Et bien voilà un point de vue. Port Royal, en vue aérienne, aussi proche des toits, était à mes yeux une rencontre inédite. Et pourtant ne l’avais-je pas vue sous différents abords jusqu’ici ? Elle semblait différente. Non pas parce que grouillaient ici et là les différents Oh et puis ça m’saoule.
L’autre qui m’portait par la taille, c’était super bizarre, j’avais l’impression qu’mes seins allaient tomber dans la mer ! Nan là j’étais pas en situation jeu de rôle. Bon ! Quand on s’ra posés, là on en r’discute mais v’là bien une minute qu’on volait et j’me dis qu’il aurait p’têt’ du s’entraîner deux minutes avant d’tenter l’grand saut, l’autre. Ouais ou alors, juste une astuce, mec : Une aile des deux côtés ? Histoire de ? Connard va.
« À dix mètres de l’entrée, Genesis. » dis-je à voix basse. Je sais pas si j’avais exactement la voix de l’autre nymphe, là. T’sais qu’on dit qu’on est toujours surpris quand on entend l’enregistrement d’sa voix ? Qu’genre quand on parle, on a l’impression d’avoir une certaine voix mais qu’en fait non elle est différente ? Bah du coup dans le corps de Pam, voix aigue qui r’ssemblait toutes façons pas à la mienne, bah j’avais bien aucune idée d’si ça r’ssemblait bien à la sienne, de voix !
J’ai murmuré « Y fait froid, putain » et j’ai plus rien dit, jusqu’à ce qu’on se pose. Et là, ça commence, le rôle de ma vie.
J’étais dans l’corps d’la fille la plus canon qu’j’avais jamais vue, première du top des femmes de ma vie, pour les vrais qui s’en souviennent ! Et j’d’vais être dans l’rôle, genre j’lui avais vraiment parlé une fois, quoi ! Et comment qu’elle s’appelle la pièce ?
Aider Port Royal. Bah tiens. J’vais m’faire un plaisir.
J’portais un manteau, genre trench coat beige qu’y’m’tombait un peu plus haut qu’les g’noux, qu’j’avais bien fermé, bien serré, histoire que tu sais… bah qu’on la reconnaisse avec… ‘Fin bref. Gen’ m’a lâché, je l’ai laissé avancer en tête et je l’ai suivi, à pas un peu plus lents, sur des hauts talons… dans une grande rue, tu vois. L’une des plus grandes de ce monde. Avec des tas de gens qui couraient et genre avec la panique partout, dans chaque magasin, chaque p’tite maison, forge, atelier… La moindre brasserie était soit fermée soit… ouverte. Non ouais mais ouverte dans l’sens, bien ouverte, style porte enfoncée et tout.
Une exception, magueule. Une… Le Centurio, au bout de cette allée, dans notre direction. Putain il avait l’air intact, là comme ça. Et genre personne qui l’attaque, bien sûr. Y avait bien du mouv’ment qui v’nait d’ce bar m’enfin. C’qu’est sûr c’est que.
« Ca me rappelle des souvenirs. » Qu’j’ai dit doucement à Genesis. Et putain je me revoyais faire ces pas vers ce bar, avec Belle derrière moi, y a des années, j’saurais même pas dire combien… pour faire partie de cette belle famille de mes fesses, j’t’en raconte des conneries.
On avait quitté un connard et une jolie meuf y a une p’tite minute et y’z’avaient l’air pas clairs mais… Y’s’raient pas là avant un moment, t’façon. Juste le temps de…
Gen a ouvert la porte devant moi, s’écartant légèrement pour me laisser entrer. Eh ben putain, j’avais beau savoir qu’c’était Roxas, j’devais m’forcer pour faire un grand sourire, le regarder dans les yeux et lui dire du bout des lèvres « Merci. » Non parce que… vraiment y’ressemble à ça ? Une peinture du deuxième siècle fraichement retrouvée dans un grenier ?
Et voilà. J’étais d’vant les tables, les chaises, les merços et tout l’truc avec. Le Centurio devant moi et plein de gens qui nous r’gardent. Plus moi que Genesis dans un premier temps. J’suis restée… ‘fin, resté, j’veux dire… un peu raide que’ques s’condes.
« Pamela ? »
J’ai r’connu la voix de Fred derrière son bar, entouré de plein de gars. Y en avait pas mal qu’avaient des armes, en mode préparé à calmer Port Royal et tout.
J’ai hoché la tête silencieusement avant de lever mes mains vers mon manteau et de le déboutonner. Au bout de quelques secondes, je l’ai laissé tomber d’un geste de mes épaules, dévoilant le paradis sur terre ou genre… la bonne parole. C’était une putain de révélation, tant pis. Ouais. Tant pis, j’voulais bien croire en Dieu parce que putain, aucun homme r’gardait ailleurs que mon putain de corps. Aucun, même pas moi. La tenue hyper sexy, genre maillot en lierre, méga décolleté, jambes nues ? Non mais j’me mattais les nichons. Clairement.
J’ai senti l’regard de Genesis sur… moi. On va pas en dire plus.
J’ai relevé la tête, un air nonchalant au visage. Genesis et moi bloquions la porte de nos corps déguisés, sans avoir l’air de le faire. Un homme a voulu nous ignorer et passer celle-ci en s’approchant de Genesis. Ca a pas traîné. Ma main est venue attraper sa gorge, je l’ai ramené devant moi, tout en r’gardant l’assemblée.
J’ai senti ses os craquer sous mon emprise et tout l’monde a pu profiter du bruit. J’ai jeté le mec avec une facilité déconcertante sur une table, avant d’passer mes deux mains dans mes cheveux et de sourire.
Ma mission : Ne plus regarder mes nibards.