Deuxième fois en vingt-quatre heures qu’elle faisait le trajet à 190 munnies, au mépris de ces économies personnelles. Son voyage avait déjà pour but de dépenser une fortune pour servir ses plans de vengeance et accessoirement faciliter son travail au Centurio, mais elle avait trouvé le moyen de gaspiller des munnies pour un aller-retour dans le vent ! Elle avait réussi à complètement oublier pourquoi elle avait débarqué au Jardin Radieux, au détour d’une danse avec un inconnu et pire… Elle était repartie pour Port-Royal !
Cette fois-ci, elle comptait bien rester concentrée. Lenore avait passé le trajet à compter, décompter et recompter l’état de ses finances sur son carnet, vérifier ses notes, ses projets, se remémorer le déroulement obligatoire de cette journée pour se l’inscrire en mémoire. Une bonne chose puisque cela lui permit de faire le trajet sans trop d’angoisses. En fait elle souriait même parfois, luttant pour renvoyer le souvenir fugace de l’homme au loup qui lui avait offert ce merveilleux moment de danse dans un spectacle de rue.
Mais non, elle devait rester concentrée ! Il pouvait tout autant être n’importe qui croisé ce jour-là. Sans son masque, elle ne saurait le reconnaître alors que lui, avait vu son visage et y avait perdu sa bourse dans un adieu discret. S’ils se croisaient de nouveau, elle assumerait volontiers remontrances et remboursement mais en attendant, elle ne devait pas y penser. Trop de candidats potentiels et trop de choses importantes à faire.
Lenore reprit son sac sur son épaule pour débarquer. Il contenait une tenue de rechange, son carnet, ses économies, tout ce qu’il lui fallait pour cette journée. Presque tout ce qu’elle possédait en vrai. Elle se donnait presque des airs de migrante avec sa vie dans un sac de toile et son regard enveloppant le paysage de la ville. Même si elle appréciait l’endroit pour ses amusements et sa beauté, elle savait bien qu’elle ne pourrait y rester trop longtemps. Tout était trop parfait et elle finirait par s’y ennuyer, chose qui serait bien trop regrettable.
La rousse se dirigea assez rapidement dans le quartier commerçant, cette fois évitant charivari et fontaines, laissant les distractions derrière elle malgré les tentations. Se faufilant à travers les petites ruelles à la recherche du magasin intimiste qui n’a que faire des touristes et dont la réputation se gagne par le bouche-à-oreille des connaisseurs et le talent. Lenore jeta son dévolu sur une devanture neuve affichant des bijoux originaux et osés, dont la technique devait nécessiter une maîtrise parfaite du produit.
Des bracelets qui ne se contentaient pas d’habiller joliment le poignet mais qui gagnait sur la naissance de la main et de l’avant-bras sans sembler alourdir la délicatesse et la fragilité de cette articulation ; des colliers serpentant entre la trachée et la naissance d’un décolleté au fermoir inexistant ; des pierres délicatement enchâssées en des boucles audacieuses tombant en rivières légères.
La mercenaire poussa la porte de la bijouterie O’ Malley, faisant doucement tinter le carillon métallique qui annonçait la venue d’un client. Elle retira la capuche de sa cape grise en attendant le propriétaire du magasin ou l’un de ses vendeurs, passant son regard sur la vitrine des bracelets. Il y avait bien des choses intéressantes à dérober mais elle n’était pas ici pour ça. Les prix semblaient corrects au vue de la qualité et de l’originalité des créations.
« Bonjour, puis je vous renseigner ? L’interrompit un jeune homme assez banal, blond aux mèches rousses trahies par de nombreuses tâches de rousseur. Il sortait déjà souriant de l’arrière-boutique et se posta devant Lenore, croisant les doigts en posant les mains sur le rebord de la vitrine qui les séparait, droit dans son costume impeccable de couleur crème qui lui donnait un air classe mais décontracté.
- J’en suis persuadée. Répondit la rousse en domptant discrètement une mèche pour qu’elle masque l’affreuse cicatrice de brûlure entourant son oreille. Je cherche un bijoutier capable de créer un bracelet très particulier dont j’ai l’idée et je vous avoue que vos produits sont déjà très prometteurs.
- Les créations de Monsieur O’Malley sont toutes uniques et magnifiques oui. Renchérit-il en glissant le regard sur sa marchandise comme autant de preuves à son discours. Elles n’attendent que la personne qui saura les sublimer en les portants. Car seuls, ils sont assurément très beau, mais sur vous, ils seraient magnifiques. Osa-t-il esquissant un grand sourire innocent en réponse à l’amusement visible sur le visage de la rousse.
- Pas la peine d’abuser de vos techniques commerciales avec moi. Ricana-t-elle en sortant son carnet, l’ouvrant à une page précise où était griffonné un croquis. Je vous l’ai dit, je cherche un créateur capable de matérialisé mon idée et si je suis ici c’est que je suis déjà à moitié convaincu que votre patron en a les moyens.
- Je peux ? Demanda le vendeur en tendant la main pour mieux observer le schéma. Celui-ci représentait assez simplement un bracelet en bloc enveloppant l’avant-bras sur cinq centimètres à partir du poignet, et sa version dévoilant une mini-arbalète de poing déployée, idée qui choqua le jeune homme. C’est une arme !
- Je ne vais pas vous faire prendre des vessies pour des lanternes, expliqua calmement Lenore. Oui c’est une arme… de défense. Soyons réalistes, avec quelque chose de cette taille, si je tire à deux mètres, c’est déjà un miracle, et il ne permettrait qu’un seul et unique tir. Non, le but est de surprendre un agresseur pour s’en défaire. C’est une arme non létale et assez limitée, faite uniquement pour se protéger. C’est pour ça qu’elle est dissimulée dans un bracelet d’ailleurs et puis ça ne doit pas empêcher d’être coquette. Finit-elle en souriant.
- Ce sera pour votre usage personnel ? Hésita-t-il, questionnant du regard, l’observant sous un autre angle.
- Euh oui… Je ne vois pas trop ce que je peux en faire d’autre. Répondit-elle un peu troublée par la question. Après si vous ne pensez pas pouvoir le faire, je peux toujours demander ailleurs.
- Je vais demander à Monsieur O’Malley. Enchaina-t-il rapidement en emmenant le carnet avec lui vers l’arrière-boutique.
Quelques minutes s’égrainèrent au son cadencé de tic-tac discret, laissant Lenore seule avec ses tentations. Il était possible qu’il la garde à l’œil d’une façon détournée ou d’une autre, aussi resta-t-elle sagement patiente, attardant son regard sur un magnifique peigne à trois longues dents torsadées.
- Monsieur est ravi de relever le défi. Dit-il en souriant à son retour, rendant le carnet. Exceptionnellement, il ne vous demandera pas d’avoir à la commande si vous nous promettez l’exclusivité sur cette œuvre. Si vous me permettez, il va me falloir les mesures de votre poignet.
-Oui bien sûr. Lenore tendit la main droite, se laissant manipuler avec quelques réticences alors qu’il notait mentalement les mesures en gestes délicats. Combien de temps avant la livraison ? Je ne viens pas de ce monde. Et quelque j’aimerais qu’il soit assez discret… pas la peine d’incruster de diamants ou ce genre de chose.
- Il faut compter un mois, Monsieur travail à merveille l’os poli, ceci devrait convenir à votre style. » Conclut-il en relevant un regard amusé en lâchant le poignet d’une Lenore rougissant déjà.
Fichu Jardin Radieux, elle commençait à se dire que l’endroit avait un drôle d’effet sur elle, se rappelant qu’un temple dédié à une quelconque déesse de l’Amour avait été inauguré en ville et que certains marchands de Port Royal en avait parlé dans le transport Shinra. Le vendeur ne pouvait pourtant pas être l’homme au masque de loup. Plus elle le dévisageait et plus il lui semblait moins large des épaules.
« Je peux vous être utile pour autre chose ? Demanda-t-il aux regards prolongés de la rousse en pleine réflexion.
- Oh ! Oui pardon… Je… prendrais ce peigne en métal noir torsadé… celui avec la rose rouge sur fond laqué noir. Hésita-t-elle pour masquer son embarras.
- Nous vous l’offrons, il vous ira à ravir. Répondit-il en prélevant l’objet dans la vitrine désignée.
- Dites plutôt que son prix sera rajouté à celui de la commande. » Lenore souffla un rire alors que le vendeur n’affirma ni n’infirma en réponse, se contentant de sourire largement.
La mercenaire quitta la boutique, avec une estimation de sa commande s’élevant à 200 munnies. Le prix d’une mission basique, l’idée la faisant soupirer. Si le résultat était à la hauteur de son idée, elle enduirait l’aiguille projetée par le bracelet d’un poison paralysant suffisamment fort pour lui permettre de faire basculer un combat. De tous les magasins qu’elle avait pu voir en ville celui-ci était le plus prometteur. Il lui restait malgré tout encore quelques achats à faire, elle se dirigea donc vers une autre ruelle du quartier commerçant, souriante et gagnée par l’euphorie d’une journée anodine et prometteuse dans ce monde baigné de légèreté. Prochain arrêt le tanneur.
Ven 17 Mar 2017 - 10:48Cette fois-ci, elle comptait bien rester concentrée. Lenore avait passé le trajet à compter, décompter et recompter l’état de ses finances sur son carnet, vérifier ses notes, ses projets, se remémorer le déroulement obligatoire de cette journée pour se l’inscrire en mémoire. Une bonne chose puisque cela lui permit de faire le trajet sans trop d’angoisses. En fait elle souriait même parfois, luttant pour renvoyer le souvenir fugace de l’homme au loup qui lui avait offert ce merveilleux moment de danse dans un spectacle de rue.
Mais non, elle devait rester concentrée ! Il pouvait tout autant être n’importe qui croisé ce jour-là. Sans son masque, elle ne saurait le reconnaître alors que lui, avait vu son visage et y avait perdu sa bourse dans un adieu discret. S’ils se croisaient de nouveau, elle assumerait volontiers remontrances et remboursement mais en attendant, elle ne devait pas y penser. Trop de candidats potentiels et trop de choses importantes à faire.
Lenore reprit son sac sur son épaule pour débarquer. Il contenait une tenue de rechange, son carnet, ses économies, tout ce qu’il lui fallait pour cette journée. Presque tout ce qu’elle possédait en vrai. Elle se donnait presque des airs de migrante avec sa vie dans un sac de toile et son regard enveloppant le paysage de la ville. Même si elle appréciait l’endroit pour ses amusements et sa beauté, elle savait bien qu’elle ne pourrait y rester trop longtemps. Tout était trop parfait et elle finirait par s’y ennuyer, chose qui serait bien trop regrettable.
La rousse se dirigea assez rapidement dans le quartier commerçant, cette fois évitant charivari et fontaines, laissant les distractions derrière elle malgré les tentations. Se faufilant à travers les petites ruelles à la recherche du magasin intimiste qui n’a que faire des touristes et dont la réputation se gagne par le bouche-à-oreille des connaisseurs et le talent. Lenore jeta son dévolu sur une devanture neuve affichant des bijoux originaux et osés, dont la technique devait nécessiter une maîtrise parfaite du produit.
Des bracelets qui ne se contentaient pas d’habiller joliment le poignet mais qui gagnait sur la naissance de la main et de l’avant-bras sans sembler alourdir la délicatesse et la fragilité de cette articulation ; des colliers serpentant entre la trachée et la naissance d’un décolleté au fermoir inexistant ; des pierres délicatement enchâssées en des boucles audacieuses tombant en rivières légères.
La mercenaire poussa la porte de la bijouterie O’ Malley, faisant doucement tinter le carillon métallique qui annonçait la venue d’un client. Elle retira la capuche de sa cape grise en attendant le propriétaire du magasin ou l’un de ses vendeurs, passant son regard sur la vitrine des bracelets. Il y avait bien des choses intéressantes à dérober mais elle n’était pas ici pour ça. Les prix semblaient corrects au vue de la qualité et de l’originalité des créations.
« Bonjour, puis je vous renseigner ? L’interrompit un jeune homme assez banal, blond aux mèches rousses trahies par de nombreuses tâches de rousseur. Il sortait déjà souriant de l’arrière-boutique et se posta devant Lenore, croisant les doigts en posant les mains sur le rebord de la vitrine qui les séparait, droit dans son costume impeccable de couleur crème qui lui donnait un air classe mais décontracté.
- J’en suis persuadée. Répondit la rousse en domptant discrètement une mèche pour qu’elle masque l’affreuse cicatrice de brûlure entourant son oreille. Je cherche un bijoutier capable de créer un bracelet très particulier dont j’ai l’idée et je vous avoue que vos produits sont déjà très prometteurs.
- Les créations de Monsieur O’Malley sont toutes uniques et magnifiques oui. Renchérit-il en glissant le regard sur sa marchandise comme autant de preuves à son discours. Elles n’attendent que la personne qui saura les sublimer en les portants. Car seuls, ils sont assurément très beau, mais sur vous, ils seraient magnifiques. Osa-t-il esquissant un grand sourire innocent en réponse à l’amusement visible sur le visage de la rousse.
- Pas la peine d’abuser de vos techniques commerciales avec moi. Ricana-t-elle en sortant son carnet, l’ouvrant à une page précise où était griffonné un croquis. Je vous l’ai dit, je cherche un créateur capable de matérialisé mon idée et si je suis ici c’est que je suis déjà à moitié convaincu que votre patron en a les moyens.
- Je peux ? Demanda le vendeur en tendant la main pour mieux observer le schéma. Celui-ci représentait assez simplement un bracelet en bloc enveloppant l’avant-bras sur cinq centimètres à partir du poignet, et sa version dévoilant une mini-arbalète de poing déployée, idée qui choqua le jeune homme. C’est une arme !
- Je ne vais pas vous faire prendre des vessies pour des lanternes, expliqua calmement Lenore. Oui c’est une arme… de défense. Soyons réalistes, avec quelque chose de cette taille, si je tire à deux mètres, c’est déjà un miracle, et il ne permettrait qu’un seul et unique tir. Non, le but est de surprendre un agresseur pour s’en défaire. C’est une arme non létale et assez limitée, faite uniquement pour se protéger. C’est pour ça qu’elle est dissimulée dans un bracelet d’ailleurs et puis ça ne doit pas empêcher d’être coquette. Finit-elle en souriant.
- Ce sera pour votre usage personnel ? Hésita-t-il, questionnant du regard, l’observant sous un autre angle.
- Euh oui… Je ne vois pas trop ce que je peux en faire d’autre. Répondit-elle un peu troublée par la question. Après si vous ne pensez pas pouvoir le faire, je peux toujours demander ailleurs.
- Je vais demander à Monsieur O’Malley. Enchaina-t-il rapidement en emmenant le carnet avec lui vers l’arrière-boutique.
Quelques minutes s’égrainèrent au son cadencé de tic-tac discret, laissant Lenore seule avec ses tentations. Il était possible qu’il la garde à l’œil d’une façon détournée ou d’une autre, aussi resta-t-elle sagement patiente, attardant son regard sur un magnifique peigne à trois longues dents torsadées.
- Monsieur est ravi de relever le défi. Dit-il en souriant à son retour, rendant le carnet. Exceptionnellement, il ne vous demandera pas d’avoir à la commande si vous nous promettez l’exclusivité sur cette œuvre. Si vous me permettez, il va me falloir les mesures de votre poignet.
-Oui bien sûr. Lenore tendit la main droite, se laissant manipuler avec quelques réticences alors qu’il notait mentalement les mesures en gestes délicats. Combien de temps avant la livraison ? Je ne viens pas de ce monde. Et quelque j’aimerais qu’il soit assez discret… pas la peine d’incruster de diamants ou ce genre de chose.
- Il faut compter un mois, Monsieur travail à merveille l’os poli, ceci devrait convenir à votre style. » Conclut-il en relevant un regard amusé en lâchant le poignet d’une Lenore rougissant déjà.
Fichu Jardin Radieux, elle commençait à se dire que l’endroit avait un drôle d’effet sur elle, se rappelant qu’un temple dédié à une quelconque déesse de l’Amour avait été inauguré en ville et que certains marchands de Port Royal en avait parlé dans le transport Shinra. Le vendeur ne pouvait pourtant pas être l’homme au masque de loup. Plus elle le dévisageait et plus il lui semblait moins large des épaules.
« Je peux vous être utile pour autre chose ? Demanda-t-il aux regards prolongés de la rousse en pleine réflexion.
- Oh ! Oui pardon… Je… prendrais ce peigne en métal noir torsadé… celui avec la rose rouge sur fond laqué noir. Hésita-t-elle pour masquer son embarras.
- Nous vous l’offrons, il vous ira à ravir. Répondit-il en prélevant l’objet dans la vitrine désignée.
- Dites plutôt que son prix sera rajouté à celui de la commande. » Lenore souffla un rire alors que le vendeur n’affirma ni n’infirma en réponse, se contentant de sourire largement.
La mercenaire quitta la boutique, avec une estimation de sa commande s’élevant à 200 munnies. Le prix d’une mission basique, l’idée la faisant soupirer. Si le résultat était à la hauteur de son idée, elle enduirait l’aiguille projetée par le bracelet d’un poison paralysant suffisamment fort pour lui permettre de faire basculer un combat. De tous les magasins qu’elle avait pu voir en ville celui-ci était le plus prometteur. Il lui restait malgré tout encore quelques achats à faire, elle se dirigea donc vers une autre ruelle du quartier commerçant, souriante et gagnée par l’euphorie d’une journée anodine et prometteuse dans ce monde baigné de légèreté. Prochain arrêt le tanneur.