Lenore revenait sur ses pas, aussi discrètement que le cliquetis de ses os décharnés le lui permettaient. Sa mission était terminée mais elle devait mettre une chose au point avant de repartir en vaisseau. Cela faisait deux fois que le trio de sales garnements qui hantait le monde d’Halloween se moquait d’elle. Deux fois qu’elle se retrouvait dans des situations de paniques à devoir gérer son corps désarticulé en pleine fuite. C’était déjà deux fois de trop. Et là au pied du manoir de Jack Skellington, roi de la Terreur, elle comptait bien trouver ce qu’il lui fallait pour inverser les rôles.
Elle se retournait une dernière fois au pied de la sombre demeure à l’architecture brisée, pour s’assurer de ne pas avoir été aperçue. Les lueurs fuyantes de la lune souriant de malice et jouant avec les nuages épais pour animer les ombres mouvantes, un cri esseulé et lointain, le bruissement d’arbres morts sous une bourrasque d’air froid, tout était effroyablement normal pour ce monde. Le squelette mercenaire en était étrangement rassuré et se faufilait par la lourde porte métallique qu’elle avait veillée à laisser ouverte en terminant sa mission.
L’excitation de leur jouer un mauvais tour la faisait étirer une grimace en sourire sur son crâne jaunis. Elle grimpait les marches inégales quatre par quatre, fouillant chaque pièce avant de tomber en haut d’une tour à peine droite, sur une large pièce, à la fois bureau et bibliothèque.
L’énorme fenêtre quadrillée de barreaux de plomb laissait les reflets argentés de la lune éclairer les meubles et la grande cheminée à l’âtre noircit éteint. La mercenaire s’approcha de la chaise à large dossier rouge sombre et s’assit pour s’imprégner des vibrations malsaines de l’endroit. Rien qui ne dénote de l’ambiance générale de ce monde au contraire, tout le soulignait, en faisait un art morbide. Les livres étaient éparpillés, des bougies noires à demi-fondues s’étaient liquéfiées sur le moindre recoin possible, un grand placard grinçant contenait des costumes tous identiquement noir rayé et incroyablement grand et fin. Lenore se releva lorsque ses orbites tombèrent sur un grand tableau noir dans un coin de la pièce.
Les écritures de craie et les dessins y étaient presque effacés mais elle put y reconnaitre des termes, une étude quasiment scientifique du mauvais tour et de l’organisation de la fête de la Terreur. Son esprit sadique se réveillait en découvrant les attaques de nuées d’abeilles, les systèmes de souricières et autres marmites fumantes qu’avait prévu le plus grand héros de ce monde. Mais c’est sur le dernier schéma qu’elle trouva son bonheur, ricanant en un son grinçant qui résonnait dans le silence mortuaire de la demeure abandonnée.
Lenore attendait désormais cachée derrière un pan de mur. Tout était en place, ne manquait plus que le passage du trio sur ce passage menant au cimetière. C’était bien souvent ici qu’ils venaient l’enquiquiner et elle trépignait à l’idée de son méchant tour, guettant qu’aucun autre habitant ne passe devant l’objet au sol. Elle n’avait eu le temps d’en fabriquer qu’un seul, elle-même étonnée de sa capacité à manipuler les objets qu’elle avait trouvé chez Jack pour constituer le mécanisme. Elle s’habituait à ce monde et commençait même à vraiment l’apprécier.
Mais déjà les chamailleries des trois gamins l’arrachèrent à ses pensées. Ils approchaient innocemment, inconscient de sa présence jusqu’au moment de se taire. La mercenaire souriait à l’affût des bruits s’imaginant la scène sans la voir.
« Hey regardez une boite !
- Qu’est-ce que ça fou ici ?
- C’est marqué « Ne pas toucher »… Qu’est-ce qu’on fait ?
- A ton avis abruti ! Lenore entendit le bruit sourd d’un coup et le râle indigné caractéristique de la victime.
- … On la laisse là pour celui qui l’a perdu ?... Tentait-il timidement.
- Tout dépend ce qui se trouve dedans ! Répliquait-on précipitamment.
- Non ! » Le dernier n’avait pas dû avoir le temps de retenir son camarade car le déclic résonna dans l’air signalant l’ouverture de la boite, du piège, du filet qui sautait en se déployant en dehors du conteneur si tentant pour chatouiller la curiosité de ces sales moutards.
En un rire étrange, Lenore s’appuya sur la pierre du muret qui la cachait jusqu’alors pour se redresser de toute sa hauteur, se redresser sur les échasses qu’elle avait fixées à ses pieds afin de remplir ce si long et fin costume de Jack Skellington. Il devait être incroyablement grand, octroyant à la mercenaire costumé un sentiment de telle supériorité que s’en était grisant. Elle fit quelques pas un peu hasardeux le temps de s’habituer à cette manipulation pour se rapprocher du trio enfermé sous le lourd filet lesté de griffes métalliques. La vue de ses tourmenteurs sadiques tremblant à sa merci était enivrante, à peine dérangeante quand elle se rappelait que ce n’était que des enfants.
« C’est Jack ?! Jack est de retour ! Finit par dire avec ravissement l’un des trois.
- Oh pitié, on vous le jure, quoique vous pensiez, ce n’était pas nous !
- Sauf pour la fois où…
- Tais-toi ! La sorcière donna un coup de coude à son voisin bavard.
- Attendez…. Sa tête n’était pas plus grosse que ça ?... »
Déjà ils arrêtaient de frissonner pour analyser la situation, et le plaisir de Lenore leur tournant autour sur ses grandes échasses fuyait avec leur crainte dissipée. Si fugace, dommage.
- Maintenant que je vous tiens sous la main, je n’ai pas de chiens enragé, ni de spectre à vous envoyer… Alors… comment devrais-je m’amuser Hm ?
- C’est rien que la mercenaire… Ricanait la sorcière. Joli déguisement, on y a presque cru.
- Je devrais peut-être vous écraser les orteils avec un maillet? Fit Lenore en s’accroupissant autant que le contrôle sur ses échasses le lui permettait.
- Ouais ! Et nous noyer dans du jus de crapaud ! S’exclamait le diablotin.
- Ou vous enterrer jusqu’au cou et mettre des asticots dans vos oreilles… Elle venait chatouiller d’une phalange le bord de l’oreille du petit et rond squelette.
- Ah non pas les oreilles !
- Ou bien je vous fais … travailler ! Dit Lenore dans un éclair de lucidité.
- Ah non pas encore ! Râla la sorcière exaspérée.
- C’est ça ou je vous fais disparaitre, purement et simplement. » Dit sèchement Lenore sans laisser de doute au sérieux de sa déclaration en passant une phalange sous son cou.
Certes les punir pour qu’ils lui foutent la paix à l’avenir était agréable, mais leur génie machiavélique avait du potentiel également et le Centurio avait bien besoin d’eux dans ce monde pour fouiner.
- Quel ... genre... de travail ? S’enquit timidement le diablotin.
- Oh rien que vous ne fassiez déjà. Ricana-t-elle. Jouez des vilains tours, espionnez et racontez-moi. Clamez le retour du roi d’Halloween également… Je viendrais faire quelques apparitions en ville de la sorte. Dit-elle en désignant son costume une fois de nouveau redressée de toute sa hauteur. N’embêtez pas les mercenaires mais terrorisez et empêchez les membres de la Coalition Noire et de la Shinra de travailler.
- Et pour ceux qui travaille pour eux? Demanda avec une certaine avidité le diablotin.
- Tu penses à l'herboriste?
- ... Détruisez son jardin. Lenore venait d'avoir une belle information à la volée.
- Tssk… qu’est-ce que vous pourriez nous faire de toute façon. Bougonna la sorcière incrédule.
- Je peux te faire des couettes et t’habiller en rose petite fille... chuchotait Lenore, taquine, amusée par la réaction de terreur du garnement et des fous-rires masqués de ses camarades. Alors… marché conclu ?
La mercenaire tendait une main décharnée que le trio vint serrer après un regard croisé complice.
- Qui se ressemble S'assemble toujours Pour les mauvais tours ! Chantèrent-ils en choeur.
Elle sourit, ravie de leur décision avant de s’éloigner lentement, profitant de sa nouvelle taille pour avancer avec nonchalance, regagnant la direction de son vaisseau enfin.
- Hey ! Libérez nous oh ! » Entendit-elle au loin sans y répondre. Satisfaite de sa vengeance et de ses nouvelles recrues.
Dim 4 Fév 2018 - 11:32Elle se retournait une dernière fois au pied de la sombre demeure à l’architecture brisée, pour s’assurer de ne pas avoir été aperçue. Les lueurs fuyantes de la lune souriant de malice et jouant avec les nuages épais pour animer les ombres mouvantes, un cri esseulé et lointain, le bruissement d’arbres morts sous une bourrasque d’air froid, tout était effroyablement normal pour ce monde. Le squelette mercenaire en était étrangement rassuré et se faufilait par la lourde porte métallique qu’elle avait veillée à laisser ouverte en terminant sa mission.
L’excitation de leur jouer un mauvais tour la faisait étirer une grimace en sourire sur son crâne jaunis. Elle grimpait les marches inégales quatre par quatre, fouillant chaque pièce avant de tomber en haut d’une tour à peine droite, sur une large pièce, à la fois bureau et bibliothèque.
L’énorme fenêtre quadrillée de barreaux de plomb laissait les reflets argentés de la lune éclairer les meubles et la grande cheminée à l’âtre noircit éteint. La mercenaire s’approcha de la chaise à large dossier rouge sombre et s’assit pour s’imprégner des vibrations malsaines de l’endroit. Rien qui ne dénote de l’ambiance générale de ce monde au contraire, tout le soulignait, en faisait un art morbide. Les livres étaient éparpillés, des bougies noires à demi-fondues s’étaient liquéfiées sur le moindre recoin possible, un grand placard grinçant contenait des costumes tous identiquement noir rayé et incroyablement grand et fin. Lenore se releva lorsque ses orbites tombèrent sur un grand tableau noir dans un coin de la pièce.
Les écritures de craie et les dessins y étaient presque effacés mais elle put y reconnaitre des termes, une étude quasiment scientifique du mauvais tour et de l’organisation de la fête de la Terreur. Son esprit sadique se réveillait en découvrant les attaques de nuées d’abeilles, les systèmes de souricières et autres marmites fumantes qu’avait prévu le plus grand héros de ce monde. Mais c’est sur le dernier schéma qu’elle trouva son bonheur, ricanant en un son grinçant qui résonnait dans le silence mortuaire de la demeure abandonnée.
Lenore attendait désormais cachée derrière un pan de mur. Tout était en place, ne manquait plus que le passage du trio sur ce passage menant au cimetière. C’était bien souvent ici qu’ils venaient l’enquiquiner et elle trépignait à l’idée de son méchant tour, guettant qu’aucun autre habitant ne passe devant l’objet au sol. Elle n’avait eu le temps d’en fabriquer qu’un seul, elle-même étonnée de sa capacité à manipuler les objets qu’elle avait trouvé chez Jack pour constituer le mécanisme. Elle s’habituait à ce monde et commençait même à vraiment l’apprécier.
Mais déjà les chamailleries des trois gamins l’arrachèrent à ses pensées. Ils approchaient innocemment, inconscient de sa présence jusqu’au moment de se taire. La mercenaire souriait à l’affût des bruits s’imaginant la scène sans la voir.
« Hey regardez une boite !
- Qu’est-ce que ça fou ici ?
- C’est marqué « Ne pas toucher »… Qu’est-ce qu’on fait ?
- A ton avis abruti ! Lenore entendit le bruit sourd d’un coup et le râle indigné caractéristique de la victime.
- … On la laisse là pour celui qui l’a perdu ?... Tentait-il timidement.
- Tout dépend ce qui se trouve dedans ! Répliquait-on précipitamment.
- Non ! » Le dernier n’avait pas dû avoir le temps de retenir son camarade car le déclic résonna dans l’air signalant l’ouverture de la boite, du piège, du filet qui sautait en se déployant en dehors du conteneur si tentant pour chatouiller la curiosité de ces sales moutards.
En un rire étrange, Lenore s’appuya sur la pierre du muret qui la cachait jusqu’alors pour se redresser de toute sa hauteur, se redresser sur les échasses qu’elle avait fixées à ses pieds afin de remplir ce si long et fin costume de Jack Skellington. Il devait être incroyablement grand, octroyant à la mercenaire costumé un sentiment de telle supériorité que s’en était grisant. Elle fit quelques pas un peu hasardeux le temps de s’habituer à cette manipulation pour se rapprocher du trio enfermé sous le lourd filet lesté de griffes métalliques. La vue de ses tourmenteurs sadiques tremblant à sa merci était enivrante, à peine dérangeante quand elle se rappelait que ce n’était que des enfants.
« C’est Jack ?! Jack est de retour ! Finit par dire avec ravissement l’un des trois.
- Oh pitié, on vous le jure, quoique vous pensiez, ce n’était pas nous !
- Sauf pour la fois où…
- Tais-toi ! La sorcière donna un coup de coude à son voisin bavard.
- Attendez…. Sa tête n’était pas plus grosse que ça ?... »
Déjà ils arrêtaient de frissonner pour analyser la situation, et le plaisir de Lenore leur tournant autour sur ses grandes échasses fuyait avec leur crainte dissipée. Si fugace, dommage.
- Maintenant que je vous tiens sous la main, je n’ai pas de chiens enragé, ni de spectre à vous envoyer… Alors… comment devrais-je m’amuser Hm ?
- C’est rien que la mercenaire… Ricanait la sorcière. Joli déguisement, on y a presque cru.
- Je devrais peut-être vous écraser les orteils avec un maillet? Fit Lenore en s’accroupissant autant que le contrôle sur ses échasses le lui permettait.
- Ouais ! Et nous noyer dans du jus de crapaud ! S’exclamait le diablotin.
- Ou vous enterrer jusqu’au cou et mettre des asticots dans vos oreilles… Elle venait chatouiller d’une phalange le bord de l’oreille du petit et rond squelette.
- Ah non pas les oreilles !
- Ou bien je vous fais … travailler ! Dit Lenore dans un éclair de lucidité.
- Ah non pas encore ! Râla la sorcière exaspérée.
- C’est ça ou je vous fais disparaitre, purement et simplement. » Dit sèchement Lenore sans laisser de doute au sérieux de sa déclaration en passant une phalange sous son cou.
Certes les punir pour qu’ils lui foutent la paix à l’avenir était agréable, mais leur génie machiavélique avait du potentiel également et le Centurio avait bien besoin d’eux dans ce monde pour fouiner.
- Quel ... genre... de travail ? S’enquit timidement le diablotin.
- Oh rien que vous ne fassiez déjà. Ricana-t-elle. Jouez des vilains tours, espionnez et racontez-moi. Clamez le retour du roi d’Halloween également… Je viendrais faire quelques apparitions en ville de la sorte. Dit-elle en désignant son costume une fois de nouveau redressée de toute sa hauteur. N’embêtez pas les mercenaires mais terrorisez et empêchez les membres de la Coalition Noire et de la Shinra de travailler.
- Et pour ceux qui travaille pour eux? Demanda avec une certaine avidité le diablotin.
- Tu penses à l'herboriste?
- ... Détruisez son jardin. Lenore venait d'avoir une belle information à la volée.
- Tssk… qu’est-ce que vous pourriez nous faire de toute façon. Bougonna la sorcière incrédule.
- Je peux te faire des couettes et t’habiller en rose petite fille... chuchotait Lenore, taquine, amusée par la réaction de terreur du garnement et des fous-rires masqués de ses camarades. Alors… marché conclu ?
La mercenaire tendait une main décharnée que le trio vint serrer après un regard croisé complice.
- Qui se ressemble S'assemble toujours Pour les mauvais tours ! Chantèrent-ils en choeur.
Elle sourit, ravie de leur décision avant de s’éloigner lentement, profitant de sa nouvelle taille pour avancer avec nonchalance, regagnant la direction de son vaisseau enfin.
- Hey ! Libérez nous oh ! » Entendit-elle au loin sans y répondre. Satisfaite de sa vengeance et de ses nouvelles recrues.