Lenore avait posé son vaisseau derrière le cimetière où l’attendait son client, un squelette sans tête, un panneau accroché aux cervicales. Les premiers instants furent occupés à reprendre l’habitude de son équilibre perturbé par son allure squelettique. La corde de chanvre à son coup se balançait mollement à chacun de ses pas hasardeux. Ses chevilles rebelles échappaient encore à son contrôle de temps en temps, privés de leur raccord à la rotule par le péroné désolidarisé afin d’être utilisable en tant que dagues. Elle retrouva Gypsy, l’araignée tisseuse qui commençait son ouvrage autour du cœur racorni. C’était presque rassurant de voir que les choses n’avaient pas tant changé depuis la dernière fois.
Le corps de son client pivota face à la mercenaire lorsqu’elle se présenta, dévoilant le contenu du panneau qu’il désignait d’un doigt. Sur celui-ci se trouvait son nom, Clovicule Apophyse, utile pour trouver la bonne tombe quand on sait que celles-ci bougent souvent dans le cimetière, ainsi qu’une heure limite à laquelle il devait partir à son rendez-vous avec un client important, mordu de principes.
Elle tenta de rassuré le corps décapité, assurant à l’assureur qu’elle avait la tête sur les épaules et comprenait l’urgence de mettre les phalanges sur sa bobine. Elle fila immédiatement sans attendre de réponse que le squelette sans crâne ne pourrait lui fournir, sans même savoir si son humour de croquemort avait été apprécié.
Il lui fallut plusieurs heures à parcourir le cimetière grattant plusieurs tombes délaissées avant de trouver la bonne, ôtant mousse et poussière du bout des phalanges, afin de dégager des identités à défaut d’adresse, esquivant ou détruisant les quelques fureteurs sans-cœur apparaissant parfois. Lenore poussa de toutes ses forces sur la stèle, luttant sur ses appuis avec ses chevilles désarticulées jusqu’à la faire glisser suffisamment pour qu’un souffle d’air vicié aux odeurs d’humus s’en échappe.
Un bruit la surprit à l’entrée de la parcelle. S’attendant à voir surgir un sans-cœur de plus, elle s’accroupit dos à la tombe, un péroné dans chaque main, l’un osseux l’autre d’un éclat de verre rouge sombre. Elle leva les orbites avec surprise sur le trio de sales garnements qui déplaçaient un miroir terni. Ils lui avaient déjà joué de vilain tour et elle se méfiait de leur esprit sadique mais fut tout de même rassuré de ne pas avoir à affronter un monstre des ténèbres supplémentaire.
La petite sorcière, le diablotin et le fantôme posèrent la psyché au sol, ne s’attendant pas à croiser quelqu’un mais visiblement ravie de la situation.
« Tiens, on l’aurait pas déjà vu celle-là ? S'étonna le diablotin.
- C’est pas celle qui a emmené Brutus ? Comment elle va ? Ses léchouilles me manquent… Demanda le squelette.
- Tait-toi ! On va plutôt lui présenter quelqu’un de beaucoup moins câlin. Dit la sorcière.
- Oh A qui tu penses ? Le diablotin sautillait d’anticipation.
- J’ai toujours voulu l’inviter.» Rit la sorcière junior en distribuant des bougies à ses acolytes.
Lenore ne comprenait pas leur petite mascarade et n’avait pas de temps à leur accorder. Elle reprit son énergie à pousser sur la stèle, ouvrir la tombe, farfouiller pour y trouver un crâne esseulé. Ce ne devait plus être une affaire délicate, quelle place pouvait-il y avoir là-dessous ? Juste de quoi caser un ou plusieurs cercueil tout au plus.
« Bloody Mary, je crois en toi. Incanta la petite sorcière en allumant sa bougie face au miroir dressé.
- Bloody Mary je crois en toi. Répéta le diablotin de la même manière.
- … Le squelette rondouillard se positionna également devant la pièce de verre polis, bougie allumée mais hésita timidement en regardant ses comparses.
- Dit le ou je te fourre le slip de vers ! Menaça la chef de bande faisant sourire Lenore qui les entendait malgré tout.
- BloodyMaryJeCroisEnToi. » Lâcha rapidement le troisième.
Une bourrasque de vent glaciale se leva soudainement, éteignant les bougies et faisant s’envoler le trio dans des rires mesquins. Lenore se redressa s’attendant au pire de leur part maintenant que le miroir trônait seul et fier face à elle. Elle regarda autour d’elle mais le cimetière ne semblait pas avoir changé. Et pourtant les craquements lugubres des bois tordus s’étaient tus. Le vent était retombé d’un coup comme si la bourrasque n’était que la fuite de l’air du cimetière. Lenore osa s’approcher de la psyché reflétant son mouvement derrière le voile terni du verre.
Du moins elle le pensait ainsi vieillit. Le voile grisé glissa, révélant la face impeccable du miroir. Les couleurs ternies tournoyait, se rassemblait sur la surface comme une ombre liquide hypnotique. Le clair se voila en une robe égayé de sombre rubis, l’obscur en fils noirs retombant en une chevelure lisse. Et une main jaillit à travers la surface pour agripper le cou d’une Lenore trop proche, de ses mains pâles aux ongles terreux.
La chose étranglait les cervicales de la mercenaire qui se débattait, reculant tout en aidant inconsciemment l’être fantomatique à s’extraire de la surface de l’objet. La femme hurlait d’une voix suraiguë distordue des choses incompréhensibles mais la haine qu’elle y mettait était plus que compréhensible.
Lenore ne parvenait pas à serrer de ses phalanges les mains vaporeuses qui pourtant se pressaient autour de son cou squelettique. Elle suffoquait, l’esprit déstabilisé par le cri et prise de panique devant cette vision d’horreur, d’une femme haineuse à la tenue pleine de sang et contre qui elle ne pouvait rien.
Elle reculait donnant des coups dans le vide jusqu’à percuter la pierre froide qu’elle venait d’ouvrir. Le fantôme enragé l’y poussa et la stèle se referma d’elle-même.
Lenore manquait d’air. Manquait de lumière. Manquait d’espace.
Elle comprenait peu à peu sa situation. Enfermée dans la tombe de son client.
L’effroi. Le cauchemar. Seule sans recours. Sous terre, sous la pierre trop épaisse. De l’intérieur, elle n’avait pas la possibilité de pousser sur la stèle. Pas assez d’appui, ni d’amplitude, pas assez d’espace.
Elle respirait vite, trop vite, consumant à vitesse folle l’air disponible entre ses quatre murs.
Elle appelait à l’aide, hurlait, suppliait, griffant les murs à s’en abimer les phalanges, frappant des coudes, des genoux, des pieds.
Son esprit était noyé dans la panique. Déjà étourdit par le manque d’oxygène. Et pourtant elle tentait désespérément tout pour s’en sortir.
Elle se sentit partir, le cœur emballé et l’esprit engourdi, luttant contre sa mort. Elle se sentit tomber d’un coup dans l’abîme de son désespoir. Heurtant un sol dur. Prostrée. Tremblante. Suppliant entre ses larmes. Grattant toujours frénétiquement des murs devenus inexistants.
Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et percevoir la faible luminescence dorée et verdâtre qui baignait ce nouvel espace. Il n’y avait plu de murs oppressants. Du moins ils étaient bien plus loin, formant un couloir. Il y avait de l’air, frais et léger qui le parcourait. Il y avait cette clarté étrange qui permettait d’y voir suffisamment, issue d’une alternance de cristaux fluorescents et de lanternes de lucioles emprisonnées. Et au plafond, la trappe par laquelle elle était tombée.
Lenore porta ses phalanges à ses cervicales douloureuses. Elle se releva au son de ses os encore s’entrechoquant. Elle s’avança observant l’enchainement de quelques alcôves gravées dans le désordre aux noms des propriétaires des tombes. Ainsi les tombes du cimetière étaient reliées à un réseau de galeries où logeaient des familles de squelettes, vampires, zombies et autres putrides.
La mercenaire se passa une main sur le visage pour se redonner un peu de contenance après cette expérience traumatisante et frappa à la porte au nom de son client. Un squelette de petite taille ouvrit la porte, portant un tablier.
« Bonjour ?
- Je... Lenore se racla la gorge, la voix rauque… viens pour la tête… de Clovicule.
- Ah ! Il était temps ! Cria une voix derrière. Chérie laisse la rentrer s’il te plait et apporte moi mon chapeau.
La mercenaire pénétra l’appartement sous l’invitation du propriétaire, étonnée de leur style de vie à priori « normal ». Ce qui devait être la femme lui apporta un crâne bavard coiffé d’un feutre gris.
- Je vous rappelle que j’ai un rendez-vous incessamment sous peu. Mon corps ne vous a-t-il donc pas fait lire la pancarte ?
- Je sais mais j’aurai gagné du temps si j’avais été prévenu de … l’architecture… sous les tombes. Elles bougent tout le temps, ce n’est pas évident de trouver les entrées. Grogna-t-elle en réceptionnant son client littéralement dans les mains.
- La place était limitée sur la pancarte. Soit. Dépêchons-nous. Ce contrat est juteux et je ne veux pas qu’un concurrent me le rafle sous le nez. Faire signer une assurance dentaire à un vampire, ça n’arrive pas tous les millénaires. A ce soir chérie !
- Reviens en un seul morceau ! Cria-t-elle depuis la cuisine, l’air habituée.
- Elle est très inquiète depuis l’attaque du Consulat. Je suis obligé de me lever avant elle pour sortir.»
Dans un long soupir, Lenore reprit son chemin, guidée par le crâne bavard lui expliquant les ficelles des assurances vie et autres forfait santé, peu d’humeur à lui répondre. Ils traversèrent rapidement les méandres puis un couloir dont l’odeur pestilentielle émanait d’une vapeur verdâtre peu engageante. Ils retenaient leur respiration d’autant plus que son client lui précisa que l’air vicié était empoisonné par les expériences douteuses des propriétaires de cette aile.
« Qui habite là ? Demanda Lenore piquée de curiosité.
- Des Skavens. Je sais qu’on ne choisis pas ses voisins mais tout de même ils sont une nuisance dont nous nous passerions bien.
- Des quoi ?
- Des … rats géants mutants complétement illuminés et à l’hygiène douteuse. Ils ont une sorte de culte incompréhensible. Ah tiens nous nous serions trompés ? Oh qu’à cela ne tienne c’est une sortie également.
- Où sommes-nous ? Questionna la mercenaire en montant des marches après une porte noire.
- Ceci est le rez de chaussée du manoir de Jack Skelington. Hélas, il ne s’y trouve plus. Mais nous ne ferons que passer, essayez de rester discrète tout de même que le maire ne nous accuse pas de pillages !
- Si vous voulez être discret alors faites l’effort de vous taire. » Dit-elle d’une voix un assez cinglante pendant qu’elle crochetait la serrure de la porte d’entrée avec ses aiguilles.
Lenore se faufila discrètement en dehors du manoir du célèbre Roi d’Halloween sans verrouiller derrière elle. Elle connaissait un peu son histoire pour avoir interagit plusieurs fois dans ce monde. Elle portait soudainement un intérêt tout particulier à cet accès, ce labyrinthe et ces habitants sous le cimetière.
Elle rapporta son client au reste de son anatomie à temps pour que celui-ci se rende à son rendez-vous. Elle prit la récompense de sa mission s’assurant de rester en contact avec lui pour d’autres missions ou informations utiles mais elle ne regagna pas immédiatement son vaisseau.
Elle avait une affaire à régler avec le trio infernal. Elle comptait bien les mettre au pas une bonne fois pour toute et c’était certainement dans les murs du manoir qu’elle trouverait ce qu’il lui fallait. Après tout son propriétaire était le roi de la terreur dans le monde le plus effrayant qu’il soit!
Ven 10 Nov 2017 - 12:34Le corps de son client pivota face à la mercenaire lorsqu’elle se présenta, dévoilant le contenu du panneau qu’il désignait d’un doigt. Sur celui-ci se trouvait son nom, Clovicule Apophyse, utile pour trouver la bonne tombe quand on sait que celles-ci bougent souvent dans le cimetière, ainsi qu’une heure limite à laquelle il devait partir à son rendez-vous avec un client important, mordu de principes.
Elle tenta de rassuré le corps décapité, assurant à l’assureur qu’elle avait la tête sur les épaules et comprenait l’urgence de mettre les phalanges sur sa bobine. Elle fila immédiatement sans attendre de réponse que le squelette sans crâne ne pourrait lui fournir, sans même savoir si son humour de croquemort avait été apprécié.
Il lui fallut plusieurs heures à parcourir le cimetière grattant plusieurs tombes délaissées avant de trouver la bonne, ôtant mousse et poussière du bout des phalanges, afin de dégager des identités à défaut d’adresse, esquivant ou détruisant les quelques fureteurs sans-cœur apparaissant parfois. Lenore poussa de toutes ses forces sur la stèle, luttant sur ses appuis avec ses chevilles désarticulées jusqu’à la faire glisser suffisamment pour qu’un souffle d’air vicié aux odeurs d’humus s’en échappe.
Un bruit la surprit à l’entrée de la parcelle. S’attendant à voir surgir un sans-cœur de plus, elle s’accroupit dos à la tombe, un péroné dans chaque main, l’un osseux l’autre d’un éclat de verre rouge sombre. Elle leva les orbites avec surprise sur le trio de sales garnements qui déplaçaient un miroir terni. Ils lui avaient déjà joué de vilain tour et elle se méfiait de leur esprit sadique mais fut tout de même rassuré de ne pas avoir à affronter un monstre des ténèbres supplémentaire.
La petite sorcière, le diablotin et le fantôme posèrent la psyché au sol, ne s’attendant pas à croiser quelqu’un mais visiblement ravie de la situation.
« Tiens, on l’aurait pas déjà vu celle-là ? S'étonna le diablotin.
- C’est pas celle qui a emmené Brutus ? Comment elle va ? Ses léchouilles me manquent… Demanda le squelette.
- Tait-toi ! On va plutôt lui présenter quelqu’un de beaucoup moins câlin. Dit la sorcière.
- Oh A qui tu penses ? Le diablotin sautillait d’anticipation.
- J’ai toujours voulu l’inviter.» Rit la sorcière junior en distribuant des bougies à ses acolytes.
Lenore ne comprenait pas leur petite mascarade et n’avait pas de temps à leur accorder. Elle reprit son énergie à pousser sur la stèle, ouvrir la tombe, farfouiller pour y trouver un crâne esseulé. Ce ne devait plus être une affaire délicate, quelle place pouvait-il y avoir là-dessous ? Juste de quoi caser un ou plusieurs cercueil tout au plus.
« Bloody Mary, je crois en toi. Incanta la petite sorcière en allumant sa bougie face au miroir dressé.
- Bloody Mary je crois en toi. Répéta le diablotin de la même manière.
- … Le squelette rondouillard se positionna également devant la pièce de verre polis, bougie allumée mais hésita timidement en regardant ses comparses.
- Dit le ou je te fourre le slip de vers ! Menaça la chef de bande faisant sourire Lenore qui les entendait malgré tout.
- BloodyMaryJeCroisEnToi. » Lâcha rapidement le troisième.
Une bourrasque de vent glaciale se leva soudainement, éteignant les bougies et faisant s’envoler le trio dans des rires mesquins. Lenore se redressa s’attendant au pire de leur part maintenant que le miroir trônait seul et fier face à elle. Elle regarda autour d’elle mais le cimetière ne semblait pas avoir changé. Et pourtant les craquements lugubres des bois tordus s’étaient tus. Le vent était retombé d’un coup comme si la bourrasque n’était que la fuite de l’air du cimetière. Lenore osa s’approcher de la psyché reflétant son mouvement derrière le voile terni du verre.
Du moins elle le pensait ainsi vieillit. Le voile grisé glissa, révélant la face impeccable du miroir. Les couleurs ternies tournoyait, se rassemblait sur la surface comme une ombre liquide hypnotique. Le clair se voila en une robe égayé de sombre rubis, l’obscur en fils noirs retombant en une chevelure lisse. Et une main jaillit à travers la surface pour agripper le cou d’une Lenore trop proche, de ses mains pâles aux ongles terreux.
La chose étranglait les cervicales de la mercenaire qui se débattait, reculant tout en aidant inconsciemment l’être fantomatique à s’extraire de la surface de l’objet. La femme hurlait d’une voix suraiguë distordue des choses incompréhensibles mais la haine qu’elle y mettait était plus que compréhensible.
Lenore ne parvenait pas à serrer de ses phalanges les mains vaporeuses qui pourtant se pressaient autour de son cou squelettique. Elle suffoquait, l’esprit déstabilisé par le cri et prise de panique devant cette vision d’horreur, d’une femme haineuse à la tenue pleine de sang et contre qui elle ne pouvait rien.
Elle reculait donnant des coups dans le vide jusqu’à percuter la pierre froide qu’elle venait d’ouvrir. Le fantôme enragé l’y poussa et la stèle se referma d’elle-même.
Lenore manquait d’air. Manquait de lumière. Manquait d’espace.
Elle comprenait peu à peu sa situation. Enfermée dans la tombe de son client.
L’effroi. Le cauchemar. Seule sans recours. Sous terre, sous la pierre trop épaisse. De l’intérieur, elle n’avait pas la possibilité de pousser sur la stèle. Pas assez d’appui, ni d’amplitude, pas assez d’espace.
Elle respirait vite, trop vite, consumant à vitesse folle l’air disponible entre ses quatre murs.
Elle appelait à l’aide, hurlait, suppliait, griffant les murs à s’en abimer les phalanges, frappant des coudes, des genoux, des pieds.
Son esprit était noyé dans la panique. Déjà étourdit par le manque d’oxygène. Et pourtant elle tentait désespérément tout pour s’en sortir.
Elle se sentit partir, le cœur emballé et l’esprit engourdi, luttant contre sa mort. Elle se sentit tomber d’un coup dans l’abîme de son désespoir. Heurtant un sol dur. Prostrée. Tremblante. Suppliant entre ses larmes. Grattant toujours frénétiquement des murs devenus inexistants.
Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et percevoir la faible luminescence dorée et verdâtre qui baignait ce nouvel espace. Il n’y avait plu de murs oppressants. Du moins ils étaient bien plus loin, formant un couloir. Il y avait de l’air, frais et léger qui le parcourait. Il y avait cette clarté étrange qui permettait d’y voir suffisamment, issue d’une alternance de cristaux fluorescents et de lanternes de lucioles emprisonnées. Et au plafond, la trappe par laquelle elle était tombée.
Lenore porta ses phalanges à ses cervicales douloureuses. Elle se releva au son de ses os encore s’entrechoquant. Elle s’avança observant l’enchainement de quelques alcôves gravées dans le désordre aux noms des propriétaires des tombes. Ainsi les tombes du cimetière étaient reliées à un réseau de galeries où logeaient des familles de squelettes, vampires, zombies et autres putrides.
La mercenaire se passa une main sur le visage pour se redonner un peu de contenance après cette expérience traumatisante et frappa à la porte au nom de son client. Un squelette de petite taille ouvrit la porte, portant un tablier.
« Bonjour ?
- Je... Lenore se racla la gorge, la voix rauque… viens pour la tête… de Clovicule.
- Ah ! Il était temps ! Cria une voix derrière. Chérie laisse la rentrer s’il te plait et apporte moi mon chapeau.
La mercenaire pénétra l’appartement sous l’invitation du propriétaire, étonnée de leur style de vie à priori « normal ». Ce qui devait être la femme lui apporta un crâne bavard coiffé d’un feutre gris.
- Je vous rappelle que j’ai un rendez-vous incessamment sous peu. Mon corps ne vous a-t-il donc pas fait lire la pancarte ?
- Je sais mais j’aurai gagné du temps si j’avais été prévenu de … l’architecture… sous les tombes. Elles bougent tout le temps, ce n’est pas évident de trouver les entrées. Grogna-t-elle en réceptionnant son client littéralement dans les mains.
- La place était limitée sur la pancarte. Soit. Dépêchons-nous. Ce contrat est juteux et je ne veux pas qu’un concurrent me le rafle sous le nez. Faire signer une assurance dentaire à un vampire, ça n’arrive pas tous les millénaires. A ce soir chérie !
- Reviens en un seul morceau ! Cria-t-elle depuis la cuisine, l’air habituée.
- Elle est très inquiète depuis l’attaque du Consulat. Je suis obligé de me lever avant elle pour sortir.»
Dans un long soupir, Lenore reprit son chemin, guidée par le crâne bavard lui expliquant les ficelles des assurances vie et autres forfait santé, peu d’humeur à lui répondre. Ils traversèrent rapidement les méandres puis un couloir dont l’odeur pestilentielle émanait d’une vapeur verdâtre peu engageante. Ils retenaient leur respiration d’autant plus que son client lui précisa que l’air vicié était empoisonné par les expériences douteuses des propriétaires de cette aile.
« Qui habite là ? Demanda Lenore piquée de curiosité.
- Des Skavens. Je sais qu’on ne choisis pas ses voisins mais tout de même ils sont une nuisance dont nous nous passerions bien.
- Des quoi ?
- Des … rats géants mutants complétement illuminés et à l’hygiène douteuse. Ils ont une sorte de culte incompréhensible. Ah tiens nous nous serions trompés ? Oh qu’à cela ne tienne c’est une sortie également.
- Où sommes-nous ? Questionna la mercenaire en montant des marches après une porte noire.
- Ceci est le rez de chaussée du manoir de Jack Skelington. Hélas, il ne s’y trouve plus. Mais nous ne ferons que passer, essayez de rester discrète tout de même que le maire ne nous accuse pas de pillages !
- Si vous voulez être discret alors faites l’effort de vous taire. » Dit-elle d’une voix un assez cinglante pendant qu’elle crochetait la serrure de la porte d’entrée avec ses aiguilles.
Lenore se faufila discrètement en dehors du manoir du célèbre Roi d’Halloween sans verrouiller derrière elle. Elle connaissait un peu son histoire pour avoir interagit plusieurs fois dans ce monde. Elle portait soudainement un intérêt tout particulier à cet accès, ce labyrinthe et ces habitants sous le cimetière.
Elle rapporta son client au reste de son anatomie à temps pour que celui-ci se rende à son rendez-vous. Elle prit la récompense de sa mission s’assurant de rester en contact avec lui pour d’autres missions ou informations utiles mais elle ne regagna pas immédiatement son vaisseau.
Elle avait une affaire à régler avec le trio infernal. Elle comptait bien les mettre au pas une bonne fois pour toute et c’était certainement dans les murs du manoir qu’elle trouverait ce qu’il lui fallait. Après tout son propriétaire était le roi de la terreur dans le monde le plus effrayant qu’il soit!