C’est un grand bâtiment ce hangar. Vraiment immense. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’imposant voulait dire mais là, j’en ai une bien meilleure idée en le voyant. Je m’approche et remarque que de nombreuses personnes sont déjà là, parlant entre elles. J’entends les mots chantiers, port royal et potence. Je suis donc au bon endroit et me mêle à la foule. D’autres étudiants sont là, je le reconnais avec le rouge du consulat sur leurs vêtements, des ouvriers sont aussi présent, casques de chantier à la ceinture, bras musclés prêt à l’action. Je me demande ce qu’on va nous demander de faire. J’attends patiemment quelques minutes et finalement les portes s’ouvrent sur un homme, jaugeant du regard la foule avant d’hocher la tête devant la foule.
« Entrez, le chantier va pouvoir commencer ! »
Tout le monde le suit et nous pénétrons tous dans le hangar, éclairé par des lampes puissantes. La foule s’amasse à nouveau autour de l’homme, qui remplit le hangar vide de sa prestance.
« Je m’appelle Clovis Planck III. Je suis spécialiste de ce genre de construction. Démesure et pendaison, c’est mon crédo. »
Un grand silence s’ensuit. Je ne sais pas pourquoi il parle de pendaison…c’est étrange. Mais dans l’ordre de mission, on a parlé de croque mort alors ça doit avoir un lien. Il fait surement parti de ces gens qui construisent…comment ils disent déjà… les…dernières demeures. Et lui visiblement, il pend aussi les gens… un moyen rapide et facile d’avoir des clients. J’espère que pendant la fête on ne va pas vraiment pendre des gens… je serais triste d’avoir participé à ça.
« Vous allez être répartis en petits groupes avec des missions différentes. Les ouvriers sont sur les phases de constructions et de déchargement du matériel qui va arriver. Les étudiants vérifieront les quantités avant tout et donneront des coups de mains par ci par là. Voyez avec les ouvriers quand vous ne savez pas quoi faire. Je superviserais le tout. La construction devrait prendre plusieurs jours, ils ont vraiment demandé quelque chose de grand. Attendez-vous à ce que notre construction passe juste les portes de ce hangar. »
Il désigne les portes en question et d’un seul mouvement toutes les têtes se tournent en chuchotant. Ca va vraiment être immense… Je tourne la tête vers mon voisin quand il me tend une feuille avec des choses écrites dessus. Des chiffres, des lettres, des mots. Je grimace dans ma tête mais essaye de garder une expression neutre. Peut-être que dans mon groupe, d’autres sauront lire et on avancera !
Des petits codes couleurs ont été disposés sur les feuilles, les membres de chaque groupe se retrouvent. Je suis avec deux garçons et une autre fille. Pas le temps de faire les présentations à mon grand soulagement parce qu’on entend les camions arriver.
« On doit vérifier les lots de cordes et de clous ! Suffit de cocher les numéros que l’ont voit et normalement, tout y sera. On vérifiera une deuxième fois pour être sur ! »
Un des garçons, un grand ave des cheveux blonds a pris les choses en main. Il semble avoir un caractère de leader. C’est parfait pour moi. Je regarde mes numéros et on s’approche tous d’un camion. Je suppose que c’est le bon, je ne sais pas ce qui est écrit sur sa bâche. Le chauffeur nous ouvre l’accès à sa marchandise et nous montons tous dans le camion. Rapidement, je m’adapte et vérifie que les numéros de ma feuille et de mes marchandises sont les mêmes. Tout y est. On me prend ma feuille et m’en colle une autre déjà cochée. Je me déplace et coche aussi la feuille. Quelques boites à tourner mais encore une fois, tout y est !
Notre chef de groupe va parler avec le chauffeur et ils hochent tous les deux la tête. Je regarde les deux autres qui attendent aussi patiemment en discutant. Ils parlent de leurs études. Ils ont l’air de se connaitre. Je suis un peu…triste de ne pas pouvoir participer à l’échange, ni avoir d’ami que je connais ici. Enfin, c’est ainsi.
« Il faut vider le camion. Les bobines de cordes seront descendues par le chauffeur mais pour le reste, on doit tout transporter manuellement jusqu’au hangar. »
Il n’attend pas et monte dans le camion, prenant une boite qu’il me tend. Je hoche la tête et vais la porter dans le hangar. Tout est bien organisé, il y a des zones marquées au sol avec les couleurs. Il a tout prévu ce monsieur. C’est peut-être pour ça qu’il est si réputé dans son domaine.
De très nombreux va et vient plus tard, le camion est vidé. Les bobines descendues et le camion repartis. Dans le milieu du hangar, je peux déjà voir des ouvriers manier les planches et les clous. On se rapproche avec mon groupe et il faut déjà les alimenter en matériel. On tient des planches, fournis en clous et ils tapent, ajustent.
Je caresse le bois sous mes mains, il sent la forêt. Il craque un peu aussi quand on le manipule trop fort ou qu’on marche dessus. C’est agréable. Le hangar s’imprègne de l’odeur et la première journée touche à sa fin. Notre maitre d’œuvre tape dans ses mains et nous attend le lendemain de bonne heure.
Une première journée simple mais assez physique. J’ai mal partout à force d’avoir porté et de m’être pliée en deux sur les planches. On verra ce que nous réserve le lendemain mais en attendant, un bon bain chaud !
Je pense que ça sera ma récompense après chaque journée. Aujourd’hui, c’est plantage de clous. Je n’ai jamais autant donné de coups sur une planche ni aussi souvent écrasé mes doigts sous du métal. C’est barbare de faire ça ! Mais ça avance bien ! Tout le monde est content, les ouvriers sifflotent, se moquent de moi quand je grogne parce que je me suis encore fait mal. Il aime bien avoir ‘du sang neuf’ comme ils disent. Je ne sais pas pourquoi ils se réjouissent que les gens saignent… mais je ne sais pas non plus pourquoi on fabrique une potence…alors je hausse les épaules et continue.
Avec tout le monde présent, la structure est vite bâtie. Elle prend forme, s’élève dans le hangar et est vraiment imposante. C’est impressionnant de se dire qu’en si peu de temps, une telle chose a été faite. Je la regarde avant de partir, grognant alors qu’un ouvrier me taquine en me frottant la tête.
« Allons boire un verre Mlle pouces rouges ! »
Je les accompagne avec plaisir. Je découvre l’ambiance dans soirée ouvrière. La bière coule à flot, les rires s’élèvent hauts et forts. Tapes dans le dos, clin d’œil et francs sourires. Une très bonne soirée. Je rentre fourbue chez moi et sans force pour le bain salvateur. Le lendemain matin est affreux. Mal à la tête, mal partout et les pouces un peu enflés.
Je me rends quand même au hangar et les ouvriers de la veille me prennent en pitié. Je dois juste les ravitailler en boissons et éviter de me faire clouer les pieds. Les dernières touches sont mises, les cordes tendues, les mécanismes de trappes vérifiés, huilés et finalement, le soir venu, tout le monde attend l’avis du chef de chantier qui inspecte les moindres détails de son œuvre. Je me demande s’il ne compte pas les clous et vis qui parsèment l’échafaud. On entend quelques petits ‘hum’ qui semblent dubitatifs, des petites tapes sur le bois pour en tester le son peut-être ? Personne n’ose parler tout le temps que dure l’inspection. Finalement, un coup de talon au milieu de la structure et il applaudit, satisfait. Tout le monde le rejoint et salue les performances du groupe. C’est un peu étrange mais amusant alors je me joins à eux.
Après quelques adieux, une fermeture du hangar jusqu’à la fête et encore de nouvelles tapes dans le dos, je peux enfin rentrer me reposer chez moi ! Pour mon premier travail de chantier, je suis assez contente.
« Entrez, le chantier va pouvoir commencer ! »
Tout le monde le suit et nous pénétrons tous dans le hangar, éclairé par des lampes puissantes. La foule s’amasse à nouveau autour de l’homme, qui remplit le hangar vide de sa prestance.
« Je m’appelle Clovis Planck III. Je suis spécialiste de ce genre de construction. Démesure et pendaison, c’est mon crédo. »
Un grand silence s’ensuit. Je ne sais pas pourquoi il parle de pendaison…c’est étrange. Mais dans l’ordre de mission, on a parlé de croque mort alors ça doit avoir un lien. Il fait surement parti de ces gens qui construisent…comment ils disent déjà… les…dernières demeures. Et lui visiblement, il pend aussi les gens… un moyen rapide et facile d’avoir des clients. J’espère que pendant la fête on ne va pas vraiment pendre des gens… je serais triste d’avoir participé à ça.
« Vous allez être répartis en petits groupes avec des missions différentes. Les ouvriers sont sur les phases de constructions et de déchargement du matériel qui va arriver. Les étudiants vérifieront les quantités avant tout et donneront des coups de mains par ci par là. Voyez avec les ouvriers quand vous ne savez pas quoi faire. Je superviserais le tout. La construction devrait prendre plusieurs jours, ils ont vraiment demandé quelque chose de grand. Attendez-vous à ce que notre construction passe juste les portes de ce hangar. »
Il désigne les portes en question et d’un seul mouvement toutes les têtes se tournent en chuchotant. Ca va vraiment être immense… Je tourne la tête vers mon voisin quand il me tend une feuille avec des choses écrites dessus. Des chiffres, des lettres, des mots. Je grimace dans ma tête mais essaye de garder une expression neutre. Peut-être que dans mon groupe, d’autres sauront lire et on avancera !
Des petits codes couleurs ont été disposés sur les feuilles, les membres de chaque groupe se retrouvent. Je suis avec deux garçons et une autre fille. Pas le temps de faire les présentations à mon grand soulagement parce qu’on entend les camions arriver.
« On doit vérifier les lots de cordes et de clous ! Suffit de cocher les numéros que l’ont voit et normalement, tout y sera. On vérifiera une deuxième fois pour être sur ! »
Un des garçons, un grand ave des cheveux blonds a pris les choses en main. Il semble avoir un caractère de leader. C’est parfait pour moi. Je regarde mes numéros et on s’approche tous d’un camion. Je suppose que c’est le bon, je ne sais pas ce qui est écrit sur sa bâche. Le chauffeur nous ouvre l’accès à sa marchandise et nous montons tous dans le camion. Rapidement, je m’adapte et vérifie que les numéros de ma feuille et de mes marchandises sont les mêmes. Tout y est. On me prend ma feuille et m’en colle une autre déjà cochée. Je me déplace et coche aussi la feuille. Quelques boites à tourner mais encore une fois, tout y est !
Notre chef de groupe va parler avec le chauffeur et ils hochent tous les deux la tête. Je regarde les deux autres qui attendent aussi patiemment en discutant. Ils parlent de leurs études. Ils ont l’air de se connaitre. Je suis un peu…triste de ne pas pouvoir participer à l’échange, ni avoir d’ami que je connais ici. Enfin, c’est ainsi.
« Il faut vider le camion. Les bobines de cordes seront descendues par le chauffeur mais pour le reste, on doit tout transporter manuellement jusqu’au hangar. »
Il n’attend pas et monte dans le camion, prenant une boite qu’il me tend. Je hoche la tête et vais la porter dans le hangar. Tout est bien organisé, il y a des zones marquées au sol avec les couleurs. Il a tout prévu ce monsieur. C’est peut-être pour ça qu’il est si réputé dans son domaine.
De très nombreux va et vient plus tard, le camion est vidé. Les bobines descendues et le camion repartis. Dans le milieu du hangar, je peux déjà voir des ouvriers manier les planches et les clous. On se rapproche avec mon groupe et il faut déjà les alimenter en matériel. On tient des planches, fournis en clous et ils tapent, ajustent.
Je caresse le bois sous mes mains, il sent la forêt. Il craque un peu aussi quand on le manipule trop fort ou qu’on marche dessus. C’est agréable. Le hangar s’imprègne de l’odeur et la première journée touche à sa fin. Notre maitre d’œuvre tape dans ses mains et nous attend le lendemain de bonne heure.
Une première journée simple mais assez physique. J’ai mal partout à force d’avoir porté et de m’être pliée en deux sur les planches. On verra ce que nous réserve le lendemain mais en attendant, un bon bain chaud !
Je pense que ça sera ma récompense après chaque journée. Aujourd’hui, c’est plantage de clous. Je n’ai jamais autant donné de coups sur une planche ni aussi souvent écrasé mes doigts sous du métal. C’est barbare de faire ça ! Mais ça avance bien ! Tout le monde est content, les ouvriers sifflotent, se moquent de moi quand je grogne parce que je me suis encore fait mal. Il aime bien avoir ‘du sang neuf’ comme ils disent. Je ne sais pas pourquoi ils se réjouissent que les gens saignent… mais je ne sais pas non plus pourquoi on fabrique une potence…alors je hausse les épaules et continue.
Avec tout le monde présent, la structure est vite bâtie. Elle prend forme, s’élève dans le hangar et est vraiment imposante. C’est impressionnant de se dire qu’en si peu de temps, une telle chose a été faite. Je la regarde avant de partir, grognant alors qu’un ouvrier me taquine en me frottant la tête.
« Allons boire un verre Mlle pouces rouges ! »
Je les accompagne avec plaisir. Je découvre l’ambiance dans soirée ouvrière. La bière coule à flot, les rires s’élèvent hauts et forts. Tapes dans le dos, clin d’œil et francs sourires. Une très bonne soirée. Je rentre fourbue chez moi et sans force pour le bain salvateur. Le lendemain matin est affreux. Mal à la tête, mal partout et les pouces un peu enflés.
Je me rends quand même au hangar et les ouvriers de la veille me prennent en pitié. Je dois juste les ravitailler en boissons et éviter de me faire clouer les pieds. Les dernières touches sont mises, les cordes tendues, les mécanismes de trappes vérifiés, huilés et finalement, le soir venu, tout le monde attend l’avis du chef de chantier qui inspecte les moindres détails de son œuvre. Je me demande s’il ne compte pas les clous et vis qui parsèment l’échafaud. On entend quelques petits ‘hum’ qui semblent dubitatifs, des petites tapes sur le bois pour en tester le son peut-être ? Personne n’ose parler tout le temps que dure l’inspection. Finalement, un coup de talon au milieu de la structure et il applaudit, satisfait. Tout le monde le rejoint et salue les performances du groupe. C’est un peu étrange mais amusant alors je me joins à eux.
Après quelques adieux, une fermeture du hangar jusqu’à la fête et encore de nouvelles tapes dans le dos, je peux enfin rentrer me reposer chez moi ! Pour mon premier travail de chantier, je suis assez contente.