veuille ou non, d'ailleurs. Donc oui, heureusement qu'il était là. C'était marrant, parce qu'il avait passé des années à regarder le Consulat mauvais œil, mais il se trouvait que nombre de ses membres étaient des personnes plus que correctes. En plus de Chen, il savait que la situation de sa belle-sœur à Paris était plus que convenable et qu'elle s'en sortait bien avec sa boutique. Et il fallait entendre Aubrey parler de la beauté du Jardin Radieux. Le plus dur, c'était qu'elle la boucle à ce sujet.

Mais qu'il soit là, ainsi que cette jeune femme – Aqua. Ça compliquait les choses. C'était vraiment un euphémisme, ça. Fabrizio avait cru que ce manoir était vide depuis des années. Personne ne parlait jamais de ce monde ; l'idée d'en prendre possession sortait littéralement de nulle part ! Et au final, qui avait-il croisé dans cet endroit « désert » ? Des maîtres de la Keyblade. Enfin, un, dans tous les cas. Par ce titre de respect, Chen était donc son élève, et la jeune femme était son professeur. Cette dernière, d'ailleurs, lui souhaita la bienvenue. Cet égard le rassura. Ce qui, néanmoins, vint ternir ce tableau, fut la question qu'elle posa quelques instants plus tard.

Ce qu'il venait faire ici ? Allons, c'était évident qu'il allait avoir à répondre à cette question. Mais aussi stupide que ça soit, il ne savait pas comment répondre. Répondre, c'était aborder le problème, aussi, il hésita quant à la manière de s'y prendre. Comment devait-il présenter la chose ? Plus il y pensait, plus ça se présentait comme quelque chose de... délicat. « Hm. » commença-t-il. Il n'avait aucune envie de mentir. Le devait-il ? Avait-il une raison ? Non, sa mission n'était pas secrète. Mais avait-il prévu de rencontrer quelqu'un ici ? Non plus.

« J'ai été envoyé ici à la recherche d'un mercenaire qui aurait été aperçu aux alentours du manoir. » La vérité, rien que la vérité. C'était aussi simple que ça, parfois. « Mais j'ai cru le manoir désert jusqu'à ce que je croise un Consul et un membre de la Lumière. Donc... »

Il haussa les épaules, un léger sourire aux lèvres. Très peu professionnel, mais les faits étaient là. Non, ce qu'il cherchait n'était pas ici. « Je m'en voudrais de vous interrompre. De toute évidence il n'y a personne d'autre ici. » En réalité, il était gêné. Rien de tout ceci n'était prévu, mais il était heureux de revoir Chen. L'idée de partager une bière avec lui ? Ce serait une occasion unique. Maintenant que le Sanctum avait déclaré la guerre au Consulat et qu'il semblait vouloir mener une politique de repli, il allait être plus difficile d'entretenir quelques amitiés avec des ennemis notoires.

Cependant, il n'avait pas vraiment envie de s'imposer à ce rendez-vous. Ces deux personnes, le Maître et l'Apprenti, n'avaient pas besoin de lui. Et il n'avait aucunes raisons de rester ici. Même si il aurait apprécié la bière, ce n'était pas sa place. Toutefois, il y avait toujours ce caractère unique, lié à la situation très particulière dans laquelle il s'était retrouvé. Il regretterait de partir, en vérité.

« Si je puis me permettre. Mêler la théorie et la pratique, en terrain neutre et contre des adversaires de telle qualité serait un honneur pour moi. Si vous le souhaitez je me tiens ici à votre disposition. Ça pourrait bien compter comme une excuse pour être entré ici sans invitation. »

Ce n'était qu'une demande innocente. Bien entendu, il lui sauta à l'esprit quelques instants plus tard qu'elle pourrait être mal interprétée. Pourquoi cherchait-il à se battre ?. Voulait-il en apprendre plus sur de probables adversaires ? Non, ce n'était pas son intention, mais ils pouvaient aisément le penser. Et lui, en retour, pouvait en apprendre d'eux sans même que ceci soit sa volonté.
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Encore une victoire pour le Panda, pas d’effusion de sang ou de rixe intempestive ! Dans l’espoir aussi qu’un sans-coeur n’arrive pas pour foutre la merde, j’pense qu’le Maître aurait du mal à devoir démolir le manoir plutôt qu’une fontaine.

Bon, parlons pas d’malheur, il y a une question qui retient d’autant plus mon attention.

Maintenant qu’il n’y a plus personne qui parle et que Fabrizio vient d’faire sa proposition. J’avance d’un pas pour m’rapprocher du gars du Sanctum, un peu gênée et en m’frottant l’bras avant d’lui poser la question. Ouais, j’suis pas certain de c’qu’il propose. Dans l’doute, j’vais lui demander. Au pire, j’me trompe et j’me reprends une tape sur l’coude.

Uhm, j’pose la question pour ne pas me tromper ou mal interpréter, l’prend pas mal. Mais, tu proposes à ce que l’ont s’battent ?!
Ouais, moi, j’veux pas faire le chaud. Alors que j’me transformais en moteur à barque, l’gars en face de moi, il attachait une corde à sa taille pour partir en vendetta contre un pirate à la gueule de poulpe ! P’tet que j’ai de gros bras et que j’me défends pas trop mal avec la Keyblade, sauf que dans cette histoire, j’suis pas vraiment au même niveau.

Après tout, il y a un gars qui raconte que c’est dans l’échec que t’apprends l’plus. Si Aqua valide l’idée et que j’commence à croiser l’fer avec Fabrizio, j’risque d’apprendre énormément.

Dans la pire des cas, la décision ne m’appartient pas vraiment. Et puis, c’qu’il raconte par rapport à la raison d’sa présence ici, c’est quand même marrant. Il semblerait que tout l’monde passe ici. Ah, non, pas le Consulat. Enfin, j’ai pas souvenir d’un ordre ou d’une demande pour venir ici. Bon, là, j’suis présent ! Mais c’est sous la demande d’Aqua pour venir m’entraîner, donc, ça compte pas vraiment. En attendait, c’est bizarre, p’tet que les gens ont envie d’une nouvelle demeure et qu’il trouve le manoir tout à fait ravissant.

Les mercenaires, ici ? C’est étrange… Pas autant qu’un gars du Sanctum, vous m’direz ! Ahaha. Enfin, j’connais aussi quelques mercenaires et j’vois clairement pas c’qu’ils peuvent bien faire ici. À moins qu’ils soient venu sur place pour remplir un contrat… Ou m’acheter du rhum ! Ah ! Vous avez déjà goûté du rhum de Port-Royal, ils ont tendance à le distiller qu’une fois, c’est dangereux pour juste garder quelques degrés d’alcool en plus.
Voilà, j’me perds encore en explication, c’est une vraie tare chez moi. Oh, il faut que j’rajoute un truc avant qu’les gens s’imaginent que j’me balade un peu partout.

Par contre, j’ai pas d’connaissance à la Coalition Noire. Enfin, j’dis ça, c’est pas comme si les gens avaient beaucoup d’connaissance chez eux. Bien souvent, c’est plutôt des ennemis, non…?
Bon, c’est p’tet pas forcement mieux de commencer à m’enfoncer dans ce genre de considérations. C’est un peu naturel. Surtout que Fabrizio devait être présent lors de l’attaque du dragon et la Lumière passe surement le plus clair de son temps à combattre les sbires de Death. Dans l’pire des cas, j’fais passer ça pour une maladresse. Une de plus ou une de moins, j’suis pas à ça près.

Dans l’doute, j’vais reculer d’un pas et fixer l’patron. Que j’me retrouve à m’battre avec Fabrizio ou à étudier des livres, j’vais quand même m’amuse et il y a toujours mon tonnelet pour finir la journée.

Donc, Maître ! C’est quoi la suite du plan, c’est vous l’chef d’orchestre, en quelque sorte.


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Elle n'était qu'en partie rassurée par la réponse de Fabrizio. Le jeune homme lui avait pourtant expliqué calmement les raisons de sa présence ici et elle le pensait réellement sincère et dénué de mauvaises intentions. Elle peinait de toute manière à imaginer une quelconque duplicité chez lui après le portrait que Chen en avait dressé. Non, ce qui la gênait véritablement était cette mention des Mercenaires. Aqua croisa les bras et porta une main à ses lèvres en réfléchissant. Chen avait mis le doigt dessus : leur présence ici était étrange. Tout comme celle d'un membre du Sanctum. En quoi d'ailleurs ce mercenaire les concernaient-ils ? Et quel était le lien avec le manoir ? La jeune femme se retint de l'interroger d'avantage. Il s'agissait peut-être d'une affaire qui ne regardait que le Sanctum, et elle ne souhaitait pas mettre Fabrizio dans l'embarras en lui posant des questions indiscrètes sur les agissements de sa faction.

Quelles qu'en soient les raisons, ce qui préoccupait véritablement son esprit était une soudaine réalisation. Depuis tout ce temps elle avait cru la Contrée du Départ suffisamment discrète et éloignée des autres mondes pour ne pas attirer l'attention, elle avait cru le manoir en sécurité. Et elle s'était trompée. Aqua se mordit la lèvre. Elle savait que la Lumière avait besoin d'elle, mais elle n'aurait jamais dû faillir à son devoir et abandonner cet endroit en premier lieu. N'importe qui désormais pouvait venir et dérober librement les anciens savoirs qu'il détenait. Ou pire. Un court moment elle sentit sa bouche devenir sèche alors qu'une nouvelle appréhension enserrait son cœur. N'importe quelle faction pouvait venir ici et s'approprier les lieux. La Maîtresse de la Keyblade ferma les yeux et soupira alors que le sombre poids sur son cœur s'alourdissait un peu plus. Cet endroit n'était plus en sécurité. Que pourrait-elle faire si les Mercenaires ou la Coalition Noire décidaient subitement d'occuper le manoir ? Hormis sceller ce monde, elle n'avait pas d'autre option pour le protéger. Sur cette pensée, elle ouvrit les yeux et son visage afficha une moue.

Elle n'était pas convaincue par son propre raisonnement. Retrouvant son calme, Aqua tâcha de reprendre les choses une par une en évitant d'imaginer le pire. Ce qu'elle commençait à envisager était probablement une réaction excessive due à son attachement pour cet endroit. Il n'y avait pas de menace à l'horizon et aucune raison valable pour qu'elle ne verrouille une nouvelle fois la serrure de la Contrée du Départ. Il était vrai en revanche qu'il lui fallait prendre quelques précautions pour limiter la présence d'intrus aux alentours du manoir... Elle devrait s'en occuper, et le plus tôt serait le mieux. Sur cette résolution, Aqua chassa ces pensées de son esprit. Elle n'avait prévu de quitter les lieux que dans quelques jours, cela lui laisserait le temps d'y réfléchir. Pour l'instant, elle devait se concentrer sur Chen et sur son apprentissage. Son regard passa successivement de son élève à Fabrizio. Il semblait que c'était à elle de prendre une décision sur la suite des évènements.

« Pourquoi pas. » finit-elle par répondre au jeune homme avec un léger sourire. « Si Chen n'y voit pas d'inconvénient évidemment. »

Sa proposition avait été surprenante de prime abord, mais elle tombait véritablement à pic. Avec les séquelles de sa dernière mission encore présentes, la Maîtresse de la Keyblade n'avait pas prévu de passer aussi rapidement à la pratique avec son élève. Les chutes en skateboard passaient encore, mais les entraînements relèveraient de l'inconscience ! Elle s'attarda un instant sur Fabrizio. S'il était aussi doué que le prétendait Chen, et elle n'en doutait pas, il s'agirait d'un exercice pour le moins intéressant. La jeune femme leur adressa un sourire à tous les deux. Cela semblait être une affaire conclue ! Elle avait le sentiment que la providence était avec eux.

« Nous visiterons le manoir un peu plus tard. » annonça-t-elle à son élève d'une voix douce et rassurante. Elle imaginait qu'il était impatient de le découvrir dans son intégralité, mais étant donné la tournure des évènements cela devrait attendre. Sur ces mots, Aqua s'éloigna de quelques pas pour se diriger vers les escaliers. Avant d'entamer sa descente, elle s'arrêta et se tourna de nouveaux vers eux, leur tendant la main pour les encourager à lui emboîter le pas. « Suivez-moi, le terrain d'entraînement sera plus approprié. » La jeune femme posa son pied sur la première marche et, se rappelant l'état dans lequel Chen était arrivé, fit volte-face pour ajouter de manière prévenante « Je vous rassure, il n'est pas très loin ! Ni très haut. »

Elle leur adressa un sourire amusé avant de descendre les escaliers, ouvrant la marche jusqu'au hall. Ils quittèrent le manoir, passant les grandes portes qui menaient à l'avant-cour, et d'ici Aqua les guida jusqu'au chemin qui conduisait au sommet de la montagne. Même si l'ascension se révélait moins éprouvante que celle des milliers de marches qui menaient jusqu'ici, le sentier demeurait tout de même escarpé jusqu'aux parties plus hautes qui avaient été aménagées. Il leur faudrait bien quelques minutes pour gravir cette pente, et elle allait pouvoir mettre ce temps à profit pour commencer son enseignement. Chen ignorait encore tout de la Keyblade, de ses origines à l'engagement qu'elle impliquait. Il était temps pour lui de savoir. D'apprendre. Quant à Fabrizio, et bien cela lui permettrait de mieux comprendre la raison de leur présence ici. Doucement elle regarda en arrière, dans leur direction, et leur posa une simple question d'une voix claire.

« Connaissez-vous l’histoire que l’on appelle la légende des mondes ? »


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:28, édité 1 fois
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Il devrait mentionner aux hautes instances du clergé que la Contrée du Départ n'était pas un bon endroit pour relocaliser le Sanctum, si cela était bien leur intention. Il y avait beaucoup de marches et d'allées sinueuses au Domaine Enchanté, principalement  parce que le château était un édifice escarpé et presque plus haut que large, mais le Manoir ci-présent battait tous les records. Alors certes il était agréable à regarder, peut-être cent fois plus agréable que la grise forteresse dans laquelle il avait élu domicile depuis six ans maintenant, mais les marches c'était un gros point négatif sur la note globale du monde entier. D'où se permettait-il de juger de l'architecture d'un monde comme ceci ? Et bien il ne le dirait tout simplement à personne.

« C'est un plan pour nous crever avant le combat, c'est ça ? Histoire qu'on se donne à fond ou quoi ? Je dois avouer, c'est intelligent, mais ça prend pas, c'est mieux qu'une ballade dans un champ ! Il fait super bon, le temps est magnifique, au final je suis pas déçu du voyage ! »


Bon, il ne fallait pas être un prix Nobel pour comprendre qu'il bluffait complètement et qu'un de ses poumons avait du le lâcher à la trois-cent cinquantième marche. Mais il tenait bon. Le paysage en valait clairement l'effort. C'était l'occasion de se crever, en effet. Pas que ce soit vraiment nécessaire car il savait que Chen n'était pas des derniers en matière de combat. Il l'avait vu se battre aux Enfers et ça valait clairement le détour.

Il y avait déjà longtemps qu'il ne l'avait pas revue et il n'avait pas la moindre idée de ce que le Consul avait pu faire en quelques années. Le Domaine avait vu... un amas considérable de choses depuis les événements liés à la disparitions des mères de tous les mondes. Il y avait fort à parier que les Cités Dorées avaient étés témoins de quelques événements de la même stature. Le Chen qu'il avait vu se battre contre les pirates à moitiés pourris n'était probablement pu d'actualité et il allait devoir se méfier. Il regrettait de ne pas l'avoir dit plus tôt alors que ce dernier faisait son éloge à lui. Le combat s'annonçait des plus intéressants et l'issue n'importait même pas. Mis à part pour sa curiosité bien entendu.

Sa curiosité, elle était servie. Partagée avec la surprise de revoir un visage connu, il y avait la surprise d'en découvrir un nouveau. Bien qu'il semblait désormais que la Lumière et le Sanctum avaient ravivé le foyer de leur amitié, Fabri n'avait pas vraiment eu l'occasion de partager quelques instants avec un membre de la Lumière. En tous cas, des instants qui ne soient pas faits de tuerie de sans-cœur bien entendu. Aussi, il prêtait une attention toute particulière à la jeune femme que Chen appelait sans hésitation Maître.

Elle semblait plus jeune que Chen, déjà. Plus jeune que lui-même ? Il ne savait pas. Il n'osait rien en penser, bien que ce fut entièrement possible. Son statut de Maître lui interdisait de la considérer comme quelqu'un d'inexpérimenté dans tous les cas. C'était déjà ça de su. La deuxième chose sur elle ? Elle était belle. Un beau visage, un sourire charmant. Elle se tenait dans cet endroit comme si elle était à sa place et c'était peut-être une composante de son maintien, de son allure qui la rendait digne de ce manoir. Il y avait une sérénité en elle, une sorte de grandeur sur laquelle le soldat n'arrivait à poser de mots. C'était peut-être la meilleure manière de la décrire ; elle était indescriptible.

Des mots simples semblaient indignes d'elle. Mais ce n'étaient qu'eux qui venaient à l'esprit du jeune homme alors qu'il l'observait, niant toute connaissance de la légende des mondes dont elle parlait à l'instant. Ces mots ressemblaient aux premiers traits d'un dessin de paysage. Des tentatives, des essais, pas vraiment des coups dans l'eau. Son nom pouvait l'y rattacher, à l'eau.

Il pouvait y avoir une comparaison à faire entre la voix de cette jeune femme et une rivière ; s'il avait été poète il aurait sûrement trouvé autre chose à penser que 'elle était belle'.

« Maintenant que vous nous avez présenté un conte de manière aussi mystérieuse, j'espère que vous allez vite lever le mystère. Des fois qu'un de nous décide d'abandonner la randonnée. » Il jeta un œil vers Chen. Qui des deux tomberait le premier, si les marches étaient infinies ? Dans son orgueil, il dirait Chen. Mais dans sa logique, il n'était pas si sûr. « Je dis pas ça pour toi hein. Je veux pas mettre en doute tes capacités, les palais du Consulat sont sûrement remplis d'escaliers en marbre non ? »
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C’est bon, j’suis en osmose avec moi-même, j’vais acheter un vaisseau. Là ? Ouais, j’ai hésité trop d’année pour en prendre un ou non. Il ne m’a pas fallu plus qu’une journée dans s’patelin pour m’faire à l’idée que ce serait une bénédiction.

Par l’grand panda au sommet de son bambou, j’suis au bout du rouleau et en nage. À un point tel que j’suis pas loin de friser. C’est dire.

Bref, dans l’histoire, j’suis pas tellement en train d’écouter c’qui se raconte autour de moi alors que nous approchons du sommet. Là, j’ai l’palpitant qui s’affole et j’ai envie d’basculer dans l’vide pour me reposer à la fin des marches. Comment est-ce qu’ils font, les deux là ?! Mince, ce n’est pas un maître pour rien la dame de la Lumière. Limite, c’est une maîtresse des marches quand j’la vois grimper sans trop d’problème. Attends, c’est p’tet un plan machiavélique de sa part. Elle tente de m’avoir à l’usure et d’me tuer d’une crise cardiaque.

Oh, si tu savais… Il y a en a de toutes les tailles et de toutes les formes chez nous ! Des marches pour me rendre dans ma distillerie à ceux de la tour de Genesis, sans parler des pierres ou des bois qu’ils utilisent… Les artisans s’en donnent à coeur joie…
Là, tu penses que j’parle bien et tout ! Sauf qu’entre chaque mot, il y a un râle qui s’faufile entre mes babines. Oh, j’vais pas tenir le cap de la dernière volée. J’me retourne, j’fais semblant de regarder le paysage et j’respire autant que ce soit possible. Le tout, sans m’retrouver les pattes sur les genoux à éviter la syncope.

Héhé, j’suis d’une discrétion totale. À moins qu’ils soient trop sympas pour m’le faire remarquer.

Il y a pas mal de légende dans mon monde d’origine, mais j’vais être honnête en disant que la légende des mondes m’est inconnue. Ça parle de quoi ? Avec un titre pareil, ça doit être énorme.
Hop, on termine la volée de marches et on profite réellement de la vue pour cette fois. Et là, j’vais dire que la marche a été le prix à payer pour un aussi beau point de vue ! Sauf que, là, j’suis au bout de ma vie et j’vais pas sortir ça. J’en profite pour relancer mon Maître sur cette histoire pour récupérer avant que l’beau Fabrizio et moi ne nous mettions sur la gueule. Dans l’état actuel, il lui suffit d’me souffler dessus et j’tombe sur le sol en étoile de mer.

D’ailleurs, ce serait bien vue d’faire apparaître la keyblade et de m’en servir comme canne…?

Dans l’doute, j’vais m’contenter de sauvegarder les apparences en restant droit comme un piquet avec une main sur le bide. Là, j’peux vous affirmer que l’embonpoint a été cruel avec moi. À moins que ce soit cela, le plan d’Aqua ! Elle tient à se débarrasser de mes grosses fesses en m’faisant monter les marches pour à ce qu’ensuite, Fabrizio m’taille le bout de gras avec c’qui pend à sa ceinture ! Elle est maligne, très maligne. Toutefois, j’vais pas m’faire avoir par l’gars ! En attendant, j’vais m’reposer avant que tout n’commence, j’vais pas m’laisser faire par l’Sanctum ! Ahahaha !


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Ils étaient enfin arrivés au terrain d'entraînement. Aqua ferma les yeux, pencha légèrement sa tête en arrière et prit une grande inspiration, appréciant l'air qui lui semblait plus pur dans les hauteurs, la délicate chaleur du soleil et la saine fatigue qui parcourait ses jambes fourbues par l'ascension. Enfin, elle les rouvrit et balaya du regard le terrain avec un sourire. Les mondes n'étaient plus les mêmes, mais ici rien n'avait changé. La Maîtresse de la Keyblade avait fréquemment l'impression d'être en décalage avec son environnement, avec son époque, mais la Contrée du Départ lui donnait le sentiment apaisant d'être tout simplement à sa place. Doucement, elle se pencha et cueillit au cœur de la végétation une fleur, une dent-de-lion, qu'elle fit tourner délicatement entre ses doigts en la contemplant.

Finalement, la jeune femme se retourna vers ses deux compagnons qui... n'en menaient visiblement pas large. Elle n'aurait su dire qui de Chen ou de Fabrizio lui paraissait le plus exténué par le trajet qu'ils venaient d'effectuer ! Aqua leur adressa un petit sourire gêné comme pour s'excuser de ce qu'elle venait de leur faire subir. Il était vrai que, sans l'habitude, cette montée demeurait tout de même plutôt rude. Au moins ils étaient parvenus jusqu'ici, chose qu'elle n'avait pas réussi sans l'aide de Maître Eraqus lorsqu'elle était venue ici pour la première fois, quand elle était encore toute jeune. L'intuition de Fabrizio avait vu juste. Le trajet jusqu'au terrain était en soi une épreuve, une manière de fortifier son corps, son endurance et sa volonté avant de passer à d'autres exercices. Mais, à entendre leurs respirations lourdes, ils avaient bien mérité un peu de repos.

« Asseyez-vous. » les invita d'elle d'une voix douce avant de venir s'installer à genoux face à eux « Et écoutez... »

L'heure était venue pour elle de dispenser son premier enseignement, de devenir officiellement pour un autre ce que son mentor avait été pour elle. Aqua avait été surprise de leur ignorance de la légende des mondes, il lui semblait pourtant qu'elle était répandue. Autrefois elle l'était en tout cas. Pendant un instant elle avait failli leur demander quels étaient leurs mondes d'origine, mais elle avait dû réfréner sa curiosité. Elle aurait l'occasion, plus tard, de leur poser cette question, pour l'instant ils semblaient curieux de découvrir cette histoire dont elle leur avait parlé. La jeune femme ferma les yeux un court instant, rassemblant ses pensées, se remémorant la manière dont son propre Maître lui avait conté ce récit, et s'éclaircit la gorge.

« Cette histoire remonte à il y a bien longtemps, à une époque que nous appelons maintenant celle des contes de fée. » Aqua marqua une courte pause, reprenant son souffle avant de continuer. « Jadis, la paix régnait et les peuples vivaient dans la chaleur de la lumière. Tout le monde aimait la lumière. Mais les gens ont commencé à se battre pour se l'approprier et les ténèbres sont apparues dans leurs cœurs. Elle se sont propagées, engloutissant la lumière et nombre de cœurs. Elles recouvrirent tout, et le monde disparut. » La jeune femme laissa un silence s'installer afin de leur laisser le temps d'appréhender son récit. Ce que la légende ne disait pas, c'était la réalité qui se cachait derrière. Une réalité qu'elle allait devoir leur expliquer pour qu'ils comprennent l'importance de cette histoire et l'enseignement qu'il fallait en tirer. « Il s'agissait des premiers porteurs de la Keyblade et cet événement est également connu sous le nom de Guerre des Keyblades. » Il y avait désormais une certaine gravité dans sa voix. Elle en connaissait malheureusement un peu plus qu'elle ne voulait bien le dire sur cette période. Mais il était inutile de mentionner la χ-blade... Moins il y aurait de personnes au courant de son existence, moins il y aurait de risques que quelqu'un tente de la reforger un jour.

Alors elle se contenta de poursuivre son récit, un sourire revenant sur ses lèvres alors que son regard quittait son élève et Fabrizio pour glisser vers les montagnes à l'horizon.

« Mais des fragments de lumière avaient survécu dans le cœur des enfants. Grâce à ces fragments, les enfants ont pu reconstruire le monde disparu. C'est le monde dans lequel nous vivons. Mais la vraie lumière sommeille, cachée au plus profond des ténèbres. C'est pour cela que le monde s'est retrouvé divisé en de nombreux petits mondes. »

Aqua apporta la dent-de-lion qu'elle tenait toujours entre ses doigts au niveau de ses lèvres et souffla dessus, laissant ses aigrettes se disperser au vent. Elle eut un air amusé en les voyant s'éloigner les unes des autres dans un beau nuage blanc, prêtes à aller renaître ailleurs. C'était là une belle métaphore de la légende des mondes. Son regard revint se poser sur Chen et Fabrizio qui l'écoutaient toujours attentivement et elle leur adressa un nouveau sourire.

« Les Maîtres de la Keyblade qui restaient sont venus ici, à la Contrée du Départ, et pour ne pas répéter les erreurs du passé ils firent le serment de protéger l'équilibre des mondes et leur lumière. » La jeune femme s'interrompit un bref instant, semblant perdre le fil de son discours. Elle se demanda si cela était suffisamment clair pour eux. Après tout, il ne s'agissait pas de notions des plus évidentes pour l'époque qui était la leur. « Vous savez peut-être que le monde dans lequel nous vivons est appelé le Royaume de la Lumière. » décida-t-elle tout de même de préciser. « Il est opposé au... » Tout au fond de son estomac, elle sentit quelque chose se serrer par réflexe, comme à chaque fois qu'elle se remémorait cet endroit qu'elle essayait d'oublier. « ...Domaine des Ténèbres, d'où proviennent les sans-cœurs. »

Au moins, sa voix était restée calme à son évocation. Aqua prit une longue inspiration pour chasser cette vague crainte ancrée au plus profond d'elle-même et poursuivit. « C'est cet équilibre entre les deux mondes que les Maîtres de la Keyblade ont pour tâche de protéger. Pendant des générations, l'Ordre des porteurs de la Keyblade a veillé sur l'univers et formé de nouveaux porteurs pour transmettre son héritage. » Il y avait une certaine euphorie dans sa façon de le présenter, celle d'un idéal, d'un rêve perdu. « A cette époque, les porteurs de la Keyblade étaient pratiquement les seuls à pouvoir voyager entre les mondes. » précisa la jeune femme pour leur donner une idée du temps qui s'était écoulé depuis. Avaient-ils d'ailleurs connu cette période vieille de plus de vingt ans dont elle leur parlait, celle où les vaisseaux gummi n'existaient pas encore ? Chen, peut-être. Fabrizio, lui, paraissait encore un peu trop jeune.

Soudain son visage redevint sérieux, teinté toutefois d'une diffuse mélancolie « Mais c'était avant les jours sombres... Et l'apparition des sans-cœurs. » admit-elle à regret. « Aujourd'hui, l'Ordre a pratiquement disparu. » conclut la Maîtresse de la Keyblade d'une voix un peu plus lointaine et un peu plus triste. « Depuis que... » Elle ne termina pas sa phrase qui s'acheva dans un soupir alors qu'elle était rattrapée par des souvenirs douloureux. Aqua se demandait régulièrement quand au juste il s'était éteint. Avec la disparition de Maître Eraqus ? Celle de ses meilleurs amis ? Ou celle de Maître Yen Sid ? La jeune femme détourna le regard. Il ne restait qu'une poignée d'entre-eux désormais... Mais heureusement, ils ne seraient pas les derniers Maîtres de la Keyblade ! Chen en était la preuve vivante. Cette pensée lui permit de chasser la peine qui l'assaillait, et elle porta de nouveau son attention vers le Consul et le membre du Sanctum tout en posant ses mains sur ses genoux.

« Avez-vous des questions ? » leur demanda-t-elle finalement après leur avoir accordé un certain temps de réflexion.


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:28, édité 1 fois
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« Imagine, Chen. Un monde où tu pourrais espérer dormir sans risquer de te faire sauter dessus par un sans-cœur qui veux te bouffer. »

Il avait dit ça à voix basse, pendant que Aqua parlait de cette période qui était pour lui intemporelle.

Elle parlait de générations, de porteurs de Keyblade, d'une période où les vaisseaux Gummi n'existaient pas... Au final, une époque qu'il n'avait pas connue. Pas qu'il le sache, pas qu'il ne s'en souvienne d'ailleurs. L'idée que seuls les maîtres de la Keyblade aient pu voyager entre les mondes à cette époque était... pour le moins étrange. Il resta silencieux un instant.

Lorsque Maître Aqua était arrivée au sommet des marches, elle leur avait fait signe de s’asseoir. Il s'était exécuté non sans plaisir. Toujours dans son idée de ne pas paraître au bout du rouleau, il ne s'était pas écrasé par terre même si l'envie de lui avait pas manqué sur le coup. En arrivant sur les lieux, tout d'abord, il n'avait pu retenir un sifflement d'admiration. Jamais il n'aurait imaginé voir quelque chose comme ça, peut important le monde.

Il y avait une certaine délicatesse dans la lumière, les collines, les couleurs du ciel et des nuages. Il n'arrivait pas à s'en détacher. Tous les mondes qu'il avait pu voir étaient différents ; tous avaient leur vie propre. Mais la Contrée du Départ semblait pris dans son propre temps, sa propre allure. Comme si le monde entier était différent.

L'histoire de la jeune femme aux cheveux bleus ne faisait qu'accentuer cette impression d'étrangeté, de mystère autour du monde entier. Elle racontait sans se presser un grand nombre de choses qu'elle semblait connaître sur le bout des doigts. Tantôt laconique, tantôt plus énigmatique. Essayer de juger de son caractère était étrange, car elle semblait aussi calme qu'un lac au cœur de l'été. Niché au creux d'une prairie, il n'y avait que le vent qui pouvait marquer quelques traces à la surface de l'onde. Aqua semblait pareille. Etro seule pouvait savoir ce qu'elle cachait au fond d'elle. Fabrizio était désormais persuadé qu'il avait eu tort. Elle ne pouvait pas être aussi jeune qu'elle en avait l'air. Ou alors avait-elle eu d'excellents professeurs. Les deux, peut-être.

Pendant un instant, il eut envie de la défier, elle aussi. Savoir ce qu'elle valait, comme elle se battait. Mais pouvait-il seulement se battre contre Chen et elle ? Sinon en même temps, alors l'un après l'autre ? Peut-être, s'il avait de la chance. Et compter sur la chance lui faisait déjà se dire que c'était perdu d'avance.

Des Maîtres et des Porteurs des Keyblade. Il était bien loin de chez lui.

Ce qui l'amenait à sa question.

« Alors, avant... si je comprends bien, il n'y avait que les porteurs de Keyblade qui pouvaient voyager entre les mondes, c'est ça ? Alors quand vous dites 'à cette époque', on parle de combien d'années en arrière ? » Instinctivement, il en revenait à se demander quand est-ce que la Shin-Ra avait commencé à produire ses vaisseaux. Puis s'il avait entendu quelque chose traitant de voyage entre les mondes avant cela. Non, il était trop jeune. « Quinze ans, vingt ans ? Plus ? »

Non, plus. Mais pas de beaucoup.

Il n'avait jamais eu l'idée d'être né ailleurs qu'à Paris. Il ne savait pas trop où. Il ne savait pas trop quand. Il avait un acte de baptême – qui avait probablement été réduit en cendres mais dont la copie devait rester dans une cave d'église quelque part et il s'était barré avant de vraiment chercher à l'avoir. Selon lui, il n'y avait pas une centaine d'endroits dont il pouvait venir. Un enfant de trop c'était courant. Une nonne, une noble une mendiante ou une bohémienne ; il avait déjà vu toutes ces possibilités avant même d'avoir quinze ans. Aucune n'avait donné suite.

Alors que si la zone de recherche s'élargissait aux autres mondes par le biais de quelqu'un ayant la capacité de les traverser. C'en était tellement surprenant qu'il ne savait pas comment prendre la nouvelle. Et ça limitait donc aussi les recherches à un cercle d'initiés. C'était incroyable mais pas impossible. Et encore moins improbable.

C'était juste assez logique pour qu'il y ait une chance qu'il sache d'où il vienne. C'était pas rien. Les occasions comme ça il n'y en avait pas une par jour.

« Quand vous disiez 'contes de fées' est-ce qu'il y aurait une date précise ? Un calendrier pour mesurer tout ça où est-ce que ça a été perdu ? Et vous avez mentionné un monde qui se sépare en plusieurs, et qui c'est ces enfants que vous avez mentionné aussi ?  Vous les connaissiez ? Comment les Maîtres de la Keyblade voyageaient ?»

En songeant à une époque reculée, l'esprit qu'il avait rencontré à Agrabah, le Djinn, lui sauta à l'esprit. Aussi vite que le décorum l'abandonna. Le lieu était hors du temps, de la logique, hors des idées de Consuls, Prêtres, Lumière et Ténèbres. « Il y aurait des traces écrites de tout ça ? »

Il fixait la jeune femme ; ses yeux étaient à l'image du monde. Sereins, calmes. Bleus comme le ciel reflété par une onde un jour d'été.
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Dans quoi est-ce que j’ai encore foutu mes pattes…? Pour un artisan, j’suis un naze, j’ai pas remarqué les p'tites lignes dans l’contrat qu’Aqua m’a fait signer au Jardin Radieux.

Ouais, là, j’suis un peu l’cul entre deux chaises. Enfin, j’ai surtout les fesses sur le sol et j’suis assis en tailleur pour reprendre mon souffle et écouter. Mais là, la dame, elle vient d’me foutre la plus grosse claque sur l’museau d’ma vie. D’ailleurs, c’était quoi l’cachet qui accompagnait la claque ? Un un mot, responsabilité. Souvent, j’ai tendance à prendre c’qu’on me raconte à la légère et à laisser v’nir ce qui vient. Alors que, l’jour où la keyblade à empêcher un sans-coeur d’me bouffer, j’ai été du genre content.

Maintenant ? J’suis en train d’me dire qu’un gros pouvoir implique d’arrêter d’être idiot ! Gros travail personnel en perspective.

Alors, oui. C’est clairement ça. Plus elle parlait, plus j’me suis rendu compte que c’est autre chose que j’vais devoir faire. Du style arrêter d’me lever à onze heures, arrêter d’être passif et à vraiment aider les gens en faisant autre chose que d’vendre des bières. Bon, l’dernier point, ça reste ma passion. Bref, l’idée est que cette perspective m’fait vraiment peur et j’sais pas vraiment si ça s’remarque. Là ? J’suis pas en train d’faire le lourd ou chercher à répondre, j’suis attentif et j’ravale ma salive en écoutant tout c’qu’on me raconte.

Sauf qu’ici, alors qu’le maître raconte l’histoire et que j’suis en train d’sortir de ma léthargie de la passivité, j’me sens bien. Ouais, j’ai peur et j’sais vraiment pas de quoi demain sera fait. Mais elle à un truc dans l’regard qui m’fait comprendre que tout ira bien. Du moins, si j’écoute c’qu’elle me dira. À voir ça, j’ai clairement l’impression qu’Aqua en a vue plus que c’que j’ai faits dans ma p’tite vie de brasseur.

Mince, v’là la comparaison ! Si j’me débine pas en m’roulant en boule pour descendre les marches, j’vais passer d’brasseur à défenseur de l’équilibre. Grosse promotion sociale. Toutefois, est-ce que j’suis vraiment capable de ça ? En attendant, maintenant qu’elle à terminé, j’baisse un poil mon regard pour fixer les deux paumes de ma main et faire apparaître l’cadeau du Royaume de la Lumière. Un cadeau qui n’est ni rembourser et encore moins à échanger. D’ailleurs, j’espère qu’ils ne vont pas croire que j’vais les attaquer en faisant c’geste, ça m’est v’nu comme ça.

L’idée d’me lever un matin sans avoir à craindre qu’un gamin ne se fasse voler l’coeur par une ombre à de quoi m’faire sourire.
Ouais, j’ai répondu avec une guerre de retard à la remarque de Fabrizio. Et lui ? Il avait déjà posé ses questions. Est-ce que ce serait impoli de poser des questions à mon tour ? Oh, c’est un enseignant, elle doit être capable de gérer ça. Bon, j’ai quand même masse de question, mais j’vais me contenter d’en poser que deux. Pour l’instant.

Maître ? Si avec une Keyblade, nous avons l’pouvoir de maintenir un équilibre ou encore d’assurer la victoire d’la lumière, est-ce que l’inverse est possible. J’veux dire, est-ce que j’peux agir en bien ou en mal avec cette arme ?
Ouais, là, j’ai la crainte de faire des conneries. Si avec aussi peu, nous pouvons faire de grandes choses ? Qu’est-ce qu’il adviendrait des mondes qui nous entoure ? Il y a déjà eu tant de destruction, j’veux pas poser ma pierre sur cet édifice-là. Bon, et la deuxième question est…

S’il y avait un gigantesque monde dans lequel nous vivions tous, avant qu’il ne soit brisé. Est-ce que nous, les gars d’la keyblade, pouvons le reconstruire pour que tout ne fasse plus qu’un. Ça m’semble magnifique et terrifiant en même temps…
Magnifique de réparer ce qui a été détruit, horrible de savoir que la Coalition Noire s’retrouve de l’autre côté d’la muraille. Mince, v’là que j’deviens trop sérieux. Là, j’suis pas certain d’avoir le punch nécessaire pour accepter l’duel contre Fabrizio, ça fait beaucoup d’chose à assimiler et un seul tonnelet dans mon balluchon.


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Aqua leur adressa à tous les deux un grand sourire tandis que son regard s'illuminait d'une pointe d'amusement. Elle s'était attendue à ce qu'ils aient de nombreuses questions mais pas à ce qu'ils lui en posent autant à la fois ! Ni à ce que Fabrizio se révèle au moins aussi intrigué que Chen, si ce n'était d'avantage. Son sourire s'élargit encore un peu plus. Il y avait dans leurs interrogations une forme de pureté qui l'attendrissait, une innocence semblable à celle d'enfants voulant à tout prix connaître la suite de l'histoire, et elle retrouvait chez eux la même curiosité qu'elle avait eu au début de son propre apprentissage. Aucune de leurs questions n'était d'ailleurs dénuée de sens, elles méritaient toutes une réponse satisfaisante. La Maîtresse de la Keyblade réfléchit un bref instant, cherchant la manière de leur fournir des explications aussi claires que possible pour ne pas les perdre dans ce nouvel univers qu'ils découvraient. Peut-être que le plus simple était encore de reprendre les choses dans l'ordre ?

« C'est exact Fabrizio. » lui dit-elle en le regardant avec un sourire encourageant « Notre monde ne faisait qu'un avant de se séparer en la multitude de mondes que nous connaissons aujourd'hui, et ce fut la fin de l'époque des contes de fées. » La jeune femme devait bien admettre cependant qu'elle ignorait encore bien des choses sur cette période. Alors à regret, elle lui avoua honnêtement que « Je ne peux malheureusement pas t'en dire beaucoup plus. C'était il y a très longtemps, suffisamment pour qu'il ne nous reste que cette légende. » Et peut-être, il lui semblait se souvenir, quelques vagues mentions dans certains des livres de la bibliothèque du manoir... Mais rien qui n'ait jamais pu lui permettre de savoir depuis combien de temps les mondes ne formaient plus un tout. D'une voix calme et claire, elle reprit « Pour leur propre protection les mondes ont été séparés par des barrières infranchissables, vivant dans l'ignorance les uns des autres. » Aqua plaça les paumes de ses mains ouvertes à sa droite et à sa gauche, mimant leur éloignement avant d'ajouter à l'attention de Chen « Mais la légende dit également qu'un jour la porte qui mène au cœur des ténèbres s'ouvrira et que la lumière reviendra. » Sur ces mots, elle rapprocha ses mains pour les joindre et, avec un sourire, les reposa sur ses genoux.

Elle comprenait ce que ressentait son élève. Retrouver un monde uni, baigné de lumière, était en effet une perspective magnifique qui la laissait rêveuse. Mais elle savait également que c'était impossible, du moins pour l'instant. Quel que soit le sens de cette prophétie, les ténèbres étaient bien trop omniprésentes dans l'univers pour qu'elles ne consument pas immédiatement un monde reconstruit. Cela ne pourrait arriver que lorsque l'équilibre aurait été rétabli, dans un futur peut-être lointain... Et c'était à eux, qui possédaient le pouvoir de manier la Keyblade, de le défendre.

La jeune femme s'arracha à ses pensées pour se reconcentrer. Il y avait encore des questions auxquelles elle n'avait pas répondu. « Lorsque les mondes étaient séparés les uns des autres, seules quelques personnes avaient le pouvoir de voyager entre eux. Cela demandait de grands pouvoirs magiques... » Un sourire légèrement nostalgique se dessina sur ses lèvres alors que de vieux souvenirs refaisaient surface. Elle repensa à Merlin qu'elle avait rencontré pour la première fois au Jardin Radieux, à Mickey et à son Fragment d'Étoile à l'époque incontrôlable. « Ou d'être un porteur de la Keyblade. » D'un geste du doigt, elle pointa l'arme que Chen avait fait apparaître dans sa main. « Vous voyez, cette clé permet d'ouvrir de nombreuses choses. Notamment des passages qui nous permettaient de nous déplacer dans ce que nous appelions les entrechemins. » Aqua poussa un soupir. Combien de fois se ferait-elle la réflexion que tout était plus simple auparavant ? « Mais lorsque les sans-cœurs sont apparus ils ont brisé ces barrières, et les entrechemins sont devenus l'espace que vous connaissez. » Quant à savoir depuis combien de temps c'était le cas, elle n'eut pas à y réfléchir longtemps. « Cela fait un peu plus de 20 ans désormais. » Un peu plus de 20 ans auparavant, elle disparaissait dans le Domaine des Ténèbres. Un peu plus de 20 ans auparavant, les sans-cœurs envahissaient le Royaume de la Lumière. Comment oublier ?

La Maîtresse de la Keyblade baissa les yeux un court instant, une vague tristesse dans le cœur et sur le visage. Comme le lui avait appris un ancien membre de l'Organisation XIII, elle était en partie responsable de l'apparition des sans-cœurs par son échec à déjouer les plans de Xehanort et à sauver Terra. Maintenant, tout ce qu'elle pouvait faire était d'essayer de réparer ses erreurs...

« Pour ta dernière question Chen... » Aqua releva les yeux, et les voir tous deux l'écouter avec attention chassa le poids sur son cœur. Elle conserva néanmoins un visage sérieux, car cette question était peut-être la plus importante de toutes. « On dit de la Keyblade qu'entre de bonnes mains elle peut sauver les mondes. Mais qu'entre de mauvaises elle peut les condamner... » La jeune femme laissa la fin de sa phrase flotter quelques instants pour en souligner l'importance avant d'adresser à son élève un sourire rassurant. « Mais ne t'inquiètes pas ! » La voix de la Maîtresse de la Keyblade se fit alors plus chaleureuse « Maîtriser les pouvoirs de la Keyblade demande du temps et de l'entraînement, mais savoir comment les utiliser est une chose différente que je t'enseignerais également. » C'était, à son sens, plus important encore que l'art du combat... Les valeurs qu'ils défendaient étaient ce qui définissait réellement les porteurs de la clé. « Retiens bien la conclusion de la légende... Même plongé au cœur des ténèbres, il y aura toujours une lumière pour te guider. Crois en la lumière et les ténèbres ne pourront jamais te vaincre. Ton cœur rayonnera de son pouvoir et repoussera les ténèbres ! »

Aqua prit une grande inspiration puis demeura silencieuse pendant une longue minute afin de leur laisser méditer la foule d'informations qu'elle venait de leur transmettre. Ils auraient certainement encore de nombreuses questions, et ils devaient également être impatients de passer à la pratique. Mais la jeune femme venait d'avoir une idée différente... « Avant de débuter votre entraînement, je vous propose un petit exercice. » leur dit-elle avec un regard bienveillant. Toujours installée sur ses genoux, la Maîtresse de la Keyblade se redressa pour se tenir bien droite. D'une voix douce, elle leur proposa de « Fermez les yeux... » tandis qu'elle le faisait elle-même pour les inviter à l'imiter. « Respirez... Respirez profondément... » continua-t-elle d'une voix paisible, inspirant et expirant longuement pour faire le vide dans son esprit. « Plongez dans votre cœur... Écoutez ses murmures... » Elle sentit alors la lumière qui coulait en elle comme une rivière paisible, l'harmonie qui la liait à la Keyblade, la sérénité dans son cœur... « Ressentez... » Aqua se laissa bercer quelques minutes par la douce chaleur qui se répandait dans tout son être... Enfin, elle finit par rouvrir les yeux pour regarder Chen et Fabrizio.

« Que ressentez-vous ? » leur demanda-t-elle dans un souffle pour ne pas troubler leur concentration.


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:29, édité 1 fois
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Il observa la jeune femme quelques instants. Elle avait répondu à ses questions, et en effet les dates correspondaient. Cela allait sans dire que désormais, Fabri regardait les choses sous un autre angle. Sans uniquement parler d'une indice de plus le concernant, tout ce qui venait d'être raconté pendant les dix dernières minutes était tout simplement énorme. Il n'y avait qu'à se pencher sur le silence qui se posa comme une chape de plomb après ces réponses de la part d'Aqua.

Il contemplait pendant un instant la possibilité de se retrouver sur le même monde que Death, que Marie, que Heinrich aussi... Cela lui semblait absurde dans un premier temps. Comme un rêve complètement décalé, une pensée qu'on avait alors que l'esprit n'était pas encore sorti du sommeil. Mais tout cela avait désormais un sens ; c'est ce qui avait été.

Il avait tout son temps pour penser aux implications d'une telle chose. Aqua s'adressait à Chen et à juste titre ; elle lui parlait des implications de la keyblade. Aussi, c'était comme si d'un coup il se rendit compte qu'il n'était pas à sa place. Et il ne l'était pas, en effet. Débarqué sans invitation, à fouiner dans un manoir dans lequel il n'avait pas lieu d'être dans un monde duquel il n'était pas familier.

C'était une véritable preuve d'hospitalité que lui faisaient ses deux hôtes. Aussi, quand Aqua parla de commencer l'entraînement, il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour comprendre qu'elle s'adressait aussi bien à Chen qu'à lui. Et qu'elle ne vouvoyait pas Chen.

Fermer les yeux, écouter son cœur.

Inutile de dire qu'au moment d'entendre ça, Fabri songea à ce que son cœur pourrait bien lui dire. Son esprit lui disait bien assez de choses pour pas que le cœur s'y mette non plus. Et puis quand il disait 'on esprit' c'était lui-même. Oui, il se parlait à lui-même. Son cœur n'avait rien à dire. Il le connaissait par cœur, sans mauvais jeux de mot. Et il était persuadé que ce dernier n'avait rien à lui dire.

Il ne voulait blesser personne. Ce serait bafouer l'hospitalité et la gentillesse des porteurs de keyblade. Même stratégiquement, c'était un mouvement qui n'était que peu recommandable. Mais lui-même n'en avait pas personnellement envie. Aussi, il n'ajouta rien et s'exécuta simplement. Il ne lui tardait pas de découvrir le silence que son cœur pouvait bien lui donner. Il tirait sa force d'Etro, de sa foi. Son cœur n'avait rien à faire dans l'affaire, son cœur n'était pas quelque chose qu'il souhaitait mettre à la disponibilité d'un quelconque échange. Pour l'avoir fait, il était bien placé pour savoir que c'était trop cher payé.

Le silence s'était départi de ce sentiment de gêne. Il n'y avait maintenant que le faible bruit du vent qui battait l'herbe et les quelques arbres dont les feuilles bruissaient à une distance respectable. Les yeux fermés, Fabri avait retenu les positions respectives de Chen et d'Aqua et sentait leurs présences clairement. L'endroit se dessinait dans son esprit, quelques lignes, un grand cercle, les escaliers derrière eux.

Au début, il ne ressentit rien. Mais il ne fallut qu'un laps de temps très court pour que les traits se brouillent, que la présence de ces deux personnes qu'il hésitait à considérer comme des amis – plus des personnes de confiance, peut-être ? Devenait indéfinissable, lointaine. Mais il n'y avait aucune appréhension. C'était peut-être pour ça qu'il hésitait à employer ce terme. Il n'avait aucune crainte.

Plongez dans votre cœur, écoutez ses murmures.


La voix de la jeune femme résonnait dans son esprit. Cette phrase cryptique lui semblait désormais si simple à comprendre. Cet ordre si simple à atteindre. Et là où il s'attendait à simplement trouver l'obscurité qui se cachait habituellement sous ses paupières closes, il parvenait à ressentir une chaleur et une lumière. Fugaces mais distinctes. Surpris, curieux, il ne dit rien et se laissa envahir par cette sensation étrange.
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C’est plus simple à dire qu’à faire, c’moi qui vous l’dit et j’en fais pas des caisses !

Alors, oui, il suffit de méditer et d’écouter les conseils de madame. Sauf qu’ici, au sommet de cette montagne, c’est pas chez moi. Un peu comme quand tu déloges de ta maison, tu dors pas bien et c’est pas la joie.

Ici ? C’est la même histoire. Assis en tailleur, la Keyblade sur les genoux et les yeux fermés, j’suis pas à l’aise. Pour compléter l’histoire, il y a quand même mon maître qui m’demande comment vont les histoires. J’vais répondre quoi ? Que j’suis pas à l’aise et que ma tête parle plus que mon coeur. J’pense qu’il y a moyen que ça passe. Bon, par contre, j’ouvre une paupière en vitesse pour voir Fabrizio bien plus à l’aise que moi. Dans l’sens où il est détendu et que l’exercice fonctionne plutôt bien sûr lui. L’occasion pour ma fierté d’en prendre un coup et d’me donner un p’tit coup d’fouet.

Donc. On bouge le bassin, on assure ses appuis et on lève le menton en fermant les yeux.

Hum, hum…
L’idée est que, j’fais genre que sa question me gène pour gagner deux minutes de médiation en prolongation. Il suffit de plonger dans son coeur et d’ressentir ce que celui-ci peut m’dire.

Il parle quelle langue, mon coeur ?! Attends, j’dois pas m’emporter, ça n’risque pas de marcher.

Les paupières closes, j’vais faire le vide dans ma tête et autour de moi. Il n’y a que des cailloux sous mes fesses et le vent dans mes poils. Pas d’Aqua ou de Fabrizio. Moi et mon coeur en privé au sommet de cette montagne. Mine de rien, c’est agréable comme sensation, j’veux bien rester à faire ça toute la journée. Allongé et avec une mousse dans la patte.

Mince ! Pas de superflu. On s’concentre de nouveau.

Il n’y a que les cailloux et l’vent, ainsi que moi. D’ailleurs, l’vent, il est plus qu’agréable. Il y a surement un lien entre lui et moi, mais j’me sens bien à ressentir mes poils s’faire bercé par son souffle. Il est si calme, sauf qu’il devient tout aussi violent à l’instant où sa barde. Un peu comme moi. Dans l’histoire, j’suis pas une montagne stoïques qui n’bouge pas de ses journées et cela, qu’importe ce qui s’trame autour de moi.

Disons que, j’suis plus volage, comme une légère brise. Histoire de se balader, de rencontrer du nouveau, de m’amuser et jouer avec ce qui m’entoure. Malheureusement, des fois, j’me vois contraint à souffler si fort. Le vent, ça m’correspond bien. Là, c’est un peu c’que je ressens au fond d’mon coeur. Tiens, il n’y a pas que ça.

Dans l’noir, il y a finalement deux silhouettes qui font leur apparition. Alors que j’suis détendu dans mon coeur et mon vent. L’une est gigantesque, plus de quatre mètres et j’vois encore son écharpe bleue voler au vent. Alors que, à côté d’lui, il y a une apparence plus chétive. Une gamine, la gamine. Elle et son p’tit béret qui cache ses grandes oreilles ! Qu’est-ce qu’elle me faisait rire, son p’tit air capricieux avant d’sourire face à la brise.

Là, en communion avec moi-même, j’vois mes deux amis et j’ai chaud au coeur.

Ulthane qui, malgré son air bougon, qui m’lève un pouce en faisant aller de l’avant. Alors que Lotis m’rappel mes motivations, elle et son sourire innocent.

L’esprit clair, le coeur léger, j’ouvre de nouveau mes yeux en laissant mon museau étirer un grand sourire à l’intention d’mon maître. C’est alors que, avant d’parler d’une voix étrangement calme, j’me concentre afin de ranger la Keyblade entre mes deux gars et qu’elle disparaisse de cet endroit.

Mes amis, c’est eut que j’ressens sur l’instant.
Une chance sur deux que j’me prenne une claque pour n’pas avoir compris l’exercice. Là, j’crois qu’elle voulait surtout que j’vois la lumière qui combat les ténèbres ou un truc du genre. En attendant, c’est plutôt deux autres gars qui occupent mes pensées. Pour peu, la claque m’fera pas trop mal et j’vais pouvoir vraiment commencer à apprendre.

Maître Aqua ? J’me demande si ce ne serait pas une meilleure idée que, vous m’le dite si j’me trompe, d’apprendre vraiment à m’servir de cette Keyblade avant d’chercher à foutre une rouste à notre invité.
Parce que, soyons honnête, c’pas lui qui va m’faire courber l’échine ! Pour la simple et bonne raison que maintenant, il y a deux bonnes raisons dans mon dos pour pas m’faire rétamer. La force d’Ulthane et l’espièglerie de Lotis. L’équilibre n’a qu’à bien s’tenir car Chen arrive, sauf qu’il sera prêt une fois qu’la patronne lui donnera l’feu vert. Dans pas trop longtemps, j’espère.


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« C'est bien... » fit-elle d'une voix pensive en hochant doucement la tête, le regard un peu absent. Aqua n'avait entendu que de très loin la dernière question de Chen, songeant plutôt à la manière sincère et touchante dont il lui avait exprimé son ressenti. Au bout de quelques instants, ses yeux se posèrent de nouveau sur lui et ses lèvres s'élargirent dans un sourire approbateur. « C'est très bien ! » répéta-t-elle joyeusement. Son élève avait ressenti la lumière qui l'habitait sous sa forme la plus pure et la plus importante : l'amitié. Pour un premier exercice elle n'en attendait pas tant. C'était une excellente base pour débuter ! Tout en pointant du doigt l'emplacement du cœur du Consul, la jeune femme reprit...

« Tu vois Chen, leurs cœurs sont liés au tien... Ils lui donnent de la force. »

Naturellement, la Maîtresse de la Keyblade posa la main sur son propre cœur. Elle ferma les yeux et ressentit. Terra. Ven. Ils étaient là, avec elle. Dans cette époque de guerres et de factions, de plus en plus de personnes avaient tendance à oublier que le pouvoir de l'amitié était plus important que tous les autres. Le pouvoir de l'amitié... La jeune femme eut pour elle-même un sourire amusé. Cela paraissait tellement naïf dit ainsi ! Et pourtant il était toutefois bien réel. Sans le lien qui l'unissait à ses amis, jamais elle n'aurait pu détruire la χ-blade. Ni survivre dans le Domaine des Ténèbres... Ils avaient toujours été là pour elle, au fond de son cœur.

« C'est l'un des plus grands et des plus beaux pouvoirs que nous ayons. » conclut-elle d'un air ravi alors que ses yeux bleus brillaient de son optimisme habituel. « Un pouvoir que les ténèbres ne comprendront jamais. » Et elle était heureuse que Chen l'ait ressenti de manière aussi spontanée. Il lui confirmait encore une fois, comme elle l'avait pensé lorsqu'elle l'avait rencontré, qu'il méritait pleinement d'être un porteur de la Keyblade.

Sur ces mots, la jeune femme se releva avec précaution. Il était temps de réellement débuter l'entraînement ! Et elle savait par quoi commencer... Son élève avait raison, un affrontement avec Fabrizio n'était peut-être pas la meilleure entrée en matière. Elle aurait pourtant été curieuse de le voir se battre, d'autant plus après que Chen l'ait couvert de louanges... Toutefois elle ne le lui imposerait pas. Comme elle l'avait dit un peu plus tôt la décision lui revenait, c'était à lui de choisir son rythme d'apprentissage. Ils pouvaient tout aussi bien commencer par un exercice plus simple et Aqua avait sa petite idée là dessus. Ils allaient, tout simplement, reprendre les bases.

« Tu te souviens de ce que je t'ai dit la dernière fois ? » lui demanda-t-elle en faisant quelques pas vers le terrain d'entraînement. Lorsqu'ils avaient affronté la Fontaine Obscure au Jardin Radieux, elle n'avait pu lui prodiguer qu'un seul conseil : écouter ce que la Keyblade lui disait, la laisser le guider. Et, lors du combat, Chen était parvenu à l'entendre ! C'était ce lien qu'il allait devoir développer... « Ta Keyblade possède sa propre volonté, mais elle ne fait qu'un avec ton cœur. » Aqua se retourna vers son élève et lui adressa un sourire d'encouragement. « Pour découvrir son véritable potentiel, tu dois apprendre à agir en harmonie avec elle. » Alors, et seulement alors, il serait en mesure d'éveiller les pouvoirs qui sommeillaient en lui.

Dans un éclat de lumière, la jeune femme matérialisa sa propre Keyblade dans la paume de sa main. Tout en amenant sa seconde main sur la poignée, elle la brandit devant elle dans un mouvement mesuré et ferma les yeux en concentrant sa magie. C'est alors que la pointe de la clé scintilla et, dans un son singulier, trois orbes de lumière se matérialisèrent sur le terrain et commencèrent à se déplacer à leur gré en flottant au dessus du sol. Aqua les regarda quelques instants avec nostalgie. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de voir ces orbes. Pas depuis son examen du Symbole de Maîtrise en vérité. Autrefois, Maître Eraqus les utilisaient souvent dans ses enseignements. Ils constituaient des cibles de choix, imprévisibles dans leurs déplacements et leurs attaques... Mais surtout, ils n'étaient pas douloureux. Tout au plus pouvait-on ressentir quelques picotements à leur contact.

La Maîtresse de la Keyblade se retourna vers Chen et le regarda avec un sérieux absolu pour lui expliquer le but de l'exercice. « Ce que je vais te demander, Chen, c'est de bloquer leurs assauts... » Une tâche qui pouvait au premier abord paraître simple... Mais c'est alors que son visage se fendit d'un sourire avant qu'elle ne rajoute d'une voix légère « Les yeux fermés. » Elle n'attendit pas sa réaction et, tout en faisant disparaître son arme, retourna auprès du membre du Sanctum, un air amusé sur le visage suite à cette demande incongrue. Voilà qui allait certainement corser les choses ! Mais cela lui permettrait de s'entraîner à réagir selon la volonté de sa Keyblade. Bien évidemment cela demanderait du temps, mais il ne serait pas seul. Elle serait là pour le guider tout au long de cette épreuve. En le regardant faire avec attention, Aqua s'installa de nouveau à genoux, se plaçant aux côtés de Fabrizio afin de ne pas le laisser à l'écart.

Un bref instant elle l'observa, espérant qu'il n'était pas trop déçu de ne pas pouvoir se rendre utile. Ce n'était que partie remise, pensa-t-elle, ils étaient là pour encore quelques jours. Enfin, si le jeune homme souhaitait rester avec eux bien sûr... Peut-être que le devoir l'appelait ailleurs ? Tout en restant concentrée sur Chen, la Maîtresse de la Keyblade jetait des coups d’œil rapides dans la direction du membre du Sanctum. Elle réalisa alors qu'il était resté muet depuis qu'elle leur avait demandé d'écouter leurs cœurs. Pourtant, il lui avait semblé être réceptif à cet exercice. Elle avait lu sur son visage du calme, de la sérénité... Et elle se demandait ce qu'il avait trouvé, tout au fond de lui. Alors, sans le regarder, Aqua l'interrogea d'une voix douce.

« Et toi Fabrizio ? Qu'as-tu ressenti ? »


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:29, édité 1 fois
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« C'est... compliqué. »

Compliqué de refaire surface. Encore plus de décrire ce qu'il pouvait traîner au fond de son esprit ; les mots qu'il lui fallait pour quantifier ce que ressentait son cœur. Pour décrire ce qu'il ressentait. Pour mettre des mots sur des sentiments qu'il peinait encore à reconnaître.

«  Je m'attendais à trouver que des choses que je connaissais déjà. Enfin, quand on pense à écouter son cœur, en général on pense pas à être surpris. »


Il tentait de s'expliquer en observant Chen ; ça l'aidait, en soi, de ne pas avoir à regarder son interlocutrice dans les yeux. Il retournait dans un travers qu'il avait pensé effacé depuis des années. Toute la rigueur militaire du monde ne pouvait pas enterrer cette manie qu'il avait de ne pas regarder quelqu'un dans les yeux. Comme s'il était victime d'une timidité qu'il ne se connaissait pas. Comme s'il mentait tout en disant la vérité. C'était une petite injustice en soi. Avouer sa sincérité était d'autant plus ridicule, c'était comme un double-fond qui cimentait un peu plus un mensonge qui n'en était pas un.

Il ne voulait pas penser que la chose eut été plus simple ; que peut-être, Aqua n'avait pas remarqué du tout et qu'il s'inventait tout ça. Ce serait sans surprises. « J'arrive pas a mettre de mots là dessus. » Conclut-il, regardant le Consul et son arme étrange ; du même type que celle de Roxas, et que celle d'Aqua très probablement, bien qu'il ne l'aie pas vue. Il n'y avait aucun mystère à tout ça, leurs armes détenaient un grand pouvoir et, songeur, Fabri se demandait d'où elles venaient, comment on en obtenait une, quelle résistance elles pouvaient avoir.

Des années auparavant, il n'avait fallu d'un coup de taille pour que l'épée de son père se brise net ; une bonne lame n'était pas toujours celle dans laquelle on gardait le plus d'attachement et de sentiments. Mais celles-ci, ce n'étaient pas des armes comme les autres. Leur composition semblait inconnue, leurs formes diverses. Illogiques, presque ; des ornements qui pouvaient être brisés paraient les attaques, étaient des plus puissants contre les sans-cœur. C'était un rêve qui semblait tenir debout, à l'image de la magie des sorcières du Domaine. A l'image de Senrith, qui ne se prétendait pas magicienne mais qui imbibait dans sa foi en Etro du miel et du lait qu'elle enterrait dans la terre à chaque équinoxe, chaque solstice. A la Lumière divine de Cassandra Penaghast – qui d'autre ? C'était peut-être elle qui était la plus proche d'une déesse ; Etro avait son visage, probablement.

Non, pas probablement. C'était certain.

« C'est un peu comme si j'ouvrais une porte, en fait... » Penser à ceci, c'était raviver quelque chose. Réveiller quelque chose auquel il ne trouvait pas de nom. « Enfin. Que quand je cherchais à l'ouvrir, plutôt, elle restait fermée. Mais que si je la laissais s'ouvrir, tout me frappait. Comme quand tu... quand on voit une lumière du coin de l’œil, qu'on ne peut pas la voir en la regardant directement. »

Il se tut quelques secondes, inspira. Tourna sa tête vers la jeune femme.

« Ce qui j'ai ressenti, c'est ce que je ressentais quand je voyais mes frères, mes parents, des personnes que j'aime. Pas vraiment quand je pense, mais plutôt quand je ressens, quand je reconnaît que l'univers tourne. Que mon cœur est lié à celui d'autres. C'est pas un sentiment que je perçois quand je suis en face de quelqu'un, non. C'est quand j'y repense. Enfin, c'est... pas simple à expliquer avec des mots. Il y a tellement plus que des actes autour de nous. Quand on parlait des entrechemins, tout à l'heure, quand on parlait de tout ce que peu de gens ont idée... C'est comme s'il y avait une autre langue avec laquelle on pourrait mieux décrire tout ça. »

Plus près de son cœur, il y avait quelques lueurs. Au plus proche, peut-être. Il y avait des journées ensoleillées, celles où le travail était fini. Celles où il déléguait la supervision de la révision de l'artillerie à un lieutenant qui avait eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Celles où il arrivait à croiser Aubrey. Ces lueurs, c'était de l'espoir sans jalousie, une joie sans crainte.

Penser à Aub, c'était peut-être à ce moment qu'il pouvait sentir son cœur s'enflammer. « Ça sonnerait plus juste si je montait sur le toit du manoir et que je gueulais combien ce sentiment est merveilleux. Ce serait plus représentatif, ouais. »
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Bon, là où j’en suis, j’pense que la bagarre contre Fabrizio aurait été plus sympathique.

Ici, j’ai regardé Aqua poser ses p’tites boules de lumière sur le terrain en m’posant comme consigne de parer les coups. Alors, d’accord que j’ai l’titre de Consul. Sauf qu’elle a bien remarqué que j’suis pas la moitié d’un abruti après l’combat contre la fontaine ! Après, j’admets que de faire la même chose avec les yeux fermés, ça risque d’être plus compliqué.

Sinon, elle va bien vérifier sur j’ferme les yeux ? Soyons honnête. Les grosses taches noires au milieu d’mon visage, elles agissent comme camouflage pour mes pupilles ! Bon, j’vais pas jouer au gosse.

Vous pouvez m’faire confiance, Maître ! Elles vont rien voir venir, vos boules de Lumière.
Après un dragon, un pouple et l’ancienne dirigeante de la Coalition Noire… C’est pas trois orbes qui vont m’tenir tête.

Debout, j’craque mes phalanges et j’laisse déjà mon regard suivre le chemin des boules, elles ont pas de schéma précis. Pas grave. Il me suffit de tendre mon bras pour faire apparaître ma keyblade dans l’creux d’ma patte. Sans surprise, c’est la même. Garde et tige en bambou, panneton en pointe et pendentif en forme de chope. Il est temps d’faire honneur.

J’ferme les yeux. Là ? Il fait noir et j’me sens un peu con.

Il y a plus Ulthane et Lotis. En même temps, ils ne vont pas commencer à m’dire quoi faire en face de p’tites bouboules. Encore, c’est pas ça l’pire. Elles font pas d’bruit et j’peux déjà oublier à tenter d’comprendre où elles sont. Vous saviez que ce genre de truc n’ont pas d’odeur ?! Alors, Fabrizio, j’le loupe toujours pas et j’peux l’flairer à l’odeur dans les pistes de la montagne. Mais l’reste, j’nage en plein brouillard. Bon. Il me reste qu’à écouter la keyblade.

J’ferme toujours les yeux. Là ? Elle n’me dit rien. De plus ! J’viens d’me prendre un coup d’jus direct dans les fesses.

Sursaut en avant la main d’libre pour frotter l’espace sensible avant d’me retourner et ouvrir un oeil pour remarquer la boule qui s’enfuit dans la direction opposée. Alors, toi, ce sera tarif. Inspiration, expiration et j’ferme une nouvelle fois les yeux avant d’me mettre en position. L’bras avec la keyblade en arrière avec l’panneton dirigés vers le sol, l’autre bras en avant et la main en tranche alors que j’ai l’poids sur une jambe en pivot et l’second pour vite m’déplacer. Pourquoi que j’suis comme ça ? Pendant trente ans, j’me suis battu avec un bâton, celui-ci toujours en arrière pour donner un coup imprévisible. Et l’autre main pour distribuer des claques.

Il doit pas vraiment s’agir de la meilleure position pour une keyblade, dans l’pire des cas, j’ai deux gars pour m’corriger.

En bref, j’reste immobile et j’tente d’écouter. Rien. Un deuxième coup d’jus qui m’fait sursauter et froncer les sourcils. Mince, c’est pas si compliqué que ça ! Si j’arrive à entendre un géant de quatre mètres depuis un autre monde, j’peux prévoir le coup d’une boule de lumière ! Troisième coup d’jus. Là, c’est la rage animale qui répond et j’donne quatre coups dans l’vide dans l’espoir de l’écarter.

Quatrième coup d’jus.

D’ici, j’peux presque entendre la keyblade s’moquer d’moi. Dans l’doute, j’attends encore un peu avant d’me prendre un cinquième coup qui m’fait sortir d’mes gonds. Elle cause pas, elle rigole de moi la clé en bois ! Alors, j’me contracte sur moi-même, tournant comme une toupie alors qu’mon bras par loin en arrière avant que j’relâche l’mouvement. Dans une vrille dont j’suis l’centre, j’lâche mon arme qui tourne tout autour de moi, faisant battre le vent à grand rythme alors que j’ressens qu’l’arme à touché un truc. Un p’tite victoire alors que j’tends l’bras et qu’elle revient dans l’creux de ma main après l’avoir lancé.

Hum, j’pense en avoir eu une…?
Ouais, j’viens d’balayer l’air autour de moi sur cinq mètres. Dans un sens, c’est efficace, sauf que ça n’doit pas être dans l’idée d’Aqua.

Navré, maître. Est-ce que l’arme est l’invers de moi, du genre pas bavard pour un rond ? Ici, elle m’parle pas vraiment et j’vois pas c’que j’dois attendre d’elle. Vous n’avez pas un conseil. J’dois lui faire un cadeau pour qu’elle accepte d’me parler, ou signer un contrat ?
Bon, c’est pas très éloquent, mais j’pense que l’idée est là. Ouais, j’comprends pas c’que veut ma keyblade. S’il y a un truc, Aqua doit l’savoir.


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A la conclusion de Fabrizio, un petit rire clair franchit ses lèvres. « Voilà quelque chose que j’aimerais voir ! » lui répondit-elle d’un air amusé.

Quittant pour la première fois des yeux Chen, occupé à faire de grands moulinets avec sa Keyblade sans parvenir à parer les assauts des orbes de lumière, Aqua tourna la tête vers le jeune homme et ponctua son trait d’humour d’un sourire. L’imaginer perché au sommet du manoir en hurlant avait quelque chose de cocasse. Mais également quelque chose de fort. Elle ne plaisantait en réalité qu’à moitié en prétendant vouloir le voir faire, si telle était la manière dont il pouvait exprimer ce qui se trouvait au fond de son cœur. La Maîtresse de la Keyblade ouvrit la bouche, s’apprêtant à poursuivre, et fut soudainement interrompue avant même d’avoir commencé par le sifflement d’un vent qui s’intensifiait ! Prise au dépourvu, elle sursauta avant de reporter son attention sur Chen et sentit la fin d’une rafale venir fouetter son visage surpris et agiter quelques unes de ses mèches bleues tandis que la Keyblade de son élève revenait dans sa patte.

La jeune femme cligna des yeux, regardant Chen qui s’excusait et les orbes repoussés, puis ses sourcils se plissèrent d’un air dubitatif et légèrement désappointé en comprenant ce qu’il avait fait. Le coup avait le mérite d’être intéressant... Mais il ne s’agissait pas véritablement du but de l’exercice. Un instant d’inattention, c’était tout ce qu’il lui avait fallu pour que Chen n’exprime sa frustration... Enfin, il aurait été fou d’espérer qu’il y arrive du premier coup ! C’était maintenant qu’elle allait devoir le guider et essayer de se montrer pédagogue. Avec une grande inspiration, Aqua adopta un visage sérieux et concentré. Comme il venait de le lui demander, elle avait en effet plusieurs conseils à lui donner…

« La patience. » en premier lieu. Son lien avec la Keyblade mettrait un certain temps à se développer, sans elle il ne pourrait y arriver. « Le calme. » nécessaire pour qu’il puisse entendre les murmures de son cœur, atteindre le même état que lors de l’exercice précédent. « Tu ne dois pas essayer de bouger ton corps mais le laisser bouger pour toi. » Cela devait devenir aussi naturel que de respirer. Aqua marqua une courte pause d’un air pensif. Il lui semblait comprendre d’où venait le problème... Elle-même avait pratiqué ces exercices depuis sa jeunesse, mais Chen avait déjà sa propre expérience du combat forgée par les années, des réflexes ancrés au plus profond de lui qui pouvaient l’entraver. « Désapprends ce que tu crois connaître. » La jeune femme regarda son élève en se demandant si ses consignes n’étaient pas trop évasives. Un instant elle chercha comment résumer ce qu’elle attendait de lui, comment formuler ce qu’elle éprouvait lorsqu’elle maniait sa propre arme pour l’aiguiller sur la bonne voie. Au bout d’une petite minute de silence, Aqua finit par conclure sur quelques mots simples prononcés d’une voix douce. « Ressens. Ne pense pas. Ais confiance en ta Keyblade. »

Et d’un geste elle l’incita à reprendre son entraînement, sans le quitter des yeux désormais au cas où elle aurait besoin de le conseiller de nouveau. Toutefois alors qu’elle le regardait faire, les paroles de Fabrizio lui revinrent en tête, ainsi que la façon attendrissante et maladroite, tâtonnante, qu’il avait eu de lui expliquer son ressenti. Le jeune homme avait semblé lui-même en chercher le sens au fur et à mesure de son discours, répétant à plusieurs reprises la difficulté qu’il avait à l’exprimer avec des mots. Et, curieusement, il lui semblait avoir compris où il voulait en venir, bien qu’elle n’aurait pu elle aussi le formuler oralement. Elle sourit. Il avait vu juste en imaginant une autre langue qui lui permettrait de mieux s’exprimer. Cette langue, c’était celle qui lui permettait de le comprendre au-delà des mots. Celle du cœur.

« Que notre cœur soit la clé qui nous guide. » prononça pensivement Aqua à mi-voix, autant pour elle-même que pour le membre du Sanctum. C’était ce que leur échange lui avait évoqué et, s’adressant directement à lui cette fois, elle lui expliqua que « Cette phrase est la devise des porteurs de la Keyblade. » Portant une main au niveau de son cœur, elle ferma les yeux un court instant. « Au final, nous faisons toujours ce qu’il nous dicte. » La jeune femme inspira et expira longuement, calmement, avant que ses paupières ne se relèvent pour que son regard suive à nouveau les mouvements de Chen. Ses traits s’illuminèrent d’un optimisme bienveillant et de nouveau elle laissa échapper un léger rire en songeant à la conclusion qui s’imposait. « Il nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-même. »

Cela valait pour elle, pour Chen, et également pour Fabrizio qui découvrait ce qu’il y avait au fond de son cœur. Elle espérait, en tout cas, que cela ait été une expérience enrichissante pour lui et qu’il pourrait chérir cette lumière qui l’habitait. C’est alors qu’une question surgit dans son esprit sans qu’elle ne puisse en déterminer l’origine. La curiosité, peut-être ? Elle l’ignorait, mais au fond d’elle il y avait quelque chose, une intuition, qui lui dictait de la poser.

« Dis-moi Fabrizio… » Il y avait un peu d’hésitation dans la voix de la jeune femme, comme si elle rechignait à formuler ce qui lui avait traversé l’esprit. N’allait-elle pas aborder un sujet trop personnel ? Essayant de rassembler tout le tact qu’elle pouvait avoir, Aqua décida finalement de se lancer. « Qu’est-ce qui te pousse à te battre ? »


Dernière édition par Maître Aqua le Mer 10 Oct 2018 - 0:29, édité 1 fois
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Que notre cœur soit la clef qui nous guide.

Aqua avait prononcé cette phrase à mi-chemin entre l'espoir et la prière. Elle lui expliqua que c'était une devise, celle des Maîtres de la Keyblade. Des gens sensés, de toute évidence. C'était étrange qu'il respecte les idéaux de personnes qu'il n'avait, jusque là, jamais vus. Il connaissait vaguement Roxas – si s'être battu à ses côtés dans divers monde contre dans sans-cœurs plus étranges les uns que les autres comptait pour connaître quelqu'un. Les on-dits avaient gravé une image plutôt unique du porteur de keyblade dans l'esprit du soldat. Un électron libre. Si l'on pouvait supposer que tout le monde avait un esprit régi par la logique, lui était peut-être l'exception. C'était la chose la plus proche d'une description fidèle pour celui qui accumulait des faits d'armes illogiques parsemés de destruction, le tout sous la bannière de la Lumière. En soi, Roxas n'était pas un sujet auquel on s'attaquait sans le connaître.

Surtout si la personne avec qui il abordait le sujet était une de ses alliées. Aqua était, comme Chen l'avait présentée plus tôt, membre de la Lumière. Son nom avait figuré dans le rapport de la Réunion ; elle y avait participé. Plus les instants passaient et plus cette étrange jeune femme gagnait en mystère.

« Chen, essaie d'utiliser ton odorat, tu les sentiras peut-être venir ! Allez, tu mérites pas ta bière là ! Ça en fera plus pour nous deux ! »

C'était méchant mais c'était le Consul qui avait commencé avec son odorat à la con.

Son regard croisa celui d'Aqua alors qu'elle lui posait une question à laquelle il ne sut pas répondre. La raison qui le poussait à se battre ? « Quelque chose comme... une raison ? Une motivation ? »

Il essayait de comprendre la question pour mieux y répondre. Faute de trouver d'emblée une réponse claire. « Pour être honnête... »

Il avait envie de dire que ça dépendait des moments. Mais ce n'était pas vraiment le genre de réponse qu'on pouvait donner à une question pareille ! Non, c'était ce genre de question qui nécessitaient les meilleures réponses, celles qui venaient du cœur. Le cœur, c'était vraiment le sujet du débat du jour. En quelques heures, Fabrizio avait l'impression d'avoir plus écouté son cœur qu'en plusieurs années. Il n'avait jamais eu de problèmes avec, personnellement. Avec du recul, il pourrait dire que son cœur n'était pas un de ses amis proches.

C'était stupide, comme réflexion. C'était son cœur. Et, tout comme son esprit, il restait un mystère. Longtemps, il avait essayé de trouver quelque chose, une raison de se battre. Pouvait-il dire ça à Aqua ? Allait-il se lancer sur ce chemin ? Ce n'était pas comme si c'était des mots qu'il avait déjà prononcés. Alors il ne savait pas, il hésitait. Observant silencieusement ce terrain plat où il était assis à côté de cette jeune femme belle, élancée qui lui posait une question qui le laissait coi. Bête comme un poisson sorti de l'eau.

« Maintenant que tu me poses la question, je dois dire que la réponse est pas simple à trouver. » avoua-t-il avec un sourire gêné.

Il se trouvait platement ridicule. Il y avait quelque chose en lui qui jugeait ses actions de but en blanc. Et là, c'était quelque peu pitoyable. Qu'allait-il faire, là, maintenant ? Lui sortir le discours du preux chevalier ? Ou peut-être celui qu'il avait raconté à Angeal, sur ses parents. Sur ses frères. Sa petite histoire à faire pleurer dans les chaumières. Ou quelque chose de plus récent ? A la petite Aleile, qui était désormais seule ; il avait été le dernier à voir sa sœur, le jour de l'attaque du dragon de la Coalition. « Il y a pas mal de gens que... » il soupira, peu sûr. « que j'essaie de protéger. »

Non, ça allait porter malheur, une tournure de phrase comme ça et il voyait la forme ensanglantée d'une jeune fille aux longs cheveux roux étendue au sol. « Enfin, je- » c'était chaotique. Il n'était plus sûr de rien. Pourquoi allait-il confier sa vie à cette jeune femme ? Et pourquoi se retenait-il de le faire ? Son histoire, il n'en avait pas honte, bien au contraire, il acceptait ce qui s'était passé.

Pas vraiment, au final. « Quand j'étais sur la muraille et que le dragon que la Coalition avait ramené détruisait tout, j'ai vu toute la Citadelle. Les rues, les bâtiments que je connaissais dévorés par les flammes - je suis pas né dans ce monde, jusqu'à ce moment je pensais pas que je pourrais m'y sentir chez moi un jour.»

Sur le moment, ça ne l'avait pas surpris outre-mesure. Il avait pensé à toutes ces personnes qu'il redoutait de perdre. Et il avait pensé qu'à ce moment, il pouvait intercéder en leur faveur auprès d'Etro. « Quand j'ai vu tout ça, j'ai réalisé que je ferais tout pour les protéger. »

Des gens qu'ils connaissait ou pas. Des mondes qui lui étaient familiers ou non. Il s'en foutait. Il avait un désir de les protéger qui trouvait racine quelque part dans son cœur. Que ce soit causé par une volonté d'être un héros ou bien simplement - « Je dirais que j'en ai marre de voir les gens souffrir. C'est tellement simple réduire à néant des années de travail, c'est tellement facile de ruiner des vies... ce qui me pousse a me battre c'est préserver tout ce qui a l'air d'exister que quand on l'a perdu.  Comment est-ce que tu peux dormir tranquille en sachant que ton monde peut être détruit par des sans-cœurs ? »

Il se tut un moment, joignant ses mains derrière son cou. Du côté gauche, il ne sentait presque plus rien. Est-ce qu'un jour, les cicatrices causées par le feu du dragon allaient disparaître ? Les médecins du Domaine avaient étés polis mais catégoriques. Non. Ça avait eu le mérite d'être simple.  « Est-ce que les Maîtres de la Keyblade connaissent chaque recoin de leur cœur ? » demanda-t-il, regardant en l'air. Il avait du mal à croire à une telle possibilité. Déjà que son cœur ne lui proposait qu'un tas de sentiments confus et passablement incompréhensibles... une compréhension parfaite serait de l'ordre du miracle.
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L’panda contre les orbes de lumière, deuxième manche. D’ailleurs, j’vous l’donne en mille, j’vais pas m’laisser faire.

Du moins, j’espère ne pas m’relâcher une seconde fois.

Avant tout ça, j’veux dire, avant d’appliquer les conseils prodigués par mon maître et tenter d’foutre sur la gueule des boulettes dorées… Il y a une chose importante à dire…

Navré, Fabrizio, il n’y a que tes arômes qui arrivent à mon nez ! Même la boulangerie en contrebas ne parvient pas à chasser ta propre odeur, c’est dire. Sinon, j’connais une bonne parfumerie à la Cité des Rêves.
Ça, c’est fait. En plus ? J’me suis même pas retourné pour lui dire ça. J’suis de dos, j’ai juste regardé par-dessus mon épaule avant d’lui sortir ça avec un large sourire aux lèvres. Entraînement physique et mental ! Ouais, j’ai d’quoi rendre mon maître heureux. Il m’restera plus qu’à l’faire dans l’feu de l’action pour surprendre les ennemis d’la keyblade, ou les ténèbres. Là, j’ai un trou.

Donc ! Plus de distraction, on s’applique. Patience, calme, laisser mon corps bouger sur un rythme populaire, apprendre à de nouveau apprendre et avoir confiance. Comme ça, c’est simple !

De plus, c’est un Maître de la Keyblade qui m’le dit, c’est forcément juste. On commence par les deux premières étapes en relâchant les muscles des bras et du cou, m’laissant comme un pantin debout à laisser mon esprit s’vider sur l’sommet d’cette montagne. On ferme les yeux, on observe le vide et on laisse le calme nous envahir, un peu comme d’la méditation. Première et deuxième étape, j’suis déjà dans l’bon, reste plus qu’à réussir la suite de l’exercice.

Être en harmonie avec son corps, histoire d’le laisser réagir à la situation. Et quelle situation ? Celle de d’voir me défendre contre des bouboules lumineuses.

Alors, qu’est-ce que j’fais dans ce genre de situation. Normalement, j’vais prendre ma position habituelle. Un bras en avant pour distribuer les claques, le second dans l’dos pour distribuer les coups d’bâton. Mais ! Il fait que j’oublie c’que j’connais déjà. Donc, qu’est-ce que j’dois faire dans c’genre de situation. Qu’est-ce qu’on fait les centaines d’élèves qui sont v’nus à ma place. Ça c’est une bonne question, est-ce que j’dois la poser ou réfléchir par moi-même.

Mince, j’suis un grand garçon ! Alors, qu’est-ce que font les gamins avec une Keyblade dans les mains ?

D’un coup, enfin, après avoir ressenti une nouvelle décharge dans l’lard, j’ai compris. Ils ne font rien d’autre que de réagir sur l’instant. C’est logique, chaque action déclenche une réaction. Depuis la nuit des temps, ça a toujours été comme ça. Donc, c’que j’dois simplement faire, c’est réagir à l’action que j’suis en train de subir. Cependant, il reste un truc à capter, comment réagir exactement. Il me suffit simplement d’avoir le déclic et d’apprendre une nouvelle façon, une nouvelle posture, un nouvel élève de la Keyblade !

Mes jambes s’écartent l’une de l’autre, me mettant ainsi en position, rien d’extravagant ! Le simple fait de pouvoir bouger de gauche à droite et de droite à gauche. D’la patte qui tient la Keyblade ? L’un de mes doigts se tend afin que j’fasse tourner l’arme sur elle-même et qu’la tige soit le prolongement de mon avant-bras et que l’panneton ressemblent à un ergot. Ouais. Comme un poulet. Un poulet noir et blanc, certes, mais un poulet quand même. Alors, qu’est-ce qui advient du deuxième bras ? Alors, il est devant et plié, comme si j’tenais un bouclier sans avoir de bouclier et presque rabattu contre moi. L’utilité ? Aucune. Au moins, j’vais pouvoir continuer à donner des baffes ou des coups d’coude dans l’pif des gars en face de moi.

Bon, j’parle beaucoup pour pas grand-chose, mais j’me sens un peu bizarre à m’tenir comme ça. Ici, c’est juste du feeling qui m’donne envie d’être comme ça.

C’est alors que, d’un coup, j’tourne sur moi-même et lève mon bras droit pour qu’la Keyblade bloque l’une des boules qui v’nait vers moi ! Enfin, j’ai compris que c’était ça avec le p’tit bruit du choc ainsi qu’la sensation qui parcourt mon bras. Ensuite ? Pas de côté pour éviter la boule dans mon dos et prendre appui sur mon pied pour tourner telle une toupie et donner un autre coup pour projeter la boule au loin.

Oh ! C’est comme ça qu’il faut faire ?!
J’me retourne, l’arme toujours le long d’mon avant-bras pour fixer Aqua avec un sourire sur mes grosses papilles. Ouais, j’crois que j’ai réussi l’truc ! Par contre, juste le temps que j’fasse ça, une boule est v’nue me frapper en plein visage. Une cabriole plus tard, j’me retrouve à m’frotter la joue avec un brin de honte dans l’regard.


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