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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Alors, les gars, on touche à un gros morceau. Comme vous l’savez depuis longtemps, il n’y a plus de Noël à travers les mondes parce que l’gars en rouge est plus là pour faire son travail.

Et ça, c’est un véritable problème !

Première chose, v’là quatre ans que j’accroche une grosse chaussette au-dessus d’mon alambic et que j’le retrouve toujours vide ! Soyons honnête, j’suis un bon gars et j’suis probablement pas sur la liste noire du vieux barbu. Du coup, si même moi, j’arrive pas à lui décrocher un regard et recevoir une trottinette. C’est qu’il est vraiment pas bien ou qu’il est incapable de faire son métier pour le moment.

Et un vieux sage a dit une fois la chose suivante : Il n’y a pas d’problème, il n’y a que des solutions.

Alors, v’là la solution que j’vais vous apporter ! Deux semaines où j’prépare mon coup d’éclat et j’vais pas faire dans la dentelle, enfin, il y aura un peu de dentelle. Pour l’esprit de Noël. Bref ! V’là que j’ai préparé la plus grande soirée du Moulin Rouge pour le soir du réveillon. Et là, les gars, j’vous parle pas d’une soirée habituelle avec danseuse et tout ce qui va avec. Pas de messe, ce n’est pas la Cathédrale de Notre-Dame de Paris.

Bien, pas la peine de vous faire un détail de c’que j’fais fait pour en arriver là. L’idée, les amis, c’est qu’il est temps de redonner un peu de sourire sur le visage des gens. Et pour cela, j’vois rien d’mieux que l’Moulin Rouge pour y parvenir ! C’est un peu comme une soirée caritative, sauf que l’on reçoit au lieu de donner ! Si avec ça, j’fais pas exploser le record d’entrée, j’sais pas c’qu’il faut à notre univers. Donc, là, j’suis un peu comme un gamin la veille de Noël à courir dans tout l’cabaret à crier mes ordres aux personnels de l’endroit.

Vivi, Mélu et Morga ! C’est pas compliqué, j’veux juste voir de la neige qui tombe du plafond sans que celle-ci ne défonce notre parquet !
D’accord ambassadeur, ce sera fait dans l’heure.

Les trois fées hochent la tête avant de s’envoler vers le plafond, passant par-dessus le sapin se dressant sur la scène du cabaret. Il est gigantesque, j’me demande encore comment nous avons réussi à le faire rentrer. Enfin, il est là. Ensuite, j’me retourne pour regarder les fauves en lutte avec le papier-collant et l’emballage.

Tiara, faudrait pas perdre trop de temps avec ça, nous allons ouvrir les portes dans une heure !
Et si tu venais le faire toi-même Chen. C’est ton idée.
Ahaha ! Malheureusement, j’suis trop occupé… Shera ! Fait attention à ne rien briser, c’est important, ce genre de chose.
Des pâtisseries et des breloques d’apprenti…?
L’important, c’est d’être heureux !

C’est à cet instant qu’une boîte dans un emballage rouge traverse la salle pour venir en direction de ma tête, et non sans crainte, j’rattrape le cadeau avant de dresser un doigt vengeur à l’attention de Aelan qui semble en avoir marre d’emballer les surprises à disposer au pied du sapin.

Enfin, j’crois que j’vais m’écarter de l’endroit et m’diriger vers le bar. Après les cadeaux et l’sapin, il ne manque qu’un truc pour assurer l’ambiance. Avec ça, il ne me reste qu’a passer le comptoir pour aller aux cuisines dans lesquelles une odeur d’anis et de cannelle enivre mon museau. Oh, j’ai déjà la bave sur le coin de la gueule, il va falloir que quelqu’un m’empêche d’entamer les réserves.

Alors, le vin chaud… Il est prêt ?!
Il ne faut pas jouer plus vite que le papier à musique, Chen.
Oh. Depuis quand tu utilises mes répliques Chadia… Et elles sonnent si fausses que ça ?
Il y aura tout ce dont tu as besoin, ne soit pas inquiet.
Tant que l’esprit de Noël est avec nous, rien ne peut m’inquiéter !
C’est ça…

Voilà, la journée se dessine joyeusement ! Si avec ça, les gens ne sont pas heureux, j’sais pas ce qu’il faut. Il y aura pendant la soirée, les danseuses pour des chants de Noël et autres histoire à raconter. Il y aura même un Père Noël au pied du sapin pour offrir des cadeaux ! Enfin, j’vais surtout passer ma journée le cul sur cette chaise pour faire ça, j’suis déjà heureux de faire ça.

Oh, faut que j’vérifie si l’costume est toujours à ma taille ! Depuis l’temps que j’ai fait la commande à Eurdora, j’ai un peu forcé sur l’chocolat et autres sucreries.

Ah oui, il y a un truc à vérifier, j’vais regarder l’aquarium pour savoir si Eva à bien fait c’que j’ai demandé. Oh, yeah ! Elle fait son tour d’essai dans les circuits de l’aquarium ! La sirène avec un nez rouge qui traines un traineau marin dans l’cabaret. Vraiment, l’idée et géniale. Il faut absolument offrir une médaille à la personne ayant préparé cette soirée. Et surtout, glisser des cadeaux dans sa chaussette. En fait, j’parle de moi. Si vous n’avez pas compris. Enfin, comme j’le dis, l’important est de donner aujourd’hui ! Alors, vraiment, j’espère que les gens viendront nombreux pour profiter de c’que nous avons à offrir.

Bon, j’parle pour parler, mais tout est presque prêt. Il y a Kimahri à la porte d’entrée, prêt à faire l’ouverture dans son nouveau costume vert à l’effigie d’un lutin de Noël. Il doit être heureux, surtout que l’association entre le costume et son poil est horrible. Oh, j’ai failli oublier la fausse barbe ! Avec ça, les gens risquent d’me reconnaître trop facilement et comprendre que j’suis pas vraiment qui je prétends être. Et ça, ce serait vachement dommage. Vous ne pensez pas…?

Donc ! Il y a tout qui est prêt, j’vais me mettre dans l’trône et j’vais pouvoir remplir mon office. Avec cela, il y a les portes qui s’ouvrent et la soirée spéciale Noël du Moulin Rouge peut commencer !

Ho ho ho ! Venez, venez nombreux pour profiter de l’esprit de Noël pour cette année !




Information supplémentaire :
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Il y a des missions qui payent pas. Des petits riens, des broutilles qui sont postés sur le tableau plus par pitié pour les commanditaires que réel espoir de les voir remplir. Malheureusement, après la destruction du Centurio, les intitulés et récompenses n’ont pas tous été fidèlement retransmises...  
Tous ça pour dire, que quand Naran toquait à la porte du père Bigornau, elle s’attendait à une quête dangereuse, épique peut être, avec bandits, contrebandiers, quelques demoiselles en détresses…  Et se retrouvait confié la livraison d’une paire de bottes pour enfant et de trois paniers de fruit tropicaux. Une histoire de fête religieuse, la mercenaire n’avait pas vraiment écouté les explicatifs du vieux cordonnier.

Mais… le bonhomme avait une bonne tête, et lui avait préparé un sacré café, donc Naran était prête à faire un effort. Puis, tout ça lui permettrai de voyager au frais des Mercenaires…
Quand Naran vit la destination, sa décision fut prise : Elle avait a faire à la Cité des Rêves, c’était l’occasion.

⁎⁎⁎

Un voyage en vaisseau plus tard, Naran débarquait sur le territoire du Consulat. Elle s’était demandée un instant si, en tant que Mercenaire, elle serait mal accueillie…  Mais s’était finalement rassurée. Elle n’était qu’une parmi d’autre, se fondrait surement aisément dans la minorité asiatique des mondes consulaires… Et puis, qui allait lui chercher les noises pour livrer des bottines et quelques ananas ?

Comme toujours, la première sortie hors de la station fut un choc. Le monde était... Différent. Ils l’étaient tous, en un sens : Et celui-ci au moins ne la transformait pas, présentant au contraire le visage familier d’une ville médiévale. Toutefois, les bâtisses de pierres et de bois, bien que montrant une opulence variable comparable aux ville chinoise, étaient construites dans un style tout à fait contraire : En hauteur, escarpé et instable, laissant de fines ruelles pas plus larges qu’elle, où trainaient toute sortes de gens.
Contrairement à Port Royal, la flore restait rare, et bien moins parfumée : tout au plus quelques brins d’herbes entre les pavés, quelques arbres dans les jardins, et une boue claire le long des chemins.
Mais l'architecture... L'architecture relevait du miracle. Des maisons à 45 degrés semblait tenir debout que par la force d'esprit de leur habitants; Et, surplombant la Cité, un énorme monument dédoublé semblait poser son regard sur tout les visiteurs. Étrange présence, que les locaux considéraient avec indifférence ou respect...

Après s’être un peu perdu dans l’immensité des villes, Naran finit par trouver le quartier qu’elle cherchait. Il y avait… Comme un air festif à travers la cité, une activité bourdonnante qui la déboussolait.
Mais la mercenaire devait d’abord se débarrasser de sa tâche avant de pouvoir s’y intéresser.

Ainsi, avec autant de patience qu’elle pouvait se donner, la mercenaire suivi les indications dictées par son commanditaire pour trouver ses trois filles, toutes trois mariées et vivant à la Cité.
A chacune des portes, Naran toqua lourdement. La première, émaciée et craintive, n’ouvrit qu’à regret, sa porte de bois vermoulue manquant de s’effriter sous le poing de la mongole.
La seconde l’accueillie plus chaleureusement, lui offrant quelques biscuits épicés pour sa peine.
La troisième ne répondit pas, laissant son valet récupérer les fruits, et remercier la mercenaire en monnaie.

Entre les trois, Naran avait fait le tour de la ville. Elle cherchait maintenant une auberge, une taverne, ou même juste un vendeur de rue pour manger un morceau… qu’elle entendit une rumeur. Un établissement, prestigieux au ton des étudiants qui en ragotait, qui aurait ouvert ses portes gratuitement pour la journée. Une occasion en or, d’après les pipelettes, et du très bon alcool.
Il n’en fallait pas plus pour la Mercenaire, qui s’en alla dénicher ce fameux Moulin Rouge.

⁎⁎⁎

Ce fut un choc. Le houx, le gui, elle en avait vu un peu partout à travers la ville, mais le sapin au milieu de la scène, la neige, l’odeur d’épice et d’alcool chaud, le bruit d’une foule curieuse, les papiers colorés partout… C’était une overdose visuelle que Naran pris un moment à encaisser.
Seulement après, put elle apprécier le lieu délicatement décoré qu’était le Moulin Rouge.
Seulement après, aperçu-t-elle le panda en habit rouge et blanc qui se pavanait derrière le bar.
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Le houx et le gui, en pleine euphorie, chantent avec le sapin des airs de joyeux noël ! C'est si joli un sapin vert... qui sourit, les bras couverts de lumières et de cheveux d'argent, près du feu qui crépite doucement. Qui n'aime pas noël ?! De toute les nuits elle est la plus belle ! Une nuit magique où toute chose devient merveille ! Avec de beaux cadeaux généreux et douce joie d'être ensemble pour faire la fête ! Telle est la recette du bonheur familial en cette soirée géniale ! Tel est ce moment de partage où les intentions ne sont qu'amicales ! Les amoureux ont leurs cœurs pleins de tendres vœux pour être heureux à deux ! Les amis s'écrivent de sincères messages de vœux, des souhaits chaleureux ! Que ce poème de Noël vous accompagne durant les fêtes de fin d'année !
N'oubliez jamais que le plus beau cadeau est celui d'être aimé... n'oubliez jamais que la plus belle aventure est celle d'aimer !

Arthur n'était pas peu fier de lui, en cette magnifique soirée, puisqu'il avait un cadeau pour Chen qu'il n'aurait pu espérer. En effet ! Lors de sa rencontre avec Apollon, en vue de quelques machinations, le poète avait ramené du vin... mais pas n'importe lequel. Un nectar si incroyablement puissant que même les divinités en chancelle. Le divin breuvage de Bacchus capable de saouler même les dieux ! Le consul n'en avait pas bu, ou alors qu'une goutte ou deux et le dieu du soleil -une merveille- ne tenait pas assez l'alcool. Certains rétorqueraient que l'amphore est à moitié-vide ! Et ce serait telle peine... si seulement le contenant n'était pas à moitié rempli de de son contenu ! Le cas contraire eut été une sacrée déconvenue.

Genesis, quand à lui, aurait le droit à un orchestre de beaux corbeaux pour lui chanter des airs d'opéras dramatiques et funèbres les plus célèbres ! Et tous peints en rouges !

Mizore... hum... difficile à dire. Arthur devrait essayer de lui parler pour en savoir plus ! Ou demander au tragédien directement.

Soit ! On verra ça plus tard, maintenant reste le plus important ! Où est Chen ? Arthur le chercha mais ne le trouva pas ! Par contre, à cette vision, il se figea puisque... le père noël était là ?! Plus poilu que ce à quoi il ne s'y attendait... mais tout aussi gros et avec de petits yeux supers pétillants ! Mon dieu ! Arthur se sentit comme un gosse et se jeta sur lui pour l'enlacer ! A entendre sa réplique, c'était bien le vrai bienfaiteur des enfants ! Et aussi des grands enfants ! De quelques adultes possiblement. Sans attendre, Arthur lui tendit son paquet cadeau, les yeux emplis d'admirations et de joies, de lui demander un authographe à deux doigts.
Quand Arthur parlait à Madame Song de "l'âme du Consulat"... il parlait de ça. Le Père Noël ne va pas faire la fête à la Lumière, à la Coalition Noire, au Centurio ou à la Shinra, il va au Consulat !

« C'est mon cadeau pour Chen Monsieur Père Noël ! Je sais que vous avez surement déjà quelque chose de prévu pour lui mais vous ne faites que des jouets et... lui il adore l'alcool ! Et ça, c'est une amphore de vin divin, le même que celui que boivent Bacchus et les autres dieux ! Les vignes sont récoltés par des nymphes et piétinés par des satyres ! Vous... vous pouvez y gouter, prendre un verre ou deux mais faut en laissez pour Chen ! » Enfant joyeux et euphorique, Arthur prit soudain un air très très sérieux... qui le fit paraître d'autant plus enfantin.
« Soyez pas trop saoul quand vous conduirez votre traineau hein ! Mais après tout ce que vous avez traversé, vous avez bien le droit boire un petit coup ! C'est officiel Monsieur Père Noël : vous êtes l'invité du Consulat et serez traité comme un roi ! D'ailleurs, ça vous dirait pas de devenir Consul ? Consul de l'art de Noël ! Vous êtes déjà habillé en rouge en pl... »

Oh ! Il neige ! Arthur laissa ses yeux rêveurs errés au plafond... et décida d'aider ! Dégainant son pinceau, le poète écrivit le mot neige à même le vide... plusieurs fois d'affilés... et envoya mots jusqu'en haut ! Soudain, les mots de lettres blanches par dizaines se décomposèrent en centaines de flocons de neiges. Presque en transe après ça, le poète s'empressa de courir à droite et à gauche, peignant milliers de décorations tous plus farfelus et colorés les unes que les autres.

Et évidément, il fallait du gui partout ! Sait-on jamais ! Plus il y en aurait, plus la chance que des gens s'embrassent seraient grandes !

Pour ajouter une touche de fantastique à sa décoration, Arthur appela à lui des sylphides... malicieuses petites fées vertes un peu folles qui luisent et brillent comme des p'tites lucioles. De quoi ajouter un brin de féérie aux festivités de fin d'années ! Et s'ensuivit l'arrivée du jeune faon Bambi ! Celui-ci gambadait joyeusement, dispersant des orbes sur son passage permettant de se régénérer et de récupérer des forces. Pourquoi faire ? Pour que personne ne soit épuisé et qu'on puisse continuer à faire la fête toute la soirée !
Et les orbes brillent aussi en plus !

Soudain, au bar, apparaissent des danseuses en tenue de Noël... mais Arthur n'est pas dupe ! Déjà, il reconnaît les danseuses parce qu'il n'est pas débile ! Ensuite, Père Noël ne laisserait jamais ses filles, ses sœurs ou ses cousines s'habiller... aussi peu chaudement ? Et c'était ironiquement très chaud comme tenue, presque aussi chaud que le vin qu'elles servaient ! Du breuvage s'échappe une odeur d'anis et de cannelle... un parfum qui à lui seul vous souhaite joyeux noël.

« Chariffa ! T'es magnifique ce soir ! »

« Comme tout les soirs, non ? » Répondit-elle avec un sourire amusé et taquin. « Qui c'est la plus belle de tout le Consulat ?! »

« C'est Chariffa ! »

« Flatteur va ! Tu nous dis toutes ça ! Mais allez, voilà pour toi... » Répond-elle, servant un bol de vin chaud à Arthur.

Et pour d'Erato le Fils, c'est gratuit ! Enfin, lui semble-t-il ? Dégustant son vin chaud en errant, le Moulin Rouge se remplissait à vitesse grand v et perdu dans ses pensées, Arthur percuta une demoiselle ! A son grand regret, il ne la trouvait pas si belle mais fut incroyablement gênée d'avoir renversé son vin sur la pauvre invitée. Avec ses yeux plissés, c'était une chinoise, le poète crut deviné. Or, elle n'avait rien à voir avec Madame Song ou les danseuses asiatiques du Moulin Rouge. Ce n'était pas pour autant une raison de l'ignorer, surtout après l'avoir embarrassée !

« Ah ! Désolée ! » Lança-t-il, tentant maladroitement d'essuyer mais sans succès. Le sourire gênée, Arthur comptait bien réparer sa maladresse ! « Arf... bon, on dirait que je te dois un cadeau de noël ! Je m'en voudrais que tu passes la soirée toute tâchée. Je vais te peindre de nouveaux vêtements. Tes nouvelles fringues, tu les veux comment ? »
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« -Lilian!Pour la 5ème fois remet ton bonnet ou j'te le fixe avec de la glace ! Marco arrête de tirer les cheveux de Justine, t'es censé être cool à Noël ! Clementine par Etro mouche-toi donc, ça te coule jusqu'au menton ! »

On est sorti du transporteur depuis quoi ? Deux minutes ? Bien assez longtemps en tout cas  pour me faire regretter une bonne trentaine de fois de pas avoir contracté la grippe comme tout le monde. Ah je les retiens les prêtres et leurs idées de génies !

Oui non mais vous comprenez c'est noël nianiania... les pauvres petits n'ont plus de famille nianiania...et  on a entendu dire qu'au moulin rouge y avait une soirée spéciale nianiania....ça leur fera un joli cadeau nianiania...

Et moi voilà donc à accompagner une vingtaine d'orphelins pour leurs permette de passer un vrai noël, on était censé être plus que ça à la base mais comme par hasard tous mes collègues se sont retrouvés malade ce soir. Comme c'est étrange.

Tsss j't'en foutrais de l'esprit de Noël ! A Illusiopolis j'ai jamais vu personne féter ça et on s'en portait pas plus mal. Après faut dire aussi que là-bas devait pas y avoir beaucoup de gosses sages.

Enfin des gosses sages j'suis pas sur que ça existe dans un quelconque foutu coin de l'univers ! Rien que là ces démons semblent partis pour me rendre fou avant la fin de la soirée. Heureusement que j'suis trop vieux pour avoir des gosses à temps plein!
Ils sont tous à gigoter, à faire le contraire de ce que j'dis, à se chamailler...Si ça continue comme ça c'est pas impossible que je décide d'en laisser quelques uns au Moulin rouge pour le retour.
Ou que je décide d'en planter un sur le sapin pour l'exemple.

Enfin ! A force de surveiller ces lutins de noël possédés on finis par tous arriver aux portes du Moulin Rouge. Comme prévue l'entrée est gratuite, il y a juste quelqu'un avec un goût vestimentaire aussi développé que le mien pour nous surveiller. Je vérifie rapidement que mon insigne est bien caché au fond de ma poche-j'me suis dit qu'il était inutile de prendre des risques avec ça- et je fais rentrer les enfants de manière aussi harmonieuse que possible. C'est à dire pas du tout.

Et à l'intérieur c'est noël.

Enfin autant que je puisse le savoir, je vous rappelle que c'est assez nouveau pour moi. Mais bon il y a du gui, de la neige, des gens habillés en rouge, des cadeaux et de la bonne bouffe.
Et aussi...oh zut pourvu qu'ils ne le voient pas, pourvu qu'ils...


« -LE PERE NOEL !! »

Et merde.

Je tente pendant dix malheureuses secondes de leur faire garder un minimum de calme mais là c'est même plus la peine. Leur donnant des dernières consignes que je sais très bien qu'ils n'écoutent pas je finis par leur accorder quartier libre pour le reste de la soirée. Puis, avec un haussement d'épaule fataliste, je les regarde partir à la conquête du vieux barbu d'un pas bien trop enthousiaste pour ne causer aucun dégâts.

De toute façons je les avais plus ou moins briefés avant notre arrivée, et puis c'est la fête, non ? autant qu'ils en profitent. Une fois de retour au Domaine Enchantée ils auront pas autant d'étoiles dans les yeux tous les jours. On va juste se trouver un bon point d'observation pour se tenir prêt à réparer les bêtises des mômes.

Me postant près du bar je pose deux munnies sur le comptoir pour me faire servir un verre de cidre chaud. Puis, regardant des mioches plus heureux que jamais venir s’asseoir sur les genoux d'un papa noël hybrides qui va vite regretter sa place,  je me laisse peu à peu gagné par l'esprit qui règne dans ces lieux.

Les mamans noël sont moins vieilles et grosses que leurs maries, le cidre est pas dégueulasse et un genre de biche vient même se frotter à moi un instant. Délivrant au passage des genres de boules de noël vertes qui me donnent l'énergie nécessaires pour survivre à la soirée. Allez, après tout on est pas si mal ici. Joyeux noël !
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Oh, Arthur ! Il n’a même pas remarqué que c’était moi, ou bien, il fait ça juste pour me faire plaisir. Un brave gars, un peu bizarre, mais brave. D’ailleurs, il dit que c’est le breuvage des dieux…?

Bon, on fait péter l’bouchon un instant pour sentir c’qui se passe dedans et on voit si la soirée doit venir rapidement ou non. Woah ! Alors, là, il y a juste mon museau qui gigote et j’ai déjà les bulles qui me montent au cerveau. J’dois absolument aller rencontre le gars qui lui a refilé cette amphore et lui demander comment il fait. Rien qu’avec mon nez, j’suis déjà remonter ! Alors, avec une gorgée…

V’là que j’parle comme le blondinet, j’suis pas rendu. Ou bien, p’tet qu’il parle comme ça parce qu’il est constamment bourré. Est-ce que j’viens de percer son secret à jour ?

Bref, pas la peine de trainer trop longtemps avec ça ! J’vais planquer l’amphore dans ma veste et la bloquer avec mon coude pour retourner au pied du sapin. Avec ça, j’ai presque oublié qu’il fallait que j’assure aujourd’hui ! Et dès qu’il y aura des gamins, accueil professionnel et cadeau de bienvenue ! Bon, pas de boisson gratuite, c’est pas les restaurants du coeur. Et l’patron serait vraiment pas content. Donc ! Le cul sur ma chaise et j’remonte la fausse barbe sur mon nez.

Et j’crois que j’suis devin. Là, à peine assis que v’là le groupe de gamin accompagné par un papy. Et j’ai une… deux… trois… Trop tard ! J’suis assailli. Ils viennent de grimper sur la scène et cours vers moi dans un ramdam de tous les diables !

Du calme les enfaaaaaaaaaaaaaaaaants !
Bon, j’ai probablement réagi avec excès. Même s’ils sont en train d’me charger, ils se sont arrêté devant moi en arc de cercle pour me sauter sur les genoux à tour de rôle. Ouais, un moment, j’pensais que la chaise allait basculer sous l’poids pour me retrouver la tête dans l’sapin. Et moi, j’suis pas prêt pour les quatre planches. Et puis, c’est la période de l’année où les cadeaux passent en priorité !

Père Noël !
J’ai été sage cette année, et l’année dernière aussi !
Menteur, tu manges tes crottes de nez.
C’est pas vrai, c’est toi le menteur…
Et c’est pas être vilain de faire ça !
Moi, j’ai chanté dans une chorale.
Le fayot, moi aussi j’pouvais !
Calmez-vous les enfants ! Ce n’est pas un concours, vous savez.
Ah bon ?
S’il le dit, c’est que c’est vrai.
Ça marche comment alors ?

Là, l’assemblée m’regarde avec un grand sourire et sur la pointe des pieds en attendant que j’donne la réponse. Sauf que là, moi, j’ai pas de réponse ! Alors, à la place, je chose un cadeau que j’pointe devant moi.

Il suffit d’être généreux et de partager avec ses amis !
Moi ! J’le veux !
Toi, tu manges tes crottes de nez.
Hop ! Il y en aura pour tout le monde !

Et v’là que j’suis en train de jeter les cadeaux au gosse devant moi qui, en soit, prenne moins d’une minute pour virer le noeud et le papier cadeau. Avec un peu de chance, les filles chargées de l’emballage on rien vue et vont pas venir me trucider.

en attendant, j’suis comme un gamin avec un large sourire devant ça. Au moins, ils sont contents !




Dernière édition par Chen Stormstout le Mar 23 Jan 2018 - 0:48, édité 1 fois
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Le blondinet, Naran l’avait vu vaquer de ci de là, faisant acte de ses habitudes dans ce lieu. Alors, pourquoi est-ce qu’il avait choisi de lui rentrer dedans, et de reverser son verre dessus ? Il devait franchement s’ennuyer. Ça, ou il avait à peu près autant de cervelle disponible qu’un moineau. Une autre possibilité, vu son aspect… ébouriffé.

Regardant son deel tâché de breuvage épicé, Naran réfléchissait. Des vêtements… ça faisait une éternité qu’elle n’avait pas renouvelé les quelques tuniques qui lui servaient hors mission. Celle qu’elle portait aujourd’hui avait perdu son rouge original, à force des lessives agressives auxquels l’avait soumis les lavandières de Port Royal… Vraiment, il faudrait penser à se remettre à jour.

La Mercenaire finit toutefois par abandonner ses sourcils froncés, et sourire pour s’adresser au jeune poète.

« Puisque c’est un jour de fête, fais-moi une robe bleue. Quelque chose de festif, de luxueux…
Une belle étoffe en lin ou en soie, mais sans froufrou ou caprice bourgeois.
Une coupe qui serre ma taille, souligne mon corsage ; Par pitié rien de trop sage
Quelque chose d’aérien, de libre, qui me laisse danser sans perdre l’équilibre

Oh, et, puisque si gentiment tu t’y propose, peint moi quelques autres petites choses :
Un collier et deux boucles d’oreilles, d’or, d’argent ou de quel qu’autres merveilles
Des souliers et des bas, sombres et léger, et non pas ces horribles talons piégés  
Une pèlerine ou une belle pelisse cendrée, qui puissent ceindre mon décolletée

Et pour finir j’aurai besoin de tes talents d’artiste, proposé ainsi à l’improviste
Il me faut un délicat travail d’orfèvre : Une touche de rouge sur mes lèvres,
Du kohl noir pour allonger mes cils, une ligne fine, délicate, gracile
Bref de quoi rivaliser, au moins dans l’idée, avec toutes ces beautés »



Quitte à se déguiser d’aquarelles, autant pousser l’idée jusqu’au bout. Quant aux rimes… Naran était rouillée : Ce fut un jeu auquel elle avait joué, plus de dix ans auparavant, avec un ami estimé. Toutefois, elle réalisait maintenant que son petit numéro avait peut-être insulté son interlocuteur. Ses vers étaient forcés, maladroit : Avait-elle vexé cet enfant qui semblait en avoir fait son emploi ?

Elle se mordit la lèvre, inquiète d’avoir fâché un garçon qui, mis à part sa maladresse, ne lui avait rien fait. Pourquoi, d’ailleurs, lui avait-elle pardonné si vite ? Une insulte pareille, de tout autre, l’aurait passablement agacé. Mais… il y avait quelque chose de charmant chez cet enfant, d’innocent…
Et puis, il ne fallait pas oublier qu’elle était en territoire ennemis. Il était préférable d’éviter tout incident avec la garde, ou les autorités locales. Seraient-ils capables de l’arrêter pour outrage à la littérature, ou ignorance totale de la métrique classique ?

« Mon intention n’était pas de t’insulter, et mes requêtes n’avaient pas pour but de te forcer ! …Je voulais simplement de participer à la fête. Je parlerai normalement si tu le souhaite. »

Dire que Naran n’avait que voulu s’assoir et profiter de son après-midi, elle se sentait maintenant acculé et foncièrement mal à l’aise. Quelle idée, aussi, que de faire des vers sur les terres du Consulat…
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« Travail de pro pour d'l'impro ! » S'exclama le blondinet, pas du tout vexé que la charmante lui signe quelques vers bien rôdé ! Bien au contraire, ça lui semblait de la rime d'expert... ou plutôt d'experte qui aurait manqué à la fête. Et, avec joie, il avait écouté. Bénies soit les Citées Dorées où de partout le talent vient s'exprimer.
Soudain concentré, le poète se permit de la faire pivotée comme un mannequin, plus soucieux que taquin. Il détailla son corps, encore et encore, de longues secondes pour mieux saisir ses formes un peu rondes.

« Du beau bleu comme venu des cieux... » Entonna-t-il, barbouillant l'air de son pinceau de peinture dégoulinant. « De la soie, ma foi... et si rien de bourgeois, quelques coutures que voilà ! » Et l'oeuvre progressa à chaque trace du peintre qui s'en vanta ! « Que tu plairas dans cette robe... qui te déshabillera si bien, fera jaillir ta gorge en globe ; montrant tout nu ton bras païen ! Et avec ce décolleté à faire rêver ?! Tu seras à tomber ! »

Le poème n’est point fait de ces lettres que je plante comme des clous, mais du blanc qui reste sur le papier, disait Paul Claudel. C'est pourquoi, pour la demie-belle, Arthur laissa trois ouvertures... l'une de son dos en cascade jusqu'à sa chute de reins, les autres sur ses cuisses de satins. Et un foulard de lin... qui subtilement serré, relevait poitrine et fessier ! L'on aurait qu'à le tirer pour voir toute la robe s'écrouler... presque aussi ample et aéré qu'un kimono... quelque chose d'un peu fondu, avec la teinte de l'eau. Et quelle vue sur ces coupes fendues.

« Un habit... frêle comme aile d’abeille, frais comme en hiver le ciel ! Son tissu te caressera comme merveille, voltigera autour de ta beautée révélée ! Et ce soir, si t'y es décidé, tu vas choper, résultat assuré ! »

Et continuant de chanter, le poète se mit à peindre directement sur l'invitée. D'abords un beau collier, tout d'or et, avec quelques pierres qui brillent comme enchantées. Du saphir finement taillé, parfaitement contrefait mais qui les yeux sauraient trompés. Puis vinrent des boucles, pour les oreilles... quelque chose de lourd et de voyant ; pas trop seulement... mais peut-être juste assez ?
N'oublions pas d'élégantes ballerines, pour ses pieds.

Vint alors l'heure de la maquillé... un peu de rouge pour les lèvres charnu, couleur passion du Consulat, son seul vêtement quand elle sera nue. Puis, comme l'on apporte du relief à une toile par l'ombrage, le poète affina au noir fin comme du lin les courbes de son visage.

« J'espère que ça te plait ! Ils voudront tous t'appeller "bien-aimée" avec de tels attraits ! » Et Arthur, satisfait, son travail contemplait. Qu'elle enfila sa robe et vite, le poète impatient de voir travail achevé ! Yumiko, dame en kimono, geisha telle qu'on en rêve, débarqua soudain pour toiser la bridée et fut brève. Suspicieuse, méfiante et arrogante, Yumiko n'était pas rêveuse. Son œil sonda impitoyablement la mongole, promettant quelques menaces alors que sans un mot, Arthur se fit embarqué par Yumiko. Cette dernière le tirait par l'oreille même en ce noël la veille ! Comme une mère embarquerait son enfant, non sans amour mais cruellement.
Arthur s'en vexa, presque hurla ! D'Erato le Fils ne serait pas traité ainsi mais la geisha s'en fiche, trainant ce blondinet comme son fils.

« C'est une mongole... »

« Mais t'es folle ! »

Une mongole ?! Les chinoises du Moulin Rouge n'aimeraient pas ça... et si raffinés, discrètes et disciplinés... n'en restent de belles pestes que voilà.
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Ioan leva le regard sur le chariot ondin qui survolait la pièce — et sur celle qui le guidait. Une dame des mers au buste harmonieux, et à la queue mue de gracieuses ondulations. Une sirène, telle qu’il n’avait su en rêver. Une créature de merveille, sur les écailles rougeoyantes de laquelle les lumières chaleureuses du Moulin Rouge faisaient danser des reflets d’or.

L’enfant ne pouvait que suivre, envoûté, la route que cette chimère traçait sans mal au-dessus du tumulte dont se berçaient clients et employés. Si parfaite. Son regard seul fit frémir le garçon — deux émeraudes. Brillantes. Fascinantes. La promesse d’un monde lointain. Le chant silencieux des fonds marins. Un océan infini dont la profondeur peinait à être contenue par ces yeux au charme sibyllin.

Ioan ! Fait Gaf — !” Trop tard.

Le lac au fond de verre qui serpentait entre les plinthes s’arracha à sa vue. La scène s’écrasa entre deux secondes de temps avant que le parquet ne menace de l’embrasser de force. Seules ses mains à peine assez rapides pour se fracasser contre le sol l’en prévinrent. Tombé. Les lattes grincèrent de mécontentement.
A… aïe” lâcha-t-il plus par réflexe qu’à cause d’une réelle souffrance.

Putain de gosse à la con.” Beld, homme de main chargé de l’accompagner (lui et le vieux souffleur de verre qui déjà se faisait du bar l’un des piliers), se hâtait dans sa direction. Il était de mauvaise humeur depuis l’aube. “Tu peux pas r’garder où tu fous les pieds ? T’as pas vu c’bidule ?!” — tentant de se contenir, ses mots ressemblaient aux grognements d’un chien muselé. L’homme tenait dans sa main, une petite sculpture de renne en bois : s’y enlaçaient un vert pomme insolent et un rouge passionné, recouverts d’étoiles d’argent. Ils n’avaient pas eu besoin de l’approbation du gui pour se permettre des largesses.

Le gui, sous le regard bienveillant duquel les amoureux s’embrassaient mais qui jamais ne recevrait de tendres caresses. Beld reconnaissait l’expression flanquée sur le visage de l’enfant. Il était l’heure de trouver une diversion. Ou occupation.

Le père noël. Enfin. La chose qui faisait nourrice sur la scène.

Plouic !

Une fourbe bulle d’un bleu discret, translucide, vint s’exploser délicatement sur l’épaule du jeune homme, et Ioan ne put s’empêcher de détourner le regard vers le faon guilleret qui trottait de-ci de-là entre les tables. Un rayon d’enthousiasme à la robe claire et tachetée. Une joie profonde paraissait l’accompagner — une joie communicative ! Ioan sourit doucement. “Il m’a encore quitté…” soupira l’homme de main au bord du désespoir. “Ioan.

Une tape sur le crâne pour son attention. “Aïe.” — “Je sais que tu n’as pas mal…” Pas de réponse. Bien. Le garçon restait à contempler le brun sombre de ses yeux. Il les appréciait un peu plus chaque jour. Ces prunelles sérieuses mais chaleureuses. “Tu vas aller voir le… papa noël.

Aussi rapidement que Beld avait cherché à le guider, un funeste couperet s’était abattu sur la petite tranquillité de Ioan. Tout lui revenait. Trop d’informations. Trop d’agitation. Trop de gens. Pas seulement. C’était soudain comme si l'enfant les ressentait sans pouvoir leur accorder l’attention que leur simple présence implorait. Il avait recommencé. Il l’avait encore agacé. Beld. Souvent, il le lui reprochait. Se contenir. Encore. Ioan baissa les yeux sur ce parquet dont il avait apprécié le détail des rides quelques instants auparavant. Doucement. Combien l’avaient foulé sans lui prêter un regard reconnaissant ? Qui était celui à qui il devait d’avoir été lustré, paré de son plus bel éclat ? La seule personne à lui avoir donné, durablement, le plus beau de ses biens. Son temps. Une personne ? Plusieurs peut-être. Le parquet n’était pas sans fréquentations.

Tandis qu’un flocon de neige vint se déposer sur son bois chaud, affaire de lui tenir compagnie, une petite bille lumineuse ne put s’empêcher de piquer le garçon au nez.

La petite demoiselle sourit d’un air malicieux — et sans cérémonie venait essayer de toucher les joues de l’enfant, tirer sa tunique, virevolter sous ses yeux ensorcelés. Elle dansait, tournait sans peine, chaque fois plus heureuse que l’on remarque son ballet solitaire. Même l’homme de main s’était tu. Jamais il n’avait vu pareille créature. Tout juste y en avait-il dans les contes pour enfants.

Les enfaaants ! Il est temps de monter sur les genoux du Père Noël !
- Moi d’abord ! Moi d’abord !
- Non, moi ! C’est moi le plus jeune !

Il avait au moins fallu cette voix grave et joyeuse et ce vacarme compétitif pour que Ioan délaisse la petite fée — qui adressa un regard furieux au personnage vedette de l’évènement.

Un grand bonhomme hirsute, au pelage noir et blanc dissimulé malhabilement par quelques étoffes rouges arrangées de duvets immaculés. Un chapeau de sorcier sans maintien aucun retombait sur son oeil selon son envie. Une gueule dentée, immense et dangereuse, se cachait sous un postiche fort bien réalisé. Cette bête singulière, puissante mais affable, engloutissait la pièce. Ses yeux, jaune safran mêlé de mimosa, se posaient sur chacun sans orgueil. Ils étaient beaux.

Et avant que Ioan ne s’en rende vraiment compte, et sans que Beld l’en prévint, il se trouvait devant le monstre généreux.
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Ah, les enfants… Si purs, calmes, admiratifs et disciplinés.

C’est l’idée que j’avais avant d’vivre cette journée ! C’est pas possible, j’crois qu’un apprenti lors de son premier jour soit aussi bavard. J’vous jure, ils n’arrêtent jamais de parler. Et encore s’il remarque que t’écoutes pas, il parle encore plus fort pour se faire remarquer. Le pire, dans cette histoire, c’est qu’ils font ça en meute. Ouais, imagine le volume qui grimpe progressivement et toi, t’es dans l’impuissance de ne rien pouvoir faire.

À la limite, il y a les fées qui parviennent à retenir l’attention pendant une bonne minute. C’est le record personnel de Mélu. Pour le reste, c’est mission impossible.

Même les cadeaux ! Enfin, les cadeaux, il y a une partie qui se retrouve dans les mains des gamins qui courent entre les tables pour jouer. Un p’tit regard en arrière, c’est bon, j’ai de quoi voir venir. En matière de jouet, pour le reste, j’fais pas l’malin. Il y avait une petite fille, pas plus grande que mon bras, qui voulait savoir pourquoi j’suis pas venu l’année dernière.

Qu’est-ce que j’peux répondre à ça ?! Genre, j’prends la barbe et j’me pointe d’un doigt en lui demandant si j’ressemble vraiment au Père Noël. Imagine les années de psychanalyse, ou pire, le rêve brisé que j’sois pas vraiment le gars en rouge. Ouais, c’est pas l’costume qui fait l’panda. Et outre le traîneau d’Eva, j’ai pas moyen d’partir et d’passer dans les cheminées pour balancer mes cadeaux. Il va falloir que j’trouve un autre moyen pour l’année prochaine. Même si j’fais du beau travail pour cette fois, ce n’est pas assez ! Un vaisseau, plein à craquer de cadeau et une nuit pour le faire, ça c’est un plan.

Dit, dit, dit ! Papa Noël, c’est à mon tour ?!
Attends, j’ai déjà vu sa tête à lui, il est déjà passé le petit fraudeur ! Et comme un enfant pris sur le fait, que d’ironie, il voit que j’ai compris et descends de la scène. On m’la fait pas, j’suis pas débile !

J’vois un autre qui vient d’arriver. Un p’tit gringalet, presque aussi blanc que ma fourrure et avec de grands yeux bleus. Pas ceux du genre à t’regarder en rigolant, non. Les siens sont ouverts, bien grand, il tente de ne rien louper et il à l’air encore subjugué par j’sais pas trop quoi. Tout ça pour dire, c’est impressionnant d’voir ça, j’me revois un peu à son âge à regarder mon papa travailler à la brasserie. V’là que j’parle comme un vieux ! Bon, au boulot.

Hé, gamin, c’est à ton tour.
Sourire avec tous mes crocs, à croire que j’vais l’manger avec ça, pour ensuite tendre les bras et l’attraper en-dessous des aisselles pour l’poser sur mes genoux. Bon, c’est genre le cinquantième à qui j’fais ça ! Mais ça reste rigolo, il a toujours la même curiosité dans l’regard.

Là, c’est l’moment où j’te demande si t’a été sage…
Un oeil vers l’gars qui l’accompagne, s’il amène son fils voir l’Père Noël, ça doit un bon gars. En tout cas, il m’regarde et il ne dit rien.

Sauf que là, le truc qui est caché dans ton torse, j’suis sûre qu’il est aussi rayonnant qu’un soleil. Comment-est-ce qu’on pourrait faire des bêtises avec une tête d’ange comme la tienne !
Ah, j’suis malin. J’pointe son coeur, un compliment et j’suis prêt pour lui offrir l’cadeau ! Attention, j’suis pas du genre à resté seulement trente secondes avec un gosse sur les genoux pour ensuite la balancer sur la scène. Si j’fais ça, c’est pour rendre les gens heureux. Bien, après le p’tit discours, bras en arrière pour attraper une boîte et la ramener devant lui et lui tend.

Ça, c’est pour toi, histoire que tu n’oublies jamais ce jour et qu’il te reste éternellement gravé en mémoire. D’ailleurs, c’est quoi ton nom ? Histoire de te voir sur la liste de l’année prochaine.
J’vous l’dis, bosser avec des enfants, c’est super sympa. Bon, après, j’ai l’impression d’avoir l’air stupide en parlant comme ça. Mais bon, j’ai pas envie que mes griffes et mes gros les fassent déguerpir. Finalement, les gosses, c’est pas si mal.


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Le blondinet avait du talent. Un peu trop d’enthousiasme peut être, dans la lourdeur des bijoux – fausses ou vraies, des pierres de cette tailles était à la limite du tapageur. Mais, après tout, n’était-ce pas en l’essence ce qu’elle lui avait demandé ?

Toujours est-il que l’artiste lui avait créé des effets dignes de la soirée ; de quoi danser et se promener ; de quoi briller, en somme. Et puis, l’extravagance pouvait être mise au compte des gouts de ce monde : Qui sait, ils en semblaient même friands, vu le décor omniprésent.


Après avoir enfilé la robe, Naran se sentait renaître. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu de vêtement aussi doux, aussi léger : Si elle n’avait pas caressé de ses mains le tissu délicat, elle n’aurait pu le croire réel.
Et pourtant sur elle-même l’étoffe semblait trouver sa place, s’arranger impeccablement autour de ses formes tout en lui laissant le luxe de respirer-

Mais quelque chose l’empêchait de profiter pleinement de l’instant. Dans sa nuque, elle sentait le picotement caractéristique… Elle se retourna, et se trouva confrontée au regard soupçonneux d’une asiatique. Ses traits étaient indéfinissables : Ni Hun ni Chinoise, même si elle avait le port arrogant des dames de cour - et la même tendance à mépriser au premier regard.

Faisant mine de l’ignorer, Naran finissait sa toilette. Toutefois, l’étrange vision réveillait ses démons : Jusqu’à quel point une Mercenaire comme elle pouvait être accueillie sur les terres du Consulat ? Avait-elle quelque chose à craindre de cette courtisane condescendante ?
Par mesure de prudence, Naran glissa quand même quelques lames de lancer dans ses manches.


Une fois prête, la Mercenaire retrouva la salle bruyante du Moulin Rouge. De l’artiste ou l’asiatique, aucune trace : Ne restaient qu’une foule bigarrée sous la neige enchanteresse.

Sa méfiance diminuait, à mesure que Naran prenait conscience du désordre enchevêtré qui régnait sur le cabaret. Réussir ici embuscade ou guet-apens serait un exploit tel qu’elle s’en voudrait de ne pas pouvoir en témoigner.

Et puis, maintenant qu’elle y pensait, la courtisane et le blondinet était peut-être simplement charger d’imposer un dress code, ou quel qu’autre excentricité…


Son bienfaiteur ayant disparu avant qu’elle ne puisse le remercier, Naran se voyait libre d’explorer les lieux. Et elle comptait bien les explorer, de fond en comble, mais d’abord… D’abord elle allait prendre un verre de cette boisson qui embaumait jusque la neige factice.

Se faire une place au bar allait être difficile : Un essaim de client bourdonnait sans cesse autour des tenanciers débordé. Tant bien que mal, Naran se traça un chemin, se répétant intérieurement que, contrairement à Port Royal, assommer un habitué trop zélé n’allait pas accélérer le service.

Finalement, en évitant de ci de là tantôt un ivrogne prématuré, tantôt un faon déboussolé, Naran atterrit sur un emplacement libre. Elle s’accouda au bar avec une habitude profondément acquise ; Puis, avec l’autorité nécessaire dans ce genre de circonstance, commanda un de ces fameux cidre chaud.


Ce ne fut qu’une fois son précieux verre en main, que Naran s’intéressa à ses voisins.

A sa droite se trouvait un homme qu’on ne pourrait définir que comme commun, si ce n’est pour son accoutrement. Il était vêtu d’une étrange tunique à larges fleurs, de chausses bien trop courtes, et d’un chapeau rond et mou. A travers d’épaisse lunette, et un appareil noir compliqué, il observait d’un air béat le spectacle et les danseuses. Le touriste semblait tout droit sorti du transporteur Shin Ra : son Bagage de cuir luisait, menaçant, à ses pieds.

A sa gauche, un vieux. Un vieux à la barbe hirsute, aux sourcils tout aussi débraillés, qui sirotait un verre aussi tranquillement que possible. Il semblait pourtant tressaillir très légèrement, presque aussi régulièrement que les hurlements ébahis des enfants qui avaient envahi la scène – et les genoux de l’hybride en rouge et blanc.

« Un souci ? »

C’est que le vieux intriguait… et restait encore le plus approchable de ses deux voisins de bar. Et puis, c’était l’occasion d’en apprendre plus sur ce monde ; De la part de quelqu’un qui, elle l’espérait vu ses vêtements, n’était ni Consul, ni notable, ni capable de questionner ses intentions dans ce lieu.
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Les gosses c'est comme les slips sales : à la longue ça irritent et on a qu'une envie c'est d'en changer. J'en étais là de mes pensées hautement philosophiques, commençant à sentir un foutu mal de crane se pointer à force de surveiller vingt mômes qui ne voulaient pas rester en place, quand une jeune femme me sortis de ma surveillance.

« -Un souci ? »

Une asiat' pour le peu que j'en connais en génétique et en cliché raciste. Par contre les vêtements qu'elle portait étaient bien plus éloquents. Apparemment elle perd pas son temps à patrouiller sur les remparts de la Citadelle pour des queue de prune, elle. Peut être une artiste renommée vu le monde dans lequel on est. Ouais ça doit être ça une artiste ou une fille d'un dignitaire de la Terre des Dragons.

En tout cas pas une personne à froisser, surtout quand on fais partis d'un groupe ennemis qui s'est infiltré en scréd'. Inspirant légèrement je cherche quelques formules de politesses qui se seraient égarées dans ma caboche avant de tenter une réponse.

« -Pas vraiment non, juste que j'accompagne des orphelins du San...tre aéré de mon village. »

Héhéhé...ouf.

« -Et, bon, vous savez comment sont les gosses, hein. Super mignon et tout mais aussi un poil...Who putain, Lylian ! Lâche ce bondieu de couteau et tiens toi tranquille ! ...Hmm J'disais donc, un poils stressant. »

Reprenant une gorgée de cidre en regrettant de pas avoir pas avoir un truc plus fort sous le coude je repasse ma tribu en vue, et mis à part un Lylian un peu boudeur ça peut passer. 'Fin ils courent partout et ont sans doute déjà ruiné la tenue de bon nombre de notable mais, hé ! C'est noël, non ? On leur pardonnera bien ce genre de petit débordement.

Reportant mon attention sur ma voisine j'hésite un instant avant de poursuivre la discussion. Pas que j'en déborde d'envie mais il paraît que ce sont des choses qui ce font quand on est polis, et puis je préfère pouvoir orienter la discussion vers des sujets qui ne soient pas dangereux pour ma santé.

« -En tout cas c'est plutôt un beau bouge, hein? C'est bien sympa d'la part du Consulat de laisser l'entrer libre comme ça. Z'étiez déjà venu ici ? »
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Je n'en reviens, je suis en retard. J'ai été rendre visite à mes parents à Costa Del Sol, ils m'ont même offert un magnifique cadeau, le dernier modèle d'appareil photo. Désormais, je peux me considérer comme une véritable photographe.

Mais sauf qu’en prenant le vaisseau pour immortaliser l’événement qui se déroule actuellement au Moulin Rouge… J’avais réussi à me planter et me voilà en train de presser le pas dans les rues des Cités Dorées pour me espérer arriver avant que ce ne soit terminé.

Même si je suis venue de mon plein gré, je pourrai tout de même donner quelques clichés de cette soirée à l’Éclaireur.

J’arrive enfin et je pénètre dans ce lieu que j’avais déjà visité auparavant et là… C’était vraiment différent. Ils avaient mis le paquet pour que cet endroit change vraiment. Les éléments à l’intérieur n’avaient pas changé mais de nouvelles décorations rappellent vraiment cette fête.

J’aperçois rapidement un gros bonhomme habillé en rouge et blanc sur la scène où se produisent en temps normal les danseuses, un immense sapin près de lui. Mais le Moulin Rouge est rempli, ils avaient réussi à attirer énormément de monde. Beaucoup d’enfants courent entre les tables et les gens. D’autres sont accoudés au bar en train de consommer… Et je dois avouer que l’odeur qu’il y a ici… Est juste… Je ne trouve pas les mots pour les décrire, mais ça change radicalement de l’odeur qu’il y avait à la maison il y a encore quelques heures.

J’en profite pour sortir mon tout nouvel appareil photo, je fais rapidement les premiers réglages pour prendre un cliché du lieu. Puis un autre et encore un autre sous différents angles.

Je me met à sourire en regardant les essais sur l’écran de l’appareil et le range. Je me déplace ensuite vers le bar et commande une boisson chaude sans alcool. Je préfère éviter de me retrouver complètement ivre si je dois encore prendre de nouvelles photos.

Je regarde partout autour de moi, je ne cherche pas à mettre mal à l’aise les gens en les fixant trop longtemps. Je sonde juste un peu les lieux pour trouver mon prochain cliché.






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Sur un tapis de neige, blanc rendu ivoire par de chaudes lumières, la pluie de flocon invite la fête à se dérouler plus en avant sans se retourner vers les soucis d'hier. Après être passé sur les genoux du Père Noël, les enfants, en transe, s'agitent en tout sens et animent la pièce de leurs douces folies. « Hou Hou Hou ! » Chantent alors les hiboux peints, disséminés en gargouilles de noël à travers la pièce. Vêtue de chaudes laines d'hivers sur le thème de noël, la chorale peinte ulule de joie. L'ours polaire, lui ne chante pas... mais bon compagnon, il s'amuse avec les renards blancs et les cerfs. Très vite, la ménagerie et les enfants semblent se confondre, la bande de bambins entourés de peintures gardiennes. Croyez-moi que si un gosse commence à déprimer, à faire n'importe quoi ou à gâcher la fête... une créature tout droit sortit d'un dessin-animé viendra s'en occuper. Ainsi, les grands pourront se saouler, se draguer et s'émerveiller à loisir sans avoir à s'occuper des enfants. La Poète ne fait jamais que ce qu'il veut... et veut que cette soirée se passe au mieux, pour les petits comme les vieux. Avançant tranquillement, sifflant les chants de noël d'antan en caressant Bambi qui le suivait avec une joyeuse énergie, le faon continue de disperser ses orbes ici et là, au hasard sans tracas. Les sylphides, quand à elles, virevoltent comme des petites lucioles vertes... et si quelques unes étaient rouges...

« Ca ferait une guirlande de noël ! Et le rouge ? Ca vous irait superbement bien... » Déclare Arthur qui regarde ses petites invocations sans les regarder véritablement ; ses yeux sont rivés sur ses délirantes visions. De toutes les créatures qui envahissent désormais la pièce, les sylphides sont sans doute les plus capricieuses ! Si elles ont succombés à la flatterie, ce n'est qu'à condition de se rougir elle-même. Au moment de voir ce grand enfant avec un pinceau à la main, les fées ont préférés se débrouiller et allez voler du maquillage. La concentration d'Arthur étant légendaire, les fées risquent de voler un peu tout et n'importe au fil de leurs envies mais qu'importe ! Là, juste là !

« Oh ? » Un esprit bizarre. Arthur ne l'a pas invoqué celui-là ! Le pas décidé et pressé, plus par la curiosité que l'inquiétude, le poète s'approche sereinement du petit fantôme. Pauvre créature toute terne et toute triste ; la pâleur de son être reflète celle de son âme. Alors même que le petit être apparaît là et maintenant sous ses yeux, le poète peine à croire que celui-ci existe. Crédule, l'air vide et un peu lent d'esprit, le poète touche du doigt l'esprit... et y arrive... donc, ça n'en est pas un ? Pourtant, à le regarder, il parait flou, d'une forme d'existence incertaine. « Qu'es-tu ? Tu es gris et triste... » Il expose son pinceau qui dégouline de peintures multicolores à grandes eaux, un sourire sincère et enjoué aux lèvres. « ...si tu veux, je peux te peindre le corps pour colorier ton âme ! Dis-moi juste les couleurs que tu veux petite créature, ca t'aidera à exister. » Même en l'ayant sous les yeux, Arthur peine à croire qu'il est vraiment là.

Pour la suite, honnêtement, rien ne le justifie sinon que Ioan est assez bizarre et intriguant selon les critères du poète. Pour ce dernier, l'enfant a la valeure d'une oeuvre d'art... une espèce de toile impossible à comprendre, troublante et dans laquelle on se noie, se perd et se fourvoie.

« Si tu me laisses te colorier un peu, tu pourras peut-être rejoindre la grande famille du Consulat ! »
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« I… » — son attention fut détournée du monstre généreux. Et il écouta, presque perplexe d’abord.

« Et… je peux avoir toutes les couleurs ? » demanda-t-il posément. Toutes. Ses yeux s’ouvrirent de curiosité, d’envie, s’engorgèrent de questions. Une farandole de couleurs ! — vibrantes, saisissantes, dansantes et chantantes. Lui peindre le corps pour lui colorier l’âme. L’idée seule avait quelque chose d’intriguant et séduisant ; eut-il été plus âgé, d’aguicheur. Comme une main tendue vers une expérience nouvelle et originale.
Que ressentirait-il ? Ioan se le demandait, au sens le plus pratique du terme. Il n’avait jamais été peint. Le liquide coloré voué à marquer sa peau le ferait-il frissonner ? Ou y serait-il indifférent ? Serait-il épais et visqueux ou bien plus dilué ? Fébrile, presque ?

Mais surtout. Qu’est-ce que cela faisait, que de sentir son âme colorée ?

Une âme avait une couleur ? L’enfant ne le savait pas. On ne le lui avait jamais dit. Et pourtant… pourquoi cela ne le surprenait-il pas réellement ? En un sens, tout avait toujours émit quelque chose de particulier. Une sensation. Une idée. Un murmure mélodieux qui ne demandait qu’à être écouté si on tendait l’oreille — amer ou doux comme triste ou joyeux. Ce « quelque chose » était-il une couleur ?
Au sens propre, il en douta. Après tout, le « colère » n’était pas un pigment. Quoiqu’à la réflexion ce put être une nuance. Une nuance de l’esprit, une nuance du lieu, de l’objet, du moment. Une nuance de l’autre.

Ses mains se serrèrent sur la boîte qu’il tenait et n’avait toujours pas ouverte. Il n’en avait pas eu le temps ; avait à peine de quitté le giron de son monstre généreux avant d’être alpagué par cet épouvantail bariolé. Celui qui faisait fuir les plus conventionnels, oui. Mais aussi celui qui demeurait entouré d’un champ de poésie, de beautés et d’une excitation à en corrompre une ville.
Ou à s’en faire rire d’une ville — lui et ses cheveux de paille, lui et ses gestes grandiloquents, lui et son air presque trop extravagant. Le Père Noël, tel que Ioan avait apprit qu’il se faisait appeler, et qui trônait dans son dos, avait une présence chaleureuse et duveteuse. On se laissait enrober, on se laissait gober. L’épouvantail pour sa part sautait et sursautait, traînant en son sillage toute âme dont il put se saisir sans trop attendre qu’il y fut autorisé. Et maintenant qu’il l’observait, Ioan croyait sentir frémir toute l’animation qui gonflait le Moulin Rouge autour de lui qui l’avait trouvé ; les animaux, les fées, les bulles de couleur… ils virevoltaient au son d’une parole, comme à la finition d’un geste.

Est-ce qu’il pourrait être comme ça, lui aussi, un jour ? Rayonnant ?

Ioan en douta.

Il était, après tout, gris et triste. L’épouvantail le disait.
Il avait besoin d’aide pour exister.

Pourquoi ?

Etait-il triste ? Il ne pensait pas l’être. Il avait été voir son monstre généreux… il avait reçu ce cadeau. Ce cadeau qu’il n’avait pas ouvert. Ce cadeau qui, même sans qu’il en su le contenu, avait suffi à lui serrer la gorge et lui piquer les joues. Et puis ne l’avait-il pas dit, ce Père Noël, qu’il devait avoir quelque chose de brillant comme un soleil là, en lui ? Non, non. Cela n’avait rien à voir. Il réfléchissait. Car si l’enfant avait ce quelque chose de caché, là, dans son torse… cela ne signifiait pas qu’il n’était pas gris. Ni qu’il n’était, ou ne serait, pas triste. Ou encore, qu’il ne peinait pas à exister.

Ah ! Il avait oublié ! — Encore.

Le garçon se retourna prestement vers son bienfaiteur ; forteresse assaillie de mains envieuses, de regards adorateurs et de cris enfantins. Un petit être déjà avait grimpé sur ses genoux, et d’autres attendaient… leurs dents blanches comme jaunies se découvrant à la faveur d’un sourire empli d’excitation. « Ioan ! » lança l’enfant sans trop savoir s’il était entendu. Avait-il trop attendu ? Le monstre généreux avait demandé son nom — lui était-il parvenu ?

« Kappel. »

Sa voix s’était étouffée, alors que la petite tête d’un faon heureux venait pousser son bras du museau. Bambi calait sa tête là, entre le coude et la hanche du garçon. Un rappel pour Ioan, de celui qui l’avait interpelé.

La grande famille du Consulat ?
La grande famille du Consulat ?!

Beld en recracha sa bière dans un hoquet aussi surpris que stupide, de son propre aveu. Si l’homme de main qui accompagnait l’enfant s’était attendu à croiser des représentants de cet illustre ordre d’artistes, d’artisans et qu’en savait-il encore… il n’avait pas pour autant prévu une proposition de recrutement aussi abrupte. Qui était-il, ce guignol blond ?

Les poils de ses bras se hérissèrent de mécontentement.
Les poils de ses bras se hérissèrent d’intérêt.

« C’est quoi le Consulat ? » interrogea Ioan, les yeux perdus dans ceux du faon qui peut-être jamais ne serait cerf. « C’est une famille donc, de gens qui se colorent l’âme ? » Il ne savait pas qu’on pouvait rejoindre une famille de cette façon. Il ne savait pas réellement comment on pouvait rejoindre une famille, tout simplement. Et pourtant, il était Ioan Kappel.

Une chaise le distrait d’un claquement sourd — le parquet grogne, deux fées se meuvent d’un balancé aérien ; un enfant court et rit, poursuit une bulle qui déjà explose en un petit bruit cotonneux ! Cet endroit… si vif, si vivant. Des chants de fête et des odeurs d’épices inconnues — des senteurs douces.
Et Ioan n’a toujours pas ouvert son présent, tout non mérité qu’il eut été.

Ses mains se serrèrent.
Ses mains se serrèrent.

C’est qu’il n’allait pas se permettre le luxe d’attendre, Beld. Il se leva, et comme pour lui passer un message, sa tunique s’accrocha en un dernier recours à la tenue d’épines d’un monstre à la peau de ronces et aux yeux suintant d’une mélasse obscure. Une chose aux dents de loup et aux doigts de frêne. Si l’enfant l’avait vu… mais l’enfant ne le vit pas ! — Et l’homme de main lui, tout doté d’un instinct de survie décent qu’il était, s’en écarta aussi rapidement que possible ! Et puis quoi, encore ? Son dos vint heurter celui d’une pauvre dame posée là à papoter avec un vieillard. Tout juste s’excusa-t-il : il avait bien plus urgent à régler. Son esprit comme son corps — ou plutôt, son corps comme son esprit (Beld était homme d’action plus que de réflexion) — cherchaient le chemin le plus optimal pour rejoindre la scène !

D’autres furent, il est vrai, victimes de sa hâte — comme cette petite jeune avec sa boîte à lumière bizarre. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien voir avec cette chose, pour observer tout le monde à son travers ? Est-ce qu’il l’avait frôlée ? Bousculée ?

Il n’avait pas vraiment fait attention. Il y avait l'ours bigarré et le comique débraillé juste là ! Puis les tables et les chaises. Les gamins et les serveuses.
Ioan ne savait trop où porter son attention. Il y avait son monstre généreux et l'épouvantail bariolé ; il y avait les chants et le gui. Les fées et les fresques entraînantes.

Cet endroit était un véritable champ de bataille de guirlandes, de bêtes et de choses venues d’ailleurs.
Cet endroit était un véritable nid de surprises, de beautés et de nouveautés.
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Parfait, il a un nom c’te gamin ! D’ailleurs, tous les autres gamins qui m’tiennent les bottes doivent aussi avoir un nom, comment j’le sais ? L’histoire est simple, les amis.

Moi aussi j’veux être sur la liste du Père Nouvelle !
Rosie, Rosie Vilvert ! M’oubliez pas.
Sht ! Il ne va pas entendre mon nom…

Et c’est la même chose, c’est dire que j’ai eu du mal à entendre celui du gamin qu’le poète à déjà alpaguer. Lui, il est doué pour chopper les gens. Moi ? J’suis plus doué pour que les gens m’choppe, si vous voyez ce que j’veux dire. Pas que j’sois attirant, disons que les gosses me collent pour l’instant et que c’est une marée humaine de p’tits bras qui me traînent mollement vers elle.

Bon, j’exagère un peu. C’est plus une vaguelette qu’une marée, mais ils ont d’la force dans les bras, les mioches. Pas au moins d’me porter comme un public, mais ce n’est pas loin.

Donc, j’ai juste le temps d’faire un signe au gamin bizarre que j’me vois déjà à offrir d’autres cadeaux à d’autres enfants. Donc, routine qui redémarre ! Enfant jusqu’à genoux, cadeau dans les mains et on commence avec un autre. Dieu, si j’parviens à découvrir la personne qui s’ramène avec autant d’moutard, il recevra une cuvée spéciale. Là, j’parle pas d’bière, c’est moins délicat que ça.

Par contre, j’vais pas vous laisser l’détail. Moi, c’que j’voulais en faisant ça, c’était de faire plaisir aux enfants. Bon, d’accord, le Père Noël au Consulat… C’est pas fou… Théoriquement, tout l’monde va pas venir chez nous. Histoire de conflit et ainsi de suite. Aussi, tout l’monde est pas capable de payer un ticket à la Shin’ra afin d’amener son gosse jusqu’au Moulin Rouge. Ouais, comme ça, j’ai fait une mauvaise pub. Il me faudrait p’tet un vaisseau ?

OU UN TRAINEAU !!!

Voilà, j’vais prendre deux chevaux à la location et j’me balade avec celui-ci pour lancer des cadeaux. Bon, après, ça commence à revenir et ma bourse n’est pas extensible.

Si j’demande au patron ? Comment est-ce qu’il verrait la chose. Mince, là, j’ai pas l’temps de faire autre chose. Le Moulin Rouge était parfait pour cette, par contre, la suite ? Est-ce que l’année dernière, le Père Noël sera toujours aux couleurs du Consulat, est-ce que j’aurais encore le costume. V’là les vraies questions et qui n’ont aucune réponse.

Bon, pas l’temps de discuter et dire des bêtises, les gamins ont besoin de moi ! Du Père Noël !!!




Spoiler :
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Bousculé par un client pressé. Un rien, qui ne l'aurai pas fait cillé ailleurs.

Mais, déjà sur ses gardes, le coup d’épaule fut perçu comme une agression. L’inconnu ne s’était même pas retourné, et pourtant Naran serrait les lames dans ses manches, tombant mais déjà prête au combat.  

Défilaient dans son esprit toutes les façons de se sortir de ce mauvais pas… Elle pourrait, par exemple, tenter de retourner le vieillard avec qui elle discutait, user de son poids pour atterrir sur ses pattes, contre attaquer…


Mais l’empressement joyeux du Moulin Rouge n’y était pas propice. Elle n’était pas découverte ; Personne ne venait l’assaillir, et sa façade de dame de cour, elle, ne s’en relèverai pas. Naran fit donc ce qu’on attend d’une femme habillée comme elle l’était, et chuta.

Délicatement.

Enfin, autant que faire ce peut.


Et, en effet, il y avait une certaine grâce à sa chute. Le tintement de ses boucles d’oreille, de la parure qui ornait sa coiffure, l’éclat du cidre chaud qui, scintillant, s’échappaient de leurs chopes pour former un arc délicat…

C’était joli, certes.
L’atterrissage, lui, fut un peu moins gracieux.


Sa main glissa sur le bar, ses chaussures fondant sur un liquide alcoolisé qui s’était amassé au sol, et, au lieu de reprendre l’équilibre, Naran ne fit qu’emporter son interlocuteur dans sa chute.

Tant le vieil homme qu’elle se retrouvèrent à terre, genoux et coudes douloureux.

A l’ombre de ses cheveux, qui cascadaient maintenant hors de son chignon, Naran en grondait presque.
A Port Royal, elle en aurait assommé plus d’un pour un tel affront.


Mais elle n’était pas à Port Royal. Et, quand son visage retrouva les lumières festives du Moulin Rouge, la Mercenaire affectait le sourire désolé qui convenait. Elle tendit sa main au pauvre vieil homme, le remettant aisément sur pied… Avec un peu trop de vigueur, peut-être, mais rien qui laisserait suspecter qu’elle était à deux doigts d’envoyer une aiguille filer vers l’imbécile qui l’avait bousculé.

S’installant à nouveau au bar, ses doigts se serrèrent sur son verre vide.

« Ce n’est clairement pas aussi bien fréquenté qu’on pourrait espérer. »
Entre sa remarque sifflante, et l’application qu’elle prenait à se recoiffer, Naran se trouvait un peu trop convaincante dans son nouveau rôle de courtisane. Décidemment, tant le cadre que son nouveau vêtement avaient une influence néfaste sur sa psyché.

Se radoucissant, elle reprit leur conversation.
« Mais, non, je n’étais jamais venue ici. La ville est superbe… Et le Moulin Rouge - elle s’arrêtant un instant, cherchant ses mots. – est certainement plein de surprise. »
 
Diplomatique. Vide.
Inoffensif.

« En tout cas, c’est bien noble de votre part de sortir ces enfants des rues. Je ne suis pas sûr de comprendre votre… centre aéré ? » Un camp de travail, peut-être, pour occuper les gamins désœuvrés ? Vu l’endroit, une école serait plus logique. « Vous êtes… leur professeur ? » Il avait certainement la barbe pour.
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Plein de surprises? Plein d'emmerdes ouais! Putain quand c'est pas un des miens qui me retourne les nerfs faut que c'en soit un autre qui prenne le relais. Tsss à tous les coups c'est un de ces parents qui picolent au bar au lieu de surveiller sa progéniture.
Moi c'est différent j'en ai beaucoup alors j'ai besoin d'une bonne vue d'ensemble. Voilà.

Et ça n'aura même pas fait déguerpir l'autre inquisitrice en puissance là, pendant un instant j'ai eu un semblant d'espoir qu'elle parte se réfugier dans les chiottes pour refaire son maquillage, ou n'importe quoi d'autre que font les gens qui naissent avec une cuillère en argent dans le cul, mais même pas.

Retenant un soupir je fais mine de surveiller mes mômes pour me donner le temps de répondre, putain l'allait falloir que je sorte tout un orphelinat de mes manches maintenant, voyons qu'est ce qu'est le moins louche...


"-Who Camille!  Eloigne toi du sapin tu vas faire des conneries!"

Une Camille qui doit être à cinquante mètres dudit sapin me regarde l'air de pas trop me comprendre mais je peux pas rester silencieux trop longtemps ça aurait fais louche. Déso pas déso Camille, en attendant j'avais mon idée.

"-Pas vraiment un prof nan, plutôt un genre de surveillant si vous voulez. Normalement j'étais pas censé être seul mais avec le temps les autres ont chopé la crève."

Ou plutôt les autres templar sont tous moitié moins abrutis que moi, trop bon trop con le Fiathen.

"-Pis le centre aéré comment dire...faut le voir comme un genre d'endroit où ont s'occupent des chiards quand leur parents bossent. Et comme les orphelins z'ont plus de parents ont s'en occupent un peu plus."

Est-ce que ça avait la moindre chance de paraître crédible? J'en savais fichtre rien , putain ça m'apprendra à dire un mot que j'avais dû entendre trois fois dans ma vie. Pour le coup fallait vraiment que ce soit une immigrée qu'en savait rien et pas une foutue agente des services secrets du Consulat sous couverture sinon j'étais dans la merde. Allez vite reprend la parole Fiathen avant qu'elle te demande l'organigramme de la société.

"-Et sinon...je vous repaye un verre? Vous faites quoi dans la vie?"

J'en avais strictement rien à foutre mais par pitié faites qu'elle cause de sa foutue vie pendant trois heures. Cherchant dans ma poche pour en sortir des thunes je me fige un quart de seconde en remarquant que quelque chose n'y ai plus. Putain dans la chute mon insigne avait roulé hors de ma poche. Y avait peu de chance que l'Consulat décide de déssouder un vieillard et une vingtaine de gosse quand son porte parole déclare qu'on est encore les bienvenues mais vu l'actualité ça pouvait provoquer des méchantes tensions.

Par Etro faite qu'elle soit allé loin. Genre dans le cul des prêtres qui m'ont envoyé là.


Dernière édition par Fiathen le Dim 16 Juin 2019 - 21:58, édité 1 fois
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Je regarde les quelques clichés que je viens de prendre. Ils sont plutôt correctes. Il y a énormément de monde ici et entre les enfants qui courent partout et un bonhomme au comptoir à interpeller un de ces enfants.

Je décide m'approcher à mon tour du comptoir pour commander une boisson chaude, je pose alors mon appareil sur le comptoir et commence à boire mon chocolat chaud, soufflant délicatement dessus comme pour tenter de le refroidir légèrement, je n’ai pas non plus envie de me brûler les lèvres, ni la langue.

Je paye le serveur en lui donnant le montant qu’il m’a indiqué et reprend mon appareil. Je tourne alors ma tête sur la droite et j’aperçois un homme en compagnie d’une jeune femme. Je ne les connais absolument pas mais les photographie. Je n’écoute pas non plus leur conversation, mais je reconnais immédiatement la voix de l’homme, c’est celle qui avait interpellé un peu plus tôt l’enfant.

Mon cliché fait, je le regarde, il est satisfaisant –on ne voit ni l’un ni l’autre vraiment dessus, mais c’était juste pour immortaliser le moment–. Puis je reporte à nouveau mon attention mon regard sur le reste des personnes présentes.

Là, je vois un gars, blondinet, peut-être un peu plus grand que moi, peut-être plus âgé aussi. Il se déplace un peu partout, il a aussi une certaine manière de parler, il fait des rimes. Original, je n’avais jamais vu jusqu’à présent quelqu’un s’exprimer de cette manière, ça me fait sourire. Je ne sais pas non plus d’où il pouvait venir et décidai de le photographier.

Je sens alors qu’on tire délicatement sur ma tenue, je cesse alors de prendre des photos et me focalise à présent sur ce qui venait de me déranger. Ce n’était seulement qu’un enfant, une fillette avec de grands yeux noirs et des cheveux de la même couleur ramassés dans un chignon sur le haut de sa tête.

- Dis madame, tu fais quoi ?
- Je me fais des souvenirs.
- Et comment tu fais ça ?
- Je fais des photos. C’est pour l’Éclaireur.
- Tu peux me prendre en photo aussi ? S’il te plait… ? Demande la fillette en faisant un grand sourire.


Je souris à mon tour et installe à nouveau l’appareil près de mes yeux, je fais quelques réglages avec l’objectif pour que le focus ne se fasse que sur la petite fille qui prend la pose. Elle a ses deux mains devant elle, croisées. Ses jambes sont collées l’une à l’autre et elle se tient droite jusqu’à ce que le son de mon appareil qui indique que la photo a été prise.

Elle se détend et revient me près de moi pour qu’elle puisse voir le cliché que je lui montre.

- Whaou ! Je suis trop belle !
- Oui, tu es toute mignonne.
- Bouge pas, je vais dire à papa !


L’instant d’après la gamine avait disparu mais je reste là, à ma place regardant encore un peu partout dans ce lieu pour pouvoir trouver de nouvelles personnes à photographie tout en buvant de temps en temps une gorgée de mon chocolat chaud.






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Ioan avait attendu, pendu aux lèvres de son épouvantail si vivant. Sa main caressait distraitement la tête de Bambi — l’esprit confus, mais léger. Il voyageait, sautillant d’un chant à une danse, dont il s’imprégnait ; puis, d’une question à une autre, qu’il taisait. Si le garçon en inondait son interlocuteur, ce dernier risquait bien d’en omettre quelques unes. C’eut été dommage.

Il patienterait, donc.
Il patienterait, comme il avait appris.

Mais bien rapidement, il se sentit s’alourdir. Ses pieds s’enfoncèrent dans le parquet, et ses interrogations s’y emprisonnèrent. Dissimulées sous quelques lattes, elles refusaient de lui revenir, malgré ses œillades ennuyées.

Les deux mains de Beld, désormais ancrées dans ses épaules, les avaient chassées, puis bannies.

« Monsieur ! » lança ce dernier avec un enthousiasme dissonant. « Bonjour. Navré de vous déranger… » Ioan laissa sa tête basculer de côté, légèrement : les excuses d’un homme qui ne s’excusait jamais avaient cela de poids. « Je vous remercie de vous être occupé de Ioan. Mais nous allons devoir y aller. » L’enfant tendit l’oreille, intrigué. Comme ces paroles se paraient de leurs plus beaux bijoux ! Elles qui, d’ordinaire, aimaient tant se faire simples ! L’épouvantail bariolé, fidèle a lui-même, avait su, par sa simple présence, sublimer les mots de son ami.

Hélas, ceux-ci n’auraient su l’enjouer. « Mais… » voulut-il protester. Beld l’interrompit : « Ioan. »

L’enfant se tut, soumis au pouvoir de son propre nom. Un pouvoir dont il n’aurait su, ou voulu, se défaire. Il lui était précieux : reconnaître à ce nom une influence signifiait respecter tout son poids, son importance. Il était « Ioan Kappel. » Tant qu’il le serait, tant qu’on l’appellerait, peu importe qu’il poursuive son chemin. Il pourrait toujours, s’il se retournait, y trouver quelqu’un. L’idée le réconfortait, à son propre étonnement. Il n’était pas sûr que cela ait toujours eu une telle importance.

Quoiqu’il en était, s’il ne donnait guère de considération à son nom, à quoi bon, pour un autre, l’appeler ? Le prononcer ? Il ne serait, alors, plus « Ioan Kappel » — et peut-être n’y aurait-il plus personne sur son chemin. Plus encore, c’était un cadeau ! Il ne pouvait que le chérir.

… peut-être avait-il réellement besoin de cela, pour exister.

Ses pouces caressèrent le paquet qu’il tenait entre ses mains. Le garçon demeurait pensif. Il n’entendit presque pas ce que Beld, dans un effort de diplomatie coûteux, articulait.

« J’ai cru comprendre que vous étiez un membre de l’illustre Consulat, » reprit-il, ne laissant guère à son interlocuteur le temps de s’exprimer. « La Guilde des Artisans de Grimm serait heureuse de pouvoir échanger avec vous. Mon employeur, Hans du Tertre-aux-Ormes, espérait pouvoir vous contacter dès que nos maîtres auraient produit des œuvres… à la mesure de vos travaux. » L’homme de main, bien peu habile, esquissa un sourire qui se voulut commercial. Hélas, les commissures de ses lèvres, manquant d’entraînement, paniquèrent en un rictus maladroit ! Conscient de la chose, Beld enchaîna rapidement, coupant court au ridicule : « N’hésitez pas à prendre contact. » D’un geste vif, il s’inclina, et entraîna Ioan sur quelques pas de recul. Si le blondin lui répondit, au risque de sacrifier le peu de bienséance qu’il avait su manifester, le jeune homme n’en fit, pour ainsi dire, pas cas. Pressé, il s’esquiva en slaloms experts, atteignant le comptoir plus vite qu’il ne l’avait quitté.

Le garçon levait sur lui son regard bleu, teint de déception enfantine. « Pourquoi on ne reste pas ? » demanda-t-il. « J’aurais bien voulu… » — me faire colorier l’âme, voulut-il dire. Il n’en eut pas le temps.

« Fais pas d’histoires, s’il te plaît. »

Cette voix était grave.
Ioan avait recommencé.
Il l’avait agacé.

Alors, il demeura muet.

C’est sans un mot, qu’il suivit son ami ; quand il discuta avec Maître Patregain, le souffleur de verre, quand il paya l’addition, puis, quand ils prirent la porte. Dehors, le cœur lourd, les yeux du garçon tombèrent sur son cadeau, que ses mains protégeaient au mieux. Un petit picotement parcourut ses joues.

Il sourit, oubliant ce qui avait pu lui peser.

Ioan avait, après tout, vu de très belles choses aujourd’hui.

HRP :
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Un cliquetis, quelque part dans la foule, et Naran sentait revenir la désagréable sensation d’être observée.

Finissant de retresser sa chevelure, elle laissa son regard filer sur la foule en pagaille.
Pas de trace du poète, ni de sa courtisane. Pas de visage familier, ni quoique ce soit qui pourrait indiquer…

Elle piqua une de ses aiguille dans les quatre fines tresse qui formaient maintenant son chignon, et réprima une grimace.
Il était peu probable que même ses frères et sœurs d’armes ne puissent la reconnaître, vu son accoutrement. Et puis, quoi, que pouvait elle craindre de ces artistes? Au mieux, une froide indifférence, au pire, un portrait peu flatteur.

Battant ses cils alourdis, la Mercenaire revint à son interlocuteur. Si elle était tendue, lui semblait tout aussi mal à l’aise.
Il cachait quelque chose, elle en était persuadée. Ses manières, ses regards fuyants aux alentours son ton mal assuré… Un ensemble de signes qui, bizarrement, la rassurait presque. Après tout, vu qu’elle aussi n’était pas exactement invité ici. Ça leur faisait un point commun... ou au moins une menace réciproque.

Bon, maintenant, est ce qu’elle s’intéressait vraiment à ce que ce barbu faisait avec une douzaine d’enfant… Même si elle restait sceptique suite à ses explications, la Mercenaire considéra quelques hypothèses, et finit par conclure qu’elle préférerait rester ignorante sur ce point.

Elle passa quand même la main sur sa manche gauche, entre les plis où elle gardait habituellement ses effets -
Fort heureusement, ses munnies étaient toujours là.

Mais la sensation gluante sur ses pieds, qu’elle avait cru simple résultat de la bière, persistait.
Un regard, et Naran réalisa que ses chaussures, par contre, réduisait à vue d’oeil...

Peste que ce poète, il aurait pu faire une oeuvre un peu plus complète!


Impassible, Naran releva un visage souriant et répondit à son hôte.
“Un second verre serait un- ”
Elle déglutit. Ses pieds touchaient maintenant le sol poisseux d’alcool.
“- Plaisir.”

Consciente de la neige autour d’elle, Naran se demanda si les flocons factices allaient eux aussi dissiper ses atours. En ce cas, il serait temps de réfléchir à un plan de retraite ; mais la Mercenaire avait du mal à s’y résoudre, n’ayant goûté ni à la boisson offerte, ni au repos qu’elle s’était promise. Et, si la neige ne souillait pas le sol, les flocons devraient l’épargner de même, non ?
Partir maintenant serait de toute façon indélicat, alors que sa boisson venait d'arriver!

Avec la grâce attendue de sa situation - et un soupçon d’avidité mercenaire - elle se saisit du verre si noblement offert. Sa première gorgée était peut être un peu trop enthousiaste pour la dame délicate qu’elle incarnait, et elle se restreignit pour ne pas finir le liquide en une fois.
C’était sucré, presque épicé, et pas des plus plaisant, mais vu la situation parfaitement adapté.

“Pour ce qui est de mon occupation, ”
Elle humecta ses lèvres, goûtant plus au rouge qui peignait ses lèvres qu’au spectre de boisson.
“- je danse.”

Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir. Mercenaire ou soldat étaient hors de questions, et, influencé par le cadre festif, le mensonge s’était imposé sur ses lèvres.

Mensonge ? Ce n’était pas tout à fait faux, après tout. Naran savait danser; elle avait appris, enfant, les danses de son peuple, et depuis quelques unes de Port Royal. Dans son arrogance naturelle, elle se savait adéquate - ce n’était pas sa spécialité, mais son adresse au combat se traduisait bien sur la piste de danse.
De là à se faire passer pour experte, il y avait plus d’un pas - une valse entière, peut être. D’autant que le lieu semblait… particulièrement exigeant en la matière.

“Mais je suis encore novice pour ce qui est des danses locales”, admis t elle modestement. Voilà qui devrait lui éviter une démonstration…

“J’aimerai d’ailleurs visiter la ville, apprendre ce qui peut être appris, observer le reste... Vous êtes de ce monde, je présume : Que me conseillez vous ?”
Naran eut une pensée pour ses doigts de pieds, toujours baignant dans le cidre tiède. Quelques phrases polies, et elle ferait son échappée.
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Ses groles fondent ?! J’avais j’té un coup d’œil à ses pieds en scréd’ quand elle a commencé à boire pour essayer de trouver cette foutue insigne et clairement j’m’attendais pas à ça.
Non mais sérieusement quel crétin serait suffisamment con pour  investire dans des chaussures qui ne tiennent pas l’eau ? En plus à tous les coups ça d’vait être un machin hors de prix genre d’l’extrait d’rêve de mes couilles ou d’la confiote à la prune solide. Putain quand j’pense qu’au Domaine les gens doivent dormir sous des tentes et qu’ici on peut s’permettre d’acheter des vêtements solubles…Rah ç’m vénère.

Et v’la qu’en plus miss Bourgeoisie m’prend pour un  guide touristique, sérieux est ce que j’ai une gueule à connaitre ce genre de chose ?


Bon les gosses ont eu leur doses de consumérisme, j’ai paumé mon insigne et elle a pas l’air de vouloir me lâcher : il est plus que temps de passer au plan B, B pour Barronsnousdicifissamapatiencefondplusvitequedesgodassesdeconsuletjaidesenviesdemeurtre.
D’abord trouver une raison de m’casser.


« -Alors vous avez la cathédral qui est…très joli…très très joli et heu...très très très joli… »

A ce moment là j’étais en train de voir si j’pouvais invoquer mon squelette discrétos. Un squelette qui plante une chinoise c’est une raison valable pour vouloir mettre les bouts. Une belle manière de joindre l’utile à l’agréable.
Heureusement pour le taux d’immigré parisien ladite cathédral se mis soudain à sonner, j’sais pas quelle heure elle peut bien indiquer mais qu’importe ça f’ra l’affaire.

« -Houla d’ja…aussi tard. Ecoutez d’moiselle ce fut un plaisir mais faut qu’j’y aille. Bonne soirée, joyeux noël toussa. »
Et sans attendre de réponse j’lui fausse compagnie, bien ! Maintenant reste plus…Reste plus qu’à choper ma vingtaines de nabots qui crient et courent au quatre coins d’ce foutu cabaret. Nabots qui ont probablement bouffé leur poids en sucre et vont être plus dur à diriger qu’une bande de camés en pleine overdose.

Magie de noël mon cul oui.


Spoiler :
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Il semblerait que… Mais oui... Le rp de Noël d’il y a deux ans ! Bon, je troll légèrement. C’est dans ma nature.

Par contre, une notation ?!

Malheureusement, ce ne sera pas le cas ! Quelle déception. Toutefois, soyez rassuré, c’était prévu depuis le début. Pour la simple et bonne raison que j’avais envie de faciliter l’effort de participer à un rp « inutile » et de simplement s’amuser dans un contexte peu probable. Donc, à chacun d’entre-vous ? Un grand merci ! Parce que, voilà, j’ai quand même build-up un avatar de Noël et créer le contexte improbable d’un consul déguisé en Père Noël.

Ouais, la notation est fin !

Les gars, merci à vous tous vos récompenses pour avoir fait briller l’esprit de Noël ! Déjà, vous recevez tous un rapport et il est temps de demander à Primus.

Ainsi qu’un gros bisous sur la fesse…

ET DES CADEAUX DU PERE NOEL !!!

- Narantuyaa à reçu, dans un paquet cadeau rouge, une paire de lunette qui change de couleur au soleil !
- Arthur à reçu, dans un paquet rose à poix vert, une palette de peinture au pigment de Fantasia !
- Fiathen à reçu, dans un paquet fuchsia, une pipe finement sculpté dans du bois de boulot et signé d’un célèbre artisan d’Atlantica !
- Ioan à reçu, dans un paquet vert au ruban rouge, une flûte ainsi qu’une partition de « Frère Jacque » !
- Daenerys à reçu, dans un paquet jaune à étoile verte, une maquette voilier et il est très jolie !

Ainsi qu’une récompense de mission !!!

Facile : 13 points d'expérience + 125 munnies + 2 PS ! Deux en Magie pour Chen, deux en Psychisme pour Narantuyaa, deux en Symbiose pour Arthur, deux en Symbiose pour Fiathe, deux en Défense pour Ioan et deux en Dextérité pour Daenerys.
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