Le soleil s’était levé, comme chaque matin depuis quelques jours. Il s'était levé depuis bien longtemps et quand Sora émergea enfin de son sommeil, il en sentit la chaleur. Les bras étirés, il laissa échapper un long bâillement, repoussa ses couvertures et se leva de son lit de camp. En enfilant ses habits rapiécés la veille par Dame Gertrude, il constata que Sang-Bleu n'était pas là à l'observer, comme l'indien en avait pris l'habitude. L'homme de confiance de la Générale Primus devait sûrement avoir mieux à faire aujourd'hui que le regarder dormir. C'était quand même gentil de sa part de ne pas l'avoir réveillé. Il n'avait pas aussi bien dormi depuis un bail.
Son ventre gargouillait. Avec de la chance, il restait un peu de soupe.
Puis ça lui revint. Ils en avaient été informés la veille. C'était le Grand Jour. Il sortit en trombe de la tente et parcourut l'allée du regard. Pas âme qui vive. Il n'avait quand même pas raté le début de la bataille ? Il courut à toutes jambes jusqu'au centre du camp pour constater que non, les brigands étaient encore là. Une centaine d'entre eux, silencieux, s'étaient rassemblés autour de la tente du Sherif. Debout sur une table, l'ours donnait des consignes. Sora l'écouta de loin en se grattant les cheveux, puis se dit qu'il avait décidément trop faim. S'éloignant de l'attroupement, il avisa un tonneau de soupe et en remplit une gamelle qui trônait à côté. Elle avait déjà été utilisée. La soupe était froide, mais c'était toujours mieux que rien. Il n'en fit que sept gorgées.
Le ventre plein, il avisa la situation.
Il aimait bien quand les choses allaient vite, mais là, c'était peut-être un petit peu trop rapide. Il n'avait pas eu le temps de faire connaissance avec tous ces brigands, avec le Sherif et les autres généraux. Il avait eu le temps de parler à Freyja, et c'était une bonne chose, il en était certain. La rate était partie avec son escouade au matin, et il ferma les yeux un moment en pensant à elle. Il avait eu le temps de croiser Système et de faire connaissance avec cette singulière recrue pour la Lumière. Elle aussi participerait à la bataille, à sa manière. En revanche, il n'avait pas eu le temps de reparler à Bobby, le jeune lapereau qu'il avait croisé à son arrivée dans ce monde, et qui avait vu sa part d'ombre. En fait, il avait surtout évité de le revoir depuis.
C'était le Grand Jour. Il avait assez repoussé l'échéance. Il devait le trouver, le rassurer et lui expliquer, maintenant.
Cette idée vissée au crâne, il parcourut les allées du camp, humant l'air forestier, demandant ça et là si personne n'avait vu un jeune lapin avec le couvre-chef de Robin des Bois. Le vautour qui remplissait les carquois ne l'avait pas vu, le chien qui astiquait les épées non plus, mais la marmotte qui ne semblait rien faire savait, elle, où il se trouvait. Sora le trouva effectivement à l'endroit indiqué, près de l'entrée du camp, assis en cercle avec sa sœur et une jeune tortue qui portait un béret et de grosses lunettes noires et rondes. Bobby traçait quelque chose à même la terre avec un bâton.
"Et là, Robin il décoche une flèche, en plein dans le mille sur la corde ! Le pont levis s'abaisse. Petit-Jean et Freyja chargent en hurlant 'Oudelali !', les hippopotames sont tous en panique, ils courent dans tous les sens, ils piétinent tout, ça met la pagaille dans les troupes ennemies, et on en profite pour s'infiltrer !" "Ingénieux", fit la tortue, la tête penchée pour lorgner le plan de bataille que Bobby dessinait. "N'importe quoi", fit la soeur de Bobby, les bras croisés sur la poitrine. "Oh, Madame Stratège !" trancha Bobby, l'air vexé. "Je te signale que le Sherif lui-même a trouvé mon plan très audacieux."
La jeune fille ne répondit pas vraiment. Elle soupira en regardant ailleurs. C'est là qu'elle vit Sora.
"Oh. Bonjour."
"Bonjour", fit Sora en levant légèrement la main. Sans demander la permission, il s'assit avec eux.
"Bonjour mais... qui êtes vous, monsieur ?" demanda la tortue en relevant la tête, visiblement inquiet.
"C'est bon, Toby. C'est Sora, un guerrier de la lumière ! Il vient d'un autre monde, et il va se battre lui aussi."
"Oh... un vrai guerrier," fit Toby avec révérence.
"Vous serez en première ligne avec Bobby ?" demanda la lapine.
"Euh..."
"Ouep ! Première ligne !" coupa Bobby. "Là ou vont tous les hommes sans reproche et sans peur."
"Et qui ici est sans reproche et sans peur ? Mais pardi, Bobby la Terreur !" fit une voix derrière Sora.
"Messire Robin !" firent en cœur les trois adolescents en se relevant. Bobby se mit au garde a vous.
Sora tourna la tête et vit un renard roux au visage élancé et malicieux, vêtu de vert. Une cape reposait sur son bras droit, pliée, verte elle aussi. De sa main libre, il souleva brièvement son couvre-chef. "Messager Bobby. Dame Betsy. Messire Toby. Et... Sora. Le Général Primus m'a conté vos hauts faits. D'après votre chef, vous avez l'habitude de sauver les mondes. On peut dire que vous tombez à point nommé pour sauver notre petite ville de Nottingham." Sora s'était mis debout, lui aussi, et faisait maintenant face au renard. Derrière le sourire mutin de Robin, difficile de deviner s'il pensait réellement ce qu'il disait ou s'il plaisantait. "J'aurais du venir plus tôt", répondit Sora avec une pointe d'amertume. "Hé, pas de tracas inutile. Vous êtes là maintenant, c'est ce qui compte ! Ahem. J'ai ouï dire que vous possédez une arme extraordinaire. Daignerez-vous me la montrer ?"
Sora obtempéra, tendant la main droite et fermant les yeux pour se concentrer. Rapidement, il sentit la poignée de Chaîne Royale dans sa main.
"Oh", firent Toby et Betsy. Robin soulevait déjà le bout de la keyblade pour mieux en scruter les aspérités. "Hm. Une épée en forme de clef. Une.. clef-pée ?" Il ricana tout seul avant de reprendre son observation. "Longue.. et voyante." Il fit glisser sa patte le long de l'arme et pencha la tête pour mieux voir la composition du pommeau. "Ce n'est pas de l'or", constata-t-il avec un fin sourire. Il semblait déçu. "Comment l'avez-vous obtenue ?" "Hé bien..." Sora se gratta la nuque, un peu gêné. "On peut dire que je l'ai volée." "Volée, tu dis ? Ha, tu me plais déjà !" Robin lui tapota l'épaule d'un air complice. "Elle te sera certainement utile tout à l'heure, lorsque nous combattrons ensemble. Ainsi que ta fameuse magie ! Espérons qu'elle ne se résume pas à des tours d’illusionniste."
Lorsqu'on le titillait un peu sur sa force et ses pouvoirs, Sora réagissait au quart de tour. Pas cette fois. Robin enfonçait le couteau pile au bon endroit, comme s'il avait deviné les doutes de Sora sur sa capacité à se battre comme avant. "Je ferai de mon mieux", répondit-il, les yeux plantés dans ceux du Prince des Voleurs. Il fit disparaître Chaîne Royale et baissa le bras qui la portait. "Je ne vais pas utiliser ma keyblade. Elle attire les sans-coeur, et nous aurons déjà bien assez d'ennemis." "Bien pensé. Il faudra qu'on se débarrasse de ces pestes un jour, mais ce n'est pas aujourd'hui. Messager Bobby !" Robin se tourna vers le lapin et lui enfila la cape qu'il avait apporté. "Bienvenue chez les rebelles de Sherwood."
Bobby se laissa vêtir. L'air ému, il n'en gardait pas moins le visage grave et hocha la tête à l'intention de Robin. Le renard répliqua. "Vous allez m'accompagner, nous rejoignons vos frères d'armes. Là-bas, vous recevrez vos dernières consignes." La main posée sur l'épaule du jeune lapin, il l'incita à se mettre en route, ce que Bobby fit avec vaillance, sans regarder en arrière. Jusqu'à ce que Sora l'interpelle. Il n'avait toujours pas pu parler au lapin du spectacle qu'il avait vu, avec dans les rôles principaux son ombre, Freyja et Primus.
"Bobby, je voulais te dire-" "Je sais, Sora." Le messager se tourna une première fois, un sourire aux lèvres. "S'il y a de la lumière dans nos cœurs, il doit aussi y avoir des ténèbres. C'est normal et je ne dois pas en avoir peur." Sora resta bête un instant, puis sourit. Dire qu'il s'était fait une montagne de lui expliquer tout ça, et Bobby avait de toute manière déjà compris.
"Bobby !" fit à son tour Betsy, la soeur, d'une voix éraillée. Le messager se tourna une seconde fois. "Tu pourrais quand même dire au revoir." Là, pendant trois petites secondes, son visage s'affaissa. "Je.. je reviens après les consignes, de toute façon. Restez-là, ça sera pas long." Il eut un semblant de sourire, un rictus, souleva rapidement le couvre-chef que Robin lui avait donné des années plus tôt pour son anniversaire et se retourna un peu vite. Robin et lui s'éloignèrent, la main du renard toujours sur l'épaule du lapin.
C'était le Grand Jour. Sora le ressentait pleinement maintenant, dans le courage de Bobby, la main aidante de Robin, la peur de Betsy et le remords de Toby. "Je peux pas être messager, moi, je... je cours pas assez vite. Et puis j'y vois rien ! Je me tromperais de chemin." "Je suis contente que tu restes avec moi, Toby." Sans qu'ils sachent vraiment pourquoi, la lapine et la tortue s'enlacèrent brièvement. "Sora... vous pensez qu'il..." A son tour, Sora posa une main qu'il voulait rassurante sur l'épaule de Betsy. "Il ne sera pas en première ligne. Tu as entendu Robin. Les messagers sont à l'arrière, ils transmettent les informations aux différentes sections de l'armée. Ils ne combattent pas."
Les rebelles avaient besoin de tout le monde pour gagner cette bataille. Oui, Bobby était jeune. Mais il devait avoir le même âge que Sora, lorsqu'il était allé sauver le royaume de la lumière. Alors tout était possible.
"Mais si jamais..." Elle entremêlait ses doigts, le museau et le regard baissés.
"Il reviendra."
"Vous ne pouvez pas me le promettre."
Un frisson parcourut l'échine de Sora. Le pouvait-il vraiment ? Il leva les yeux vers le soleil qui montait haut, toujours plus haut dans le ciel du Grand Jour. "Si, je peux. Je te le promets."
Dim 19 Mar 2017 - 3:04Son ventre gargouillait. Avec de la chance, il restait un peu de soupe.
Puis ça lui revint. Ils en avaient été informés la veille. C'était le Grand Jour. Il sortit en trombe de la tente et parcourut l'allée du regard. Pas âme qui vive. Il n'avait quand même pas raté le début de la bataille ? Il courut à toutes jambes jusqu'au centre du camp pour constater que non, les brigands étaient encore là. Une centaine d'entre eux, silencieux, s'étaient rassemblés autour de la tente du Sherif. Debout sur une table, l'ours donnait des consignes. Sora l'écouta de loin en se grattant les cheveux, puis se dit qu'il avait décidément trop faim. S'éloignant de l'attroupement, il avisa un tonneau de soupe et en remplit une gamelle qui trônait à côté. Elle avait déjà été utilisée. La soupe était froide, mais c'était toujours mieux que rien. Il n'en fit que sept gorgées.
Le ventre plein, il avisa la situation.
Il aimait bien quand les choses allaient vite, mais là, c'était peut-être un petit peu trop rapide. Il n'avait pas eu le temps de faire connaissance avec tous ces brigands, avec le Sherif et les autres généraux. Il avait eu le temps de parler à Freyja, et c'était une bonne chose, il en était certain. La rate était partie avec son escouade au matin, et il ferma les yeux un moment en pensant à elle. Il avait eu le temps de croiser Système et de faire connaissance avec cette singulière recrue pour la Lumière. Elle aussi participerait à la bataille, à sa manière. En revanche, il n'avait pas eu le temps de reparler à Bobby, le jeune lapereau qu'il avait croisé à son arrivée dans ce monde, et qui avait vu sa part d'ombre. En fait, il avait surtout évité de le revoir depuis.
C'était le Grand Jour. Il avait assez repoussé l'échéance. Il devait le trouver, le rassurer et lui expliquer, maintenant.
Cette idée vissée au crâne, il parcourut les allées du camp, humant l'air forestier, demandant ça et là si personne n'avait vu un jeune lapin avec le couvre-chef de Robin des Bois. Le vautour qui remplissait les carquois ne l'avait pas vu, le chien qui astiquait les épées non plus, mais la marmotte qui ne semblait rien faire savait, elle, où il se trouvait. Sora le trouva effectivement à l'endroit indiqué, près de l'entrée du camp, assis en cercle avec sa sœur et une jeune tortue qui portait un béret et de grosses lunettes noires et rondes. Bobby traçait quelque chose à même la terre avec un bâton.
"Et là, Robin il décoche une flèche, en plein dans le mille sur la corde ! Le pont levis s'abaisse. Petit-Jean et Freyja chargent en hurlant 'Oudelali !', les hippopotames sont tous en panique, ils courent dans tous les sens, ils piétinent tout, ça met la pagaille dans les troupes ennemies, et on en profite pour s'infiltrer !" "Ingénieux", fit la tortue, la tête penchée pour lorgner le plan de bataille que Bobby dessinait. "N'importe quoi", fit la soeur de Bobby, les bras croisés sur la poitrine. "Oh, Madame Stratège !" trancha Bobby, l'air vexé. "Je te signale que le Sherif lui-même a trouvé mon plan très audacieux."
La jeune fille ne répondit pas vraiment. Elle soupira en regardant ailleurs. C'est là qu'elle vit Sora.
"Oh. Bonjour."
"Bonjour", fit Sora en levant légèrement la main. Sans demander la permission, il s'assit avec eux.
"Bonjour mais... qui êtes vous, monsieur ?" demanda la tortue en relevant la tête, visiblement inquiet.
"C'est bon, Toby. C'est Sora, un guerrier de la lumière ! Il vient d'un autre monde, et il va se battre lui aussi."
"Oh... un vrai guerrier," fit Toby avec révérence.
"Vous serez en première ligne avec Bobby ?" demanda la lapine.
"Euh..."
"Ouep ! Première ligne !" coupa Bobby. "Là ou vont tous les hommes sans reproche et sans peur."
"Et qui ici est sans reproche et sans peur ? Mais pardi, Bobby la Terreur !" fit une voix derrière Sora.
"Messire Robin !" firent en cœur les trois adolescents en se relevant. Bobby se mit au garde a vous.
Sora tourna la tête et vit un renard roux au visage élancé et malicieux, vêtu de vert. Une cape reposait sur son bras droit, pliée, verte elle aussi. De sa main libre, il souleva brièvement son couvre-chef. "Messager Bobby. Dame Betsy. Messire Toby. Et... Sora. Le Général Primus m'a conté vos hauts faits. D'après votre chef, vous avez l'habitude de sauver les mondes. On peut dire que vous tombez à point nommé pour sauver notre petite ville de Nottingham." Sora s'était mis debout, lui aussi, et faisait maintenant face au renard. Derrière le sourire mutin de Robin, difficile de deviner s'il pensait réellement ce qu'il disait ou s'il plaisantait. "J'aurais du venir plus tôt", répondit Sora avec une pointe d'amertume. "Hé, pas de tracas inutile. Vous êtes là maintenant, c'est ce qui compte ! Ahem. J'ai ouï dire que vous possédez une arme extraordinaire. Daignerez-vous me la montrer ?"
Sora obtempéra, tendant la main droite et fermant les yeux pour se concentrer. Rapidement, il sentit la poignée de Chaîne Royale dans sa main.
"Oh", firent Toby et Betsy. Robin soulevait déjà le bout de la keyblade pour mieux en scruter les aspérités. "Hm. Une épée en forme de clef. Une.. clef-pée ?" Il ricana tout seul avant de reprendre son observation. "Longue.. et voyante." Il fit glisser sa patte le long de l'arme et pencha la tête pour mieux voir la composition du pommeau. "Ce n'est pas de l'or", constata-t-il avec un fin sourire. Il semblait déçu. "Comment l'avez-vous obtenue ?" "Hé bien..." Sora se gratta la nuque, un peu gêné. "On peut dire que je l'ai volée." "Volée, tu dis ? Ha, tu me plais déjà !" Robin lui tapota l'épaule d'un air complice. "Elle te sera certainement utile tout à l'heure, lorsque nous combattrons ensemble. Ainsi que ta fameuse magie ! Espérons qu'elle ne se résume pas à des tours d’illusionniste."
Lorsqu'on le titillait un peu sur sa force et ses pouvoirs, Sora réagissait au quart de tour. Pas cette fois. Robin enfonçait le couteau pile au bon endroit, comme s'il avait deviné les doutes de Sora sur sa capacité à se battre comme avant. "Je ferai de mon mieux", répondit-il, les yeux plantés dans ceux du Prince des Voleurs. Il fit disparaître Chaîne Royale et baissa le bras qui la portait. "Je ne vais pas utiliser ma keyblade. Elle attire les sans-coeur, et nous aurons déjà bien assez d'ennemis." "Bien pensé. Il faudra qu'on se débarrasse de ces pestes un jour, mais ce n'est pas aujourd'hui. Messager Bobby !" Robin se tourna vers le lapin et lui enfila la cape qu'il avait apporté. "Bienvenue chez les rebelles de Sherwood."
Bobby se laissa vêtir. L'air ému, il n'en gardait pas moins le visage grave et hocha la tête à l'intention de Robin. Le renard répliqua. "Vous allez m'accompagner, nous rejoignons vos frères d'armes. Là-bas, vous recevrez vos dernières consignes." La main posée sur l'épaule du jeune lapin, il l'incita à se mettre en route, ce que Bobby fit avec vaillance, sans regarder en arrière. Jusqu'à ce que Sora l'interpelle. Il n'avait toujours pas pu parler au lapin du spectacle qu'il avait vu, avec dans les rôles principaux son ombre, Freyja et Primus.
"Bobby, je voulais te dire-" "Je sais, Sora." Le messager se tourna une première fois, un sourire aux lèvres. "S'il y a de la lumière dans nos cœurs, il doit aussi y avoir des ténèbres. C'est normal et je ne dois pas en avoir peur." Sora resta bête un instant, puis sourit. Dire qu'il s'était fait une montagne de lui expliquer tout ça, et Bobby avait de toute manière déjà compris.
"Bobby !" fit à son tour Betsy, la soeur, d'une voix éraillée. Le messager se tourna une seconde fois. "Tu pourrais quand même dire au revoir." Là, pendant trois petites secondes, son visage s'affaissa. "Je.. je reviens après les consignes, de toute façon. Restez-là, ça sera pas long." Il eut un semblant de sourire, un rictus, souleva rapidement le couvre-chef que Robin lui avait donné des années plus tôt pour son anniversaire et se retourna un peu vite. Robin et lui s'éloignèrent, la main du renard toujours sur l'épaule du lapin.
C'était le Grand Jour. Sora le ressentait pleinement maintenant, dans le courage de Bobby, la main aidante de Robin, la peur de Betsy et le remords de Toby. "Je peux pas être messager, moi, je... je cours pas assez vite. Et puis j'y vois rien ! Je me tromperais de chemin." "Je suis contente que tu restes avec moi, Toby." Sans qu'ils sachent vraiment pourquoi, la lapine et la tortue s'enlacèrent brièvement. "Sora... vous pensez qu'il..." A son tour, Sora posa une main qu'il voulait rassurante sur l'épaule de Betsy. "Il ne sera pas en première ligne. Tu as entendu Robin. Les messagers sont à l'arrière, ils transmettent les informations aux différentes sections de l'armée. Ils ne combattent pas."
Les rebelles avaient besoin de tout le monde pour gagner cette bataille. Oui, Bobby était jeune. Mais il devait avoir le même âge que Sora, lorsqu'il était allé sauver le royaume de la lumière. Alors tout était possible.
"Mais si jamais..." Elle entremêlait ses doigts, le museau et le regard baissés.
"Il reviendra."
"Vous ne pouvez pas me le promettre."
Un frisson parcourut l'échine de Sora. Le pouvait-il vraiment ? Il leva les yeux vers le soleil qui montait haut, toujours plus haut dans le ciel du Grand Jour. "Si, je peux. Je te le promets."