Vous ne l’attendiez pas, pourtant, la voilà ! La Journuit des méchants vient officiellement de commencer, le Jardin Radieux vient d’initier la fête et chacun est prêt à profiter de cette nuit endiablé !
Ouais, j’fais d’belles phrases, mais j’suis juste trop impatient de commencer.
Un gros gros projet du Consulat, une journée entière pour se moquer des plus grandes terreurs de l’univers ! V’là le truc improbable. S’il y avait eu un gusse qui allait m’annoncer que lors d’une journée, nous allons tourner tout ce laid monde en ridicule, il y aurait eu une réaction proche de l’hilarité. Sauf que là, nous sommes présents pour cet évènement !
Bon, j’ai prévu le truc et j’me suis préparé pour la fête. Pauvre Eudora, elle a dû bosser comme une dingue jusqu’à aujourd’hui, elle n’a pas eu beaucoup de temps à passer avec sa fille. Pourtant, son travail est fantastique. Là, j’regarde une dernière fois mon costume, ébahie par la qualité et le manque d’information qu’elle a eues pour l’confectionner.
Enfin, en ce jour, la terrible Ariez ne craint rien ! Son fidèle loup de garde est là pour la protéger, le grand et gros Kuzfo est prêt à tout pour elle.
Ouais, c’est la classe ! M’voilà en loup-garou pour la journée. Griffe est crocs, ça passait avec ma carrure. Sauf que le reste, m’voilà avec une splendide crinière qui se termine en une longue queue sur le dos. De quoi effrayer n’importe qui ! P’tet que l’patron ne va pas s’attendre à voir arriver dans ce déguisement, j’devrais lui faire la surprise… Ou pas. Arthur sera plus réceptif à cet humour.
Donc, v’là que l’heure est annoncée. Minuit et demi, j’ai un crochet à faire dans la ville avant d’rejoindre mon échoppe sur la place publique. Trois fois rien, il faut bien que j’me prête aux jeux ! Et il y a des étudiants pour gérer les boissons, il ne risque pas d’y avoir de problème. Bref, là, j’dois me mettre dans l’rôle. Où est-ce que j’suis ? Alors, j’suis sur l’une des places de la ville et j’dois rejoindre une autre. Une fois n’est pas coutume, j’vais éviter de passer par les toits, mais il faut que les visiteurs imaginent c’qui les attend.
Là, au milieu d’la foule, j’suis à quatre pattes en train de courir comme un dingue, zigzaguant entre les visiteurs pour sauter sur le toit d’un petit commerce et m’accrocher à l’une des enseignes ! Il n’y a plus de panda, j’suis le loup. Et comme font tous les loups…
— Aaaaaaaaaaaaaaaouh !
Ouais, j’suis en train de hurler à la lune ! Ça fait son p’tit effet, des couples se sont retournée pour me voir avec mes crocs et mes griffes sur l’enseigne, un frisson avant d’se retourner en rigolant. J’suis quand même un gros loup-garou, pas très athlétique. Enfin, Frollo attend son bourreau !
D’un bond gracile et élancé, j’quitte mon perchoir pour recommencer ma course folle dans les rues du Jardin Radieux, criant à tout va et bousculant parfois. J’suis un loup ! J’dois pas m’excuser, j’dois cavaler pour retrouver ma princesse. Ah, non. Ce n’est pas comme ça dans mon horaire. Bref, me v’là bon pour un demi-tour afin de passer entre les visiteurs pour arriver sur la place où se déroule l’une des attractions, les cachots de Frollo.
Par contre, j’vous l’donne en mille, entendre la voix d’Arthur qui résonne à chaque coin de rue est bien un truc unique ! Il n’hésite pas à hurler ses répliques, donnant le ton au visiteur !
D’ailleurs, un couple est en train d’se faire traîner par deux gardes vers mon point de chute. Peut-être que j’vais devoir commencer mon spectacle un peu plus tôt. Oh, ce n’est pas comme si ça m’dérangeait. Après tout, j’suis un loup-garou ! Le gardien d’Ariez Ibel, la terrible dirigeante de la Coalition Noire. Nul ne doit nous sous-estimer, surtout en cette journée. Ouah, Yvan fait un parfait Frollo ! Bon, il est juste pas assez pal et j’pense pas que l’fils de la Réthorique avait des boucles d’oreilles. Enfin.
Donc, j’termine ma course en sautant pour atteindre le haut de son tribunal improvisé. Un immense tribunal, dominant tout à trois mètres de hauteur. Et là, tu rajoutes le gitan debout sur celui-ci avec son fidèle maillet de bois. Il y a de quoi se poser des questions. Il gère son affaire, il y a déjà une dizaine d’accusés qui font la file pour se faire juger autour de pas mal de gardes armées de lance. D’ailleurs, il s’apprête à rendre son verdict.
— L’affaire est sans appel ! C’est une évidence, nous avons nous deux parfaits coupables…
— Coupable de quoi ?!
— Mais coupable de trahison envers ma royale personne ! La sentence… Au cachot !
Il frappait de toutes ses forces sur le banc, les coups résonnent dans la place alors que les gardes piquent les fesses du couple jusqu’à l’entrée de l’attraction !
— Che… Kuzfo ! Mon fidèle bras droit, mon seul ami et ma terrible créature !
— T’en fais pas un peu trop…?
— Non. Toi ! Ma bête… Il y a beaucoup trop de monde dans mes cachots et encore trop de cas à juger, il est l’heure de ton déjeuner ! Rentre et vide moi mes geôles !
— Objection !
— Rejeté !!! Cas suivant, s’il vous plaît.
Tombant du pédestal, atterrissent sur mes quatre pattes pour jouer le jeu, v’là que j’lance un nouveau cri avant de foncer tête baisser dans l’entrée de l’attraction. Un p’tit tour et trois frayeurs et j’suis bon avec le juge ! P’tet que j’vais voir quelqu’un de célèbre.
Bon, d’puis la dernière fois, j’ai pas trop demandé comment ils ont agencé l’truc. Il y a un long couloir avec plusieurs grilles, probablement l’début avec quelques hommes qui tapent les grilles de leurs armes. J’vois l’couple qui vient d’se faire juger passer par un trou dans l’mur du fond d’la geôle. C’est qu’le début doit être par là.
Un garde m’vois arriver et ouvre l’une des grilles devant moi, m’laissant ainsi le temps de passer dans l’début de l’attraction. Le jeu commence ! Et comme j’suis un loup pour la journuit, j’vais m’annoncer d’un cri dont j’ai dorénavant le secret.
Maintenant, j’dois me mettre en chasse comme un prédateur…
Le premier couloir est dans l’obscurité la plus totale, il doit y avoir quelques gitans de cacher dans les recoins pour attraper les jambes ou les bras de quelques touristes. Première étape du plan de l’attraction. Moi ? J’ai un flair hors-norme, j’arrive à sentir l’odeur des visiteurs et l’alcool de basse-qualité des gitans. D’un pas feutré, toujours à quatre pattes, j’avance dans ce long couloir.
Il y a un couple pas trop loin devant moi, il rigole volontiers ! Il est temps de rappeler où il se trouve. Donc, avec ça, j’concentre rapidement le seul sort que j’maîtrise pour lancer une légère brise dans leurs chevilles. Madame sursaute ! Ce n’est déjà pas trop mal pour un débutant. Enfin, j’dois déjà passer à la suite. C’est l’heure du grand moment ! Et il se traduit pas moi, courant à quatre pattes dans le couloir pour rejoindre le bout, l’énorme queue de mon costume se balançant et faisait crier tous ceux que j’croise dans ma course !
Heureusement qu’il y a une lumière au bout du tunnel, dans l’cas contraire, j’aurais bouffé tous les murs jusqu’à la suite de la prison.
Là, c’est un autre couloir, sauf que les murs sont éclairés par quelques torches posées à intervalles réguliers. Bien entendu, c’est encore une prison ! Donc, grille de chaque côté et cri de lamentation. Oh, j’ai une idée en béton ! J’continue ma route jusqu’à une grille vers le milieu du couloir, direct, un gars m’saute dessus pour faire la peur de ma vie. Ils sont doués, les gitans. Bref, j’lui montre l’insigne pour signaler que j’suis avec lui et ensuite, j’me cache derrière l’une des grilles.
Bon, j’suis plus en train de jouer que de vraiment participer à l’attraction, mais c’est tout aussi important !
Comme le gars d’avant, j’suis dans l’ombre et j’attends mon heure. J’suis un prédateur. Un bruit de pas, d’autres rires et une ombre ce dessine au sol. C’est l’moment ! Dès que j’vois une silhouette passer, j’fonce comme un dingue en grognant et bavant contre les barreaux ! Mon bras tendu, les griffes sorties à tenter de choper quelqu’un ! Résultat garanti. L’idée est passé pendant les dix prochains couples, c’est hilarant.
Pas l’moindre gars n’a osé s’lever pour m’en coller une ! Ah ! Ils ont même parcouru le plus de distance dans un temps records, laissant madame derrière, ou les enfants. J’crois qu’il y en a un qui pleure encore. Moi, j’suis l’meilleur Kuzfo de l’histoire.
Enfin, j’vais pas vous la faire longue, une fois ma participation accomplie, j’ai plus eu qu’une envie. Celle d’me servir une p’tite mousse ! Donc, j’tape la bise au prisonnier et j’emprunte la porte menant jusqu’au dernier couloir. Pas la peine de tergiverser, on sort, on fait un signe à Frollo et rouler jeunesse. Sauf que, j’ai oublié qu’il restait justement une dernière partie à l’attraction.
Les pattes dans les poches, j’vais tranquillement vers la sortie sans faire attention au crissement qu’il y a derrière moi.
Pas très malin, j’me retourne simplement en pensant voir l’un des gardes du Frollo du jour. Sauf que là, il y a une montagne au torse nu et trainant une immense hache de bourreau derrière lui. Alors, j’fais l’malin depuis l’début. Mais mon sang de loup n’a fait qu’un tour et j’ai probablement établi un nouveau record du cent mètres alors que l’gars m’poursuivait jusqu’à en dehors de l’attraction en levant sa hache au-dessus de la tête !
Mon coeur bats la chamade alors que j’suis contre un mur en train de reprendre ma respiration, les quelques participants restant bien à la sortie pour se moquer des gars comme moi alors que l’bourreau s’permet une tape sur l’épaule avant d’retourner jouer le jeu.
Il m’a fallu plus de dix minutes pour reprendre mon calme ! Si j’retrouve l’abruti qui… Non, oublier c’que j’viens de dire. Pour moi, il est temps de remontrer les rues d’la ville. Mon propre stand n’attend plus que son maître ! Et j’ai sacrément soif. Donc, quatre pattes et on est repartie ! Ce n’est pas parce que j’suis l’Brasseur que j’en reste pas le terrible gardien de la belle Ariez !!! D’ailleurs, elle est où, Pamela ? Arthur en a parlé au micro, j’ai oublié…