Lotis, vous êtes une étudiante qui sait se montrer utile, pour une raison en particulier, vous ne vous plaignez pas et donc je peux vous envoyer faire ce qui me passe par la tête. Et justement, une idée m'a traversé l'esprit. Elle est particulièrement mauvaise mais j'ai envie de me tromper quand même. Je sais que nous n'allons pas fêter Halloween et je ferai bien attention de ne pas m'approcher de trop près de cette idée mais... Mais il nous faut quand même des chauve-souris. Je veux dire... La Princesse Ariez, le Modéré Noir, Death, Sephiroth... Tant de personnes qui évoquent la chauve-souris.
Donc vous allez... en capturer... Beaucoup. Si vous voyez venir votre mort imminente, je vous suggère d'abandonner ou de changer de tactique, je ne voudrais pas avoir votre mort sur la conscience. Malheureusement, nos mondes ne sont pas des endroits idéaux pour les chauve-souris. On les trouve surtout dans les campagnes, les grottes. Pas dans les villes, encore moins sous l'eau.
Donc au choix, vous pouvez faire cette mission soit à la ville d'Halloween (fais attention à prendre en compte ce que Arthur et Septimus ont fait là-bas), soit au château de la bête (pas dans le chateau en lui-même mais dans ses bois, par exemple) ou dans une forêt du Palais des rêves. Le domaine enchanté est proscrit depuis une récente affaire.
Je demanderais bien à un consul mais ils ont une détestable tendance à se juger parfois trop importants pour ce genre de choses, donc un étudiant fera ça très bien.
Je me retiens de sauter de joie sous le commentaire qui me semble gentil de la part de mon missionneur principal. Et je fais bien je pense parce que bon… Je ne me plains pas parce que je ne peux pas encore…et puis…tout ce qui lui passe par la tête…c’est quand même…un peu…bizarre. Y’a pas genre des plannings de missions définit à l’avance ? Il improvise en fait ?
Soudain, je me sens stressée à l’idée que l’homme en face de moi puisse avoir une idée étrange et décider que ça sera ma mission. Je me mords la lèvre en l’écoutant. Il veut…des chauves qui sourient. Super. Et faut les capturer en plus ? On ne peut pas juste leurs demander de venir ? Puis c’est étrange d’avoir autant de gens qui évoquent les chauves qui sourient. Et ca va me causer potentiellement une mort imminente ? Ils sont super violents les chauves souriant ? Et ils vivent dans des endroits précis ? Pourtant j’en ai croisé quelques uns en marchant dans les rues… Ils ne sont pas bien ceux d’ici ?
Je comprends que les consuls n’aient pas envie de faire ce genre de mission… Je ne suis pas hyper motivée non plus à vrai dire… Je n’ai jamais été dans la ville d’Halloween…ni vers le château de la Bête… Je ne comprends vraiment pas pourquoi j’ai cette mission… Et pourquoi il ne dit pas ça correctement… C’est un consul quand même… pourquoi il les appelle les chauves sourient ? Hum… c’est étrange… mais bon, comme je suis pleine de bonne volonté, je vais aller dans ces bois et partir en quête de ces chauves qui sourient…
Mais d’abord, du repos ! Et puis, j’ai besoin de réfléchir. Beaucoup. Comment je vais les capturer ? Je leur donne des bonbons ? Un ticket gratuit pour le consulat ? Je soupire et retourne à mon dortoir pour me reposer une bonne nuit avant de reprendre les transports pour le palais de la Bête ! Peut-être que je trouverais des idées en dormant.
…Finalement non. Pas plus d’idées au matin, pas non plus pendant de trajet, ni en marchant dans le village et encore moins une fois à la lisière de la forêt. Et y’a pas grand monde non plus… alors trouver des chauves ça va pas être facile…j’espère que si j’en croise un il sourira… dire qu’il en veut pleins en plus… Je m’adosse contre un arbre et soupire encore. Vraiment…quelle mission… C’est peut-être pour me décourager d’en demander trop souvent ? Je voulais me rendre utile dès mon arrivée et pouvoir rencontrer des gens aussi mais… je dois partir à la chasse aux chauves… C’est surement une punition… Ma dernière mission ne lui a peut-être pas plu… J’ai fait de mon mieux pourtant…
Je croise les bras et soupire encore une fois, remarquant un petit éventail devant ma bouche que je fais tourner avec mes longs soupirs. Je me retourne en sursautant et trouve une personne souriante, tenant ce petit objet entre ses mains. Une personne chauve ! Qui sourie ! Je lui sourie aussi en retour. Je ne l’ai pas entendu arriver tellement j’étais perdue dans mes folles pensées. Mais j’en ai trouvé un ! Alors c’est génial !
« C’est quand même mieux comme ça Mlle ! Vous n’devriez pas soupirer comme ça ! Ni vous aventurer dans cette forêt. Elle est pleine de bêtes sauvages. La nuit on entend les loups hurler et parait que ces saletés de suceurs de sang s’aventure jusqu’à la lisière du village à la recherche de victimes ! »
Je le regarde surement avec une tête étrange, un mélange d’air interrogatif et de confusion. Les loups ne me font pas peur mais par contre, les vampires, ça oui. Je n’en ai jamais rencontré personnellement mais j’ai entendu des bruits de rues sur eux… Ils vivent la nuit, ils vident des gens de leur sang et les transforment comme eux…et au soleil ils explosent !
« Z’êtes pas du coin vous… vraiment, trainez pas par ici. »
On entend un loup hurler au loin et il acquiesce, comme si ce cri avait appuyé son propos.
« Regardez, c’est une mise en garde ! Et bientôt on va voir une de ces furies buveuses de sang, ces affreuses chauves souris débarquer ! »
Un chauve qui sourie plus qui parle de chauve souris ? Je lui secoue le bras, prenant un air apeuré pour qu’il continue de parler. J’ai besoin d’informations vu que visiblement… Je n’ai pas bien compris de quoi parlait ma mission…
« Elles volent la nuit et si on fait pas attention elles s’accrochent à vous ! Dans vos cheveux et ça piaille, leurs griffes vous déchirent et vous finissez par sentir leurs crocs saisir votre gorge. »
Ah…ça n’est pas…une très bonne nouvelle. Ca a même l’air super…dangereux. Et il en veut beaucoup de ces monstres en plus ! Je décide de suivre le gentil petit monsieur à l’éventail et repart à son bras vers le village. Il me raconte des petites anecdotes de la ville et m’offre même un chocolat chaud. Il est vraiment adorable. L’après-midi file et le temps se rafraichit, il doit y aller. Je lui souris une dernière fois et le regarde quitter la place du village.
Je me tourne vers la forêt, décidée et y retourne. Je n’ai rien appris de plus de sa part mais je dois voir par moi-même ce que cela donne. Ils ont tous dit que c’était dangereux… On verra bien.
Je m’enfonce dans la forêt alors que la nuit finit par tomber, entendant les loups hurler plus souvent. Il fait plus froid par ici… Heureusement que je me suis acheté une cape avant de partir ! Elle me faisait trop envie et je voulais dépenser à bon escient mon premier salaire ! C’est une parfaite opportunité pour la sortir de mon sac et l’enfiler. Je continue de crapahuter dans la forêt, sans croiser grand monde ni âme qui vive. C’est un peu rassurant…et pas tellement en fin de compte. C’est même assez effrayant…
J’entends un bruit de branche qui craque et sursaute, me retournant vivement pour tomber nez à nez avec un loup. Enfin truffe à nez. Et puis il n’est pas juste devant moi, il est à quelques pas. Il garde ses oreilles bien droites, commence à faire gonfler sa fourrure et grogne tout bas. C’est un premier avertissement. Je n’ai pas vraiment besoin de me retourner ni de regarder pour savoir qu’il y en a d’autres plus loin, derrière lui. Je m’accroupis et retire ma gavroche en douceur, laissant mes oreilles visibles mais elles s’aplatissent rapidement. Je continue ma descente au sol pour m’y retrouver allongée, queue rentrée mais visible entre mes jambes levées, mains aussi. Son grognement s’arrête petit à petit et il s’approche, un peu curieux mais toujours méfiant. Il trouve ça étrange qu’un humain connaisse le langage des loups. Il renifle et je tends mon cou, reposant ma tête contre le sol, gorge déployée.
Il glapit et les autres se rapprochent. Il est maintenant beaucoup plus curieux qu’autre chose. Il se dit que c’est étrange et demande confirmation à la meute. Je sens l’humain et le loup. Je suis humaine mais j’ai des oreilles et une queue de louve. Ils n’en ont jamais rencontré avant. Ils communiquent, se regardent, se frôlent et finissent par me toucher de leurs truffes, mordiller une oreille pour un téméraire et s’éloigner en petite foulée, m’invitant à les rejoindre. Je deviens un membre temporaire de cette meute. Je souris et laisse ma queue battre sa joie, les oreilles redressées. J’ai salis ma cape dans la manœuvre mais tant pis. Je préfère rencontrer de nouveaux amis que de me faire dévorer…
Je vadrouille dans la forêt avec eux. Enfin, je cours derrière eux pendant qu’ils se bousculent. C’est marrant mais un peu lent une demi humaine pour eux mais le quotidien change alors ça vaut la peine de ralentir la course. Tous les jouets sont bons à prendre. Je les écoute communiquer. C’est pas aussi simple qu’avec le langage humain, c’est toute une histoire de mouvement, de regards et de petits cris. On s’amuse bien et la nuit est complètement là. Ils arrivent à un promontoire découvert et je peux admirer toute la vue sur la forêt. Elle est immense. Il y a des montagnes. Je les désigne et ils grognent, hérissent leurs poils. Il ne faut pas aller là bas.
Il y a des ennemis que les loups craignent dans ces grottes. Ca ne me rassure pas du tout mais je vais y aller. Ils essayent de m’en dissuader à coup de poussées, de tirage de vêtement et même de morsure sur la queue. Mais je pars quand même. Je les remercie tous d’une caresse, d’un frottage de gorge, d’une gratouille d’oreille. L’un d’eux hésite à me laisser partir seule et se lance à m’accompagner. Je caresse son poil doux et nous faisons la route ensemble. C’est assez pratique parce qu’il a déjà été devant les grottes. J’entends les hurlements retentir de plus en plus lointain alors qu’on se rapproche de notre destination.
La lune brille et éclaire nos pas puis l’entrée de la grotte. Les ténèbres sont si profondes qu’elle n’éclaire pas grand-chose passé les premiers mètres de l’entrée. Je fais un pas, puis un autre et arrive à la lisière éclairée, me stoppant net en entendant un cri aigu. Je frissonne à ce son et réfléchis. Je ne sais pas ce que je vais trouver là. Je ne sais pas non plus comment attraper ces chauves souris et encore moins comment les transporter…
Le cri se répète, s’amplifie et je dresse les oreilles malgré moi, alerte en entendant comme des froissements au loin. Je m’accroupis et enroule mes bras autour du loup resté avec moi, il montre les crocs, grogne bas et son pelage est tout hérissé. Je ne vois rien mais bientôt, les ténèbres débarquent sur nous, les cris se font stridents, ils font mal à entendre. Nous sommes happés et je ne peux que cacher mes yeux avec mes mains, sentant mes oreilles êtres tirées, mes cheveux aussi, des petites dents pointues s’enfoncer dans ma peau. Je recule, bas des bras pour les écarter, grognant comme le loup que j’entends aussi sauter mais rester avec moi.
Nous finissons par sortir de la zone que ces bêtes gardent et elles retournent dans la grotte. Je regarde mes mains et les vois rougies par toutes les coupures. J’imagine que mon visage est dans le même état. Je m’assois au sol et soupire, queue et oreilles basses. Je sens un coup de langue me parcourir la tête de bas en haut. Je gigote et finis par sourire, regardant le loup de plus près. Il n’est pas blessé. Il a même réussi à attraper l’une de ses créatures. Elle est morte sous ses crocs et repose sous sa patte. Dommage, ça aurait pu être ma première capture… Je l’examine en fronçant le nez. Ca ne sent pas très bon. Et c’est plus petit que je l’aurais pensé. Des petits crocs, des petites oreilles recroquevillées et des ailes avec une texture étrange, des petits doigts crochus à leurs extrémités. C’est assez laid… Je peux comprendre pourquoi il voulait en avoir pour sa fête des gens qui font peur. Mais je n’ai absolument aucune idée de comment je vais bien pouvoir les attraper…
Je me demande ce qui les a attirées. On est entrés dans leur périmètre ? Je regarde autour de moi et trouve des cailloux. Je les jette vers la grotte mais n’obtient aucune réaction. Elles nous ont peut-être sentis ? J’attrape un bout déchiré de mon pantalon et l’enroule autour d’un caillou avant de le lancer. Je n’obtiens qu’un cri pour seule réponse. Elles se servent donc de leurs nez…mais ça ne suffit pas… Je me recroqueville et frotte mes bras. Il ne fait plus chaud du tout. Le loup se rapproche de moi et vient passer sa tête sous mon cou. C’est plus agréable avec sa chaleur.
Comment font-elles ? Elles ont peut-être un super pouvoir… Je me relève et soupire. De toute façon, sans matériel, je ne peux rien faire alors je dois retourner au village. Je suis le loup qui me raccompagne. Il reste dans la forêt une fois que j’en vois la sortie. C’est vrai que ça n’est pas vraiment un endroit pour lui. Les villageois le tueraient surement avec plaisir…ce loup sanguinaire.
L’aube se lève et je pénètre dans le village. Rien n’est encore ouvert alors j’attends près de la fontaine qui coule. Je peux regarder mon visage dans l’eau et grimace, le nettoyant de la crasse et du sang. Je vais les effrayer si je ne me prends pas en main !
Lentement, les volets s’ouvrent et le village prend vie. Je retrouve mon chauve souriant qui a l’air inquiet en me voyant. Il hoche la tête et croise les bras d’un air affable.
« J’vous l’avais dit. Faut pas aller là bas. Regarder moi ça, dans l’état q’vous êtes ! C’est les loups c’est ça ? Ils vous ont poursuivie toute la nuit dans la forêt ? Z’avez eu de la chance de leur échapper ma p’tite. Ils auraient fait qu’une bouchée de vous ! »
Je lève les mains vers lui et secoue la tête. Il se trompe. Certes, j’ai couru avec les loups mais ils étaient loin d’avoir envie de me manger !
« Z’êtes allée prêt de la grotte alors… Faut pas non plus. Les vampires trainent par là. Elles sentent que vous êtes là, un joli p’tit morceau de chair fraiche toute chaude ! Ca les attire ! Z’auriez du m’écouter. »
Je hoche la tête en prenant un air penaud et lui fais suffisamment de peine pour m’offrir un deuxième chocolat. Il me fait un clin d’œil en me disant que si j’aime tellement son chocolat, pas besoin d’aller dans la forêt, suffit de lui demander, il sera plus que ravi de m’en faire un. Je lui souris en gardant les lèvres serrées. Les remarques commencent souvent d’une manière désinvolte mais peuvent parfois amener à des situations moins…chaleureuses. Alors je décide de rester polie et courtoise, je l’écoute parler, bois mon chocolat mais ne m’attarde pas. Il est un peu déçu quand je rassemble mes affaires pour partir mais me laisser filer.
Je retourne au centre du village et dégote une boutique de chasse. Ils vendent des armes qui coupent, qui tranchent, qui broient, qui tirent et des pièges. Je dégote ce que je pense être une bonne idée et achète trois nasses à poissons. Le vendeur me dit que sans canne à pèche c’est pas bien utile mais il voit que même son offre spéciale ne me convaincra pas. Je repars les nacelles dans chaque main et pense à la suite de mon plan. J’ai de quoi les garder enfermées… En plus, j’ai pris le modèle pour les gros carnassiers qu’il n’y a pas dans les rivières d’ici. Ca devrait résister. Mais comment les attirer ?
Si je mets mon odeur dedans, ça ne fera que me donner un cri pour réponse. Et j’ai besoin des animaux, pas de leurs cris. Je repense aux paroles du villageois. De la chaire toute chaude… Peut-être…que ça les appâterait ? Possible…
Je repars dans la forêt et retourne devant la grotte. Je sens rapidement que mes pas sont suivis. L’avantage d’avoir sympathisé avec les loups, c’est que je ne crains plus vraiment les autres animaux. Le soleil est levé, haut dans le ciel et une partie de la meute est là. Ils ont l’air moins craintifs qu’hier. C’est étrange. Ils jouent même devant la grotte. Les jeunes font des sortes de tests de courage pour voir celui qui s’approchera le plus de l’entrée. Un jeune louveteau un peu plus fou que les autres y rentre, disparait dans l’obscurité et ressort aussi sec, fier comme un paon. Il se fait sermonner et les jeunes repartent vers leurs tanières. Assez de bêtises pour aujourd’hui.
Mais il m’a été très utile. Les monstres n’ont pas réagi. Ca ne peut pas être le côté loup parce qu’hier, même avec mon compagnon à quatre pattes, ils sont venus. On était quand même un loup et demi ! Peut-être qu’ils dorment. J’avance prudemment, sentant mes poils se hérissent sur mes bras, ma tête et ma queue. C’est désagréable. Mais j’avance tout de même. Pas de réaction. Pas de bruit. Super. Je pose une nacelle au sol vers la gauche, une autre au centre et la troisième à droite. Je me redresse, oubliant que la peur m’avait fait me recroqueviller et soupire, fière de moi. Une oreille se dresse et j’entends un cri, puis un froissement. Je ne demande pas mon reste et pars à toutes jambes dans le cœur de la forêt. Un nouveau jeu pour les loups encore présents. Une petite course poursuite plus tard, ils profitent de la soirée pour se mettre en chasse. Je m’incruste avec eux et nous dégotons une horde de biches avec leurs petits. Les loups se lèchent les babines et commencent la traque. Ils sont méthodiques et infatigables. Je les regarde de loin alors que le soleil se couche et que les premières proies tombent au sol. Ils en ont deux. De quoi nourrir la meute pour un gros festin !
Je me permets une requête devant le couple alpha. Ils consentent à me céder une tête après de longues minutes de jappement, d’oreilles couchées et de regards plaintifs. Je la coupe et pars en courant, elle est encore chaude, je dois faire vite.
J’arrive à la grotte à bout de souffle et ferme les yeux en entendant le crane se fendre sous mes coups de couteau répétés. Je sens que divers fluides m’atterrissent dessus et je grimace, bouche fermées pour ne pas en plus avaler un bout de cerveau. Je finis par avoir trois morceaux. Je reprends mon souffle et me remets à courir. Aussitôt qu’un morceau est déposé, la nacelle se fait prendre d’assaut. Je recommence une dernière fois et mon nouvel ami se charge du troisième. J’attends que les coups d’ailes et cris deviennent insupportables et y retourne pour fermer les trois nacelles, ressortant aussi sec de la grotte.
Je pense que j’en ai capturé une petite quantité mais hors de question d’y retourner avant demain matin. Elles vont être mécontentes, c’est certain mais celles qui sont en libertés ne devraient plus êtres là à me griffer partout. Je retourne un peu plus dans la forêt, me lave du nouveau sang qui à recouvert mon sang et mes mains et me roule en boule contre un arbre, une présence chaude me rejoignant rapidement. Je l’entoure de mes bras et enfouis mon visage dans son cou, prenant une grande inspiration avant de laisser le sommeil me réclamer.
Les rayons du soleil viennent nous éclairer et c’est seulement des coups de langues râpeuses qui me sortent de ma léthargie. Je suis épuisée. Je m’étire doucement, laissant mon corps refroidi par la nuit se remettre en route et salue la meute. Je me dirige ensuite vers la grotte. Il n’y a plus de cris mais j’entends que trois frétillent. Je saisis la poignée d’une nacelle et la traine dehors. Je ne peux pas la porter tellement c’est chargé. Je fais pareil pour les deux autres. Un fouillis noir indiscernable avec de ci de là, des crocs et des griffes qui pointent dehors. Heureusement que j’ai pris les nasses la plus solide…
Je les transporte tant bien que mal, une finissant par se déchirer et relâcher son flot d’animaux qui partent en criant. Je ne sais pas si c’est la joie d’être libre ou leurs promesses de vengeance… Je finis par arriver à la lisière de la forêt, remercie les loups puis part en courant vers le village, abandonnant mon butin. J’y reviens les bras chargé d’un énorme colis de viande. J’ai tout dépensé mais…ils m’ont bien aidés alors c’est pas grave. Le boucher était choqué mais heureux. Je reprends mes nasses après une dernière caresse à mon compagnon le plus présent. Je sens que son regard est triste mais… il serait malheureux au consulat. Et je ne sais pas si je peux avoir un animal en plus. Alors je reviendrais lui rendre visite.
Je reprends mon chargement et monte dans un vaisseau. Ils ne veulent pas de moi avec les passagers alors je fais route en soute. Je dois avoir encore une mine épouvantable…
Donc vous allez... en capturer... Beaucoup. Si vous voyez venir votre mort imminente, je vous suggère d'abandonner ou de changer de tactique, je ne voudrais pas avoir votre mort sur la conscience. Malheureusement, nos mondes ne sont pas des endroits idéaux pour les chauve-souris. On les trouve surtout dans les campagnes, les grottes. Pas dans les villes, encore moins sous l'eau.
Donc au choix, vous pouvez faire cette mission soit à la ville d'Halloween (fais attention à prendre en compte ce que Arthur et Septimus ont fait là-bas), soit au château de la bête (pas dans le chateau en lui-même mais dans ses bois, par exemple) ou dans une forêt du Palais des rêves. Le domaine enchanté est proscrit depuis une récente affaire.
Je demanderais bien à un consul mais ils ont une détestable tendance à se juger parfois trop importants pour ce genre de choses, donc un étudiant fera ça très bien.
Je me retiens de sauter de joie sous le commentaire qui me semble gentil de la part de mon missionneur principal. Et je fais bien je pense parce que bon… Je ne me plains pas parce que je ne peux pas encore…et puis…tout ce qui lui passe par la tête…c’est quand même…un peu…bizarre. Y’a pas genre des plannings de missions définit à l’avance ? Il improvise en fait ?
Soudain, je me sens stressée à l’idée que l’homme en face de moi puisse avoir une idée étrange et décider que ça sera ma mission. Je me mords la lèvre en l’écoutant. Il veut…des chauves qui sourient. Super. Et faut les capturer en plus ? On ne peut pas juste leurs demander de venir ? Puis c’est étrange d’avoir autant de gens qui évoquent les chauves qui sourient. Et ca va me causer potentiellement une mort imminente ? Ils sont super violents les chauves souriant ? Et ils vivent dans des endroits précis ? Pourtant j’en ai croisé quelques uns en marchant dans les rues… Ils ne sont pas bien ceux d’ici ?
Je comprends que les consuls n’aient pas envie de faire ce genre de mission… Je ne suis pas hyper motivée non plus à vrai dire… Je n’ai jamais été dans la ville d’Halloween…ni vers le château de la Bête… Je ne comprends vraiment pas pourquoi j’ai cette mission… Et pourquoi il ne dit pas ça correctement… C’est un consul quand même… pourquoi il les appelle les chauves sourient ? Hum… c’est étrange… mais bon, comme je suis pleine de bonne volonté, je vais aller dans ces bois et partir en quête de ces chauves qui sourient…
Mais d’abord, du repos ! Et puis, j’ai besoin de réfléchir. Beaucoup. Comment je vais les capturer ? Je leur donne des bonbons ? Un ticket gratuit pour le consulat ? Je soupire et retourne à mon dortoir pour me reposer une bonne nuit avant de reprendre les transports pour le palais de la Bête ! Peut-être que je trouverais des idées en dormant.
…Finalement non. Pas plus d’idées au matin, pas non plus pendant de trajet, ni en marchant dans le village et encore moins une fois à la lisière de la forêt. Et y’a pas grand monde non plus… alors trouver des chauves ça va pas être facile…j’espère que si j’en croise un il sourira… dire qu’il en veut pleins en plus… Je m’adosse contre un arbre et soupire encore. Vraiment…quelle mission… C’est peut-être pour me décourager d’en demander trop souvent ? Je voulais me rendre utile dès mon arrivée et pouvoir rencontrer des gens aussi mais… je dois partir à la chasse aux chauves… C’est surement une punition… Ma dernière mission ne lui a peut-être pas plu… J’ai fait de mon mieux pourtant…
Je croise les bras et soupire encore une fois, remarquant un petit éventail devant ma bouche que je fais tourner avec mes longs soupirs. Je me retourne en sursautant et trouve une personne souriante, tenant ce petit objet entre ses mains. Une personne chauve ! Qui sourie ! Je lui sourie aussi en retour. Je ne l’ai pas entendu arriver tellement j’étais perdue dans mes folles pensées. Mais j’en ai trouvé un ! Alors c’est génial !
« C’est quand même mieux comme ça Mlle ! Vous n’devriez pas soupirer comme ça ! Ni vous aventurer dans cette forêt. Elle est pleine de bêtes sauvages. La nuit on entend les loups hurler et parait que ces saletés de suceurs de sang s’aventure jusqu’à la lisière du village à la recherche de victimes ! »
Je le regarde surement avec une tête étrange, un mélange d’air interrogatif et de confusion. Les loups ne me font pas peur mais par contre, les vampires, ça oui. Je n’en ai jamais rencontré personnellement mais j’ai entendu des bruits de rues sur eux… Ils vivent la nuit, ils vident des gens de leur sang et les transforment comme eux…et au soleil ils explosent !
« Z’êtes pas du coin vous… vraiment, trainez pas par ici. »
On entend un loup hurler au loin et il acquiesce, comme si ce cri avait appuyé son propos.
« Regardez, c’est une mise en garde ! Et bientôt on va voir une de ces furies buveuses de sang, ces affreuses chauves souris débarquer ! »
Un chauve qui sourie plus qui parle de chauve souris ? Je lui secoue le bras, prenant un air apeuré pour qu’il continue de parler. J’ai besoin d’informations vu que visiblement… Je n’ai pas bien compris de quoi parlait ma mission…
« Elles volent la nuit et si on fait pas attention elles s’accrochent à vous ! Dans vos cheveux et ça piaille, leurs griffes vous déchirent et vous finissez par sentir leurs crocs saisir votre gorge. »
Ah…ça n’est pas…une très bonne nouvelle. Ca a même l’air super…dangereux. Et il en veut beaucoup de ces monstres en plus ! Je décide de suivre le gentil petit monsieur à l’éventail et repart à son bras vers le village. Il me raconte des petites anecdotes de la ville et m’offre même un chocolat chaud. Il est vraiment adorable. L’après-midi file et le temps se rafraichit, il doit y aller. Je lui souris une dernière fois et le regarde quitter la place du village.
Je me tourne vers la forêt, décidée et y retourne. Je n’ai rien appris de plus de sa part mais je dois voir par moi-même ce que cela donne. Ils ont tous dit que c’était dangereux… On verra bien.
Je m’enfonce dans la forêt alors que la nuit finit par tomber, entendant les loups hurler plus souvent. Il fait plus froid par ici… Heureusement que je me suis acheté une cape avant de partir ! Elle me faisait trop envie et je voulais dépenser à bon escient mon premier salaire ! C’est une parfaite opportunité pour la sortir de mon sac et l’enfiler. Je continue de crapahuter dans la forêt, sans croiser grand monde ni âme qui vive. C’est un peu rassurant…et pas tellement en fin de compte. C’est même assez effrayant…
J’entends un bruit de branche qui craque et sursaute, me retournant vivement pour tomber nez à nez avec un loup. Enfin truffe à nez. Et puis il n’est pas juste devant moi, il est à quelques pas. Il garde ses oreilles bien droites, commence à faire gonfler sa fourrure et grogne tout bas. C’est un premier avertissement. Je n’ai pas vraiment besoin de me retourner ni de regarder pour savoir qu’il y en a d’autres plus loin, derrière lui. Je m’accroupis et retire ma gavroche en douceur, laissant mes oreilles visibles mais elles s’aplatissent rapidement. Je continue ma descente au sol pour m’y retrouver allongée, queue rentrée mais visible entre mes jambes levées, mains aussi. Son grognement s’arrête petit à petit et il s’approche, un peu curieux mais toujours méfiant. Il trouve ça étrange qu’un humain connaisse le langage des loups. Il renifle et je tends mon cou, reposant ma tête contre le sol, gorge déployée.
Il glapit et les autres se rapprochent. Il est maintenant beaucoup plus curieux qu’autre chose. Il se dit que c’est étrange et demande confirmation à la meute. Je sens l’humain et le loup. Je suis humaine mais j’ai des oreilles et une queue de louve. Ils n’en ont jamais rencontré avant. Ils communiquent, se regardent, se frôlent et finissent par me toucher de leurs truffes, mordiller une oreille pour un téméraire et s’éloigner en petite foulée, m’invitant à les rejoindre. Je deviens un membre temporaire de cette meute. Je souris et laisse ma queue battre sa joie, les oreilles redressées. J’ai salis ma cape dans la manœuvre mais tant pis. Je préfère rencontrer de nouveaux amis que de me faire dévorer…
Je vadrouille dans la forêt avec eux. Enfin, je cours derrière eux pendant qu’ils se bousculent. C’est marrant mais un peu lent une demi humaine pour eux mais le quotidien change alors ça vaut la peine de ralentir la course. Tous les jouets sont bons à prendre. Je les écoute communiquer. C’est pas aussi simple qu’avec le langage humain, c’est toute une histoire de mouvement, de regards et de petits cris. On s’amuse bien et la nuit est complètement là. Ils arrivent à un promontoire découvert et je peux admirer toute la vue sur la forêt. Elle est immense. Il y a des montagnes. Je les désigne et ils grognent, hérissent leurs poils. Il ne faut pas aller là bas.
Il y a des ennemis que les loups craignent dans ces grottes. Ca ne me rassure pas du tout mais je vais y aller. Ils essayent de m’en dissuader à coup de poussées, de tirage de vêtement et même de morsure sur la queue. Mais je pars quand même. Je les remercie tous d’une caresse, d’un frottage de gorge, d’une gratouille d’oreille. L’un d’eux hésite à me laisser partir seule et se lance à m’accompagner. Je caresse son poil doux et nous faisons la route ensemble. C’est assez pratique parce qu’il a déjà été devant les grottes. J’entends les hurlements retentir de plus en plus lointain alors qu’on se rapproche de notre destination.
La lune brille et éclaire nos pas puis l’entrée de la grotte. Les ténèbres sont si profondes qu’elle n’éclaire pas grand-chose passé les premiers mètres de l’entrée. Je fais un pas, puis un autre et arrive à la lisière éclairée, me stoppant net en entendant un cri aigu. Je frissonne à ce son et réfléchis. Je ne sais pas ce que je vais trouver là. Je ne sais pas non plus comment attraper ces chauves souris et encore moins comment les transporter…
Le cri se répète, s’amplifie et je dresse les oreilles malgré moi, alerte en entendant comme des froissements au loin. Je m’accroupis et enroule mes bras autour du loup resté avec moi, il montre les crocs, grogne bas et son pelage est tout hérissé. Je ne vois rien mais bientôt, les ténèbres débarquent sur nous, les cris se font stridents, ils font mal à entendre. Nous sommes happés et je ne peux que cacher mes yeux avec mes mains, sentant mes oreilles êtres tirées, mes cheveux aussi, des petites dents pointues s’enfoncer dans ma peau. Je recule, bas des bras pour les écarter, grognant comme le loup que j’entends aussi sauter mais rester avec moi.
Nous finissons par sortir de la zone que ces bêtes gardent et elles retournent dans la grotte. Je regarde mes mains et les vois rougies par toutes les coupures. J’imagine que mon visage est dans le même état. Je m’assois au sol et soupire, queue et oreilles basses. Je sens un coup de langue me parcourir la tête de bas en haut. Je gigote et finis par sourire, regardant le loup de plus près. Il n’est pas blessé. Il a même réussi à attraper l’une de ses créatures. Elle est morte sous ses crocs et repose sous sa patte. Dommage, ça aurait pu être ma première capture… Je l’examine en fronçant le nez. Ca ne sent pas très bon. Et c’est plus petit que je l’aurais pensé. Des petits crocs, des petites oreilles recroquevillées et des ailes avec une texture étrange, des petits doigts crochus à leurs extrémités. C’est assez laid… Je peux comprendre pourquoi il voulait en avoir pour sa fête des gens qui font peur. Mais je n’ai absolument aucune idée de comment je vais bien pouvoir les attraper…
Je me demande ce qui les a attirées. On est entrés dans leur périmètre ? Je regarde autour de moi et trouve des cailloux. Je les jette vers la grotte mais n’obtient aucune réaction. Elles nous ont peut-être sentis ? J’attrape un bout déchiré de mon pantalon et l’enroule autour d’un caillou avant de le lancer. Je n’obtiens qu’un cri pour seule réponse. Elles se servent donc de leurs nez…mais ça ne suffit pas… Je me recroqueville et frotte mes bras. Il ne fait plus chaud du tout. Le loup se rapproche de moi et vient passer sa tête sous mon cou. C’est plus agréable avec sa chaleur.
Comment font-elles ? Elles ont peut-être un super pouvoir… Je me relève et soupire. De toute façon, sans matériel, je ne peux rien faire alors je dois retourner au village. Je suis le loup qui me raccompagne. Il reste dans la forêt une fois que j’en vois la sortie. C’est vrai que ça n’est pas vraiment un endroit pour lui. Les villageois le tueraient surement avec plaisir…ce loup sanguinaire.
L’aube se lève et je pénètre dans le village. Rien n’est encore ouvert alors j’attends près de la fontaine qui coule. Je peux regarder mon visage dans l’eau et grimace, le nettoyant de la crasse et du sang. Je vais les effrayer si je ne me prends pas en main !
Lentement, les volets s’ouvrent et le village prend vie. Je retrouve mon chauve souriant qui a l’air inquiet en me voyant. Il hoche la tête et croise les bras d’un air affable.
« J’vous l’avais dit. Faut pas aller là bas. Regarder moi ça, dans l’état q’vous êtes ! C’est les loups c’est ça ? Ils vous ont poursuivie toute la nuit dans la forêt ? Z’avez eu de la chance de leur échapper ma p’tite. Ils auraient fait qu’une bouchée de vous ! »
Je lève les mains vers lui et secoue la tête. Il se trompe. Certes, j’ai couru avec les loups mais ils étaient loin d’avoir envie de me manger !
« Z’êtes allée prêt de la grotte alors… Faut pas non plus. Les vampires trainent par là. Elles sentent que vous êtes là, un joli p’tit morceau de chair fraiche toute chaude ! Ca les attire ! Z’auriez du m’écouter. »
Je hoche la tête en prenant un air penaud et lui fais suffisamment de peine pour m’offrir un deuxième chocolat. Il me fait un clin d’œil en me disant que si j’aime tellement son chocolat, pas besoin d’aller dans la forêt, suffit de lui demander, il sera plus que ravi de m’en faire un. Je lui souris en gardant les lèvres serrées. Les remarques commencent souvent d’une manière désinvolte mais peuvent parfois amener à des situations moins…chaleureuses. Alors je décide de rester polie et courtoise, je l’écoute parler, bois mon chocolat mais ne m’attarde pas. Il est un peu déçu quand je rassemble mes affaires pour partir mais me laisser filer.
Je retourne au centre du village et dégote une boutique de chasse. Ils vendent des armes qui coupent, qui tranchent, qui broient, qui tirent et des pièges. Je dégote ce que je pense être une bonne idée et achète trois nasses à poissons. Le vendeur me dit que sans canne à pèche c’est pas bien utile mais il voit que même son offre spéciale ne me convaincra pas. Je repars les nacelles dans chaque main et pense à la suite de mon plan. J’ai de quoi les garder enfermées… En plus, j’ai pris le modèle pour les gros carnassiers qu’il n’y a pas dans les rivières d’ici. Ca devrait résister. Mais comment les attirer ?
Si je mets mon odeur dedans, ça ne fera que me donner un cri pour réponse. Et j’ai besoin des animaux, pas de leurs cris. Je repense aux paroles du villageois. De la chaire toute chaude… Peut-être…que ça les appâterait ? Possible…
Je repars dans la forêt et retourne devant la grotte. Je sens rapidement que mes pas sont suivis. L’avantage d’avoir sympathisé avec les loups, c’est que je ne crains plus vraiment les autres animaux. Le soleil est levé, haut dans le ciel et une partie de la meute est là. Ils ont l’air moins craintifs qu’hier. C’est étrange. Ils jouent même devant la grotte. Les jeunes font des sortes de tests de courage pour voir celui qui s’approchera le plus de l’entrée. Un jeune louveteau un peu plus fou que les autres y rentre, disparait dans l’obscurité et ressort aussi sec, fier comme un paon. Il se fait sermonner et les jeunes repartent vers leurs tanières. Assez de bêtises pour aujourd’hui.
Mais il m’a été très utile. Les monstres n’ont pas réagi. Ca ne peut pas être le côté loup parce qu’hier, même avec mon compagnon à quatre pattes, ils sont venus. On était quand même un loup et demi ! Peut-être qu’ils dorment. J’avance prudemment, sentant mes poils se hérissent sur mes bras, ma tête et ma queue. C’est désagréable. Mais j’avance tout de même. Pas de réaction. Pas de bruit. Super. Je pose une nacelle au sol vers la gauche, une autre au centre et la troisième à droite. Je me redresse, oubliant que la peur m’avait fait me recroqueviller et soupire, fière de moi. Une oreille se dresse et j’entends un cri, puis un froissement. Je ne demande pas mon reste et pars à toutes jambes dans le cœur de la forêt. Un nouveau jeu pour les loups encore présents. Une petite course poursuite plus tard, ils profitent de la soirée pour se mettre en chasse. Je m’incruste avec eux et nous dégotons une horde de biches avec leurs petits. Les loups se lèchent les babines et commencent la traque. Ils sont méthodiques et infatigables. Je les regarde de loin alors que le soleil se couche et que les premières proies tombent au sol. Ils en ont deux. De quoi nourrir la meute pour un gros festin !
Je me permets une requête devant le couple alpha. Ils consentent à me céder une tête après de longues minutes de jappement, d’oreilles couchées et de regards plaintifs. Je la coupe et pars en courant, elle est encore chaude, je dois faire vite.
J’arrive à la grotte à bout de souffle et ferme les yeux en entendant le crane se fendre sous mes coups de couteau répétés. Je sens que divers fluides m’atterrissent dessus et je grimace, bouche fermées pour ne pas en plus avaler un bout de cerveau. Je finis par avoir trois morceaux. Je reprends mon souffle et me remets à courir. Aussitôt qu’un morceau est déposé, la nacelle se fait prendre d’assaut. Je recommence une dernière fois et mon nouvel ami se charge du troisième. J’attends que les coups d’ailes et cris deviennent insupportables et y retourne pour fermer les trois nacelles, ressortant aussi sec de la grotte.
Je pense que j’en ai capturé une petite quantité mais hors de question d’y retourner avant demain matin. Elles vont être mécontentes, c’est certain mais celles qui sont en libertés ne devraient plus êtres là à me griffer partout. Je retourne un peu plus dans la forêt, me lave du nouveau sang qui à recouvert mon sang et mes mains et me roule en boule contre un arbre, une présence chaude me rejoignant rapidement. Je l’entoure de mes bras et enfouis mon visage dans son cou, prenant une grande inspiration avant de laisser le sommeil me réclamer.
Les rayons du soleil viennent nous éclairer et c’est seulement des coups de langues râpeuses qui me sortent de ma léthargie. Je suis épuisée. Je m’étire doucement, laissant mon corps refroidi par la nuit se remettre en route et salue la meute. Je me dirige ensuite vers la grotte. Il n’y a plus de cris mais j’entends que trois frétillent. Je saisis la poignée d’une nacelle et la traine dehors. Je ne peux pas la porter tellement c’est chargé. Je fais pareil pour les deux autres. Un fouillis noir indiscernable avec de ci de là, des crocs et des griffes qui pointent dehors. Heureusement que j’ai pris les nasses la plus solide…
Je les transporte tant bien que mal, une finissant par se déchirer et relâcher son flot d’animaux qui partent en criant. Je ne sais pas si c’est la joie d’être libre ou leurs promesses de vengeance… Je finis par arriver à la lisière de la forêt, remercie les loups puis part en courant vers le village, abandonnant mon butin. J’y reviens les bras chargé d’un énorme colis de viande. J’ai tout dépensé mais…ils m’ont bien aidés alors c’est pas grave. Le boucher était choqué mais heureux. Je reprends mes nasses après une dernière caresse à mon compagnon le plus présent. Je sens que son regard est triste mais… il serait malheureux au consulat. Et je ne sais pas si je peux avoir un animal en plus. Alors je reviendrais lui rendre visite.
Je reprends mon chargement et monte dans un vaisseau. Ils ne veulent pas de moi avec les passagers alors je fais route en soute. Je dois avoir encore une mine épouvantable…