Quant au SOLDAT, il écrasait une énième cigarette sur le pavé en soupirant à l'idée de rester ici pour la semaine. En peu de temps, il s'agissait de sa seconde mission de surveillance de chantier et il craignait déjà l'ennui.
Les locaux avaient posé quelques questions, sans pour autant chercher à venir comprendre la raison de la présence de la Shinra. Ils parlèrent seulement de l'histoire d'un monstre avant de retourner se terrer dans leurs maisons. De ce côté, il n'avait donc rien à craindre. Il était présent depuis ce matin, à huit heures, et personne n'avait quitté le village suite à la discussion avec le personnel de la Shinra. Pour ce qui est du chantier, le contremaître gérait ses ouvriers et personne n'avait rapporté quoi que ce soit. Ils déblayaient les pierres et nettoyaient le sol pour ensuite préparer le chantier du lendemain, dans le plus grand des calmes. Kurt allait devoir attendre le lendemain matin pour se rendre dans le manoir pour une ronde de sécurité avant que la reconstruction ne commence, afin de limiter les risques, selon les ordres.
- Tu te cachais ici !? Le médecin se retourna pour découvrir Farah grimpant la pente pour ensuite venir s'asseoir à ses côtés. Une heure que je tourne dans le chantier pour faire mon rapport.
- Pardon, j'avais la tête ailleurs. Répondit mollement le médecin en tirant une autre cigarette de son paquet pour ensuite le tendre à l'experte en explosif.
- Merci ! Elle attrapa une cigarette à son tour qu'elle posa à ses lèvres et tendit le visage pour que Kurt lui allume. Alors, les ouvriers seront de retour à sept heures pour commencer le chantier et les vaisseaux prendront le matériel nécessaire. Elle cracha sa fumée dans le vent. L'architecte vient de finir les nouveaux plans et de les donner au contremaître, pour finir, toujours pas la moindre présence des villageois.
- Ok. Le médecin resta figé un instant, regardant le chantier en contrebas avant de reprendre. Rien à dire sur le manoir ?
- Que dalle, pas de monstre ou d'épouvantail. Dit-elle en rigolant. Limite, j'me demande si ce n'est pas de l'ordre des légendes et que les gars du village adorent se faire peur.
Le médecin hocha la tête, ne répondant pas plus que cela alors qu'il écrasa de nouveau sa cigarette sur le même pavé. Farah était à ses côtés et tentait de fixer le même point que son supérieur avant de s'approcher de celui-ci pour donner un coup de coude à ce dernier.
- Aller, arrête de faire la tête ! Commença la femme. Une semaine de surveillance à ne rien faire, toi et moi alors que Boris est en congé maladie...
- J'lui avais bien dit de ne pas manger le sandwich retrouvé dans son casier. Rigola le médecin en soufflant du nez.
- C'est ça qui te rend tout triste ? Elle forçait sur sa voix, partant dans les aigus sur la fin de sa phrase. Notre médecin a pas réussi à soigner le pauvre SOLDAT de son escouade.
Il se redressa, tendant les bras en arrière pour laisser battre ses pieds dans le vide. Le médecin s'étira un moment avant de reposer ses coudes sur ses cuisses et regarder Farah dans les yeux.
- C'est pas ça... Il passa sa main dans ses cheveux, grattant ensuite l'arrière de son crâne.
- T'es gêné de rester avec moi, c'est ça ? Rigola-t-elle en donnant un coup-de-poing sur l'épaule du chef d'escouade. Depuis le temps qu'on travaille ensemble, j'pensais que ça t'était passé.
- Dit, t'arrêtes de te foutre de ma gueule ! Répondit froidement Kurt.
- Faut bien ça pour te faire parler, le vieux ronchon ! Dit-elle, un sourire aux lèvres. Tu peux me parler, on s'entend bien tous les deux... Non ?
Prenant une longue inspiration, le médecin finit par souffler avant de se frotter lentement les mains et regarder Farah de nouveau.
- C'est... Pas pareil. Il baissa sa tête un instant avant de fixer de nouveau sa collègue. Travailler avec toi et Boris, c'est clairement pas la chose la plus horrible de ma vie. Sauf que c'est pas pareil qu'avec Loris et Hadrien.
- Hm ? Farah avec croisée ses jambes et écoutait les paroles du médecin, l'invitant ensuite à continuer.
- Depuis que j'suis devenu un SOLDAT de première classe et que les deux autres sont partis, ils m'ont donné une chambre personnelle et mon dortoir à été alloué à une autre escouade. Continua-t-il. Encore hier, j'ai pris la direction des dortoirs sans faire gaffe et j'suis tombé sur l'autre escouade. Il souffla du nez en rigolant. Qu'est-ce que j'me suis senti con en rentrant alors qu'ils jouaient aux cartes. Même, j'ai strictement rien à faire entre deux affectations outre me rendre à l'infirmerie ou aux entraînements. En somme, j'me fais juste chier dans le vaisseau-mère.
Kurt détourna alors son regard pour fixer de nouveau le chantier, tombant lentement dans l’obscurité à cause du soleil finissant sa course à l'horizon. L'experte en démolition se laissa alors tomber en arrière pour regarder le ciel, pliant une jambe avant de parler à son tour.
- Tu sais, j'ai rejoint ton escouade il y a maintenant quatre mois. Commença-t-elle, son ton dénotait par rapport à ses paroles précédente. Avant, j'étais avec des gars de ma promotion, comme toi avec Loris et Hadrien. Ils sont tous morts, une mission ayant mal tournée dans la Forêt de Sherwood où ils devaient capturer des sans-coeurs alors que j'étais en permission à Agrabah pour rendre vite à ma mère. Elle renifla, pour ensuite passer la paume de sa main sur son nez. Pendant longtemps, je m'en suis voulu de ne pas avoir été présente, j'aurais pu faire quelque chose, ou même empêcher qu'ils crève d'une façon aussi conne.
- J'ignorais...
- C'est pas vraiment le genre de chose que l'on raconte lors de nos missions, et j'ne savais pas que j'allais être rattaché à ton escouade. Elle souriait alors en se relevant. Tout ça pour te dire, tu te sens peut-être seul... Sauf qu'ils sont encore en vie et tu peux toujours aller les retrouver. Elle posa alors sa main sur la cuisse du médecin. Alors, profites et cesse de faire grise mine quand nous sommes ensemble. T'es tellement moins intéressant quand t'es triste.
Elle termina sa phrase avec un sourire en coin tout en fixant le médecin. Il ne savait pas réellement quoi répondre à cela, il se contenta de baisser le regard et sourire à son tour à l'experte en démolition. La nuit était tombée et la lune éclairait faiblement sur le manoir de ce monde.
- Bon, il est peut-être temps que nous allions nous coucher. Recommença-t-elle en se redressant. Nous avons du travail à faire, et autant avoir fini notre ronde avant que les ouvriers n'arrivent, qu'ils n'aillent pas raconter que les SOLDATs tirent au flanc !
- T'étais pas en train de te réjouir à ne rien faire de la semaine ? Répondit Kurt en se levant à son tour.
- Si, mais avant de revenir parler avec toi sur cette falaise, il faut quand même que je mérite mon salaire. Dit-elle en faisant un clin d'oeil au médecin en descendant le long du chemin en déhanchant ses fesses. La couchette du haut est pour moi !
Le médecin ricana un instant avant de suivre les pas de Farah. Ils devaient rester ici pour la semaine afin de surveiller le chantier, pour l'occasion, ils avaient un compartiment contenant tout le confort nécessaire pour cette affectation. Autant de temps sur la terre ferme, cela allait être bizarre pour des SOLDATs ayant vécu les dernières années à vivre sur le vaisseau-mère.
Ce fut sur le coup de six heures que le médecin sorti de l'espace alloué aux SOLDATs. Fermant sa ceinture, il s'en alla chercher les armes rangées dans un autre coin du chantier avant de revenir vers Farah. Partageant une nouvelle cigarette, ils finirent par se rendre devant les vestiges de l'entrée du manoir. Ils le savaient tous les deux, c'était l'histoire d'une demi-heure. Ils allaient devoir rentrer, visiter le hall et ensuite faire un tour dans les couloirs, rien d’extravagant. Ils étaient entraînés pour ce genre d'exercice, même si la nuit avait été courte à cause du changement d'habitude, ils étaient capables de faire ça sans grande difficulté.
- Arme à la main, pas de cran de sécurité et en avant. Bailla Kurt en s'avançant dans le hall. Couvre à droite, je m'occupe de la gauche.
- Pas de problème. Elle bailla à son tour et s'installa à la droite du médecin.
Ils avancèrent, le bruit de leurs bottes résonnèrent dans le grand bâtiment alors que rien ne vint à leur rencontrer. Au bout du hall, il y avait une large porte que Kurt ouvrit pour découvrir une grande salle bardée de colonne et se finissant sur une estrade. Sur cette dernière, il y avait trois sièges. Le tout avait vécu, il suffisait de regarder la couche de poussière et les particules présentes dans les traits de lumière passant au travers des fenêtres. Les deux SOLDATs s'avancèrent, le canon de leurs armes pointant vers le sol, quelque chose était planté dans le sol devant le siège le plus imposant.
- C'est quoi, ce truc... Questionna Farah en s'approchant, baissant légèrement le regard et touchant du bout de son arme la chose étrange.
- On dirait... Une épée... ? Le médecin s'approcha à son tour, regardant la garde de l'arme. Ah, non. Il n'y a pas de lame après la garde, juste un tige.
- Qu'est-ce qu'on fait ? Demanda alors le SOLDAT, s'étant reculé d'un pas.
- Nos ordres sont de reconstruire une porte d'entrée, pas de piller le lieu. Dit-il en faisant demi-tour. Ce sera au commanditaire de décider, laisse ce truc à sa place.
Obéissant, Farah fit demi-tour et rejoint le chef d'escouade pour continuer la visite. Ils quittèrent alors la salle pour rejoindre le hall et rejoindre les couloirs perpendiculaires à l'endroit, il y en avait quatre ou cinq et ils les fouillèrent les uns après les autres. Rien à signaler, ils donnaient sur des chambres ou d'autre salle elle-même recouverte de poussière.
Fidèle aux ordres, le médecin et l'experte en explosif fouillèrent chaque pièce. Toujours rien à signaler, excepter la présence d'une autre épée dans une pièce ayant été visité plus récemment. Ainsi qu'une tache de sang au sol, séchée.
- Finalement, le lieu n'a pas été abandonné. Répliqua Kurt en passant sa main sur la tache au sol. Enfin, ça date depuis des lustres, le sang craquelle quand on passe dessus.
- C'est dégueulasse... Répondit Farah, tirant la langue. Regarde le lit, il a été aussi utilisé. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire... ?
- Chérie, à quoi peut bien servir un lit ? Dit-il en rigolant un instant avant de se relever, la remarque ayant visiblement gêné le SOLDAT. Arrête de faire cette tête !
Ils quittèrent alors la pièce, dans le plus grand des silences avant de traverser un nouveau couloir pour tomber sur une fenêtre brisée. Pour la troisième fois, ils notèrent cela dans le rapport et précisèrent pour la troisième fois qu'il n'y avait aucun danger immédiat dans la zone. Après une heure de ronde, ils sortirent finalement du manoir pour rejoindre le contremaître et les ouvriers déchargeant tout le matériel nécessaire. Kurt fit alors son rapport, donnant le feu vert à la reconstruction du bâtiment.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant. Demanda-t-elle en amenant son arme sur le dos. On rentre au vaisseau-mère ?
- Farah, nous sommes là pour la semaine. Dit-il en faisant un petit clin d'oeil. Autant profiter de l'endroit avant de retourner dans un monde dangereux pour risquer nos vies.
- Le premier en haut de la colline paye sa cigarette ! Dit-elle en s'élançant sur le sentier, faisant sourire le médecin. Farah avait raison, il devait profiter à la place de se plaindre et il se dépêcha à rattraper sa collègue avant qu'elle n'atteigne le plateau.
Dernière édition par Cypher le Lun 9 Oct 2017 - 12:04, édité 1 fois