« D’abord mon truc ? »

« Oui ! » qu’elle me dit avec un sourire aimable, les mains serrées dans le dos, en se tenant soudainement plus droite, c’qui bombe un peu sa poitrine et wola! Ok Jecht, voilà… tu la r’gardes dans les yeux, elle pourrait être ta fille et surtout, tu l’as promise à Roxas… Ouais non c’tait pas une blague.
M’enfin bon, elle y tenait ! Alice était… genre super mignonne. Et c’est pas un mot qu’j’utilise souvent, t’sais ? Genre, j’dis tout l’temps genre, connard, canon, sein… Mais mignon, t’avou’ras qu’j’dis pas ça tous les dimanches. Mais Alice, là… grave mignonne. Pour moi c’tait genre comme une mission divine, l’fait d’pas la r’garder avec des yeux de… tu sais. J’voulais la voir comme une jeune adulte qu’était comme une fille pour moi. C’tait pas toujours évident, nan… La meuf était d’venue canon. Limite, ça d’venait parfois un leitmotiv, tu vois. Genre… tellement mignonne que je sais que ma mission sur cette terre c’est de défoncer les cons qui l’approchent.


« Euh… Attends j’réfléchis ! »

« N’importe quoi que tu aimes ! »

On était debout, comme des idiots, devant notre jardin, alors qu’y avait deux gardes du Consulat qui gardaient la porte d’not’ barraque, même si y avait plus que Belle dedans.
Et on réfléchissait aux activités de la journée.
Mec, j’réprimais difficilement un sourire débile. J’étais putain de content qu’elle ait répondu aussi cool à ma proposition d’passer une journée ensemble à faire c’qu’on veut ! J’l’adore et elle m’adore, j’en suis sûr mais on n’avait jamais réfléchi à une activité qu’on pourrait faire ensemble avant ça. Et c’était limite si elle m’avait pas sauté au cou quand j’ai parlé d’cette journée. T’sais… parfois j’suis parano, sans doute. Et ça m’arrive clairement d’en arriver à la conclusion qu’j’suis un boulet pour les gens qu’j’aime. Ca s’est d’jà prouvé, quoi.


« Euh... »

Y avait la natation. J’savais d’source sûre que Alice savait pas nager, ou à peine… Or putain j’étais un des meilleurs nageurs de l’univers.
Sauf que v’là la mauvaise idée de pervers. Elle avait pas huit ans. D’une, elle en maillot, j’voulais pas le voir tout de suite, pas avant qu’elle ait cinquante ans. Non là, dix-huit ans ? J’allais faire un arrêt cardiaque, puis l’apprentissage et tout ça… Non ça serait trop caliente.
Y avait s’battre aussi. Limite l’idée m’plaisait bien ! Alice était pas comme Belle, pas dans l’genre… Se battre n’attire que des ennuis. C’tait une fille qu’avait su garder son ouverture d’esprit sur tout. Mais les consuls allaient peut-être le prendre bof.
Puis les sports, j’peux lui apprendre mais franchement, j’ai passé des semaines à ça en Perse et ça m’a cassé les couilles au bout d’un moment.

M’restait quelques idées ! On pouvait aller boire comme des dingues dans un bar ou même carrément au Moulin Rouge ! Ahah ! La première cuite d’une princesse de cœur, c’tait une idée géniale!
L’emmener en mission ça c’était pas terrible, genre trop dangereux pour elle et trop exposé pour moi.


« On peut… aller boire un coup, non ? Ca s’rait mortel. »

« Oh j’aimerais bien mais Belle sera très en colère contre nous deux, ça ne vaut pas le coup. »

« Bon ouais… Y a… la muscu ? On pourrait aller à la salle et s’entraîner ensemble ! Ta croissance est finie, là, c’est l’temps d’s’y mettre ! »

« Hum... » Elle a haussé les sourcils, t’sais… Un peu réfléchie et tout. J’l’ai vue s’balancer d’un pied à l’autre. Franchement, j’tais pas si emballé de base mais Roxas m’avait un peu expliqué c’qu’il avait fait avec sa meuf et l’idée était sympa. Après j’allais pas faire pareil. Moi ce s’rait mieux. « Je ne suis pas sûre de comprendre l’intérêt. »

« Oh c’est… S’maint’nir en forme, t’sais. Puis ça t’permet d’penser à c’que tu veux, d’être seul avec toi-même, ce genre de truc. »

« Mais on… ne le ferait pas ensemble ? »

« Ah si si ! Non j’te parlais d’manière générale pasque… franchement ça s’rait pas bête que tu t’renforces un peu aussi, avec ou sans moi. T’es genre… pas n’importe qui non plus. »

« Ah ! » Qu’elle m’a dit l’air de s’réveiller, c’qui en langage de p’tite pisseuse voulait dire Je t’ai pas écouté connard.
Bon et bon… Elle avait pas l’air motivée quoi, qu’je me suis dit ; Et j’allais lui dire d’laisser béton quand elle a surgi devant moi, fin… j’me comprends. Pour s’exclamer :


« C’est une très chouette idée, Auron ! »

Yeah ! J’ai réfléchi que’qu’minutes sur l’endroit où on allait faire ça. Tout seul j’aurais fait un truc bien viril, genre aller dans un chantier abandonné et soul’ver des trucs de fou… Avec elle, j’allais p’têt’ privilégier le pas dangereux et un endroit où on risquait pas d’manipuler trop d’amiante tel que… Bah une salle, au pire.
Et y en avait ! J’avais jamais été mais ouais ça existait au jardin radieux, même si c’était une ville où y avait jamais que des intellos, des artistes et des laissés pour compte… Genre j’imaginais pas des sportifs, de base, d’puis qu’le consulat f’sait l’casting au berceau. Bon avant… On a été dans un magasin sportif. L’seul qu’je connaissais, et du coup là on a été, c’tait c’lui qu’on avait plus ou moins défoncés quand on s’était r’trouvés chassés par des sans-coeurs de fou, à notre arrivée dans la ville. Putain d’souv’nir. C’t’ait d’puis c’moment-là que j’étais Auron, d’ailleurs. Nan difficile de s’faire à l’idée d’avoir un nom d’connard.

Bon et tu m’diras ! Qu’est-ce qu’elle s’en fout ? Elle prend un short, un t-shirt, des godasses, et voilà. Sauf que la meuf, bah elle avait changé pour au moins un truc… et franchement c’tait p’têt le seul à part son physique pasque pour tout l’reste elle avait pas changé du tout. C’tait qu’elle était d’venue quand même pas mal coquette. Genre… Belle est coquette, tu sais. Mais Alice, bah j’avais pas l’impression mais en même temps, avant d’emménager avec elle, jamais j’avais vécu avec elle, tu vois… à part six mois dans une prison où on s’changeait pas. Difficile d’être coquet.
Et bon, voilà, quitte à l’faire, j’vais pas dire qu’elle voulait être jolie mais elle voulait être bien quoi. Et grâce au super pacte qu’on avait conclu à trois, les deux princesses consules achètent vêtements, nourritures, essences, etc. pour tout l’monde et moi j’ach’tais mes propres conneries. Du coup… La v’la avec son sac et j’vais pas non plus décrire l’chemin pour aller jusqu’à la salle de sport…

On est là-bas, et on allait s’changer quand BAM !!!!


« Pour une utilisation ponctuelle... » C’tait une meuf qui parlait. Un Jecht normal l’aurait draguée pasqu’elle était giga bonne, débardeur rose, pantalon moulant qu’on d’vinait bien bien mais… Elle chiquait de putain de ouf, frère. Elle était penchée vers nous et elle mastiquait sa conn’rie d’chewing-gum d’merde qu’a jamais donné aucun stylé à personne. Connasse. « Ce sera 20 munnies. »[/color] Puis son accent de merde, là… Franch’ment, c’tait une Ville-de-traversoise où j’m’y connaissais pas. [/i]

« Ouais euh ponctuelle, c’t’à dire que on... »

« Que vous payez quand vous empruntez nos services. » Oh et puis mec. Mec, j’te jure, tu veux m’gonfler ? Tu viens m’parler et tu commences à utiliser des mots compliqués et tout alors que t’as un accent d’cassos ou… pire… qu’tu fais des fautes genre bien évidentes, tu vois. Bah l’fais pas.

« Ouais j’me disais bien… Euh... »

« Pour 50 munnies par mois, vous bénéficiez d’un abonnement illimité à nos services. »

Bon c’tait déjà mieux mais ‘fin… J’ai r’gardé Alice, l’air d’lui d’mander, t’sais. Elle avait l’air enthousiaste, tu vois donc bon. Nan l’idée c’tait… Est-ce qu’elle allait vouloir rev’nir, tu vois. Mais bon, y a un effet bien nul mais qui à c’moment-là était bien cool, c’est que quand tu paies un truc, t’aimes bien justifier qu’tu l’aies payé tu vois. Donc si on prenait un abonnement…

Ouais nan c’tait Alice, ça marche pas les gros théorèmes de losers sur elle.


« Pour 500 munnies par an, vous bénéficiez d’un... »

« Ouais nan déconne pas, on a une vie, aussi.  On va prendre le truc à 50. »

« Voulez-vous bénéficier d’un coach ? »

Putain mec, je l’ai r’gardé puis j’ai r’gardé Alice… Franch’ment, la taille de mes pecs, ouais ? Un coach de quoi ? Même la gamine, elle a l’coach parfait. On m’a donné des putains de surnoms en Perse, qu’j’arrive même pas à prononcer, pour tout c’que j’suis capable de porter! Bon on s’est débarassé d’la grosse connasse et Alice est allée se changer. Moi pas puisque… bah j’allais pas faire genre que quand j’fais du sport j’mets des vêtements d’sport alors que j’suis cinq jours sur sept avec les mêmes fringues. Nan puis c’est pasque maintenant j’vis avec elle, mais franchement, avant c’tait du h24.
Nan à la rigueur j’allais m’doucher mais me changer c’était mort.  

La gamine est r’venue. Ouais. Elle avait attaché ses ch’veux en queue d’cheval, c’qu’était absolument super mignon… on y revient. Puis elle avait un débardeur gris sur un soutien-gorge de sport qui wola… Non.
Puis un pantalon genre qu’arrivait jusqu’au mollet. C’tait… Voilà. Non c’tait sexy mais pas trop trop., C’pas… la meuf qui va aussi à la salle pour draguer.

On s’est posés près d’une machine… genre en tailleur. Elle avait b’soin qu’j’lui explique deux-trois trucs ; Faut savoir d’jà qu’j’suis pas du tout un habitué. J’ai fait d’la muscu deux ans d’ma vie et c’tait y a trente ans donc d’jà c’tait pas l’même délire. Et c’tait quand j’étais dans la première équipe de blitzball où on était genre obligés d’faire régulièrement d’la muscu. Donc j’avais appris et exercé genre intensément mais c’tait pas… ‘Fin pour moi c’est pas une religion, quoi.


« Y a deux trucs super importants… ‘Fin c’est comme ça que moi j’ai appris et pour moi c’est la base de la muscu. »

Elle m’a regardé avec de grands yeux curieux, genre… j’bois tes paroles, Jecht. « Bon euh… Déjà… Quand t’es une meuf. Super important : la muscu c’est super mais pas trop. Genre… C’est super important d’savoir bien limiter ta muscu d’façon à c’que tu sois pas trop musclée, tu vois. Pas’que les meufs trop musclés bah... C’est pas dingue. »

« Dingue dans le sens où elles

« Nan... » Non mais j’l’ai coupée, ouais, mais elle avait pas compris, c’tait évident. « Nan je vois c’que tu veux dire mais dans l’sens où c’est pas sexy. Beau, s’tu préfères. Nan… en clair... » J’allais chercher des exemples mais elle allait rien comprendre en fait. « Bref. En gros faut que tu sois pas trop musclée au niveau des bras et des abdos, pec’. Musclée mais pas trop. C’est super important… »

« Très important, oui ! »

« Les jambes, tu fais déjà un peu plus c’que tu veux, surtout qu’t’aimes bien les robes donc c’pas… C’pas l’truc qu’est super important d’rendre beau. »

Elle m’a regardé l’air intrigué et wola !

« Nan j’veux dire… Tes jambes sont super, aucun souci, RAS…  Nan mais… C’pas l’point central de ta stratégie, donc bon... »

« Il est vrai que ma stratégie se repose sur autre chose que mes jambes. »

« Ouais... »

J’ai marqué une pause… Belle allait tell’ment me casser la gueule si elle entendait parler d’cette discussion.

« Bon euh… Deuxième truc. Tu choisis une machine, tu mets l’poids qu’tu veux puis tu fais une série de dix... »

« Les dix notes de musique. » Qu’elle me dit l’air super concentré.

« Puis tu t’arrêtes et j’prends ta place. Toi tu t’reposes trente secondes, l’temps qu’j’fasse mon truc puis t’y r’tournes et tu r’fais une série. En tout, trois séries de dix sur une machine. »

« Le repos, c’est important pour la machine aussi. »

« Et alors… tu changes de machine, à c’moment-là. Toutes les d’mi-heures, tu vas boire un coup d’eau à la fontaine. Et alors troisième truc, quand t’es toute seule… Déjà, tu viens pas toute seule, en clair. J’te défonce, si tu l’fais donc tu viendras jamais toute seule, ça c’est clair… »

« Tu me défonces, entendu. »

Nan mais nan… Direct. Ici y a que des extrêmes. Des meufs bonnes et des mecs méga musclés… Rien qu’nous deux, on était dans les stats, donc c’est un coin à drague de malade. Limite même moi ça m’dégoute tant j’trouve ça d’une lourdeur merdique de draguer ici. Ca c’est réglé. J’ai rien contr’ l’fait qu’è’s’fasse draguer, j’suis pas con, mais jamais quand elle est dans un milieu d’charclos du style comme ici.

« Bon mais si tu viens toute seule pasque t’as décidé d’être une conne, tu prends des écouteurs et ils deviennent les seules choses qui ont l’droit d’te parler. »

« Je déteste devoir leur répondre, ils prennent tout de tr…

« Bon, vas-y. Toi tu fais quinze kilos donc… euh bah tu mets pas de poids, ça équivaut à 5. »

Elle s’est assise sur le truc l’air super méga pressée, stressée et tous les trucs en essée, sauf fessée.
C’tait un pec-deck, l’truc où t’es assis normal et où tu travailles tes pectoraux en… ‘fin bref. Le truc. J’lui ai mis ses mains comme il fallait et wola. C’est l’exercice de la méga drague, ça… Méga effet sur la poitrine. Limite j’me dégoûtais rien qu’à voir sa p… Bon j’arrête.


« Ca c’est… Le secret d’ma jeunesse. Tu pousses avec tes avant-bras jusqu’à ram’ner les deux poignées d’vant toi. Reste bien droite sur l’siège, crane contre le dossier. Voilà. » Elle l’a fait assez facilement mais bon c’tait que cinq kilos, donc quasi rien par bras mais faut bien démarrer. Puis c’est comme ça qu’ça marche, au début faut s’habituer à un poids puis aller au-d’ssus. Mais là j’avoue c’tait p’têt’ un peu trop peu. « Tu les écartes à nouveau, tu respires bien, t’oublies pas… Et tu cales de façon à c’que les poids qu’tu soulèves… » j’lui désigne d’un doigt les poids. « ne retombent pas brusquement. »

C’tait pas… l’exercice forcément à conseiller de ouf pour un vrai gars qui connaît, c’qu’était qu’à moitié mon cas. C’est un exercice un peu bidon pasque dans les faits… Tu t’sers pas de tes pectoraux tous les lundis, puis surtout… ça fait bosser que ça. Mais c’est un truc que tout l’monde comprend et qui perso… ‘fin je pense…  ça m’a fait mes épaules.

Elle a fait ses dix, s’est relevée toute contente et m’a r’gardé faire. J’ai mis cent-cinq kilos, c’qu’était pas loin du max mais qu’était pas loin de c’qu’était cinq kilos pour elle. Genre… sans m’vanter, t’sais. Tu l’portes pas facilement mais un effort et t’y es. J’ai fait mes dix en essayant d’respecter mes propres consignes et on a fait la série comme ça.

En allant vers une autr’machine, pour meubler, j’ai dit :


« T’as plein d’gars qui diront qu’la muscu ça sert à rien, qu’c’est que d’la gonflette mais… Autant ouais c’est pas faux faux. Genre si tu fais qu’ça, c’pas dingue. »

« Mais vaut mieux faire ça que rien du tout. »

« … ouais ! Non mais ouais carrément, ça m’surprend que t’aies dit un truc aussi sensé. »

Elle m’a fait un sourire gratitu… gratifiant ? Bref pour me remercier.

« Bon çui-là c’est… Bah j’sais pas. En gros tu restes debout au début, tu prends la perche de tes deux mains, tu tires en t’asseyant puis tu le laisses partir douc’ment puis tu l’ramènes à toi douc’ment. Bref, dix fois. Et tu dois rester assise. Et tu tires vers ta poitrine. »

J’la voyais souffler un peu mais elle avait pas l’air non plus d’faire un effort monstre.

« Nan donc oui… Déjà, c’est mieux que rien puis surtout c’est un début quoi. Quand t’as rien dans les bras, clairement… Fais d’la muscu. Mais faut qu’ça serve à que’qu’chose donc déjà, à la fin on ira courir sur les tapis puis quand j’arriverai à m’habituer au fait que t’es bonne, on ira faire d’la natation, y a rien d’mieux. »

J’disais ça, tu sais… à la Jecht. En déconnant mais en pensant l’moindr’mot et en m’attendant à une réaction. Belle m’aurait r’gardé d’un air sévère en souriant peut-être un peu, une seconde, pasqu’elle était genre… méga habituée. Alice, non d’une, j’la draguais pas, genre sincèrement. Genre elle m’aurait dit Jecht arrête de me draguer, en toute foi j’aurais dit qu’j’la draguais pas. Nan c’tait hors de question mais voilà. La meuf, j’la connaissais moins que Belle, j’l’avais découverte adolescente mi-bonne et elle était devenue très jolie. Non mais c’est bizarre.
Et non, elle réagissait pas. Genre l’absence de réaction aux grosses blagues horribles qu’j’faisais. Et j’adorais ça, d’une façon pasque ça veut bien dire qu’avec elle, tu peux te marrer pasqu’y a pas de limite. Après j’suis sûr qu’avec son éducation de j’sais quel pays, y a certaines choses qui vaut mieux p’têt’ pas dire mais… ça s’trouve elle comprend pas encore c’que veut dire bonne dans l’vocabulaire d’un gros péqu’naud comme moi. A mon avis c’est ça ouais.


« On trouvera bien une fontaine où nager, oui. »

« Ouais. »

Elle a fait ses séries, j’ai fait les miennes et on est allés boire un coup pour pas oublier d’le faire. Franch’ment j’te décrirais bien des gens qu’étaient là-bas ou des machines ou c’que diffusait les télés qu’y avait mais j’m’en souviens pas. Limite si j’ai r’gardé une minute aut’chose qu’Alice, c’est beaucoup. On y est r’tourné et on a fait une machine à abdo, qui franchement… est géniale. J’aurais adoré avoir ça avant.

« Bon on va ach’ver tes bras. »

« Oui, coupons-les. »

« Donc en fait, cette machine que… tu vois dans tous les films... » J’lui ai montré du doigt la machine de développé couché qu’est juste le truc de base. « C’est débile pour une débutante. Franch’ment, des pompes et tu fais l’même boulot. Donc on va faire ça. »

On s’est cherché un coin tranquille, pas d’tapis pasqu’on m’avait dit qu’fallait pas faire d’exercices sur des tapis, un jour et que j’sais pas si c’est vrai ou pas mais d’puis, j’en ai plus fait, et on a commencé. Et bon, une fille de dix-huit ans, toute mince et qu’a zéro habitude du sport, ça t’en fait, cinq à sept puis c’est fini. Alors bon. J’lui ai montré à quoi r’ssemblait une vraie pompe.

« Bon tu… en fais, mais g’noux à terre. C’est vraiment un truc de meuf mais si tu t’habitues, tu pass’ras vite à des pompes normales. Là tu fais pas de séries, tu te défonces jusqu’à ce que t’en puisses plus. Et pas trop vite quand même. »

Et franchement j’vais te dire c’tait finalement super marrant d’la voir faire ça. J’l’ai suivie en y allant mollo, en même temps qu’elle, mais en la r’gardant et… voir Alice physiquement ou psychologiquement un peu mal, c’tait un truc j’imaginais plus. Dans les cachots, quand elle était dégueulasse, elle avait toujours une jolie bouille parce qu’on f’sait absolument tout pour qu’elle se sente ok. Même quand j’l’avais filée aux Songes pour leurs plans, elle avait l’air d’aller bien. Nan c’est simple, Belle m’a dit que ça arrivait quand même mais moi, j’l’avais jamais vue pleurer. Bon là elle a pas pleuré mais elle était bien rouge, transpirait, respirait comme un aspirateur et surtout, quand elle a craqué elle m’a dit tout bêt’ment : « J’en peux plus ! » mais c’tait inattendu !

On a enchaîné avec les abdos dans le même délire mais avec l’idée de faire une pause de trente secondes entre chaque série de trente. Et ouais elle en a fait quarante-trois, donc pas mal. Restait que les jambes qu’on n’avait pas encore bossées du tout. J’savais pas dire c’qu’était chez moi l’plus musclé. Fatalement, t’es censé savoir porter plus avec tes jambes qu’avec le reste mais… j’sais pas. C’est pas ma vitesse qui m’caractérisait, au blitz, tu vois. Mais d’un autre côté, l’Ultime sublime shot du Grand Jecht numéro III, bah il s’finit quand même par un tir ahurissant du pied. Ouais nan, c’est une bonne question.

Tu vas m’dire « les tapis d’course » mais non. Ca dépend d’la personne, p’têtre mais j’trouve que c’qui t’arrête quand tu cours, c’est pas qu’t’as les jambes démontées, c’est souvent l’souffle ou un point de côté. Nan la course à pied, c’est genre cardio, endurance, tout ça. Bref non j’l’ai am’née à une machine qu’a pas d’nom, j’pense. Tu t’assieds juste, tu te mets bien droit, tu t’cambres pas et tu soulèves avec le molet une plaque plus ou moins lourde. On a fait ça tranquille, j’ai fini ma troisième série et on est allés boire un coup avant d’faire l’ultime exercice.


« Tu aimes bien faire de la musculation ? »

En r’faisant sa queue de ch’val, elle me l’a demandé avec un sourire vraiment… ‘fin beau quoi. En plus ça m’a fait plaisir pasque c’est pas une meuf qui… Elle est curieuse mais elle est pas du genre à poser des questions sur toi, tu vois. ‘Fin ça s’trouve si. J’suis un genre de psychologue de merde moi donc c’est sûr j’me trompe.

« Ouais carrément. ‘Fin pas comme ça, je t’avoue. » J’ai passé une main dans mes ch’veux dégueus en la r’gardant en riant. « J’suis plus… dans un renforc’ment musculaire naturel. Type… J’vais pas soul’ver des poids, j’vais creuser un trou à la plage au lieu d’bronzer par exemple. Bah l’air de rien ça fait travailler quasiment tous tes muscles. Pareil pour la natation. »

« Oui mais… » Elle a posé ses mains sur ses hanches. « Tu recherches les muscles ou la capacité de soulever plus ? »

« La capacité, ouais. ‘Fin l’un va un peu avec l’autre mais j’vise pas un poids ou un diamètre de bras, tu vois… J’vise un truc énorme que j’veux soul’ver. A mon niveau t’façon, ça a plus d’sens d’chercher à paraître musclé. J’prendrais deux cent kilos de burgers, j’pense j’resterais quand même très balèze. »

Elle a euh… hoché la tête, là. Puis elle a enchaîné.

« Je n’ai pas l’impression que tu aies une carrure plus impressionnante que quand je t’ai connu. »

« Non c’est vrai. J’pense pas qu’j’progresserai encore. J’m’entretiens juste et j’essaie de bien améliorer tout c’qu’est jeu de jambes, préparation mentale et tout ça. Dans la baston c’est important. »

« Mais si j’ai bien compris, tu veux que j’aie un objectif « beauté », c’est cela ? »

Ah ouais elle r’venait sur le truc du « Sois musclée mais pas trop, c’est moche »…Non mais ça m’étonnait qu’elle ait ret’nu ça. ‘Fin bon, j’allais essayer d’rectifier un peu l’tir, c’est vrai qu’j’avais été un peu extrême.

« Non… Non j’voulais dire. Moi j’trouve t’es déjà magnifique et ma femme, perso elle était... » Mauvaise idée. « Non euh… Non mais t’es très bien comme ça. Mais j’veux dire. Moi j’veux qu’idéal’ment, t’sois capable de supporter l’poids de chaînes, qu’tu puisses nager deux kilomètres et qu’tu saches encaisser que’ques coups parce que... » Elle souriait plus vraiment, elle était sérieuse, limite un peu intimidée mais tu sais quoi, j’allais pas m’arrêter. C’tait vrai c’que j’lui racontais et Belle était un p’tit peu trop effrayée par la perspective qu’elles s’retrouvent dans la merde pour lui dire tout ça. « Pasque c’est le putain d’monde dans l’quel on vit, Alice. Des sept princesses de cœur, la vérité ? Vous êtes les deux seules à être libres. Les autres, bah personne sait où elles sont. Et vous êtes libres que par chance. Alors…

« Excuse-moi, je ne voulais pas te donner l’impression de te critiquer. »

« Non non, aucun souci, mais je veux un peu t’expliquer, j’t’engueule pas. »

J’me suis assis près d’la fontaine. « Franchement. La vérité c’est qu’aucun de ces p’tits culs n’était un minimum préparé à ça. Y a pas que le psychique, y a le physique. Si on les r’trouve demain, meuf, j’te promets… les cinq princesses, elles tiennent plus debout. Alors… Vous avez Jecht, qui est votre meilleure chance de vivre deux-cents ans. Mais j’vieillis et… J’manque de crever tous les matins. Donc… Voilà. Tu comprends ? »

« Oui. » Elle avait l’air un peu gênée mais quand même sincère, tu sais. Elle s’est assise très proche de moi en posant une main sur mon épaule, m’arrachant l’habituelle petite douleur de la lumière sur mon corps. « Je n’ai pas peur, tu ne nous quitteras pas avant de nous avoir sauvées une deuxième, une troisième et une sixième fois. »

J’ai rigolé, en croyant qu’elle avait oublié la quatrième et cinquième pour blaguer. Puis...

« Pour ce qui est de la beauté, j’dis pas que… la beauté est plus importante que la forme ou quoi mais sincèrement… J’s’rais pas étonné que si tu d’viens moche en étant musclée de partout, tu perdes tes pouvoirs de princesse de cœur. »

« Oui, c’est aussi ce que j’avais conclu de toute cette aventure. »

« Ouais… Les autres sont trop cons pour le reconnaître. »

Et bon, pour pas finir tout c’que j’raconte sur un dialogue, on est allés courir sur les tapis une vingtaine de minutes. Et franch’ment, y a un truc à faire. Alice est super motivée, est pas grosse mais peut potentiellement prendre du muscle, t’sais. Bon c’sera pas la fille trapue qui peut être déjà bien balèze mais y a un truc à faire. Puis on est allés s’préparer pour l’reste d’la journée après une douche et tout. Et putain, elle m’avait un peu annoncé la couleur, j’allais pas rigoler.