J’y étais.

J’ai pris une longue inspiration… J’avais pensé qu’à ça. Ces deux dernières semaines, dans le froid, dans l’chaud, trempé ou… euh… pas trempé. Bah j’avais pensé qu’à ça. Et c’que j’retrouvais, j’m’en foutais. J’avais rien r’trouvé. J’étais arrivé au Colisée de l’Olympe, j’avais pris un vaisseau, j’étais passé par une boutique de… mariage ? Et j’étais v’nu ici. Du travail du consul, mec. Donc j’avais rien vu, j’sentais pas bon. ‘Fin c’était pas pire que d’habitude mais en Perse, j’étais plus propre, histoire de donner bonne figure à Xerxès. Et c’était con. J’le savais, genre grave. C’est grillé que lui d’mander en sentant pas bon, c’était une idée de merde. Mais j’en avais rien à kicker.

J’ouvre la p’tit barrière du jardin de la maison du quartier résidentiel des consuls. Genre la maison… mignonne coquette mais aussi vachement la même que les autres. En fait ça m’f’sait penser à c’que tu pouvais voir d’jà dans les villages du château de la bête. Genre jolie chaumière, t’vois.


« Monsieur. »

Un gars… Devant moi. Et un autre. Genre ils s’étaient téléportés chais pas quoi ou alors j’étais juste trop con pour les r’marquer.

« … Qu’est-ce vous foutez là ? »

C’était des soldats, le même type que ceux avec qui j’avais un peu combattu quand on avait été attaqués, Belle, Alice et moi, dans les rues du jardin radieux. Et comme c’sont les seuls à être venus et qu’le consulat est pas v’nu, bah… j’dois dire qu’j’ai plutôt rien contre eux. Donc j’me suis dit que Jecht, ceux-là, t’allais rien leur faire.

« Vous n’êtes pas du Consulat, que faites-vous ici ? »

« Je… viens… Euh bah ça t’regarde pas. »

« Nous protégeons cette maison-ci. »

… Ah bah ouais. Ah bah ouais ! Et c’est tant mieux ! Putain ouais ! J’ai souri genre content et tout !

« Ouais cool ! J’suis Jecht, j’viens voir Belle et Alice, c’sont des amies. »

Ils se sont regardés genre et…

« Non désolé, nous ne pouvons vous laisser passer. »

« Ok alors… je vais vous dire un truc. »

Ca allait pas traîner, cette connerie. J’me suis approché un peu plus, et j’précise, j’avais pas mon arme en main, j’l’avais déposée près de la barrière d’la maison. T’façon y a personne au Consulat qu’a la force pour s’barrer avec.

Et alors que j’allais leur démonter la gueule, j’me suis rapp’lé d’un truc : Belle est maligne. Et surtout qu’j’lui ai dit de jamais parler d’moi. Ouais. Nan en fait, c’est moi qui suis con.


« Auron. C’est comme ça qu’le consulat me connaît p’têtre. J’ai amené les deux princesses ici. »

« Bien. Nous allons vérifier. »

Le gars a toqué à la porte. Ca, par contre, ça m’a vénère. J’voulais l’faire. Une petite minute plus tard, une personne a ouvert. J’vais pas te dire qu’j’l’ai pas reconnue pasque je suis pas non plus débile. Mais Alice était d’venu putain de belle. Elle d’vait faire la taille d’une dame, avait les formes d’une dame et… le visage d’une enfant. ‘Fin attends. Nan… elle a pas genre le visage d’un enfant de dix ans, nan… j’veux dire qu’son visage restait innocent.

Et putain, ses yeux quand elle m’a vu.


« Auron !! »

… Ouais bon j’avais imaginé la scène autrement mais…
Elle s’est faufilée entre les deux gardes et m’a sauté dans les bras. J’précise que j’portais pas ma brassière. ‘Fin vous avez compris. J’l’ai serrée contre moi en éprouvant la petite douleur envers la personne retrouvée, ouais… et la masse douleur d’une lumière épouvantable contre mon corps. J’ai eu l’impression d’brûler mais comme tout, j’ai fini par m’habituer et… j’ai eu un peu de mal à desserrer mon emprise.


« C’est bon, je le connais. » Qu’elle a dit aux deux gardes. « Vous pouvez retourner à votre « travail » ». Qu’elle a dit en faisant des guillemets avec ses doigts sur le mot travail. J’ai trouvé ça marrant. Elle a crié après Belle, une main toujours sur mon bras et… quelques secondes plus tard, Belle est arrivée sur le pallier. Les cheveux attachés, dans une jolie robe soleil blanche avec une p’tite ceinture au niveau du ventre. Ca m’a fait bizarre d’la voir avec des habits genre modernes. Plus qu’avec Alice. Belle c’était genre… le symbole de la campagne, tu vois. La plus belle meuf de la campagne. Elle m’a souri, l’air… découragé. Comme si j’venais d’lui raconter une blague pas drôle.  J’me suis approché et à un mètre d’elle, j’ai hésité. Elle a avancé d’un pas et m’a prise dans ses bras. Même douleur, subite mais… Une douleur que t’aimes ressentir. J’voulais pas des ténèbres, j’en voulais pas. J’voulais avoir mal pour m’en débarasser.

« Tu nous as manqué, Auron. »

Elle m’a fait entrer, suivie d’une Alice sautillante. En la voyant d’dos, j’ai vu dans son dos un symbole doré, genre… une dizaine de cercles en cercle. Et en r’gardant quelques secondes, tête au pied, Alice, elle-même dans une robe, mais pas genre tablier comme avant… bah elle c’était un p’tit foulard léger, rose, avec ce truc-là.
Quand la porte s’est r’fermée, j’ai voulu en parler mais… Belle parlait déjà, en s’précipitant dans l’salon, m’invitant d’un sourire à la suivre.


« Combien de temps ? Deux ans ? »

Ah ouais… J’ai arrêté de sourire. Quel accueil.

« Non rassure-toi. On ne t’en veut pas », qu’elle m’a dit en s’retournant vers moi et en m’regardant avec un grand sourire dents blanches.  « Nous sommes bien, ici. Les consuls nous protègent et nous hébergent. »

« Mais… vous êtes des consules, non ? »

Là, Alice surgit de nulle part, me tire le bras et me force à m’asseoir sur un divan pour s’asseoir à côté d’moi.

« C’est tendance de ne pas se laver, Jecht ? »

J’lui réponds pas, attendant une réponse de Belle.

« Si mais…

« D’où tu m’dis ça ? Deux ans et tu m’parles de mon odeur ? »

Bon finalement j’ai pas pu me ret’nir. Mais pour c’que ça servait. Alice m’écoute genre pas du tout, les yeux rivés sur ma barbe genre… plus longue que d’habitude.
J’finis par regarder Belle qui, toujours debout, hausse un sourcil.


« Mais on a un statut un peu particulier, Jecht. Nous sommes consules et sommes invitées à nous exprimer dans le sommet des arts, l’endroit où nous nous réunissons mais… ce sont nos seules obligations… Et encore. Rien ne nous oblige à y aller, disons que c’est une obligation morale. »

« Belle y met beaucoup de cœur, Jecht. »

« Alors que toi tu… fais des trucs genre…

« Ce que tu dis n’a aucun sens. »

« … Mais j’avais pas f... »

« Nous sommes payées à ne rien faire, pour parler crûment. Le Consulat nous invite de manière subtile et délicate à nous promener de temps en temps et à sourire. »

« C’est si difficile de penser à ma jambe gauche, à ma jambe droite et mes zygomatiques en même temps ! Épouvantable ! »

Je rigole en regardant Alice. Qu’elle est conne. Ca m’avait manqué !

« Vous z’ennuyez pas ? »

« Non, rassure-toi. » Belle me sourit avant de s’asseoir sur un canapé en face de moi. La maison est pas énorme mais elle a l’air sympa et… elles ont l’air de prendre leur marque. C’est dingue. Les imaginer vivant ensemble depuis deux ans, comme une famille, et comme des consules. J’regarde un peu les étagères, ‘fin plutôt les bibliothèques. La pièce en est remplie, en fait. Mais genre… c’est un peu grillé comme t’as plein de livres qu’ont l’air chiants et super gros, qu’occupent quasi tout l’espace, puis des livres qu’ont l’air d’être pour les gosses. « Y a des librairies, dans l’coin ? »

Elle hoche la tête en souriant, croisant les jambes devant elle.

« Si je n’ai pas encore tout lu, c’est bon signe. »

Elle a l’air tellement contente de l’dire, ça… m’fait plaiz’.

« Et euh... » Je tousse. « Les mecs, ils vous... » Ouais, ‘fin, c’est chaud à dire. « Ils sont pas trop lourds ? »

Je r’garde Alice, surtout pour pas r’garder Belle et… putain mais ce sont mes dents qu’elle regarde comme ça ? Je… j’les cache, l’air de rien et r’garde Belle, qu’est quand même moins perturbante.
Elle lève les yeux et pouffe légèrement de rire.


« J’ai vingt-sept ans, donc… les hommes s’intéressent plus à Alice. Et c’est tant mieux. » Elle s’est arrêtée un instant, l’air de réfléchir. « Je n’ai pas envie que tous les garçons lui courent après, bien sûr! Mais ça fait du bien de ne plus devoir éconduire des hommes comme Gaston. »

« Ouais. ‘Fin, tu restes… ‘fin voilà. T’es quand même jolie. »

… Oh putain c’était nul.

« Et les gardes ne nous lâchent jamais, du coup tu n’as pas à t’en faire pour elle. Et généralement, les garçons n’insistent jamais vraiment et abandonnent après lui avoir parlé cinq minutes. Tu sais comment elle est. »

« De quoi ? »

« Rien, chérie.Tu es mignonne. »

Alice sourit vaguement, l’air j’ai rien compris, et se concentre à nouveau sur… oh merde, elle va arrêter ?!

« Bon. Euh... »

J’me suis levé, l’air décidé. J’ai franchi la moitié d’la distance qui séparait mon canapé et çui de Belle. Elle m’regardait genre surprise, étonnée chais pas quoi.

« Belle, tu peux t’lever ? »

Putain… le stress. Elle a froncé les sourcils avant d’s’exécuter. Et là j’ai mis un g’nou à terre. J’ai sorti maladroitement d’ma poche une bague… Putain j’l’avais choisie d’mon mieux, j’étais content d’moi, y avait une pierre d’ssus mais c’était discret, vraiment son style, quoi.

« Bon Belle j’ai… rien préparé ou quoi mais… »

« Jecht. »

« Attends, dis rien. Attends… Je… Voilà, j’ai pas mal réfléchi. Toi et moi, on a vécu plein de choses ensemble et même avant ça, on a vécu la même chose. La vérité c’est qu’on aimait une personne et qu’elle est plus là et qu’on doit s’débrouiller et qu’on crève de chagrin tout l’temps. Alors… c’est vrai qu’chuis bien plus vieux que toi, j’ai… quasiment soixante ans, maint’nant, j’pourrais être ton daron, mais... »

J’entendais l’petit rire excité d’Alice derrière, qui enfin comprenait que’qu’chose. Et Belle, j’la r’gardais mais… pas tout l’temps, j’étais stressé. Elle avait les yeux baissés sur moi, les joues rouges et j’avais presqu’l’impression qu’elle allait pleurer.

« C’est pas… C’était jamais vrai quand j’te parlais des autres filles. J’ai jamais voulu laisser tomber ma femme. Y a que maintenant et y a que… avec toi que j’ai envie d’me donner une nouvelle chance d’être avec quelqu’un. Et j’pense que… Avant tout ça, tu disais qu’on d’vait rester tous les trois, veiller les uns sur les autres et oublier tout l’reste et… être une famille alors... »

Je m’suis arrêté quand la première larme a coulé sur sa joue. Elle a légèrement levé la tête pour regarder ailleurs, comme pour faire croire que.

« ‘Fin. Est-ce que tu veux m’épouser ? »

Elle a r’baissé la tête vers moi, avec un gentil sourire et… elle a expiré avant de lever une main vers mon visage, toucher ma joue et… elle pleurait mais elle avait l’air heureuse et...

« Je suis désolée, Jecht, mais je ne peux pas. »

Son visage était doux et désolé et… elle était super belle et… ‘Fin voilà. J’ai voulu dire un truc mais… j’avais perdu tout c’qu’y’m’restait de motivation. Xerxès m’avait… tellement r’monté à bloc, j’étais sûr que ça allait marcher. Et j’m’étais conditionné et tout mais… Autant avant j’aurais jamais cru qu’elle accepterait, autant là…

J’ai écarté mon visage de sa main et…


« Ok. Je... »

J’me suis l’vé, ai un peu r’gardé autour d’moi, à la recherche de j’sais pas quoi. Limite, plus encore que Belle, j’voulais pas r’garder Alice. J’avais… trop honte.

« Bon je... »

J’pointe du pouce la porte d’entrée, j’regarde un instant Belle, les yeux écarquillés qui va dire un truc mais j’suis déjà sur l’départ.

« Salut. »

J’me grouille d’atteindre la porte d’entrée alors que…

« Jecht ! »

J’me r’tourne pas, pousse un peu un des gardes pour passer, arrive à la barrière et la franchit. J’pose ma main sur le manche d’ma claymore. Une seconde plus tard, une autre main vient toucher la poignée d’l’arme et le bout d’mes doigts. Elle m’regarde, les yeux rouges, d’la sueur au front.

« Jecht ! » Qu’elle m’dit genre… aussi fort que tantôt alors qu’j’suis d’vant elle.

« Ouais bah quoi ? »

« Où vas-tu? »

« Ailleurs, d’jà. »

« Tu es exactement là où tu dois être. »

Et sa voix aurait pu être tremblante mais non, elle était claire,  et autoritaire, comme elle me parlait tout l’temps, avant. C’est elle qui m’commandait… ‘Fin, avant.

« Sérieux ? » J’ai forcé un sourire moqueur et ai r’gardé ailleurs. « Non j’pense pas. »

D’un geste, j’ai r’tiré ma claymore de la terre dans laquelle j’l’avais plantée, dégageant la main de Belle. J’tends mon bras vers ma brassière mais j’entends déjà l’claquement de la barrière et Belle, d’vant moi, qui met une main sur mon épaule. À moitié ferme, à moitié douce.
Elle va parler mais laisse tomber, j’la laisse rien dire.


« Dégage, princesse. »

Elle a eu l’air surprise, genre choquée. J’pense, j’lui avais jamais parlé comme ça. Elle m’a pas giflé, comme elle a d’jà pu l’faire. Putain heureusement, merci j’étais suffisamment humilié. J’ai encore détourné les yeux, ai essayé de forcer l’chemin mais elle a serré davantage sur mon épaule. La douleur d’la lumière m’a bloqué.

« Jecht, tu dois rester avec nous. Ca me flatte que tu m’aies demandé de t’épouser. Je te le jure mais… avec ou sans ça, ta place est avec nous. »

« Pour vous protéger, ouais. » J’la r’garde à c’moment-là et lève un sourcil et fais un p’tit sourire aigri. « T’as l’Consulat. »

Là par contre, elle m’a foutu une gifle de sa main gauche. Ca m’a mis en colère, direct mais avant même que j’dise quoi que ce soit… Elle m’pointait un index sous l’nez.

« C’est toi que je veux avec Alice et moi, Jecht ! Celui qui nous a libérées du cachot dans lequel nous étions condamnées à rester et celui qui nous a réunies ici. »

« Ouais et... »

« Et tu as besoin de moi. »

J’ai senti un truc… encore plus douloureux, genre vénère quand elle a lâché mon épaule pour mettre sa main sur ma poitrine, juste sur mon cœur.

« T’es dingue ?! »

J’ai voulu la dégager d’une main mais… j’pouvais pas être assez furieux pour risquer d’lui faire mal. Alors j’ai supporté en la r’gardant avec colère et…

« Ton cœur tend vers la lumière, Jecht. Ca a toujours été ainsi. Je l’ai toujours connu profondément blessé par les ténèbres. Et pourtant, jamais il n’a résisté à ma lumière et celle d’Alice. Au contraire… il cherche la moindre lueur et se consacre à l’atteindre. »

Elle a fait une pause et… elle avait l’air d’regarder mon cœur, genre rayon X. D’se concentrer sur lui… genre elle lui parlait avec les yeux.

« Je suis convaincue qu’avant la mort de ta femme, ton cœur était empli de lumière. »

Tss…

« Qu’est-ce que j’m’en fous ? »

Là elle m’a r’gardé dans les yeux. Elle ne pleurait plus.

« Tu veux une raison de rester ? En voilà une, Jecht. Reste avec nous et ton cœur pourra revenir à la lumière. »

« Putain mais… t’es sérieuse là ? » J’ai rigolé, genre jaune et j’ai continué. « J’t’avoue mes sentiments et tu m’parles d’une raison d’rester, genre une putain d’carotte ? Non ça va, les ténèbres, j’m’en fous, maintenant. Je gère. Et puis... »

« Nous protéger ne compte plus ? »

« Si, princesse. Ça compte. Mais je suis quoi, moi, là-dedans ? Le garde-du-corps qu’est payé par la lumière d’vot’coeur d’mes couilles ?! »

« Je te l’ai dit, Jecht. » qu’elle m’a dit, autoritaire, en ramenant ses deux mains sur sa taille. « C’est toi que je veux pour nous protéger, pas n’importe quel chien de garde. »

« Ouais ? Alors on imagine, on vit tous les trois ensemble, on forme une belle bande et là… miracle ! Il est r’venu ! La Bête débarque dans la baraque ! »

Elle a eu l’air perturbée ! Aha, voilà. On y était.

« Toi-même tu m’l’avais dit, j’l’ai pas oublié. Tout ça… Nous trois, là. C’est tant qu’on a besoin d’se protéger les uns les autres. Et dès que la guerre est finie, dès que vous êtes en sécurité et dès qu’la Bête est là… c’est fini. Tu l’as dit. »

« Oui je l’ai peut-être dit mais... »

« Au revoir, Jecht. Voilà à quoi ça va r’ssembler. Peut y avoir qu’un homme dans ma vie, Jecht. Alors… maint’nant qu’j’ai plus b’soin d’toi, tu peux y aller. C’est exactement c’qui va s’passer ! »

« Non... »

Sa voix, j’l’entends à peine, tellement elle est faible. Et voilà, d’nouveau, elle pleure.

« Laisse tomber. J’veux pas t’faire d’la peine pour rien… J’me casse. »

Elle a l’air paniquée et là, elle s’approche de moi, pose une main près d’mon cou et une autre sur ma joue, se met sur la pointe des pieds, s’approche de mon visage et me r’garde fixement quelques secondes. Chuis genre paralysé mais…

« Non, Jecht. »

Elle m’embrasse sur la joue, met ses mains sur mes épaules et me prend dans ses bras, m’forçant à m’baisser un peu. Et elle a parlé, genre si bas qu’j’devais arrêter d’râler pour l’écouter. J’d’vais pencher ma tête vers la sienne pour discerner c’qu’elle disait, comme un secret ;

« Je te le répète. C’est toi que je veux pour nous protéger. Adam ne reviendra pas. Cela fait six ans que nous sommes libres et il n’est toujours pas là. Je ne sais pas s’il... » Elle a pas continué… s’il était mort ? s’il l’aimait encore ? S’il s’était perdu ? « Mais même s’il revenait, Jecht, je ne t’abandonnerais pas. Tu seras toujours celui en qui j’ai le plus confiance. Tu m’as… ramené Alice. » J’ai senti qu’elle me serrait plus fort, c’était… plus affectueux que tout, même que la fois où on s’était embrassés. « Et pour ça, je te serai éternellement reconnaissante. »

Elle m’a libéré de son emprise mais là, encore une fois, elle est passée près de mon visage et m’a embrassé sur la joue.

« Alors je suis désolée de ne pas t’aimer. C’est encore la Bête que j’aime… et pour toujours, qu’il soit vivant ou non. Toi, c’est… la même chose pour ta femme. Tu ne m’aimes pas, tu as juste... » Là elle a ri, légèrement. « peur qu’on te laisse tomber. »

J’ai baissé les yeux. C’était soudain. J’avais l’impression d’avoir pleuré, d’avoir hurlé, de m’être déchaîné pendant des heures sur les murs et de… me sentir vidé de toute frustration, d’être à nouveau calme. Sauf qu’elle avait évacué toute ma colère toute seule.
Elle a pris mon visage entre ses deux mains, m’a regardé avec un sourire et m’a dit un truc qu’elle m’avait déjà dit mais… différemment. Elle me l’a dit en souriant, en pleurant un peu et en m’donnant l’impression qu’elle avait vraiment envie qu’j’accepte.


« Est-ce que tu veux bien emménager avec nous ? »

Et c’était différent. Tellement différent, putain. La dernière fois, elle me le présentait comme une nécessité. Là j’avais l’impression de… bah qu’on avait envie que je sois là. J’ai détourné les yeux et… j’ai essayé mais genre j’ai pas tenu, de réprimer un sourire puis. J’ai souri, l’ai r’gardée, l’air un peu timide et.

« Ouais, je veux bien. »

Son sourire est devenu éclatant. Elle m’a pris par la main et m’a invité à la suivre. J’ai pris mes merdes de mon autre main et suis passé d’vant les deux gardes qui d’vaient être genre… méga gênés, et je suis rentré. Alice était dans l’salon, debout et… près d’la f’netre visiblement et elle avait un air qu’j’lui avais jamais vu. Un air de « J’espère que ça s’est bien passé ».
Ouais. Elle était d’venue magnifique. C’était genre limpide pour moi, elle allait… faire tourner le monde, putain. Et moi, le monde, j’allais lui casser les genoux pasqu’c’était genre hors d’question d’l’imaginer avec un gros loser. Belle a refusé Jecht ? Alice prendrait un mec aussi bien qu’moi, c’tait décidé !

Belle m’a lâché la main, s’est approchée d’Alice, a pris son bras et lui a dit.


« Tout va bien ! Jecht a un peu paniqué mais c’est fini. On ne va pas se marier... » Belle m’a souri avant d’ajouter. « mais on va vivre tous les trois, comme avant. »

Et c’était sympa. C’était alors la putain de meilleure décision qu’j’avais prise. Les mercenaires j’m’en foutais, ils pouvaient crever, j’y retournais pas. Et j’irais leur dire genre… une de ces fois. T’façon, c’est des cons. J’allais vivre ici. Et Roxas allait sortir avec Alice. Et Cissneï avec moi ! Et tous les songes sous l’même toit ! Voilà ! J’avais un plan.