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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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IOAN KAPPEL



Identité

  • Nom  : Kappel

  • Prénom : Ioan

  • Titre  :  N/A

  • Âge :  13 - 14 ans ?

  • Camp :  Errant

  • Monde d'Origine : Histoires de Grimm

  • Race  : Humain ?

  • Grade désiré : Ce qui va !




Physionomie et Psychologie


Il ne t’a jamais semblé bien grand. Ni même fort. Au contraire. Chétif, frêle.

Inoffensif.

Te dire qu’il était plus faible encore lors de votre rencontre… te fais presque frémir. Toi, l’imposant, le puissant. Être si démuni… la simple idée de l’être. Tu sens une froide inquiétude remonter le long de ta colonne vertébrale. Instinctive. Le souvenir désormais lointain de son corps fragile et de sa peau diaphane le jour où il passa ton seuil t’arrache une grimace.

N’était-il jamais sorti de chez lui auparavant ? N’avait-il jamais fait le moindre effort qui taille son corps, rien qu’un peu ? — et aujourd’hui encore, il t’arrive d’avoir le sentiment que la plus douce des brises pourrait l’emporter.
Il y a chez lui quelque chose de presque trop doux. De trop poli. Cette impression que laissent les grands paysages de nature, agréables et magnifiques — mais désespérément paisibles. Une vision d’un instant, parfaite, mais que tout pourrait briser. Et il ne serait plus là.

A quoi la dois-tu au juste, cette impression ? Aux traits encore fins et enfantins de son visage ? Au bleu pur et clair de ses yeux ?
Ceux qu’il lève, d’ailleurs, dans ta direction. Deux grands yeux animés d’une joie simple. Ton coeur se serre. Tu y lis comme dans un livre ouvert. L’enthousiasme, l’émerveillement. Celui d’être ici. Cette clairière en bordure d’une falaise depuis laquelle la vue sur la forêt est imprenable. On aperçoit même au loin le château bercé par des eaux topaze.
Tu y vois, dans ces yeux, l’amour qu’il éprouve pour toi comme pour un père. La confiance qu’il te porte.
Si seulement il savait. — N’est-ce pas ce que tu te souffles à toi-même ?

Ce n’est pas son regard qui te préoccupe aujourd’hui.

« — Ca n’va pas ? »

Il a remarqué. Ta mine contrariée. Ton tracas. Il t’observe avec inquiétude. Trouve à l’occuper. Rapidement. Tu sais comme il peut devenir curieux. Tu aurais dû te douter que tous tes efforts de comédie ne serviraient pas ! — tu te souviens. Cela te dérangeait au début. Le sentiment d’être toujours, bien qu’innocemment, détaillé. Décortiqué. Le fait qu’il paraisse s’imprégner de ta façon d’agir et d’être. Même parfois un court instant, comme si c’était juste pour expérimenter. S’il avait été un adulte, tu te serais agacé à coup sûr d’être ainsi imité. Peut-être même franchement énervé. Mais ce n’était qu’un enfant. Et tu ne savais où il irait si ce n’était chez toi.

Tu le trouves touchant, au fond. Là, dans ce coeur qui bat aujourd’hui dans ta poitrine comme un sombre tocsin. Il ne fait que renforcer cette amertume qui te saisis à la gorge.

Arrête de te poser des questions. Il est trop tard pour faire marche arrière.

« — Non t’va bien, mens-tu. ’Pensais aux livraisons d’bois. Pour d’main. T’occupe, profite plutôt — tu dégages ses interrogations d’un vague revers de la main.
- Oh. J’t’aiderai ! Te fais pas d’mouron comme ça, ça s’passe toujours bien. »

Il te sourit. Il veut te rassurer. Il vient même tapoter ton bras comme ta femme a l’habitude de le faire lorsqu’elle veut te montrer qu’elle est là pour toi.

Ça fait un moment déjà que l’expression lisse qu’il avait constamment dans les premiers temps se brise régulièrement à la faveur de l’un de ces sourires cristallins. Ou bien d’un froncement de sourcils interrogateur. Ou concentré. Tes lèvres s’animent d’un discret et involontaire amusement. Lui dont tu compares la force à celle d’une souris (et encore), avait tenté de s’essayer à ton métier de bûcheron. Pour t’aider. Une entreprise vouée à la catastrophe, bien sûr.

Mais on ne pouvait pas lui enlever qu’il t’avait écouté. Avec attention, toujours, comme à chaque fois que tu lui expliques quelque chose. Aussi idiote soit-elle.

Te voir paraître soulagé, moins soucieux du moins, semble le satisfaire — tu le crois ? Il détourne son attention de toi. Enfin. Il est si aisé de lire en lui. Si incroyablement aisé. Comme une honnêteté brute dans sa façon d’agir, dans son comportement.
Une force pour une personne comme toi. Si l’on te cherche querelle, tu as les moyens nécessaires pour porter tes arguments. Mais pour lui ? Sûrement l’une de ses plus grandes faiblesses. Tu ne peux t’empêcher de penser à ces proies sachant jouer d’habileté et de ruse pour échapper aux prédateurs. Et par comparaison lui ne sait se défendre. Lui ne sait se battre, lui ne sait quand tenir sa langue — l’apprendra-t-il seulement ?

Garde-le en vue, ce garçon et son abondante tignasse noire en constante rébellion. Vous n’êtes jamais venus ici, et tu sais comme il lui est aisé de se perdre en ces circonstances.
Il observe, poursuit sa route, comme suivant un chemin que lui seul perçoit. Une histoire que lui conterait le bois ou une vieille maisonnée oubliée. Lorsque cela commence, Ioan s’arrête sur la fleur piétinée au bord d’un chemin, ou sur l’aspérité dans le mur de briques. Tu n’es, alors, plus là pour lui. Personne n’est plus là.

Non ? Tu le sais et tu le laisses s’éloigner ? Serait-ce que tu doutes, là, maintenant ? Souviens-toi, tu fais tout ça pour ta femme.
Il comprendrait, forcément. Tu dois la récupérer.
Il comprendrait, oui. Il l’aime lui aussi.

Oh comme tu le croyais. Mais depuis que cette bande de sombres connards de la guilde des artisans te l’avait prise, avait-t-il seulement remarqué son absence ? Oui, il avait vu ta peine. Il avait posé ses mains sur tes épaules. Il avait tenté de tenir cette maisonnée pendant que tu te perdais dans le marasme de ton désespoir… il t’a même offert cette rose de bois si singulière. Si fine, si parfaite… comme pour laisser ton attention se focaliser sur quelque chose de beau dans tes heures les plus sombres. Tes doigts frôlent ses pétales de frêne au revers de ta veste. Une douce chaleur t’envahit, un sourire se peint sur ton visage. Puis tu la relâches. Et tu sens le regret.

Ioan avait vu ta détresse, oui. Et pourtant, il n’a jamais semblé l’associer à la disparition de ta bien-aimée. Comment cela se peut-il ? Bien que dans son monde, le garçon sait observer. Il te l’a prouvé de nombreuses fois. Il observe même à un point presque maladif ! Il ne peut pas ne tout simplement pas avoir remarqué son absence. Est-ce alors qu’il est en vérité incapable de s’attacher à quiconque ? Qu’il s’en moque ? Il ne peut ignorer une femme qui lui a tant donné. Une femme qui l’a recueilli, une femme qui l’a chéri ! Non, non, tu écartes l’idée qu’il puisse tout simplement ne rien ressentir pour elle. Tu l’as vu capable d’une empathie si pure… si innocente, infantile… impossible. A-t-il tout bonnement décidé de ne pas l’évoquer devant toi par égard pour ta personne, jusqu’à bannir son nom de ses lèvres ? Tu doutes. Tu ne dois pas douter !

Oh tu avais promis de le protéger cet enfant. Paisible, faible, réceptif, intuitif, influençable, doux. Cet enfant à la tête au-dessus des nuages, cet enfant qui semble tant avoir appris à force de vivre auprès de vous.

Tu l’avais promis. A celle-la même pour qui tu vas revenir sur ta parole.

N’aie pas de regrets.

Lève la tête, sois fort. Il s’en remettra.

Tu aimes tant le croire.




Histoire


Comme une perle.

Cabossée, imparfaite. Et qu’il avait cru un temps pouvoir atteindre du bout des doigts. Fascinante. Ioan sentait sur ses mains et ses joues la caresse d’une brise nocturne. Son coeur, lui, restait bercé des odeurs fraîches et sucrées de l’herbe humide et de la rose éclose. La Dame Blanche pleurait cette nuit-là, comme toutes les autres.

Il l’écoutait.

Mille larmes d’or pour un amour qu’elle ne pourrait jamais confier à son élu. Il était ce qu’elle désirait le plus. Il était ce qui la faisait briller du feu de ses passions ! Mais toujours, en sa présence, elle se faisait comme invisible.
Elle cherchait en permanence à l’approcher. Dès qu’elle le voyait, elle s’illuminait. Mais lui ? L’apercevait-il seulement ?

Parfois ils partageaient une danse. Et l’on disait même que de les regarder se mouvoir l’un et l’autre ensemble était si beau qu’un mortel en mourrait. Que ses yeux brûleraient. Que son coeur fondrait.

Pourquoi alors le Soleil ne lui proposait-il pas plus souvent d’aller au bal ?

Ioan écoutait la Lune. Irrésistible Lune. Ce soir comme bien d’autres. Réalisait-il seulement qu’elle avait été son premier souvenir ? Une lune pleine et resplendissante qu’il avait observé des heures durant au bord d’un lac paisible ? Non. Cela lui paraissait à la fois proche et lointain. L’herbe humide et la rose éclose. Où avait-il été, qu’avait-il fait avant de s’asseoir cette première nuit au bord du lac ? Il ne le savait pas. Est-ce que cette ignorance lui pesait ? Non. C’était comme s’il n’y prêtait pas attention. Comme s’il n’avait pas réellement conscience du vide de son passé, tant il ne cherchait pas à le combler.

Les étoiles brillaient ce soir comme chaque nuit — une infinité de terres inconnues et merveilleuses que l’esprit du garçon ne pouvait imaginer, même en rêve. L’odeur traître des algues et du poisson envahirent ses narines comme un brutal rappel à la réalité.
Le port.

« — Gamin, on bouge. »

Son regard passa sur ces mondes étincelant loin dans le ciel, puis glissa sur la forme obscure des arbres se détachant du ciel nocturne, sur l’autre rive. Enfin, ses yeux se posèrent sur les eaux sombres aux reflets d’argent, endormies sous ses pieds pendus dans le vide.
Ses doigts caressèrent le bois de chêne du ponton. Humide, battu par les passages — sous son index, la petite entaille d’un couteau que l’on avait planté là le temps d’un casse-croûte plus tôt dans la journée.

« — Hep, petit. J’ai dit ‘on bouge’. »

Un pas lourd, avec un déséquilibre du côté droit. Les oreilles de Ioan se tendirent sensiblement. Beld ne faisait pas ce bruit la veille. Non. Et il n’avait pas voulu lui dire ce qui lui était arrivé. Ioan était curieux. L’homme de main parvint à son niveau et le souleva sans ménagement en le saisissant sous les aisselles. « Tu pèses moins lourd qu’un chaton affamé pov’ gosse. T’as intérêt à bouffer ce soir sinon c’est une tarte que tu vas prendre c’est compris ? » En arrière-plan, une femme passait le long des quais.
Grande, avec plus de formes que la moyenne. Le teint pâle au naturel. Fortement maquillée mais avec soin — lèvres rouges, joues roses, paupières foncées. Décolleté. Jupe échancrée, noire. Couleur peu salissante. Une démarche avec déhanché, un sourire agrémenté de malice.
Des bijoux d’un or faux mais sublimés par une chevelure d’un blond précieux. Ioan ne pouvait les distinguer clairement dans la pénombre. S’il se rapprochait ? — Il voulut faire un pas vers l’inconnue, mais deux mains fermement posées sur ses épaules l’en prévinrent. « Oh, t’as entendu ? » La femme au loin fit signe au jeune homme musculeux qui venait de s’exprimer, et dont la voix résonnait sur le port déserté à cette heure. Mais Beld n’était pas intéressé présentement.

« Ioan ! »

L’homme de main retourna le garçon pour plonger son regard mécontent dans ses grands yeux surpris. Beld. Il fronçait les sourcils. Des sourcils d’un brun sombre, tranchant avec sa chevelure fougueuse. Elle virait au châtain clair à la moindre exposition prolongée au soleil. Et il avait fait grand beau ces derniers jours — le Soleil, tel une orbe d’or et de feu incrustée dans un ciel bleu maya. Majestueux. Mais Ioan n’y repensa pas plus d’un vingtième de seconde. Il avait bien plus intéressant à sa portée.
Les yeux. C’était ce qu’il trouvait le plus fascinant. Ceux de Beld étaient d’un marron intense. D’une couleur terre de sienne brûlée aux tâches olives pour la plupart, toutes proches de l’iris. Plus rarement, elles étaient d’un brun profond.

Son surveillant attitré ne réalisa l’erreur qu’il avait commise en se saisissant du garçon comme il l’avait fait, que lorsqu’il se rendit compte que Ioan le fixait sans pour autant l’écouter. Et que cela faisait dix secondes qu’il lui parlait.

« — Tu n’as rien écouté pas vrai..? Siffla-t-il entre ses lèvres fines.
- Tu as parlé ?
- Laisse tomber. On rentre. »

L’homme se redressa. Il portait son éternelle tunique d’un cuir vieux et fatigué, aux teintes claires. Par endroits, elle avait été rapiécée d’étoffes diverses — avec un soin qui était tout sauf caractéristique de sa personne. Le fil gris blaireau qui retenait les tissus de couleurs accordées mais non identiques s’engouffrait de cuir à étoffe avec une régularité exemplaire.
Ioan pouvait y lire l’attention et la douceur que la fiancée de Beld lui vouait. De la même façon qu’il lisait sa tendresse dans l’application avec laquelle elle avait réalisé le bandage qui couvrait son avant-bras droit. L’enfant esquissa un sourire en se souvenant de la bienveillance qu’il avait senti émaner d’elle quand il l’avait rencontré brièvement deux jours plus tôt.

Puis, lui revint en mémoire la tranquille et discrète mélancolie qui parait ses gestes. La petite tristesse silencieuse qui dansait autour d’elle et soulevait son jupon d’un lin bleu et endurant au gré de chaque brise naissante, avec grace et élégance.

— Soudain, un papillon de nuit joueur passa sous son nez, voletant vers la ville. Les ailes d’un blanc sale aux tâches rêches couleur corbeau. Petit provocateur !

« … pas obligé de courir non plus ! » lui héla Beld. Probablement crut-il que le garçon s’était enfin plié à ses invectives.
Grossière erreur.

« Pas par là ! — Et merde ! »

Ioan était parti du mauvais côté du port. L’homme de main se mit à courir.

Ses pas vinrent frapper le ponton épuisé comme usé. Il ne supportait plus ces jeunes gens pressés.

D’un coup sec, l’enfant s’arrêta et se retourna. « — Tu ne devrais pas courir comme ça. Tu vas glisser.
- Tu… tu te foutrais pas un peu de ma gueule dis ?! » Sans trop y réfléchir, le jeune homme mit un taquet derrière la tête du garçon. Son expression était sans équivoque : finit de jouer. Il n’avait pas eu besoin de le dire — sourcils contrariés, la petite plissure née au haut de son nez aquilin le criait pour lui.

Le retour se passa sans trop d’encombres. Beld avait remarqué que Ioan se laissait moins distraire en des lieux qu’il connaissait. Et le garçon avait tant et tant parcouru les rues par lesquelles ils passèrent, que leur moindre détail était gravé en son âme. Il avançait sereinement, le regard tranquille.
Parfois, l’homme de main se disait qu’il devrait faire avec lui ce que le Patron faisait avec ses oiseaux : lui mettre un bandeau sur les yeux à défaut de tissu sur une cage. Peut-être que ça calmerait ses élans maladifs d’irrépressible curiosité.

Il en doutait sérieusement.

En parlant de cage ! — Il soupira.

Ioan aimait cette vieille maison qui ne provoquait chez Beld que déception. Sa pierre fripée, ses fenêtres tassées, ses poutres ridées et ses tuiles bleues et tombantes lui susurraient qu’elle avait eu une longue histoire. Il en apprenait un peu plus chaque semaine qu’il y passait. Ce matin, il avait découvert sous une planche mal fixée des billes de bois et une poupée de chiffon qui n’attendaient que sa visite. Penser à ce trésor insufflait au garçon une petite vague d’enthousiasme. Il n’avait encore jamais visité les combles, et il n’osait se figurer quelles merveilles s’y trouvaient.

Ou à l’inverse, il ne faisait qu’imaginer, encore et encore, ce que cette demeure lui réserverait.

Mais ce soir, Beld n’était pas d’humeur. Ioan le sentait. Sa voix tranchait autant que le couteau vaillant qu’il baladait constamment. « — Demain, tu as de la visite, lui signifia-t-il. Et pas n’importe qui. Le Patron. Alors tu vas manger puis au lit, gamin. 
- T’es fâché ?
- Non. »

Silence.

« Entre toi et le vieux j’ai pas des journées tranquilles. »
Il était donc fâché. Pourquoi ? Ioan n’avait pas eu l’impression d’avoir fait quoique ce soit qui justifie son agacement. Ni lui, ni même maître Patregain. Etaient-ils vraiment si insupportables ?

Maître Patregain. L’homme d’un âge avancé qui lui apprenait à souffler le verre. Un petit monsieur sur lequel pesaient les années, au crâne dégarni surplombé de filaments neigeux et au regard vivace. Aussi frêle qu’un biscuit fin. Il était l’une des personnes les plus apaisantes qu’il ait connu.
Il y avait cet homme qui de temps à autres venait à l’atelier, aux riches et insolentes tenues de soie comme de velours. Il avait dit à Beld que le maître n’en avait plus pour longtemps. Et cela… — les yeux de Ioan glissèrent sur le sol et ses épaules s’affaissèrent — cela rendait le garçon profondément peiné. Une froide main venait toucher ses joues, pour descendre le long de son échine alors même que la chaleur accablante d’une larme venait tristement embraser ses yeux. La crainte de perdre cet homme.

Il savait en son coeur que celui qui était son mentor depuis des mois était un grand homme. Ses mains avaient beau commencer à se jouer de lui, ce qu’il leur faisait façonner par l’effort — et le feu — témoignait d’une technique acquise de peines et d’investissement. La chaleur du chalumeau ou du four ne le faisait jamais frémir, et il savait rester attentif et vif pour ses créations.
Mais parfois, il perdait un peu le fil de ce qu’il se passait. Il oubliait ce qu’il était en train de faire — voire même un jour, n’avait pas reconnu Ioan comme son apprenti. Une maladie toute perfide que l’enfant abhorrait alors que Beld essayait de lui expliquer que « ça arrive à ceux qui vieillissent » ; une sorte de fatalisme effrayant.

Le feu de la cheminée crachota comme pour se rappeler à lui. Ioan releva la tête vers l’homme de main. Là, bras croisés, Beld semblait attendre que la soupe réchauffe dans le chaudron de fonte bosselé.

Contrarié.

Ioan le fixait sans trop savoir quoi lui dire. Le jeune homme avait les muscles tendus, la mâchoire contractée. Ce n’est que quand le pas rapide d’une de leurs colocataires — une intrépide souris blanche — appela l’attention de son protégé ailleurs qu’il s’exprima.

« — J’ai perdu les alliances, avoua-t-il.
- Les alliances ?
- Oui, les alliances ! Je vais me marier au cas où tu aurais oublié ! »

Un silence. L’enfant avait frémit quand l’homme de main avait haussé le ton, s’était raidit comme un animal acculé — puis l’aggression terminée il avait laissé passer quelques secondes avant de présenter les faits. Simples.

« Je n’savais pas. »

Pour cause. Beld ne lui avait rien dit. Ce dernier baissa des yeux défaits avec un soupir coupable — il s’était emporté trop fort. Bien trop.

Le gosse n’était pas totalement stupide. Innocent, mais sans idiotie infinie, contrairement à ce que l’on semblait croire. Il considérait son gardien comme un ami, et éprouvait pour lui une profonde sympathie. Mais les choses n’étaient sûrement pas réciproques. Pour l’homme de main, Ioan était certainement une tâche quotidienne et gênante. Contraint de le côtoyer chaque jour, Beld avait été forcé au gré du temps de se livrer un peu. Telle une falaise érodée par le va-et-vient constant des vagues, sa réserve avait paru disparaître avec les semaines.

Pourtant, il était des choses qu’il conservait bien pour lui. De nombreuses choses.
Il tentait de maintenir une distance nécessaire.

Ioan comprenait. Du moins, il le comprenait mieux maintenant. Le jeune homme ne faisait que son travail, on le lui avait expliqué, et c’était normal qu’il tâche de ne pas tout dire de lui. C’était ce que son mentor avait pris le temps de lui apprendre, une fois.

Son maître avait été le seul à lui avoir véritablement présenté la situation.

« Maintenant tu sais… belle avancée, hein ? » lâcha finalement Beld comme pour briser le silence. Mais le garçon ne dit rien.

Ioan avait apparemment été repéré par un groupe de gens du Royaume versés dans l’artisanat. La guilde des artisans ? — La guilde des artisans, oui. Mais lorsque le jeune apprenti avait demandé comment ils avaient appris son existence, le vieil homme n’avait pas su lui répondre. « Crois-tu qu’ils m’aient conté tout ton pédigrée et le comment du pourquoi ? Ils m’ont dit que tu étais un petit génie, et tu apprends vite. Très, très vite. C’est tout ce dont j’ai besoin. » lui avait-il dit. « C’est surtout étonnant que tu n’saches pas c’que tu fais là petit. »
C’était étonnant oui. Curieux, en quelques sortes. Ioan n’avait pas trop posé de questions quand ça s’était fait. L’homme élégant — celui aux tenues de soie ou de velours — lui avait à ce moment-ci expliqué que celui qui l’avait hébergé n’avait plus la capacité de le faire. Et que lui était là pour aider. Pour remédier à cette situation. Qu’il pouvait lui montrer nombre de choses nouvelles. Son premier ami, son premier gardien, un bûcheron, l’homme en qui il avait placé sa confiance, avait acquiescé à ces dires. Alors Ioan n’avait pas contesté. Peser ainsi sur les épaules de quelqu’un ? Une personne qu’il appréciait du plus profond de son coeur ? Il n’en avait eu aucune envie.

Alors il était parti. Il était allé en ville avec l’homme de soie. Puis ce dernier l’avait présenté à Beld, et enfin à son maître.
Désormais Ioan était en apprentissage.

Mais les gens ne lui disaient jamais rien. Ils ne disaient rien non plus à maître Patregain.

Dans les lieux qu’il connaissait bien, Ioan se laissait moins guider par son esprit, de-ci de-là. Alors, il prenait le temps de penser. Il commençait à réfléchir.
Ioan maîtrisait chaque recoin de cette pièce — et ces derniers temps, ses réflexions ne le faisaient pas vraiment sourire. On le tenait à l’écart de sa propre vie.

« Oh, ça va gamin ? »

Beld s’était rapproché en voyant sur le visage du garçon une mine chagrine. « Allez tire pas cette tête. J’ai pas été sympa… je sais. Allez. »

Pas de réaction.

L’homme de main fronça les sourcils. Il recommençait ! Rapidement, il lui mit une pichenette. « — Tu m’entends ?!
- Aïe, répondit Ioan d’un ton monocorde, passant la main sur sa joue. Oui..?
- Si tu m’entends, pourquoi tu m’réponds pas ?
- Je…
- Tu rien du tout. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Soudain, une pensée réconfortante vint étreindre l’enfant. Son ami allait célébrer un heureux évènement ! Un sourire léger se peint sur ses lèvres sans effort. « Euh… Ioan..? » l’interrogeait son interlocuteur. Mais oui ! Patregain, son mentor, lui avait déjà expliqué que son mariage avait été le jour le plus heureux de sa vie. Le garçon ne pouvait attendre que Beld célèbre le sien !

Mais… ces alliances ?

— « Il les faut, les alliances ? demanda-t-il.
- Pour le mariage..? Oui, pas qu’un peu.
- C’est comment ?
- Ce sont des anneaux. Un symbole, en gros.
- Pourquoi tu n’en prends pas d’autres ?
- C’est pas peu cher… »

C’était évident désormais.

« Laisse-moi t’en faire. »

— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —


Le garçon s’en allait passer le seuil de l’échoppe. Lentement, il tourna la poignée de cuivre bleuie, et poussa la fine porte de frêne dans laquelle était encastrée une vitre opaque aux ornements de fer forgé. Tout laissait l’impression à celui qui s’aventurait ici que le moindre mot prononcé plus haut qu’un autre pourrait faire tomber le cellier.

Aucun grincement. Ioan se surprit à contempler le désordre de ses cheveux dans la vitre, puis son écharpe d’un gris vieilli et sa tunique de lin sur la fin, trouée par endroits. Il entra, et laissa la porte ouverte pour Beld qui ne tarderait pas à traverser la rue, depuis la maisonnée où ils séjournaient.

L’enfant traversa la petite boutique à l’odeur de vieux bois pour parvenir dans la cour pavée. Une petite brise matinale vint courir près de lui tandis qu’il parvint aux imposantes portes de pin massif, d’un vert défraîchi. Déjà entrouvertes. Maître Patregain était au travail.

Il fallut à l’apprenti attendre la fin de la journée. Pourtant, elle fila comme d’un instant, au gré des courses d’un bout à l’autre de l’imposante soufflerie, et d’émerveillements toujours renouvelés.
Le verre chauffé, rouge-orangé, se laissait doucement attraper, allonger, tourner — choyer entre les mains expertes de maître Patregain puis de son élève. Il apprenait. Imitait. Un spectacle magnifique qui ravissait ses yeux sans jamais le décevoir. Il n’avait pas même prêté attention à Beld, qui avait passé la journée à chercher des cylindres correspondant à son tour de doigt, et à celui de sa fiancée.

Il n'avait pas non plus fait attention à l'homme de soie. Il était venu. Avait regardé. Puis était parti. Sans lui dire un mot.

Mais désormais, le maître s’est retiré dans l’échoppe. Beld est sorti. Et l'homme de soie est parti.

Une bague de verre sobre mais délicate. A chaque fois qu’il la verrait, elle rappellerait à Beld son aimée. Ioan, posé devant son chalumeau, sourit en chauffant l’extrémité du bâton de verre clair et pur dont il userait.

Il se souvient.

— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

Le bâtonnet translucide commence à rougir sous la chaleur, se faire malléable — tourner. Tourner, virevolter comme elle danse avec lui. Son jupon s’anime, s’envole ! Ses souliers battent le pavé. Le sourire. Le bonheur qui repousse l’abattement, la tristesse ordinaire, la mélancolie cachée. Tourne, danse, entraîne-le et ris. Aplatir le verre. Peu. La large pince plate. Pas de trop. Délicatement, comme le flot tranquille de ses paroles. Un mot, deux. Des lèvres discrètes qui s’animent sans un seul sursaut brusque. Légères. Saisir le second bâton, venir toucher l’extrémité du premier. Calmement — l’effleurer, presque. En ta mémoire, elle vient toucher sa joue avec tendresse. Par contact, tirer sans se presser. Allonger cette forme, oui, simplement. Quitter le chalumeau. Veiller à ce que la largeur de l’anneau ne soit pas trop fine. Délicat, mais donnant force. Là, étirer le verre. A côté de toi, lui faire épouser le tour du cylindre métallique. La forme de l’anneau. Doucement. L’œuvre est fragile. Elle est fragile. Menue. Frêle. Mais apaisante. Joindre. Délaisser le second bâton. Le cercle. Il la serre dans ses bras. Sa douceur le gagne, sa chaleur réchauffe son coeur, son sourire paraît s’atténuer — pourtant il n’est que plus serein. Patienter, un instant. Elle lui susurre quelques mots. Le verre se repose. Ne pas trop attendre. Il cesse de l’étreindre. La regarde dans les yeux. Revenir au chalumeau, reprendre le bâtonnet posé : sans insister, une petite touche pour le lier à la bague. Puis la détacher de la baguette de verre partiellement consumée. Leur temps est limité. Il est précieux.

Polir, progressivement.

Le temps. Irremplaçable.
Chauffer, lier, aplanir, veiller à conserver la forme en usant du cylindre.

Le temps. Prendre le temps. Le temps. Il consume.
Ils se sépareront, là, à l’instant. Mais l’âme tumultueuse de ton ami, de cette simple visite, s’est muée sans même le savoir en un lac tranquille.

Jusqu’à ce qu’elle lui manque.

Le verre se repose. Attendre. Le temps, toujours le temps. Tu regardes l’anneau. Tranquille. Ce feu qui semble l’habiter et le consumer de l’intérieur. Vif. Luttant pour un dernier éclat avant de s’effacer. Peu à peu.

Il emporte tout. La danse, le sourire. Ils partent. Les lèvres discrètes, la tendresse. Envolées. La délicatesse, l’apaisement. Ils s’estompent. L’étreinte. Elle t’abandonne.

Tout. Sans douleur. Tout disparaît. Même le regard complice qu’elle t’avait adressé.

Tu oublies. Et oublies avoir oublié.

Ne reste qu’une bague. Régulière, harmonieuse. Discrète et simple.

Un dernier coup léger. Tu la sépares de sa dernière attache.

Ne reste aucune trace.


— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

« Alors, tu as réussi ? » Beld croise les bras. Ses lèvres murmurent son inquiétude. Ioan esquisse un sourire. Sa mission est accomplie, et une petite fierté vient taper entre ses épaules pour le forcer à bomber le torse. Il tend une main fermée, silencieux mais enthousiaste.
« Arrête de me faire attendre pu — rée ! Montre ! » La fierté dissimulée derrière l’enfant prend une baffe. Ses épaules tombent et il révèle les alliances.

Deux anneaux simples mais parfaits.

Le jeune homme lâche un soupir de soulagement.

« — Ioan…
- Oui ? répond-t-il un peu penaud.
- Merci. »

Un large sourire s’invite sur les lèvres du garçon.

Deux anneaux. Simples mais parfaits.

« — Je peux ?
- Bien sûr qu’oui, ‘sont pour toi ! »

D’un geste hésitant, comme s’il eut peur de les briser, Beld se saisit de ces alliances de verre. Mais à peine celle qui lui est destinée touche le bout de ses doigts...

Les craintes qui venaient battre ses pensées se taisent.
La perfide tension qui s’agrippait encore à lui paraît s’effacer.

Il se sent bien. Tout ira bien.

Apaisé. Oui.

Comme une douce et rassurante étreinte.




Questions diverses



1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ?
Ioan est bien sûr capable de ressentir ces émotions, dont l’amour, bien qu’il serait probablement très maladroit (pour l’heure) dans une relation. Le fait est que sa condition peut aussi rendre le fait d’avoir des sentiments forts pour une personne extrêmement délicat. Plus un sentiment est fort plus il aura de raisons de vouloir en user pour créer, même inconsciemment.

2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
‘-‘ (Je crois que je déteste cette question) Je n’ai pas vraiment d’idée à ce stade. Peut-être un faon ? Qui sait, le temps en fera peut-être un cerf ? J’aime en fait assez la symbolique de la biche, souvent rapprochée du faon : une sorte de douceur, d’innocence, une poursuite de la sagesse et de la connaissance, et apparemment aussi parfois signe de langueur et mélancolie. Et pourtant parler du faon plutôt que de la biche laisse projeter la possibilité d’une maturité vers la force du cerf. Garder sa sensibilité et son intuitivité et pourtant apprendre la détermination et parvenir à se construire ses défenses.

3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
Ioan n’est pas un personnage traître aux individus. Il évitera au possible (disons s’il en a conscience) de mettre une personne dans une mauvaise situation et il garde très bien les secrets. Toutefois son manque d’attaches (en nombre) en fait une personne, pour l’heure toutefois, assez influençable. Ioan n’est pas tant attaché aux organisations qu’aux personnes qui les forment - et s’il devait trouver sa ‘maison’ parmi l’une d’elles, il éviterait de la mettre dans une situation préjudiciable. Ce qui… de facto tend à lui donner un sens de fidélité.
Le caractère très ‘tête dans les nuages’ de Ioan fait que beaucoup ont du mal à voir en lui un camarade sinon un gamin parfois attachant, sinon un peu étrange. Il n’a pas le tempérament de feu des téméraires sautant dans la bataille pour protéger leurs amis à coup de boules de feu (hello Natsu) pour sûr. Pourtant, il reste profondément attaché à ceux avec qui il partage des souvenirs.

4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales.
Sentiment d'affection entre deux personnes ; attachement, sympathie qu'une personne témoigne à une autre. Oui c’est la définition d’un dictionnaire, mais c’est parce que c’est pour l’heure comme cela qu’il appréhende. Il utilise le terme « ami » encore maladroitement. Ioan aurait sûrement des difficultés à faire des différences entre la connaissance amicale et l’ami, du moins avant qu’on ne lui montre concrètement.
Il a donc… beaucoup de personnes qu’il appelle « ami » même si c’est sûrement largement surévalué. Tenez, Beld par exemple. Ce n’est jamais que le type que la guilde des artisans a envoyé pour lui servir de chaperon. Mais Ioan pourra dire que c’est un « ami ».

5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
« Ils disent que chaque étoile est un monde. Je me demande comment ils sont. » - Ioan n’a pas vraiment de devise je dirais. Etant donné que c’est un personnage en constante construction et déconstruction, il peut être difficile de lui donner une phrase qui le représente toujours et inlassablement et indéfectiblement. Sa ‘curiosité’ toutefois, intuitive, je pense, reste une caractéristique de base du personnage.

6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points forts et points faibles ?
Comme chez Agon T.T (Oui, ceci est un DC). Des phrases souvent trop laborieuses, beaucoup de soucis pour retranscrire l’action et… je fais des pavés pour tout et rien ? Bref vous me connaissez T.T

7) Pourquoi incarner ce personnage ?
Au début, c’était pour une idée. Celle d’un faiseur d’artéfacts qui s’ignore (oui, oui, c’est ce que Ioan fait avec cet anneau même si je ne le dis pas textuellement). Et puis en travaillant le concept j’ai décidé d’inclure le fait que lorsqu’il crée, Ioan met de lui dans son oeuvre — vraiment. Une émotion qu’il a ressentie à un instant, un souvenir, une parcelle de souvenir, un ensemble de sensations. Et qu’il perd ce qu’il investit définitivement.
Et c’est l’idée d’un personnage qui se construit et se déconstruit en permanence qui me séduit en fait énormément. Dooonc. Voilà ^^’

Edit : J'édite rapidement avant le commentaire pour apporter une précision. Quand je dis "créer" j'entends que Ioan réalise une oeuvre qui se sépare de ses références pour faire quelque chose de plus profondément personnel. Autrement, il tombe plus dans quelque chose ou de copié, ou une adaptation brute de ses références, et qui selon moi ne comptent pas dans son "don". De ça, Ioan se contente très bien. Plus que très bien même, il ne fait presque que ça - notamment car ce qui se trouve à l'état brut l'émerveille déjà assez pour estimer ne pas avoir à le magnifier ou le retoucher. Ce qui explique aussi qu'il ne produise pas des objets infusés / artéfacts à la chaîne.
Je pourrais partir dans plus de subtilités mais je ne suis pas sûre que ce soit tant le point ici ! Donc sur ce, belle journée à tous ! Smile


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Salut salut ! Je veux te remercier pour ta patience. Clairement, je me suis permis autant de temps parce que je savais que tu ne m’en tiendrais pas rigueur ! J’ai abusé de ta gentillesse mais voilà, j’étais assez fatigué. Donc merci.

On commence par une petite faute de français :

« Te dire qu’il était plus faible encore lors de votre rencontre… te fais presque frémir. »

Ici, il faut identifier le prédicat (le groupe verbal), soit : te fais presque frémir.

Le sujet c’est : Te dire qu’il était plus faible encore lors de votre rencontre.

À quelle personne est le sujet ? Tu vois un « te », donc tu fonces : 2ème personne du singulier. Sauf que non, ici, le noyau de ton groupe sujet, c’est « dire ». Te n’est qu’un pronom dont la fonction est CIV (complément indirect du verbe). Et un infinitif qui est sujet, c’est à la 3ème personne du singulier.

Donc c’est « te fait presque frémir ».

« Il ne fait que renforcer cette amertume qui te saisis à la gorge. »

Attention, ici aussi… la P2, c’est « qui te saisis à la gorge ». Le sujet de ta P2, c’est « qui », pronom dont l’antécédent est « amertume ». Donc… « l’amertume te saisit à la gorge », c’est une 3ème personne du singulier.

Alors, j’ai fini la lecture de ta fiche. J’ai vu deux autres erreurs mais n’ai pas voulu revenir dessus. Ce qui me permet d’insister sur la propreté de ta fiche. Il y a très peu d’erreurs, on sent que tu t’es relue et même, qu’au-delà de ça, que ton français est très bon.

Bref. Je dirais avant de commencer que ta fiche est objectivement très bonne, voire excellente. Quant à mon appréciation… Elle m’a plu mais pour être tout à fait honnête, ça m’a pas plu de dingue non plus. En fait, je ne sais pas si tu as vu le film Dunkerke. Dans ce film, on nous raconte trois points de vue qui commencent dans le film en même temps mais qui, dans la timeline… ont des points de départ différents. Sauf qu’on ne te l’explique pas clairement au début du film, on te donne un petit indice mais tu oublies vite et voilà. Et du coup, tu vois les événements et… un moment, tu te paumes. Ou plutôt, tu essaies de comprendre tout ! Et t’y arrives, c’est pas non plus très compliqué… sauf que ça te sort du film.

De manière générale, je ne trouve pas une timeline compliquée intéressante. C’est un choix qui… donne une vraie complexité à la fiche, mais une complexité dont on se passerait bien. Alors… sauf quand cette timeline compliquée vient servir un propos, comme dans Premier contact (Arrival). Ici, donc, dans ta fiche… j’ai été embrouillé par la timeline. Je n’ai pas compris quand se passaient les différents événements.

Attention. Je ne suis pas un lecteur franchement intelligent. Je passe souvent au-dessus du contenu un peu subtil. J’en veux pour exemple la fiche du Cygne où j’ai déçu le Cygne en ne comprenant pas le message caché de sa fiche. Et ici, malheureusement, c’est pareil…

Donc avant d’expliquer le problème, pour moi, de ta fiche, je vais essayer de résumer l’histoire de ton personnage. C’est ce que j’ai compris, je préviens. Par inférence, déduction, toussa.

J’ai pas compris où il était né, d’où il vient mais… On l’a confié à une meuf et son bucheron. - Là, la guilde des marchands kidnappe la meuf et dit au bucheron « Confie-nous le gamin ou tu récupères pas ta go. » - Il confie le gamin à la guilde, sous la tutelle de Beld. Là, le gamin a un maître souffleur de verre. - Il fait une bague pour Beld et tout ça et voilà.

Autant la description physique, psychologique, était super… autant, bon sang, ça m’a induit en erreur sur toute la suite. Juste après, on se retrouve avec un homme de main. Bah du coup, je croyais que c’était le bucheron, puisque tu ne l’avais pas nommé. Ici, tu nous dis « C’est Beld ! » donc moi je me dis « Ah ! Beld c’est le bucheron ! » sauf que non… plus tard tu nous dis que Ioan est passé du bucheron à Beld.

Et pardon mais moi ça ne me plait pas. Du coup, je reconnais que si j’ai pas tort sur l’enchaînement des événements, ton récit est linéaire, tu nous fais un A - B - C - D - E, et pas un E- - A - D - B - E… donc cool. Sauf que j’ai eu un mal fou à lier les événements entre eux et comprendre comment se déroulent les choses.

Surtout qu’on quitte le bûcheron, dans la description physique, alors qu’il est assez maussade. Il dit qu’il va abandonner Ioan, ou un truc comme ça. Et après tu nous présentes Beld qui est aussi assez maussade. Donc moi logiquement je me dis « ah. Beld, c’est le bucheron ».

Mais alors si… j’ai tort sur l’enchaînement des événements que j’ai fait plus tôt, alors j’ai envie de dire que c’est un peu cata. Ca voudra dire que j’ai rien compris et… pardon mais moi ça ne me plait pas de ne pas comprendre ^^.

Alors, j’ai l’air très négatif. Je ne le suis pas. C’est une chose, une seule, qui pour moi est un peu faible dans ta fiche. Je trouve que c’est bien, de complexifier un propos, comme en mettant une narration à la deuxième personne du singulier… ou de faire un personnage qui est énormément dans la description parce qu’il voit… et il décrit ce qu’il voit. Il est très dans les « données sensibles » et j’adore, même si ça peut alourdir le texte (et c’est bien aussi).
Mais faire… une histoire dont on ne comprend pas l’agencement des faits, pardon, je ne trouve pas ça bien ^^.

C’est ma critique, et pour être sincère, la seule que j’ai à faire de ta fiche. J’ai trouvé ça vraiment beau.

La description physique/psycho n’était pas très originale dans sa forme mais franchement intéressante, c’est ce qui compte. Et j’aimerais parler plus précisément de la description dans son ensemble, parce que c’est finalement ce qui est le plus réussi dans ta fiche. Une description très détaillée, très humaine. Tu ne décris pas un endroit parce que ton personnage s’y trouve et pour que le lecteur se représente bien la scène, tu décris ce que ton personnage voit, et ça j’ai vraiment adoré. J’adorerais que c’est très bien, très précis. Dès lors que je me demande en lisant une fiche : est-ce que je suis capable de décrire aussi bien ? Je ne peux décemment pas ne pas le dire.

On avance un peu mais quand on est à ce moment du début de l’histoire où Beld essaie d’attirer l’attention de Ioan, je trouve ça super. Y a un fil de pensée, un jeu de regard… super.

Et évidemment, la description de la fabrication des anneaux est vraiment super. Une description émotive. Très bien.

Donc… Par contre. Je le dis régulièrement, je le dis encore… Ca m’énerve de voir : Race : humain ? Âge : 13 - 14 ans ?

Un moment, faut des données ^^, des données objectives. La question n’a jamais été : « Quel âge pense avoir votre personnage ? »` « Est-ce que votre personnage se considère comme un humain ? »

Et c’est précisément pour les personnages qui sont le plus une énigme quant à leur âge ou à leur race… qu’il faut réussir à dire « Il a tel âge ». Si votre personnage est Marcel qui a une tête de vieux, là vous faites ce que vous voulez mais… ici, là, l’info est intéressante. Et si vous ne voulez pas que l’information soit connue, dites-le clairement.

Donc… je te donne le grade de Seigneur. Franchement, si la timeline n’avait pas été aussi confuse (parce que ça m’a pris la tête), tu aurais eu Général, clairement.

Fiche validée et toutes conneries du style.
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